jeudi 25 mars 2021

250 disques de Steve Roach, et après, au lit !

Un livre qu'on peut lire en écoutant Steve Roach.
C'est même recommandé par les plus grandes marques
de machines à laver l'esprit de ses impuretés
par la musique des sphères.
J'ignore si Dieu croit en Dieu, mais il est certain que tout petit déjà, Steve Roach croyait en Steve Roach. Et c’est comme ça que parti de rien, il est devenu le pape de la musique cosmique, engendrant au cours de son big bang en expansion constante depuis quarante ans une myriade de nouvelles galaxies soniques en formes de sous-genres (dark ambient, tribal ambient), contraignant les gars du marketing à inventer de nouvelles étiquettes au fur et à mesure de l’exploration d’espaces sonores inédits par le maitre. 
N’appelons pas cela de la musique, pour ne froisser personne, et parlons plutôt de paysages sonores : lui-même évoque une vocation et des dons précoces pour sculpter ou peindre, et générer des formes de ses mains, à partir de rien. Depuis 1979, une discographie d’environ deux cents albums solo, et plus de cinquante projets collaboratifs. Il fallait bien ça pour tenter de rendre compte de l'inconcevable immensité du cosmos, du lent mouvement synchronisé des étoiles dans le ciel nocturne, des formes et des couleurs impossibles des nébuleuses. 
Mais Steve s'est aussi fixé pour mission :
1/ d'explorer et de cartographier le monde au moins aussi infini et bien plus mystérieux et complexe de l'être intérieur, 
2/ de tenir le temps à distance, et 
3/ de retisser un lien distendu, malade et oublié entre l'individu et l'univers. 
Le jour où il va décider d'envoyer un message fort au gouvernement, ça va être quelque chose. Mais comment s'orienter dans cette galaxie de disques spatiaux ? une oeuvre aussi foisonnante, avant d'intimer le respect, génère la désorientation et la recherche du syndicat d'initiative. En feuilletant un webzine sur les musiques transverses, je suis tombé l'autre jour sur une remarquable Rétrospective de l’oeuvre de Steve Roach entre 1982 et 2000.  

un disque de Steve qui promeut le voyage organisé
dans l'astral au mépris du passeport vaccinal
Comme je n’avais jamais lu une chronique d’une telle ampleur, qui survole vingt ans de carrière avec brio et concision, je fus subjugué, et après avoir reçu une lettre de menaces à peine voilées du rédacteur en chef du webzine, proposai spontanément mes services pour poursuivre l'exégèse de la saga de l'infatigable musicien électronique, dans un premier temps entre 2001 et 2010. 
Une décennie féconde, 5 albums par an en moyenne, dont des doubles, des triples et des quadruples…
Car j’aurais bien aimé disposer d’un tel guide, dans mon exploration hasardeuse des vortex sonores de ce monsieur, le long d’étroits boyaux ténébreux, la plupart du temps sans lumière et sans casque. 
(Un vortex est un tourbillon creux qui prend naissance, sous certaines conditions, dans un fluide en écoulement. Le trou d’air à l’intérieur du zigouigoui d’eau dans votre lavabo quand il se vide, si ça coule assez fort. Attention, si vous habitez en Nouvelle-Calédonie, le zigouigoui tourne dans l'autre sens. En principe. L’analogie du tourbillon creux dans un fluide en écoulement serait féconde pour étudier l’oeuvre roachienne, mais le nombre de pages dont nous disposons est limité.)

Un autre livre qu'on peut lire
en hurlant avec les loups
et en écoutant Steve Roach
Et il ne faut pas se priver du plaisir de la découverte par soi-même, au risque de la fameuse « connaissance par les gouffres » vantée par Henri Michaux dans ses exercices de spéléologie de l’esprit après avoir inhalé une boite entière de poudre de champignons périmés.
J’ai longtemps écouté Steve Roach pour de mauvaises raisons, en y cherchant comme un forcené ce que j’en entendais dire par ses laudateurs du service marketing, qui prétendaient à longueur de blog semi-pro que ça leur ouvrait les chakras et faisait taire leurs acouphènes, mieux que la sophrologie et la méditation de pleine concierge. 
J’ai longtemps cru à Steve, sans être toujours convaincu par ses créations. 
Mais il aiguisait mon sense of wonder. 
Bien mieux que Stevie Wonder, qui charme plutôt ma femme. 
Cité par Baptiste Morizot dans son remarquable « Manières d’être vivant », le philosophe gallois Martyn Evans définit le “wonder” comme “une attention altérée, irrésistiblement intensifiée, pour quelque chose que nous reconnaissons immédiatement comme important – quelque chose dont l’apparition engage notre imagination avant notre entendement, mais que nous voudrons probablement comprendre plus complètement avec le temps”. 

Scaphandre d'exploration not included
C’est quand j’ai visité l’Arizona, planète minérale d’où elle sourd même pour les mal entendants comme à jets continus, que j’ai le mieux compris la musique de Steve. On sort ici du temps humain pour entrer dans les strates du temps géologique, qui y sont encore visibles. Palpables. Crapahutables.
C'est pourquoi il y a quelques longueurs dans les disques de Steve.
Mais comme le dit Maître Zhu, « il est très difficile de trouver un chat noir dans une pièce noire, surtout lorsqu'il ne s'y trouve pas. » et je finis par me rendre à l’évidence : ce que je cherchais chez Steve, c’était à moi de l’apporter par l’intensité de mon écoute.
J'ai donc refait le voyage immobile à travers sa copieuse discographie, dans sa troisième décennie d’activité, et je fus tour à tour troublé, intrigué, agaçé, malmené, enivré de vertiges et en proie à une violente neurasthénie, mais au fond on s'en moque, car les univers sonores de Steve découragent radicalement les tentatives de "saisie-attachement" de la musique par l'auditeur. 

Si vous faites de la Saisie-attachement sur un vortex,
prévoyez un antivomitif costaud.
Saisie-attachement, terme emprunté au bouddhisme qui désigne une réalité universelle : ces milliers de filaments énergétiques qu'on déploie pour s'approprier et engluer de nos avidités le phénomène musical tandis qu'il se déploie dans le temps de l'écoute. Le Bouddha lui-même est très clair : « Il ne faut rien saisir ni s'attacher à quoi que ce soit. D'ailleurs, ultimement, il n'y a rien à saisir ni à s'attacher à." La Vacuité ce n’est pas le néant, c’est la nature réelle des phénomènes. Et Nietzsche ajoute, après avoir réécouté A Deeper Immersion VIII Ultimate Box set (4 CD, envoi sous pli discret) « Si tu plonges longtemps ton oreille dans l'abîme, Steve Roach t’écoute aussi. » D’ailleurs, c’est cela même que je trouve curieux chez ce monsieur : il prétend tutoyer l’infini et l’intemporel, et nous le faire goûter en tranches d'un peu moins de 74 minutes, mais à chaque fois ça rate, ou en tout cas quelque chose manque, puisqu’il éprouve le besoin de remettre ça quatre ou cinq fois par an depuis 4 décennies. Et on a beau lui dire à chaque fois « hey Stevie, si tu descends au studio, pas besoin d’en faire 4 CD », il n'écoute rien, ne suivant que son inspiration du moment.
Que reste-il de cette foisonnante décennie, une fois que les flonflons du dark ambient se sont tus, que ses lampions se sont éteints et que la fête est finie ?

250 disques au compteur, et pas moyen de retrouver
celui qui me plaisait. Me v'là beau.
Pour le savoir, Je suis parti de la discographie telle qu’on la trouve sur le site https://steveroach.com/discography/ sans omettre les compilations ni les rééditions, augmentées ou diminuées, de façon à ce que l’auditeur éclairé puisse s’y retrouver aussi bien que celui qui vit en basse lumière. Il y a quelques pépites, dissimulées sous beaucoup de scories. C’est clair que dans le doute, Steve ne s’abstient pas.
J’avoue n’avoir pas trouvé grand chose à mon goût, mais ça m’a au moins permis de ranger mes disques…
Mais c'est surtout l’appareil idéologique du merchandising autour, que je trouve irritant, voire horripilant, et que je dénonce. L’argumentaire déployé. Le business du new age, qui me révulse dans ses bobards : Il n’existe à ma connaissance aucune technique méditative sérieuse prenant pour support la musique électronique. Or, cette idée est à la base du pilonnage rédactionnel qui nimbe le florissant commerce des galettes de Steve d’une aura si gênante, avec son consentement implicite. Foi et fricomanie : on est bien aux USA. S'il restait de la colère en moi, après avoir réécouté 50 disques de Steve, j'en pleurerais d'une rage impuissante; heureusement, j'écris ça en écoutant un album vraiment magnifique de tribal ambient, malheureusement situé hors de la décennie que j’ai scrutée de mes poilues esgourdes.


Ca ne me dérange pas d’être le vieux punk dans le magasin de cathédrales new age. 
Il en faut bien un. J’ai fréquenté assez de fraternités spirituelles, des alcooliques anonymes aux sanghas tibétaines, pour discerner à l'oeil nu l’angélisme de la compassion. Enfin, dit comme ça, on dirait que je me prends pour Lavilliers, peut-être bien, tant pis ! 
En me prêtant au jeu de l'intégrale, j’ai eu parfois l’impression de « régler des comptes » avec la Steve Roach Singing Stones World Company®. Mais j’ai compris en parcourant ses interviews que c’est quand même un vrai mystique du son et de l’improvisation, dès qu’il taquine ses claviers, il branche un enregistreur, et il engrange de la matière, qu’il finit toujours par resculpter et publier sous une forme ou une autre, parce qu'il ne trie pas en fonction du "bon" et du "mauvais" de son inspiration. Quand sur certains disques on se retrouve face à des entités poisseuses, comme sur le live All is now (2002), ces entités n'ont pas l'air très human-friendly, mais elles ont le mérite d'exister, et Steve de les décrire. Dans le mauvais, il prend ce qui est bon; et dans le bon, il prend aussi ce qui est bon. 

Le meilleur concert de Steve eut lieu sous la mer 
il y a 300 millions d'années, devant une ammonite,
deux trilobites et un coelacanthe.
Car dans la musique cosmique, on ne va pas laisser de côté ni les soleils effondrés sous le poids de leur propre gravité, sous prétexte que leur bruit de fond n'est pas cool, ni les trous noirs dévoreurs de mondes au motif qu'ils sont très bronzés. Pas de discrimination au faciès pour les astres lointains; enfin, c’est mon intuition. 
J’aurais peut-être dû me cantonner aux albums que j’apprécie, histoire de ne pas générer de mauvais karma en disant du mal de ce type qui ne m’a rien fait. Les concepts qu’il développe dans les années 2000 sont parfois aussi incompréhensibles à mes oreilles que certaines formes malignes de freejazz. 
Mais quand même, faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des saumons d’élevage, en les gavant avec n'importe quoi.
L'exégèse démarre la semaine prochaine.
Y'a que la foi qui sauve. 


Y'a pas que sur les planètes inconnues que ça arrive.
En écoutant Steve Roach, c'est souvent le même parcours du combattant.
(analogie gracieusement fournie par Aâma, de Frederik Peeters)

jeudi 18 mars 2021

Julianna Barwick - Healing Is A Miracle - Extended Versions (2020)

Ca y est. 
Nous voici entrés dans l'an 2 du Covid Intersidéréal
Intersidéréal
Oui. Nous sommes sidérés, mais c'est réel. Pour complaire à la licence poétique d'Alain Damasio quand il essaye sa perçeuse à mots en rentrant de  chez Leroy Merlin, juste avant d'attaquer un nouveau bouquin, pour envoyer un message fort au gouvernement.

La perceuse à mots d'Alain Damasio (vue d'artiste)

L'année dernière, à la même heure, on ne pouvait pas aller à la mer. 
C'était interdit. 
Sauf en Nouvelle-Calédonie, où nos lointains cousins (les deux fils du frère de maman) ne furent confinés que du 23 mars au 20 avril 2020, tandis que nous étions assignés à résidence du 17 mars au 10 mai. Je n'ai jamais eu autant l'envie d'aller à la mer. Mais ça, c'était l'an dernier. La roue tourne. En Nouvelle-Calédonie, aujourd'hui « on attend l’astéroïde », plaisante un internaute. En une semaine, les habitants ont vécu une attaque mortelle de requin, une alerte au tsunami, un cyclone, et, pour parachever le tout, l’annonce, dimanche 7 mars, d’un confinement strict de deux semaines, à la suite du dépistage de neuf premiers cas de Covid-19. Sans parler de la chute du gouvernement collégial le 2 février, de l’incapacité de la nouvelle équipe élue à désigner un président, sur fond de querelle entre indépendantistes. Ni des risques de récidive du cancer de la prostate, ou de l'éventualité de la sortie d'un nouvel ouvrage de Houellebecq.
C'est pourquoi nous, Calédoniens de coeur qui refusons d'aller à la mer par solidarité avec les vrais Calédoniens organiques et reconfinés, et aussi parce que pour l'instant ça caille encore trop alors que chez ces enfoirés elle est à 28°, nous qui attendons donc mi-avril et la troisième vague pour un pique-nique tout nus dans les dunes, pour peu qu'on soit pas reconfinés nous aussi, sinon ça nous fera un prétexte pour gueuler contre la privation des libertés, en attendant nous trouvons un grand réconfort spirituel dans ce nouvel album de Juliana Barwick, dont nous ignorions tout, sots que nous étions. 
Ce disque, c'est vraiment la mer qui vient à nous. 
Presque en nous. 
(Prévoyez vos bottes en cas de coefficient de marée émotionnelle supérieur à 104.)

On dirait les Côtes d'Armor,
mais la pochette a été tournée en Islande.

J'ai lu dans la presse spécialisée que l'album "ne pourrait pas être plus en contradiction avec le paysage blêmissant dans lequel il débarque, et qu'il est pourtant difficile de l’imaginer émergeant à un autre moment. Sa musique promet un refuge - à condition de croire au pouvoir réparateur de ces voix de sylphes imprégnées de réverbération et bouclées à l'infini"... 

Les sylphes et les sylphides sont un symbole de beauté, de subtilité et d'aspiration spirituelle.
Esprits élémentaires de l'air, ils se situent à mi-chemin entre les anges et les elfes.
Ici, une sylphide déchue du céleste empire négocie ses charmes (goût Grand Bleu)
auprès des annonceurs de fromage mou, pour nourrir sa famille. C'est bien triste.

Si le mystère des musiques autoproclamées "thérapeutiques" suscite spontanément notre méfiance, c'est bien parce que nous avons un bout de verre cassé dans le coeur. Essayons encore.
En ce moment, pour les néo-Calédoniens brusquement privés de façade maritime, aller à la mer demande beaucoup d'imagination, en louchant sur la pochette, et en écoutant le disque à donf, et en priant pour qu'il suscite le sentiment océanique qu'il éveille. Ou pas. Ce qui surprend, à marée montante, c'est la familiarité spontanée de cette musique inconnue à base de sirènes en boite. Si on entend la mer, on entend quand même aussi beaucoup la boite, et la frugalité de la production. Il est vrai que ça sort chez Ninja Tune et pas chez Deutsche Gramofon. Mais j'adore Le Mystère des Voix Bulgares, alors je n'ai pas beaucoup tergiversé avant de l'acheter.
En parcourant la critique unanime, on découvre les ombres tutélaires de Jónsi, le chanteur de Sigur Rós, ou de Mary Lattimore, la harpiste inconcevable; ce qu'on peut en apprendre est instructif mais ne remplace pas l'écoute, tant il est vrai que parler ne fait pas cuire le riz.


L'album en prêt à écouter :

Le clip m'a fait sourire, parce qu'il réhabilite des effets vidéo tombés en désuétude depuis une bonne trentaine d'années. 


En Nouvelle-Calédonie, on pouvait jadis conjuguer la pêche sportive, le tourisme sexuel et la gastronomie.
C'était le bon temps.
Qui reviendra peut-être, mais pour l'instant, rien de mieux pour se consoler d'être reconfinés qu'une bonne salade de poulpe en boite avec le dernier Julianna Barwick, qui nous demande d’imaginer la guérison à un moment où la tâche semble impossible.

jeudi 11 mars 2021

The Flying Pickets - Lost Boys (1984)

L'autre jour j'ai voulu revoir les Anges déchus (Fallen Angels) de Wrong Car Wash, qui m'avait naguère tellement perturbé émotionnellement que j'en ai oublié l'avoir déjà revu la semaine dernière. Il faut dire qu'il règne dans ce film une grande confusion, et pas que sentimentale, du fait des lignes temporelles disruptives qui s'y frôlent sans s'y rencontrer vraiment, ou alors trop tard, quand la messe est dite, et que la destinée de ces êtres sans destinée est scellée, nous laissant finalement interdits devant un tel moment de poésie pure à base de méditation excentrique sur l’amour non partagé et l’aliénation dans un monde vertigineux de solitude, ce qui nous renvoie sans ménagement à notre adolescence sous-tendue par ces thèmes majeurs, et en sommes-nous jamais sortis, et vlan, prends ça dans les dents et passe-moi l'éponge, un monde où les mots se raréfieraient en altitude et ça serait pas du luxe, dans ce nouveau siècle au sein duquel Fallen Angels pourtant issu du précédent n'a rien perdu de son altérité. 
Prions pour que Wong Kar Wai ne visionne jamais le Tenet ni le Memento de Nolan, ça lui donnerait des idées surnuméraires pour envoyer valdinguer dans tous les sens mais aussi à l'envers les règles de la narration non-linéaire.  
Ce que je désagrée dans Tenet, en plus de tout le reste, c'est qu'il truande sur son identité à l'accueil pour s'inscrire dans la tradition ultra-codifiée et ô combien exigeante des récits de réversibilité du flux temporel, plus faciles à réussir en littérature qu'au cinéma. 


Un film profondément troublant sur l'illisibilité
de certaines polices de caractères verticalisées

Alors que Fallen Angels creuse son propre sillon, indifférent aux modes qui l'ont précédé et qui lui succèderont dans les Siècles des Siècles. Mais ses personnages sont autrement émouvants. Car même le spectateur le plus endurci par les Biennales de Berlinades de films dard et décès ne tolère que jusqu'à un certain point qu'on moque sa perception du temps étriquée et psycho-rigide, qui lui fait préférer commencer un film par le début, le poursuivre par le milieu et le finir par la fin. Il faut que le jeu du chat avec la temporalité de la souris, comme la simultanéité simulée des actions rapprochées par la magie du montage alors qu'il n'en est rien, serve le propos du film. 
Sinon, même avec du poil sous les ailes, les Anges déchus ne pourront s'élever bien haut dans l'azur cinématographique, et cette digression n'aura servi qu'à contourner par babord une affiche bien trop allongée.

à noter le satellite Spoutnik qui orne la pochette,
comme une invite subliminable et anté-chronologique
à courir nous faire injecter le vaccin russe
et lire l'article éponyme sur ce blog concurrent,
Spoutnik qui aurait été dessiné là comme par un hasard, 
 36 ans avant la pandémie, je n'insiste pas,
mes lecteurs sont majeurs et déjà vaccinés,
enfin j'espère pour eux.
Puis, soudain exténué après toutes ces non-aventures, je suis tombé sur cet avis, d'une irréfragable pertinence 
(= qu'on ne peut contredire ni récuser, et qu'il est malaisé de placer au scrabble).

"J'ai entendu la reprise de Only You dans la magnifique scène de fin de "Fallen Angels". La chanson est absolument transcendante dans ce contexte, mais en elle-même, 
il s'agit simplement d'un arrangement un peu irritant d'une chanson pop très bien écrite. On ne peut pas parler d'album long, puisqu'il ne dure que 40 minutes, mais c'est quand même une purge de l'écouter de bout en bout, les reprises étant invariablement pires que les originaux. Les plus atroces sont les Talking Heads, Bruce Springsteen et Bob Dylan."

Je ne m'inscris pas en faux. L'album des piquettes volantes sent un peu le moisi. Et la moisissure est une forme de vie qui se sent ici chez elle, comme sur les autres blogs funéraires. On aurait presque envie de lui dire "Entre ici, moisissure, avec ton sinistre cortège"... si on n'avait pas déjà passé 3 mois sur la blague, sur un blog hyper secret dont je tairai le nom, par décence.


Contient le hit "Only YOU" !!!

jeudi 4 mars 2021

Massive Attack - Singles 90/98 (1998)

L'autre jour j'ai voulu revoir Fallen Angels (les Anges déchus) de Wong Kar Wai, qui m'avait naguère durablement déchiré la rétine. Allah revoyure, donc, c'est un mélange inédit, foutraque et électrisant, de cinéma asiatique, que je connais assez mal, sauf les Coréens, et de Terry Gilliam au moment de sa découverte enthousiaste de l'objectif grand angle, découverte  dont il ne s'est jamais vraiment remis. Une contrefaçon dégriffée et low-fi du Karmacoma de Massive Attack déploie ses volutes sur certaines scènes d'errance & divagations (=> quasiment tout le film). Et voilà pourquoi, monsieur l'inspecteur, j'ai ensuite voulu réévaluer l'oeuvre de Massive Attack, et comment, de fil en aiguille, j'ai été mis sur la piste de ceci qui m'a conduit à regarder la liste de cela. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé à m'infliger cette purge musicale, que dis-je, ce calvaire, cette ordalie, puis à la diffuser massivement, et attackement aussi, pour oublier dans le froid népenthès de l'upload que le trip-hop a vécu. On peut enfin le couler dans l'ambre et le mettre au musée des trucs cool. 
Avec tout Le Bataclan.



Mmmh, la belle mouche à caca.
Interviewée sur goût et texture, elle nous a déclaré :
"à la première bouchée, j'ai cru que ça en était, 
à la seconde, j'ai regretté que ça n'en fut pas".
Car pour l'instant, à part la reprise rigolote de Karmacoma par Portishead Experience, le mieux de ce que j'en ai ouï, c'est encore les morceaux avant retouche inclus dans le pack, et déjà présents sur les albums d'origine. Je suis content de ne pas l'avoir acheté, mais je ne suis pas fier de tenter de m'en plaindre. 
J'aurais préféré me réjouir d'aller dépenser les sous que je recommence à gagner, si ma femme ne boit pas tout en assurance voiture et habitation. 
C’est aussi un peu bien fait pour ma gueule, parce que j’avais prévu de faire autre chose aujourd'hui que rester devant l'ordi. Ce n’est donc même pas l’univers qui me maudit, mais moi qui me parjure.