Il fait un temps à élaborer une nouvelle compilation musicale postcoloniale aux bons extraits végétaux de riposte graduée.
Mais à quoi bon ? Tandis qu'Israël génocide la Palestine, nonobstant que je me soye jadis dépeint juif et chauve, l'antisionisme devient prochainement un délit d'opinion, l'Inde va attaquer le Pakistan, et depuis l'avènement de Trump 2.0, quand je confonds mon lithium avec le Seroplex®, je n'ai plus envie d'envahir la Pologne mais d'annexer le Groënland. Sans parler du fait que j'ai encore une meuf mais plus de bite, alors que tant d'amis triés sur le volet ont encore une bite mais plus de meuf. Le monde est mal fait. Et on n'est guère partis pour le rendre meilleur, sauf à disparaitre prochainement en tant qu'espèce.
Il fait donc un temps à se sentir prisonnier de l'inutile, comme Gérard Manchié quand on était aussi jeunes que les jeunes de maintenant.
Et pourtant, je ne devrais pas me sentir particulièrement touché par le phénomène : il ya longtemps déjà que j'ai observé qu'un jeune, c'est quelqu'un qui a 10 ans de moins que moi, et un vieux c'est quelqu'un qui a 10 ans de plus. Ca évolue dans le temps, et ma distance aux deux reste constante.
« La vieillesse est une lente surprise. A un certain moment, l’histoire personnelle de chacun cesse tout simplement de se dérouler. On s’arrête de changer. Notre histoire n’est alors pas achevée, pas terminée, mais elle s’immobilise pendant un moment, un mois, une année peut-être. Et puis elle repart en sens inverse, elle commence à se dévider à l’envers. C’est là une chose dont on fait l’expérience à un certain âge. C’est ce qui est arrivé à mes parents. Ca arrive à tous ceux qui vivent assez longtemps. Et maintenant ça m’est arrivé à moi. C’est comme si tout le but de la vie d’un organisme – ou en tout cas de ma vie – consistait à atteindre le point culminant de son potentiel avec pour seul objectif de revenir ensuite à son point de départ, à l’état de cellule unique. Comme si notre destin était de retomber dans le fleuve de la vie et de s’y dissoudre à la manière d’un sel. Et s’il y a une chose qui compte, c’est bien le retour et pas l’aller.»
J'ai trouvé ça dans « American Darling » de Russell Banks, et ça me fait bien suer mais c'est un peu vrai. Ce « portrait d’une femme antipathique que le narcissisme absolu mène au néant » est un vrai remède à la mélancolie. Encore mieux que feu l'émission éponyme d'Eva Bester. Je vous ferais bien une compile pour appuyer mes dires, mais je suis accablé de mon propre sentiment d'inutilité à un point tel que je préfère réécouter mes anciens florilèges en célébrant la venue de Léon XIV, qui apportera au moins autant de changements dans ma life que Napoléon XIV en son temps.