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dimanche 24 avril 2022

Sanseverino - Je n'en veux pas (2021)


"Payer 135 euros parce que
mon tarin dépasse du masque
ou rentrer coupable et merdeux
20 minutes après le couvre-feu
Areva s'appelle Orano
le nucléaire a changé de peau
l'EDF qui s'appelle Engie
me propose un compteur Linky
ben j'en veux pas 
(...) 
Voir la police du roi taper 
sur des ados, sur des mémés
la bombe lacrymo, c'est pas bon
ni pour l'acné, ni pour la tension
obligé d'partir en courant
Avant 'voir débouler les agents
c'est le karting de la matraque
et me faire courser par la BAC
je ne veux pas
ça je n'veux pas"
Sanseverino continue d'écrire des chansons (un peu trop vite à mon goût, elles mériteraient d'être plus travaillées) et à sortir des disques à fond les ballons, mais c'est peut-être parce qu'il a une conscience exacerbée de sa finitude, qui est aussi la notre. 
Surtout le jour du deuxième tour. 
Le jour du "Je n'en veux pas". 
On vit vraiment maintenant au jour d'aujourd'hui dans une société du rejet et de la répulsion mutuelle.
Pour les ni-ni, les adeptes du barrage républicain et tous ceux qui vivent encore en démocratie, qu'ils le croient ou non. Si le premier quinquennat n'était que le teaser du second, on risque d'en avoir pour notre argent, et on va pas s'embêter une seule minute.
" oui mais
je cours tout nu la teub à l'air
chercher une guitare, un revolver
ceinturé par les infirmiers
qui m'attachent devant BFM TV
une soupe de légumes une compote
sur mon carrelage, moi qui grelotte
mourir tout seul pyjama crade
abandonné dans un EHPAD
je ne veux pas
ça j'en veux pas"
J'espère que c'est pas une prophétie auto-réalisatrice, pour lui comme pour nous. Si tous les gens qui méprisent le peu de choix qui nous est laissé devant les urnes s'abstiennent d'aller voter, ils pourraient bien hériter du présidentiable qu'ils méritent. Sauf Arno, le Flamant rock qui est mort hier. Vraisemblablement du fait que en tant que citoyen belge, il ne pouvait pas aller voter, donc c’est tout ce qu’il a trouvé pour protester contre l’équation du second tour
Ah  ça, pour protester, on est là. 
C'est pas demain qu'il faudra venir couiner.
Ca sera trop tard.

l'image de Sanseverino qui va bien, quelle que soit l'issue du scrutin.
L'enterrement de la démocratie ? N'ayez pas de chagrin, elle n'a pas souffert.

(reste à savoir si c'est vrai qu'il n'a pas de compteur linky)

jeudi 28 octobre 2021

Hector Zazou - Strong Currents (2003)

La pochette d'origine, classieuse
(je dis ça pour dissiper toute équivoque)

Il existe deux pochettes pour cet album, l'une assez élégante, l'autre beaucoup moins. C'est un des mystères de l'existence des directeurs artistiques à travers les âges. 

La réédition 6 mois plus tard, augmentée d'un titre
(pochette qui dissipe aussi toute équivoque, mais pas pareil)

Quand j'ai envie de pleurer sans prendre prétexte de réécouter Gérard Manset, j'écoute cet album d'Hector Zazou. Ou si je n'en ai pas l'opportunité, il me suffit de penser à la pochette version "mon cul sur la commode, avec la photo d'Hector mort au mur, et qui ne peut même pas en profiter, vu qu'il est du mauvais côté".
En effet, quand on est mort, la rigidité cadavérique nous interdit de nous retourner pour apprécier une paire de fesses dont nous n'avons pourtant plus l'usage (dans rigidité cadavérique, le mot clé c'est cadavérique, et non rigidité).
Voici un de ses projets les plus mélancoliques, sorte de symphonie trip-hop très 90's, tantôt anémiée, tantôt symphonique, réalisé avec une dizaine de chanteuses souffrant toutes d'une carence en lithium, l'ensemble se révélant d'une mélancolie brouillardeuse à ronger les os. Enfin, c'est l'effet que ça me fait, je ne veux forcer personne à ressentir mes états intérieurs qui sont copyright© moi.
Fragments d'une discographie zazouesque
Un article raisonnablement élogieux
où l'on peut en écouter des extraits, un peu comme à la Fnac quand le vendeur était d'accord pour fendre le cellophane du 33 tours sur la tranche et nous placer dans une cabine d'écoute, ce qui ne nous rajeunit pas.
Un autre
En tout une douzaine de titres souvent vaporeux, langoureux, cafardeux, mais le cafard susurré par une jolie voix féminine c'est quand même mieux que le cafard tout seul, des fois on jurerait entendre Björk, la chanteuse islandaise tellement ravagée qu'elle porte le nom d'un petit déjeuner aux céréales, d'autres fois la pulpeuse chanteuse de Elysian Fields, hé bien non, dans les deux cas on aurait tort. C'est pas elles. Mais on n'a pas peur d'avoir tort, ce qu'il faut craindre c'est le besoin d'avoir raison. 
Il y a sur l'album des chansons plus mortifères que d'autres. Mais le souci constant de Zazou de s'entourer de jolies femmes qui chantent avec suavité les effondrements de l'âme plaide en la faveur de quelqu'un qu'on ne peut vraiment suspecter de détester la vie, même s'il l'a quittée depuis. 
Parti pêcher le maquereau, Hector revint avec de belles morues. 
On pense aux remèdes à la mélancolie énumérés par Ramon Pipin dans Chèque baby chèque : "Je ne chante la solitude qu'entouré de vingt personnes / mes histoires d'amour sont prudes mais à tous les vices je m'adonne / les mélodies du malheur restent ma spécialité / et je mets toute ma ferveur à ne jamais rigoler." Certes, la stratégie d'Hector est plus subtile et n'inclut pas de dimension parodique; encore que, en contemplant la version 2 de la pochette, on puisse avoir des doutes. Et les photos du livret sont signées John B.Root, un pornographe qui eut son heure de gloire dans les milieuxXX autorisés; et alors ? Zazou est mouru en 2008, nous privant de la possibilité de l'interroger à ce sujet; s'est-il moqué du monde ou pas, avec ce trip-hop languide ? Rêvait-il de se taper son aréopage de chanteuses dépressives et mystérieuses, et ne le pouvant, il leur a sublimé des textes et des écrins musicaux pour les y enchâsser ? 
A la longue, la puissance vénéneuse des pièces du disque s'estompe, au profit d'un vague à l'âme complice. Si vous absorbez un champignon moyennement toxique tous les jours, l'effet du poison s'atténue. 
Autre cas : quand vous vivez avec un cancer, que vous apprivoisez, à condition d'être dépisté à temps, et que vous finissez par tutoyer. Si lui commence à vous parler, par contre, n'hésitez pas à consulter votre oncologue. Ou à lui passer Strong Currents. Les textes du disque semblent d'une insondable intimité. L'élégance le dispute-t-elle à la préciosité ? ou lui-colle-t-elle un atémi à la carotide, comme Chuck Norris ratatine Gérard Manset ? La gravité féminine qui nimbe le projet dans son ensemble est un peu intimidante, pour qui n'a jamais su parler aux femmes quand elles étaient en train d'enregistrer, parce qu'elles étaient bien capables de répondre "mais Chut-euh, tu vois pas que j'enregistre, connard ?"
Si l'on s'interroge sans fin, il faut alors scruter d'un oeil rougi par l'anxiété et le manque de sommeil les explications sur la genèse du projet :
qui n'expliquent rien en tout petit, mais évoquent bien le destin de Zazou, passeur.
Il faudrait sans doute fumer quelque chose de plus costaud que du CBD en écoutant ça pour avoir une révélation divine. Mais je ne fume pas de CBD, pour la même raison que je ne mange pas de cassoulet light.

jeudi 10 juin 2021

Henri Salvador - Elle me donne (ah ! Ah ! ) (1954)

Je suis né avec des yeux d'ange
Et des fossettes au creux des joues
J'ai perdu mes joues et mes langes
Et j'ai cassé tous mes joujoux
(Clopin-clopant, aussi chanté par Montand,
et écrit par Pierre Dudan)
Dans la pile de centaines de papyrus et de tablettes de cire exhumés de la crypte secrète de la nécropole maudite et oubliée d'Henri Salvador, cette biguine de 1954 résonne d'un écho particulier. 
D'abord parce que toutes les versions trouvées sur youtube ont été remixées avec de la réverb, ce qui dénote d'un manque d'élégance et de courtoisie envers les artistes morts, et qui m'a contraint à repartir du master original, négocié à prix d'or auprès de Toutânkhamion, un trafiquant d'art du Caire, spécialisé dans le commerce des sarcophages suspects, gros et demi-gros.
Ensuite parce que l'argument développé, qui commence comme toutes les romances - Marivaux, Giraudoux, Barbara Cartland - tourne abruptement à la fable mesquine sur les mirages et déconvenues de l'amûûr une fois que la banane s'est dégonflée, et que c'est une mauvaise blague joliment troussée. 
Bien mieux que chez Houellebecq, par exemple. L'interprétation est jubilatoire, annonçant pourtant les crétineries futures du pitre Salvador et les sanctifiant par avance, ou en retard si on vivait dans un flux temporel inversé comme dans Peppermint Candy. 
Une excellente surprise, qui tourne en boucle depuis 15 jours, et qui commence à lasser les amatrices de Jorja Smith de moins de 26 ans dans mon entourage proche, surtout quand je l'alterne avec l'intégrale des Quatre Barbus. 


L'amour prétendument vécu comme un don, alors qu'on sous-entendait l'échange et la réciprocité. Et blam, la cabane sur le chien. Tant mieux, c'est plus honnête. C'est pas pour faire mon Morizot, mais si la Nature nous avait câblés des aptitudes au don inconditionnel, l'espèce humaine serait éteinte. On n'en est peut-être pas loin, du fait de l'excès inverse, n'en déplaise aux déclinistes. 
"Les philosophies les plus altruistes et les plus viables échouent face à l'intérêt personnel, cet impératif brutal du tronc cérébral."(Peter Watts)

La galette de cire de « Elle me donne » 

retrouvé dans la chambre funéraire 

de la Pyramide de Salvador 

et gravée en 78 tours cunéiforme 

est en vente 24,50€

sur archine.com

Et encore : "Nous nous percevons comme des réservoirs vides ne demandant qu’à être comblés, et l’autre devient alors cette source à laquelle nous aimerions nous abreuver. Qu’il s’agisse d’une rencontre avec un maître spirituel ou avec une maîtresse ou un amant, nous devons réaliser que cette manière de rencontrer l’autre comme s’il était source de notre plénitude est une erreur fondamentale.
Je ne dis pas que les relations doivent être évitées mais qu’elles doivent être vues pour ce qu’elles sont : des lieux possibles d’expression de l’amour mais pas des échoppes où l’on viendrait s’achalander." (Thierry Vissac)
Tout ça dans une bête chanson d'artiste de variétés. 
Elle est pas belle, la vie ?
Déstockage monstre (avant les soldes d'été) sur les citations à la con et les vieilles chansons inspirées. Tout doit disparaitre.

mardi 8 juin 2021

Lovecraft Facts (17) : Les Quatre Barbus - Le grand Lustucru (1957)

Je découvre les CDs 3 et 4 de la compilation des Quatre Barbus présentée tantôt. 
C'est du lourd. 
A côté de versions édulcorées de chansons paillardes - on ne pouvait pas enregistrer sur disques de tels brûlots cochons avant que Jean-Marie Bigard ne s'arroge vers la fin du XXeme siècle le monopole de la vulgarité et confonde un peu exprès la licence poétique, la licence IV et le complotisme de sous-bois - à côté aussi de chants de marins qui rappellent l'éternité de toute souffrance humaine, mais comme le dit Jean-Pierre Dionnet « Ma vision du monde est positive, je pense que l’être humain est foncièrement mauvais, mais je pense aussi que nous avons le choix de ne pas l’être », je reste interdit devant la puissance d'évocation de chansons comme "Le grand Lustucru" qu'on dirait écrite par Stephen King pour faire se conchier nos chères têtes blondes avant de regarder Candyman, alors que ce génial blog déniché dans la foulée l'attribue à Kurt Weill et m'en apprend tout ce que je brûlais d'en savoir tout en ignorant que j'avais tant soif de connaissance.


La version des Barbus n'est ni pire ni meilleure que celle de Laura Betti ou des 128 autres versions recensées par « Je pleure sans raison que je pourrais vous dire » depuis que Théodore Botrel s'est inspiré d'une chanson traditionnelle qui remonterait au XVIIe siècle pour en publier un prototype de chanson à endormir les enfants par stupeur d'épouvante.


Attention à ne pas confondre ce grand Lustucru, cousin familier et néanmoins terrifiant du grand Cthulhu par le biais de quelques permutations de lettres dont les mélenchonistes désappointés ont le secret, avec le Père Lustucru tel qu'il apparait dans cette comptine pour enfants pubères de Colette Renard, sinon finie la garantie.


dimanche 22 mars 2020

Confinés, le chant des partisans (Remasterisé) (2020)



Je vous préviens tout de suite que je ne m'y collerai pas, mais l'idée m'est tombé dessus depuis l'armoire, et à mon avis si l'un d'entre vous veut faire le malin sur youtube, je ne m'y opposerai pas, et en vérité il y a un coup à faire avec la chanson "Motivés" du collectif éponyme, le tube de l'été 1999 sur lequel on a tous emballé (à l'époque) la vendeuse de merguez à la fête de l'Humanité. 
Qui sert aujourd'hui du couscous jambon à la fête du Rassemblement National, mais c'est une autre histoire.
De toutes façons, ça tombe bien, aujourd'hui j'aurais pas su quoi voter au second tour.


Si quelqu'un veut s'y mettre, je dépose ici l'idée et le début des paroles,
sous licence Creative Commons Everybodys

[les nouvelles paroles sont entre crochets]

Le début, c'est facile :

Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines

[Ami entends-tu le vol du Corona sur nos têtes]

Ami entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne

[Ami entends-tu les cris du sourds du Macron qui t'enferme]

Ohé, partisans ouvriers et paysans c'est l'alarme

[Ohé, commerçants, salariés et soignants c'est l'alarme]

Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes

[Ce soir l'hôpital paiera le prix du manque de masques]

Motivés, motivés

[Confinés, confinés]

Il faut rester motivés !

[Il faut rester confinés ! ]

Motivés, motivés

[Confinés, confinés]


Il faut se motiver!

[Il faut se confiner ! ]


Bon, je n'insiste pas, vous voyez le genre.
Si c'est ça le nouveau chant des partisans, alors c'est un peu comme dans "le camp du schmock", la chanson de Dédé et Mireille en vente dans cette salle, quand Mireille fait dire à son personnage "si j'étais partisan, je suis revenu réglisse".
A moins que ça soit Dédé.
En tout cas, prions pour que Francis Lalanne ne tombe pas sur mon brouillon.
Quelqu'un l'a vu récemment ? je crois que je vais passer chez lui resserrer son bâillon, en lui faisant croire que c'est un masque nouveau modèle.

lundi 3 février 2020

Lovecraft Facts (8) : Adrian Belew

J'ai un vrai sourire
et ça transfigure ma disgrâce.
Non ?
Adrian Belew est un peu disgracieux. C'est un avis personnel. S'il aime la Nature, c'est avec Albert Jacquard, parce qu'ils ne sont pas rancuniers. Et ça ne s'arrange pas en vieillissant. Entendons-nous bien : l'auteur de ces lignes n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter, mais ça ne nuit pas à sa vie professionnelle. Ou alors on m'aurait menti. En tout cas les gens se sont habitués, ou restent extrêmement discrets, et je n'en entends guère parler. Concernant Adrian, cette malédiction due à ses gênes est cruelle : il serait ingénieur informaticien, encore, ça passerait, mais ayant choisi la filière spectacle, c'est toujours un peu délicat pour lui de mettre sa tête sur les pochettes des disques (même si personne ne les achète plus) ou de s'exhiber en concert sans se mettre un sac poubelle 10 litres sur la tête, avec deux trous pour voir le manche de son outil de travail et un autre pour respirer. Et contrairement au personnage principal de Border, dont la laideur surnaturelle et préhumaine est due à des prothèses, lui ne peut se dessaisir le soir venu de sa hideur lovecraftienne en la mettant à tremper dans le verre à pied, et ses pieds dans le verre à dents. Elle est montée d'origine.
Si, j'ai regardé, hideur, ça existe bien dans le dictionnaire, même si personne ne l'emploie, pas même Lovecraft...ah si, tiens, Lovecraft, justement, dans Dagon : "Jamais je ne pourrai décrire telle que je la vis cette hideur innommable qui baignait dans le silence absolu d'une immensité nue. Il n'y a avait là rien à écouter, rien à voir, sauf un vaste territoire de vase. La peur que fit naître en moi ce paysage uniforme et muet m'oppressa tant que j'en eus la nausée." Il évoquait à mots couverts le visage d'Adrian, entr'aperçu dans un rêve lucide, ces songes au cours desquels la conscience onirique s'insurge du cauchemar qu'elle sait être en train de vivre et qui inspirent à l'innocent promeneur des sphères astrales, au sortir du sommeil, la rédaction de nouvelles d'épouvante un peu boursouflées, mais raisonnablement atroces.
Adrian essaye d'organiser une tournée en Chine
au profit des victimes du Coronavirus
mais ça ne prend pas longtemps avant qu'il soit reconnu.
Bien qu'il ait compensé sa relative laideur depuis tout petit en mettant au point une technique guitaristique hors pair et un phrasé tout à fait singulier, Adrian s'est quasiment fait virer pour mocheté de tous les groupes dans lesquels il a joué, les Talking Heads, Bowie, Frank Zappa (qui se pavanait pourtant volontiers sur les plateaux télé en se dépeignant sous les traits d'un progressiste refusant les diktats culturels en vigueur dans le monde du rock, comme par exemple les groupies, moi ça me parait admirable de pouvoir se refuser aux groupies, même si j'en ai fort peu et que ça serait donc virtuellement envisageable sans que ça soit ressenti comme un arrachement), King Crimson, au sein duquel il a pourtant cotisé trente ans, mais c'est vrai qu'ils faisaient des concours avec Robert Fripp pour savoir lequel avait le plus le charisme d'une moule et ça faisait fuir les trop rares clients, et finalement c'est Robert qui a gagné, et plus récemment Adrian s'est aussi fait lourder de Nine Inch Nails et de Porcupine Tree.
Si vous me croyez pas vous z'avez qu'à lire Internet, c'est écrit partout.
Et à chaque fois qu'il est remercié, il rentre chez sa mère, elle le console comme elle peut (les mères sont souvent balèzes en amour inconditionnel, c'est bien pratique quand on est un serial killer en fin de droits assedic ou un guitariste peu flatté par la nature) et il sort un album solo.
Un petit cercle d'initiés s'ébaubit alors "Rhhôôôhh bravo, Adrian, encore un beau crossover entre Mac Cartney et King Crimson", la presse spécialisée ronéotée  à un seul exemplaire sur le web s'en fait l'écho des savanes confidentielles, et l'artiste semble condamné à errer éternellement en quatorzième division blindée des Panzers de l'Echec Patent pour délit de sale gueule.
Ca fait déjà presque quarante ans que ça dure, et son dernier opus, Pop Sided, ne déroge pas à la règle, comme on dit dans le Landerneau des blogs musicaux : ni pire, ni vraiment meilleur que les précédents. Quoique Flux, un des plus récents, était vraiment pas mal. A condition de ne pas voir sa tête, évidemment, sinon ça fout tout par terre, dans ce monde où l'apparence compte plus que tout. Plus que d'avoir une belle guitare et de s'en servir, en tout cas.
Mais il existe une autre façon de voir les choses, si on sait les regarder avec l’œil du cœur : Adrian Belew, soi-disant parti de rien et arrivé nulle part, n'a finalement de merci à dire à personne. Il a joué dans beaucoup de groupes intéressants à des périodes où ceux-ci furent très créatifs, et en dehors de ça il a enregistré ce qu'il voulait comme il voulait, défrichant des champs expérimentaux dont aucun gratteux cyberculteur n'aurait osé retourner les grosses mottes avant lui; et en plus il a conçu des guitares, des applis mobiles et des racks d'effets.    
Et si ça se trouve, sa femme est ravissante.
Et il parvient tout à fait à vivre correctement de son art.
Lui.
Contrairement à moi et à Lovecraft.




picC'est en tombant sur une vidéo récente ci-dessus que je me disais à nouveau qu'il n'avait pas de bol, parce que j'avais trouvé le disque Side Four enregistré avec cette formule de Power Trio très énergique, alors que la vidéo est un peu foirée : l'image est d'une hideuse frugalité, le son caméra n'est même pas repiqué de la console de mixage. Peut-être qu'il cherche plus à être qu'à avoir, et qu'au fond il s'en fout, à partir du moment où il conserve la liberté de faire ou de ne pas faire ce qu'il lui plait plait plait quand ça lui chante chante chante.Donc ce n'est peut-être triste que dans ma tête, cette histoire.
Et pour le happy end, je lis sur le french wiki que Jerry Harrison renoue avec Adrian Belew et s'accompagne du groupe Turkuaz pour rejouer Remain In Light sur scène en 2020, à l'occasion des quarante ans de l'album.
Alors il est où, le problème ?

english wiki, rich as my tailor :

Belew by discogs
https://www.discogs.com/artist/55902-Adrian-Belew


[EDIT]

Flux volume 2 - notes de pochette
(collection privée)
En complétant de manière raisonnée ma collection de Belews, je tombe par hasard sur la pochette intérieure de Flux (Volume 2) d’Adrian, qui consiste en une déclaration d'intention.
Je peux faire la fine bouche sur sa capacité à me faire rêver, mais Adrian est un pont entre les Anciens et les Modernes, son commentaire sur « la musique qui n’est jamais jamais deux fois la même » est inspiré comme un fragment d’Héraclite.
Nous, nous pensions que la musique, c’était des fichiers, et nous les collections avec avidité, les jeunes de maintenant la vivent comme un flux et ne se prennent pas la tête avec.



Adrian a mis autant d’enthousiasme à créer son appli  que Peter Gabriel en avait eu à faire son CD-rom interactif Eve en 1997.
Même si au final, toute randomisée que soit l’appli « Flux », la démo me porte à croire que ce qui sort du logiciel de Belew ne peut sonner que comme du Belew, le Géo Trouvetout du rock.

mercredi 5 décembre 2018

Tamino - Amir (2018)




Quand j'ai dit à ma fille de 18 ans que j'écoutais Amir, elle s'est inquiétée de ma santé mentale. Brave petite. Je n'avais pas trop bien regardé, dans la chronique de Télérama, qui était le titre de l'album et qui était le nom de l'artiste.
Mais bon, Amir, ça lui allait bien.
Genre.

le seul défaut de mon autoradio :
son poids sur mes genoux quand je conduis
Et quand je lui ai fait écouter l'album dans la voiture en la ramenant à la gare pour qu'elle aille attraper le scorbut à la Rochelle comme dans une vieille chanson de Thiéfaine, ça a ajouté à son trouble : ça ne cadrait pas du tout avec le Amir qu'elle connaissait.
Elle a sans doute shazamé discrètement mon autoradio Hifivox à cassettes, parce qu'elle m'a envoyé un texto dans l'après-midi : "c'est pas le même Amir !!! celui que tu écoutes s'appelle Tamino et son album s'appelle Amir" c'est la fifille à son papa, ça. Sérieuse et appliquée dans toutes ses entreprises. C'est pas elle qu'on verrait animer un blog pour lutter contre la cyberdépendance.



la chronique de Télérama (capiteuse et belle à pleurer comme une femme qu'on aurait trop aimée)

Habibi, le single de l'album d'Amir qui s'appelle en vrai Tamino, veut dire "mon amour" en arabe. Si tu as déjà lu la chronique de Télérama, ce qui t'est habilement suggéré dans le paragraphe précédent, tu le sais déjà, mais peut-être fais-tu comme moi, tu te contentes de surfer sur les images, et pour le rédactionnel, tu glisses. Les mots, ce ne sont jamais que des mots, qui sont loin d'égaler en densité & intensité les choses qu'ils désignent. N'empêche melba qu'il ne faudrait pas confondre le Habibi d'Amir-Tamino avec celui de Craig Thompson, qu'on aime beaucoup aussi chez Télérama, mais on n'arrive pas à rentrer le livre (ma foi très épais car il fait 700 pages imprimées sur du papier 140 g) dans l'électrophone.

la chronique de Télérama sur le Habibi qui n'est pas dans le disque

et si tu veux voir Amir Tamino chanter Habibi en session privée, ça tombe bien, Télérama vient de racheter le Studio Harcourt, et propose pour moins de 99,99 € par mois un abonnement à sa playlist gratuite, bourrée à ras bord de jeunes gens ténébreux qui vont pas se gêner pour faire fructifier l'héritage de Jeff Buckley depuis qu'il s'est noyé dans l'Ontario, mais c'était peut-être le Missouri, à ta place je vérifierais, mais ça va malheureusement pas nous le ramener.

mercredi 7 novembre 2018

The Acid – Liminal (2014)

Au panthéon des tafioles anglaises qui laissent suinter leur mal-être sur des nappes de synthés dépressives avant de les graver sur des galettes de vynile mou et odorant, j'accueille aujourd'hui The Acid, repérés sur les 4h30 de la massive bande-son de Sharp Objects, et justement je sens une filiation avec Massive Attack même si c'est dans une version ramollo qui évoque peut-être plus James Blake, je ne sais pas, je ne suis pas un professionnel.
"Desolate post-dubstep, post-punk, post-just-about-everything, Liminal is a pallid, vaporous shape-shifter, phasing through genres with phantasmic disregard."
Je n'invente rien, je l'ai lu sur un blog.

Au firmament des lâches et des cyber_veules qui mettent leur musique à disposition du vulgum pecus sans comprendre la notion de dette karmique, nous retrouvons dans le peloton de tête les aimables bâtards de exystence.net mais les fichiers ne sont plus dispos, flûtalors.
les Youpins de chez Israbox, qui doivent être aussi youpins que moi
https://www.isrbx.com/3136510702-the-acid-liminal-2014.html
mais les liens sont pétés aussi
il faudra donc se résoudre à chercher ailleurs que chez ce pauvre Warsen dont l'échoppe est vide mais les mains pleines, de quoi on se le demande bien.
Sans doute sur Spotify.



https://en.wikipedia.org/wiki/The_Acid

dimanche 14 janvier 2018

Hans Zimmer & Benjamin Wallfisch - Blade Runner 2049 Soundtrack (2017)

Il n' y avait que Hans Zimmer, ce gros bourrin teuton de la bande originale de blockbuster hollywoodien, pour pouvoir commettre une telle épopée sonore, propre à faire mouiller leur culotte à tous les vendeurs de home cinema du rayon électro-manager et armes de destruction massive de chez Darty.
Il revendique clairement le lourd héritage de Vangelis "Pépètes en Acier", tout en poussant l'histoire un cran plus loin, à condition que votre ampli soit gradué jusqu'à 11, comme dans Spinal Tap.
Et le film, me direz-vous ?
Il réconcilie les dickiens avec le cinéma.
Et avec Harrison Ford.
Ni moins, ni moins.



https://soundcloud.com/ahmad_mohammad/blade-runner-2049-soundtrack-hans-zimmer-benjamin-wallfisch

[Edit] 
Journal de visionnage visionnaire du capitaine Warsen, à bord de l’Enterprise, on the Road to Nowhere.

Il parait que le Director’s Cut de BR 2049 est en préparation, et qu’il dure 8 heures.
Villeneuve a réintroduit dans la continuité narrative toutes les chutes des plans dans lesquels Ryan Gosling attend, près de la photocopieuse à clones (une sorte d’imprimante 3D du futur) que sorte sa nouvelle bien-aimée, flambant neuve et prête à satisfaire tous ses désirs les plus secrets sans aucun court-circuit au moment crucial.
J’aime bien Ryan Gosling, parce que dans tous les flims que je regarde dans lesquels il officie, il joue un personnage en déréliction, dans un monde en déréliction. 
Du coup, dès que je le vois j’ai une déréliction aussi, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Hier soir, j’étais fin prêt, j’avais réussi à en regarder un bon quart d’heure dans la journée sans m’endormir, au prix d’une petite sieste préventive, et puis les filles ont soudain pris possession de la télé pour regarder Michael Douglas dans Liberace et être subjuguées par ce vieux pédé, et j’ai été obligé de me rabattre sur mon ordi et d’écrire un nouvel article hypertélique.

——————
A y est.
K. a vu le film (tout le monde sait que dans l'intimité, on m'appelle K. Enfin, moi je m'appelle K. Quand je m'appelle. Mais ça sonne souvent oKupé).
Une fois l’exaltation du visionnaire visionnage en 1080p HD retombée, ce film est quand même à mon sens bourré de défauts raidibitoires :
- les filles virtuelles ou réelles y sont super-jolies, donc déjà il me réconcilie avec les filles, ce qui n'était pas une mince affaire. 
- ensuite, il me réconcilie avec Ridley Scott, qui a produit le film sans éprouver le besoin de le saloper de ses immondices habituels, qu'on ne peut tous mettre sur le dos des maladies du 4ème âge.
- de plus, il me réconcilie avec Denis Villeneuve, avec lequel je n'étais pas fâché, mais quand même.
Ca aurait pu être l'occasion.
- ce film prouve enfin, 36 ans après sa mort, qu'on peut quand même faire du bon cinéma avec Dick et sa soeur morte en bas âge, ce dont K. se réjouit, et c'est pas trop tôt, ça fait quand même 36 ans que j'attendais de jouir, le doigt sur la télécommande avec mon pantalon baissé, au risque de m'enrhumer dans les courants d'air.
- et ultimement, ce film me réconcilie avec Harrison Ford, et ça, ça me débecte profondément.
Allez, je vous laisse, je vais aller fêter ça aux cyberputes.
Joie et bonheur pour 2018 !
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Pendant ce temps, dans le virtuel, un ami me fait une boutade à propos du terme de déréliction, employé un peu a l’aveugle quelques posts plus haut et quelques jours plus tôt à propos de Ryan Gosling, parce que finalement, je dois te l’avouer, j’ai une approche très tactile du langage quand je suis dans l'élation.
Donc mon ami, que certains d’entre vous ne méconnaissent pas comme Louis-Julien Poignard, président du Groupe de Réalité Réelle Ratée, me maudit d’avoir dû compulser Petit Robert pour y confirmer le sens du mot déréliction : “joie profonde provoquée par un sentiment de solidarité avec une communauté soudée et résolument engagée dans une démarche optimiste de construction de l’avenir”.
Il se moque : chez moi la déréliction c’est plutôt un Sentiment d'abandon et de solitude morale, voire au plan théologique une épreuve de la vie mystique dans laquelle le fidèle a le sentiment d'avoir perdu la grâce, d'être dédaigné pour l'éternité.
Mais alors c’est pas mon Poignard pour rien, cet ami, parce que finalement je réalise que ce diable d’homme-en-quête-de-son-humanité de Ryan Gosling, soit dit sans spoiler divulgâchage, dans Blade Runner 2049 € TTC, il joue sur les deux tableaux, car il parvient à incarner les deux significations un peu hasardeuses que nous attribuons à cette foutue déréliction de mes deux, enfin trois avec mon kyste, mais j'irai me le faire enlever quand j'aurai rencontré la bouddhiste noire à gros seins de mes rêves sur Adultfriend finder, tous les deux donc, mais à nous deux on en a cinq, avec nos efforts réunis de disapointed mélenchonists qui la ramènent pas trop avec la réalité ratée, ahanant de concert autour du treuil d’ancre pour remonter 25 kgs de fonte sémantique coincés sous un rocher d'inconscient qui nous vaudra sans doute un bon lumbago dans les rues de Ciutadella, significations que nous empruntons à différentes marques de poudre à laver le cerveau d’internet, parce que s’il fallait chercher le sens des mots par nous mêmes, ça serait aussi hasardeux que d’enfermer des singes avec des machines à écrire en faisant confiance aux statisticiens qui ont prédit qu’en 500 000 ans ils avaient une chance non négligeable de réécrire tout Shakespeare, mais quand même, Ryan Gosling il est trop fort, parce qu’en plus on ne peut aimer Blade Runner 2049 € TTC que si on avait conchié le Blade Runner 1, ce qui était mon cas, et le regarder comme un préquel un peu foireux et chichiteux.
Et franchement mon ami je pense que sa définition il l’a piquée à un Macron pré-électoral, ce qui veut dire que il se moque encore de mon peu d’instruction et j’ai bien de la peine à ne pas en prendre ombrage, ou alors plus logiquement c’est parce que il abhorre me voir laisser trainer ma ligne à l’arrière du bateau dans l'espoir d'attraper des maquereaux car il les préfère vivants dans l'océan, mais il serait bien content peut-être maintenant si je remontais un Macron des grands fonds et que je le laisse l’étriper et le finir à coups de marteau et de faucille, mais c’est un peu tard, c’est devant l’urne qu’il faillait la jouer Marine, si le voilà comme je le suspecte tout pénétré du désagréable sentiment d’être gros-jean comme devant par derrière, il ne peut que s’en prendre à Poignard, y’a déjà assez d’embrouilles comme ça en loucedé au sein du GRRR, mais c’est vrai qu’en ce moment la réalité elle est moins ratée que d’habitude, c’est un peu déstabilisant mais c’est quand on va s’habituer qu’il faudra redescendre, je vois bien le coup venir, et j’attends son tapuscrit pour en faire un résumé succinct, mais c’est pas gagné, en attendant ça me reposera les yeux des poudres à laver d’Internet.

jeudi 11 janvier 2018

L'amour Est Un Os - La Souterraine (2017)

Message de service :
j'ai reçu ça ce matin il y plus de trois semaines, et je plussoie :

Bonjour là-haut,
Tout d'abord, parce qu'il faut veiller à s'alimenter autrement, nous vous conseillons la vision de ce film de Luc Moullet, "Imphy, capitale de la France", extrait de l'émission "L'oeil du cyclone" sur le Canal + de 1995. Passées les 2 premières minutes, ce document se révèle tout à fait utile - au point de nous donner l'envie de nous lancer dans une pétition pour que la Souterraine (Creuse) soit la nouvelle capitale de la France. Bref, voilà 26 minutes de bonne téloche.
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Vous voilà toujours dans la possibilité de participer à notre campagne de donation directe, notre source de financement ultra-majoritaire à ce jour. Ceci est fondamental. Vous recevrez, à un moment, par tirage au sort, des choses issues de la Souterraine.
Toutes les informations sont ici : https://www.tipeee.com/la-souterraine
Vos commentaires, vos critiques et vos encouragements sont les bienvenus également : souterrainiste@gmail.com

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Une autre raison de nous supporter ces jours-ci, c'est la sortie de OUF. En décembre 2014, nous avons sorti en un coffret 4 CD la première anthologie souterraine compilant les 4 premiers volumes publiés. Elle est aujourd'hui épuisée.
Aujourd'hui sort "OUF, l'anthologie souterraine, 2015-2017", 22 chansons de variétés underground. Elle est disponible en CD et en double-vinyle et toujours en numérique à prix libre : http://souterraine.biz/album/ouf-lanthologie-souterraine-2015-2017
PS : si vous êtes usagers des plateformes de streaming traditionnelles, OUF est ici, et voici où nous sommes sur APPLE MUSICDEEZERSPOTIFY et YOUTUBE

Le comité d'écoute

- commentaire à chaud, H20, même, du Comité de Déréliction :
Parmi ces quatre albums, que je n'ai pas encore tous lécoutés, parce que vous n'êtes pas sans ignorer que j'ai les deux mains prises dans le 220V en ce moment, ma préférence instinctive, depuis que j'ai lâché l'ombre pour la proie, va sans nul doute à celui de reprises d'Arlt.
Mais je peux me tromper, c'est déjà arrivé et ça arrivera encore.

.... et la vidéo de Luc Moullet, Béni soit son Saint Nom, pour manger avec :

dimanche 7 janvier 2018

Chauve and Tel.

Hééé oui, c'est toujours la grève des clowns sur ce blog, paralysé par la crampe de l'écriveur dans les vespasiennes publiques.
C'est dommage, j'ai plein d'articles chouettes à envoyer du pâté, mais le chantage au voisin d'en face continue. Alors je reste à la fenêtre / A regarder passer les camions militaires / Puis je décroche le téléphone / Et je regarde les postières par le trou de l'écouteur
...enfin je vais pas m'étendre, hein, vous connaissez ce refrain, entonné par des millions de marcassins de Panurge à travers le monde.


Et puis, j'ai déjà un média social entièrement consacré - le mot est faible - à ce type d'épanchements de Sydonie.
Comme disait Clemenceau, la tolérance, y'a des maisons pour ça.
Sinon, j'ai des fiches de lectures toutes prêtes, au cas où il serait déjà l'heure d'être vieux et de lire des livres.
https://samquixote.blogspot.fr/2017/12/top-10-best-comics-of-2017.html
J'ai même trouvé chez ce bon vieux Sam une critique d'un comics que je suis en train de lire, chronique avec laquelle je ne suis pas du tout d'accord, puisqu'on y traite de démonologie, de meurtre rituel du père symbolique avec un calibre 22, et que le dessin de Vanessa del Rio Rey m'évoque le Blutch période Donjon.
Tiens, je vais lui écrire un chant de protestation, ça va me détendre.

Sinon aussi, en écoutant le best of annuel du gramophone, qui a beaucoup perdu de son talent de dénicheur depuis qu'un des rédacteurs a pris feu et qu'on l'a éteint à coups de pelle, mais bon, on reste fidèle à ses engagements pris envers des inconnus qui s'en cognent comme de leur première lettre d'avertissement d'Hadopi.


Sinon encore mais après n'y revenez plus, j'ai quand même une bonne nouvelle pour les amateurs de chanson française de qualité en phase terminale. Une actu chassant l’autre, le Jour de L’An a été trainé dehors avec du goudron et des plumes pour faire de la place à l’Epiphanie, et j’ai failli me casser le bridge sur la fève à midi (...) et la fêve, c’était le barde Assurancetourix. C’est un signe, car je choisis de l'ivoire. Je vais donc reprendre la gratte, parce que le clavier, ça va bien un moment. D'ailleurs j'ai reçu un  Message de service à caractère informatif :
tu vas pas pouvoir tenir encore longtemps comme ça, et ça n'a déjà que trop duré.





Sinon final, il pleut comme vache qui pisse du Pink Floyd à la chaine.
Ou comme sur la pochette d'un vieux Peter Gabriel.
Un temps à réécouter le dernier Orelsan, car la fête est finie.
Mais vous faites ce que vous voulez.
Personnellement j'ai amené du travail cybernétique à finir à la maison, je risque pas de m'ennuyer une seule minute.




D'ailleurs, oserai-je dire sinon, rien qu'en triant des masters et en les renommant conformément à la nomenclature en vigueur à l'heure où je vous cause et où je n'ai manifestement rien à dire de plus que ce que je dis sur mon autre blog, n'oublie pas d'omettre de mettre le lien sinon tu vas fatiguer les gens avec tes fariboles, je retrouve cet incunable tout à fait de saison.


il ne vous zappa échappé cette semaine (j'ai un ch'veu sur le teaser) from john warsen on Vimeo.

Pour ceusses que ça intéresse, la version non foirée est dispo en toute saison, hiver comme hiver, ici même (j'ai bien peur que ce soit un autre de mes blogs en déréliction, mais ça nous entrainerait trop loin sur la piste pentue et tangentielle des fake niouzes, et il se fait déjà tard puisque c'est presque l'heure d'être vieux)

vendredi 8 décembre 2017

Le dernier San Pellegrino (1)


...mais la musique est bonne, bordel.
Si Serge Prisset ne suçait pas que de la crème fouettée, on peut dire à sa décharge qu'il lui arrivait d'abuser de ses prérogatives parentales.
Il rouait alors son fils de coups, en hurlant "Luc, je suis ton père, descends donc m'acheter de la bière, je meurs de soif". 
Mais une fois rassasié d'alcool, qu'il avait mauvais, il retrouvait l'art de trousser une mélodie, et de greffer dessus les mots bleus qui font mouche, et qui étaient comme du baume du Tigre appliqué délicatement sur les maux bleus du petit, cerclés de mouches tout aussi bleues, mots bleus qui une fois lâchés dans le public pouvaient tout aussi bien lui ouvrir les portes du hit-parade, lui baisser sa culotte et lui faire plier les genoux avant d'y cracher sa purée variété-pop aux grumeaux onctueux et mélodiques.
C'était le bon temps où les chanteurs, y faisaient pas semblant de tout donner, sur scène comme au percepteur.
Y'avait pas d'auto-tune.
Serge appliquait spontanément les préceptes retrouvés dans une interview de Tom Waits mystérieusement disparue du web, ou alors j'ai pas mis les bons mots-clés, où celui-ci disait qu'une fois qu'il avait trouvé une chanson qu'il estimait valable, il lui cassait la gueule, lui brisait les reins, il la noyait dans la baignoire et lui faisait frire les roubignolles à la gégène, pour voir si elle en avait dans le bide, et que si la chanson survivait à ces mauvais traitements, il l'enregistrait telle quelle, toute tuméfiée et sanguinolente, et après ils buvaient un bon coup et se réconciliaient, lui à poil en train de manger du saucisson devant son ordi, elle toute frissonnante dans son tricot de peau de nouveau-né, et un peu intimidée quand même par cette promiscuité plus subie que choisie avec le Grand Tom.
Et le public, après avoir un peu renâclé comme une chochotte, parce que le grand Tom le sortait sans prendre de pincettes à épiler de leur zone de confort, suivait comme des marcassins de Panurge qui font meuh au refrain.
Bref.
Où es-tu maintenant, Serge ?
Je t'ai cherché chez Moon, chez Glücksman, chez Darty, chez les Témoins de Gévéor, chez Apple-Guéri... (j'ai en effet de sacrés problèmes de synchro sous FCP X 10.3.4 qui est parti en sucette depuis la mise à jour 10.13.1 de MacOS High Sierra), chez mon copain Bismarck qui traduisait Pétrarque en turc à Dunkerque pour le compte de Christopher Nolan, mais nulle part ne trouve-je trace de ton passage terrestre, à part sur le site bide et musique.

As-tu rejoint clandestinement le paradis des enculés alcooliques qui oublient qu’il y a un stop sur la RN 82 à la sortie de Jarretière sur Mesu ?

moi je ne mets plus de vin dans mon eau
mais je fais chier personne avec.
Je n'ai toujours pas trouvé non plus le temps d'écouter aucun de tes foutus disques à la con, mais j'ai bien flashé sur les pochettes, et crois-moi, ça suffit à mon bonheur.
Tu sais, des fois on se fait du mal bien inutilement (1) en réécoutant de vieux disques qu'on a aimés, et qui nous déçoivent, après une aussi longue absence, parce qu'on porte encore en soi des attentes émotionnelles sans doute illégitimes, parce qu'on a changé, qu'on a grandi, et que rien n'est plus irrémédiable que la maturité.
On avait pourtant ressorti le vieux rituel hypnotique, on avait tamisé la lumière, enfilé sa nuisette comme pour un rendez-vous intime avec soi-même, posé l'aiguille sur le microsillon, mais dès les premiers flonflons, on sent un grand froid, et qu'on s'était tout à fait trompé, les endorphines restent aux abonnés absents, la fête est finie avant d'avoir commencé.

Quelque part, cette émotion s'était coagulée et semblait nous revenir intacte.
D'un autre côté, c'est une charogne pourrie, comme le note Stephen Jourdain, et sa puanteur nous suffoque.
"Car abuser d' la nostalgie / C'est comme l'opium... ça intoxique." chantait Ferré, qu'on préfère lui aussi lire qu'écouter.
On en sortirait presque brouillé avec soi-même, avant de s'enfiler le grand verre de porto qu'on s'était versé à titre préventif, et qu'on est obligé d'engloutir cul sec parce qu'on a pénétré soudain sur le territoire de l'urgence du soin.

Alors que là, à regretter tes disques à priori navrants que je n'ai jamais entendus, je pense être peinard. A moins de décréter le kitsch comme l'ultime refuge du Beau et du Vrai, et de danser avec les poules comme Kundera et Lipovetski, je suis peinard, la déception, elle ne passera pas par moi.

Si je pouvais en dire autant du dernier San Pellegrino...
Diantre.
Ne serait-il pas regazéifié avec son propre gaz, celui-ci ?

le dernier S. Pellegrino
ressemble beaucoup au précédent.
Je n'en veux pour preuve que cette marque d'eau gazeuze qui lui ressemble comme à une goutte de Canada Dry, qu'il a sorti sous un faux nom d'emprunt usurpé, en trafiquant un minimum de lettres parce que c'était trop cher de tout changer à la Chambre de Commerce.
"S.Pellegrino", faut vraiment nous prendre pour des quiches pour croire qu'on va chuter dans le subterfuge et renoncer à la rupture d'anonymat.
J'habite à la campagne, et je ne reçois donc pas fessebouc, sinon j'irais lui péter la honte sur son wall.

Donc, le dernier San Pellegrino ... qui s'appelle sobrement "San Pellegrino"  comme les 8 précédents opus de San Pellegrino (2), je l'écoute par acquit de conscience.
Comme celui d'avant.
Et celui d'avant.
Et puis je suis un peu naïf, je lui accorde un minimum de confiance.
Il aura peut-être retrouvé l'inspiration, cette fois-ci.
Ouais, et peut-être que Macron va résorber le chômage.



(1) message de notre sponsor officieux, le dalaï-lama :
"Il est des souffrances inévitables, et d’autres que nous nous créons. Trop souvent, nous perpétuons notre douleur, nous l’alimentons mentalement en rouvrant inlassablement nos blessures, ce qui ne fait qu’accentuer notre sentiment d’injustice. Nous revenons sur nos souvenirs douloureux avec le désir inconscient que cela sera de nature à modifier la situation - en vain. Ressasser nos maux peut servir un objectif limité, en pimentant l’existence d’une note dramatique ou exaltée, en nous attirant l’attention et la sympathie d’autrui. Maigre compensation, en regard du malheur que nous continuons d’endurer."

(2) Stéphane Sansévérino, alias Sanseverino, a.k.a San Pellegrino... ce jeu de chaises musicales entre les pochettes d'album et les étiquettes de bouteilles d'eau gazeuse, vous trouvez pas que ça sent la schizoïdie rampante et le trouble identitaire, ou bien ?

(à suivre)
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Je choisis de découper cet article en deux parties, parce que c'est aussi fatigant à lire qu'à écrire, et aussi parce que j'ai besoin d'effectuer une nouvelle levée de fonds de ma start-up pour refinancer l'écriture de la seconde partie, j'ai épuisé mon crédit à la Banque du Sens en écrivant l'article sur Johnny, celui d'avant. et celui d'encore avant. et comme Serge, je suis un peu dans le Rouge.

mardi 21 novembre 2017

Magazine - Real Life (1978)

Quand le premier punk s'exclama "No Future", il s'aperçut au bout d'un quart d'heure qu'il venait de se parjurer, parce qu'il avait dit ça il y a un bon quart d'heure sans être instantanément foudroyé par la miséricorde divine, comme si le Verbe n'était pas un Acte, et qu'il avait donc pénétré à l'insu de son plein gré dans son propre avenir depuis 15 minutes alors qu'il avait sentencieusement proféré qu'il n'en avait pas, et il ne put donc pas ne pas s'apercevoir non plus, et il s'aperçut donc pas plus tard que tout de suite maintenant du jour d'aujourd'hui de l'époque, qu'aujourd'hui étant le hier de demain, la date de péremption de son slogan était d'ores et déjà dépassée, et ça n'allait pas aller en s'arrangeant dans les Siècles des Siècles, ce qui ne fit qu'augmenter son désarroi cérébro-Spinal Tap et sa crainte devant des lendemains qui chantent "no future", pour toujours et à jamais, dans une épouvantable spirale de causes et d'effets auto-contradictoires dignes d'une très mauvaise Blague Cosmique.

Il se bourra donc copieusement la gueule à la Valstar, la bière des stars, et résolut de passer à autre chose, pour ne pas vivre dans une absurdité dont il serait l'auteur.
Y'en avait, là-dedans.
Et il s'en alla acheter le premier album de Magazine, d'anciens punks qui eux aussi étaient montés dans le train du changement, tu sais, celui qui passe devant chez toi tous les matins mais qui ne te transporte que si tu montes dedans.




"The music was propulsive and grand, abrasive yet polished, Devoto's lyrics were macabre and preoccupied with death, madness, paranoia and altered states of unease.
(...) The synthesizers and guitars interlock and overlap: Shot By Both Sides was re-recorded and has a more immediate and apocalyptic impact with Devoto sounding aggressive and subversive; Motorcade alludes perhaps to the Kennedy assassination (can anyone hear that word without thinking of it?); The Great Beautician in the Sky opens with a demented fairground sound; and McGeogh's saxophone squirts and irritates in the manner of Andy MacKay in Roxy Music.
In fact Real Life is closer to Roxy Music's early albums than much else in punk and post-punk at the time. But a Roxy Music pumped up on punk energy and fronted by a misanthrope."


Bon, d'accord, mais, heu, et alors ?
Que sont-ils devenus ?

- Après une carrière fulgurante de confidentialité, McGeogh s'en fut rejoindre Siouxsie et les Tampixes.

- Barry Adamson rompit son fémur dans l'escalier de la Cave qui menait chez Nick, que celui-ci avait copieusement enduit de cire dépilatoire, parce que c'était punk. Et puis Barry l'avait pris comme un escalier pour descendre, alors que c'était un escalier pour monter.
Quand même, t'es salaud, Nick.

- Dave Formula loua ses services à un laboratoire cosmétique pour mettre au point de nouvelles lotions anti-acné sans huile de palme et enrichies en Oméga-3. 
Il y végète toujours, il n'a pas sorti une nouvelle molécule depuis trente-cinq ans, mais le week-end, dans son garage, il tente de mettre au point une machine à démonter le temps, afin de rejoindre Robert Fripp en 1973, qui semble y avoir établi un campement désormais stabilisé, malgré les rigueurs du climat et les moeurs controversées des autochtones. 
Dave risque néanmoins de déchanter quand il aura vu la saison 3 de Rick & Morty.

- ExVoto, la groupie du pianiste et demi-soeur d'Howard Devoto, fut inculpée d'outrage aux bonnes moeurs après une interprétation un peu olé-ollé de "Permafrost" sans chemise, sans pantalon, sur le réseau de Ted Turner, et passa 15 ans au pénitencier de Sing Song dans l’Harryzona. Elle se racheta une conduite intérieure noire avec moumoute sur le volant, mais son heure était passée et la messe était dite.

- Trente ans plus tard, Devoto a reformé son groupe, mais Howard ressemble maintenant à Charlélie Couture, pour qui ça le fait très moyen ces temps-ci.
D'ailleurs, on ne les voit plus beaucoup à la radio, et y'en a pas un pour racheter l'autre.
Mais au fond, qu'importe, puisqu'en France tout finit toujours par des chansons, et  qu'ils nous ont laissé "Real Life" et ses mélopées lancinantes en héritage.

Puissions-Nous en être Dignes.


Pour une chronique de l'album un peu moins "Georges et Louis racontent",
voyez avec mes collègues :




En super-bonus, j'ai rippé au péril de mon temps de travail repos une émission de Chorus spécial Rock Anglais, du regretté Antoine de Caunes, dont les droits sont détenus par l'Ina, que j'encule humblement à cette occasion tant qu'ils n'alertent pas le Ministère  du Blasphème et du Download pour faire  retirer la vidéo de mon compte Vimeo, pour  ajouter mon petit gravillon sur le tumulus morbihannais qui abrite désormais, pour toujours et à jamais, les très saintes reliques du punk et de la new wave réunies.

J'ai fait ça avec mon superbe AV-3670CE flambant neuf, commandé il y a 45 ans et reçu ce matin par La Redoute.