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jeudi 6 avril 2023

King Crimson - The Midnight Special (1973)

Je me faisais une joie malsaine de pirater le film documentaire consacré aux cinquante premières années de King Crimson, sorti il y a quelques mois : 
"In The Court Of The Crimson King - King Crimson at 50"
Hélas, ces pignoufs n'ont pas jugé bon d'inclure la moindre piste de sous-titres, par manque d'empathie envers les fans esstrangers du groupe de rock progressif mal-comprenants concernant l'anglais parlé.
Que Robert Fripp aille se faire empapaouter par des manchots covidés, quand il méprise à ce point le public sans lequel il serait resté un geek binoclard s'astiquant le manche sur des gammes tordues. C'est décidé, je boude, pendant au moins les 50 prochaines années du règne du gouroupe de la Frippouille.
Pendant ce temps vient de sortir sur Youtube, après 50 ans de sucepince, les premiers extraits du concert donné pour l'émission The Midnight Special, le 12 Octobre 1973.
Ils sont splendides, et on a failli attendre.


Easy Money 


 
 
Lark's Tongues in Aspic Part 2 


d'autres oldies nous attendent sur cette chaine 

jeudi 2 mars 2023

Steven Wilson Presents: Intrigue - Progressive Sounds In UK Alternative Music 1979 - 89 (2022)


impossible de lire le sticker écrit bien trop petit
sans repasser chez l'oculiste, et j'y ai déjà été la semaine dernière



https://lacartefrancaise.fr/
L'anthologie "Progressive Sounds In UK" présentée, et parfois remixée, par Steven Wilson, et qui n'a de l'étiquette "progressive" que son prix, selon que vous prenez la Regular ou la Deluxe, est une excellente idée pour cramer votre carte-cadeau du CSE de votre entreprise, obtenue en décembre 2021, et qui va expirer le 28 février, c'est à dire avant-hier.



Surtout si la sélection de 200 000 produits Made in France issus de 500 enseignes de mode, beauté, gastronomie, décoration, loisirs, sport et culture vous laissent aussi froid qu'un poisson mort, alors que la simple évocation du "Complicated Game" d' XTC fait frétiller les rares neurones qu'il vous reste, et qui furent épargnés parce qu'un jour, au rayon spiritualité vivante de la Fnac, vous avez feuilleté "vers la sobriété heureuse" de Pierre Rabhi, qui a brièvement attisé votre avidité pour la décroissance, un peu comme une photo de facture qui donnerait le mal du pays.

Quand la carte française se prend pour ChatGPT qui aurait avalé Alain Rey

La compilation " Steven Wilson Presents : Intrigue " n'est malheureusement pas fabriquée en France, elle n'est donc pas au catalogue de la carte française, mais elle réunit les ténors du barreau de la scène rock indé qui sévirent au Royaume-Uni entre 1979 et 1989. Vous pouvez heureusement l'emprunter à la médiathèque avant de l'acheter, au cas où elle ne parviendrait pas à vous décevoir à la hauteur de vos espérances. Mais blogger m'interdit depuis 3 jours d'intégrer des liens pointant vers la plateforme de vol à la tire de newalbumreleases point net, il faudra donc vous débrouiller tout seul, mais j'ai confiance dans mes équipes. Car il est malaisé de rester de marbre face à la liste des titres réunis ici, remixés ou non, si vous avez entre 50 et 75 ans et que vous avez aimé la musique de jeunes quand vous l'étiez aussi, et quel dommage que vous le fussiez resté trop longtemps, mais cette discussion déborderait du cadre étroit de cet article promotionnel, et risquerait l'embardée à la Pierre Palmade se rendant à tombeau ouvert à une réunion des Narcotiques Anonymes avec un gramme dans le pif

Bien sûr, les trucs chiants de la new wave britannique qui vous étaient déjà pénibles à l'écoute le restent, mais y gagnent une sorte d'amnistie et d'innocence à rebours, maintenant qu'il y a prescription et que tous ces morceaux exhumés sont délivrés des tourments mortifères les ayant engendrés sous Thatcher, comme il y a des veaux élevés sous la mère, mais on ne dit rien des rockers élevés sous Thatcher. Normal : il n'y a qu'à les écouter. Et tout ce qui nous semblait gravé dans le marbre de nos émotions l'est désormais dans le titane de notre âme.


Pour son prochain album de remixes, Steven Wilson continue à voir les choses en grand. Désireux de s'affranchir de l'héritage un peu lourdingue et poussiéreux du rock progressif des années 70, grace auquel il a pourtant connu des années de vaches qui rient au volant de son groupe Porcupine Tree avant de manger des vaches maigres et écrémées en se produisant ensuite tout seul en solo, il ressent déjà des frémissements créatifs à l'idée de peindre directement sa prochaine compile avec ses doigts pleins d'encre, à l'aide desquels il a déjà maculé les oeuvres essentielles des années prog-rock.


Et il a aussi récemment reformé Porcupine Tree.



Merci à Anne C. pour la fausse photo de S.W.

dimanche 26 juin 2022

Jambinai 잠비나이 - They keep silence 그들은 말이 없다 (2016)

Jambinai est un groupe coréen de post-rock/post-metal/post-à-peu-près-tout, qui fait une musique expérimentale sans aucune concession aux variétés verdâtres de la K-pop, en hybridant l'arsenal électrifié conventionnel post-apo avec des instruments traditionnels bien de chez eux, et du coup ça ne ressemble à rien d'autre, même pas à cette multitude d'entités musicales contemporaines découvertes sur internet et qui ne ressemblent à rien d'autre.
Et c'est quand même autre chose que la foire à la saucisse et les brumisateurs de bière du Hellfest, avec Alice Cooper en évadé repris de justesse de l'Ehpad de Detroit-sur-Saone. Depuis que Lemmy nous a quittés, le Hellfest est aussi triste qu'une messe après la mort de Dieu, tous les dimanches matin sur Antenne 2.


Jambinai est souvent comparé à des orchestres de musique de chanvre comme Explosions in the Sky, Godspeed You! Black Emperor, et Mogwai
C'est pas entièrement infondé. 
Si vous n'avez qu'un titre à écouter avant de péter les plombs, choisissez "Time of extinction", version instrumentale du pdf filmé du dernier rapport du GiEC. 
Ou n'importe quel autre, ça reste étonnant.


coda : on me signale en régie que Jambinai est passé au Hellfest en 2016. Mais comme c'est le même ingé son qui m'a renseigné il y a 5 minutes sur leur existence, j'écoute pas, et je l'emmerde.
il n'est pire sourd que celui
qui refuse d'entendre du post-rock coréen.


https://www.lagrosseradio.com/webzine-metal/p60730-jambinai-au-hellfest-2016/

https://metalobs.com/jambinai-ermites-dorient/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/clisson/hellfest-2016-jambinai-ou-l-art-de-surprendre-1027133.html

https://metalobs.com/jambinai-ermites-dorient/

jeudi 24 février 2022

[Repost] Mark Lanegan - Elégie Funèbre (2014)

ven. 8 juin 2018

Quelque part dans le Multivers, plus précisément sur Terre_42, il existe une version de la bande son de la saison 2 de Lésion exclusivement composée de fragments de La mort d'Orion de Gérard Manchié (je suis d'accord que son nom diverge un peu trivialement de celui qu'il porte sur notre bonne vieille Terre_13).
Gérard avait Orion,
nous on a l'Ukraine.
Rappelons à nos plus jeunes lecteurs tentaculaires et/ou pseudopodés que la mort d'Orion, dans la plupart des mondes connus, c'est un opéra rock concocté en studio par Gérard Manset au début des années 70, un invraisemblable salmigondis musical à base de space opéra, de nuages de violons gorgés de reverb, de bouts de scénario galacticoedipiens déclamés par des mercenaires de la Comédie Française qui à l'époque faisaient aussi des piges pour "les grands disques de l'aventure" car j'ai reconnu des voix issues de Blake et Mortimer contre la marque Jaune et de Bob Morane contre l'ombre jaune aussi, bref la mort d'Orion c'est un artefact alien à nul autre pareil dans l'histoire de l'onirisme musical français, un geste d'une originalité et d'une audace comme il n'y en a qu'un par décennie et par galaxie...
Voici donc la version du cantique de fin d'album qui a fait fureur sur Terre_42 dans la saison 2 de Lésion, reprise par le farouche Farouk (dont nul n'ignore que c'est le pseudo scénique le plus usité de Gérard Manchié, et vu qu'il n'a plus de corps depuis la saison 1 de Lésion ce n'est guère étonnant qu'il ait de tels problèmes intestinaux) et l'abrasif Mark Lanegan, qui est décidément partout sauf là où on l'attend pour le Ramadan.



Je l'ai trouvée là, assortie de commentaires de l'intéressé.

http://gonzai.com/rencontre-avec-une-armoire-a-grace/

et la version Lanegan tout seul, en provenance de Terre_43



qui est encore plus meilleure, je trouve; apparemment, Lanegan s'est impliqué dans tellement de collaborations diverses ces dernières années, qu'il y aurait de quoi faire plusieurs compilations pour les regrouper, je ne sais pas ce qui m'empêche de faire une crise maniaque et de m'y mettre.

jeu. 24 février 2022

Fin de partie pour Mark Lanegan. C'est bien triste. 


Finalement, il semble que survivre à des addictions aussi puissantes que l'alcool ou l'héroïne ne rende pas immortel. 
En plus d'être triste, je suis déçu.
En tapant "Lanegan" dans le moteur de recherche interne de mon blog, il se passe des trucs. 
Ou pas.

jeudi 17 février 2022

McDonald And Giles - McDonald And Giles (1970)

Un album prophétique à plus d'un titre
(Le disque en comptait cinq, et ils l'étaient tous)
Ian McDonald, musicien multi-instrumentiste de King Crimson version 1.0 a fusionné avec le Grand Tout la semaine dernière. 
Il fut un contributeur important de l'architecture sonore et de l'ambiance si particulière de l'album In the Court of the Crimson King, véritable acte de naissance du rock progressif que j'aurais tendance à confondre avec son faire-part de décès, tant son existence fut brêve mais intense. Si Dieu le veut, j'entendrai la flûte de Ian McDonald (sur "I talk to the wind") et son mellotron funèbre (sur "Epitaph") en entrant dans les bardös.



Prophétique, on vous dit.
Quel est le mot que vous comprenez pas
dans "prophétique" ?
Libération et Le Monde se sont fendus de nécrologies érudites et instructives, mais n'ont pas joint le disque souvenir pour 3,99€ prix maximum, parce qu'on n'est pas chez Pif Gadget, ni aux Editions Atlas.
McDonald et les frères Giles avaient quitté King Crimson juste après l'enregistrement du premier album du groupe (et juste avant de se faire virer par le stalinien Robert Fripp) pour râler ferrailleur ce "McDonald And Giles" qui sonne carrément comme un disque inédit de King Crimson 1.0 - hormis pour l'inspiration de Peter Sinfield, le parolier d'origine, responsable des « bûchers funéraires de politiciens » et autres « innocents violés au napalm » dans 21st Century Schizoïd Man, qui n'était pas de la partie. 

Seul Warsen semble s'être inquiété de savoir si l'on trouvait encore ce disque en ligne. N'ayant pas découvert de version mp3 accessible aisément sur des blogs musicaux, j'en remets une copie ici.


un fragment pas du tout passéiste de la pochette du disque
C'était ça ou finaliser ma compile en cours pour envahir l'Ukraine, qui n'est pas tout à fait prête. "Quand j'écoute King Crimsogne / J'envahirais bien la Pologne / Quand c'est du John_Warzen / J'éclaterais bien l'Ukraine" (Vladimir P., chanteur et lead-guitar du groupe de rockprog russe "The Moscow Butchers", bientôt de passage dans votre ville si vous habitez à l'Ouest de Kiev)

Elle est fraiche ma nécro :

https://www.liberation.fr/culture/musique/ian-mcdonald-le-sax-de-king-crimson-et-de-21st-century-schizoid-man-est-mort-20220211_TCCJ6DQHVVG6LKDCJY3W6LNCTI/

https://www.rythmes-croises.org/ian-mcdonald-un-birdman-sest-envole-dans-le-vent/

de bien chouettes chroniques sur le disque incriminé (disponibles partout sauf en Crimée)
- en français

https://classicrock80.wordpress.com/2022/02/13/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-1970/

 - english spoken

https://presentingmyrecordcollection.blogspot.com/2020/04/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles.html

http://jivetimerecords.com/2018/08/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-island-1970/

https://basilios.wordpress.com/2006/05/01/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-1970/

https://jazzrocksoul.com/artists/mcdonald-and-giles/

- l'album sur youtube pour goûter si ça sent bon et de quoi ça parle

https://www.youtube.com/watch?v=LMff9CM7yPU

hors collection et sur devis :
- Pourquoi y-a-t-il quelque chose au lieu de rien ?

https://www.youtube.com/watch?v=zORUUqJd81M

21 façons de rester en paix

https://thework.fr/21-manieres-de-rester-en-paix-selon-byron-katie/

non mais sans blague.

mardi 21 décembre 2021

[Repost] Richard Pinhas - East / West (1980)

14/02/2017 08:39
Quand j'étais petit, un jour je suis resté collé sur un disque de Richard Pinhas sur lequel on entendait Gilles Deleuze psalmodier du Nietzsche. C'était "Le voyageur", sur Electronique Guerilla.
"Qui est par­venu, ne serait ce que dans une cer­taine mesure, à la liberté de la raison, ne peut rien se sentir d’autre sur terre que voya­geur. Pour un voyage tou­te­fois qui ne tende pas vers un but der­nier, car il n’y en a pas. Mais enfin, il regar­dera les yeux ouverts à tout ce qui se passe en vérité dans le monde. Aussi ne devra-t-il pas atta­cher trop for­te­ment son cœur à rien de par­ti­cu­lier..."

Ah ça, pour écouter du rock progressif en fumant de la tisane, on était là.
Beaucoup plus tard, j'ai appris que Maurice G. Dantec était vraisemblablement devenu fou en écoutant le même morceau, qui lui avait fait découvrir Nietzsche.
En fait, je l'ai lu sur Internet tout à l'heure.
Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit sur Internet.
Sinon on devient fou.
Salvador Dali disait "la différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou" en frétillant des moustaches et en roulant les r.
Mais c'était Salvador Dali.
Il n'avait pas besoin de découvrir Nietzsche, puisqu'il était Salvador Dali.
Et qu'il n'était pas fou.
Il y a des gens, il ne faudrait pas qu'ils découvrent Nietzsche.
Même psalmodié par Deleuze sur un disque de Pinhas.
Ni le Necronomicon de Proust.
Ni le Jerusalem d'Alan Moore.
C'est pas bon pour ce qu'ils ont.
J'ai jamais vraiment trippé sur Nietzsche.
Mais je découvre sur Internet, au péril de ma raison, que Maurice G. Dantec a fusionné avec le Grand Tout l'été dernier.
On peut donc le considérer comme définitivement guéri des noeuds qu'il s'était faits dans le cerveau depuis "Les racines du mal", honorable roman cyber-punk qui précéda d'insondables âneries cyber-connes.
Dans les années 2000, Dantec avait enregistré quelques monologues issus de ses ouvrages avec Richard Pinhas, avant de "sombrer dans la parano" (dixit Pinhas).
Il n'avait pas fumé que de la tisane.
25 ans plus tôt, le sticker de la rondelle centrale du disque de Heldon comportait une coquille.
Nietzsche était mal orthographié.
C'est peut-être ça qui avait rendu dingue Dantec, comme Frantico avec la faute à chausson au pomme à la boulangerie.
Mais à l'époque je ne m'en suis pas rendu compte.
J'étais trop occupé à m'auto-intoxiquer avec la voix hypnotique de Deleuze psalmodiant du Nietzsche.
Je ne connaissais ni l'un ni l'autre, et m'en fichais pas mal.
J'ignorais qu'un jour Internet me rendrait fou, tout comme les autres copains du pavillon.
Y'a pas d'raison d'y échapper, les mêmes causes engendrant les mêmes effets.
Ce qui comptait, c'était le monologue aux accents prophétiques.
Ca manquait déjà de prophètes, à l'époque. Zemmour se touchait encore le pipi au Gorafi.
La faute de frappe, je l'ai découverte hier en observant la rondelle du vinyle d'origine sur Internet.
Internet, l'endroit rêvé pour mater des rondelles de vieux 33 tours.
Quelle misère.
N'empêche qu'avec Internet, on en apprend tous les jours.
L'information monte au cerveau, et se prend pour de la Connaissance.
Le tout, c'est de ne pas devenir fou.
Quand j'étais grand, un jour où j'étais intoxiqué par un logiciel de génération de paysages en 3D, j'ai pris les psalmodies de Deleuze par Nietzsche et j'en ai fait un court métrage.



Un autre jour, quand j'étais presque vieux, je me suis aperçu que Richard Pinhas était encore vivant et enregistrait même parfois des disques.
J'ai écouté le dernier, mais j'ai trouvé ça un peu trop expérimental pour mes chastes oreilles.
Il s'appelle "Reverse", et il est encensé par les Inrocks comme "une session où se croisent Bowie, Pynchon et Nietzsche."
Ca me donne l'idée de lire le dernier Pynchon, il a l'air bien.
Mais pour ça, faudrait que j'aille moins sur Internet, c'est chronophage.
Quoique en cherchant bien, on doit le trouver sur Internet, le dernier Pynchon.
Et à part ça, ils racontent n'importe quoi, les Inrocks, "Reverse "ça ressemble plus à du Bill Laswell qu'autre chose.
Ils sont fous, ces Inrocks.
Ils vont trop sur Internet.
N'est pas Salvador Dali qui veut.
D'ailleurs, en illustration de leur article, ils mettent une vidéo Youtube d'un morceau de Richard Pinhas tiré de East / West qui date d'avant Internet.
Mathusalem not dead ! Houellebecq Aqbar !
Pinhas il a été pote avec Deleuze, enfin au départ c'était son prof à la fac, il a interviewé Philip K. Dick pour le magazine Actuel première formule (faudra que je regarde au garage si je les ai encore), ensuite il est devenu pote avec Norman Spinrad, ils ont fumé de la tisane avec Dantec et après ils ont enregistré un disque. Il faut avoir entendu une fois dans sa vie Norman Spinrad chanter sur un tapis de Frippertronics; enfin comme c’est du Pinhas on devrait dire des pine-ass tronics, mais ça sonne moins bien.



Sinon, j'ai trouvé un podcast de Pinhas sur France-Culture, le type est d'une humilité et d'une simplicité confondantes.
https://www.franceculture.fr/emissions/latelier-du-son/richard-pinhas
Tout à l'heure, je l'ai écouté en faisant la sieste au bureau, et j'ai eu une sainte trouille, parce que quand il fait une longue improvisation à la guitare (il prétend qu'il essaye d'imiter le rayonnement cosmique) j'étais presque endormi, d'un seul coup il s'arrête de jouer et dit "c'est magique, hein ?" et j'ai flippé ma race parce que je n'étais ni éveillé ni endormi, j'ai cru que c'était le patronat qui rentrait de tournage.
Richard Pinhas est devenu fou en écoutant les disques de Fripp et Eno, parce que c'était la seule façon de se défoncer avant Internet, c'est bien connu et ça s'entend.

Bon, j'ai largement de quoi écrire un article pour les Inrocks.
J'ai failli ressortir mon vinyle de East / West (1980) pour le ripper, et puis je me suis rappelé de l'existence d'Internet.
J'étais quasiment certain de pouvoir l'y trouver.
La preuve.
Ah ! Les pochettes de Druillet des années 80 !
On s'y croirait.
D'ailleurs on y était.
Avec tout ça j'ai pas parlé du disque.
Ben y'a qu'à l'écouter.


mar. 21 décmbr.

gé lainprésion kon ne trouve plutro se disk sur ainternette.
g vé le remaitre.


A yé; Maman, tu viain l'écouté ? 

dimanche 13 juin 2021

Liquid Tension Experiment 1 (1998)

Schnock n°38, spécial Henri Salvador.
Encore plus flippant que Le complot contre l'Amérique de Philip Roth : et si la vague rock n'avait jamais traversé l'Atlantique ? Si Vian et Salvador avaient durablement discrédité cette musique de posture, empruntée aux Noirs et customisée par des petits Blancs que la taille de leur organe a rendu hargneux ? Et si le gouvernement de Guy Mollet avait pris des mesures radicales pour préserver l'exception culturelle et la flore locale, Gréco, Brassens, Brel et Patachou ? Je vous laisse imaginer la dystopie de guitares en bois d'arbre découlant de ce non-évènement. Seuls les Quatre Barbus, Maxime Le Forestier, Yves Duteil, Camille et Arlt auraient émergé. Car 65 ans après l'invasion du rock'n'roll en France, il est temps de tirer un premier bilan de l'acclimatation de cette musique de sauvages sur le territoire, ce folklore truffé d'injonctions grotesques à la jeunesse de fumer la chandelle hédonique par les deux trous, qui a bien contaminé l'imaginaire national, et pour quel résultat ? A Valeurs Actuelles, nous n'avons pas peur des vraies questions, quitte à fâcher.
Si l'importation du rock'n'roll avait foiré, suite au sabotage de Salvador et Vian en 1956, ni les poses d'Elvis, ni les gémissements phéromonés des Rolling Stones ne me manqueraient. Le deuxième album de Cure, le premier des Damned, des Clash, des Ruts et des Sex Pistols, un peu plus. Et le Wish You were here de Pink Floyd, parce que c'est triste et beau. C'est eux les vrais enfants du rock. Pas Manoeuvre et Dionnet.
Mais sans le rock, on n'aurait pas connu non plus le métal progressif instrumental, et ça, ça serait quand même une grosse perte, même si quand on est embarqué dans une dystopie, on voit pas trop ce qu'on a perdu à ne pas suivre l'autre embranchement, vu qu'il n'a jamais existé. Sauf si on s'amuse à tirer le Yi King dans le Maitre du Haut Chateau de Philip K. Dick, et qu'on en vient à la conclusion que c'est la réalité qui se trompe.

Au commencement des temps métalliques progressifs instrumentaux, il y a King Crimson, qui après avoir navigué sur d'indistincts océans psychédéliques non encore cartographiés, découvre à bord d'un frêle esquif le continent noir du métal progressif instrumental dès 1974 avec son album Redet y établit une colonie de peuplement. 
C'était raide, Red, mais en 74, on l'était tous. Enfin, moi j'avais 11 ans, mais je me suis rattrapé quand j'ai atterri à la fac et découvert l'album et les pétards pour manger avec, un septennat plus tard. Nous grimpâmes au rideau, dont jamais je ne redescendimes vraiment. La preuve.
Puis en 81 advint Mitterrand et l'incarnation suivante de la PME King Crimson aka Robert Fripp & Associate Slaves, en quatuor à pétrole thermonucléaire, avec des tempi inhumains et un stakhanovisme auriculaire qui déboite des deux mains, pour interpréter des harmonies profilées comme des théorèmes concourant au Prix Nobel des Mathématiques. 
Tony Levin était à la basse, ou plutôt au Chapman Stick, pour les 3 albums rouge/bleu/jaune, de moins en moins inspirés mais impeccablement exécutés par nos fines lames. A l'époque, Tony, qui ressemble déjà à un Tarass Boulba mâtiné de Gurdjeff, dira de son propriétaire/employeur que c'est un mélange de Gandhi, de Staline et du Marquis de Sade. 

Le stagiaire de France 3 commence à accorder
le Chapman Stick, au moins 8 heures avant le concert
Tony a beaucoup fait pour populariser le Stick ou Chapman Stick, du nom de son concepteur, d'ailleurs à ma connaissance c'est le seul gars capable d'en jouer. Je crois qu'il faut au moins deux cerveaux. Le stick est dérivé de la guitare, et comporte huit, dix ou douze cordes séparées en une partie mélodique et une partie basse. Sa singularité est que ses cordes sont frappées avec les doigts selon la technique du tapping à deux mains ou touch-style. Il permet un jeu nettement plus polyphonique qu'un instrument à corde plus classique, ce qui le rapproche des instruments à clavier. Les cordes de la partie basse et de la partie mélodique sont d'ailleurs amplifiables séparément. 
N'empêche que l'intro au stick de "Elephant Talk", en 81, est une tuerie. Et pas que sur le plan technique.


Nous à l'époque, quand on joue du stick, des deux mains on le roule, puis de l'une on le porte à la bouche, de l'autre on l'allume, et après, en général, on s'éteint. C'est stupéfiant. Alors que Tony, lui, ne chôme pas : quand ça le saoule, les purges staliniennes chez Robert Fripp & Associate Slavesil a de la ressource. et il va cachetonner chez Paul Simon, David Bowie et Peter Gabriel, la liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaine, y'a pas de souci. 

Baygon rouge, bleu et jaune, les trois font la paire (de 1981 à 1984)
mais déchainent l'enthousiasme plus au début qu'à la fin.
Comme moi avec ma femme.

Dix ans plus tard, et n'ayant rien fichu de leur quarante doigts pleins de phalanges entretemps, si l'on passe sous silence les doigts de pied, sinon ça monte à quatre-vingt, nos amis métalliquement et progressivement expérimentaux de King Crimson partent en tournée au Japon, et en mettent plein la vue aux Nippons. (je viens de retrouver mon rip déjà ancien du DVD Deja-VROOOM enregistré à Tokyo en Octobre 1995, et il faut bien que je l'amortisse.)

Tony Levin et son Chapman Stick. 
N'aie pas peur de cliquer, ce n'est pas sale.


Comme le remarque un consommateur éclairé de chez Ah ! ma zone, c'est un grand concert. Super musique etc... Cependant la qualité de la sortie est de la merde. Mauvaise qualité du son, qualité fatale de l'image. Je ne sais pas comment un si grand groupe sort si mal. Il n'a pas tort. Il n'a jamais entendu parles du syndrome des cordonniers mal chaussés. Mais qu'importe le flacon ? 
ben finalement, si, quand même, un peu.
Je ne regarderai pas la saison 2, parce que
les humains y sont beaucoup plus cons
que les robots, et c'est un peu déprimant.
En plus ceux qui jouent le mieux
sont ceux qui jouent les plus cons.
Les Nippons se vengeront en pilonnant tous les albums de Buck Danny et ses Frippertronics, et en renvoyant J.G. Ballard en Angleterre (alors qu'il avait été emprisonné dès 1942 dans un camp de détention pour civils jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale de façon à pouvoir y écrire Empire du Soleil et le vendre ensuite à Spielberg).
Ils renvoient aussi Lisette Pagler en Suède, elle qui était pourtant née en Corée du Sud, et qui fut abandonnée par ses parents lorsqu'elle avait 2 ans. 
Quand elle sera grande, elle sera chanteuse suédoise, et elle jouera le rôle du robot Mimi/Anita dans la série Real Humans, et même Jean-Pierre Dionnet tombera amoureux d'elle, et ça sera bien fait pour lui. 
Pendant ce temps, Tony Levin qui attendait son heure, profite de cette habile diversion pour former en 1998 le super-groupe Liquid Tension Experiment, avec des transfuges de Dream Theater. Un super-groupe désigne un groupe formé de membres déjà connus et reconnus dans d'autres groupes, tout comme un super-blog désigne une plate-forme collaborative où se succèdent à la rédaction mes quarante-deux sous-personnalités, comme le maire de New York dans le Promethea d'Alan Moore.


Et c'est ainsi qu'au sein du premier album de Liquid Tension Experiment, le pire et le meilleur du métal progressif instrumental se côtoient, s'enlacent parfois pour un coït furtif en 3 secondes chrono, puis finissent en désaccord total sur qui va garder les gosses nés de leur union, car le métal progressif instrumental est une musique exigeante mais terriblement datée, clinquante et vaine quand elle s'épuise en technicité pure, au mépris de la sensibilité. Le disque est à la fois pompier, et pyromane. Et sans doute plus agréable à jouer qu'à écouter, ou alors ils sont bien masos. Il y a des moments où ça lorgne vers des extases électriques à la Mahavishnu Orchestra, d'autres où ça ne peut séduire que des ados en mal de démonstration de puissance. Et les morceaux plus doux révèlent une attirance gênante vers le sucré. C'est pour masquer cette appétence coupable qu'ils font tant de bruit ? Alors que quand on n'a que l'amour à s'offrir en partage, on gratouille mollement des guitares en bois d'arbre, on ne reçoit pas d'alertes inutiles sur son smartphone, et on est quand même moins speedé, sans même avoir lu Alain Damasio.
Levin me semble mieux inspiré sur un autre side-project avec son compère Bill Bruford, lui aussi débarqué de Crimson à la fin des années 90 : le Bruford Levin Upper Extremities
https://jesuisunetombe.blogspot.com/2013/10/bruford-levin-upper-extremities-blue.html malheureusement sombré dans l'abîme des fichiers perdus. Ce sont les meilleurs disques : ceux qu'on ne peut pas réécouter.

Comme le suggère la pochette,
j'ai beau le passer à fond dans les toilettes,
ça détartre pas des masses.
Je vais leur écrire.
Tony Levin cessera dès lors de participer aux reformations, épurations et refondations de King Crimson, s'épargnant des purges de métal progressif expérimental dont même les chirurgiens dentistes ne rêvaient pas pour couvrir les hurlements de leurs patients les plus chochottes.


Epilogue : que sont-ils devenus ?
Warsen ne découvre l'existence du groupe qu'en 2021 alors que les fichiers trainaient sur son disque dur depuis 2015, puis se repent amèrement d'avoir consacré sa vie diurne à des âneries, et espère voir le groupe en concert au festival des vieilles charognes l'été dernier à Marienbad Landerneau, puisque le super-groupe vient de se reformer après vingt ans de sieste, pour un troisième opus dont on se demande bien qui va se risquer à l'écouter. Tony Levin a presque 75 ans, si il carbure à ce que je pense, il faut tout de suite appeler la Préfecture pour tester ses urines.
Le métal progressif instrumental connaitra de très riches heures circa 2015 avec Guillaume Perret & The Electric Epic, autour de l'album Open Me, mais ce sera une autre histoire.

vendredi 30 octobre 2020

Sonar with David Torn - Tranceportation Vol​.​2 (2020)

Le pire du confinement revient :
les couvertures de Martine
Hier, pour fêter la fin de partie du déconfinement précédent, j'ai obtenu un CDD d'une journée, qui me vit soudain à la tête d'une fort coquette somme, dont je faisais machinalement tinter les piécettes dans ma poche en me demandant dans quel rouage de la machinerie sociale mon argent pourrait aller utilement huiler quelques engrenages menacés de se gripper (se gripper pendant la Covid, c'est aussi ballot que d'attraper un cancer pour faire le Malin avec son Mélanome quand tout le monde tousse dans son coude).
Je pouvais procurer une bouffée d'oxygène à un fleuriste, un restaurateur, une pute ou un musicien, toutes ces professions mises à mal par la pandémie. Renonçant à l'aisance procurée par mon pouvoir d'achat nouvellement acquis, je pouvais aussi essayer de séduire sans insistance une de ces mères de famille dont je côtoyais des cohortes à la galerie commerciale, affairées à bourrer leurs caddie de boudin aux pommes et de PQ (karmiquement liés comme Jacob et Delafon), puis je l'aurais invitée au restaurant, j'aurais acheté une rose défraichie à un jeune migrant indien sourd-muet qui essayait de les fourguer à la sauvette, j'aurais glissé quelques pièces jaunes dans la casquette du musicien qui nous aurait poussé la sérénade entre la pizza kebab et les boules coco, et tout le monde aurait profité de la redistribution des richesses, selon la théorie du ruissellement, qui marche mieux quand il pleut, sauf la pute, mais elle serait entrée par dépit dans un de ces ateliers de réorientation professionnelle qui fleurissent actuellement sur les trottoirs comme j'ai pu m'en rendre compte hier en me promenant entre l'écluse Saint Félix et la CPAM à bord de mes chaussures à qui je voulais offrir un dernier tour de piste avant de les remiser pour quelques semaines, et tout aurait été pour le mieux dans le meilleur des mondes que puisse nous offrir la Réalité Réelle Ratée, sous l'égide de Louis-Julien Poignard.

Il faut que je trouve comment déclencher ce pop-up
que mon blurg mérite largement.
Je n'ai eu ni le temps ni l'élégance de mettre ce plan à exécution, car il fallait que je sois de retour au bureau pour 15 heures pétantes; alors, je suis allé déjeuner avec un ancien associé, à pied pour bien profiter de cette dernière balade, j'ai marché longtemps, et après on a bien mâché les pizzas, on a mâché longtemps, parce qu'on ignorait quand on dégusterait les prochaines.
Et le soir, au lieu de passer chez un fleuriste pour offrir des fleurs à ma femme, comme tout le monde se défoulait en créant un dernier bouchon monstrueux sur les boulevards et vidait les stations services pour que leurs voitures puissent confiner au garage le ventre plein, avec la monnaie de la pizzeria j’ai acheté un disque de Sonar sur bancamp. 
The Bill Laswell Mix Translations, oui, celui que j'avais vanté ci-dessous sans débourser un liard, y'en a un qui suit, tout à fait.

Quand il était petit, David Torn jouait avec la section rythmique de King Crimson. Je m'en suis aperçu en compulsant un blog tout à fait remarquable d'un type qui me doit tout, jusqu'à son sentiment infondé d'être moi.

mon impression auditive globale
après une cure de 3 semaines de Sonar
C'est pour ça que quand il a été grand, il a fondé un groupe avec quatre guitaristes et huit bassistes. Quand il a appris que j'avais acheté son disque, David, qui était en train de vendre un rein sur internet pour financer une prothèse orthodontique à son aîné, m'a mis un petit mot gentil. Grand Seigneur, je lui ai fait observer que c'était le seul de ses disques que j'appréciais vraiment, tous les autres étant de pâles décalques des délires crispés de Robert Fripp et sa bande de paltoquets spectraux dont ils constitueraient à la fois une entreprise de réhabilitation sonique et un réusinage paroxystique. 
Surtout Tranceportation Vol​.​2, presque aussi mégachiant et frippien que le volume 1 paru l'an dernier. Alors que The Bill Laswell Mix Translations emporte mon adhésion sans réserves, la preuve, non seulement je me sens obligé de l'acheter, mais en plus je le fais. Ben quoi, j'ai payé, j'ai le droit de dire ce que je pense, non ?  Le client est Roi. Comme en plus, le Roi est Cramoisi, je vais pas me gêner. 

vendredi 20 mars 2020

Lorenzo Esposito Fornasari - Hypersomniac (2017)

Contrairement à ce que laisse penser la contemplation des actualités télévisées, l'oeil vitreux et la bouche pâteuse de purée U rationnée, le pire n'est jamais inéluctable, mais il arrive parfois quand même : je suis confiné sur une chaise longue dans le jardin, un peu ivre de gel hydroalcoolique bu par erreur, le soleil de Mars me caresse la couenne comme dans un vieil Higelin, je songe à ces pauvres gens des villes contraints de sortir dans la rue affronter la maréchaussée (obligée de faire appliquer des règles absurdes) pour ressentir le douloureux privilège de se sentir exister, et si la météo persiste dans le beau temps, je vais me signer une dérogation pour aller courir un peu plus loin que les deux kilomètres autorisés, ça part donc assez mal ce confinement, si je ne suis pas capable de suivre les injonctions schizoïdes du gouvernement. 

Heureusement, bandcamp vient me rappeler à l'ordre :

Salutations!
La pandémie de Covid-19 a particulièrement touché les artistes, car les tournées et les spectacles sont annulés dans un avenir prévisible. Pour aider à soutenir les personnes concernées, nous renonçons à notre part des revenus sur toutes les ventes ce vendredi 20 mars, de minuit à minuit (heure du Pacifique). Si vous le pouvez, joignez-vous à nous pour mettre de l’argent bien nécessaire directement dans les poches des artistes.
Pour de nombreux artistes, une seule journée de ventes boostées peut faire la différence entre pouvoir payer un loyer ou non. Les musiciens continueront de ressentir les effets de la perte de revenus des tournées pendant de nombreux mois à venir. La meilleure façon d'aider les artistes est votre soutien financier direct, et nous espérons que vous vous joindrez à nous vendredi et au cours des prochains mois alors que nous travaillons pour soutenir les artistes en cette période difficile.

Je choisis de faire un geste, et d'acheter Hypersomniac, de Lorenzo Esposito Fornasari. D'après sa photo, il s'agit d'un Italien ombrageux qui a importé le virus à Londres.
Qu'il en soit loué.
Regardez le line-up :
Eivind Aarset – guitars, electronics
Nils Petter Molvaer – trumpet
Rebecca Sneddon - saxophone
Bill Laswell – bass
Ståle Storløkken – hammond organ and keyboards
Kenneth Kapstad – drums
Même si j'étais sourdingue, j'achèterais ça les yeux fermés si j'étais aveugle.

https://lefmusic.bandcamp.com/releases

Et sinon, c'est comment ?
Etonnamment bruyant. Rien que des tcha-tchas endiablés à danser avec les voisins et lélectrophone à fond  (mes chers compatriotes, les mots en italiques sont désormais interdits et seront remplacés d’ici midi par d’autres, livrés par des brigadiers en tenue.)
Et il y a aussi une abondante documentation, que je n'ai pas encore eu le temps de dénoncer à la Préfecture, il faut d'abord que je me signe une autorisation.
http://www.hypersomniacproject.com/

jeudi 6 février 2020

Jean-Pierre Alarcen - Tableau N°1 (1979)

De loin, la nuit, par temps de brouillard, bourré sous acide (aujourd'hui on dirait plutôt binge-drinké aux benzodiazeps') on pourrait confondre la pochette du premier album de Jean-Pierre Alarcen avec celle d'un groupe de rock progressif grand-breton bien connu de tous les vioques du tiéquar, sauf de moi qui ai toujours fait un blocage. 
J'ai longtemps cotoyé les deux albums dans les bacs des soldeurs sans qu'ils ne m'évoquent quoi que ce soit de palpable, comme chantait Béranger dans Le Vieux.
Que voulez-vous, j'étais jeune, je conjuguais l'ignorance et la puissance, et je n'en savais rien. Chevauchant maintenant leurs antonymes, je vous assure que j'ai fière allure.


Jean-Pierre Alarcen est un guitariste que j'ai longtemps associé abusivement à François Béranger, puisqu'il a certes co-signé plusieurs de ses albums en tant qu'arrangeur, mais pas qu'eux. Alarcen fut aussi musicien "de session" (il me semble qu'on appelait ça avec mépris des "requins de studio", ce que confirme le wiki, mais c'était au temps où l'on pouvait vivre de son art, qu'on fasse de la musique, de la BD ou qu'on écrive des livres sans images). Vous trouverez tout ça sur le lien discogs plus bas, je vous fais confiance. Il a également enregistré à la fin des années 70 deux albums de rock progressif (rires) symphonique (toussotements gênés) luxueusement produits, on parle alors de Alarcen rupin. (les rires reprennent au bout d'un moment) et un autre "Tableau n°2" vingt ans plus tard, que je n'ai pas encore écouté.
Que vous dire ? ses deux premiers albums réunis en 1988 ont leurs moments surannés, mais aussi leurs bons moments. Je dirais que c'est de la musique comme on n'en fait plus, mais il faut se méfier, avec les jeunes de maintenant, ils sont capables de tout.
Ici sur votre gauche vous avez le Tableau n°1 en prévisualisation Youtube de votre achat sur mon site, je vous laisse trouver comment insérer votre CB dans l'écran, je ne suis pas sans contact, plutôt tactile  même comme garçon, c'est pour ça que plein d'aspects d'internet me désolent et me désincarnent, qu'elle était siliconée ma vallée.


pleins de liens pour faire redécouvrir Alarcen, bien qu'il ne soit pas encore mort à ma connaissance et à l'heure qu'il est (9h35) :

Alarcen est énorme au Japon.
l'incontournable wiki, que on en vient à se demander comment on faisait avant
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Alarcen

une biographie autorisée avec des photos amusantes
http://pressibus.free.fr/zuzudisco/Alarcen/alarmain.htm

une discographie avec les crédits des musiciens
http://www.musikafrance.com/index.php/Jean-Pierre-Alarcen/Jean-Pierre-Alarcen.html

un article détaillé sur l'album de 1998
http://clairetobscur.fr/jean-pierre-alarcen-tableau-n/

l'avis d'un disquaire passionné
http://musicali.over-blog.com/article-jean-pierre-alarcen-88622370.html

l'avis d'un bloguiste enthousiaste
http://docoverblog.blogspot.com/2018/01/alternative-et-progressive.html

dans un univers parallèle, Alarcen part jouer avec Lavilliers (au lieu de Béranger) après le split de Montrose Sandrose
https://www.rockmadeinfrance.com/encyclo/sandrose/27928/

l'état des stocks chez discogs, le paradis du discomaniaque
https://www.discogs.com/artist/532430-Jean-Pierre-Alarcen

et finalement le fichier secret du téléchargement maudit


lundi 3 février 2020

Lovecraft Facts (8) : Adrian Belew

J'ai un vrai sourire
et ça transfigure ma disgrâce.
Non ?
Adrian Belew est un peu disgracieux. C'est un avis personnel. S'il aime la Nature, c'est avec Albert Jacquard, parce qu'ils ne sont pas rancuniers. Et ça ne s'arrange pas en vieillissant. Entendons-nous bien : l'auteur de ces lignes n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter, mais ça ne nuit pas à sa vie professionnelle. Ou alors on m'aurait menti. En tout cas les gens se sont habitués, ou restent extrêmement discrets, et je n'en entends guère parler. Concernant Adrian, cette malédiction due à ses gênes est cruelle : il serait ingénieur informaticien, encore, ça passerait, mais ayant choisi la filière spectacle, c'est toujours un peu délicat pour lui de mettre sa tête sur les pochettes des disques (même si personne ne les achète plus) ou de s'exhiber en concert sans se mettre un sac poubelle 10 litres sur la tête, avec deux trous pour voir le manche de son outil de travail et un autre pour respirer. Et contrairement au personnage principal de Border, dont la laideur surnaturelle et préhumaine est due à des prothèses, lui ne peut se dessaisir le soir venu de sa hideur lovecraftienne en la mettant à tremper dans le verre à pied, et ses pieds dans le verre à dents. Elle est montée d'origine.
Si, j'ai regardé, hideur, ça existe bien dans le dictionnaire, même si personne ne l'emploie, pas même Lovecraft...ah si, tiens, Lovecraft, justement, dans Dagon : "Jamais je ne pourrai décrire telle que je la vis cette hideur innommable qui baignait dans le silence absolu d'une immensité nue. Il n'y a avait là rien à écouter, rien à voir, sauf un vaste territoire de vase. La peur que fit naître en moi ce paysage uniforme et muet m'oppressa tant que j'en eus la nausée." Il évoquait à mots couverts le visage d'Adrian, entr'aperçu dans un rêve lucide, ces songes au cours desquels la conscience onirique s'insurge du cauchemar qu'elle sait être en train de vivre et qui inspirent à l'innocent promeneur des sphères astrales, au sortir du sommeil, la rédaction de nouvelles d'épouvante un peu boursouflées, mais raisonnablement atroces.
Adrian essaye d'organiser une tournée en Chine
au profit des victimes du Coronavirus
mais ça ne prend pas longtemps avant qu'il soit reconnu.
Bien qu'il ait compensé sa relative laideur depuis tout petit en mettant au point une technique guitaristique hors pair et un phrasé tout à fait singulier, Adrian s'est quasiment fait virer pour mocheté de tous les groupes dans lesquels il a joué, les Talking Heads, Bowie, Frank Zappa (qui se pavanait pourtant volontiers sur les plateaux télé en se dépeignant sous les traits d'un progressiste refusant les diktats culturels en vigueur dans le monde du rock, comme par exemple les groupies, moi ça me parait admirable de pouvoir se refuser aux groupies, même si j'en ai fort peu et que ça serait donc virtuellement envisageable sans que ça soit ressenti comme un arrachement), King Crimson, au sein duquel il a pourtant cotisé trente ans, mais c'est vrai qu'ils faisaient des concours avec Robert Fripp pour savoir lequel avait le plus le charisme d'une moule et ça faisait fuir les trop rares clients, et finalement c'est Robert qui a gagné, et plus récemment Adrian s'est aussi fait lourder de Nine Inch Nails et de Porcupine Tree.
Si vous me croyez pas vous z'avez qu'à lire Internet, c'est écrit partout.
Et à chaque fois qu'il est remercié, il rentre chez sa mère, elle le console comme elle peut (les mères sont souvent balèzes en amour inconditionnel, c'est bien pratique quand on est un serial killer en fin de droits assedic ou un guitariste peu flatté par la nature) et il sort un album solo.
Un petit cercle d'initiés s'ébaubit alors "Rhhôôôhh bravo, Adrian, encore un beau crossover entre Mac Cartney et King Crimson", la presse spécialisée ronéotée  à un seul exemplaire sur le web s'en fait l'écho des savanes confidentielles, et l'artiste semble condamné à errer éternellement en quatorzième division blindée des Panzers de l'Echec Patent pour délit de sale gueule.
Ca fait déjà presque quarante ans que ça dure, et son dernier opus, Pop Sided, ne déroge pas à la règle, comme on dit dans le Landerneau des blogs musicaux : ni pire, ni vraiment meilleur que les précédents. Quoique Flux, un des plus récents, était vraiment pas mal. A condition de ne pas voir sa tête, évidemment, sinon ça fout tout par terre, dans ce monde où l'apparence compte plus que tout. Plus que d'avoir une belle guitare et de s'en servir, en tout cas.
Mais il existe une autre façon de voir les choses, si on sait les regarder avec l’œil du cœur : Adrian Belew, soi-disant parti de rien et arrivé nulle part, n'a finalement de merci à dire à personne. Il a joué dans beaucoup de groupes intéressants à des périodes où ceux-ci furent très créatifs, et en dehors de ça il a enregistré ce qu'il voulait comme il voulait, défrichant des champs expérimentaux dont aucun gratteux cyberculteur n'aurait osé retourner les grosses mottes avant lui; et en plus il a conçu des guitares, des applis mobiles et des racks d'effets.    
Et si ça se trouve, sa femme est ravissante.
Et il parvient tout à fait à vivre correctement de son art.
Lui.
Contrairement à moi et à Lovecraft.




picC'est en tombant sur une vidéo récente ci-dessus que je me disais à nouveau qu'il n'avait pas de bol, parce que j'avais trouvé le disque Side Four enregistré avec cette formule de Power Trio très énergique, alors que la vidéo est un peu foirée : l'image est d'une hideuse frugalité, le son caméra n'est même pas repiqué de la console de mixage. Peut-être qu'il cherche plus à être qu'à avoir, et qu'au fond il s'en fout, à partir du moment où il conserve la liberté de faire ou de ne pas faire ce qu'il lui plait plait plait quand ça lui chante chante chante.Donc ce n'est peut-être triste que dans ma tête, cette histoire.
Et pour le happy end, je lis sur le french wiki que Jerry Harrison renoue avec Adrian Belew et s'accompagne du groupe Turkuaz pour rejouer Remain In Light sur scène en 2020, à l'occasion des quarante ans de l'album.
Alors il est où, le problème ?

english wiki, rich as my tailor :

Belew by discogs
https://www.discogs.com/artist/55902-Adrian-Belew


[EDIT]

Flux volume 2 - notes de pochette
(collection privée)
En complétant de manière raisonnée ma collection de Belews, je tombe par hasard sur la pochette intérieure de Flux (Volume 2) d’Adrian, qui consiste en une déclaration d'intention.
Je peux faire la fine bouche sur sa capacité à me faire rêver, mais Adrian est un pont entre les Anciens et les Modernes, son commentaire sur « la musique qui n’est jamais jamais deux fois la même » est inspiré comme un fragment d’Héraclite.
Nous, nous pensions que la musique, c’était des fichiers, et nous les collections avec avidité, les jeunes de maintenant la vivent comme un flux et ne se prennent pas la tête avec.



Adrian a mis autant d’enthousiasme à créer son appli  que Peter Gabriel en avait eu à faire son CD-rom interactif Eve en 1997.
Même si au final, toute randomisée que soit l’appli « Flux », la démo me porte à croire que ce qui sort du logiciel de Belew ne peut sonner que comme du Belew, le Géo Trouvetout du rock.