1/ Au cours d'une crise de goutte je tombe sur Anna’s Archive, une énième caserne d'Ali-Baba dans laquelle se planquent bien plus de 40 voleurs, c'est la plus grande bibliothèque virtuelle clandestine du monde, elle est aux mains d'archivistes anonymes pour qui la piraterie s'intègre au sein d'un projet plus grand que niquer Babylone, visant à « cataloguer tous les livres existants » et à « suivre les progrès de l'humanité pour rendre tous les livres facilement disponibles sous forme numérique ».
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| Inutile de cliquer, c'est un jpeg. L'image d'Anna’s Archive n'est pas Anna’s Archive. |
Les éditeurs et les libraires la décrivent plutôt comme un immense entrepôt crapoteux, diffusant gratuitement des œuvres soumises au droit d'auteur, et donc plutôt à classer dans la catégorie des Fléaux & Autres Antéchrists provoquant à court terme la mort du livre papier.
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| une couverture globuleuse de Caza (warning ! including famapoual !) |
2/ Grâce à l'Archive d'Anna, qui jouit des mêmes initiales que les Alcooliques Anonymes, je relis tout Philippe Caza, ou presque, alors que ça ne se trouve pas comme ça, surtout ses récits fantastiques et /ou mysticoïdes parus dans Pilote au début des années 80.
https://jesuisunetombe.blogspot.com/2020/12/caza-sanguine-1976.html3/ Devant la médiocrité numérique des reproductions illicites de ces fac-similés d'avant-guerre, j'achète l'intégrale de ses Scènes de la Vie de Banlieue qu'ont récemment réédité les Humanos, béni soit leur sein doux, bien qu'à leur tour leur fin prochaine soit annoncée, comme il était écrit dans la prophétie auto-réalisatrice du paragraphe 1.
https://johnwarsen.tumblr.com/post/797908424576974848/les-humano%C3%AFdes-associ%C3%A9s-plac%C3%A9s-en-liquidation Sans doute que "Mourir, c'est rien, c'est l'après qui est pénible" (Audiard)
En tout cas, dans cette attente, mon libraire est content, c'est gagnant-gagnant.
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| Les pirates de banlieue de Caza, qui ont sans doute inspiré Terry Gilliam pour The Crimson Permanent Assurance |
5/ Je scanne mon exemplaire du livre pour l'offrir en partage à tous les passants, et rendre une partie de ce que j'ai reçu, mais ce faisant je redécouvre combien c'est ennuyant, surtout si l'on veut éviter de casser la reliure, et les retouches des fichiers dans Photoshop sont bien fastidieuses, même pour un vieux geek refusant de créer des macros. L'ouvrage sera-t-il prêt pour Noël, ou faudra-t-il que je me contente d'offrir aux badauds une de ces affreuses compilations musicales eXtinction-réveillon dont je détiens le hideux secret ?
6/ Faut-il expliquer qui était René Pétillon ? Je suis déjà épuisé rien qu'halliday, et je n'ai rien à me mettre pour le réveillon, il faudrait que j'aille trainer sur Vinted au lieu de continuer à m'enfoncer dans la démence numérique en ajoutant des bonus à l'album, grappillés dans les revues de l'époque, grâce à la base de données de bdoubliées. Désolé, René, je vais botter en touche mon wiki.
7/ Et faut-il présenter Bienvenue aux Terriens, album qu'on pourrait accroire atypique dans le flux de sa production des années 80 ? La science-fiction n'est ici qu'un prétexte (l'auteur semble nourrir une prédilection pour les pires clichés de la SF américaine des années 40, voyages spatiaux, tentacules et prends la mienne famapouals) pour une avalanche de gags farfelus sur lesquels on peut goiser ou dégoiser à loisir, prétendre que ça rappelle Hellzapopin, Douglas Adams, les Monty Python, ou même Zucker, Abrahams and Zucker, les princes malpolis de l'absurde anglo-saxon.
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| La période "ligne claire" de Pétillon. Ca n'a pas duré. |
8/ Pendant que j'étais occupé à scanner la BD de Pétillon et à rédiger cet article, un internaute indélicat siphonnait mon compte sur le bon coin. Je ne m'en suis pas aperçu tout de suite puisque je ne recevais plus les alertes en provenance du site (mise en ligne de nouvelles annonces, réponses aux messages etc..)
Le 16/12, n'ayant plus accès à mon compte, j'ai donc changé le mot de passe, j'ai alors découvert que l'escroc avait mis en ligne plusieurs annonces frauduleuses sous mon identité, et tentait d'obtenir un règlement par paypal... la nuit suivante il a réussi à craquer mon nouveau mot de passe, furieux que je lui aie fait échouer sa transaction, il a rebaptisé mon profil utilisateur en “fils de pute”, le chenapan, (avec un un noir bien joufflu comme avatar, donc en plus il est raciste !!) profil à partir duquel il insultait mes clients potentiels en leur disant des choses très osées sur leur maman... j'ai rechangé mon mdp, et activé la double validation, je devrais être tranquille un moment, mais j'aimerais bien savoir s'il a cracké mes mots de passe dans google chrome, ou s'il a utilisé une faiblesse sur un serveur "le bon coin", ou encore s'il a un logiciel spécifique pour tester des mots de passe... ça m'aiderait à anticiper son prochain coup.
Je n'avais pas de compte chez uber, ces esclavagistes des temps post-modernes, mais il en a aussi créé un à partir de mon adresse, je m'en suis aperçu en recevant des notifications uber, donc je suis allé voir, il s'était créé un profil avec mon adresse mail et les paramêtres suivants : prénom Léotard nom de famille Corentin, au moins c'est un début de piste, Commissaire... avec la double validation que j'ai mise en place un peu partout, je le tiens à distance, mais je pense que c'est pas fini, ça peut même durer un moment...
Est-ce une rétribution karmique pour avoir rippé et uploadé cet album de Pétillon ? L'humour cosmique est parfois dur à avaler, comme on le voit dans la géniale série Pluribus. Est-ce que ça me guérira du fantasme du partage ? J'ai bien peur d'avoir déjà répondu à la question. En attendant, voici un cyber-bouquin qui m'aura coûté cher en développement. Heureusement que je milite dans plusieurs associations de malfaiteurs sans but lucratif.
Le Très Saint Livre
L'avis d'un éclairé du genre sur Bienvenue aux Terriens
un autre album de Pétillon très amusant
un extrait de Bienvenue aux Terriens avec des scans issus d'un vieux Métal hurlant






