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jeudi 21 octobre 2021

Les voix du monde - florilège d'un podcast sans frontières (2021)

Les blogs de chanteurs morts : plus jamais ça !
Contrairement aux blogs de chanteurs morts et de Vénérables Variétés Verdâtres dont d'enthousiastes et cacochymes thuriféraires tentent de répandre les spores et les moisissures au-delà du cercle des aficionados disparus sous la neige à bord de leurs pantoufles à l'heure de la soupe froide à l'Ehpad de Champigny-sur-Morne où ils résidaient en pension complète, blogs qui sont autant d'ouvertures béantes, lépreuses et nécrosées donnant sur le mur décrépit de la prison d'en face, les podcasts de musique du monde peuvent être une formidable fenêtre sur l'ailleurs, un ailleurs vivant et vibrant, et chantant à en perdre Hélène par-dessus le marché, fenêtre à travers laquelle a soudain lieu (ou pas) la rencontre du Tout Autre, au hasard d'un cocktail musical bien frappé. Par exemple, si je suis un vieux mâle européen et que je chante faux, mon Tout Autre musical est une jeune bergère lettone qui fait des trilles dans la prairie comme des perles de rosée, tout en jonglant de l'autre main avec ses moutons sortis du Génie des Alpages. Ou pas.
Un ancien collègue de bureau anime depuis 18 ans (mais en fait de toute éternité) une émission de dépaysement sonore sur une radio rennaise, et confectionne l'air de rien une somme toujours augmentée en forme de magnifique podcast bimensuel au cours duquel il ouvre, tel un Rémy Kolpa Kopoul en chemise hawaïenne, cent mille fenêtres sur cet Ailleurs musical plein de bergères lettones, de Brésiliens déjantés et d'Afghans désappointés mais qui peuvent quand même se ressourcer ailleurs que sur youtube. 


Jean diffuse en léger différé de sa yourte, au Kazakhstan.
L'émetteur radio est alimenté grâce à un groupe électrogène au charbon de bois.

C'est très rafraîchissant. Et on sort du cadre. Celui que nous nous étions tracés pour nous rassurer, ignorants que nous étions qu'il deviendrait notre prison. Mais le griot même pas albinos et pas tellement nègre non plus n'a de cesse d'élargir nos horizons, en nous donnant à entendre le gai tintamarre des voix du monde, bien plus harmonieuses que ce qu'on pourrait croire si on restait frileusement ancré dans la brit-pop des 60's.
Son émission, c'est le contraire des incantations/injonctions à la reviviscence (retour à la vie active de formes vivantes (rotifères, tardigrades, anguillules, ciliés, amibes, mousses, graines, spores) qui étaient entrées en anhydrobiose (vie latente) sous l'effet de la dessiccation) des cultures mortes, puisque les traditions s'y révèlent vigoureuses, métissées, modernes, incarnées, et transnationales. 
Souvent, quand je crois pouvoir apporter de l'inédit, du farfelu voire du savoureux à l'auteur du podcast en question, en lui soumettant mes Tout Autres, comme  Turfu ou encore des Sibériens qui reprennent les Beatles dans un monde post-vergogne, il me dit souvent qu'il connait déjà, m'en sort trois dans la même veine, en mieux, et me rabat mon caquet sans peine, me renvoyant au Pléistocène (la première époque géologique du Quaternaire et l'avant-dernière sur l'échelle des temps géologiques. Elle s'étend de 2,58 millions d'années à 11 700 ans avant le présent), repoussant au loin, entre l'horizon évènementiel de la Réalité Réelle Ratée et les innombrables aux-delàs du Multivers de Grant Morrison les bornes de mon incrédulité sonique, et m'évitant l'enflure d'Ego (qui guette tous les bloggueurs au coin du bois, ne l'oublions pas et restons vigilants). Quand je pense aux aventures de Gérard Manset en Thaïlande, que je n'ai toujours pas lues mais que j'appréhende gravement, je me dis que la curiosité musicale est tout aussi légitime mais beaucoup moins dangereuse pour la santé que la curiosité sexuelle, et bien plus facile à satisfaire !

dans les années 80, on n'avait pas besoin de pass sanitaire pour partir en Turquie en moto.
Mais y'avait pas internet, et on s'y faisait chier un max. (Collection privée de désert)

Le problème de tous ces podcasts musicaux, qui infestent désormais le Web et relèguent les blogs de chanteurs morts au rang de ringardises innommables, c'est le flow des animateurs, qui essayent d'expliquer des trucs entre les morceaux, 
qui imaginent des transitions, qui s'évertuent à fournir l'arrière-plan culturel qui permet de resituer la musique dans son contexte. Un peu comme les vieux geeks sur les blogs de vieux geeks. On s'en lasse. L'arrière-plan culturel, on s'en cogne, on perçoit la musique directement par les chakras. Faites péter les skeuds, et fermez vos gueules, putain. La vie est si courte. Mais si on part à tronçonner leurs podcasts dans un éditeur audio, pour se débarrasser du bla-bla en ne conservant que la partie musicale, on se retrouve comme par enchantement (mais plutôt maléfique, donc ça s'appelle plutôt un sortilège) dans la peau du vieux geek qu'on essayait justement de s'extraire en ouvrant une fenêtre sonore sur le monde. Et les inimitables incantations des auteurs des podcasts finissent par nous manquer, car les échos de leurs voix détimbrées d'érudits mélomanes résonnent encore sur les plages qu'ils nous ont ouvertes, mais leur babil entré dans l’invisible n'a plus rien d'intelligible. 
Ça m'est arrivé avec les podcasts de l'herbe tendreceux de radio vedette, mais pas en écoutant celui de Fabrice Drouel sur l'histoire de Carbone 14. Faut dire que si je tronçonne les podcasts de Fabrice Drouel en enlevant les moments où il parle, il ne  va pas rester grand-chose à écouter. Quelle chance ils ont, pourtant, sur Inter, d'avoir le Pierre Bellemare de sa génération.

Pendant ce temps, en Inde, les enfants sont traités à tour de bras à l'ivermectine
en prévention du Covid, et des milliers de faux villages de Schtroumpfs
hâtivement montés vont pouvoir ouvrir pour contenter les touristes,
qui affluent comme avant-guerre. Gérard Manset a déjà pris son billet.  

J'ai écouté les 8 derniers épisodes du podcast "les voix du monde", soit de juin à septembre, j'ai un peu triché parce qu'il m'avait indiqué une émission spéciale "reprises" qui m'a beaucoup plu, j'ai sélectionné selon ma sensibilité, j'ai agité mes doigts et mes cutters au-dessus des pistes, et je ramène des musiques du monde entier, comme en témoigne la playlist ci-dessous. Au passage, j'ai bien peur d'avoir réinventé fip, sans les fipettes. Mais l'idée, c'est de suivre ces artistes, dont certains habitent près de chez moi malgré l'exotisme supposé de leur musique, et d'aller les voir en concert avant qu'arrive la nouvelle mutation du virus mutant qui nous clouera définitivement dans nos souterrains, pire que dans 10 Cloverfield Lane.  Voilà, vous ne pourrez pas dire que vous n'aurez pas été prévenus.
"Jean, à la technique" comme il se présente sobrement sur sa page d'accueil, est un passeur. Il fait son miel de l'émerveillement muet qu'il suscite auprès des auditeurs qui auront su laisser de côté leur incuriosité pour le temps de l'émission.
Il y a 189 épisodes disponibles en téléchargement. 





article sous licence Loisirs créatifs® avec utilisation raisonnée du clavier bien tempéré.

lundi 23 novembre 2020

Haïdouti Orkestar & Ibrahim Maalouf - La Vache (2016)

Hier matin, bravant ma flemme aurorale et les pandores auroraux, je suis allé trottiner une heure dans les chemins creux, pour renforcer mon immunité contre le Covid, bien au-delà du kilomètre autorisé par la Kommandantur. 
A mon âge, on transgresse ce qu'on peut, et une succession de contretemps m'avait tenu éloigné du jogging plusieurs semaines de rang. J'allais ramollissant, et il fallait agir. Tandis que dans le Monde, qui me tenait lieu d'humanité dimanche, certains graciaient leur bourreau, d'autres disgraciaient leurs bourrelets, mais je pourrais aussi commencer par réduire sur le chocolat à l'heure où les grands fauves élevés par Télérama vont voir s'il reste une tablette de blanc à l'orange dans le placard quand vient leur série du soir. Dans le champ de Fernand, dont un angle est en pente, les vaches s'étaient massés à l'extrémité septentrionale du plan incliné, qui recevait directement les rayons du soleil matinal, alors que le reste de la parcelle blanchissait de givre, dans l'ombre du pont d'Aigrefeuille. C'est beau, une vache qui bronze dans la brume ! Elle m'a maté comme si j'étais un prisonnier sans dérogation, l'impudente.
Et sinon, je ne sais pas encore ce que vaut le film, mais la musique de le film, elle est absolument démente. Elle matérialise à mes esgourdes incrédules tout ce que j'espérais trouver un jour dans un disque de musique balkanique sans oser le demander à Patrick Balkany et son grand orchestre de pipeaux magiques.