jeudi 27 janvier 2022

Midnight Oil - Species Deceases EP (1985)

Le gentil kangourou il était tout crabouillé sur la route,
il finira tout nempaillé dans le salon.
1985 : Midnight Oil est un groupe australien vigoureux et tonitruant, mené par un Géant Vert (et faux frère de Monsieur Propre) qui milite pour une gestion responsable de la planète et les droits des aborigènes tout en faisant un barouf du diable, longtemps avant que tout soit fichu, sauf pour Zemmour et Houellebecq, les hyènes déclinistes. 
Dans la foulée des deux albums qui les font connaitre en France,10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 et Red Sails in the SunsetMidnight Oil sort un EP 4 titres sur la sixième extinction ("Décès d'espèces", prédestiné à finir sur mon blog tombal), que j'ai complètement pas vu à l'époque, et qui s'avère trente-sept ans plus tard aussi bruyant et braillard que leurs productions de l'époque. 

Ce film est déconseillé
par l'Office du Tourisme australien
2018
l'Australie part en fumée, et des millions de koalas rejoignent soudain leur maman au paradis des mamans koalas grillés, qui jouxte celui des enculés alcooliques qui tiraient les kangourous à la carabine dans le bush juste pour rigoler dans le film Wake in Fright, ô combien halluciné et violent, comme beaucoup de films australiens. Quel impact auront eu les lanceurs d'alertes musicaux de Midnight Oil sur le réchauffement climatique, depuis quarante ans qu'ils bourrinent le sillon du rock protestataire, et malgré le  méga-tube Beds are Burning sur l'album Diesel and Dust, l'année d'après "Décès d'espèces" Rien. Nada. Que dalle. Et que peut aujourd'hui le rock pour retarder l'apocalypse ? au mieux fermer sa gueule, au pire jouer sur des guitares en bois pour réduire son bilan carbone, comme le démontrent Blain et Jancovici. 

2022 : Warsen va faire du ski grâce au Comité d'Entreprise de l'ORTF, et fait alors exploser son bilan carbone sans remords, car grâce à la pandémie et au fait qu'on soit hors vacances scolaires, il est quasiment seul sur les pistes bleues, et il y prend un pied pas possible, malgré la frugalité des contacts humains. La semaine prochaine il retournera au centre de cancérologie, mais pour l'instant il s'en fout, car il sait que c'est pas tous les jours demain. Heureusement que la station est déserte, car comme à chaque fois qu'il fait du ski il a 10 ans et 10 kgs de plus que la fois d'avant, il pourrait sans y prendre garde s'emplafonner de plein fouette un skieur issu de la diversité, et ça serait difficile de retrouver assez de fragments de l'infortuné pour pratiquer une inhumation décente. Mais le seul black qu'il croise sur les pistes, c'est l'employé municipal préposé à lui tendre la perche au démarrage du tire-fesses.

C'est si calme dans les Pyrénées qu'on pourrait y entendre
Steve Roach entonner une "ode au Silence" sur un Prophet 5 unplugged.
De la pauvre cabane en rondins jouxtant le départ du téléski dans laquelle le lointain neveu de l'oncle Tom se réchauffe à coups de rhum arrangé entre deux skieurs, s'échappent à gros bouillons les flonflons de Beds are Burning, qui déclenche alors l'anamnèse chez Warsen, dont les synapses sont hyper-aiguisées, à force de sniffer toute cette blanche sur les pistes noires. Il se dit qu'à son retour en plaine, il lui faudra écrire un article sur l'urgence climatique vue par Midnight Oil trente-sept ans plus tôt, parce que c'était quand même des visionnaires.

Warsen est un peu jaloux d'un copain qui vit à la montagne et qui pratique la photo animalière,
m'inondant régulièrement d'instantanés d'espèces en déclin sans nuire à personne.

 Le seul animal sauvage que j’aie réussi à photographier, c’est la balise de piste bleue
« lou lapadé » surgissant du brouillard juste avant de me la prendre dans le plexus.

Entre-temps, Peter Garrett avait lâché sa guitare pour mettre ses actes en accord avec ses pensées, en embrassant une carrière politique dans les rangs des écologistes. 
Toi qui ne prends jamais position, raconte combien c'est difficile de ne pas se compromettre. Le wikipédia français est trop mal écrit, mais on devine que son odyssée parlementaire ressemble plus à un film à sketches qu'à l'irrésistible ascension d'Emmanuel Omicron; d'ailleurs, le chanteur du groupe australien ressemble de plus en plus à un Michael Chiklis sous chimio. Michael Chiklis, tu l'as vu dans Don't look up, un film amusant sur la bêtise humaine qui nous emmène gaiement dans le mur, et tu ne l'as pas reconnu. Et encore, tu ne t'es pas vu sur tes selfies sur le télésiège. 
Question subsidiaire : démontre pourquoi les chansons ça sert à rien, sans utiliser le mot "francis_lalanne".

des Bonus en cascade :

- la chronique de Species Deceases EP (1985) ici :

http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2018/06/18/36394826.html

- le disque, en préécoute sur Youtube

https://youtu.be/F0hcBddhn8k

- le même EP en mp3, miraculeusement repompé sur un serveur russe, comme si tu y étais :

https://www.mediafire.com/file/ogd0ntr22rdcd7u/1985_SD_(EP).zip/file

- après étude de votre dossier, il semble que la légende continue, et qu'un nouvel album sorte prochainement, si l'Australie ne finit pas de brûler d'ici là :

https://www.midnightoil.com/midnight-oil-releases-new-song-from-their-forthcoming-album-resist/

jeudi 13 janvier 2022

The The - Sweet Bird Of Truth (2021)

The The ? Vous voulez dire LE 
The The ? Le groupe de Matt Johnson, qui avait enregistré deux albums formidables dans les années 80 ? Ils se sont reformés ? Ils refont des trucs ?
Je ne me lasse pas de relire leur saga. 
Ni de réécouter Infected, une fois par décade. La sortie de ce double live de 2018 au Royal Albert Hall a été annoncée trois ans plus tard, pendant le meeting de Evid Gilzmmour à Villepinte, et on a frôlé l'émeute. Pire qu'aux Transmusicales de Rennes.
Et qui de mieux que  Matt Johnson pour reprendre les vieux succès de  Matt Johnson avec une voix caverneuse qu'on dirait enregistrée dans des conditions acoustiques douteuses ?

1/ Observe bien la vidéo de 2018 de la chanson de The The "Sweet Bird Of Truth" 



2/ 
Compare-là avec la vidéo issue de l'album en 1986



3/ Pleure un bon coup sur le temps qui passe et qui, aux plus belles choses, se plait à faire un affront, et saura faner vos roses comme il a ridé mon front.

3 bis/ Va t'acheter un cactus à mescaline chez zamnesia, tu l'as bien mérité, et passe plusieurs années à le regarder pousser en lui faisant écouter du Steve Roach, et pendant tout ce temps tu ne seras pas au cyber-bistrot. N'oublie pas de bien étudier le tuto pour pas te louper, et de pousser le thermostat de ta maison jusqu'à 35°, même si ta femme gueule parce qu'il fait trop chaud et qu'elle a lu le dernier bouquin de Jancovici avec Christophe Blain.

4/ Relis l'article pondu par Warsen, qui se prétend ton serviteur mais qui n'est que celui du démon de l'ordinateur, un jour où il se croyait en forme. Si ça se trouve, toutes les vidéos sont encore encapsulées dedans, et y'a plus qu'à se baisser pour les ramasser.

jeudi 6 janvier 2022

The White Lotus Unofficial Soundtrack (2021)

Après avoir déclaré publiquement que je cessais d'en regarder, j'ai prudemment attendu 2022 pour faire le malin avec toutes les chouettes séries récentes vues dans les douze derniers mois de 2021, des séries à durée et à prix mini comme The White Lotus, The North Water, Years and Years, The Good Lord Bird, mais pourquoi pas aussi celles que j'ai du mal à suivre tant elles sont barrées  (The Midnight Gospel) et celles que j'ai très rapidement laissées tomber (Succession, Foundation, Teheran) pour montrer que je reste quand même à fond en état de veille technologique, malgré mon air de ne dormir que d'un oeil, mais en fait si on regarde d'un peu plus près l'historique de mon lecteur multimédia de salon, on y trouve surtout (en plus de la trilogie John Wick et de la première saison de The Expanse pour me chauffer en attendant la prochaine et dernière) 
- les Brigades du Tigre (1974)
- les Nouvelles Aventures de Vidocq (1971) 
En effet, inconsolable de la mort de Marcel Bluwal, quand tout le monde dort, je me les repasse en boucle.
C'est très gênant. 
On n'a refait que l'affiche, parce que retoucher toute la série image par image,
merci bien,  on serait débarrassés du Covid qu'on y serait encore.
(en début d'année, bien mettre les choses au conditionnel)
Sans parler des derniers films qui m'ont plu : Le port de l'angoisse (1944) et Le grand sommeil (1946) car je ne dors plus beaucoup par moi-même depuis quelques semaines. Enfin, ça va un peu mieux quand je ne m'excite pas trop en cédant aux charmes surannés de l'auto-addiction devant ce bon vieil ordinateur à pédales. 
Ce n'est pas une insulte homophobe, c'est vraiment un ancien modèle. 
Et Dieu sait que pour pédaler, on est là.  
Mieux vaut encore me titiller le neurone devant tous ces programmes furieusement déjantés, sans compter The Sinner S04 et WandaVision que je viens de commencer et qui ressemble au fameux épisode S02E06 de Mister Robot (dans lequel Elliot se voit dans une sitcom du début des années 90, avec ses parents et Darlene, dans un road trip étrange. La situation devient de plus en plus absurde, et il comprend qu'il est dans un état dissociatif créé par Mr. Robot afin de l'empêcher de ressentir la douleur des coups portés par les hommes de main de Ray. Après deux jours dans le coma, Elliot reprend conscience et, quelque temps plus tard, il est emmené de force dans une cave alors qu'il se remet à peine de ses blessures. J'ai bien fait de ne pas regarder de sitcom au début des années 90)
Malheureusement, y’a un abruti de journaliste dans Télérama qui a tout divulgâché l’argument de WandaVision alors que je n’en avais vu que 3 épisodes.
Je me doutais que ça n’allait pas finir bien. Le problème, c'est qu'une fois lu, on ne peut dé-lire un spoil de Télérama.
Que Saint Igor et Saint Grichka le patafiolent.
M'enfin, ce sont quand même des problèmes de riche. 
Ce que j'ai vu de mieux en 2021, ça reste The White Lotus : 
Un hôtel de luxe à Hawaï, parfait condensé des hypocrisies sociales et des injustices qui régissent le monde (...) en six épisodes inconfortables et hilarants, une impitoyable critique d’une certaine Amérique, de ses privilèges et de la façon dont elle écrase les minorités qui l’entourent. Un jeu de massacre pourtant étrangement attachant, porté par une distribution impeccable, dont Connie Britton, parfaite en femme d’affaires workaholic. (...) Près de dix ans après l’inoubliable Enlightened, série créée avec Laura Dern, Mike White confirme tout le bien que l’on pensait de lui : il est l’un des auteurs les plus brillants du moment.

Comme sur ce blog, l'équipe du White Lotus vous accueille toute l'année dans la bonne humeur,
dût-elle en perdre le boire et le manger. Et les clés de votre chambre. Et son self-control.

L'interprétation est magnifique, c'est vraiAutant je n'ai pas été emballé par "Enlightened", la précédente série de l'auteur découverte à l'occasion de cet article de Télérama (garanti sans spoil) sur laquelle je me suis d'abord jeté, en plus elle est assez dure à trouver, sans parler du fait que j'ai bien galéré pour trouver des sous-titres décents et les resynchroniser, autant là, c'est la révélation sans fard et l'acclamation à gorge déployée dans le hall de mon salon devant le téléviseur Trinitron 37 cm. 
Chaque acteur porte son personnage au delà de l'incandescence menant à la combustion spontanée, et le directeur de la photo qui fait baigner ces péripéties hôtelières dans un crépuscule couleur test d'urine compromettant pour sportif en chambre, c'est magnifique.
Et en plus, ça semble assez probable, quand on regarde les locations saisonnières.

https://www.tripadvisor.fr/Hotels-g29217-zff12-Island_of_Hawaii_Hawaii-Hotels.html

Et pourquoi donc alors The White Lotus Unofficial Soundtrack

La musique composée pour la série, envahissant de ses renoncules fuligineux les péripéties hawaïennes jusqu'à quasiment en asphyxier ses récipients d'air, sauf un qui s'en sort mieux qu'il n'y était entré, mais on vous dira pas qui parce que y'a pas marqué Télérama, est l'oeuvre de Cristobal Tapia de Veer, connu dans le quartier pour avoir contresigné la musique de Utopia, la série anglaise inquiéto-pandémique de sinistre mémoire puisqu'il s'avère de plus en plus que finalement, tout était vrai.
Cristobal (j'ai un tonton qui m'appelait comme ça, à cause de la chanson de Pierre Perretdont je regarderais presque n'importe quoi s'il l'avait musicalement illustré, bien que je me sois déjà fait avoir une fois ou deux.



Le générique de début est vénéneux, voire neurotoxique. 
Ne le regardez ni ne l'écoutez, sinon vous allez vous retrouver dans une librairie à acheter le dernier Houellebecq, et il sera bien tard pour faire machine arrière.
En dehors de l'oeuvre de tonton Cristobal, on entend tout au long de la minisérie des musiquettes pseudo-hawaïennes, qu'on peut identifier sur le site tunefind que des malades mentaux ont créé pour que d'autres malades viennent s'y abreuver, collecter le fruit de leurs rapines, et le proposer à l'édification de la populace esbaubie, comme dans les contes fripons de Cabanes, tout en respectant l'ordre de leur diffusion dans l'arc narratif de la série.
 



Les morceaux empruntés à Nā Mele Hawaiʻi : A Rediscovery of Hawaiian Vocal Music par The Rose Ensemble, une chorale du Minnesota spécialisée dans la musique ancienne, m'a fait verser de chaudes larmes, de par la profonde beauté de leurs chants, je tenais à le signaler, parce que c'est pas tous les jours, et que ça m'a contraint à acquérir leur album à 9,99€ en urgence sur Qobuz, après 6 mois de réflexion financière (en 2021, j'ai obtenu un CDI, mais à mi-temps, alors c'est bien le mi-temps mais ça vaut un demi-salaire.)
D'autant plus quand je m'ai aperçu que leur version de Aloha 'Oe (un traditionnel du coin qu'ils reprennent en y ajoutant une pointe d'Ave Maria) ressemble phonétiquement trait pour trait à l'intro du Hawaiian War Chant de Spike Jones, qui l'inclut sans le dire.
Et je le prouve :

Ha'aheo ka ua ina pali
Ke nihi aela ka nahele
E hahai ana i ka liko
Pua ahihi lehua o uka

...le Hawaïen, cette langue singulièrement dépourvue de consonnes fricatives, sans lesquelles il semble malaisé de proférer une quelconque insulte, cette langue qu'on parle sans aucun accent après l'ablation des gencives. Et comment entonnerait-on un chant de guerre sans gencives ? Je vais finir ma purée avant de répondre.