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vendredi 15 août 2025

Le foreverisme, pour toujours et à jamais

Dans la volupté indicible et d'une actualité sans cesse renouvelée (en tout cas jusqu'à aujourd'hui) de l'éternel instant présent, je découvre le foreverisme (à ne pas confondre avec l'éternalisme d'Alan Moore) grâce à Télérama.
Si vous n'êtes pas comme moi un abonné Premioume® du magazine, qui se veut une déclinaison des Inrocks à destination des boomers blancs racisés intersectionnels et fétichistes,(1) en plébiscitant à tout prix des artistes issus de la diversité, quitte à faire fi de leurs qualités artistiques intrinsèques, vous n'aurez pas accès à l'article en entier, que je vous forwarde.

En 2012, le critique musical britannique Simon Reynolds publiait Rétromania, un essai dans lequel il interrogeait l’obsession de la pop music à recycler son passé au lieu d’inventer un avenir. Treize ans plus tard, le philosophe américain Grafton Tanner s’est penché sur cette crise de nostalgie aiguë qui semble frapper toujours plus la pop culture. Il en a tiré une conclusion contre-intuitive : la rétromanie aurait été remplacée par une autre force marketing — le « foreverisme » —, un passé transformé en présent perpétuel plus lucratif encore pour les industries culturelles. Il s’en explique.

À première vue, le foreverisme ressemble à une version extrême de la rétromanie…
La nostalgie est une émotion humaine. Tout le monde y est plus ou moins confronté, en réaction au changement ou au temps qui passe. La rétromanie cherchait à susciter des sentiments nostalgiques chez les auditeurs. À l’inverse, le foreverisme redémarre le passé pour l’enfermer et en saturer le présent afin qu’il ne manque plus à personne. Au fond, le foreverisme veut détruire la nostalgie. Il s’inscrit dans une longue lignée de discours qui, tout au long de l’histoire, l’ont combattue. Le terme « nostalgie », inventé en 1688 par un étudiant en médecine, Johannes Hofer, décrivait au départ une maladie mentale à vaincre. L’armée pensait qu’elle démotivait les troupes. Et contrairement à ce que certains pourraient supposer aujourd’hui, les sociétés capitalistes ont une véritable aversion pour cette émotion qui incite les individus à la réflexion, à la pause, au souvenir ; plus rarement à travailler ou à produire.

Les Covid triplet foreverism sisters :
"Viens jouer avec nous, Danny. Pour toujours, et à jamais."
Oui, et fais voir ton passe sanitaire, aussi.

De quand date l’invention du foreverisme ?
Le terme a été popularisé en 2009 par TrendWatching, une publication de conseil en marketing. Il s’agissait de donner la priorité aux expériences durables (le forever, « pour toujours ») afin de répondre à l’obsession du marketing pour les expériences éphémères et uniques (le now, l’instant présent). Au cours des années 2010, cette approche est devenue une stratégie viable dans les secteurs du divertissement, de la technologie, de l’automobile et de la consommation.

Auriez-vous des exemples ?
Les groupes de rock qui continuent sans un seul membre d’origine, l’expansion des « univers cinématographiques » de superhéros à succès comme Marvel. Les sociétés de production relancent de vieux récits mais, surtout, font durer ces histoires afin d’intéresser les fans le plus longtemps possible, et en tirer davantage de profits.

Aujourd’hui, beaucoup de gens pensent vraiment qu’aller de l’avant, c’est aller en arrière.
On a le sentiment que le foreverisme naît avec Internet…
Pas exactement, mais il s’est développé parallèlement à la croissance de la technologie, en particulier lorsque les sociétés de divertissement ont multiplié les redémarrages de franchises (reboot), et que le streaming est devenu le modèle économique. Grâce à lui, Disney a rendu son catalogue accessible en permanence, après avoir utilisé la rareté pendant des années, pour vendre ses nouveaux films : des versions contemporaines de ses classiques.

Le foreverisme est-il une nouvelle version du conservatisme ?
Cela sert ses intérêts, c’est certain. Quand il s’agit de pop culture, on se dit que cela n’est pas très grave. Mais en matière politique, c’est plus inquiétant. La foi dans le progrès a été ébranlée au XXᵉ siècle, alimentant le discours foreveriste. Mais paradoxalement, le discours progressiste avait lui aussi combattu la nostalgie, en refusant d’accepter cette émotion qui ralentissait le progrès. D’une certaine façon, Donald Trump a joué avec. Il a dit : « L’avenir n’est plus dans le progrès ? Très bien, rapportons le passé dans le présent et faisons en sorte qu’il ne nous échappe plus jamais. » Aujourd’hui, beaucoup de gens pensent vraiment qu’aller de l’avant, c’est aller en arrière. Même si cela est impossible. Car l’illusion foreveriste se situe là : le passé disparaît en réalité. Et personne ne peut rien y faire.

Foreverism. Quand le monde devient un jour sans fin, de Grafton Tanner, éd. Façonnage.


Il me semble que le foreverisme, dans ses efforts marketing frénétiques pour nier la réalité de l'impermanence de tous les phénomènes, ne fait qu'exhiber son propre échec en tant que simulacre; qui va voir en concert The Australian Pink Floyd ou Queen Extravaganza (le groupe de reprises officiel de Queen), se raconte à lui-même le mensonge d'être confronté au Vrai plutôt qu'à l'ersatz. (au fuck simulé, lol). C'est pas un crime, et grand bien lui fasse, s'il tire un plaisir sain d'une croyance qu'il sait erronée. Je ne lui jetterai pas l'abbé Pierre, je me tape bien Alien  : Earth en espérant que Noah Hawley, brillant showrunner des séries Legion, Fargo et The Unusuals, retrouvera le lustre du Ridley Scott d'antan qui avait magnifiquement épouvanté ma jeunesse avec le premier Alien. La grâce des première fois. Face à l'épuisement des imaginaires, la tentation est grande de réinvestir des formes anciennes, et de voir si on peut les remplir d'espérance nouvelle, comme disent les chrétiens charismatiques. 
John Warsen dénonçant les mirages
du foreverisme sur une plage californienne
(droits réservés © 2008)
Et pourquoi pas ? Je ne sais pas si c'était mieux avant, mais je sens bien que ça va être pire après. Et je trouve que sur le plan créatif, on n'a jamais fait mieux que le mec qui a inventé les années 70. Donc je suis à priori le cœur de cible des rois du marketingMais c'est dans ma vie intime que je découvre que le foreverisme, comme Alien, est planqué dans des coins sombres où j'ai du mal à passer le balai, il déplace des caisses dans l'entrepôt de mes souvenirs et me fait croire que des choses sont encore là alors que ça fait bien longtemps qu'elles se sont tirées avec l'argenterie après s'être essuyé les fesses dans les rideaux du salon. Ca vaudrait le coup de faire mon deuil (les saluer et les laisser partir comme le suggère Jack Kornfield dans "Après l'extase, la lessive") plutôt que de m'entêter à me raconter des histoires. Je comprends qu'à partir d'un certain âge, on se dise que si on avance encore, c'est vers la mort. Mais reculer, c'est aller à rebours de la vie, et "ça ne plaisante pas du tout de ce côté-là", comme le notait Henri Michaux. Et c'est absurde de croire que le passé constitue un refuge sûr. Il est juste le tombeau de lui-même. 
Il y a aussi la difficulté à être dans l'ici et le maintenant, qui rend sans doute sensible aux sirènes vérolées et putassières du foreverisme. Oh putain, c'est beau, ce que je dis, mais faudrait que j'aille au Super U avant qu'ça ferme, c'est déjà scandaleux qu'il soit ouvert en matinée le jour de l'assomption, mais autant en profiter.
________________________

(1)j'ai entendu hier une journaliste décrire en ces termes peu flatteurs les gars pâlots affligés de préférences sexuelles exotiques, et bien sûr ça m'en a mis un coup.

[ Mise à jour du 17 Aout ]
Je découvre une référence au foreverisme dans l'excellent quoiqu'effrayant article d'Olivier Ertzscheid
Selon le journal Les Echos, l'IA serait prochainement mise à contribution pour cloner les comédiens de « Caméra Café » et générer de nouveaux épisodes de la sitcom, en les "modernisant". Qu'avons-nous fait pour mériter ça ? Les enjeux techniques, éthiques, juridiques et économiques de cette foreverisation sont aussi abordés, et ça fait trop peur, qu'on se le dise.
L'article renvoie ensuite vers Usbek & Rica : 
et évoque l'instrumentalisation politique de la nostalgie par Trump et ses sbires transhumanistes, à vous dégouter d'éprouver ce doux sentiment pour toujours et à jamais. Et tout en bas de l'article, une vignette du barde de Northampton (celui qui finit ficelé avec un baillon sur la bouche dans les banquets de Grands-Bretons à la fin des albums d'Astérix en anglais) renvoie vers son interview, qui attribue la mort de la contre-culture à l'arrivée d'Internet, et en vient à postuler que " peut-être que le meilleur espoir pour l’avenir, c’est que la nostalgie actuelle finisse par mourir avec les personnes nostalgiques, et que dans le futur, personne ne regrette Donald Trump, Vladimir Poutine ou la pandémie..." Encore faudrait-il que demain advienne. Avec le foreverisme, c'est de moins en moins probable. " Demain n'arrive jamais", c'est pas le titre du prochain James Bond, ce parangon de la fiction foreveriste ? Pour toujours et à jamais, qu'on vous dit. 

lundi 28 juillet 2025

Jan Bang – Reading The Air (2024)

La chenille n'a aucune envie de devenir papillon, mais la Nature ne tient aucun compte de ses opinions, et Bing ! en un battement d'ailes, Jan Bang est devenu David Sylvian. A force de trainer dans son ombre, ça devait arriver. 
Sur l'album Reading The Air, la métamorphose est achevée. Si on était méchant, on pourrait même dire David Sylvian en mieux, en plus pop, mais on n'est pas comme ça. N'empêche même que sur la chanson Delia, on dirait plutôt la réincarnation de Daniel Lanois, période Acadie (1989) quand la foi chrétienne n'avait pas encore ravagé son modèle. 
On ignore ce qui a ravagé David Sylvian, à part son légendaire dolorisme arty, pour qu'il se fonde dans son environnement au point de disparaitre à la vue du commun des mortels. Mais on trouve bien de nos jours une église évangélique à Lannion (22), alors va savoir. Sans vouloir présumer des paroles, que je ne capte qu'à moitié, que ce soit chez Bang ou chez Sylvian, si l’autodénigrement, voire l’auto-insatisfaction peuvent fournir du carburant à l'artiste, mon homélie du jour porte sur le fait que l’important, si on veut s’améliorer, afin d’avoir une vie apaisée, c’est de cesser de parler de soi, en bien comme en mal. 
Faut s’effacer, comme je le disais récemment dans les commentaires de ce blog nonobstant consacré à mon opinion sur les oeuvres des autres. Hier encore, je rétorquais à un collègue qui me reprochait d’évoquer trop souvent en public mes maladies récentes, disant que je risquais d’être étiqueté « cancéreux » : 
Je suis le premier à coller des étiquettes aux gens : « cancéreux », « noir » « femme » … j’ai l’impression de ne pas pouvoir m’en faire grief directement, j’observe que c’est le cerveau qui est câblé comme ça, parce qu’il a besoin d’aller vite dans la reconnaissance des formes, et ce depuis le Néolithique (distinguer le danger potentiel de l'allié naturel en quelques centièmes de seconde)
pour désamorcer ma propension à distribuer des étiquettes (« homosexuel » , «  mec de droite » , « journaliste à ICI » lol ), pas d’autre alternative que d’aller à la rencontre de l’autre. Briser la glace. Sortir de l’anonymat pour entrer dans l’intimité de la relation. Dans les limites de la décence, bien sûr. C’est une question de curiosité, plus que de bienveillance, ce concept bisounours pour managers RH.
Bref, voilà pourquoi je ne me préoccupe pas trop qu'on me colle l’étiquette « malade ». Chez moi, ça a toujours été la valse des étiquettes, et c'est une des moins pires. Je m’en remettrai.
L’ennuyeux, avec un tel comportement, c’est éventuellement de s’attacher à son identité de malade. Se rappeler qu’on ne l’a pas toujours été, et qu’en essence on est bien autre chose.
Mon opinion sur les autres : la newsletter qui fait référence
dans le Landerneau des jeunes qui le sont restés trop longtemps.

Merci à benzinemag pour le signal d'alerte

dimanche 16 août 2020

Espers - Espers (2004)

Ceci est la pochette du premier album.
Espers est un groupe folk américain dont on peut entendre plein de morceaux sur soundcloud, alors que leur flux bandcamp est aussi étroit que la bouche de Michel Bouquet au repos. (un titre par album, je veux bien qu'on soit chez les pauvres, mais quand même, c'est ratche pingre)
Au départ Espers ils étaient trois, ils montèrent jusqu'à six, après quoi leur deux chevaux rendit l'âme. 
Les jeunes diront qu'il y a une faute, que s'il y a deux chevaux il faut dire "rendirent l'âme", mais les jeunes sont réputés ne pas savoir ce que c'était qu'une deux chevaux.
Les musiciens d'Espers, eux aussi furent jadis des jeunes gens, qui semblaient honnêtes et sincères dans leur démarche de dénudement musical, et on ne peut dès lors les taxer d'un revivalisme suranné ou mercantile, malgré notre envie compulsive de leur coller le sticker "néo-psyché" pour avoir l'air malin sur les blogs sur lesquels on ne cause pas, on seede. Leur musique acoustique un peu ramollo-dépressive mais somme toute relaxante sauf pour ceux que ça énerve, nous renvoie aux décennies d'avant la musique électronique, elle est tour à tour intrigante, lancinante, entêtante, vaporeuse, hypnotique, triste, naïve pas du tout faussement, tantôt même parfois carrément un peu ennuyante, mais pas plus saoulante que le glouglou d'un ruisseau qu'on regarderait couler dans la forêt en pensant à la vie qu'on aurait pu avoir si on n'avait pas ingurgité tout ce glyphosate, et d'ailleurs quand on voit dans quel mur l'obsession mortifère pour les musiques festives a mené le gang des Raoul Petite, on se dit qu'un peu de tristesse ne peut pas faire de mal, et la langueur un peu souffreteuse des morceaux du premier album d'Espers l'inscrit dans la mouvance des groupes musicalement conservateurs voire rétrofuturistes, moussus et mélancoliques, avec des guitares pas vernies et des pipeaux en bois d'arbre, exception faite de ceux qui ont eu une dispense de la Préfecture pour jouer un peu de fuzz de façon légère et discrète.
Les critiques de leurs disques par les Inrocks furent acclamées par les bloggeurs, mais Télérama n'en dit pas un mot.

Wikipédia se fendit d'une notice admirable de précision, qui fut scrupuleusement traduite en 18 langues dont le français, sans grande incidence sur les ventes.
Warsen faillit les mettre en ligne, mais y renonça, après des mois de tergiversations. Car il se rappelait la voix off au début de Phantom of The Paradise : "Ce film est l’histoire de cette musique, de l’homme qui les créa, de la fille qui les chanta, du monstre qui les vola."  et il ne voulait pas endosser le mauvais rôle et basculer du côté obscur du frilitche.
Car tous les albums du groupe sont bien sûr disponibles chez Vladimir_Illitch_Poutine.org.
Les disques ont été réédités physiquement en début d'année chez Bandcamp, mais tout est parti. Vous pouvez encore sangloter sur les fichiers numériques, au moins ça ne tachera pas les pochettes.
Comme l'a dit Edouard Leclerc lors de cette réédition, "même moi j'en ai pris une caisse pour miser sur le néo-rural dans mes espaces culturels à moi que j'ai, même si le confinement a commencé quatre jours plus tard, je ne regrette rien." 

lundi 3 février 2020

Lovecraft Facts (8) : Adrian Belew

J'ai un vrai sourire
et ça transfigure ma disgrâce.
Non ?
Adrian Belew est un peu disgracieux. C'est un avis personnel. S'il aime la Nature, c'est avec Albert Jacquard, parce qu'ils ne sont pas rancuniers. Et ça ne s'arrange pas en vieillissant. Entendons-nous bien : l'auteur de ces lignes n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter, mais ça ne nuit pas à sa vie professionnelle. Ou alors on m'aurait menti. En tout cas les gens se sont habitués, ou restent extrêmement discrets, et je n'en entends guère parler. Concernant Adrian, cette malédiction due à ses gênes est cruelle : il serait ingénieur informaticien, encore, ça passerait, mais ayant choisi la filière spectacle, c'est toujours un peu délicat pour lui de mettre sa tête sur les pochettes des disques (même si personne ne les achète plus) ou de s'exhiber en concert sans se mettre un sac poubelle 10 litres sur la tête, avec deux trous pour voir le manche de son outil de travail et un autre pour respirer. Et contrairement au personnage principal de Border, dont la laideur surnaturelle et préhumaine est due à des prothèses, lui ne peut se dessaisir le soir venu de sa hideur lovecraftienne en la mettant à tremper dans le verre à pied, et ses pieds dans le verre à dents. Elle est montée d'origine.
Si, j'ai regardé, hideur, ça existe bien dans le dictionnaire, même si personne ne l'emploie, pas même Lovecraft...ah si, tiens, Lovecraft, justement, dans Dagon : "Jamais je ne pourrai décrire telle que je la vis cette hideur innommable qui baignait dans le silence absolu d'une immensité nue. Il n'y a avait là rien à écouter, rien à voir, sauf un vaste territoire de vase. La peur que fit naître en moi ce paysage uniforme et muet m'oppressa tant que j'en eus la nausée." Il évoquait à mots couverts le visage d'Adrian, entr'aperçu dans un rêve lucide, ces songes au cours desquels la conscience onirique s'insurge du cauchemar qu'elle sait être en train de vivre et qui inspirent à l'innocent promeneur des sphères astrales, au sortir du sommeil, la rédaction de nouvelles d'épouvante un peu boursouflées, mais raisonnablement atroces.
Adrian essaye d'organiser une tournée en Chine
au profit des victimes du Coronavirus
mais ça ne prend pas longtemps avant qu'il soit reconnu.
Bien qu'il ait compensé sa relative laideur depuis tout petit en mettant au point une technique guitaristique hors pair et un phrasé tout à fait singulier, Adrian s'est quasiment fait virer pour mocheté de tous les groupes dans lesquels il a joué, les Talking Heads, Bowie, Frank Zappa (qui se pavanait pourtant volontiers sur les plateaux télé en se dépeignant sous les traits d'un progressiste refusant les diktats culturels en vigueur dans le monde du rock, comme par exemple les groupies, moi ça me parait admirable de pouvoir se refuser aux groupies, même si j'en ai fort peu et que ça serait donc virtuellement envisageable sans que ça soit ressenti comme un arrachement), King Crimson, au sein duquel il a pourtant cotisé trente ans, mais c'est vrai qu'ils faisaient des concours avec Robert Fripp pour savoir lequel avait le plus le charisme d'une moule et ça faisait fuir les trop rares clients, et finalement c'est Robert qui a gagné, et plus récemment Adrian s'est aussi fait lourder de Nine Inch Nails et de Porcupine Tree.
Si vous me croyez pas vous z'avez qu'à lire Internet, c'est écrit partout.
Et à chaque fois qu'il est remercié, il rentre chez sa mère, elle le console comme elle peut (les mères sont souvent balèzes en amour inconditionnel, c'est bien pratique quand on est un serial killer en fin de droits assedic ou un guitariste peu flatté par la nature) et il sort un album solo.
Un petit cercle d'initiés s'ébaubit alors "Rhhôôôhh bravo, Adrian, encore un beau crossover entre Mac Cartney et King Crimson", la presse spécialisée ronéotée  à un seul exemplaire sur le web s'en fait l'écho des savanes confidentielles, et l'artiste semble condamné à errer éternellement en quatorzième division blindée des Panzers de l'Echec Patent pour délit de sale gueule.
Ca fait déjà presque quarante ans que ça dure, et son dernier opus, Pop Sided, ne déroge pas à la règle, comme on dit dans le Landerneau des blogs musicaux : ni pire, ni vraiment meilleur que les précédents. Quoique Flux, un des plus récents, était vraiment pas mal. A condition de ne pas voir sa tête, évidemment, sinon ça fout tout par terre, dans ce monde où l'apparence compte plus que tout. Plus que d'avoir une belle guitare et de s'en servir, en tout cas.
Mais il existe une autre façon de voir les choses, si on sait les regarder avec l’œil du cœur : Adrian Belew, soi-disant parti de rien et arrivé nulle part, n'a finalement de merci à dire à personne. Il a joué dans beaucoup de groupes intéressants à des périodes où ceux-ci furent très créatifs, et en dehors de ça il a enregistré ce qu'il voulait comme il voulait, défrichant des champs expérimentaux dont aucun gratteux cyberculteur n'aurait osé retourner les grosses mottes avant lui; et en plus il a conçu des guitares, des applis mobiles et des racks d'effets.    
Et si ça se trouve, sa femme est ravissante.
Et il parvient tout à fait à vivre correctement de son art.
Lui.
Contrairement à moi et à Lovecraft.




picC'est en tombant sur une vidéo récente ci-dessus que je me disais à nouveau qu'il n'avait pas de bol, parce que j'avais trouvé le disque Side Four enregistré avec cette formule de Power Trio très énergique, alors que la vidéo est un peu foirée : l'image est d'une hideuse frugalité, le son caméra n'est même pas repiqué de la console de mixage. Peut-être qu'il cherche plus à être qu'à avoir, et qu'au fond il s'en fout, à partir du moment où il conserve la liberté de faire ou de ne pas faire ce qu'il lui plait plait plait quand ça lui chante chante chante.Donc ce n'est peut-être triste que dans ma tête, cette histoire.
Et pour le happy end, je lis sur le french wiki que Jerry Harrison renoue avec Adrian Belew et s'accompagne du groupe Turkuaz pour rejouer Remain In Light sur scène en 2020, à l'occasion des quarante ans de l'album.
Alors il est où, le problème ?

english wiki, rich as my tailor :

Belew by discogs
https://www.discogs.com/artist/55902-Adrian-Belew


[EDIT]

Flux volume 2 - notes de pochette
(collection privée)
En complétant de manière raisonnée ma collection de Belews, je tombe par hasard sur la pochette intérieure de Flux (Volume 2) d’Adrian, qui consiste en une déclaration d'intention.
Je peux faire la fine bouche sur sa capacité à me faire rêver, mais Adrian est un pont entre les Anciens et les Modernes, son commentaire sur « la musique qui n’est jamais jamais deux fois la même » est inspiré comme un fragment d’Héraclite.
Nous, nous pensions que la musique, c’était des fichiers, et nous les collections avec avidité, les jeunes de maintenant la vivent comme un flux et ne se prennent pas la tête avec.



Adrian a mis autant d’enthousiasme à créer son appli  que Peter Gabriel en avait eu à faire son CD-rom interactif Eve en 1997.
Même si au final, toute randomisée que soit l’appli « Flux », la démo me porte à croire que ce qui sort du logiciel de Belew ne peut sonner que comme du Belew, le Géo Trouvetout du rock.

vendredi 10 novembre 2017

Kronos Quartet - Folk Songs (2016)

Quand j'étais petit, on n'avait que les livres pour geeker.
C'était avant l'invention du VHS.
Et d'Internet.
Alors, je lisais.
Comme une brute.
Plus tard, ça m'a passé.
Avec l'invention du VHS.
Et d'Internet.
Suite à mon arrêt brutal d’internénette, ça m’a libéré du temps de cerveau disponible, et je me suis rué avec enthousiasme vers une overdose raisonnée de séries, à raison d'un ou deux épisodes par soir.
J’en télécharge toujours plus que je n’en regarde, je pourrais sans doute écrire un petit précis de psychopathologie du téléchargement illégal, mais ça ressemble à pas mal d'autres addictions, et puis j’ai tout aussi brutalement arrêté d’écrire.
Et pourquoi je me fais suer le burnous à engranger et mater des films et des séries en bravant la loi, au  mépris du droit du travail et des cotisations retraite des artistes, au lieu de me payer un abonnement Netflix à 9,99 € ?
Ben déjà je suis à la campagne, j'ai pas assez de mégas pour recevoir la télé par la box.
Et je crois que si l'abondance rassasie, la surabondance de Netflix m'écoeurerait.
En plus j'aurais l'impression de regarder la télé.
Et puis, ce qui me scotche c'est que tout ça soit passé par mon fil de téléphone, au nez et à la barbe des douaniers Rousseau. Sans que les postières me regardent par le trou de l'écouteur, comme dans cette vieille rengaine de Thiéfaine.
Après les trois saisons de Fargo, après la saison 3 de Twin Peaks (assez inconfortable, il faut bien le dire), je viens de regarder à nouveau la saison 1 de Légion.
6 mois après ma première vision, je n'avais conservé aucun souvenir du fond de l'affaire, tellement j'avais été subjugué par l'esthétique.
C'est vrai que depuis ma lobotomie préfrontale, ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, mais le récit de Noah Hawley est aussi expressément confus.
C'est pour mieux nous embobiner, et puis nous rembobiner après.
En tout cas, c'est vrai que Légion, je ne m'en lasse pas.
Je me demande si après la saison 1 de Légion, je ne vais pas regarder la saison 1 de Légion.
Regarder Légion, c’est comme tirer le Yi King.
Tout y reste ouvert à toutes les interprétations.
Après ça, je reverrai avec plaisir la saison 1 de Légion American Gods, tout aussi pyrotechnique mais un peu plus légère dans ses implications, plus fictionnelles que métaphoriques.
Mais ça se bouscule un peu au portillon.
J'ai regardé la saison 1 de Handmaid's Tale (je me rends compte que je regarderais n'importe quoi avec Elisabeth Moss) puis, mal conseillé par le Monde des Séries, la saison 1 de Tin Star (Tim Roth est bien, les paysages de l'Alberta sont très beaux, mais le scénario est un peu débile), j'ai attaqué la saison 3 de Rick et Morty, mais la dérision me fatigue. Bien qu'à partir de l'épisode 6, ça redevient drôle.
J'ai fait une pause en regardant quelques films classiques non vus, Les enfants du paradis, Les chiens de paille, des films qui manquaient à ma culture, des fois ça fait du bien de ne pas s'embarquer dans 10 fois 52 minutes avant de savoir si c'est bien.
Est-ce que ça m'a rendu moins con ? oui et non.
J'ai eu de bonnes expansions de conscience en regardant Black Mirror, Deadwood, Shameless, Bron, The Killing, The State, The Booth At The End, Name Dropping (cette série n'existe pas, c'est juste un commentaire).
Piquerai-je du nez devant The Deuce, Le bureau des légendes, Real Humans, Philip K Dick’s Electric Dreams ?
455 séries ont été diffusées aux Etats-Unis en 2016.
Si c'est un pic de production, il est impossible à éponger de mon côté du pipeline.
C'est moins intense que la méditation, lire des livres, ou une bonne conversation entre amis qui tourne à la rixe à fleurets plus ou moins mouchetés, mais on passe parfois de bons moments. 
Comme j'en avais marre de mater tout seul, j'ai récemment réussi à embarquer ma femme dans la S01 de Top of the Lake, mais je sens que je vais le regretter tellement elle va trouver ça grave (en fait je voulais voir la saison 2, et la 1 date de 5 ans, donc fallait rafraichir cette foutue mémoire) et j'attaquerais bien Electric Dreams, si entretemps je ne me lance pas dans Mindhunter, la série produite par David Fincher sur les serial killers des années 60, qui ne vont sans doute pas changer grand chose à ma vie.
Surtout que y a la saison 3 de Mr Robot qui vient de démarrer. La 1 était insoumise et la 2 hallucinatoire.
Et on trouve déjà les volumes 3 et 4 de sa musique profondément névrotique au bas de cet article.
C'est à peine croyable.
Du coup, y'a des soirs où je fais relâche, et où je reprends Jérusalem, le roman d'Alan Moore.
C’est vraiment du costaud.
A partir de la page 400, les chapitres décrivent les actions d’un seul personnage en continu, c’est déstabilisant, on n’était pas habitué. On recule pour vérifier que c’est bien la suite du chapitre précédent, mais oui. Et ça devient assez jubilatoire, alors qu’avant c’était un peu compliqué de jubiler.
Le problème c’est que pour atteindre la page 400, c’est comme pour obtenir des résultats de la méditation de pleine concierge, faut mouliner.
Et pendant que je me détoxais d'Internet, j'apprends que 80% des insectes ont disparu et que Macron a supprimé l'ISF.
Ah ben bravo les mecs.

American Gods Original Soundtrack (2017)
http://download-soundtracks.com/television-soundtracks/american-gods-soundtrack-by-brian-reitzell/

Mr Robot Original Soundtrack (2017)
volumes 3 et 4

https://www.mediafire.com/file/8ah2noc0bl7xt67/Mr.%20R.OST%20Vol.%203%20MQ.zip

https://www.extreme-down.pro/musique/soundtrack/47929-mac-quayle-mr-robot-vol-4-original-television-series-soundtrack.html

Après ça, je peux bien me couvrir la tête d'un seau de cendres en écoutant le Kronos Quartet quand ils font un album à moitié folk et à moitié musique médiévale, c'est bien tard. 
Le mal est fait.



Allez, cyber-kenavo. 
Bon, au départ je voulais dire du mal de Robert Fripp.
Ca sera pour la prochaine fois.
A moins que d'ici là, je reprenne internénette.

mercredi 8 mars 2017

samedi 21 novembre 2015

Nerval et Lautréamont sont sur le porte-avions Charles-de-Gaulle pour porter la Maure en Orient

1_Nerval sous Tranxène



Before us great Death stands
Our fate held close within his quiet hands.
When with proud joy we lift Life’s red wine
To drink deep of the mystic shining cup
And ecstasy through all our being leaps—
Death bows his head and weeps.

https://linearbells.bandcamp.com

P'tain j'ai grillé NovaExpress sur ce coup-là...
Comment y va pleurer sa reum avec Mireille Pamieux...
c'est la fête du slip !






2_Lautréamont sous Benzédrine




On peut penser tout le Mal qu'on veut de l'étrange fonds de commerce d'Hubert-Félix, mais voilà quand même une chanson qu'elle était présuppositoire ! Et finalement moins mortifère que l'intégrale de Gérard Manchié.

3_ En cas de menace imminente d'attaque terroriste sur Bruxelles, pour éviter le burn-out, allez aux champignons ! 


La Trompette des Maures (appelée aussi trompette de la mort) est la cousine noire de la girolle.
Ce champignon est injustement appelé "la trompette de la mort" à cause de sa silhouette, qui évoque vaguement le djihadiste à cagoule au citadin paranoïde.
Ne vous y fiez pas ! La Trompette des Maures est délicieuse.
Cette espèce, très répandue, pousse par petits groupes autoproclamés essentiellement dans les forêts de feuillus (hêtres, chênes, châtaigniers, bataclans) ou parfois sous les forêts de conifères, appréciant les sols lourds et très humides (argileux, par exemple). Elle apparaît en automne (d'août à novembre, tous les vendredis 13), et peut être très abondante après de fortes pluies ou avant les élections.
Ce champignon est parfois difficile à distinguer du sol à cause de sa couleur sombre, de sa petite taille et parce qu'il est souvent recouvert de feuilles mortes. Il ne branle rien toute la journée en touchant ses Assedic d'Intermittent du Spectacle, spectacle qui est loin d'être permanent, mais quand ça y va, hardi petit.
Une fois débusqué, si il se met à crier « Houellebecq Akbar » en brandissant une Kalash, éloignez-vous d’un pas mesuré, pour bien lui montrer que la Mort ne vous effraie guère plus qu’une simple formalité douanière vers un monde peut-être meilleur.

Pour JMS, qui sait pourquoi : pour l'idée, et pour le SAV, aussi.



dimanche 27 avril 2014

Le Seigneur nous l'a donné, le Seigneur nous l'a repris


Un crucifix érigé en l'honneur de Jean Paul II dans le village de Cevo en Italie s'est effondré mardi sur un jeune homme de 21 ans, le tuant sur le coup. Ce dernier prenait la pose devant l'édifice haut de 30 mètres et comportant une statue du Christ de 600 kilos.
Ironie du sort, l'homme habitait dans une rue Jean XXIII, l'autre pape qui sera canonisé dimanche, en même temps que Jean Paul II.
Ce n'est pas la première fois que ce genre d'accident survient en Italie. En 2004, une femme de 74 ans avait été écrasée par un crucifix en métal de 2 mètres dans la ville de Sant'Onofrio, dans le sud du pays.
Le Monde.fr | 25.04.2014 à 15h20 •

Mon commentaire : il suffit d'un devis au rabais produit par un entrepreneur peu scrupuleux, d'ouvriers peu qualifiés en science des matériaux, d'un élu pas trop regardant sur les finitions, et ce tragique fait divers provoque l'hilarité de toute la racaille athée revancharde, toujours à l'affut de l'introuvable preuve de l'inexistence de Dieu.
Si c'était une grue de chantier qui était tombée sur une gamine comme c'est arrivé l'an dernier pas loin de chez moi, ça n'aurait fait rigoler personne.