mercredi 1 décembre 2021

568 disques de Pink Floyd à ne pas offrir pour Noël (2021)

Hans Zimmer : la reprise de Pink Floyd
qui pourrait ne pas vous surprendre
Et voilà. A force de s'échauffer les gonades sur Dune, entre les versions du film déjà sorties dans la Réalité Réelle Ratée et celle qui a failli, sans doute vachement mieux mais vouée à séjourner dans les Limbes jusqu'au prochain Big Crunch, à moins que Jodorowsky lui trouve un financement in extremis auprès d'un producteur bipolaire, comme Terry Gilliam pour son Don Quichotte, je finis par rêvasser de la musique que Pink Floyd aurait composée pour le film, puisqu'ils avaient été pressentis pour la version de 1976 (article précédent). 
Au lieu de quoi, mon ami Google (le dernier qu'il me reste) me propose une douloureuse resucée de "Eclipse" réalisée par Hans Zimmer pour le trailer du Dune de Villeneuve. 
Kolossale Rigolade.

Heureusement que mes vieux Métal Hurlant en train de moisir au garage hermétique, c'est vraiment la Machine à Rêver, et que je peux noyer mon chagrin déceptif dans ma nouvelle collection de vieux Rock & Folk en .pdf dans laquelle je vais sans doute découvrir une interview anthume des Pink Floyd évoquant la musique du film de Jodo dont ils allaient enregistrer les premières maquettes dès qu'ils auraient fini leur clope. 
N'oublions pas qu'on est alors en 1976, que le tabac n'est pas encore un marqueur social négatif, et que tout le monde fume, sauf Georges Pompidou, qui a dû arrêter en urgence du fait des complications infectieuses provoquées par les corticoïdes, et qui était déjà mort depuis deux ans d'une septicémie sans avoir e le temps de rêvasser sur ce disque imaginaire de la musique du Dune de Jodorowsky par Pink Floyd.

La première fois que j'ai vu un personnage de Dune dessiné par Moebius, c'était à Rennes, en 1979, lors d'une exposition à la gloire des Humanoïdes Associés. Le film était déjà mort-né, et sa légende de foetus cosmique avorté démarrait à peine, avec des storyboards, des roughs, des costumes, des peintures de Giger, en veux-tu en voilà.

ma preuve d'achat : la pochette de l’événement, un inédit de Denis Sire
Je l'ai dit ailleurs, je le redis ici parce que mon avis est resté scandaleusement inaperçu depuis avant-hier qu'il a été publié sur un blog cinéphile, alors je me chite :
Le Dune de Villeneuve, comme le Blade Runner de Ridley Scott, c'est d'abord de vrais monuments de la littérature SF Qui Séduisent des Auteurs du 7ème art mais Qui Les Contraignent à se couler dans le moule mainstream induit par les enjeux industriels de la production, enjeux colossaux puisqu'il s'agit de refaire venir les gens dans les salles de cinéma alors que certains vaccinés refusent le pass sanitaire pour embêter la dictature numérique. 
après l'expo, j'ai enfilé discrétos le costume du Sardaukar designé par Moeb
et j'ai fait un selfie avec deux ploucs du coin
Et les monuments de la littérature SF deviennent alors de proprets blockbusters, anodins et inodores. Je dis pas ça comme excuse pour les massacrer ou pour pisser contre, car certains monuments attirent irrésistiblement les chiens incontinents, et ça peut être jouissif, surtout si on a jusqu’ici vécu un peu comme on trimballe une envie de pisser le long des pissotières et qu'on ne pisse pas, pour ne pas donner corps à ses bas instincts, mais enfin, ça donne des livres un peu compliqués à ne pas trahir, même sans pisser contre ni même un peu partout pour jouir sans entraves comme l’enseignaient les soixante-huitards.

Pompidou tombe en arrêt en découvrant les revendications abracadabrantes des enfants de 68
D’ailleurs, à la limite, la bouse mortifère de Villeneuve donne moins envie de relire le roman pour comprendre là où ça a merdé que de survoler à basse altitude les avertissements incisifs de Guy Debord (Guitou est clairement l’inspirateur Bene Gesserit de Charlotte « gender fluid » Rampling qui lui rend un discret mais vibrant hommage en jouant avec un filet à « provisions » sur la tête, comme une métaphore numineuse de la marchandise/spectacle).

Projet d'affiche pour la sortie de la version de Jodo.
D'une grande sobriété, comme le reste de son oeuvre.

Comme le relate Saint Wiki dans l’almanach des marées à Perros-Guirec tels qu’ils furent enseignés par la Vieille Peau Muad’Dib, « selon Debord, le spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de l'organisation de la marchandise. Le spectacle est une idéologie économique, en ce sens que la société contemporaine légitime l’universalité d’une vision unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et économiques, toutes solidaires les unes des autres. Ceci, afin de maintenir la reproduction du pouvoir et de l’aliénation : la perte du vivant de la vie. »
C’est la torpeur maléfique engendrée par la contemplation morbide de cet interminable clip touristique un peu bruyant, creux et clinquant pour la Jordanie et ses naïades de piscines lyophilisées (il y a tellement peu d’eau en Jordanie qu’ils sont obligés de pisser dans les piscines avant de les reboire) qui nous fait suspecter cette perte du vivant et de la vie, la cabane sur le chien, le ratage du métrage, un peu trompeur aussi. 

La bande-son qu'on entend dans l'avion 
pendant tout le voyage sur Air Jordanie.
C'est juste un peu saoulant.
Car le film est roublard comme seuls les vrais spots de réclame savent l’être : si j'en crois le Monde Diplomatique du mois dernier, il reste en Jordanie quelques poches de rebelles à dératiser avant de pouvoir bronzer à l’ombre (mélanome oblige) des minarets d’Amman en sirotant des long drinks au bar de l’hôtel avec des guérilleros Fremen avant de regagner sa chambre pour écrire son article tranquillou. 
Avant de se confronter à l’oeuvre de Herbert, Villeneuve pouvait passer à mes yeux pour un Auteur, son Blade Runner 2049 était mortifère mais intéressant, Hans Zimmer y recopiait Vangelis sans pisser dessus, mais pour les réals, Dune c’est vraiment le test ultime, et l’écueil sur lequel les plus glorieux s'éventrèrent, s'éventrent, et s'éventreront. 
Mais ne boudons pas notre déplaisir, ni notre ennui, car le film peut ramener de nouveaux lecteurs au Livre, comme le film de Christopher Nolan Le Prestige, inutilement complexe, m’avait mené à l’oeuvre littéraire de Christopher Priest, labyrinthique et narrativement défaillante, selon les dires de l'auteur, qui n'a jamais tort.

J'avoue qu'on se retrouve assez loin de la musique des Pink Floyd, malgré le malicieux clin d'oeil que leur jette Hans Zimmer en reprenant "Eclipse" dans le trailer du Dune de Villeneuve. Pour sustenter mon besoin de rêve et me consoler de la perte irréparable de la musique du Dune de Jodorowsky par Pink Floyd avant même qu'elle ait eu sa chance d'exister, je me suis alors tourné vers l'ami internet, sur qui l'on peut toujours compter en cas de coup dur pour qu'il vous remonte le moral à grands coups de n'importe naouak. Et c'est ainsi que je dénichai quelques remixes improbables de Pink Floyd :


Résumé de ces 2 galettes : 
des malfaisants parviennent à faire croire qu'en s'emparant du nom du groupe et de quelques samples remixés avec des moufles, la Trance sera au rendez-vous. 
Ils lancent aussi la rumeur que The Orb aurait participé au Remix, ce qui donnerait tout son sens à l'édition "limitée" : y'en aura pas pour tout le monde. Pas de bol, la réinterprétation de la face cachée de la lune est d'une telle médiocrité que le fan le plus limité en QI se trouve acculé au suicide plutôt que d'écouter ça plus longtemps. Le Blasphème urinaire contre le monument trouve ici son ultime frontière.


- Il existe depuis longtemps sur le marché des versions instrumentales "country", "folk" voire "bluegrass" de ces albums, qu'on croirait réarrangées par les producteurs qui mutilent Radiohead dans les avions, les ascenseurs, chez les dentistes et au crématorium. Je n'ai pas pu remettre la main dessus, et c'est tant mieux.

- Les sorteurs d'inédits chelous et de remasters suspects, à fuir plus qu'à craindre :

- Je viens aussi de dénicher 568 disques pirates du Floyd
dont certains étaient sans doute déjà en takeaway depuis belle lurette sur ma tombe


- Les amateurs éclairés qui essayent de sonner encore plus pompier que l'original
ou qui pompiérisent des tracks qui ne leur avaient rien demandé au lieu de leur foutre le feu

- Dub Side Of The Moon, un peu rigolo mais pas trop, et on n'entend pas bien la kora, parce qu'ils ont oublié d'en mettre

- Les simulateurs de floyderies les plus redoutés sont The Australian Pink Floyd Show
Heureusement ils n'enregistrent pas de disques; et j'apprends avec joie que leur prochaine tournée vient d'être annulée, remplacée au pied levé par le Omicron Tour 2022. C'est pas pire.

Qu'on ait étouffé pendant tout le XIXeme siècle les Amérindiens sous des covers de Pink Floyd fourrées à la variole, passe encore, mais qu'on extermine des bons Chrétiens, par des contrefaçons issues des coins les plus pourris du Multivers, alors que le XXIeme est déjà bien entamé, c'est quand même des pratiques peu glorieuses.
Qui n'a plutôt rêvé de la reformation du groupe mythique de rock progressif devenu monstre de pop mainstream ?

Davic Gilzmmour l'a pourtant dit et Reditt à Roger Waters bouchés :
" pour la reformation du Floyd, c'est dead.
Si tu veux encore agrandir ta piscine, t'as qu'à sortir des Remixes pour Noël.
De toute façon, tant que Richard Wright et Syd Barrett restent morts,
tu l'auras dans la Dark Side of the Moule. "

Finalement la meilleure reprise de Pink Floyd je l'ai cherchée partout mais c'est chez moi qu'elle était cachée depuis le début :

3 commentaires:

  1. Tu en mets du temps pour dire du mal du film. Bon, j’ai réessayé Lac Noir pour voir. Et comme je suis assez pervers, j’aime bien la cover de Dark Side par Flaming Lips. Tiens, je vais me réécouter ça.

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  2. J'ai trouvé que le film était un beau livre d'images, n'ayant qu'un lointain rapport avec le livre. Je n'ai pas trouvé la patte de Villeneuve. Je m'en remettrai. Par contre, mes rechutes graphomanes, je sais pas, chaque année c'est la mémerde.

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    1. Un film n’est pas un livre. Je ne suis pas sûr que Hitchcock soit très respectueux dans Vertigo ou Rebecca. Mais tu n’es pas le seul fan à être déçu.

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