A y est, j'ai mon emploi à plein temps. J'ai commencé hier, parce que début mai j'étais en vacances. Je n'ai mis que 25 ans à l'obtenir. Le projet de toute une vie, quoi. D'où le titre de cette compilation : Le sacre du plein temps. C'est chié, hein ? Je vais attendre un peu avant de demander ma retraite progressive, sinon la DRH va me prendre pour un mauvais coucheur... d'ailleurs, on m'avait dit que pour arriver dans ce milieu, il fallait coucher, hé ben j'attends toujours. Et je suis arrivé quand même. L'avantage, c'est que je vais pouvoir faire en même temps mon pot d'arrivée et mon pot de départ.
Concernant la compilation, elle rassemble des musiques qui me trainent dans le conduit auditif ces derniers temps, surtout des vieilleries, mais il y a aussi quelques nouveautés, sinon ça serait ennuyeux; enfin, c'est à pendre ou à lécher.
On ne peut pas tout attendre d'une IA : je ne suis pas très ressemblant, mais j'ai un joli chapeau. L'image a été empruntée à un collègue sans lui demander, et ça c'est moche. Ce qui rétablit l'équilibre, puisque sans laideur, la beauté disparait.
Je voulais rompre mon sépulcral silence à l'occasion de mon passage en CDI à plein temps, j'aurais sorti un nouveau florilège musical à compte d'auteur que j'aurais malicieusementappelé le sacre du plein temps, on se serait bien amusés, mais les négociations salariales ont capoté au dernier moment et l'affaire est remise à plus tard, avant ma retraite je l'espère, bien que l'espoir ne soit pas un steak.
Par contre, cette nuit aux Etats-Unis une nouvelle aide à l’Ukraine (qui permet d'acheter plein de steaks) vient d'être adoptée par la Chambre des représentants, après six mois de blocage. Le texte prévoit 60,8 milliards (57 milliards d’euros) pour venir en aide à Kiev dans sa lutte contre la Russie.
Par voie de conséquence, il est temps de préparer un nouveau Massacre du printemps.
Je ne me rappelle plus le script que j'avais pondu pour obtenir cette image sur Dall-E, mais ça peut le faire pour une nouvelle compile, vu la tournure que ça prend.
Les gentils Ukrainiens vont pouvoir s'acheter des cartouches pour tuer les méchants Russes, bien qu'au bout de deux ans de tueries, et les nuits de terreur, en attendant la bombe qui, comme Madeleine, n'arrive pas, alors bien sûr, Guy Béart chantait "Jamais je ne m'intéresse / A la bombe vengeresse / Qui un jour f 'ra tout sauter/ On ne nous soigne jamais assez" (Le matin je m'éveille en chantant) mais il n'était ni gazaoui ni ukrainien. C'est pourquoi je n'ai pas inclus sa ritournelle dans ma compil.
Et sur le terrain ça doit être assez moche, on a beau croire pouvoir distinguer Bons et Méchants à l'oeil nu grâce au moyen mémotechnique imaginé par Saint Desproges : "l'ennemi est bête : il croit que l'ennemi, c'est nous", et que nul n'est censé ignorer de quel côté gît la bonne cause, deux kils de rouge au côté droit et un peu à court de munitions.
Faut-il alors fêter cette nouvelle aide à l'Ukraine, malgré notre opposition viscérale à toute forme de guerre, et bien que la conscription coercitive des deux belligérants rende le conflit confus, et émousse l'enthousiasme des appelés ?
Quand la guerre dure trop longtemps, tout le monde s'épuise, devient dingue, et finit par perdre toute humanité, tout le monde sait ça.
J'ai donc discrètement célébré tout cela en réécoutant la compilation "Vladimir P.'s House Music (2022)" confectionnée au début de l'invasion de l'Ukraine, sans oublier le bonus des pistes si bien cachées que j'ai eu du mal à les déterrer
Après la compile, s'il vous reste encore un peu de place pour le dessert, vous pouvez vous enfiler le film russe de 1985 "Requiem pour un massacre" qui raconte l'épouvantable odyssée d'un jeune garçon biélorusse qui quitte sa mère et ses deux petites sœurs pour s'engager chez des partisans et bouter le nazi hors de Biélorussie. C'est affreux-affreux. J'aurais pas fait pire.
Le kinésithérapeute ne veut plus me voir. Il dit que je n'ai qu'à marcher vers mon destin, et que la rééducation se finira toute seule. Il en a peut-être marre que je lui mime Jésus-Christ sur une croix gammée, pour lui montrer comment je me remuscle la voute plantaire. Vais-je pour autant ouvrir un nouveau blog, comme à chaque fois qu'on m'enlève une béquille ?Non. Car voici venu le temps des rires et des chants dans l'ile aux enfants c'est tous les jours le printemps de l'enregistrement de ma version personnelle du port d'Amsterdam de Brel. Qui est un peu foirée. Mais c'est la mienne.
2 heures d’écriture (fin janvier) + 1 heure d’enregistrement (trois mois plus tard, soit hier après midi, pendant que mon Surmoi et ma femme regardaient ailleurs) + trois heures de mix, ce matin, mais il est à reprendre. Car des fois Logic X ne répond qu’à lui-même, et en plus ça sonne occupé. Je ne sais pas ce qu’en pense mon surmoi, et s’il me donnerait des coups de pieds au cul pour que je bosse un peu. En tout cas ça, comme ça c’est fait, c’est soldé. Je marche vers mon destin, sans trainer le boulet de cette parodie avortée, puisque je l'ai déposée ici.
Les rimes en sont paresseuses, et l'interprétation désincarnée. Et j'ai collé dessus une vidéo réalisée pendant Confinement_3, quand je ne parlais qu'à mes télécommandes. Mais le cerveau refuse de suivre deux sources asynchrones, et de lire des sous-titres qui n'ont rien à voir avec la chanson. Il se lasse, puis retourne à la base.
En clair, on n'y croit pas.
On sent bien que j'ai enregistré ça après deux enterrements, et que le cœur ne pouvant pomper qu'une quantité limitée de sang, il n'y est pas...
Tant pis.
Et encore, cette semaine j'ai échappé à la crémation du voisin d'en face, j'étais en vadrouille, purée, lui qu'était si gentil, mais Alzheimer + cancer du poumon, c'était difficilement surmontable comme handicap, alors j'espère que y'a d'la miséricorde dans l'air, parce que question justice divine, je la vois pas trop.
Je suis un peu comme la nounou de ma fille, qui avait perdu et abjuré sa foi chrétienne après que la moitié de ses sœurs soient venues mourir chez elle (après avoir pris un ticket à l'accueil, dans l'ordre et le calme, mais quand même...)
Bien sûr, tout cela ne vaut pas un clair de Lune à Maubeuge, ou encore Soleil enculé par Arlt (il doit avoir un gros Surmoi)
On me demande en régie pourquoi j'ai fait une chanson sur mon pied cassé, et pas sur mon mélanome, qui aurait pu s'appeler aussi Soleil Enculé, même si c'était déjà pris. Merci pour ces questions que je n'avais pas anticipées mais qui tombent très bien. Disons que me casser la figure sur le port de Pornic m'a appris à regarder où je mettais les pieds, ce qui est trivial mais utile, un peu comme dans la blague qui n'en est pas une, rapportée par Philip Kapleau dans les trois piliers du zen :
Un jour, un homme du peuple dit au maitre du zen Ikkyu : Maitre, vous plairait-il d’écrire pour moi quelques maximes de la plus haute sagesse ? Ikkyu prit immédiatement son pinceau et écrivit le mot « Attention ».
- C'est tout ? demanda l’homme. N’ajouterez-vous pas quelque chose ? Ikkyu écrivit alors deux fois de suite : « Attention. Attention. »
Irrité, l’homme lui dit :
- Je ne vois vraiment pas beaucoup de profondeur ou de subtilité dans ce que vous venez d’écrire.
Alors Ikkyu écrivit le même mot trois fois de suite : « Attention. Attention. Attention. » L’homme, presque en colère, demanda :
- Que signifie ce mot, en fin de compte ? Et Ikkyu répondit gentiment :
- Attention signifie attention.
Pas de quoi chanter la Traviata, ni se passer les paupières à la crème de chester avec une tringle à rideau de fer, mais si j'attendais qu'un événement mérite quelque chose pour être saisi du démon de la parodie, j'attendrais longtemps. Alors que concernant le mélanome, il faut être malin et demi pour lui consacrer une chanson une fois que tu es sorti de son viseur, et je ne me le sens pas. Mon oncologue m'a promis que notre prochain rendez-vous serait le dernier, je suis ravi qu'elle aussi me laisse tomber.
Je suis convaincu que ces bestioles ont la mémoire longue, donc je ferme ma bouche (je lui ai quand même consacré quelques articles sur mon blog de boloss, et c'est tout ce qu'il méritait; nonobstant le fait que j'ai quand même passé 40 ans à chanter "crème solaire, enculée ! " donc c'était quand même pas non plus totalement immérité, comme châtiment (c'est le retour de la justice divine par la petite porte : celle de derrière) et le mélanome, j'en suis quand même autant responsable que du pied cassé.
Pas coupable, hein, responsable. Je fais bien la différence, maintenant qu'il est un peu tard pour y changer quoi que ce soit.
Bon, je n'avais pas réfléchi aux implications de tout ça, je me félicite que ton épicerie du sens commun soit rouverte. Merci aussi les champignons, j'ai hâte d'y retourner, bien que ça ne soit pas de tout repos. Quelqu'un qui en a pris pas mal me suggère plutôt une retraite vipassana chez goenka.
Deuxième spin-off du feuilleton désormais achevé, dans le champ du voisin, là où l'herbe parait bien plus verte, bien que les lois de la gravité et de la photosynthèse s'y appliquent sans différence notable.
il s'agit ici du premier spin-off du feuilleton en cours, dans le champ du voisin, là où l'herbe parait bien plus verte, bien que les lois de la gravité et de la photosynthèse s'y appliquent sans différence notable.
(y'aura 3 épisodes, peut-être 4 si je lance une campagne de crowdfunding, mais je préfèrerais conclure rapidement mon petit tumulus littéraire et ne pas m'éterniser dans le No man's land où je me suis aventuré)
L'anthologie musicale peut se lire indépendamment de la série principale, qu'elle a partiellement inspirée.
Evidemment, tout est vrai, sinon ça ne serait pas drôle.
Une France craquelée par la sécheresse, une Franceincinérée par les incendies, une France quasiment à l'agonie (la climatisation du wagon était en panne entre Montauban et Bordeaux), mais le train est parti et arrivé à l'heure. Ça m'a émerveillé.
Le train, en France, c'est un des derniers trucs qui marchent bien, avec les impôts et le wifi. J'ai donc réuni dans cette anthologie des chansons qui évoquent l'univers du rail, pour révéler le Règne, la Puissance et la Gloire de la SNCF dans les Siècles des Siècles. Et pourtant, "j'en ai raté, des trains, dans ma vie / le cul collé devant mon ordi / mais celui-ci, c'est le train du changement / je suis content de monter dedans"
(Georges Warsen, "Niveaux de passage")
Profitons-en, tant qu'y a du courant.
Je consens 20% de remise aux cent premiers retraités de la SNCF et du dispatching qui m’envoient leurs dons spontanés sur leetchi, s'ils peuvent me présenter de l'autre main une carte vermeil et un pass sanitaire en règle.
franchement, à 16 euros plus 2.15 de frais de port, et alors que c'est le disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée, selon Téléramadan, on aurait tort de s'en priver.
Et ce matin, avant d'aller au bureau je suis allé voter au second tour des législatives pour le connard autocrate et chelou (et pour tout dire un peu déséquilibré) à la tête de la Nupes, en priant pour qu'il ait des collaborateurs moins navrants, dans un climat social délétère d'affaiblissement de la culture civique, ainsi qu’une défiance généralisée envers la capacité du vote à changer les choses, tout cela en écoutant les Chansons Anarchistes des Quatre Barbus, qui manquent sur la compilation de 99 titres de chez epm musique, mais que j'ai miraculeusement retrouvées sur bandcamp, au prix qu'on veut bien les payer.
A la bonne votre.
Karl Malden dans "Sergent Laterreur contre les Mélenchonistes en chaleur"
Il fait tiède. La pelouse est grillée depuis une semaine. Du jamais vu. S'il y avait un peu d'humidité dans l'air, on serait moite. Ca serait un temps à réécouter les chansons paillardes des Quatre Barbus (enregistrées avant qu'ils se convertissent au djihad, mais de toutes façons ces chansons cochonnes étaient très édulcorées dans leurs versions studio, et je n'ai guère les moyens d'envoyer un reporter temporel dans les années 50 pour voir si les versions de scène étaient plus coquines) en écossant les petits pois sous le prunier, et plus précisément les cédés 3 et 4 de cet article de blog ci-dessous posté il y a presque un an, c'est dingue.
J'adore ces chansons « rive gauche » à la mode dans les cabarets des années 1950, qui évoquent Tataouine, la fanfare de Bagnolet, les roploplos de la mère Tapedur et autres calembredaines exotiques issues d'un passé à jamais disparu. Attention : selon le cyber-ayatollah Amazon, certaines de ces complaintes contiennent des explicites lyrics, it sucks bloody sausage ("ça craint du boudin" converti par Google trad)
Attention, n'essaie pas de refaire chez toi ce que tu vois sur la pochette, car tu risquerais d'être inculpé de trouble à l'ordre public. De toute façon, gaudriole et ribouldingue ont pris un bon coup dans les miches depuis la récente pandémie. On n'a plus le coeur à ripailler, en attendant Godot et le Grand Réchauffement.
Il y avait aussi des bouts de trucs par là, que Vangelis me patafiole.
photo encore moins contractuelle que la précédente, car les contractuelles gardent toujours leur uniforme. En plus elle ne convient pas aux enfants de moins de 36 ans, de petites pièces de lingerie pouvant être inhalées.
Dernière minute : En Afghanistan, des présentatrices télé refusent de se couvrir le visage comme l’exigent les talibans et écoutent les chansons paillardes des Quatre Barbus à donf, malgré l'interdiction permanente édictée par le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice.
Question :s'il est besoin d'un secrétariat d'Etat pour promouvoir la vertu et prévenir le vice, qui m'évoque furieusement la société d'encouragement au Bien du père Yvon, peut-on envisager la création du même ministère en France dans le gouvernement provisoire d'Elisabeth Borne ? ça en occuperait certains en les empêchant de faire des conneries avant les législatives, où Mélenchon sera très certainement élu Ministre de l'Autocratie islamo-gauchiste.
Comment échapper au chant d'amour du Chicken of Depression quand il est en rut ?
Quand ni Willem, ni Soulcié, ni même les dessins de Houellebecq dans Hara Kiri ne nous arrachent plus aucun rictus sangloté, quel onguent appliquer sur nos plaies ouvertes et nos jambes de bois ? Regarder des gens s'entretuer aux infos de l'ORTF, c'est encore pire que de regarder des jeunes forniquer pour des bons d'essence ou des tickets de pain sur les réseaux asociaux, car s'infliger des scènes insoutenables sans pouvoir interagir avec elles ni influer sur leur issue rend fou. C'est pourquoi depuis trois semaines, je ne regarde que des films de guerre. Ça me rappelle deux ou trois bricoles sur la nature humaine que j'avais dû perdre de vue, et pourtant j'ai lu le Bug humain de Sébastien Bohler, édifiant sur le sujet. Celui qui n'a pas vécu la guerre ignore tout des vertus de la prière, entendais-je début mars.Vertus que ne contestent ni l'église de Moscou ni celle de Kiev.
Encore s'adressent-elles au même Dieu, celui des Orthodoxes. Mais comment le Dieu des Orthodoxes pourrait-il sanctifier cette boucherie - charcuterie ?
hein ?
A moins qu'il y en ait deux.
Un par belligérant.
Mais alors, comment ces Dieux peuvent-ils cohabiter dans le Cosmos, pas si infini que ça d'après le Grand Schtroumpf ? Et pourquoi le Dieu de l'Eglise de Kiev serait-il moins balèze au combat que celui de Moscou ? Ultimement, Lequel des Deux a la Plus Grosse Bistouquette Antichar ? Vastes questions, qui hantent les soldats des deux armées, et qui ont suscité une réponse originale chez David Sylvian, dans ce Uncommon Deities.
Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées (Desproges)
Car cela fait déjà trois décennies que, tel un déserteur de l'armée russe s'enfonçant dans les sous-bois en vouant Poutine aux gémonies après avoir dissimulé son char sous les branchages (comptez deux tonnes de fougères pour un char de taille adulte), David Sylvian progresse dans son intention de disparaitre complètement de nos radars, ne ménageant pas ses efforts pour sortir des albums de plus en plus confidentiels, n'hésitant pas à se confiner dans un silence explosif pendant des décennies entières passées dans les arbres, sans même que la caméra de Marguerite Duras puisse le surprendre à travers les feuillages, plutôt touffus en cette saison, qui est aussi la période optimale pour la nidification des déserteurs de l'armée russe. Ça en fait, du monde dans les arbres. Comme pour l'ouverture du Salon de l'Autosatisfaction, il y a foule.
Pour Uncommon Deities, David Sylvian a sans doute longuement médité le sketch des Monty Python "How not to be seen" dans sa cellule monastique. Parce que franchement, "plus arty que ce projet, tu meurs sur ma tombe, si tu te retrouves pas crucifié pour hérésie sur une porte de grange dans le bas-Berry". Mais même s'il s'est retiré du monde, qui a entendu une fois dans sa vie la voix profondément magnétique de David s'en rappelle à jamais et le cite de mémoire dès qu'elle s'échappe des frondaisons, même à la limite de l'audible et noyée dans des gazouillis électro-acoustiques.
Son timbre est inimitable, et pour tout dire beaucoup moins oubliable que celui de Zemmour, par exemple, et c'est le Pen perdue (qui sera pourtant au second tour, même si je louche sur les nichons à Mélenchon) pour s'effacer à tout jamais de nos mémoires, car je me souviens encore très bien par exemple de son album studio avec Robert Fripp (The First Day, très chouette) et du live mémorable qui s'ensuivit (Damage, très chouette aussi, dont les deux compères sortirent chacun leur propre version du mixage, tellement ils n'étaient pas fâchés).
l'affiche de l'expo : David Sylvian mimant le chapeau de David Bowie, un must-have !
Alors qu'en ce moment, les programmes électoraux me glissent dessus comme un pet sur une toile cirée. Et pourtant, la Chine, l'Ukraine et le changement climatique se tirent la bourre pour faire avancer de quelques secondes avant minuit l'horloge de la fin du monde, donc ça serait sympa de trouver quelque chose d'intelligent à aller voter avant le Doomsday. Je peux faire mienne l'attitude de mon grand père : "peut-être que le parti se trompe, mais moi je me suis pas trompé de parti." La jouer conscience de classe en visite au Salon de l'Autocrate Islamo-Gauchiste.
A moins que je me contente de prier, avec David Sylvian, quelques-unes de ces divinités infimes, peu connues et pas banales, comme Le Dieu de l'abdication progressive, Le Dieu des organismes monocellulaires, celui des Trous Noirs, celui du Silence (et dans Quel Oubli Tragique Il Croupit ! )
Sur un fin glacis musical de ses collègues expérimentateurs, David Sylvian interprète des poésies de Paal-Helge Haugen ayant pour objet des divinités subalternes et improbables, mais à la réflexion pas plus cons que les dieux mainstream (Jehovah, Mahomet, Russell Banks, Xi Jinping). Et tout cela a vraiment eu lieu, pas dans le Métavers, dans lequel on ne trouve déjà plus de terrain constructible, mais au sein d'une installation audiovisuelle conçue par David (dont on trouve encore des traces dans des lieux peu connus et mal éclairés d'internet), au cours du Punkt festival organisé chaque année à Kristiansand, en Norvège depuis 2005.
Un instantané du vernissage de l'expo. Ça fait pas rêver, mais on était quand même mieux là qu'à Kiev.
Alors, réflexion post-moderne sur la perte de sens de nos sociétés trop libérales, ou énième tentative de Divid pour perdre son égo et décevoir son dernier fan, ce qui serait le signe d'un orgueil vraiment démesuré chez l'artiste déjà suspect d'une quête spirituelle qui a déjà bien plombé sa carrière depuis qu'il n'est plus un chanteur pop énorme au Japon ? Tenus par notre devoir de réserve, nous nous garderons bien d'épiloguer. C'est déjà pas mal que j'aie pu trouver les fichiers d'une oeuvre si confidentielle, alors que la moitié des serveurs russes sont en torche derrière le rideau de fer. Voici ce qu'en pensait un blog de micro-spécialistes, comme ça vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas prévenus :
Ultra-rare : l'édition limitée et imprimée à la main du guide des champignons toxiques et des poèmes de Uncommon Deities passés par la bouche de David Sylvian
A cheval entre l'oeuvre radiophonique, la musique classique contemporaine et la musique improvisée, Uncommon Deities est une séduisante épopée moderne et envoûtante qui tente de tracer un arc entre les expériences collectives du controversé Manafon et les fulgurances expérimentales du chef d'oeuvre de David Sylvian, Blemish. Il résulte une œuvre blanche, un mariage délicieux avec le silence qui continue de tracer les contours d'une pop audacieuse et iconoclaste dont le label Samadhisound demeure la tête de pont.
- Les textes des poèmes sont cachés dans une base de données Soundcloud gérée par David depuis le Métavers, mais en général il suffit d'entrer le titre du texte dans un bon vieux moteur de recherche, comme j'ai fait ici avec le dieu des organismes monocellulaires :
Le message est lumineux : si vous ne trouvez pas votre pointure, libre à vous de décrire puis de vénérer le dieu de la Facture Impayée, celui des Enculés Alcooliques, des Enfants Morts sous les Gravats ou du Déserteur caché dans les Branches.
Chacun réagit à l'agression de l'Ukraine à la hauteur de ses moyens. Puisque L’OTAN va parachuter 200 000 promesses de soutien, pour ma part j'ajoute 3 titres à mon florilège Vladimir P.'s House Music.
Après avoir envoyé hier une poignée de roubles à la Croix Rouge, malgré la modestie de mes revenus, ces titres se sont imposés à moi, et quasi-bousculés dans l'antichambre de ma conscience pour intégrer la compilation de soutien sortie samedi dernier.
- "Kalashnikov" par Goran Bregović, issu de la bande-son de Underground, le film de Kusturica qui relate le parcours de résistants clandestins enfermés dans une cave, depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1990. A partir du destin croisé de deux amis, Marko et Blacky, depuis la résistance contre les nazis jusqu’aux milices serbes de Mladic en passant par les sommets de l’appareil d’Etat titiste, Underground trace une parabole sur l’histoire de la Yougoslavie de 1941 à 1991, un tourbillon allégorique qui sécrète de multiples questions, quelques réponses et beaucoup de confusion.
Qu’est-ce que cela fait d’avoir grandi dans un pays qui n’existe plus ? Que faire de son encombrant fardeau de nostalgie ? Qu’est-ce que l’Histoire, comment s’écrit-elle, quels sont ses rapports avec l’idéologie ? Dans le couple Histoire/Idéologie, comment le cinéma et les images tiennent-ils la chandelle ? Comment les résistants d’hier se transforment-ils en salauds d’aujourd’hui et vice versa ?
Toutes les musiques écrites par Goran Bregović pour les films de Kusturica sont magnifiques. On a surtout entendu celles de Arizona Dream, mais il faudra revenir sur les autres, ainsi que sur sa carrière post-cinéma.
- "Chérie c'est la guerre" par Sanseverino : on dirait qu'il vient de voir le Underground de Kusturica et qu'il en fait un palimpseste chanté :
c'était sur cet album, oui madame.
Des punks à chiens en limousine traversent la campagne de Serbie
De vieux dirigeants yougoslaves leur jettent des hosties
Ils ont le visage de Tito et le corps de Françoise Sagan
Mais ils ressemblent à s'y méprendre à Michel Blanc
Un vieil empereur en porte-jarretelles, la fiole de poppers à la main
Parle à sa cour des privilèges et leur dit "C'est pour demain !"
Et puis là, c'est la déferlante. Des vagues de haine xénophobe
Commencent à dévaster l'Europe et puis après, c'est tout le globe
Chérie, c'est la guerre !
C'est rare de voir Sanseverino partir sur une inspiration surréaliste, souvent ça tourne à vide, et je suis le premier à le déplorer. Là, il y a un petit côté Garcia Marquez, il faut en profiter, ça durera pas aussi longtemps que la guerre les impôts.
- "Alligators 427" par Hubert-Félix Thiéfaine : les joyeux débuts du prophète auto-proclamé de l'Apocalypse Permanente et Inoxydable, qui ne fut jamais meilleur que dans cette funèbre et effroyable ritournelle propre à enterrer tous les effondrologues sous les gravats passés, présents et futurs.
Ils arrivent, et je n'ai rien à me mettre.
Quelqu'un a prétendu sur Internet que Alligator 427 était le nom de code de l’armée américaine pour désigner les bombes nucléaires utilisées au Japon en 1945, mais je ne retrouve rien sur ce fait pseudo-historique, surtout depuis que Russia Today n'est plus accessible en ligne. Je pense qu'il a confondu avec "Arigato 427", qui était l'indicatif qu'il fallait composer sur les vieux téléphone à cadran dans la sous-préfecture de Kyoto pour joindre l'opératrice afin qu'elle vous passe le 22 à Asnières, et ce n'est pas très grave. En faisant des recherches sur cette chanson, j'apprends que c'est la terreur du cancer qui l'a inspirée à Hubert-Félix, cancer qui s'est révélé ensuite n'être qu'une carence en vitamines liée à la malnutrition, parce que le début de sa carrière fut peu nourrissant.
Heureusement que « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots », comme nous le disait Alfred de Musset en sortant du Palace, et Hubert Félix ne tarda pas à accéder au rang de Prince de l'Inquiétude et à succomber aux charmes d'une alimentation riche en protéines grâce au relatif succès de ses requiems pour flippés.
« Concernant ses valeurs fondamentales, jusqu’à quel point un individu préfère-t-il mourir plutôt que de faire des compromis et vivre ? Des millions de gens, à l’époque contemporaine, ont été confrontés à la décision de savoir si, pour sauver leur vie, ils seraient ou non disposés à trahir leurs amis ou leurs proches, à complaire à un dictateur, à vivre en esclavage ou à préférer l’exil. Les nations et les sociétés ont parfois à prendre collectivement des décisions similaires. Toutes ces décisions impliquent des paris sur l’avenir, faute de la certitude que la perpétuation de certaines valeurs conduise à l’échec ni leur préservation au succès. (..) Parmi les cinq petits pays d’Europe de l’Est confrontés à la puissance irrésistible des armées russes, les Estoniens, les Lettons et les Lituaniens ont renoncé à leur indépendance en 1939 sans combattre, alors que les Finlandais se sont battus en 1939-1940 et ont sauvegardé leur indépendance ; les Hongrois, eux, se sont battus en 1956 et ils ont été défaits. Qui d’entre nous peut dire quel pays a été plus sage et qui aurait pu prévoir à l’avance que seuls les Finlandais gagneraient leur pari ? »
Jared Diamond. « Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (2005)
Après avoir déclaré publiquement que je cessais d'en regarder, j'ai prudemment attendu 2022 pour faire le malin avec toutes les chouettes séries récentes vues dans les douze derniers mois de 2021, des séries à durée et à prix mini comme The White Lotus, The North Water, Years and Years, The Good Lord Bird, mais pourquoi pas aussi celles que j'ai du mal à suivre tant elles sont barrées (The Midnight Gospel) et celles que j'ai très rapidement laissées tomber (Succession, Foundation, Teheran) pour montrer que je reste quand même à fond en état de veille technologique, malgré mon air de ne dormir que d'un oeil, mais en fait si on regarde d'un peu plus près l'historique de mon lecteur multimédia de salon, on y trouve surtout (en plus de la trilogie John Wick et de la première saison de The Expanse pour me chauffer en attendant la prochaine et dernière)
- les Brigades du Tigre(1974)
- les Nouvelles Aventures de Vidocq (1971)
En effet, inconsolable de la mort de Marcel Bluwal, quand tout le monde dort, je me les repasse en boucle.
C'est très gênant.
On n'a refait que l'affiche, parce que retoucher toute la série image par image, merci bien, on serait débarrassés du Covid qu'on y serait encore. (en début d'année, bien mettre les choses au conditionnel)
Sans parler des derniers films qui m'ont plu :Le port de l'angoisse (1944) et Le grand sommeil (1946) car je ne dors plus beaucoup par moi-même depuis quelques semaines. Enfin, ça va un peu mieux quand je ne m'excite pas trop en cédant aux charmes surannés de l'auto-addiction devant ce bon vieil ordinateur à pédales.
Ce n'est pas une insulte homophobe, c'est vraiment un ancien modèle.
Et Dieu sait que pour pédaler, on est là.
Mieux vaut encore me titiller le neurone devant tous ces programmes furieusement déjantés, sans compterThe Sinner S04 et WandaVision que je viens de commencer et qui ressemble au fameux épisode S02E06 de Mister Robot (dans lequel Elliot se voit dans une sitcom du début des années 90, avec ses parents et Darlene, dans un road trip étrange. La situation devient de plus en plus absurde, et il comprend qu'il est dans un état dissociatif créé par Mr. Robot afin de l'empêcher de ressentir la douleur des coups portés par les hommes de main de Ray. Après deux jours dans le coma, Elliot reprend conscience et, quelque temps plus tard, il est emmené de force dans une cave alors qu'il se remet à peine de ses blessures. J'ai bien fait de ne pas regarder de sitcom au début des années 90)
Malheureusement, y’a un abruti de journaliste dans Télérama qui a tout divulgâché l’argument de WandaVision alors que je n’en avais vu que 3 épisodes.
Je me doutais que ça n’allait pas finir bien. Le problème, c'est qu'une fois lu, on ne peut dé-lire un spoil de Télérama.
Que Saint Igor et Saint Grichka le patafiolent.
M'enfin, ce sont quand même des problèmes de riche.
Ce que j'ai vu de mieux en 2021, ça reste The White Lotus :
Un hôtel de luxe à Hawaï, parfait condensé des hypocrisies sociales et des injustices qui régissent le monde (...) en six épisodes inconfortables et hilarants, une impitoyable critique d’une certaine Amérique, de ses privilèges et de la façon dont elle écrase les minorités qui l’entourent. Un jeu de massacre pourtant étrangement attachant, porté par une distribution impeccable, dont Connie Britton, parfaite en femme d’affaires workaholic. (...) Près de dix ans après l’inoubliable Enlightened, série créée avec Laura Dern, Mike White confirme tout le bien que l’on pensait de lui : il est l’un des auteurs les plus brillants du moment.
Comme sur ce blog, l'équipe du White Lotus vous accueille toute l'année dans la bonne humeur, dût-elle en perdre le boire et le manger. Et les clés de votre chambre. Et son self-control.
L'interprétation est magnifique, c'est vrai. Autant je n'ai pas été emballé par "Enlightened", la précédente série de l'auteur découverte à l'occasion de cet article de Télérama (garanti sans spoil) sur laquelle je me suis d'abord jeté, en plus elle est assez dure à trouver, sans parler du fait que j'ai bien galéré pour trouver des sous-titres décents et les resynchroniser, autant là, c'est la révélation sans fard et l'acclamation à gorge déployée dans le hall de mon salon devant le téléviseur Trinitron 37 cm.
Chaque acteur porte son personnage au delà de l'incandescence menant à la combustion spontanée, et le directeur de la photo qui fait baigner ces péripéties hôtelières dans un crépuscule couleur test d'urine compromettant pour sportif en chambre, c'est magnifique.
Et en plus, ça semble assez probable, quand on regarde les locations saisonnières.
Et pourquoi donc alors The White LotusUnofficial Soundtrack ?
La musique composée pour la série, envahissant de ses renoncules fuligineux les péripéties hawaïennes jusqu'à quasiment en asphyxier ses récipients d'air, sauf un qui s'en sort mieux qu'il n'y était entré, mais on vous dira pas qui parce que y'a pas marqué Télérama, est l'oeuvre de Cristobal Tapia de Veer, connu dans le quartier pour avoir contresigné la musique de Utopia, la série anglaise inquiéto-pandémique de sinistre mémoire puisqu'il s'avère de plus en plus que finalement, tout était vrai.
Cristobal (j'ai un tonton qui m'appelait comme ça, à cause de la chanson de Pierre Perret) dont je regarderais presque n'importe quoi s'il l'avait musicalement illustré, bien que je me sois déjà fait avoir une fois ou deux.
Le générique de début est vénéneux, voire neurotoxique.
Ne le regardez ni ne l'écoutez, sinon vous allez vous retrouver dans une librairie à acheter le dernier Houellebecq, et il sera bien tard pour faire machine arrière.
En dehors de l'oeuvre de tonton Cristobal, on entend tout au long de la minisérie des musiquettes pseudo-hawaïennes, qu'on peut identifier sur le site tunefind que des malades mentaux ont créé pour que d'autres malades viennent s'y abreuver, collecter le fruit de leurs rapines, et le proposer à l'édification de la populace esbaubie, comme dans les contes fripons de Cabanes, tout en respectant l'ordre de leur diffusion dans l'arc narratif de la série.
Les morceaux empruntés à Nā Mele Hawaiʻi : A Rediscovery of Hawaiian Vocal Music par The Rose Ensemble, une chorale du Minnesota spécialisée dans la musique ancienne, m'a fait verser de chaudes larmes, de par la profonde beauté de leurs chants, je tenais à le signaler, parce que c'est pas tous les jours, et que ça m'a contraint à acquérir leur album à 9,99€ en urgence sur Qobuz, après 6 mois de réflexion financière (en 2021, j'ai obtenu un CDI, mais à mi-temps, alors c'est bien le mi-temps mais ça vaut un demi-salaire.)
...le Hawaïen, cette langue singulièrement dépourvue de consonnes fricatives, sans lesquelles il semble malaisé de proférer une quelconque insulte, cette langue qu'on parle sans aucun accent après l'ablation des gencives. Et comment entonnerait-on un chant de guerre sans gencives ? Je vais finir ma purée avant de répondre.