surfeur sortant prestement de la vague sonique des Transmusicales avant que la déferlante épidémique ne se referme sur lui |
(de notre envoyé spécial sur place)
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Heureusement que je suis là pour vous en faire profiter.
L’édition 2021 du grand rendez-vous musical breton a retrouvé l’élan de ses meilleures années. Tel un surfeur sortant prestement de la vague avant qu’elle ne se referme sur lui, les Transmusicales de Rennes ont tenu leur 43e édition, du 1er au 5 décembre, alors qu’une nouvelle déferlante épidémique commençait à menacer le proche avenir des événements culturels.
Fidèles à leurs habitudes cosmopolites, les «Trans» accueillaient cet automne, près de 80 groupes ou chanteurs et chanteuses de 34 nationalités différentes (...) Un millésime 2021 dominé par une euphorie festive et bariolée, témoignant autant du parti pris des directeurs artistiques, Jean-Louis Brossard et Mathieu Gervais, que d’une soif de partage encouragée par le contexte : qu’il s’agisse de la fanfare rock New Orleans fantasmée par les Londoniens de Tankus the Henge et leur leader, Jaz Delorean menant son cabaret aux sons de cuivres jazzy et de guitare funky, plus proche du Mississippi que de la Tamise ou de la vitalité 100 % féminine des Barcelonaises de Maruja Limon. En pétantes chemises vertes et bleu turquoise, les six Catalanes ont ainsi puisé leur énergie dans la dynamique du flamenco, les pulsions solaires du rock latino, croisées de funk et de son cubain. En femmes puissantes qu’on dirait échappées d’un film d’Almodovar, elles ont empoigné les Bretons pour ne plus les lâcher.
Les Béninoises du Star Feminine Band ont aussi rayonné d’un entrain fédérateur, enroulées de tissu traditionnel, les chevilles serties de bracelets de coquillages secoués au rythme de chorégraphies millimétrées. Originaires de Natitingou, au nord-ouest du Bénin, les sept musiciennes n’ont qu’entre 11 et 18 ans mais imposent les rythmes virevoltants d’hymnes à l’émancipation féminine et à la sororité africaine, chantées en bariba, en peul ou en français. Piloté depuis 2016 par le musicien André Balaguemon, le groupe mêlant percussions traditionnelles, claviers, guitare électrique, basse et batterie, ravit par sa fraîcheur et sa détermination, sur disque (un premier album, Star Feminine Band, publié par Born Bad records) comme sur scène.
La puissance collective n’est pas seule garante de fête. En solo avec son accordéon diatonique, le Finlandais Antti Paalanen a ainsi retourné les quelque 3 000 spectateurs du hall 3, intrigués par sa voix d’ours enroué, fascinés surtout par la virtuosité d’un jeu batifolant entre plages poétiques et emballement jubilatoire. Son soufflet s’allongeant comme le cou d’un dragon peut ainsi évoquer la tendre magie de l’enfance, la respiration de son chien ou tournoyer en polkas frénétiques jusqu’à s’intensifier aux frontières de la techno.
A milieu de ces festins de sourires et de couleurs bigarrées, le noir concert de Ziak agrippait avec d’autant plus de force. Vendredi 3 décembre, vers 22 heures, le hall 9 plongeait soudain dans l’oppressante pénombre du monochrome musical et vestimentaire orchestré par cette nouvelle sensation de la drill, ce courant sombre et violent du rap anglais devenu en quelques mois une des tendances fortes du rap français. Avant le triomphe récent de son premier album Akimbo, Ziak a multiplié depuis 2020 les titres et les clips (Raspoutine, S.P.S., Rhum & machette, Fixette…) adaptant à sa façon les codes de la drill britannique.
Gorgées de deal, de vengeance et de meurtres à l’arme blanche, ces productions ultra-efficaces aux sons d’une noirceur poisseuse ont d’autant plus affolé les réseaux sociaux et les sites de streaming que le jeune homme s’est caché derrière le même anonymat cher aux bad boys londoniens, au casier trop chargé pour être dévoilé. Sur la scène des Trans, on l’a retrouvé ainsi avec trois acolytes, le visage entièrement dissimulé par un bandana, la tête enfouie sous la capuche d’une doudoune noire tombant jusqu’à mi-cuisse, les mains gantées. Le flow grave et puissant donnerait-il des pistes ? On repère des références à Haïti, à l’argot des cités de l’Essonne mais aussi à l’islam.
Il aurait bien aimé continuer de brouiller les pistes mais le rappeur mystère refusant toute interview s’est fait rattraper par les détectives de la toile. Bien originaire de l’Essonne, il aurait officié précédemment sous le nom de Mikeysem, lors d’enregistrements au rap plus chanté et langoureux. Ce grand métis à la peau claire et aux dreads peroxydés n’aurait donc pas vécu tout ce qu’il chante. Certains en font un imposteur. D’autres, plus raisonnables, rappellent que le fantasme cinématographique est l’un des fondements de l’histoire du hip-hop. La puissance d’un univers artistique ne se mesurant pas forcément à sa « street credibility ».
Stéphane Davet - Publié le 05 décembre 2021 à 22h31
L'affiche de la première édition |
Bon. J'ai mis des hyperliens, pour renforcer ma street credibility, et pour qu'on se rende compte de ce qu'on a vraiment raté aux Trans cette année. L'abominable Ziak masqué au torchon de cuisine totalise 9 934 068 vues, alors que la petite vidéo toute gentille du concert des familles avec le Star Feminine Band n'en fait que 30. Alerte rouge en Afrique Noire : la messe est dite. Pour savoir ce que nous avons raté aux Trans d'autres années :
et de manière plus générale, ce que nous ratons à ne pas aller aux Trans depuis 1979 :
Sur ce, je retourne écouter le podcast des voix du monde,
qui passe des trucs un peu plus authentiques et rafraichissants, quitte à être taxé d'un altermondialisme naïf, à avoir une street credibility proche de zéro et à être complètement out.
Bizarre , je n'ai pas la même photo de RENNES
RépondreSupprimerNe confonds pas le renne de mer (jeune migrant qui vient tenter sa chance à Douvres après avoir noyé le père noël en traversant la Manche à la nage) avec l'éléphant de mer (farci de corticoïdes et impropre à la consommation)
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