Cet été j'ai eu une discussion un peu acerbe avec des amis retraités qui font plusieurs voyages de tourisme par an à l'étranger, de préférence loin, ils s'y rendent donc en avion. Je leur ai parlé d'empreinte carbone, ce qui est le moyen le plus sûr d'animer les soirées quand on arrive à l'âge où elles tendent à mollir. Comme ils m'opposaient des arguments douteux sur les Chinois et leurs centrales à charbon qui polluent bien plus que nous réunis, j'ai surenchéri sur le fait que mes amis hypothéquaient gravement l'avenir de leurs propres enfants, voire qu'ils les condamnaient à court terme, par leur comportement de bourgeois humanistes à l'abri du besoin, soi-disant lucides et conscients grâce à la lecture assidue de télérama, et encore assez valides pour remplir les charters de Ryan Air. J'ai bien senti qu'en les accusant de tuer leurs gosses, je touchais un point sensible, mais j'ai supposé qu'ils me connaissaient assez pour savoir qu'on ne peut jamais savoir si je suis sérieux quand je ne le suis pas, vu que je fais souvent semblant de l'être. J'ai appris plus tard que depuis cette soirée, ils ne voulaient plus me voir. il parait que j'ai été odieux. Odieux ? MOI ? C'est l'idée même de leur présenter des excuses qui m'apparait odieuse. Des excuses pour avoir énoncé des faits ? Qu'ils restent fâchés, avec leur bonne conscience blessée et leur posture victimaire de boomers outrés. Ouat ze phoque ?
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| Mes potes âgés en Bolivie. Une métaphore du surtourisme à eux tout seuls. |
Plus tard dans l'été, on a commencé à s'invectiver par WhatsApp avec mon frère et ma soeur sur celui qui avait la plus grosse (empreinte carbone) et j'ai désamorcé la brouille fratricide et soeuricide en leur faisant observer que jusqu'ici, les industriels sont parvenus à culpabiliser les citoyens-consommateurs sur leurs émissions de gaz à effet de serre et à détourner leur attention des vrais responsables de notre prochaine extinction en tant qu'espèce, au lieu de prendre les décisions collectives qui s'imposaient. Car en définitive, l'espèce humaine est-elle un collectif, ou un empilement d'individus aux intérêts divergents, voire antagonistes ? hein ? hein ? Tant qu'il n'y a pas de gouvernement mondial, au moins pour réguler les émissions de GES, on n'arrivera pas à grand-chose, et ça n'en prend pas le chemin.
Y'a qu'à lire Le déluge, fiction d'anticipation climatique plus réaliste que la Réalité Réelle Ratée. Désormais, que nous allions à Zanzibar en pédalo ou à Tokyo en vélo, notre futur climatique est compromis. Mes mauvaises blagues d'éco-terroriste sur l'empreinte carbone de mes voisins ne nous mènent nulle part. Et ma télé 55 pouces sur laquelle je peux regarder Jancovisqueux consomme sans doute trois fois plus de terres rares que celle d'avant. Heureusement que notre civilisation va s'effondrer, et bon courage aux survivants. Il fait chaud ce soir hein ?
Et puis il y avait cet article, dans Telerama 3922, qui datait au moins du mois de mars et que je relisais aux cabinets du bas, des fois que quelque chose m'ait échappé après l'avoir parcouru quelques temps plus tôt dans ceux du haut.
Il nous faut donc un changement systémique : ce n'est pas une poignée d'activistes hypersensibles aux exigences de l'avenir mais aussi sexy que Greta Thunberg et Jancovici réunis dans une soirée échangiste qui peuvent inciter les masses à changer leurs comportements, et encore moins à empêcher les ultra-riches de foutre en l'air le peu d'humanité qu'il nous reste et les minces chances de la transmettre à des générations futures qui relèvent de la science-fiction la plus échevelée. Mes ex-potes ont beaucoup de mal à admettre leur responsabilité et à renoncer à leur droit à polluer, alors qu'ils estiment leur désir d'évasion légitime, après avoir trimé toute leur vie, ils ne voient pas au nom de quoi et de qui ils sacrifieraient leur soif de découverte et de voyages. Et quand je serai en retraite, le même dilemne s'imposera à moi.
J'en étais là dans mes impasses cognitives quand soudain j'ai découvert Quota sur Arte. Ce court métrage propose des solutions innovantes, et me venge de tous mes atermoiements, car l'empreinte carbone de ce blog n'est pas nulle, et si je fermais ma cyber-gueule, ça ferait du bien à la planète.
Jancovici présente ici le graphique le plus limpide sur les émissions de gaz à effet de serre. Enjoy, or die trying !
Les techno-solutionnistes pensent qu'on peut tout résoudre
Certains d'entre vous, à la lecture de cet article pas très jouasse, seraient tentés d'éprouver un désir bureaucratique d'extraction extracapsulaire.
Dites-vous bien que ça serait faire le jeu de la droite, et dérouler le tapis rouge pour nos amis racistes aux prochaines élections.








