Bonjour à touffes et à troutes.
Mon nom ne vous dirait rien, et pourtant je m’appelle Robert Fripp.
Je suis le seul membre permanent de King Crimson depuis 1969.
C'est comme ça et pas autrement.
Je suis le seul vrai binoclard à lunettes de l’histoire du rock. Elvis Costello n’est qu’un fake.
Mes collaborateurs me décrivent comme un mélange de Gandhi, de Staline et du Marquis* de Sade.
J'ai toujours eu cet air coincé, constipé, limite sadique-anal, mais mon jeu de guitare décalé, dissonant, distordu, m’a rendu célèbre parmi les pénibles.
J'ai toujours eu cet air coincé, constipé, limite sadique-anal, mais mon jeu de guitare décalé, dissonant, distordu, m’a rendu célèbre parmi les pénibles.
Tous les 5 ou 6 ans, je fais comme Warsen avec son blog : je dissous King Crimson, puis je le refonde avec de nouveaux membres.
Et puis Warsen, il n'a qu'un membre, alors c'est vite fait de se reformer, alors que les contrats aidés se bousculent devant ma porte, faut les trier, et pis après faut les former, à chaque fois ça prend des lustres.
La dernière fois, ma femme m’a dit « tu as l’air heureux pour la première fois de ta vie, ça cache quelque chose, fous-moi le camp faut que je fasse la poussière » et je suis reparti en tournée avec une bande de zicosses qui avaient rêvé de jouer dans mon groupe quand ils étaient petits.
Cette fois-ci, j'ai réussi mon coup : j'ai enfin réuni la formation idéale pour ré-interpréter les grands succès disco de King Crimson (1973/77). De vous à moi, mon projet est sans ambiguïté : retourner en 1973, y établir un campement provisoire, puis une colonie pénitentiaire de peuplement.
Mais qui ça intéresse d'écouter une 315ème version live de Lark's Tongues in Aspic ?
Qui ça intéresse d'être de retour en 1973, pour toujours et à jamais, à part Warsen ?
Qui ça intéresse d'être de retour en 1973, pour toujours et à jamais, à part Warsen ?
Même lui commence à se lasser, et pourtant c'est un inconditionnel de mes revirements les plus incongrus et de mes arpèges les moins mélodieux.
Est-ce que j'incarne vraiment l'esprit de Crimson ?
Et pourquoi John Wetton, bassiste et chanteur incandescent du groupe entre 1973 et 1975, ne l'incarnerait pas plus que moi ?
3 réponses possibles :
1) Parce qu'il est mort
2) Parce qu'il n'a jamais retrouvé une puissance de feu et une ardeur créative aussi telluriques après son départ du groupe
3) Parce qu'il est mort
Et pourquoi pas Jamie Muir, percussionniste de génie qui quitte KC en 74 pour se faire moine ?
Et est-ce que Andy Summers, qui a enregistré deux disques remarquables avec moi au début des années 80, éprouve le besoin compulsif de rejouer à l'infini les morceaux de cette période ?
Pas du tout, il sucre les fraises dans un au-delà musical aussi peu mélodieux que besogneux.
Je suis un gros bosseur. Toute ma vie, j'ai enfilé des gammes improbables (j'ai été contraint de les créer moi-même) sur mon manche jusqu'à' ce qu'il fume.
Et alors ?
C'est quand même pas Adrian Belew, que j'ai viré du groupe comme un malpropre, qui va incarner l'esprit de Crimson. Et pourtant il est encore plus laid que moi et Bill Bruford réunis.
Allez, ferme ta gueule, papy, c'est bon, on a compris, passe les disques.
Frippounet : "je n'ai jamais fait ma risette,
c'est pas aujourd'hui que je vais m'y mettre."
King Crimson – The Elements: 2017 Tour Box (2017)
notre avis :
bien joué : impossible de reconnaitre spontanément à l'oreille nue si tel morceau est enregistré en 74 ou en 2015. Réservé aux aficionados accompagnés de leurs grands-parents.
King Crimson - Heroes (Live in Europe 2016) - EP (2017) http://www92.zippyshare.com/v/lYGwCP9e/file.html
notre avis :
bien joué : une reprise de Bowie qui sonne comme une reprise de Bowie.
John Wetton : Raised in Captivity (2011)
notre avis :
bien joué : en 2011, John Wetton s'égare dans du rock FM gras et lourd, prouvant qu'il n'était pas très doué pour incarner l'esprit de KC, malgré son extraordinaire contribution aux grands succès disco de King Crimson (1973/77)
Adrian Belew : Flux (2015)
notre avis :
bien joué : putain, il est où, le lien pour télécharger l'album ?
David Cross and Robert Fripp : Starless Starlight (2015)
https://davidcross.bandcamp.com/track/starless-starlight-loops-radio-edit
notre avis :
bien joué : le mythique violoniste de KC canal historique croise l'archet avec l'indéboulonnable Obersturmführer du 7ème Reich pour une passe d'armes au cours de laquelle 8 versions de Starless sont froidement exécutées d'un comprimé de Xanax dans la nuxque.
Idéal pour signaler l'heure du coucher en maison de retraite.
King Crimson – Rehearsals & Blows : May-November 1983 (2016)
http://exystence.net/blog/2016/04/16/king-crimson-rehearsals-blows-may-november-1983-2016/
notre avis :
bien joué : des brouillons instrumentaux inédits du troisième album de la 8ème période (Three of a perfect pair), qui auraient gagné à le rester.
Sources :
*Bicarbonoute
J’ignorais que Summer et Fripp avaient fricotté ensemble - j’ignorais tout de Fripp même si je connaissais quelques pochettes de King. La vidéo, c’est quelque chose https://www.youtube.com/watch?v=AOiuh2Upa8s
RépondreSupprimerC'est ma foi vrai. J'ai omis de mettre le lien vers le dernier Summers, par décence.
RépondreSupprimerflux et discog 320: https://filecrypt.cc/Container/170FDA37C5
RépondreSupprimerAh, tu m'as fait peur, j'ai cru que c'était le dernier Summers.
RépondreSupprimerTu veux peut-être que je fasse un post sur Adrian ? J
'aime beaucoup son premier album (1982), son dernier aussi (2015).
Et le Side four (live) de 2007.
Et j'admire sa ténacité, et sa façon de ne se conformer qu'à ses propres règles.
Ca n'a pas dû être facile tous les jours.