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lundi 4 novembre 2024

Qu'avons-nous raté aux Utopiales 2024 ?

Pour changer de la SF j'ai lu de la physique quantique.
Les physiciens sont les moralistes de l’espace-temps.
Ils nous disent où est-ce qu’on a le droit, et quand,
et où est-ce qu'on ne l’a pas (tout le temps).
A part insister sur le fait que les deux piliers
sur lesquels repose notre physique contemporaine
 – relativiste et quantique -
impliquent des visions du monde incompatibles,
il ne s’avance pas trop, le mec.
Je vais relire de la SF.

Il y a dix ans, dévalant la pente fatale du déclinisme à bord d'une planche de surf en acier zingué, je prédisais la mort de la SF.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2014/08/la-mort-de-la-sf.html

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2014/11/la-mort-de-la-sf-iii.html

En fait je ne faisais que paraphraser un article de Télérama que j'avais lu la veille aux cabinets. La SF de quand j'étais p'tit, celle des années 70 avait prédit un avenir plombé qui commençait à éclore, par petits bouts, rendant la littérature d'anticipation et  les cauchemars de l'imaginaire obsolètes; et tous les lecteurs avaient fui vers la fantasy, la bit-lit et les blogs de rendement monétaire. Aujourd'hui que George RR Martin a avoué avoir pompé Game of Thrones sur Les Rois maudits de Maurice Druon, l'engouement pour les tolkieneries recule, et la SF va mieux; de jeunes auteurs m'ont redonné foi en le genre, comme Rich Larson, Adrian Tchaikovsky, Michel Barnier, Ray Nayler. Mais c'est le futur qui semble désormais foutu dans la RRR (Réalité Réelle Ratée). Du coup, comme il n'aura jamais lieu, qu'à la place on aura sans doute droit à survivre misérablement dans une version carabinée du Goût de l'Immortalité de Catherine Dufour, la SF redevient de la science-fiction ! La littérature des trucs qui n'adviendront jamais ! On ne peut pas tout avoir. Alors je suis allé aux Utopiales, avec la place gagnée sur l'extranet de mon entreprise, comme dans un épisode de Black Mirror. J'y suis allé pour brûler en place de grève tous les nouveaux best-sellers de catastrophe climatique (Le ministère du futur, Le déluge) ou pandémique dont nous n'avons vraiment pas besoin vu que nous vivons déjà dedans, mais mes allumettes étaient mouillées par le crachin nantais, alors j'aurais juste bien aimé me faire dédicacer le nouveau livre de Ray Nayler mais sa table ronde au Lieu Unique était blindée de chez blindée, et on est plusieurs dizaines de fans à s'être faits refouler. J'ai acheté le livre et je suis rentré chez moi en bus. Les idées de l'auteur contenues dans l'ouvrage sont plus importantes que d'avoir son autographe dessus.

Sur ce stand on pouvait vivre en immersion 3D dans une projection virtuelle de la Réalité Réelle Ratée, 
mais ça faisait trop peur, je ne me suis pas arrêté.

C'est dommage, j'ai aussi manqué Olivier Ertzscheid, le maitre de conférences en sciences de l'information qui picote et décape sans décapoter.

https://affordance.framasoft.org/2024/10/retour-dutopiales-hyperaffects/

Le problème, aussi, pour les vieux geeks comme moi, c'est que le programme des Utopiales fait 124 pages écrites tout piti, et le temps de s'être correctement informé sur l'ensemble des conférences, des auteurs et des expos, le festival est déjà fini. A de rares exception près, le cinéma de SF persiste à avoir 20 ans de retard sur la littérature de SF, c'est une opinion que j'ai du lire dans Métal Hurlant vers 1978 et qui ne s'est jamais démentie depuis, donc je ne m'intéresse pas à la programmation du festival, pourtant conséquente, j'ai aussi trouvé les expos de cette année indigentes, et je ne recherche que les auteurs et les conférences. Heureusement, certaines tables rondes fleurissent déjà en streaming (le streaming c'est le mal, comme je l'ai compris en regardant Frankenstream, ce monstre qui nous dévore, en streaming sur Arte) comme celle-ci qui portait sur le fait avéré que l'IA va nous ratatiner sur tous les plans, y compris celui de la connerie, où nous sommes quand mêmes réputés costauds.

Qu'il soit utopial ou paranoïde, l'avenir n'est plus ce qu'il était. Comme le disait jadis Gérard Klein sur le forum du cafard cosmique : "J'ai le cafard, et il est cosmique". J’ai aussi retrouvé quelques conférences des éditions précédentes des Utopiales, en attendant de voir émerger celle avec Ray Nayler (ou pas).

2022 :

https://www.actusf.com/detail-d-un-article/utopiales-2022-toutes-les-conf%C3%A9rences

2023 :

https://podcast.ausha.co/les-podcasts-des-utopiales

encore plus fort : je viens de retrouver 2018 dans un de mes vieux articles !

https://www.actusf.com/detail-d-un-article/conferences-utopiales-2018


Rendez-nous les futurs craignos des années 70
à la place du présent tout pourri de maintenant !



jeudi 22 septembre 2022

Philippe Druillet - 30x30 (1981)

En lisant le nouveau Métal Hurlant n°4, qui fait du vieux avec du vieux et redéroule l'historique du glorieux magazine daté de quand le futur c'était demain, je tombe sur cette publicité pour des posters de Philippe Druillet, parue en 1975 dans le numéro 5 de Métal Hurlant canal historique. Il en émane un charme à la fois suranné et inoxydable. Je n'étais pas sensible à l'héroïc fantasy de Druillet, son univers de guerriers hérités de Flaubert et Moorcock, mais j'admirais sa technique, et son goût pour la démesure, qui n'a pas fait d'émules, sinon chez les Japonais. Il n'avait pas son pareil pour nous faire saigner des yeux. Il aurait fallu lui donner Notre-Dame à reconstruire, ou la Sagrada Familia de Gaudi à terminer, ou l'Arbre aux Hérons de Nantes à sauver de la faillite, ça aurait eu de la gueule.

la couverture du 30x30


Le 30x30 édité par les Humanos en 1981 reprend des illustrations des années 60 et 70, mais s'interdit les extraits de ses albums BD de l'époque, Lone Sloane, Délirius, Yragaël, peut-être pour des histoires de droits, je ne sais pas, alors que c'est quand même là que Druillet donnait libre cours à sa démesure.
Le gigantisme pharaonique et la mégalomanie de Druillet en sont cruellement absents. C'est un peu dommage. Si j'arrive à retourner en 1981, je le leur signalerai, aux Humanos.

Salambô par Druillet : une vision rénovée du Pari Mutuel Urbain
(bien qu'auto-repompée sur son poster de 1975)

Les Bâtisseurs du Temple se sont affiliés à la CGT
et viennent négocier leurs heures sup' : ça ne rigole plus.

https://www.mediafire.com/file/9hsa79h2q52yaai/zzDruillet.cbz/file

Gaïl (1978)
Planche de test ophtalmique, avec patient incrusté.

deux interviews récentes de Druillet

dimanche 15 mai 2022

Various Artists - The Expanse - The Collector’s Edition (2019)

une saison en forme de la n'épluchure
de la pomme de terre,
mais qui manque de frite.
- billet d'humeur garanti sans divulgâchage - 

La saison 6 de The Expanse est un naufrage, une tragédie sérielle, et c'est un soulagement de te confier le fardeau de ce calvaire, cher journal psychonautique. Cette ultime saison révèle ainsi son vrai visage de Janus artificiel (Janus, le dieu romain des commencements et des fins,  barbu doté de deux têtes : Holden et son air de thon mazouté, et Big Jim, pardon, Amos, l'autiste stéroïdé asexuel sauf quand il est chaud, et bien sympa quand même, allez), tiraillée qu'était The Expanse entre des trouvailles sympas dans le sous-genre difficile de l'opéra spatial à factions, sous-genre plutôt démocrate que républicain, et les contraintes d'un produit industriel au service de vos soirées télé, tourné surtout dans des boites à fond vert, et engendrant de ce fait une certaine nausée claustrophobique, comme en témoigne le célèbre making-off The Expanse S04E00 avec Kevin Smith qui fait l'andouille sur les plateaux sans dérider les électros chargés de le surveiller pendant que d'autres repeignent le cyclo.




Car comme il est dit en vérité sur le site d'écran large :

Il n'y a plus ici qu'une énumération de péripéties - inhabituellement fades, qui plus est. L'histoire a déserté, et les personnages ont été vidés de leur substance. L'âme de la série est écrasée sous le poids d'un cahier des charges narratif devenu tyrannique. Pas le temps pour les émotions, l'exploration de l'univers, ou de tisser la toile de fond. Non, il faut conclure, et vite, trop vite. (...) Comment expliquer autrement ce choix absolument suicidaire de conclure en six épisodes seulement et donc d'assumer, par là même, de laisser complètement en jachère de nombreux arcs narratifs ? C'est plus de moitié moins de temps que les légendaires saisons 2 et 3 - que nous consacrons d'ailleurs officiellement et donc définitivement comme les meilleures de la série - et les dommages sont aussi inévitables que colossaux. La protomolécule, l'avancée du rêve de Mars, les aliens... tout ce qui n'est pas de l'ordre de la politique de l'espace sera laissé à la discrétion du spectateur et de son imaginaire. La série n'en fait tout simplement pas son affaire, se débarrasse de tout ce qui ne l'aide pas à se débarrasser du cadavre et se tirer au Mexique.

https://www.ecranlarge.com/saisons/critique/1413103-the-expanse-saison-6-critique-achevee-par-amazon

C'est sans doute écrit vite, car il y a deux fois "débarrasse" dans la dernière phrase; mais c'est vrai que le spectateur lucide et conscient ne peut que constater le -Ach ! Zabotache ! des brodugteurs d'Amazon; et quand l'Expansion se contracte, menaçant de toucher les abysses de la fiction spatiale de guerre, les vrais fans souffrent dans leur chair; le space opera est-il un genre maudit, condamné à la médiocrité par les gougnafiers qui tiennent les cordons de la bourse, sauf quand on s'appelle Adrian Tchaikovsky et qu'on sort « Sur la route d’Aldébaran » dans l’excellente collection "Une heure-lumière" ? ou Grant Morrison et qu'on sort "Nameless? mais on n'est évidemment pas soumis aux mêmes contraintes gravitationnelles , hein ?

Comme un grand bruit de casse-noisettes,
mais version horreur cosmique
(lunettes 3D non incluses)
The Expanse n'étant pas protégée des catastrophes industrielles par des amulettes magiques, sombre donc dans le moins-disant narratif, l'émotion cucul-la-praloche et le vidéogame bas de gamme, tendance jeu de tir à la première personne (FPS) plutôt que massivement multijoueurs (MMORPG, ce qui dans la bouche d'un Ceinturien est une insulte argotique assez grave), alors qu'elle s'était tenue à peu près en équilibre sur le fil du rasoir pendant les 5 saisons précédentes, avec des choses bonnes, et d'autres moins bonnes, mais là, c'est la Bérézina, pardon le Dniepr. 
La subtilité a été bannie, au profit de la grosse artillerie. C'était bien la peine d'exétruquer en fin de saison 5 un personnage clé du clergé séculier de la série de façon aussi minable, sous prétexte que l'acteur qui l'incarnait était accusé de harcèlement par je ne sais quelle greluche extraterrestre, pour ouvrir ensuite une telle boucherie-charcuterie des espoirs déçus d'une sortie de crise sérielle par le haut. Les vrais enjeux sont piétinés, au profit des à-côtés, du petit folklore antiterroriste et émotionnel sur lequel on s'est déjà appesantis plus que nécessaire, c'est bon, on le sait, que Marco Inaros se prend pour le Fabrice Drouel des opprimés, on va pas faire Nantes-Bételgeuse là-dessus. Le seul avantage de cette saison 6, c'est qu'elle ne compte que 6 épisodes, comme ça on est plus vite couchés. 
édition Gros conlector's en vynile expansé, avec des photos suggestives de Roberta Draper 
dans le livret tiré à part et à compte d'auteur sur du vélin de protomolécule (330 g/m2)

D'ailleurs, quand on voit la pochette du disque des musiques entendues dans la série (version Collectionneur, s'il vous plait) qui est tout ce qu'il nous reste pour nous consoler, on se dit "ah oui tiens, Julie Mao et la protomolécule, ça c'é'tait l'bon temps, crévindiou de Belta fuckin' lowda." C'est maigre : il y a la belter version (je suppute le jeu de mots enchâssé dans l'expression) de Highway Star de Deep Purple, qui accompagnait la meilleure scène de la saison 3, la chanson de Hank Williams "I'm So Lonesome I Could Cry" que Alex écoute en boucle quand il est de garde pendant ses quarts de nuit sur le Rocinante, et quelques curiosités orientalisantes, en plus du tout-venant des hymnes testostéronés issus de la bande originale composée par Clinton Shorter pas trop mal réussis. 
C'est très écoutable, en fait. Par contre, pour trouver qui a enregistré quoi sur ce florilège de musiques d'astronefs, faut carrément aller sur discogs pour assouvir notre curiosité légitime mais maladive de geek enfermé au 33_ème niveau des sous-sols d'une Tour de La défense, c'est une honte. D'après les crédits, ce sont surtout des ingénieurs du çon travaillant sur la série qui se sont amusés à réaliser les versions de chansons plus ou moins connues pour répondre aux besoins spécifiques de la fiction. L'humour étant aussi raréfié dans The Ex que les molécules d'oxygène dans le vide spatial, profitons-en.

Achevons de noyer le bébé avec l'eau du bain : le meilleur de The Expanse, finalement, c'est le générique, parce qu'il reste mystérieux. En matière de séries SF, faites-moi goûter Infiniti, Outer Range ou Station Eleven, mais ne me parlez plus de The EX. On est fâchés.

https://download-soundtracks.com/television-soundtracks/the-expanse-the-collectors-sounndtrack/

jeudi 28 avril 2022

[Repost] Métal Hurlant #11 à 20 (1976/78)

mer. 26 sept.
Entre la mort de Métal Hurlant (je me désintéresse de la revue vers 1983, et à moyen terme, elle ne s'en remet pas) et la découverte d'un comic book qui ne parlait pas de superhéros (Blood par JM de Matteis et Kent Williams, dans le grenier de chez Ptiluc, vers 1998) il se passe 15 ans, 15 ans à apprendre à vivre sans drogue métallique ! 

jeu. 28 avr.
Il est pas mal, finalement, le Nouveau Métal Hurlant n°2 dont j'ai dit du mal sans l'avoir lu. Mais il est entièrement constitué de rediffusions du Vieux Métal Hurlant, agrémentées de notules biographiques et de souvenirs rédactionnels de ceux qui l'avaient conçu; ça fait bizarre d'assister à un tel revival, on a l'impression d'en avoir oublié de mourir à temps (pour pouvoir renaitre, en tout cas pour ceux qui y aspirent, parce qu'à force de tourner comme un hamster décérébré dans la roue du samsara, on peut légitimement aspirer à l'extinction sans rébellion). Voici donc les numéros suivant ceux qui les précèdèrent.


les précédents numéros rediffusés, en léger différé des années 70 :

attention à l'effet "machine à voyager dans le temps", dont les effets secondaires sont imprévisibles, mais qui peuvent laisser légèrement nauséeux.

Ce monsieur Soulcié n'est remonté que jusqu'aux présidentielles 2002
sur sa pétrolette temporelle, c'est pour ça qu'il est un peu pas bien.




mardi 8 mars 2022

[Repost] Metal Hurlant #6 à 10 (1976)

Une erreur s'est glissée dans l'illustration :
c'est la couverture de Metal #15
mer. 26 août

http://www.megaupload.com/?d=IQDTGBEG
(attention, ne clique pas, ça fait longtemps que ce lien est obsolète, tu risques d'être redirigé vers Russia Today, toujours accessible par ordi alors qu'il ne l'est plus sur smartphone. C'est ça, la dictature numérique. Joe Staline reviendrait, il ne serait pas content.)



lun. 7 mars

Souvenez-vous. C'était hier. En 1976, Métal Hurlant est interdit aux mineurs, et en même temps devient mensuel. 
Dans un numéro de Métal hurlant, une drôle de signature est apparue. Celle d’un certain Joe Staline. Les lecteurs se sont interrogés. Qui est ce mystérieux Joe Staline ? Philippe Manœuvre ? Jean-Pierre Dionnet ? Un autre journaliste de Métal ? Un pseudonyme collectif que chacun peut emprunter à sa guise ? Nous n’avons jamais révélé son identité. Joe Staline est resté un inconnu célèbre, un mystère vivant, un éternel point d’interrogation. Je crois que l’heure est venue de lever le voile. Joe Staline, c’était moi. Enfin, la plupart du temps, à hauteur de 80 %. Dans 10 % des cas, c’était Manœuvre, et les 10 % restants se partageaient entre d’autres rédacteurs ou dessinateurs, comme Luc Cornillon. L’idée d’utiliser ce pseudo m’est venue en feuilletant un livre intitulé Joseph Staline, ma vie secrète, écrit par Alain Paucard, l’un des collaborateurs de Métal. Je l’avais déniché dans la librairie de celui-ci, un authentique repaire de gauchistes. Sur Internet, quelqu’un que je ne connais pas se fait passer pour ce bon vieux Joe en signant « Jo Staline », sans « e ». Méfiez-vous des imitations. C’est un faux, un fake, un imposteur, un usurpateur. Il n’y a qu’un seul et unique Joe Staline.
Joe Staline était un autre moi. C’était mon garde-fou, celui qui me ramenait dans le droit chemin quand je m’égarais. C’était mon ange gardien, ou plutôt mon petit diablotin. Comme dans les dessins animés de Tex Avery, où l’on voit le loup entouré de deux démons qui lui indiquent la marche à suivre, et le pauvre loup ne sait pas quoi faire, on le sent perdu, tiraillé entre deux injonctions contradictoires. Joe Staline écrivait des choses que je ne pouvais pas me permettre d’écrire. Il était sévère avec moi. Il critiquait mes choix éditoriaux et mes lubies du moment. À Métal, j’avais choisi de ne pas avoir d’idéologie précise. Chacun était libre de dire, d’écrire et de dessiner ce qu’il pensait afin d’exprimer sa vision du monde. Je ne censurais personne, par conviction et par intérêt, car je tenais à ce que le journal accueille toutes les expressions. Il n’y avait que deux sujets tabous : l’antisémitisme et la pédophilie. Pour le reste, je laissais faire, même si je n’étais pas toujours d’accord. Joe Staline pouvait être réactionnaire. Quand on lui en faisait le reproche, il répondait par l’une de ses maximes favorites, selon laquelle « les avions à réaction avancent plus vite que les avions à hélices ». Il était beaucoup plus intelligent que moi. Il me servait à défendre un disque ou un livre que je ne pouvais pas défendre sous mon nom, car je me serais trouvé en contradiction avec un autre de mes articles. Il pouvait dire n’importe quoi, professer les idées les plus subtiles comme les pires stupidités. Il était l’enfant naturel de Léon Bloy et de Jules Barbey d’Aurevilly. Son esprit volait bien plus haut que le mien.
Mes moires, un pont sur les étoiles by Jean-Pierre Dionnet




La Russie est redevenue l'URSS, c'est normal que Métal reparaisse.
Reviens, Joe, ils sont devenus fous. 

jeudi 23 décembre 2021

Sur la Platine de Schnock Vol. 1 (2014)

La réclame :

SCHNOCK, « la revue des vieux de 27 à 87 ans », présente son hit-parade des trésors incandescents et des pépites oubliées de la variété française des années 1970 et 1980.
Retrouvez dans un coffret 2-CDs de 42 titres les succès et les plages méconnues de Christophe, Jacques Dutronc, Eddy Mitchell, Véronique Sanson, Bernard Lavilliers, Françoise Hardy, Michel Sardou, Sheila, Hugues Aufray, Jacques Higelin et bien d'autres ! Egalement inclus, des titres cultes enregistrés par Il était une fois, Yves Simon, Michel Fugain et une sélection de quelques valeureux soldats inconnus de la chanson française psyché-pop (Faust 72, Nanette Workman, Le système Crapoutchik, Blue Vamp...).


tous les détails en pages extérieures :




... et le double CD dans son étui de velours lourd :

lundi 29 novembre 2021

Une interview de Jodorowsky à propos de Dune (1976)

Emoustillante interview d'Alexandro Jodorowsky à propos de son adaptation du roman "Dune" parue dans Rock&Folk n° 112, au joli mois de mai 1976, peu avant de démarrer le tournage. D'après l'intéressé, en tout cas.
N'aie pas peur de cliquer sur les images pour les agrandir.
Le mieux, c'est de les télécharger, sinon ça pique les yeux.
Merci à JM pour les scans ! c'est épatant !



 [Hé, DITeS] 
 du 9/12/21

en complément de programme, un excellent article sur le Dune "infilmable" de Jodo, pourquoi, comment.

vendredi 26 novembre 2021

Acier Couinant , c'était mieux avant

Dans le premier numéro de la nouvelle mouture du riboute d'Acier Couinant, Denis Villeneuve proclame fièrement dès la page 3 : "Je suis un enfant de Acier Couinant".
Allons bon. C'était bien la peine de faire tout ce tintouin pour produire une bouse mainstream comme Dune. En plus, quand on a Charlotte Rampling au casting, on lui met pas un filet à provisions sur la tête, ça manque un peu de classe.

Après le naufrage de Dune, Charlotte Rempile pour la couve du nouveau Métal, 
mais elle a habilement négocié des lunettes de punk à la place du filet à provisions.
Et puis d'abord, moi aussi je suis un enfant de Acier Couinant, moi aussi j'ai fait des films de SF boudés par la critique mais acclamés du public (250 millions d'entrées selon alluciné, 3 selon Google Keufs Ads), et je fais chier personne avec. 
Pourtant, ma trilogie de SF post-apo a marqué les esprits, en tout cas le mien, sans doute du fait qu'elle est composée de 4 films :
sans parler de mon auto-interview exclusivement accordée à moi-même à l'époque de la non-sortie des films en question, qui a fait grand bruit dans le Landerneau des blogs hyper-secrets

Sur son blog de ouf, le dessinateur Li-An lance ce cri déchirant auquel je m'associe :
Où es-tu Acier, Acier Couinant ?
Comme je l'ai dit chez lui sous une fausse identité aussi usurpée que la ressortie de Métal Hurlant sous son vrai nom alors qu'il est mort et bien mort, cette nouvelle version du magazine de notre adolescence enfouie était obsolète avant même la parution du numéro 1, puisque le pire de la SF des années 70 (Dick, Andrevon, Brunner, Zemmour, Véran) est déjà en train de se réaliser sous nos yeux. 

Le vrai Métal Hurlant, c'était autre chose
(ça sent la couverture de Beb Deum)
De plus, ce nouvel avatar autoproclamé de la machine à rêver manque cruellement de nanas à gros seins, d'astronefs scintillants et d'extra-terrestres aussi fourbes que les Chinois, les enfants illégitimes de Corben, Druillet et Moebius étant bien en dessous de leurs géniteurs, et la cohorte de délateurs #Metoo interdisant désormais à cette génération d'artistes émasculés de dessiner le moindre nichon  en dehors des revues spécialisées qui ne pensent qu'à ça.
Et puis, le moule est cassé ; l’époque est à autre chose. Rien que d’y penser, je deviendrais moi-même décliniste, alors que ma collection d'Acier Couinant se décompose silencieusement dans une armoire du garage.

C’est la partie BD qui ne fait pas le poids, mais qui ne demande qu'à s'étoffer. Mon astuce du jour : il faut rappeler Jean-Pierre Dionnet, Phil Manoeuvre et surtout Joe Staline au comité de rédaction ! 
Où es-tu Acier, Acier Couinant ?
Tu n'es certes pas très présent dans ta pâle réplique, ce fac-similé d'un fuck simulé, mais c'est pas grave, car aujourd'hui tu es partout : dans les statistiques de la pandémie, dans la série Black Mirror, dans les comics de chez Image, dans les photos introuvables de Richard Kadrey que je n'ai d'ailleurs pas retrouvées... et puis quand on n'est pas en acier, faut pas couiner sur le passé, sinon on rouille, car la nostalgie est une fuite et le seul plombier compétent s'appelait Harry Buttle Tuttle et il a été avalé tout cru par des vieux journaux dans le Brazil de Terry Gilliam, un film encore plus Acier Couinant® que le vrai.
Comme quoi le futur d'Acier Couinant, c'est déjà du passé.

[EDIT]

Le pire de Moebius revisité
aux petits oignons (including mushrooms)
Sauf pour quelques héritiers sauvages de la pensée métallique comme 
- Aleš Kot quand il est en forme
- les aliens enfumés ayant accouché du Midnight Gospel
ou encore l'ultime fascicule du Decorum de Jonathan Hickman et Mike Huddleston, sorti hier en v.o, et qui aurait eu sa place ici, en digne héritier d'Acier Couinant, malheureusement nous n'avons plus le temps d'en causer.

lundi 21 décembre 2020

Collectif - Revue Galaxie (1953-1977)

Galaxie est un magazine français de science-fiction édité d'abord par la maison Nuit et Jour de 1953 à 1959, puis par la maison Opta, de 1964 à 1977.

- Ne mange pas ça ! 
Ca va nous rendre tous les deux malades !

La première série, de novembre 1953 à avril 1959, a comporté 65 numéros. Elle éditait des nouvelles, des romans à suivre et une rubrique sur les OVNI. On y publiait tant des auteurs anglo-saxons (dans des versions traduites parfois très librement, voire carrément remaniées) que des romanciers français qui se firent connaître par ailleurs dans la collection Fleuve Noir Anticipation.

-Connard de Terrien ! Tu te crois dans The Expanse ?
- Désolé, quand j'ai fait mon créneau, votre Whurg était dans l'angle mort.
Ecoutez, je suis à la Macif, vous serez bien indemnisé. 
 
La deuxième série, de mai 1964 à août 1977, a comporté 158 numéros (le numéro d'août/septembre 1975 étant numérotée 135/136). Les rédacteurs en chef ont été Alain Dorémieux pour les numéros 1 à 67 (de mai 1964 à décembre 1969), puis Michel Demuth pour les numéros 68 à 158 (de janvier 1970 à septembre 1977). On y trouvait tant des nouvelles que des romans à suivre, tant des classiques que des auteurs récents, et quelques nouvelles d'auteurs français.

La date de la fin du monde a été mise à jour depuis.
 
À partir de 1966, parallèlement à ce magazine, fut publiée une collection d'ouvrages de science-fiction, Galaxie-bis, qui a compris jusqu'à 148 volumes, chaque volume comprenant un roman et une ou plusieurs nouvelles, du moins jusqu'au numéro 55. La numérotation était double (jusqu'au numéro 56), comprenant le numéro en cours de la revue Galaxie bissé et un numéro d'ordre de Galaxie-bis.
Saperlotte !
De la Berdouille !



Combien cet envoi contient-il de numéros de la défunte revue ? 
deux cent vingt-deux.
Soit bien plus que vous ne pourrez en lire au cours de ce qu'il vous reste à vivre.

samedi 19 décembre 2020

Caza - Sanguine (1976)

La BD de SF, c'était mieux avant. C'est à ce type d'assertion qu'on peut mesurer le vieillissement du tissu cérébral du locuteur. Prenez Caza, par exemple, qui n'a pas eu le succès auquel je le croyais destiné. Pourtant, il dessinait les filles toutes nues mieux que Corben. Je veux dire que ses connaissances en anatomie humaine n'interdisaient pas une certaine sensualité, là où Corben préférait l'hypertrophie, confinant au grotesque. Et ses idées SF semblaient moins basées sur une alimentation carnée.
Vous irez lire le reste dans son wiki.


J'ai repensé à lui en retombant récemment sur les recueils "Scènes de la vie de banlieue" prépubliés dans Pilote et parus chez Dargaud un peu avant Jean-Christophe.
La petite histoire que nous vous proposons ce soir a mieux résisté au temps, d'une part parce qu'en 1976, le dessinateur, progressivement délivré des hachures à à la Moebius / Bilal qui était le must de l'époque, s'est dirigé vers une technique très spectaculaire, d'autre part parce que l'inspiration est du côté du conte et de la mythologie. Et de troisième part parce que l'érotisme est immortel, en tout cas beaucoup moins périssable que les dystopies libertaires imaginées par Caza dans Pilote. C'est en regardant trottiner la jeune Béatrice Dalle sur la plage de Palavas-les-Flots que Caza lui propose ce galop d'essai, qu'elle finit par accepter eu égard à ses sympathies pour ce qu'on n'appelle pas encore l'islamo-gauchisme, dont Caza est  à l'époque un des porte-drapeaux les plus flamboyants. Il la présentera ensuite à Jean-Jacques Beineix, et elle sera perdue à jamais pour la BD de SF vintage.  











samedi 5 décembre 2020

Pompidou est mort : Arborescence simplifiée des thèmes de la Science-fiction (2020)

La mort de John Pompidou, un grand article de Georges Warsen
dans un immense quotidien de gauche plurielle
Pompidou est mort. 
Depuis au moins trois jours, apparemment, mais j'étais occupé ailleurs. C'est ce matin, en ouvrant mon cyber-journal, que j'ai appris la nouvelle; ça m'a fait un petit pincement au coeur : c'était un amateur discret de science-fiction vintage, avant tout friand de dystopies un peu tordues. Pour le Black Friday, Rakuten consent 15% de rabais sur le numéro de l'Humanité qui s'en fait des georges chaudes, même si elles ont refroidi depuis.
15 % ? Les affaires reprennent. 
La France sort du rouge. 
En 1973, Pompidou avait dit « A chacun ses ennuis. Nixon a l’affaire du Watergate, et moi je vais mourir. » C'était prophétique. Pompidou est mort, mais il aura pris son temps, finalement. C'est bien. Il faut toujours prendre son temps, pour les trucs importants, comme mourir. 

La CIA avait fait analyser ses urines lors de son voyage en Islande, pour connaître sa maladie. Elle avait un nom affreusement boche : La maladie de Waldenström, une variété de lymphome assez rare. Et moi qui croyais quand j'étais petit que c'était le cancer du tabac, vu qu'il avait toujours la clope au bec. On est mal-comprenant, quand on est petit, mais on a souvent une grande sensibilité. Et quand on est grand, on est désinformé, et la sensibilité s'est fait la malle.
L'air de rien, ou presque, Pompidou se battait contre la maladie depuis plus de cinquante trois ans. Je vais faire comme lui, et rester discret sur la mienne, mon immunothérapie se passe bien, bien que ce soit un peu chronophage tous ces examens à l'hôpital de jour, et que le traitement commence à me fatiguer (fébrilité, courbatures, envie de raconter des fictions expérimentales sur internet) 
Son épitaphe a été composée avec soin, juste après son élection à la présidence : « Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, je souhaiterais que les historiens n'aient pas trop de choses à dire sur mon mandat ». Parlons-en quand même un peu : avoir gouverné de 1969 à 2020, être parvenu à bidouiller la Constitution pour être réélu 11 fois d'affilée, et mourir à 109 ans sans avoir lâché le manche du pouvoir, chapeau l'artiste.

Son dauphin, candidat à la succession au Trône (passé à la Paille de Fer pour d'évidentes raisons d'hygiène) a promis la paix et la sécurité. Mais il a déjà 94 ans, je me demande si cette dérive gérontocratique n'est pas inquiétante pour la liberté. On verra bien.
Si vous vivez dans un univers parallèle où c'est Giscard qui vient de mourir, je ne peux pas grand chose pour vous. Si nos mondes respectifs étaient obliques, on pourrait s'y croiser, même fugacement, aux marées d'équinoxe temporelles, mais parallèles, franchement, je vois pas comment faire mentir les lois de la géométrie, incapables de se trahir elles-mêmes, au contraire de beaucoup d'hommes politiques. 
Bon, on s'en fiche, c'est pas du tout de ça dont je voulais parler. J'ai découvert dans l'exemplaire papier du numéro hors série Avril-mai 2020 de Socialter, diffusé sur un blog parallèle à celui-ci sans espoir de le rencontrer un jour même en roulant à donf et à contresens sur l'autoroute de Tenet avec Christopher Nolan à la place du mort, une Arborescence simplifiée des thèmes de la Science-fiction qui m'a beaucoup plu; l'inconvénient c'est qu'il faut une grande souplesse des cervicales pour en profiter, vu que les thématiques sont développées à l'horizontale, et les ouvrages référencés à la verticale; à moins de faire pivoter votre écran plat à la place de votre nuque, auquel cas je vous encourage à prévoir une bonne séance de kiné ensuite, pour remettre les pixels du plasma dans le bon sens de l'endroit.


Il y a une autre solution c'est de le diffuser dans les deux sens de lecture.
N'ayez pas peur de cliquer, ce n'est pas sale.



Et il y en a une troisième, qui consiste à acheter la revue, en tous points remarquable.
ah non, ça c'est pour commander le prochain hors série.
Voilà. Merci de votre attention. 
Pompidou est mort, vive Pompidou.
Il n'est jamais trop tôt pour mesurer ce qu'on a perdu, surtout après 51 ans d'un régime autocratique plutôt cool. 
En tout cas ça aurait pu être pire. Largement pire.
Je vais soigner ma mélancolie en reclassant ma collection de timbres.



vendredi 4 décembre 2020

Collectif - Univers: Anthologie de Science Fiction (1975-1990)

Univers est un magazine de science-fiction français initialement dirigé par Jacques Sadoul et Yves Frémion, dont la parution s'échelonne de 1975 à 1990 aux éditions J'ai lu, d'abord sous forme trimestrielle, puis annuelle.
Sous sa forme trimestrielle, Univers connaît 19 numéros, parus de juin 1975 à décembre 1979. Jacques Sadoul, qui est déjà, à l'époque, responsable de la collection de science-fiction au format de poche chez J'ai lu désirait présenter des textes des « tendances les plus contemporaines » de la science-fiction américaine. Il confie le rôle de rédacteur en chef à Yves Frémion.
Par la suite, une revue annuelle voit le jour. 
Son appellation est toujours en fonction de l'année de publication, ainsi le numéro sorti en 1980 est titré Univers 1980, celui sorti en 1981 devient Univers 1981, etc.



En principe, une femme à poil, 
ça fait vendre.
C'est peu dire que j'ai violemment halluciné en découvrant les « tendances les plus contemporaines » de la science-fiction, même si la plupart des textes me passaient largement au dessus de la tête. Yves Frémion était un cyber-subversif bien avant l'invention d'Internet.

Nombre de livres : 30
Format : ePub
Taille totale : 23,2Mo


la notice d'utilisation :
https://www.noosfere.org/livres/serie.asp?numserie=2649

le container plombé par les livres qui sont dedans :
http://www.mediafire.com/file/p9danlz86fshlee/Univers.zip/file