jeudi 31 décembre 2020

Entre ici, 2021 !

allo... Houston ?
on a un problème avec 2021. Personne ne semble décidé à l’affronter. J'ai eu beau flinguer 2020, qui n'en finit pas de mourir, mon copain président du gRRR (groupe de Réalité Réelle Ratée) saute directement vers 2022…
et j'ai un autre pote, d’habitude raisonnable, qui se pique d’astrologie, et qui pré-voit une grosse perturbation pour janvier 2021. Pas dans le bon sens. Mais ce n’est peut-être que Trump barricadé à la White House avec une kalash, se faisant une fin à la Pacino dans Scarface. Je vais quand même retourner acheter du cassoulet en boite, et imprimer quelques dérogations d’avance.

On sait pas de quoi Micron et Castette sont capables. Et de toutes façons, ça sent la troisième vague, et donc la reconfination. Comique de répétition. D'autant plus que le cassoulet en boite donne des gaz. C'est hilarant, en principe, à condition d'être enfermé avec des gens qui en ont aussi mangé. A part ça, moi, en tant que bipolaire alcoolique fumeur abstinent obsédé sexuel blacklisté cancéreux avec des acouphènes dans l’oreille droite comme si j’étais allé voir AC/DC hier, je n’ai rien à reprocher à priori à 2021, à qui je transmets mes voeux sincères et chaleureux d’épanouissement personnel, mais si l’année nouvelle pouvait éviter de m’épiler les poils du cul à la perceuse avec une mèche de 12 comme sa grande soeur 2020, ça serait pas du luxe. 

Mais ça fait un peu mauvais esprit, et le mauvais esprit, il ne faut l'utiliser qu'à bon escient. C'est une question de dosage. Xavier Gorce fait ça bien, mais c'est Xavier Gorce. Heureusement que Warsen n'existe pas, sinon sous forme auto-fictionnelle jaillie de mon cerveau malade, sinon il serait invendable, et me resterait sur les bras. Pour rester dans le mauvais esprit avec erreur sur le dosage, si on a de la chance, j’aurai pas à attendre jusqu’à 2045 pour voir la planète mettre fin à son expérience la plus embarassante : nous. Alors j’ai fait une version un peu chargée de ma carte de vieux. Pourtant, hier après-midi, je suis allé à l’hôpital de jour communier au pembrolizumab, c'était peut-être pas la peine d’en rajouter. Ca risque de passer pour de l'acharnement très peu thérapeutique.



Je ne peux pas prétendre avoir beaucoup évolué spirituellement en 2020, mais pour éviter de sombrer dans le calimérisme et de me radicaliser sur internet encore plus que je ne le fais déjà, je dois bien reconnaitre que cette année, il m'est arrivé des trucs intéressants et inédits. Et des trucs assez cools à mes gosses. Donc faut pas être trop gourmand non plus.
On va pas passer le réveillon là-dessus, sinon ça va finir au blog opératoire.
Alors j'en demande pardon d'avance à Malraux, mais je veux pouvoir déclamer avec les autres :
"Entre ici, 2021, avec ton terrible cortège !"

mardi 29 décembre 2020

True Detective Season 1 Soundtrack (2014)

"Touche l'obscurité et elle te touchera en retour"
Et Nietzsche, y se touche ses droits d'auteur ?
Quand on a apprécié un film, des fois on a envie de le revoir, et pourquoi pas, c'est légitime, quitte a être déçu après-coup, si ses traits se sont un peu empâtés, ou qu'il radote comme un vieil ami dont on aurait oublié la VHS sur l'étagère et qui se serait démagnétisé avec le temps(1), mais on lui pardonne, comme on pardonne aux vieux amis de n'être pas devenus les génies méconnus qu'ils portaient pourtant en germe, hier encore, sur les bancs de la communale.
Si la même fantaisie nous prend concernant les séries télé qui ont bercé notre âge mûr, l'entreprise sera plus laborieuse, mais la déception plus longue en bouche. Or, 2020 n'a-t-il pas déjà battu tous nos espoirs en matière de déception, nous qui sommes pourtant membres fondateurs du  gRRR, le désormais mythique groupe de Réalité Réelle Ratée ? Ne sommes-nous pas en droit d'exiger le remboursement de toutes les cartes de voeux reçues en début d'année, qui nous voient finir celle-ci en fâcheuse posture dans différents domaines de notre vie, sans présumer de la teneur de celles qui vont s'accumuler dans nous poubelles d'ici à peine huit jours ?  et quelles déconvenues supplémentaires pourrions-nous craindre encore ?
C'est pourquoi j'ai revu récemment la saison 1 de True Detective (2014), j'ai eu très beau temps, et ça vieillit bien. Mieux que moi, en tout cas, même si c'est pas un critère. 
C'est normal, c'est du southern noir. 
Alors que moi je suis du norouest blanc. 
Blanchâtre, même, puisque je ne peux même plus aller au soleil sans risquer d'attraper des mélanomes supplémentaires.

Ne jamais sortir sans chapeau sous le chaud soleil de Louisiane.
Sinon ça fait ça. Même si on ne se beurre cajun.
Et pourtant, True Detective, ça ne tient que par la performance des incarnants. Matthew McConaughey, en particulier, défie les lois de la gravité, au propre comme au figuré, quand il déclame ses monologues effondrophiles, comme le relève un ami, quelque part dans cette remarquable chronique écrite sous terre nouar :

« Je crois que la conscience humaine est une tragique erreur de l’évolution. Nous sommes devenus trop conscients de nous-mêmes. […] Nous sommes piégés dans l’illusion d’avoir notre propre personnalité. Cet accroissement des sens, de l’expérience et des sentiments nous convainc que chacun d’entre nous est quelqu’un. Alors qu’en fait, tout le monde n’est personne. »
 
"C’est assez amusant de voir combien le cinéma ou la télévision ne permettent pas de transmettre un message fin. J’ai eu beau voir la série, ce dialogue m’est passé complètement à travers. Par contre à la lecture, immédiatement l’énoncé philosophique saute aux yeux. C’est que dans un film, le personnage passe d’abord : tout ce qu’il peut raconter n’a pas d’autre sens que de permettre de le décrire, ou plutôt de le circonscrire, de le discriminer du reste du contexte. Là, ça signifie 1) d’un point de vue rationnel, que le gars est désespéré et pense trop ; 2) d’un point de vue sensible, qu’il a peut-être vécu des trucs inhabituels à l’origine de sa vision anormalement relative - ce qui laisse grand ouvert le portail fantastique. Mais le contenu, finalement le spectateur TV s’en fout.
- Attention, ton propos pourrait servir à justifier qu'on lui serve des trucs pas bons, au téléspectateur, qu’on le fasse manger liquide, puisqu'il ne peut pas garder grand chose. Le personnage qui s'exprime comme s'il avait été mordu par un Sloterdijk est surchargé sur le plan littéraire, mais ça lui assure une connivence instantanée des vieux geeks nietzschéens ayant trop inhalé de Cioran-19 dans leur jeunesse. Les monologues de Rust Cohle sont désopilants une fois couchés sur papier, mais faut voir combien Matthew McConaughey les incarne comme si c’était du Shakespeare. C’est uniquement pour ça que j’ai voulu revoir la série, d’ailleurs la résolution de l'enquête n’a rien de particulièrement original, il y a des trous de ver dans l’intrigue, des simagrées spatio-temporelles, une empathie improbable entre les deux inspecteurs, mais si tu es sensible à leur amitié, tu pardonnes tout le reste. Ou alors je suis en train de virer LGBTQIA+, mais mon historique internet apporte un démenti cinglant à cette thèse. (note du traducteur : ce dialogue remonte à quelques semaines, mon historique internet va bien mieux depuis, féérie de Noël oblige)
- A propos de ce contenu, au premier regard j’ai cru à du nolanisme (cette théorie des Grands Hérésiarques Nolan qui soutient que ni la conscience ni la vie ne sont). Mais au second coup d’œil, je me rends compte que ça ne va pas péter si loin, c’est juste une sorte de bouddhisme darwinien, où les termes tragique, erreur, piégé jouent leur drama queen et contredisent ce qui est avancé.
- Avancé à plus d’un titre : Rust, qui se prend pour de la viande en sursis qui pense, est périmé depuis la mort de sa fille, la destruction conséquente de son couple, et c’est par une filouterie scénaristique qu’il tient encore debout, il n’a plus de vital en lui depuis longtemps. Magie de la fiction, au mépris de la neuro-physiologie."

Si on n'a pas le temps de revoir la série, on peut se contenter du générique, malicieux diaporama avec key mask (comme on disait dans le temps des régies de trucage vidéo : deux images sont fusionnées par le biais de la forme d'une troisième, qui sert uniquement de découpe externe) qui concentre les obsessions développées dans le scénario, conçu au départ comme un roman, finalement décliné en mini-série, pour la plus grande joie des petits et des grands amateurs de conspirations policières aussi fumeuses qu'alambiquées. 

https://antibody.tv/works/true-detective/

Et la musique ? hé bien, il ne faudrait pas confondre la compilation anthologique qui ponctue la dramaturgie de la série
http://download-soundtracks.com/television-soundtracks/true-detective-soundtrack-unofficial/
avec la musique originale composée par T-Bone Burnett

d'une réjouissante noirceur
voire même carrément d'une lugubrité contaminante pour les soirs de réveillon covidés
et qui n'a rien a envier aux lovecrafteries soniques les plus éhontées

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(1)Si BASF-France assure qu’un enregistrement stocké dans de bonnes conditions pourrait se conserver deux cents ans et subir 1500 passages sans s’en trouver affecté, le pronostic du responsable technique des archives de la Vidéothèque de Paris, est beaucoup plus réservé : « Je doute que l’on puisse retrouver, après cinquante ou soixante ans, la qualité d’origine. On le constate d’ailleurs sur des bandes 2 pouces de quinze à vingt ans d’âge que l’on récupère pour en faire des copies, où l’image tend à disparaître. On a du mal à les relire. Si le document a une valeur historique, on tente un « nettoyage » de la bande, c’est-à-dire de prendre les parties les plus intéressantes, de garder également les sons, et éventuellement de choisir une bonne image et de la figer pendant quelques secondes, en laissant courir le son de manière à conserver le synchronisme. Tous s’accordent cependant à reconnaître que la durée de vie d’un enregistrement dépend étroitement des conditions d’utilisation et de stockage des cassettes. Il convient donc de respecter quelques règles, si simples qu’on ne cesse de les oublier, et dont l’intérêt ne peut se mesurer qu’à long terme.
Toute la difficulté de l’enregistrement de signaux vidéo provient de leur fréquence élevée. En dépit de l’utilisation de têtes rotatives, les longueurs d’onde inscrites sur la bande restent courtes, et les particules de polarité magnétique différente ont tendance à se démagnétiser mutuellement en raison de leur proximité. Fort heureusement, la relecture d’anciennes bandes-étalon, archivées dans de bonnes conditions, montre que les conséquences de ce phénomène restent assez limitées.
Plus graves sont, en revanche, les effets des champs magnétiques parasites qui peuvent accidentellement altérer la magnétisation des particules de la bande et provoquer une diminution du rapport signal/bruit ou des pertes d’informations.
Un enregistrement peut-être endommagé par la proximité même momentanée d’un haut-parleur, mais également par le rayonnement électro-magnétique des transformateurs présents dans les appareils électroniques. Il faut donc éviter de poser une cassette sur une enceinte acoustique ou sur le coffret d’un magnétoscope.
Notons que la cassette vidéo 8 mm se trouve largement avantagée sur ce point puisque son enduit magnétique, composé de fines particules de fer pur, est moins sensible aux champs magnétiques parasites que celui des cassettes au dioxyde de chrome ou à l’oxyde de fer.

Plagiat manifeste de l'effet phare "key mask" du générique.
Que fait la police ? elle tousse dans son coude.

lundi 28 décembre 2020

Motorhead - Ace of Spades (Single) (1980)

Il existe au moins un single de Motorhead qui me permet de me joindre à Lemmy K. et sa bande de Pires Noëls pour vous souhaiter une bonne fin damnée.





dimanche 27 décembre 2020

Jeff Jones - Idyl (1975)

Il y a quelques mois années j’ai commencé à feuilleter tout Charlie Mensuel, en partant du début, pour voir si j’avais loupé quelque chose en ne le lisant pas à l'époque de sa parution, occupé que j'étais avec Archie Cash dans Spirou.
Feuilleter Charlie Mensuel sur un iPad de 8 ans d'âge, avec des scans d'un poids conséquent, c'est déjà une sorte de méditation zen. Surtout quand cinquante ans plus tard, je n'y trouve pas grand-chose de lisible, sinon par l'effet du kitsch, à part les chroniques d'Andrevon sur la SF. Dans le numéro 93 d'octobre 1976, je tombe en arrêt sur la chronique mensuelle de Théophraste Epistolier (dit Yves Frémion) consacrée à la BD. Il évoque les dessinateurs du National Lampoon, cousin américain de Hara-Kiri dans les années 70.



Jeff Jones ! 
Mon dieu ! 
J'avais oublié Jeff Jones ! 
C'est un peu normal, en France on n'a jamais vu grand chose de l'artiste, hormis quelques planches dans L’Echo Des Savanes Spécial USA. Et un 30/40 chez Futuro sur la couverture duquel j'ai bavé (il était heureusement sous blister) sans jamais pouvoir l'atteindre et encore moins me le payer.
Très vite, la brigade de recherche bédophile se mobilise, et grâce à la mondialisation rampante, les premiers résultats ne se font pas attendre, quoique dans le désordre : 

Tiens, elle me rappelle quelqu'une
que je m'étais promis d'oublier. Chut.
je commence par découvrir sa fin, raisonnablement pathétique, comme dans un conte de Noël du gRRR (groupe de Réalité Réelle Ratée) :
https://www.li-an.fr/jeff-jones-biographie-bibliographie-jacques-dutrey/
assortie de sa bibliographie française :
https://www.li-an.fr/jeff-jones-23-bibliographie-francaise/

une biographie résumée en anglais avec quelques illustrations :
https://www.bpib.com/illustrat/jonesjf.htm

et encore une page en français, par un certain Li-An, qui a l'air fan.
https://www.li-an.fr/histoire-bd/jeff-jones-par-jacques-dutrey/
Je sais pas qui c'est, ce type, mais son enthousiasme est communicatif. 
La preuve. 


S'il passe par là, je lui signale que les liens menant vers la page 1/3 au bas des pages https://www.li-an.fr/jeff-jones-23-bibliographie-francaise/ et https://www.li-an.fr/jeff-jones-33-ressources/ sont à réparer.

Concernant les étrennes, j'ai assemblé en .cbr les 45 planches de Idyl (en anglais) trouvées là :
http://comic-historietas.blogspot.com/2009/10/los-que-huyeron-del-comic-2-jeff-jones.html

C'est magnifique. 
Graphiquement, on est proches de Kent Williams, niveau blagues ça serait plutôt Vaughn Bodé.
J'hallucine. On se croirait à Noël.

Jeff Jones.Idyl.(1975) : 
Du coup, je vous mets aussi Spasm ! (1973)



samedi 26 décembre 2020

Alan Moore + J.H.Williams III - Promethea en V.F. (1998 - 2005)

la couverture du premier volume
de la nouvelle édition française.
Pour les fêtes, on vous a peut-être offert un pull moche, mais savez-vous qu'avec le ticket de caisse, vous pouvez tout comme moi aller le faire échanger chez monsieur Bricolage contre le premier tome de l'intégrale de Promethea en V.F., enfin republiée en hardcovers ? Vous vous marrerez au moins autant, et vous aurez bien plus chaud l'hiver, tellement ça fait fumer du ciboulot.
Promethea est une héroïne de bande dessinée créée par Alan Moore et J.H. Williams III. Elle a fait l'objet d'une série en trente-deux épisodes publiée irrégulièrement de 1998 à 2005 par America's Best Comics/Wildstorm. Cette série fut l'occasion pour Alan Moore d'exprimer ses idées concernant l'art et la magie tout en mélangeant le thème du super-héros à des réflexions métaphysiques et des hallucinations mystiques. Elle met en scène Promethea, un personnage fictionnel qui possède des pouvoirs magiques dans le "monde réel". Promethea offre également au lecteur une large gamme d'expérimentations en termes de styles visuels et de techniques narratives. 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Promethea

Cela fait plus de dix ans que je méditais en somnolant sur la version originale, en regrettant de n'avoir pas succombé à la première édition française de la série, qui fut chaotique et décevante, malgré le prestige croissant dont jouissait l'auteur, grâce à Watchmen et V pour Vendetta. Et surtout leurs "adaptations" (sic) au cinéma. Sept tomes sortirent entre 2000 et 2010, et il fallait vraiment être fondu de mythologie et d'occultisme pour aller au bout. On est tranquilles, c'est pas Zach Snyder qui va écornifler Promethea. Comme le note un de ces chroniqueurs amateurs qui pullulent chez Sens Critique et qui sont souvent plus honnêtes et parfois plus pertinents que les professionnels :
C'est un comics très surprenant qui mélange les genres, les styles et les formats de mise en page pour aboutir à un résultat final extrêmement prétentieux(...) la narration sert plus à avancer des idées ou des réflexions qu'à raconter une histoire. Dès la fin du tome 3, commencent de longues phases explicatives sur divers aspects ésotériques : les tarots, le tantrisme, la kabbale, etc. C'est intéressant, d'un point de vue culture générale, pour peu que vous ne soyez pas rigoureusement cartésien. Que l'on adhère ou non à ce qui est raconté, il faut tout de même admettre qu'Alan Moore le présente bien. Son texte est assez pédagogique. Voire même trop ce qui a, parfois, tendance à déséquilibrer le récit. (...) J'ai vu pas mal de cas où la fiction brise le 4e mur pour intégrer le lecteur, mais aucun ne l'a fait avec autant de force que Promethea. Sans vouloir faire du prosélytisme, je dirais que l'on ne lit pas ce comics, on communie avec lui.(..) Promethea remplit le même rôle que son homologue titanesque de la mythologie grecque. Par le biais de la bande dessinée (meilleur moyen de faire passer clairement et durablement une information, selon le Pentagone dans les années 80), Alan Moore imprègne notre mémoire de "sa lumière". Peu importe d'être réceptif à ce message, l'expérience littéraire est unique.




Comme vous pouvez le voir, sobriété et légèreté sont les maitres-mots de la série.


Découvre la préface d'Alan Moore au premier tome :

https://www.urban-comics.com/lenigme-de-promethea-une-aventure-dans-le-folklore-par-alan-moore/

Perds-toi dans les références et les annotations concernant chaque fascicule :

https://www.angelfire.com/comics/eroomnala/Promethea.htm

Souscris un plan d'épargne pour acquérir le tome 2 après la troisième vague, en mars 2021 :

https://www.sofinco.fr/


[EDIT]

apparition mystérieuse des liens vers la VF en ligne, suite à l'effondrement du pouvoir d'achat après la huitième vague, en 2023

https://uptobox.com/user_public?hash=387176e961a95d23&folder=3487432848

jeudi 24 décembre 2020

Dinah Washington – Unforgettable (1961)

On entend
Unforgettable, la chanson au début de Watchmen, le film, adapté à l'écran sans le consentement d'Alan Moore, l'auteur de la BD éponyme, par Zach Snyder.
Je m'en rappelle maintenant. 
Mieux que du film.
Qui n'était pas unforgettable, bien que j'aie pu m'enthousiasmer en 2009 pour sa fidélité à l'histoire originale, et une direction artistique pas trop cochonnée. L'ironie naissant du succès colossal d'un groupe super-héroïque imaginé par Moore pour en finir avec les super-héros en collant en les dépeignant comme une bande de sociopathes névrosés.
Alors que Dinah Washington, d'après sa biographie, c'était Madame Atomos, en mieux.
L'écoute du disque le confirme.
Alan Moore, qui a tellement refusé d’être associé au succès de son adaptation cinématographique, qu’il l'a qualifiée (sans l’avoir vue) de «vers régurgités». Gageons qu'il n'avait pas ouï non plus Unforgettablela chanson sans quoi il aurait été plus poli avec la dame. Nul mortel ne veut encourir la colère de Madame Atomos, ou de n'importe quelle autre chanteuse de jazz. Mon frère, qui est musicien de jazz, croit que ça lui donne le droit imprescriptible de faire des blagues pourries sur les chanteuses de jazz, et effectivement, savez-vous qu'elle est la première chose que fait une chanteuse de jazz le matin ?
Elle se rhabille et elle rentre chez elle.
Alan Moore, après avoir entendu cette blague, a publiquement regretté les couvertures de Martine pendant le confinement, et aussi les blagues de Madame Atomos, à base de chantage aux ogives nucléaires planquées au Pourrikistan.
Il a précisé que son œuvre était « un comic. Pas un film, ni un roman. Un comic. Elle a été écrite d'une certaine manière et dessinée pour être lue d'une certaine manière : dans un fauteuil, confortablement installé près du feu avec une tasse de café ». Moore a signé un contrat pour que son nom ne figure pas au générique et a cédé tous ses droits à Gibbons, comme il l'avait fait avec David Lloyd pour V pour Vendetta. En effet, il s'est totalement désintéressé des adaptations cinématographiques pouvant être faites de ses œuvres depuis La Ligue des gentlemen extraordinaires. 
Son attitude intransigeante est unforgettable, tâchons de ne pas l'oublier en écoutant ce disque de Dinah Washington, magnifique.

mardi 22 décembre 2020

[Compilation] La play-list du solstice (2020)

Hier c'était la journée la plus courte de l'année. 
J'ignore si vous l'avez senti passé, mais on était assez down dans le mix énergétique, même au niveau des premiers chakras. Moi-même j'ai à peine eu le temps d'effectuer quelques centaines de clics, que c'était déjà l'heure de retourner au lit. 
Je n'ai pas prémédité cette play-list, glanée ces dernières semaines de puits sans fond et de nuits sans lune, elle m'est apparue ce matin dans sa radicale altérité en me disant "poste-moi", un peu comme la VHS maudite dans le Videodrome de Cronenberg, je n'ai même pas eu le temps d'enfiler ma vieille robe de chambre, tellement ça pressait.
Si les jours commencent à rallonger, je vais pouvoir bricoler une version Extended Remix.

lundi 21 décembre 2020

Collectif - Revue Galaxie (1953-1977)

Galaxie est un magazine français de science-fiction édité d'abord par la maison Nuit et Jour de 1953 à 1959, puis par la maison Opta, de 1964 à 1977.

- Ne mange pas ça ! 
Ca va nous rendre tous les deux malades !

La première série, de novembre 1953 à avril 1959, a comporté 65 numéros. Elle éditait des nouvelles, des romans à suivre et une rubrique sur les OVNI. On y publiait tant des auteurs anglo-saxons (dans des versions traduites parfois très librement, voire carrément remaniées) que des romanciers français qui se firent connaître par ailleurs dans la collection Fleuve Noir Anticipation.

-Connard de Terrien ! Tu te crois dans The Expanse ?
- Désolé, quand j'ai fait mon créneau, votre Whurg était dans l'angle mort.
Ecoutez, je suis à la Macif, vous serez bien indemnisé. 
 
La deuxième série, de mai 1964 à août 1977, a comporté 158 numéros (le numéro d'août/septembre 1975 étant numérotée 135/136). Les rédacteurs en chef ont été Alain Dorémieux pour les numéros 1 à 67 (de mai 1964 à décembre 1969), puis Michel Demuth pour les numéros 68 à 158 (de janvier 1970 à septembre 1977). On y trouvait tant des nouvelles que des romans à suivre, tant des classiques que des auteurs récents, et quelques nouvelles d'auteurs français.

La date de la fin du monde a été mise à jour depuis.
 
À partir de 1966, parallèlement à ce magazine, fut publiée une collection d'ouvrages de science-fiction, Galaxie-bis, qui a compris jusqu'à 148 volumes, chaque volume comprenant un roman et une ou plusieurs nouvelles, du moins jusqu'au numéro 55. La numérotation était double (jusqu'au numéro 56), comprenant le numéro en cours de la revue Galaxie bissé et un numéro d'ordre de Galaxie-bis.
Saperlotte !
De la Berdouille !



Combien cet envoi contient-il de numéros de la défunte revue ? 
deux cent vingt-deux.
Soit bien plus que vous ne pourrez en lire au cours de ce qu'il vous reste à vivre.

dimanche 20 décembre 2020

Morphine - Cure for Pain (1993)

Dans les années 90 surgit de Boston un trio qui joue un rock à nul autre pareil. Et pour cause : il a remplacé la guitare par un saxophone. Le résultat est saisissant, l’histoire du groupe, fulgurante. En 1995, il est au sommet avec “Cure for pain”. En 1999, son leader meurt sur scène. 
https://www.telerama.fr/musique/morphine-sans-moderation,151189.php
(..) c’était à la fin du deuxième morceau, un soir de l’été 1999, à Palestrina, près de Rome. Il venait de Boston, il avait 47 ans. Qui se souvient simplement de lui, Mark Sandman, et de son groupe, qui fut l’une des grandes aventures des années 90, celles de Nirvana et de Tupac Shakur ? Morphine ne ressemblait à rien de ce que l’on écoutait à l’époque, c’est-à-dire à la fin du siècle dernier. Le trio de Cambridge, dans le Massachusetts, s’était choisi une combinaison à nulle autre pareille.




Hé ben figurez-vous que lorsque je recherche à sachoir si le disque n'est pas déjà en ligne pour ne pas empiéter sur les cyber-platebandes d'un geek inconnu, je découvre ceci :
Vapors of Morphine is an American rock band founded in 2009 by the surviving members of the alternative rock band Morphine, saxophonist Dana Colley and drummer Jerome Deupree, along with blues guitarist Jeremy Lyons. Jerome stepped down in early 2019; Tom Arey (Peter Wolf, Ghosts of Jupiter) has taken his place.
et le résultat n'est pas déshonorant
https://vaporsofmorphine.bandcamp.com/album/a-new-low-extended-24-bit-download
bien que tant que Mark Sandman s'entête à rester mort, la reformation ne soit pas à l'ordre du jour.

samedi 19 décembre 2020

Caza - Sanguine (1976)

La BD de SF, c'était mieux avant. C'est à ce type d'assertion qu'on peut mesurer le vieillissement du tissu cérébral du locuteur. Prenez Caza, par exemple, qui n'a pas eu le succès auquel je le croyais destiné. Pourtant, il dessinait les filles toutes nues mieux que Corben. Je veux dire que ses connaissances en anatomie humaine n'interdisaient pas une certaine sensualité, là où Corben préférait l'hypertrophie, confinant au grotesque. Et ses idées SF semblaient moins basées sur une alimentation carnée.
Vous irez lire le reste dans son wiki.


J'ai repensé à lui en retombant récemment sur les recueils "Scènes de la vie de banlieue" prépubliés dans Pilote et parus chez Dargaud un peu avant Jean-Christophe.
La petite histoire que nous vous proposons ce soir a mieux résisté au temps, d'une part parce qu'en 1976, le dessinateur, progressivement délivré des hachures à à la Moebius / Bilal qui était le must de l'époque, s'est dirigé vers une technique très spectaculaire, d'autre part parce que l'inspiration est du côté du conte et de la mythologie. Et de troisième part parce que l'érotisme est immortel, en tout cas beaucoup moins périssable que les dystopies libertaires imaginées par Caza dans Pilote. C'est en regardant trottiner la jeune Béatrice Dalle sur la plage de Palavas-les-Flots que Caza lui propose ce galop d'essai, qu'elle finit par accepter eu égard à ses sympathies pour ce qu'on n'appelle pas encore l'islamo-gauchisme, dont Caza est  à l'époque un des porte-drapeaux les plus flamboyants. Il la présentera ensuite à Jean-Jacques Beineix, et elle sera perdue à jamais pour la BD de SF vintage.  











jeudi 17 décembre 2020

Bilal - Le plitch (1977) ( 2/2 )

La page 2 du plitch a été adjugée 17 000 € lors d'une vente aux enchères, en 2016.
Comme je vous fais économiser cette somme et bénéficier avec élégance et très peu de publicité des planches connexes, avant et arrières, vous serez gentils de faire un petit geste, à la hauteur de vos moyens, envers mon fonds de soutien immatriculé au registre du commerce dans les iles Caïman, de préférence libellé en bitcoins. J'ai un peu honte de l'avouer, mais tant pis, que cette période d'histoires courtes noirâtres, dépressives et moebiusiennes parues dans Pilote à la fin des années 70 et rassemblées dans Mémoires d'outre-espace est ma favorite de Bilal, avec la foire aux Immortels. C'est la fin de sa période hachures, et le début des couleurs directes. Sa production postérieure est un peu trop sophistiquée pour moi, surtout après m'être enfilé 16 tomes d'Archie Cash dans le Spirou de Thierry Martens, et les premières bandes trash de Corben dans Actuel.









mercredi 16 décembre 2020

Bilal - Le plitch (1977) ( 1/2 )

A peine avons-nous perdu Giscard IRL qu'il revient par les mille fenêtres du cyberspace virtuel de l'imaginaire. En tout cas celle qui s'ouvre sur 1977, date de la parution de cette histoire dans Pilote.







(à suivre...)    








mardi 15 décembre 2020

Archie Crashe

Malik, pseudonyme sans malice du dessinateur d'Archie Cash, est mort, au lendemain du Grand Départ de Richard Corben pour le monde de Den. A moins qu'ils ne rejoignent tous deux Hellboy aux Enfers pour avoir perverti la jeunesse chrétienne de gauche. La veuve Corben n'a pas communiqué sur les circonstances du décès de feu son mari (l'expression révèle néanmoins un indice, assez mal caché) mais Malik s'est consumé dans l'incendie de sa maison de Bruxelles, il y a aussi un indice, je n'insiste pas.

L'oeuvre à gauche et l'auteur à droite.
Accablant, non ?
Qu'on ne vienne pas me me dire après ça que les Eurasiens ne sont pas fourbes,
avec cette manie du selfie déguisé sous leurs travers de porcs narcissiques.

Archie Cash faisait tache, dans le Spirou du début des années 70.
Archie Cash, c'était trash. 
Qu'est-ce qu'il a fait de moi, Archie Cash  ?
Cette lecture pernicieuse et violente ne passait pas inaperçue dans le journal du groom bruxellois. C'était plutôt comme un coup de tatane dans la gueule, comme mettre à tâtons deux doigts dans la douille de l'applique quand on a oublié que papa n'a pas encore remplacé l'ampoule, comme un bubon fiévreux et obscène incrusté dans l'océan franco-belge hebdomadaire de bande dessinée politiquement correcte infligé à mon cerveau d'enfant par un style graphique dont j'apprends qu'elle s'appelle l'école de Marcinelle, caractérisée par des dessins caricaturaux, des gros nez et des bulles arrondies, en privilégiant toujours l'humour gentillet et la bonne volonté.
Attention à ne pas confondre l'école de Marcinelle avec la macro-rhino-épistémologie de Francis Masse, où l’on parle de science en mettant en scène des personnages à gros nez. 

Un des plus gros travers de l'école de Marcinelle : l'intellectualisme,
qui donnera naissance à la macro-rhino-épistémologie (ci-dessous).

Heureusement, Archie Cash ne s'encombrera pas d'autant de salamalecs
avant de distribuer des sandwichs aux phalanges ou de défourailler à la M-16
.
Heureusement que je ne suis pas complotiste : dans sa nécrologie, le journaliste du Monde commet l'exploit d'omettre Archie Cash de la liste des oeuvres de Malik, au profit de bluettes niaiseuses avec des angelots et des chérubins, mais révèle qu'il s'est livré à des travaux pornographiques pour le magazine crapuleux Bédé Adult’, dont j'ai vainement recherché des numéros pour vous les faire montrer, soit parce qu'il y était contraint par la faim, soit parce qu'il aimait bien ça. (Je ne sais pas quelle est l'hypothèse la plus charitable pour mettre dans mon élégie, je verrai ça au dernier moment avec le curé.) Quand même, pour un journal qui prétend à un minimum de sérieux et d'objectivité, ça la fout mal.

Archie Cash, c'était impensable que ça passe dans Spirou. Et pourtant, ça passait. Quarante-cinq ans plus tard, j'en reste coi. Un tel mélange de violence badass, d'outrance graphique, de sexualité moite (faut voir comment les filles étaient gaulées), empruntant souvent aux films d'exploitation, aux romans de Caril Ferey 25 ans avant qu'ils soient écrits, et le tout arrosé d'un nihilisme rare. 
Peckinpah puis Tarantino ne se gêneront pas pour repomper Archie comme des truands, sans toujours le remercier au passage.
Je découvre aussi que le scénariste d'Archie Cash avait écrit les aventures de Coke et Smoke dans le journal de Tintin, tout aussi belge et catholique que son concurrent Spirou en 1970. Il devait avoir des protections vaudou, c'est pas possible autrement.



Le premier numéro de Spirou que ma maman m'a acheté un jour où j'avais la grippe.
Tout est déjà là, en germe, comme disent les épidémiologistes

Une planche d'Archie Cash : 
l'école de Marcinelle violée dans les poubelles, 
après avoir été droguée au PCP.