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jeudi 25 mai 2023

Eivind Aarset & Jan Bang - Snow Catches on Her Eyelashes (2020)

Ecouter le disque Snow Catches on Her Eyelashes, ça donne envie de savoir ce que ça veut dire, Snow Catches on Her Eyelashes. ChatGPT-3 me ronronne que ça veut dire "La neige s'accroche à ses cils".
Laisse donc Cécile en dehors de ça, s'te plait, mon GéPéTéounet.
A part ça, j'espère que c'est clair : on est dans le floconneux, au bord du grand silence ouaté en haut de la piste verte, et on n'y voit pas à 50 cm.
On a failli planter par mégarde son bâton dans le moniteur.
Heureusement que ça descend très doucement vers le Grand Rien, noyé dans le brouillard.
Cet album me revient et me hante jusqu'à ce que je le mette sur ma tombe, après ça j'espère qu'il me laissera tranquille, parce qu'il distille une ambiance furieusement discrète et sourdement mélancolique. Mention spéciale à "Before the Wedding", d'une grâce élégiaque, qui semble figée dans l'ambre mélodique qui sied plus aux enterrements qu'aux mariages, même si l'un ne va pas sans l'autre.
L'atmosphère atonale et peu propice à l'expression de la chaleur humaine s'insinue par le conduit auditif, puis répand son narcotique granité à l'intérieur de mes cellules osseuses, prétextant intervenir en tant qu'anti-inflammatoire plutôt que comme anxyolitique
On est bien dans la mouvance bruitiste (mais souvent violemment silencieuse) électro-cold et absentéiste de David Sylvian, en tout cas depuis qu'il est retourné vers l'informe et un anonymat qu'on lui souhaite bienheureux, Arve Henriksen et les joyeux lurons de jazz ambient norvégien, Nils Petter Molvær, Anders Engen, Audun Erlien, Erik Honoré, Sidsel Endresen, Georges Warsen et Hilde Norbakken, dont l'égrénage laborieux des patronymes dans votre conversation fera s'écarter les gens de vous lors d'un cocktail de vernissage de votre blog où vous aviez pourtant fourni tous les petits fours, et ils ne vous rappelleront jamais. 
Mais pour ceux qui aiment, le disque est bien, et ça valait le coup. Bien que ça n'ait kouaziman rien à vouar avec la madeleine de Proust qu'était pour moi le kouign amann de la mère Ty Coz devant l'église de Perros-Guirec, beaucoup plus chargé en beurre et en sucre, mais mes artères de jeune enfançeau pouvaient le supporter à l'époque, avant que les ligues de vertu ne contraignent la pâtissière bretonne à élaborer un kouign amann plus léger, écologiquement responsable et digestivement soutenable. 
Si Eivind Aarset & Jan Bang étaient des pâtisseries, on serait à la limite de l'impalpable, et alors adieu bourrelets disgracieux.

https://eivindaarsetjanbang.bandcamp.com/album/snow-catches-on-her-eyelashes

Le frère de Jan, c'est Big. Mais sa soeur ne s'appelle pas Gang. Ou alors, je n'y suis pour rien.

ce qu'on en pense dans le Landerneau du jazz ambient atonal moldoslovaque :

https://www.allaboutjazz.com/snow-catches-on-her-eyelashes-eivind-aarset-and-jan-bang-jazzland-recordings

D'une durée d'environ quarante-trois minutes, l'élan vers l'avant de l'album sera suffisant pour entraîner la plupart des auditeurs et les laisser rayonner de contentement à la fin. Les passionnés de la scène musicale norvégienne contemporaine trouveront ici de quoi renforcer leur dévotion et les inciter à revenir pour plus. Ceux qui sont curieux, mais qui n'ont pas encore vu la lumière, sont invités à consacrer du temps à écouter sérieusement Snow Catches on her Eyelashes; convertis sont renvoyés à la liste mentionnée précédemment. Aarset, Bang et compagnie vont de mieux en mieux, tout comme la scène norvégienne. En avant et vers le haut.

https://jazzlandrec.com/snow-catches-on-her-eyelashes-eivind-aarset-jan-bang

il existe d'autres oeuvres de Eivind Aarset chroniquées sur ce blog, il faut juste chercher un peu à sortir de sa zone de confort.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/search?q=Eivind+Aarset+

il faut aussi que je prenne le temps d'écouter ce mystérieux Jan Bang, impliqué dans une jungle de projets irradiants de silences explosifs (pour que le Big Bang fasse du bruit, il eut fallu qu'il y ait de l'air pour le transmettre, et des oreilles pour l'ouïr)

https://punktstillefelt.bandcamp.com/album/modest-utopias

https://arjunamusic-records.bandcamp.com/album/walk-through-lightly

https://jpshilo.bandcamp.com/album/invisible-you

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2022/03/jan-bang-erik-honore-david-sylvian.html

jeudi 24 mars 2022

Jan Bang, Erik Honoré, David Sylvian, Sidsel Endresen, Arve Henriksen - Uncommon Deities (2012)

Comment échapper au chant d'amour
du Chicken of Depression
quand il est en rut ?
Quand ni Willem, ni Soulcié, ni même les dessins de Houellebecq dans Hara Kiri ne nous arrachent plus aucun rictus sangloté, quel onguent appliquer sur nos plaies ouvertes et nos jambes de bois ? Regarder des gens s'entretuer aux infos de l'ORTF, c'est encore pire que de regarder des jeunes forniquer pour des bons d'essence ou des tickets de pain sur les réseaux asociaux, car s'infliger des scènes insoutenables sans
 pouvoir interagir avec elles ni influer sur leur issue rend fou. C'est pourquoi depuis trois semaines, je ne regarde que des films de guerre. Ça me rappelle deux ou trois bricoles sur la nature humaine que j'avais dû perdre de vue, et pourtant j'ai lu le Bug humain de Sébastien Bohler, édifiant sur le sujet. Celui qui n'a pas vécu la guerre ignore tout des vertus de la prière, entendais-je début mars. Vertus que ne contestent ni l'église de Moscou ni celle de Kiev
Encore s'adressent-elles au même Dieu, celui des Orthodoxes. Mais comment le Dieu des Orthodoxes pourrait-il sanctifier cette boucherie - charcuterie ? 
hein ? 
A moins qu'il y en ait deux. 
Un par belligérant. 
Mais alors, comment ces Dieux peuvent-ils cohabiter dans le Cosmos, pas si infini que ça d'après le Grand Schtroumpf ? Et pourquoi le Dieu de l'Eglise de Kiev serait-il moins balèze au combat que celui de Moscou ? Ultimement, Lequel des Deux a la Plus Grosse Bistouquette Antichar ? Vastes questions, qui hantent les soldats des deux armées, et qui ont suscité une réponse originale chez David Sylvian, dans ce Uncommon Deities.

Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries,
elle en a aussi filmées (Desproges)
Car cela fait déjà trois décennies que, tel un déserteur de l'armée russe s'enfonçant dans les sous-bois en vouant Poutine aux gémonies après avoir dissimulé son char sous les branchages (comptez deux tonnes de fougères pour un char de taille adulte), David Sylvian progresse dans son intention de disparaitre complètement de nos radars, ne ménageant pas ses efforts pour sortir des albums de plus en plus confidentiels, n'hésitant pas à se confiner dans un silence explosif pendant des décennies entières passées dans les arbres, sans même que la caméra de Marguerite Duras puisse le surprendre à travers les feuillages, plutôt touffus en cette saison, qui est aussi la période optimale pour la nidification des déserteurs de l'armée russe. Ça en fait, du monde dans les arbres. Comme pour l'ouverture du Salon de l'Autosatisfaction, il y a foule.


Pour Uncommon Deities, David Sylvian a sans doute longuement médité le sketch des Monty Python "How not to be seen" dans sa cellule monastique. Parce que franchement, "plus arty que ce projet, tu meurs sur ma tombe, si tu te retrouves pas crucifié pour hérésie sur une porte de grange dans le bas-Berry". Mais même s'il s'est retiré du monde, qui a entendu une fois dans sa vie la voix profondément magnétique de David s'en rappelle à jamais et le cite de mémoire dès qu'elle s'échappe des frondaisons, même à la limite de l'audible et noyée dans des gazouillis électro-acoustiques. 

Son timbre est inimitable, et pour tout dire beaucoup moins oubliable que celui de Zemmour, par exemple, et c'est  le Pen perdue (qui sera pourtant au second tour, même si je louche sur les nichons à Mélenchon) pour s'effacer à tout jamais de nos mémoires, car je me souviens encore très bien par exemple de son album studio avec Robert Fripp (The First Day, très chouette) et du live mémorable qui s'ensuivit (Damage, très chouette aussi, dont les deux compères sortirent chacun leur propre version du mixage, tellement ils n'étaient pas fâchés).

l'affiche de l'expo : David Sylvian mimant
le chapeau de David Bowie, un must-have !
Alors qu'en ce moment, les programmes électoraux me glissent dessus comme un pet sur une toile cirée. Et pourtant, la Chine, l'Ukraine et le changement climatique se tirent la bourre pour faire avancer de quelques secondes avant minuit l'horloge de la fin du monde, donc ça serait sympa de trouver quelque chose d'intelligent à aller voter avant le Doomsday. Je peux faire mienne l'attitude de mon grand père : "peut-être que le parti se trompe, mais moi je me suis pas trompé de parti." La jouer conscience de classe en visite au Salon de l'Autocrate Islamo-Gauchiste. 
A moins que je me contente de prier, avec David Sylvian, quelques-unes de ces divinités infimes, peu connues et pas banales, comme Le Dieu de l'abdication progressiveLe Dieu des organismes monocellulaires, celui des Trous Noirs, celui du Silence (et dans Quel Oubli Tragique Il Croupit ! )


Sur un fin glacis musical de ses collègues expérimentateurs, David Sylvian interprète des poésies de Paal-Helge Haugen ayant pour objet des divinités subalternes et improbables, mais à la réflexion pas plus cons que les dieux mainstream (Jehovah, Mahomet, Russell Banks, Xi Jinping). Et tout cela a vraiment eu lieu, pas dans le Métavers, dans lequel on ne trouve déjà plus de terrain constructible, mais au sein d'une installation audiovisuelle conçue par David (dont on trouve encore des traces dans des lieux peu connus et mal éclairés d'internet), au cours du Punkt festival organisé chaque année à Kristiansand, en Norvège depuis 2005.

Un instantané du vernissage de l'expo. Ça fait pas rêver,
mais on était quand même mieux là qu'à Kiev.

Alors, réflexion post-moderne sur la perte de sens de nos sociétés trop libérales, ou énième tentative de Divid pour perdre son égo et décevoir son dernier fan, ce qui serait le signe d'un orgueil vraiment démesuré chez l'artiste déjà suspect d'une quête spirituelle qui a déjà bien plombé sa carrière depuis qu'il n'est plus un chanteur pop énorme au Japon ? Tenus par notre devoir de réserve, nous nous garderons bien d'épiloguer. C'est déjà pas mal que j'aie pu trouver les fichiers d'une oeuvre si confidentielle, alors que la moitié des serveurs russes sont en torche derrière le rideau de fer. Voici ce qu'en pensait un blog de micro-spécialistes, comme ça vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas prévenus :

Ultra-rare : l'édition limitée et imprimée à la main
du guide des champignons toxiques et des poèmes
de Uncommon Deities passés par la bouche de David Sylvian

A cheval entre l'oeuvre radiophonique, la musique classique contemporaine et la musique improvisée, Uncommon Deities est une séduisante épopée moderne et envoûtante qui tente de tracer un arc entre les expériences collectives du controversé Manafon et les fulgurances expérimentales du chef d'oeuvre de David Sylvian, Blemish. Il résulte une œuvre blanche, un mariage délicieux avec le silence qui continue de tracer les contours d'une pop audacieuse et iconoclaste dont le label Samadhisound demeure la tête de pont.










Pour écouter le disque :

Pour aller plus loin et tout savoir sur les dieux pas connus :

- Les textes des poèmes sont cachés dans une base de données Soundcloud gérée par David depuis le Métavers, mais en général il suffit d'entrer le titre du texte dans un bon vieux moteur de recherche, comme j'ai fait ici avec le dieu des organismes monocellulaires :
ou celui des plus petits dieux
Le message est lumineux : si vous ne trouvez pas votre pointure, libre à vous de décrire puis de vénérer le dieu de la Facture Impayée, celui des Enculés Alcooliques, des Enfants Morts sous les Gravats ou du Déserteur caché dans les Branches.

Pour aller moins loin :
N'oubliez pas de visiter la chapelle du Dieu des enfants qui se laissent toucher (vu dans une petite église de Mayenne)

Pour aller nulle part : 
Continuez de respirer et de boire frais. Ça va passer. Tout est impermanent. 

jeudi 28 octobre 2021

Hector Zazou - Strong Currents (2003)

La pochette d'origine, classieuse
(je dis ça pour dissiper toute équivoque)

Il existe deux pochettes pour cet album, l'une assez élégante, l'autre beaucoup moins. C'est un des mystères de l'existence des directeurs artistiques à travers les âges. 

La réédition 6 mois plus tard, augmentée d'un titre
(pochette qui dissipe aussi toute équivoque, mais pas pareil)

Quand j'ai envie de pleurer sans prendre prétexte de réécouter Gérard Manset, j'écoute cet album d'Hector Zazou. Ou si je n'en ai pas l'opportunité, il me suffit de penser à la pochette version "mon cul sur la commode, avec la photo d'Hector mort au mur, et qui ne peut même pas en profiter, vu qu'il est du mauvais côté".
En effet, quand on est mort, la rigidité cadavérique nous interdit de nous retourner pour apprécier une paire de fesses dont nous n'avons pourtant plus l'usage (dans rigidité cadavérique, le mot clé c'est cadavérique, et non rigidité).
Voici un de ses projets les plus mélancoliques, sorte de symphonie trip-hop très 90's, tantôt anémiée, tantôt symphonique, réalisé avec une dizaine de chanteuses souffrant toutes d'une carence en lithium, l'ensemble se révélant d'une mélancolie brouillardeuse à ronger les os. Enfin, c'est l'effet que ça me fait, je ne veux forcer personne à ressentir mes états intérieurs qui sont copyright© moi.
Fragments d'une discographie zazouesque
Un article raisonnablement élogieux
où l'on peut en écouter des extraits, un peu comme à la Fnac quand le vendeur était d'accord pour fendre le cellophane du 33 tours sur la tranche et nous placer dans une cabine d'écoute, ce qui ne nous rajeunit pas.
Un autre
En tout une douzaine de titres souvent vaporeux, langoureux, cafardeux, mais le cafard susurré par une jolie voix féminine c'est quand même mieux que le cafard tout seul, des fois on jurerait entendre Björk, la chanteuse islandaise tellement ravagée qu'elle porte le nom d'un petit déjeuner aux céréales, d'autres fois la pulpeuse chanteuse de Elysian Fields, hé bien non, dans les deux cas on aurait tort. C'est pas elles. Mais on n'a pas peur d'avoir tort, ce qu'il faut craindre c'est le besoin d'avoir raison. 
Il y a sur l'album des chansons plus mortifères que d'autres. Mais le souci constant de Zazou de s'entourer de jolies femmes qui chantent avec suavité les effondrements de l'âme plaide en la faveur de quelqu'un qu'on ne peut vraiment suspecter de détester la vie, même s'il l'a quittée depuis. 
Parti pêcher le maquereau, Hector revint avec de belles morues. 
On pense aux remèdes à la mélancolie énumérés par Ramon Pipin dans Chèque baby chèque : "Je ne chante la solitude qu'entouré de vingt personnes / mes histoires d'amour sont prudes mais à tous les vices je m'adonne / les mélodies du malheur restent ma spécialité / et je mets toute ma ferveur à ne jamais rigoler." Certes, la stratégie d'Hector est plus subtile et n'inclut pas de dimension parodique; encore que, en contemplant la version 2 de la pochette, on puisse avoir des doutes. Et les photos du livret sont signées John B.Root, un pornographe qui eut son heure de gloire dans les milieuxXX autorisés; et alors ? Zazou est mouru en 2008, nous privant de la possibilité de l'interroger à ce sujet; s'est-il moqué du monde ou pas, avec ce trip-hop languide ? Rêvait-il de se taper son aréopage de chanteuses dépressives et mystérieuses, et ne le pouvant, il leur a sublimé des textes et des écrins musicaux pour les y enchâsser ? 
A la longue, la puissance vénéneuse des pièces du disque s'estompe, au profit d'un vague à l'âme complice. Si vous absorbez un champignon moyennement toxique tous les jours, l'effet du poison s'atténue. 
Autre cas : quand vous vivez avec un cancer, que vous apprivoisez, à condition d'être dépisté à temps, et que vous finissez par tutoyer. Si lui commence à vous parler, par contre, n'hésitez pas à consulter votre oncologue. Ou à lui passer Strong Currents. Les textes du disque semblent d'une insondable intimité. L'élégance le dispute-t-elle à la préciosité ? ou lui-colle-t-elle un atémi à la carotide, comme Chuck Norris ratatine Gérard Manset ? La gravité féminine qui nimbe le projet dans son ensemble est un peu intimidante, pour qui n'a jamais su parler aux femmes quand elles étaient en train d'enregistrer, parce qu'elles étaient bien capables de répondre "mais Chut-euh, tu vois pas que j'enregistre, connard ?"
Si l'on s'interroge sans fin, il faut alors scruter d'un oeil rougi par l'anxiété et le manque de sommeil les explications sur la genèse du projet :
qui n'expliquent rien en tout petit, mais évoquent bien le destin de Zazou, passeur.
Il faudrait sans doute fumer quelque chose de plus costaud que du CBD en écoutant ça pour avoir une révélation divine. Mais je ne fume pas de CBD, pour la même raison que je ne mange pas de cassoulet light.

mercredi 7 novembre 2018

The Acid – Liminal (2014)

Au panthéon des tafioles anglaises qui laissent suinter leur mal-être sur des nappes de synthés dépressives avant de les graver sur des galettes de vynile mou et odorant, j'accueille aujourd'hui The Acid, repérés sur les 4h30 de la massive bande-son de Sharp Objects, et justement je sens une filiation avec Massive Attack même si c'est dans une version ramollo qui évoque peut-être plus James Blake, je ne sais pas, je ne suis pas un professionnel.
"Desolate post-dubstep, post-punk, post-just-about-everything, Liminal is a pallid, vaporous shape-shifter, phasing through genres with phantasmic disregard."
Je n'invente rien, je l'ai lu sur un blog.

Au firmament des lâches et des cyber_veules qui mettent leur musique à disposition du vulgum pecus sans comprendre la notion de dette karmique, nous retrouvons dans le peloton de tête les aimables bâtards de exystence.net mais les fichiers ne sont plus dispos, flûtalors.
les Youpins de chez Israbox, qui doivent être aussi youpins que moi
https://www.isrbx.com/3136510702-the-acid-liminal-2014.html
mais les liens sont pétés aussi
il faudra donc se résoudre à chercher ailleurs que chez ce pauvre Warsen dont l'échoppe est vide mais les mains pleines, de quoi on se le demande bien.
Sans doute sur Spotify.



https://en.wikipedia.org/wiki/The_Acid

dimanche 4 juin 2017

Slowdive - Slomo "live" (2017)

And now for something completely vieux con.
Dans les années 70, c'était facile d'avoir l'impression de tout savoir de la pop, du rock et de la folk; il suffisait de lire attentivement Rock & Folk, de regarder Chorus sur Antenne 2, et d'écouter France Inter le soir, et on avait à peu près fait le tour. On écoutait, on comprenait les courants, on observait les mouvances, on achetait. Ce qu'on n'achetait pas, on l'entendait chez les copains, si ça nous plaisait on enregistrait une cassette sur un affreux combiné tourne-disque/k7. Ca ne méritait pas le nom de piratage, vu la piètre qualité de copie analogique, malgré l'apparition du dolby puis des cassettes au chrome. Ce qui était pirate, c'était les concerts enregistrés sous la pluie à travers un sac de couchage, fallait vraiment être fan pour acheter. 
Le disque était un objet concret et imposant, quand on l'achetait on nouait avec lui des rapports quasi-amoureux, on l'emmenait avec nous aux soirées, on notait et mémorisait les craquements et poussières qui apparaissaient au fur et à mesure de l'usure provoquée par les écoutes. Ca prenait des mois pour tisser son cocon de glu émotionnelle autour de lui.
Bon, voilà qu'en 40 ans, le disque a quasiment disparu comme support, tout s'écoute gratuitement et s'achète en ligne, et il ne s'écoule pas une semaine sans que 30 groupes essentiels surgissent de nulle part. Qu'on le veuille ou non, on est largué. Ca fait longtemps qu'on n'a plus le coeur à lire Rock & Folk, les Inrocks sont trop souvent dans la hype, et on est passé à Télérama et aux milliards de blogs musicaux qu'on déchiffre d'un oeil morne, et qui rendent compte de l'émiettement, de la fragmentation des musiques et des publics. On est obligé d'en rabattre sur notre présomption d'universalité. Et de quoi était-elle le paravent ? Une croyance absurde qu'on allait séduire des gonzesses par notre connaissance encyclopédique des arcanes du rock ?
Autant vous le dire tout de suite, avant d'en entendre parler dans Télérama, je croyais que le shoegaze c'était quand on regarde ses chaussures quand on a trop fumé de pétards. J'ai pas connu Slowdive... 17 ans qu'ils n'avaient pas sorti un album. Qu'est-ce qu'ils ont fait pendant tout ce temps ? ils étaient avec Kyle MacLachlan dans la Red Room de Twin Peaks, en attendant que David Lynch y rallume la lumière ? Si j'étais lui, j'aurais mis du Slowdive dans la B.O. de la saison 3, plutôt que les obscurs groupes de synth-pop 80's qu'il balance à chaque fin d'épisode. Les fantômes gazeux des Psychedelic Furs ou des Cocteau Twins que j'entends sur le dernier Slowdive valent bien les girlbands qui défilent dans ce nouveau Twin Peaks. Mais bon, je ne suis pas David Lynch, il m'arrive parfois d'avoir l'impression de revivre éveillé certaines séquences cauchemardesques de la série, c'est déjà pas mal, ne soyons pas trop gourmand.

Ah j'ai eu du mal à me retenir de vous proposer le dernier Slowdive piraté, l'album n'est pas complet sur bandcamp ni sur soundcloud ni sur youtube. Sur spotify ou deezer, sans doute, mais je ne fréquente pas ces plate-formes. Voici les deux premiers morceaux de l'album, qui me plaisent bien.



lundi 27 février 2017

Aidan Baker - I Wish Too, To Be Absorbed (2017)

Aidan Baker n'est jamais là où on l'attend.
Des fois ici, des fois , et d'autres fois encore ailleurs, voire nulle part.
On se demande si des fois il n'aurait pas compris de traviole mon article sur les tribulations quantiques de John Scofield contre le principe d'indétermination d'Heisenberg.
Ainsi, le principe d'incertitude, qui voulait que Scofield soit là où l'on ne l'attend pas et que l'on ne puisse mesurer ni sa masse, ni sa vitesse, est ici pleinement réaffirmé dans sa radicale altérité.
Ce qui fait que Aidan Baker, comme Scofield, plus personne ne l'attend, et pourtant il continue à venir.

lundi 14 novembre 2016

Funki Porcini : Conservative Apocalypse (2016)

Y'a pas que le titre qui soit de circonstance.
De mémoire, Funki Porcini produit ces dernières années (il n'a pas toujours été comme ça) une musique downtempo suscitant une torpeur à la limite du coma politique.
Serait-il en train de se réveiller ?

"Made as a complete album rather than a collection of tracks, Conservative Apocalypse is a journey through the subconscious. I have experimented with augmenting recorded sound with electronic instruments to give atmosphere to commonplace situations, and originally the record was to be entitled Augmented Aurality. However due to the appalling lurch towards fascism that is taking place in the western world I thought it more appropriate to call the album Conservative Apocalypse after the eighth track. This was made deliberately as an accelerating train journey, I found a picture of the inside of a railway carriage that seemed particularly evocative and after cutting out the window, began the journey of creating the film. Nearly all the material was found online and patched together into this composite of a trip through our confused modern world. The slow start and acceleration of the ride I felt was analogous to how nasty social movements start."



https://funkiporcini.bandcamp.com/album/conservative-apocalypse


En complément de programme :




Je jure que je vais prendre le temps de les regarder, et d'en penser quelque chose que je viendrai pondre dans les commentaires. Mais pour l'instant je suis occupé à autre chose.



jeudi 16 juin 2016

Jon Hassell - City : Works Of Fiction (Expanded Edition) (2014)

Le genre :
jazz moderne tendance extraterrestre.

Le billet de Jacques Boudinot :
ici.

Et un autre, en français.

Le disque :
.

Mémo pour le dire :
dans ce disque, j'entends des nids de serpents assoupis, des crémations sous la pluie balinaise, des files de véhicules vétustes rejetant un monoxyde non filtré par un pot catalytique dans des métropoles surpeuplées du Tiers Monde sous des néons grésillants, et pas mal d'autres trucs... c'est vous qui voyez.


samedi 23 janvier 2016

SUNN O))) : Monoliths & Dimensions (2009)



J'en connais au moins un à qui ça va plaire.

dimanche 6 décembre 2015

Kannon by SUNN O))) (2015)



J'ai proposé l'album à Sb, qui a fait la sourde oreille.

Dont acte.

Idéal pour le sacrifice humain après les vêpres du dimanche matin.

J'ignore pourquoi la photo me rappelle celles du Gritche qu'il m'envoyait petit, quand il était en colonies de vacances, longtemps avant Daech.
https://sunn.bandcamp.com/album/kannon

jeudi 29 octobre 2015

des îles et des villes - une mostla tape (2015)

Un jeune peigne-cul vraisemblablement sous-alimenté réinvente la chanson rive-gauche dépressive dans une cave de Livry-Gargan, 40 ans après qu'elle soit passée de mode.
Dispensable mais très tendance, à en croire les Inrocks.
En plus, le code pour embedder l'album est pété, je suis obligé de mettre le link, c'est la louze.

Variante :

http://souterraine.biz/album/vol-8-preorder
De jeunes peigne-culs réinventent la french pop cannabinesque et foutraque des 70's.
Mais que fait la police ?

samedi 10 janvier 2015

Earth – Primitive and Deadly (2014)


A Noël je me suis fait offrir par mon frangin une anthologie d'oeuvres de Theodore Sturgeon.
Ca fait longtemps que j'avais envie de relire Sturgeon, qui m'a beaucoup marqué à l'adolescence.
Parmi les récits du recueil, Les plus qu'humains conte l'histoire d'un groupe d'anormaux constitué d'un bébé mongolien au génie prodigieux, de deux jumelles pouvant apparaître ou disparaître à volonté, d'une petite fille dotée de pouvoirs télékinétiques et d'un idiot de village. Solitaires, ils ne sont rien, mais réunis, ils parviennent à constituer une entité — l'Homo Gestalt — qui représente un échelon supérieur de l'évolution humaine. 
Un grand nombre de ses nouvelles mettent en scène des personnages immatures (ce que lui avait reproché d'être sa première épouse...) connaissant la solitude absolue de ceux qui sont différents. Et ses multiples déboires conjugaux ont, de toute évidence, inspiré beaucoup de ses histoires de couple, où il a souvent abordé le thème de l'infidélité.
Mais, paradoxalement, le dépressif Sturgeon a écrit une oeuvre optimiste, où il a réussi à nous transmettre sa foi en l'humanité. Certaines de ses nouvelles apparaissent d'ailleurs comme de véritables contes philosophiques avec une morale. Il a lui-même évoqué son désir de faire oeuvre utile en écrivant ce qu'il appelait de la « connaissance-fiction ».

Alors qu'une actualité black et mortifère célèbre lugubrement "Les Moins qu'humains", roman que n'a pas écrit Sturgeon mais que Houellebecq pourrait torcher sans problème s'il était d'accord pour être délocalisé en banlieue, et qui conterait la pathétique dérive de ces Boulets enthousiastes à l'idée de nous ravaler au rang du borborygme et de nous faire redescendre quelques barreaux sur l'échelle de l'évolution humaine, je vous propose une joyeuse galette de doom, mélodieuse et pleine d'entrain, pour célébrer l'an neuf, heu, quinze... qui vient de commencer de façon tellement navrante que chez moi, il fait un temps à écouter du doom.

 L'album de Earth, "Primitif et mortel", c'est rien de le dire.
Combien d'abrutis avec des fusils d'assaut faut-il pour mettre la démocratie par terre ?
Pas beaucoup.
Et comment la préserver sans avoir à dessouder ceux qui la combattent ?
En empêchant le système de les produire.
Risquons une analogie avec le monde économique, empruntée à un célèbre inconnu des années 70 (J’espère que Bernard Maris m’entend, de là où il est) :
« Que pourrait-il y avoir de plus idéalement anarchique que le commerce international ? Aucune loi ne saurait lui être imposée qui ne viole les souverainetés nationales. Dans le commerce entre nations, toutes les machines sont pleinement autorisées à concurrencer tous les hommes, et à se faire servir par une main-d'oeuvre aussi mal payée qu'il est permis d'en rêver : il n'y a pas de S.M.I.C. international. Libérer ce commerce, c'est rendre les peuples impuissants à se protéger ni des machines ni de la misère de leurs voisins. Les nations qui, comme l'Amérique, l'Allemagne ou le Japon, ont de l'avance technique, sont cordialement invitées à gagner de l'argent en saccageant les marchés de leurs voisins et à prendre ainsi, par autofinancement, une avance technique plus écrasante encore. Soumis à un mécanisme autodérégulateur, les échanges entre nations faibles et fortes deviennent de plus en plus unilatéraux en attendant de devenir impossibles. Malgré quoi nous assistons à des orgies de «GATT» et de manipulations financières expressément calculées pour nous ruiner tous et pour rendre plus écrasante encore la nation qui, déjà , écrase et spolie toutes les autres. Les puissants se dépensent pour «élargir les marchés» et pour aggraver les déséquilibres en les finançant. Puis ils sont congratulés, admirés et récompensés de toutes les façons ! »

Hé bien la démocratie, c’est un peu le S.M.I.C. international de la politique.

Il est difficile de l’imposer à ceux qui n’en veulent pas, ou qui ne peuvent l'accueillir chez eux pour des raisons historiques, sociales, religieuses...
Bref, on n'est pas rendus.
Du coup, je réécouterais bien le Deadly Weapons de Minimal Compact.
Ca sera pour plus tard.

http://exystence.net/blog/2014/08/27/earth-primitive-and-deadly-2014/

vendredi 14 novembre 2014

Grasscut : Catholic Architecture (2014)


J'admire sincèrement ces deux anglais qui réinventent une électro-pop élégante et ô combien mélodieuse à chacun de leurs albums, alors que l'électro-pop, sincèrement je m'en tamponne le coquillard, et qui se placent apparemment sous la tutelle de Robert Wyatt, dont je n'ai qu'une connaissance livresque.
En tout cas, leur nouveau single est plaisant et lumineux.


http://xerver.co/lal1y2fl9bkw/Grachicon.rar

jeudi 9 janvier 2014

The Mount Fuji Doomjazz Corporation - Roadburn (2013)

Quoi de mieux pour prolonger la glauquitude métaphysique des lendemains de réveillons trop arrosés que les méphitiques & pâteuses ambiances du nouveau Mount Fuji Doomjazz Corporation ?
Ben, rien, justement.
Peu endiablé, mais Lynchien en diable !

http://rusfolder.com/35825227?ints_code=d68825e887185c39f24baeba232e6519

The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 'Homage To Quay' from TheKilimanjaroDarkjazzEnsemble on Vimeo.

samedi 21 décembre 2013

Funki Porcini - Le Banquet Cassio (2013)

Funki Porcini, le retour. 
Je suis d'assez loin les aventures de cet inclassable défricheur de sons  tantôt électro-jazz, tantôt downtempo,  voire carrément mou du genou, et toujours assez ironique.
Est-ce un rital ou un frenchy ?
En tout cas, ses albums sont toujours impeccables.

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Grouïk !