dimanche 13 décembre 2015

Rencontres Trans Musicales de Rennes (2007-2011)

Honteusement repompé de moi (et un peu rebricolé au passage du Temps qui, à l'instar des Passants, fait rien qu'à passer) quand j'écrivais mieux que je ne vivais :
Il y eut une époque lointaine où les Inrockuptibles étaient une somptueuse revue à dos carré, éditant irrégulièrement des CD bourrés de trouvailles musicales, qu'on ne pouvait recevoir que grâce à l'abonnement, et on avait alors l'impression d'entrer dans le Saint des Saints Musicaux et de faire partie des Heureux Elus du Bon Goût et de l'Elegance réunies.
Ce temps n'est plus, il est aussi révolu que le Dead Parrott des Monty Pythons est DCD sur DVD, et il fut sans doute entièrement une fiction issue de la rencontre entre un habile marketing et des aspirations triviales à être branché élitisme et sociétés secrètes (et un peu d'avidité sonique, c'est à dire si je décompose : attrait de la nouveauté + envie d'être ému par des sons plutôt que par des gens, etc...)
Heureusement, tous les ans, le blog musical "Said the gramophone" édite sur le web une grosse compilation très éclectique, et pleine de trouvailles.



C'est grâce à Said the Gramophone que j'ai découvert Tune-Yards ou Avec pas d'casque... et que j'ai pu leur envoyer des sous.
Ils ont de l'oreille et du goût.
Bien que quand on dit ça, ça signifie souvent "ils ont bon goût puisque c'est le même que le mien".

Ma mère avait d'ailleurs trouvé dans une copie de français d'un de ses élèves cette définition radicale de la bêtise : "un con, c'est quelqu'un qui pense pas comme moi".

Bref, cette année avec la compil du Gramophone, vais-je capter un peu de cette beauté, et de cette grâce qui sont rarement distribuées par l'amère Noël, en tout cas pas chez moi depuis que maman est morte et que je n'ai plus goût à grand-chose ?
Sur leurs 100 titres préférés par an, comme il y a du rhapeû et des chanteuses pour filles, je conserve une vingtaine de morceaux dans ma discothèque, et ça ressemble alors à s'y méprendre aux compils des Inrocks de dans l'temps, à condition de ne pas me croiser dans la glace, d'oublier qu'en 1994 on ne pouvait pas écouter de clé USB en voiture, et de m'étonner de ne pas chercher à savoir qui joue quoi (de façon à briller ensuite en société, en oubliant que je n'ai pas d'amis et que je consacre tout mon temps libre à la méditation du Tantra de la Main Gauche), sachant que dans les musiques sélectionnées par Gramofon et refiltrées par moi, c'est surtout l'incarnation sans cesse renouvelée de la jeunesse, de l'émotion (je bannis l'arrogance sonore, ce qui ne fut pas toujours le cas) et des mariages sonores improbables qui vont me ravir l'âme, bref c'est de la créativité, et ça n'appartient à personne sinon au génie de l'espèce humaine qui est ©Dieu, même si une palanquée de sociétés d'avocats américains spécialisées dans le droit théologique s'acharnent à essayer d'en déposer le brevet... et finiront sans doute par y parvenir.

[Edit 2015] : 

J'ai torpillé la base de données des compilations des Trans Musicales dans une caserne d'Alibabio dont je tairai le nom par excès de fausse pudeur maquillée en vantardise.
Comme pour les Inrocks ou le Gramme au Phone, je les ai patiemment et maniaco-dépressivement désossées, écoutées, retriées et recompilées.

Voici déjà les cuvées 2007 et 2011, pour la plus grande joie des auditeurs libres de prendre ce qui leur plait et de laisser le reste.

Des aveugles, des armoires, 
Des Blacks, des Chicanos, 
Des Junkies de soixante-dix, 
Rien que la peau sur les os, 
Des maquerelles, des gourous, 
Des mouchards, des pompistes, 
Des poètes, des marins, 
Des tueurs, des analystes, 
Des chauffeurs syndiqués, 
Des gardiens de cimetière, 
Des laveurs de carreaux, 
Des rouleurs de carrure, 
Des joueurs de go, 
Des ramasseurs d'ordure, 
Tout ce que la ville produit 
De sportif et de sain 
Avait rendez-vous là. 
ELLE ME DIT: ALLEZ VIENS !



 "Nightbird », Bernard Lavilliers - 1981

http://www.mediafire.com/download/m9zgberm9svj1ju/TrRens_2011.zip

http://www.mediafire.com/download/xwsr847xcfkczk1/TransRennes_2007.zip



[Edit 2015/2] :

En allant m’assurer de la validité des liens qui nous unissent à travers les âges, je découvre que la compile Gramophone 2015 est déjà en ligne.
Concerning bedtime, I’m doomed.

6 commentaires:

  1. Mon palpitant s'est un instant affolé en voyant Chris Isaak ! J'ai cru qu'à l'occasion de son nouvel album, réussi de bout en bout, il venait en tournée chez nous.
    On peut toujours y croire.

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  2. ouah. je suis jaloux.
    J'en ai qqs unes des inrocks et des trans mais pas tout...
    Deal ?

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  3. Ta jalousie me fait une belle jambe. Avoir tous ces disques ne m'a jamais octroyé de supplément d'âme. Depuis que j'ai lâché prise, je respire bien mieux. Détourne-toi de ceux qui prétendent avoir la plus grosse (collection de skeuds) sur internet, et qui sont le plus souvent des minus habens de l'existence.
    Et ne compte pas trop sur moi pour regarnir les rayons de ma fnac de contrebande.

    https://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/12/rencontres-trans-musicales-de-rennes.html

    https://jesuisunetombe.blogspot.com/2021/12/quavons-nous-rate-aux-transmusicales-de.html

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  4. Merci de me rappeler mon blocage au stade anal.
    Simplement, la philatélie c moins musical.
    Alors je vais penser à écrire un livre qui s’appellera 'le lâché prise'.
    Bientôt dans le rayon développement personnel de la FNAC.
    Merci sincèrement pour le reste aussi.

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  5. Ce qui m'a aidé à lâcher prise, c'est :
    - d'une part de constater que plus ça va, plus il y a de disques qui sortent, que je n'ai pas écoutés, et que je n'écouterai pas; je ne peux pas passer le reste de ma life à cavaler derrière les nouveautés, alors que tant de pépites gisent dans ma discothèque, inécoutées (et selon ma femme, inécoutables parce que inaudibles)
    - d'autre part de racheter des disques, au coup par coup, plutôt que de blinder mes disques durs, pour sortir du cercle visqueux du manque d'estime de soi engendré par le piratage sans fin.
    - de troisième part, de passer du stade anal au stade nasal, grâce à Ramon Pipin et à sa chanson éponyme.
    https://ramonpipin.bandcamp.com/track/le-stade-nasal

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