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jeudi 3 novembre 2022

Jak Belghit - Concerto pour guitare et looper (2022)

Un jour qu'il était encore enfant, Jak est abandonné en forêt par ses parents, dont l'élevage de lapins angoras vient d'être décimé par la myxomatose, les contraignant à une sobriété contrainte, même si ça fait deux fois "contrainte" dans la même phrase. Sans haricots magiques pour grimper le long après qu'ils auraient poussé, ni petits cailloux blancs pour retrouver son chemin après l'avoir perdu, Jak est alors recueilli puis élevé par une horde de guitares sauvages, qui passait par là à l'heure où les grands fauves vont boire au marigot, tandis que les petits slurpent des flaques d'eau croupie. La horde le gave de biberons fourrés aux médiators, et le soir, pour l'endormir, les guitares le bercent de mélodies dont il se souviendra adulte, en mémorisant la position des doigts sur le manche.
Sans transition ni explication, on le retrouve brusquement dans la rue, où il élève un bébé looper, et joue pour gagner leur vie à tous deux les mélodies dont il se rappelle de quand il vivait nu au milieu des fauves musicaux. Dans la rue, si l'on veut survivre, on ne peut pas tricher, ni régner à coups de 49.3, ni faire du barouf à base de riffs empruntés en espérant que les passants nous lapident de piécettes, il faut simplement être bon, pour provoquer l'attroupement et déclencher le réflexe donateur

un looper beaucoup moins musical
que celui de Jak
Parce que qu'est-ce que ça bouffe comme piles, un bébé looper. Comme les fils de l'homme, le bébé looper se nourrit des phrases qu'on lui dicte, mais au lieu de ponctuer sa réponse de "apopo" et "800 pieds" comme les bébés dans l'encyclopédie de Goossens, le looper répète imperturbablement tout ce qu'on lui a confié, en mimant l'humanité de son créateur avec un semblant d'intelligence qui se voudrait artificielle mais qui n'est que mécanique. C'est pourquoi il ne faut pas lui donner n'importe quoi à répéter, comme au bébé normal. Ajoutons que dans ce disque-ci, le bébé looper est noori avec tant de musicalité et de délicatesse, qu'on jurerait parfois entendre Jak jouer plutôt que son bébé (qui ne braille jamais, contrairement aux bébés humains.)

 
Echaudé par les frippertronics, on croit que les boucles de guitare nous entraineront vers le circulaire et le répétitif, qu'elles seront à l'équilibre en n'importe quel point du cercle qu'elles produisent, ce qui n'est possible que si l'on était en même temps plein de foi en la science mais nul en géométrie à l'école, et on craint que ça sera quand même un peu ennuyant à écouter. Pourtant, je n'ai perçu nulle répétition, juste l'âme d'un musicien explorant sans crainte ni ombre au cœur le multivers des mélodies possibles, avec des phrases qui apparaissent et disparaissent, comme au cours d'une méditation, en toute simplicité, dans une nudité désaturée, désarmante et splendide. Puissè-je être un jour aussi rêveur, vaporeux mais précis, peu réverbéré mais comme en une cathédrale, dans ma pratique. Je ne vais pas vous chanter Ramona jusqu'à la Saint-Glinglin : ces instrumentaux enregistrés vivants dans la rue sont une démonstration discrète de puissance et de sensibilité. 
On l'aura compris, si un seul d'entre vous achète l'album, j'aurai gagné ma journée.

https://jakbelghit.bandcamp.com/album/concerto-pour-guitare-et-looper-3

mercredi 29 décembre 2021

[Repost] Dans les coulisses de Matrix 4 (2020)

Hier, l'idée de faire un billet sur la mort tragique de Grichka Bogdanoff du Covid-19 me déprimait complètement. Heureusement, je peux reposter en hommage à ce brave nonvax un billet écrit lors du tournage de Matrix 4, également non vacciné, et c'est pour ça que Spiderman-le-reboute-du-reboute-du-reboute est en train de l'envoyer aux urgences, question remplissage des salles de cinéma qui comme celles du pénitencier vont bientôt se refermer, parce que Peter Parker, vu qu'il a été piqué par une araignée radioactive, c'est pas un petit virus de gripette qui pue qui pète dans sa trompette comme le Covid_19 qui va l'indisposer. Non mais sans blague.
Donc, extraits de la nécro dans Le Monde d'hier (qui vu de ma fenêtre s'appelle aujourd'hui vu que ce billet ne paraitra que demain) : 

Grichka Bogdanoff, l’un des frères du duo emblématique qu’il forme avec Igor, notamment connu pour avoir animé l’émission de science-fiction « Temps X », diffusée de 1979 à 1987, est mort mardi 28 décembre à Paris, à l’âge de 72 ans, a annoncé son agent. « Entouré de l’amour de sa famille et des siens, Grichka Bogdanoff s’est éteint paisiblement pour rejoindre ses étoiles », a écrit sa famille dans un communiqué transmis par son agent. Selon nos informations, Grichka Bogdanoff avait été hospitalisé le 15 décembre dans le service de réanimation de l’hôpital Georges-Pompidou, après avoir contracté le Covid-19. Le même jour, son frère Igor avait été également reçu au sein du même service de cet établissement, pour des raisons identiques. Selon une source proche des deux frères, ils n’étaient pas vaccinés contre le Covid-19. Docteurs en physique et en mathématique, écrivains, animateurs de télévision, descendants de l’aristocratie autrichienne, figures de la vulgarisation scientifique pour le grand public et objets de controverses pour les chercheurs… en plus de quarante ans de vie publique, Igor et Grichka Bogdanoff (qui ont remplacé l’orthographe de leur nom en « Bogdanov », en signature de leurs ouvrages dès les années 1990) ont accumulé autant de succès populaires que de railleries sur le mélange des genres qu’ils entretiennent, entre théories sur la relativité générale et passion pour la science-fiction. (...) 
En juin 2018, ils avaient été mis en examen pour « escroquerie sur personne vulnérable », soupçonnés par la justice d’avoir profité de la vulnérabilité et des largesses financières d’un millionnaire de 54 ans, qui s’est suicidé le 31 août 2018. Outre les frères Bogdanoff, quatre autres personnes devaient être renvoyées dans ce dossier devant le tribunal correctionnel de Paris, les 20 et 21 janvier 2022. Les avocats des frères Bogdanoff, Mes Eric Morain et Edouard Lamaze, avaient prévenu la justice, avant Noël, de la situation médicale de leur client et envisageaient de demander le report du procès. Mardi, les avocats de Grichka Bogdanoff indiquent, dans un communiqué, que ce procès « ne constituait nullement une actualité pour lui et pour son frère jumeau tant ils s’estimaient étrangers aux faits reprochés et scandalisés par des accusations infondées ». « Cette procédure s’éteint donc en l’état à son égard, ajoutent-ils, et il restera définitivement présumé innocent. »

La relecture de leur biographie les situe dans le camp des charlatans transhumanistes cronenbergiens, genre peu pratiqué en France, un mélange explosif qui peut aussi tourner au pétard mouillé (leurs publications "scientifiques", leurs tentatives de come-backs médiatiques, leurs frasques existentielles... un mélange de sublime et de pathétique, le tout saupoudré de SF à trois balles)
J'en conclus pour finir de mitrailler l'ambulance d'Igor qui suit le corbillard de Grichka vers sa dernière demeure, que ce qu'il faudrait, c'est décider les Soeurs Wachowski à incarner les frères Bogdanoff dans le biopic que leur consacrerait les frères Coen. Ça, ç'est un film qui aurait de la gueule. 


jeu. 18 juin 2020
Si le tournage de Matrix 4 est à l'arrêt depuis la mi-mars, c'est bien sûr sous couvert de la pandémie de Covid-19, qui a le dos large, et à qui les technocrates découvrent chaque jour de nouveaux usages instrumentalisés pour masquer leur incompétence crasse.
Cette pandémie qui veut soit-disant accaparer toute la quotité d'attention disponible, comme une grosse pute qui serait aussi un vieux père acariâtre capable, dans la même journée, de passer de la promesse susurrée de gagner des gros soussous si on est gentils avec toi, au chantage le plus sordide de voir notre héritage nous passer sous le nez au profit de l'association pour la préservation des chats de Viviane L. si on ne se plie pas à sa volonté, alors qu'on a quand même passé l'âge, et alors aussi que tu ne peux supporter ni son fidèle Pandémiaou ni Viviane elle-même, que tu ne fréquentais qu'en souvenir de maman, et que le Président a encore rappelé dimanche alors qu'on était à peine rentrés de la chasse aux méduses qu'il fallait accélérer le déconfinement, que comme Manu Larcenet en son temps il est à la la recherche de l’effet «Blast», et qu'il veut aussi lutter contre les discriminations, mais refuse de «déboulonner» les statues, dont le passé n'a pourtant pas d'amis quand il vient les lécher, comme nous en avait prévenus Hubert-Félix du temps du Cosmogol 1999, un poil après qu'Higelin ait alerté les bébés de dangers encore plus graves, mais le monde d'avant n'était pas prêt.

preuves irréfutables des complots en cours, courtesy of Complots faciles ®
Mais en fait, en surfant sur le blog d'Alain Soral on découvre que ce qui paralyse vraiment la production de Matrix 4, ce n'est pas la gripette pékinoise, mais un procès pour escroquerie contre les soeurs Wachowski, qui ne s'appelaient pas du tout comme ça avant-guerre.
L'article m'a tenu en haleine de bout en bout, car il va bien plus loin que je ne saurais le faire, même en forçant un peu comme là, mais c'est juste pour vous montrer.

Encore un peu de cirage noir pour le fond de teint, et ca sera bon pour le Congo, les filles. 
N'oubliez pas le timbre fiscal.
En effet, comme on le découvre médusé sur ces clichés d'identité judiciaire, les soeurs Wachowski, elles ne s'en vantent pas dans le monde d'après, mais avant d'être outrageusement remaquillées à la truelle comme des chauffeuses de camion volés, elles s'appelaient les frères Bogdanoff, et la première version du premier Matrix s'appelait Temps X, ce qui était presque pareil, surtout vers la fin, comme le montre l'équation établie par Stephen Hawking sur le blog de Soral : Temps / X = Matt' r (X)qui en plus annonce le Reboot.
Elles n'avaient alors nul besoin de spolier des millionnaires dépressifs pour régler leurs déboires financiers et se la péter sur TF1, vu que leur beauté païenne et leur ambivalence gmail gémelle, ainsi que leur tendance à vulgariser les grands thèmes de la SF, dans le sens "Rendre vulgaire, grossier; faire perdre toute distinction, toute élégance." ou encore "On ne vulgarise pas le beau; on le dégrade", ou encore c'est bon ça va on a compris, réjouissait les téléspectateurs de tout niveau intellectuel, alors que maintenant il faut des youtubeurs assermentés pour rassasier des armadas de publics fragmentés et confits dans le repli communautariste.
Un projet de crowdfunding a donc été lancé sur internet, pour payer les frais d'avocats des soeurs Bogdanoff et relancer la production de Matrix 4, dont le budget ne cesse d'enfler depuis que Vincent Cassel a exigé un doublement de son cachet d'intermittent. Il devait à l'origine reprendre le rôle du Mérovingien (Lambert Wilson est tellement âgé qu'il se prend désormais pour un Carolingien et tape dans les boites avec Laurence Fishburne, persuadé de jouer la saison 4 d'Hannibal à l'Ehpad chaque fois qu'un aide-soignant qui ressemble vaguement à Madds Mikkelsen leur sert des dés de jambon) mais plus ça va, moins il le sent.

Pour se refaire, les soeurs Wachowski ont aussi envisagé de jouer dans le biopic consacré à ZZ Top,
mais ayant mal lu le script, elles se seraient laissé pousser les prothèses plutôt que la barbe.

Moralité : quand on est millionaire, vaut mieux pas être dépressif. Et si on l'est quand même, il vaut mieux prendre ses médicaments, si on veut pas se retrouver piégé en compagnie des frères Bogdanoff dans un remake du Casanova de Fellini par John Carpenter, parce que Carrie-Anne Moss a prévenu qu'elle ne jouerait pas la fille automate précédemment incarnée par Monica Bellucci dans la trilogie Tatrix. 

samedi 4 avril 2020

Om : Pilgrimage (2007)

faudra dire au graphiste que c'est un peu de traviole.
Om était un banal groupe de doom metal, aussi ennuyeux et interchangeable que tous ces groupes de doom metal interchangeables, ennuyeux et peu nourrissants dont le plan de carrière consiste à endommager les canaux auditifs d'un maximum de lecteurs de Télérama, parmi ceux dont le facteur n'est pas parti en congé maladie avec l'exemplaire de la semaine dernière.
Mais ça, c'était avant. Avant qu'ils fassent main basse sur le matériel pédagogique massivement mis à la brocante sur le bon coin par les ex-membres déçus de l’église évangélique de la Porte ouverte, après que tout le monde se soit violemment enrhumé dans les courants d'air.
Dans une période où nos certitudes spirituelles branlent dans le manche, et où la science ne se hasarde pas encore à promettre des réponses, mais pas pour tout de suite, nos lutins métalleux refroqués à la friperie religieuse ne pouvaient que rafler la mise, sans oublier toute la petite monnaie tombée des poches des soutanes des prêtres en quittant furtivement les chambres des novices après cet étrange voyage au bout de la l'Anouilh qu'ils faisaient ensemble, chaque petit matin que Dieu fait, enfin, faisait, avant-guerre. Je ne ferai pas d'allusion graveleuse sur les microbes échangés au passage, ça serait déplacé. Il y a un temps pour le blasphème, et un temps pour le repentir.

Si le chauffeur du car Macron n'a pas bien rempli sa dérogation pour partir à la mer,
bonjour les embrouilles Porte d'Aubervilliers ce week-end.
Mais le binge-listening, cette marche forcée du productivisme audiophile qui étouffe l'objet de sa passion à force de l'étreindre dans des canapés trop mous, et qui nous a conduits au bord du gouffre acouphénique, se doit de faire un pas ultime vers l'abime, quoi qu'il lui en coûte. S'il n'est pas trop profond, qu'on s'est juste un peu déchirés la panoplie de trekking en se coinçant au passage d'anfractuosités mal négociées, au pire on s'achètera des genouillères en solde chez Decathlon, dès qu'ils auront rouvert. Elles s'annoncent bien, les soldes de printemps, cette année.  Si elles ont lieu. Il est peut-être plus prudent de miser sur celles de début juillet, au moment du grand non-départ en vacances.

Le binge-déblatéring, lui, prend ses marques, pour ne pas empiéter sur la chasse gardée des chroniqueurs de BFM TV chargés de commenter la courageuse décision de Canal + de ne pas payer la prochaine facture de la Ligue de football professionnel, suite à leurs résultats très médiocres de cette dernière quinzaine, mais chacun son domaine de compétences pour éviter de nuire par une impertinence à fleurets mouchetés aux gens qui sont VRAIMENT plus que gênés par la contagion géante de la particule élémentaire touti rikiki mais maousse costaud.
Il y a dix jours, j'avais contribué au plan de refinancement de la dette italienne en claquant mes allocs chômage en musique en ligne auprès d'un rital un peu bruyant installé en Angleterre, afin d'aider à sauver l'Italie de la banqueroute avant que les fours à pizza ne soient tous nationalisés et précipitamment transformés en ateliers d'imprimerie de papier monnaie à base de PQ recyclé, mais comme j'avais trouvé moins cher auprès de sa maison de disques que chez Bandcamp, il m'est resté assez de sous pour acquérir pour quelques piécettes cyber-sonnantes et trébuchantes de quoi me convertir en chansons à la foi chrétienne si l'idée m'en prenait. Si ma foi dans les anticorps n'est pas suivie d'actes par mon système immunitaire, au moment de l'inévitable confrontation.
J'ai donc acheté "Pilgrimage" de Om auprès du fournisseur officiel. 
https://omsl.bandcamp.com/releases
Dans le temps on appelait ça s'offrir des indulgences. J'aurais pu craquer pour une autre de leurs encycliques, parce que j'ai braqué par ailleurs toute leur discographie au Super U juste avant la rupture de stock, mais ils n'ont pas été chroniqués dans Pitchfork, et je ne voudrais pas me faire avoir par mon appétit spirituel un peu trop aiguisé ces derniers jours pour être honnête. Je crains déjà l'indigestion du jour d'après, s'il arrive, et d'avoir eu les oreilles plus grandes que l'âme.

Ma preuve d'achat.
Je vends du rêve, je sais.
Hypnotique, masturbatoire, et gravement repompé sans vergogne aucune sur le psychédéliquement fumeux "Set The Controls for the Heart of The Sun" de Pink Floyd, le Pilgrimage de Om est appelé à rester dans les annales de la musique de transe narcoleptique remboursée par la Sécu et prochainement diffusée en sourdine dans toutes les bonnes salles d'attentes de médecine générale.
Ca me permet de donner ici, très modestement et à mon petit niveau, un coup de pouce à l'industrie musicale américaine, qui en a bien besoin car elle entre dans une zone de perturbations exponentielles, tant que Mike Pompeo persiste à à qualifier la maladie échappée d'un laboratoire de Stephen King de « Wuhan virus », ce qui repousse d'autant une éventuelle collaboration entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont désormais transformé la pandémie en un champ de bataille dans leur combat pour conserver une influence mondiale. 
Une préoccupation somme toute légitime, mais qui passe sans doute largement au-dessus de la tête de la bestiole.
Et en termes de mélopée sépulcrale pour accompagner Trump dans son bunker de la dernière rafale, quand il imitera Bruno Ganz grimé en Hitler dans "La Chute", c'est la bande-son idéale, mon neveu.

Attention : certaines sectes évangéliques peu scrupuleuses répandent des publicités mensongères pour leur petite entreprise de contagion, sous forme de publicités-surprise qui s'ouvrent de manière tout à fait intempestive sur des sites genre Pornohub Premioume® et y présentent leur mouvement sous un jour Trumpeur.  Méfiez-vous, ils ne cherchent qu'à vous intuber.
Je reconnais que sur le plan de la musique sacrée, les production ultérieures de Om, "God is Good", ou "Advaitic Songs" s'illustreront à nouveau par de magnifiques pochettes et creuseront un peu plus profond le sillon du stoner oriental chrétien. Pour réchauffer son âme en allumant le feu qui couve dedans avec des Morceaux de la Vraie Croix, on pourra leur préférer notre pile de vieux Dead Can Dance. Dimanche prochain, le sermon portera sur la résurgence du psych nippon. N'oubliez pas vos moufles.

jeudi 9 janvier 2020

Lovecraft Facts (4)


Derrière un escalier suintant du web descendant à une cave à côté de laquelle le Darknet n'est qu'un aimable e-canular d'étudiant russe en master II de hacking, j'ai déniché un grimoire maudit, abominablement transcrit par un logiciel d'OCR défectueux qui caviarde hideusement le texte originel :
« De ses voyages dans les terres douteuses de l’indicible, Lovecraft n'est pas venu nous rapporter de bonnes nouvelles. Peut-être bien, nous confirme-t-il, quelque chose se dissimule, et se laisse parfois apercevoir, derrière le rideau de la réalité. Quelque chose d'ignoble, en vérité.
Il est en effet possible qu’au-delà du rayon limité de notre perception, d’autres entités existent. D’autres créatures, d’autres races, d’autres concepts et d’autres intelligences. 
Parmi ces entités, certaines nous sont probablement supérieures en intelligence et en savoir. Mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Qu'est-ce qui nous fait penser que ces créatures, aussi différentes soient-elles de nous, manifestent en quelque façon une nature spirituelle ? Rien ne permet de supposer une transgression aux lois universelles de l'égoïsme et de la méchanceté.
Il est ridicule d'imaginer que des êtres nous attendent aux confins du cosmos, pleins de sagesse et de bienveillance, pour nous guider vers une quelconque harmonie. Pour imaginer la manière dont ils nous traiteraient si nous parvenions à entrer en contact avec eux, mieux vaut se rappeler la manière dont nous traitons ces « intelligences inférieures » que sont les les lapins et les grenouilles. Dans le meilleur des cas, elles nous servent de nourriture ; parfois aussi, souvent, nous les tuons par simple plaisir de tuer. Telle est, nous avertit Lovecraft, la véridique image de nos futurs rapports avec les « intelligences étrangères ». Peut-être certains beaux spécimens humains auront-ils l’honneur de finir sur une table à dissection ; et voilà tout.
Et rien de tout cela n’aura, une fois encore, le moindre sens. »
Extrait de: Michel Houellebecq. « H.P. Lovecraft: Contre Le Monde, Contre La Vie. »

Surprise : sur le plan métaphysique, on n'est pas loin des intuitions fondamentales de Ptiluc, pour lequel Dieu est un être "infiniment mauvais et pue-du-cul."
(il faut dire qu'il fait bien mauvais aujourd'hui et que j'aurais tendance à abonder dans son sens).
Plutôt que Lovecraft, ou Lovecraft disséqué par Houellebecq, ne vaut-il pas mieux relire Ptiluc, sans doute moins démodé dans le choix de ses adjectifs ?

"L'importance majeure des accords mineurs" - Ptiluc, 1984 


lundi 6 janvier 2020

Lovecraft Facts (3) : enfin j'en tiens un !

Lovecraft Fact #1

En relisant sa biographie, je mesure combien Lovecraft a eu une existence pathétique, qu'on ne souhaiterait à personne, bien que du coup il ait pu la dédier entièrement à la poursuite de ses cauchemars, quelle chance, cauchemars qui in fine le dévorèrent vivant, et de l'intérieur, aussi trivialement qu'ils le firent du pauvre docteur Le Scouarnec, qui avait un autre type de cauchemar (et prétendait que c'était un rêve éveillé) mais qui devait quand même vivre dans un univers sourdement contaminé par une inquiétude lovecraftienne, au moins en ce qui concerne le risque croissant d'être un jour prochain soumis à la Question par des Grands Anciens déguisés en agents de la maréchaussée.
Mais que voulez-vous, chez ces gens-là le sentiment d'impunité est renforcé par l'illusion de toute-puissance, un peu comme chez les blagueurs blogguistes, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps, et déjà tromper ma femme un quart d'heure s’avérerait le cas échéant une gageure, un challenge voire une performance sportive, parce que les réveillons ne m'ont pas fait que du bien par où ça passe, cf les articles précédents depuis que j'ai recommencé à écrire.
De toutes façons, cinquante ans, c’est le bel âge pour un homme : quand une femme lui dit oui, il est flatté, et quand elle lui dit non, il est soulagé. (David Lodge)
Lovecraft a eu une femme quelques temps, quand on lit ce qu'elle dit de lui on se dit que c'était vraiment gâcher la marchandise, quant à la tromper il eut d'abord fallu qu'il l'honore.
Bon, à la relecture, il n'y a aucun Lovecraft fact dans ce paragraphe, il va falloir travailler plus dur.
Je recommence.
Le docteur Le Scouarnec à 25 ans,
tenté par le démon de l'écriture
(allégorie)
Lovecraft Fact #1bis

Les « carnets noirs » de Joël Le Scouarnec, le chirurgien pédophile, dans Le Monde du 3 janvier.
Le journal intime du médecin, accusé d’agressions sexuelles et de viols sur mineurs et incarcéré depuis mai 2017, révèle un homme pervers et méthodique. De 1989 à 2017, il y détaille, jour après jour, les abus sur plus de 300 enfants.)
Et les enfants continuent de peupler les « carnets noirs », toujours plus, une addiction, effrayante sarabande de noms, d’adresses, ou juste une initiale, une silhouette, un fantasme, comme cette gamine qu’il n’a pas « réussi à coincer dans les toilettes » pendant une réception, cette petite invitée qu’il observe par le trou de la serrure au moment du coucher ou une gosse à la clinique dont la mère au bord du lit l’a empêché d’agir. Les odeurs corporelles, les sécrétions, les excréments − les siens comme ceux des autres − ont peu à peu envahi les pages. Il s’en délecte.
(...) A l’hôpital de Jonzac, le chirurgien ambitieux et fou de travail s’est mué en médecin effacé, courant derrière les vacations pour faire sortir du rouge le compte commun qu’il a gardé avec sa femme. « Il était un peu le sage de l’équipe, présent mais pas intégré », raconte un collègue. Le midi, Joël Le Scouarnec ne déjeune pas au self de l’établissement. Il préfère rentrer chez lui. Là, il se met nu, sa nouvelle façon d’être. Avale une boîte de conserve, penché au-dessus de l’évier. Puis télécharge des images pédopornographiques, une addiction, ses nuits y passent aussi, tant pis pour le retard à ses consultations. Ou alors, il se photographie, inlassablement, en tutu, avec une perruque à frange ou une culotte d’enfant volée au gré des occasions. Des mois durant, il ne se lave pas et s’en réjouit. Le whisky l’empêche parfois de tenir sur ses jambes.
Aaah ben voilà, tu vois quand tu veux : ces horreurs me semblent plus innommables, bien que les journalistes du Monde aient su les nommer, que celles imaginées par Lovecraft (bien que les siennes fussent quand même pittoresques, sans toutefois impliquer d'extra-terrestres qui ne se lavent pas, y'a quand même des limites). Moralité : quand il s'agit d'évoquer le bonheur, la littérature nous élève toujours plus haut que le réel (dans le réel, pas de Nirvana sans addiction) cf "Pandore au Congo", le meilleur roman que j'aie lu l'an dernier sur notre rapport intime à la fiction. Alors que question malheur, le réel l'emporte toujours, comme le docteur vient de le rappeler. C'est pourquoi les bouddhistes nomment l'univers phénoménal "Samsara", l'océan de souffrances. "Le désir de Nirvana, c'est le Samsara", ajoutent-ils souvent d'un air goguenard. On les comprend.

dimanche 5 janvier 2020

Lovecraft Facts (2)

Résumons l'article précédent, pour ceux qui n'ont pas le temps de lire, comme je l'ai lu sans en croire mes yeux au bas d'une page web France info tv :
Fans de Lovecraft faisant du barouf devant l'ambassade
irakienne des Etats-Unis où s'est réfugié Abdul Alhazred
pour qu'il écrive la saison 2 du Necronomicon.
Ne vous inquiétez pas, elle arrive.
- Lovecraft écrivait des trucs de fou qui faisaient trop peur, mais c'est parce qu'il était pas bien dans sa tête. Ca n'a pas empêché des générations d'adolescent.e.s de s'en goberger en poussant des petits cris d'orfraie, c'était chouette mais c'est fini, maintenant ils vont sur Internet où les mystères de l'univers leur sont souvent dévoilés avec moins d'élégance par Matzneff, ses incubes, ses succubes, son big Bazar et son quatuor à pétrole. Pendant ce temps, les horreurs persistent dans le Vrai Monde Réel et rendent fou l'imprudent qui se penche dessus. 
Pour s'en convaincre, relire l'article précédent au lieu de me croire sur parole, parce qu'un résumé est forcément réducteur, et qu'en plus il n'était pas très long.
En tout cas moins long que le sempiternel article de Jean-Pierre Filiu sur la partie de billard à trois bandes que se jouent les Etats-Unis, l'Iran et l'Irak.
- donc le seul truc qui ne rende pas fou, c'est de lire ou relire Lovecraft dans le noir, en alternant avec de la méditation de pleine conscience rythmée par le support audio psalmodié de Noël "les plus beaux contes de Nyarlathotep lus par Christophe André" avec le téléphone coupé (à télécharger en mp3 dans les boutiques spécialisées). Je vous fais une ordonnance pour une cure de 15 jours pour commencer, après vous pourrez recommencer à lire des blogs. 
- De toute façon, n'importe quel récit de Lovecraft ne peut rivaliser en épouvante confite avec celui du réveillon d'un malade atteint de schizophrénie.
Donc je ne vois pas bien comment je vais pouvoir inaugurer cette série de "Lovecraft Facts" annoncée, car à peine promise la voici compromise par cette collision tragique entre les prophéties de malheurs cosmiques de l'ermite cybergeek de Providence et le Réel, qui fait rien qu'à dépasser l'affliction.
Et je ne dis pas ça parce que hier soir en rentrant dans le noir le long de la Sèvre pas éclairée sur le vélo électrique de ma femme dont je maîtrisais très moyennement la vitesse je me suis gravement cassé la gueule du côté de la cale de Beautour. Pas uniquement. Disons que de flinguer un pantalon neuf à 95 euros et manquer mourir parce que j'étais parti avec pas d'casque quand le trottoir m'a foncé dessus ne m'a pas aidé à regagner la maison dans de bonnes dispositions vis-à-vis de cet enfoiré de reclus de Providence. En plus j'ai été ramassé par un petit jeune de 45 ans qui était sorti promener son chien, d'une marque qui ne m'a pas marqué mais qui ne m'a pas mordu non plus, et qui m'a pris pour un vieillard maniaque et suicidaire en insistant sur le risque de commotion cérébrale en cas de chute. Je n'ai pas osé l'entreprendre sur ce que les antidépresseurs avaient occasionné en matière de commotion cérébrale la fois où j'en ai pris, il aurait fallu que je lui fasse lire des extraits de ce blog remontant à fin 2011 et je n'avais pas internet sur moi; en plus j'ai cru pendant quatre kilomètres que j'avais bousillé la partie électrique du vélo parce que j'avais encore une petite lumière devant mais plus d'écran de contrôle, mais je pédalais très fort dans le noir restant tellement l'incident m'avait vexé, et ce n'est qu'en arrivant sous un providentiel lampadaire près du parc que j'ai vu qu'une cosse avait été arrachée du boitier mais une fois remise, ça s'est rallumé et j'ai pu finir le trajet avec l'assistance électrique, il y a vraiment un bon Dieu pour les imbéciles, ça je le lui avais dit au mec dans le noir et ça l'avait fait sourire mais pas trop fort parce que je lui ai sacrément fait peur, sans même lui faire lire une page choisie de l'appel de Cthulhu... trois jours plus tôt le guidon s'était complètement dessérré pendant le trajet de retour et j'avais fini quasiment sans contrôler ma direction, je crois qu'il va me falloir admettre mon impuissance devant le vélo électrique, que comme l'alcool, c'est un truc trop fort pour moi.
En plus, je crois avoir écrit tout ce que je m'autorisais à penser des lovecrafteries réelles et imaginaires il y a déjà un moment, et à l'époque j'avais plus d'élégance dans la désinvolture.
C'était moins besogneux.

samedi 4 janvier 2020

Lovecraft Facts (1)

Les Chuck Norris Facts, il y en a peu de drôles,
mais quand elles le sont, elles le sont.
Depuis quelques jours je caressais l'idée de m'amuser un peu en brodant autour de Lovecraft Facts, que je me complaisais à imaginer bâtis sur le modèle des Chuck Norris Facts, je relisais pas mal de trucs autour du flippé de sa race de  reclus de Providence, ça commençait à venir, et puis, fatalitas ! d'un seul coup, en surfant sur l'actu je ne caresse plus rien du tout, entre la fonte accélérée des glaces du Pôle Nord qui promet la décongélation du grand Cthulhu à aussi courte échéance que la dépréciation immobilière de mon ranch "les sabots dans l'eau" sur la côte landaise, l'Australie qui brûle kangourous et koalas dans ses centrales à charbon pour détrôner la Californie dans le championnat du monde d'incendies, Don Trump qui joue à la roulette russe belge - 6 balles dans le barillet - avec l'Iran, ce qui va certainement contribuer à détendre une météo régionale déjà souvent orageuse en fin de soirée, selon les experts du 28 minutes d'Arte que j'invite tous les soirs dans mon salon pour refréner mon appétit après les excès de foie gras à la cocaïne des deux réveillons, si vous voulez tout ça mis bout à bout, même pour les amoureux du désastre comme moi, ça fait un début d'année un peu chargé, alors c'est vrai, on va pas se fâcher pour six pneus, mais je n'ai plus trop le cœur à sourire avec une horreur littéraire délicieusement surannée, alors que l'actualité relègue Lovecraft et ses poulpeuses créatures, Lovecraft et ses luxueuses chimères de l'entre-deux guerres, Lovecraft et ses pittoresques phobies du métissage racial, un peu en seconde division de l'épouvante, allez, du balai le calmar visqueux, au rancard avec Casimir l'ami des enfants et les monstres bébêtes et obsolètes...
Ces jours-ci le vrai ami des enfants c'est le bon docteur le Scouarnec, chirurgien des viscères qui les accompagne au plus près de leur douleur surtout quand c'est lui qui la provoque par des attouchements indicibles en salle de réveil post-opératoire, et pendant ce temps-là l'anesthésiste de Stephen King peut bien aller se rhabiller.
Et hier j'ai monté un reportage sur un expert de justice en morphoanalyse de traces de sang, le gars mandaté par les flics de la police qui arrive toujours trop tard mais qui tombe à pic pour venir faire parler les taches de rebelle sur les scènes de crime, qui nous dit texto "on s'habitue jamais, surtout quand des enfants sont impliqués, et y'a toujours un cas qui dépasse un autre; dans l'abomination, l'être  humain n'a pas de limites."
L'abomination, un terme quasiment privatisé par les traducteurs de Lovecraft en leur temps.
En plus en venant au bureau ce matin sur le vélo nucléaire de ma femme que je lui ai hardiment chapardé dans le garage pendant son absence de la maison, je me suis fait engueuler par un sourd-muet devant la cantine du conservatoire, parce que je roulais sur la voie réservée aux piétons. Il en vibrait d'indignation et j'ai failli l'écraser, ce con.
Quand on se fait engueuler par un sourd-muet, l'avantage c'est que ça ne fait pas beaucoup de bruit, mais les gémissements qu'il tire de sa pauvre gorge sont quand même assez anxiogènes, sur le plan de l'horreur audiovisuelle, à mi-chemin du muet et du parlant.
Du coup, ça m'a tout coupé.
Bref, c'est pas le moment de venir me faire chier avec Lovecraft.
Putain, j'ai failli oublier Matzneff

mardi 21 novembre 2017

Magazine - Real Life (1978)

Quand le premier punk s'exclama "No Future", il s'aperçut au bout d'un quart d'heure qu'il venait de se parjurer, parce qu'il avait dit ça il y a un bon quart d'heure sans être instantanément foudroyé par la miséricorde divine, comme si le Verbe n'était pas un Acte, et qu'il avait donc pénétré à l'insu de son plein gré dans son propre avenir depuis 15 minutes alors qu'il avait sentencieusement proféré qu'il n'en avait pas, et il ne put donc pas ne pas s'apercevoir non plus, et il s'aperçut donc pas plus tard que tout de suite maintenant du jour d'aujourd'hui de l'époque, qu'aujourd'hui étant le hier de demain, la date de péremption de son slogan était d'ores et déjà dépassée, et ça n'allait pas aller en s'arrangeant dans les Siècles des Siècles, ce qui ne fit qu'augmenter son désarroi cérébro-Spinal Tap et sa crainte devant des lendemains qui chantent "no future", pour toujours et à jamais, dans une épouvantable spirale de causes et d'effets auto-contradictoires dignes d'une très mauvaise Blague Cosmique.

Il se bourra donc copieusement la gueule à la Valstar, la bière des stars, et résolut de passer à autre chose, pour ne pas vivre dans une absurdité dont il serait l'auteur.
Y'en avait, là-dedans.
Et il s'en alla acheter le premier album de Magazine, d'anciens punks qui eux aussi étaient montés dans le train du changement, tu sais, celui qui passe devant chez toi tous les matins mais qui ne te transporte que si tu montes dedans.




"The music was propulsive and grand, abrasive yet polished, Devoto's lyrics were macabre and preoccupied with death, madness, paranoia and altered states of unease.
(...) The synthesizers and guitars interlock and overlap: Shot By Both Sides was re-recorded and has a more immediate and apocalyptic impact with Devoto sounding aggressive and subversive; Motorcade alludes perhaps to the Kennedy assassination (can anyone hear that word without thinking of it?); The Great Beautician in the Sky opens with a demented fairground sound; and McGeogh's saxophone squirts and irritates in the manner of Andy MacKay in Roxy Music.
In fact Real Life is closer to Roxy Music's early albums than much else in punk and post-punk at the time. But a Roxy Music pumped up on punk energy and fronted by a misanthrope."


Bon, d'accord, mais, heu, et alors ?
Que sont-ils devenus ?

- Après une carrière fulgurante de confidentialité, McGeogh s'en fut rejoindre Siouxsie et les Tampixes.

- Barry Adamson rompit son fémur dans l'escalier de la Cave qui menait chez Nick, que celui-ci avait copieusement enduit de cire dépilatoire, parce que c'était punk. Et puis Barry l'avait pris comme un escalier pour descendre, alors que c'était un escalier pour monter.
Quand même, t'es salaud, Nick.

- Dave Formula loua ses services à un laboratoire cosmétique pour mettre au point de nouvelles lotions anti-acné sans huile de palme et enrichies en Oméga-3. 
Il y végète toujours, il n'a pas sorti une nouvelle molécule depuis trente-cinq ans, mais le week-end, dans son garage, il tente de mettre au point une machine à démonter le temps, afin de rejoindre Robert Fripp en 1973, qui semble y avoir établi un campement désormais stabilisé, malgré les rigueurs du climat et les moeurs controversées des autochtones. 
Dave risque néanmoins de déchanter quand il aura vu la saison 3 de Rick & Morty.

- ExVoto, la groupie du pianiste et demi-soeur d'Howard Devoto, fut inculpée d'outrage aux bonnes moeurs après une interprétation un peu olé-ollé de "Permafrost" sans chemise, sans pantalon, sur le réseau de Ted Turner, et passa 15 ans au pénitencier de Sing Song dans l’Harryzona. Elle se racheta une conduite intérieure noire avec moumoute sur le volant, mais son heure était passée et la messe était dite.

- Trente ans plus tard, Devoto a reformé son groupe, mais Howard ressemble maintenant à Charlélie Couture, pour qui ça le fait très moyen ces temps-ci.
D'ailleurs, on ne les voit plus beaucoup à la radio, et y'en a pas un pour racheter l'autre.
Mais au fond, qu'importe, puisqu'en France tout finit toujours par des chansons, et  qu'ils nous ont laissé "Real Life" et ses mélopées lancinantes en héritage.

Puissions-Nous en être Dignes.


Pour une chronique de l'album un peu moins "Georges et Louis racontent",
voyez avec mes collègues :




En super-bonus, j'ai rippé au péril de mon temps de travail repos une émission de Chorus spécial Rock Anglais, du regretté Antoine de Caunes, dont les droits sont détenus par l'Ina, que j'encule humblement à cette occasion tant qu'ils n'alertent pas le Ministère  du Blasphème et du Download pour faire  retirer la vidéo de mon compte Vimeo, pour  ajouter mon petit gravillon sur le tumulus morbihannais qui abrite désormais, pour toujours et à jamais, les très saintes reliques du punk et de la new wave réunies.

J'ai fait ça avec mon superbe AV-3670CE flambant neuf, commandé il y a 45 ans et reçu ce matin par La Redoute.








dimanche 19 février 2017

The Doors - The End (1966)

Amis déclinistes & âmes déclinantes, bonsoir.
Le saviez-vous ? Quand il a écrit « The End », Jim Morrison cherchait juste un morceau pour mettre au bout de son premier 33 tours.
Il se disait qu’avec un titre comme ça, les gens comprendraient que le disque, il était fini.
C’était un gars pratique.
Son groupe s’appelait « les Portes » parce qu’il avait croisé Aldous Huxley au Bricodépot de Santa Fe et qu’ils avaient eu une conversation lumineuse sur les portes de douche pivotantes en 77/81 cm.
Huxley considérait qu’il vaut mieux les laisser fermées quand on a pris de la mescaline, pour concilier le légitime besoin de transcendance de l'être humain et son tout aussi légitime besoin d’intimité quand il prend une douche.
Morrison quant à lui les préférait ouvertes, et surtout nettoyées au Javel, pour ne pas tripper involontairement sur les taches de moisissure en les prenant par mégarde pour des aliens télépathes, et au risque de s'enrhumer les génitoires.


Jim mime l'ouverture en 77/81 cm
devant Aldous, médusé.

Quand il écrit «The End», Jim Morrison n’est qu’au tout début de sa carrière courte mais brève, mais comme il a été formé à l’école du Chamanisme iakoute du Dieu Poney, et qu'il a eu des expériences mystiques depuis tout petit dans les marges de ses cahiers, il bénéficie déjà d’un accès simultané à toutes les strates temporelles de son existence, et peut aussi bien évoquer le goûter à base de doughnuts et de beurre de cacahouète qu’il a pris dans l’après-midi du 5 avril 1952 dans un jardin d’Albuquerque, qu'anticiper par l’esprit son futur trépas dans une baignoire parisienne dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971 (ce qui fut une façon assez élégante de résoudre in fine le dilemme des Portes de douche pivotantes en 77/81 cm).
A l'époque il a encore toute sa tête, et il se dit que sa fin prochaine fera un meilleur sujet de chanson que le goûter de ses 11 ans.
Il n’a pas tort. L’histoire du rock, Philippe Manoeuvre et Francis Ford Coppola lui donneront raison.



Malgré son titre prometteur, la chanson «The End» des Doors n'est pas vraiment l'hymne des déclinistes, qui lui préfèrent «Les Vieux» de Jacques Brel. 
Ou encore «Tiens, voilà du boudin», la revigorante marche officielle de la Légion étrangère en France. 
«Nos anciens ont su mourir / Pour la gloire de la Légion / Nous saurons bien tous périr / Suivant la tradition.»
Là, on aspire à sa propre fin, par les deux bouts du boudin, c'est clair.
C'est du pur déclinisme, sous ses oripeaux boudinesques charcutiers.
Mais cadencée à 88 pas par minute, la ritournelle satisfait peu aux exigences psychédéliques de Jim Morrison, qui réclament une scansion plus chaloupée. 
Et puis, «Tiens, voilà du boudin», c'est des vers à 5 ou 7 pieds.
Va essayer de boire de l’ayahuesca dans des vers à 7 pieds : rien que pour les porter à tes lèvres, tu vas en mettre partout sur la nappe.


La nappe.
Il est déconseillé de la laver à 90°.

C'est pourquoi Morrison se détourne assez rapidement de son idée première, qui est d'adapter «Tiens, voilà du boudin» en amerloque pour accélérer l'enrôlement des hippies pour le Vietnam, car ceux-ci renaclent devant la conscription. 
Ca l'arrangerait bien que la vermine gauchiste s'envole pour Hanoï, car il vient de quitter sa Floride natale et cherche un appartement sympa à San Francisco, de préférence un T3 + sdb dans le quartier Haight-Ashbury, mais on est en plein Flower Power, et pas moyen de trouver une piaule pour lui et sa copine.
Tant de contrariétés domestiques et immobilières le ramènent à ses démons, le grignotage de drogues douces, dites au lait, par opposition aux drogues dures (à croquer).


Un jour qu'il se promène sur la plage de Venice Beach, à peine légèrement bourré sous acide, le chanteur improvise l'histoire d'un assassin qui traverse une maison puis parvient à la porte d'une salle où se trouvent ses parents.
Il se laisse porter par son flow oedipien :
"The killer awoke before dawn, he put his boots on
He took a face from the ancient gallery
And he walked on down the hall
He went into the room where his sister lived, and, then he
Paid a visit to his brother, and then he...
He walked on down the hall, and...
And he came to a door, and he looked inside
Father?  Yes son ? I want to kill you
Mother, I want to..."
On le voit, c'est non seulement assez chamanique, mais même carrément chamanique ta mère, comme chanson.


Bien des années après la disparition de ce zélé propagateur du mythe freudien, le misérable Frank Zappa se livrera à une pitoyable parodie des complications oedipiennes de ce pauvre Jim.
Dans Tiny Sick Tears, on l'entendra déclamer :
"You take a mask from the ancient hallway
Make it down to your father's room
And you walk in
And your father, your tiny sick father
Is beating his meat to a playboy magazine
He's got it rolled into a tube
And he's got his tiny sick pud stuffed in the middle of it
Right flat up against the centerfold
There he is, your father, with a tiny sick erection
And you walk in and you say:
"Father I want to kill you"
And he says: "Not now, son, not now"



Ces gens-là n'ont rien de sacré.

_______

Dans le cadre de notre politique de transparence vis-à-vis des faits alternatifs évoqués dans cet article,  voici la liste des sources qui ont été torturées jusqu'à ce qu'elles avouent des choses qu'elles n'avaient pas commises :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jim_Morrison
https://fr.wikipedia.org/wiki/The_End_(chanson_des_Doors)
http://www.songfacts.com/detail.php?id=231
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Boudin_(marche_de_la_Légion)
http://wiki.killuglyradio.com/wiki/Tiny_Sick_Tears
http://www.lesinrocks.com/2017/02/08/actualite/drogue-plaisir-exactement-11911339/

Ah non, le dernier je n'ai pas réussi à le caser.
Ni l’attentat que Donald Trump vient d’inventer en Suède.
Je manque encore un peu d’entrainement.
Mais ça viendra.
Ou pas.

dimanche 29 janvier 2017

Ode au camp des orchestres

Bandcamp is a global community where millions of fans discover new music, and directly connect with and fairly compensate the artists who make it. Our mission is to provide all artists with a sustainable platform to distribute their music, while making it easy for fans to directly support the artists they love.

https://daily.bandcamp.com/2017/01/24/everything-is-terrific-the-bandcamp-2016-year-in-review/

et en prime leurs 100 meilleurs albums de 2016.

https://daily.bandcamp.com/2016/12/09/the-best-albums-of-2016-20-1/

Et en super-mega bonus, Bandcamp me préserve presque efficacement contre la psychopathologie du téléchargement illégal.

dimanche 22 novembre 2015

Fool's paradise ( and for the 72 virgins, you can jerk off;-))))

Bon finalement je suis pas allé au concert de Arlt hier soir, hein, j’avais trop peur de me faire dessouder.
J'ai préféré aller au lit, rompu par les excès éditoriaux de ces derniers jours.
 J'aurais pu aussi réécouter les vieux Odeurs en chiant de repli communautariste dans mon froc.
(j’écoute Odeurs pour masquer l’odeur, lol)


Ramon Pipin Odeurs Astrid par Antipathes

... et en regrettant que l'humour ne guérisse pas de la soif du Mal.
Ou si imparfaitement (cf l'équipe de Charlie Hebdo, pourtant définitivement guérie des deux maux en même temps en janvier dernier)
...Evidemment, je me suis réveillé frais comme un Armand Guidon une heure plus tard, prêt à en découdre avec moi-même et à me rebranler sur mes blogs jusqu’à avoir mal à la main.

Et puis, au concert d'Arlt, j'aurais risqué de croiser les branchés de la Nuit Nantaise, attirés par l'article récent et dithyrambique des Inrockuptibles, et de reconnaitre en eux le reflet distordu de ma propre existence pitoyable. 
Menacé d'apprendre des choses que je refusais de savoir, je me connais, j'aurai fui comme un vieux lavabo.




Alors qu'Internet m'offre gratuitement et sans me sortir les doigts du Q 3 concerts d'Arlt pour le prix de zéro :





Théâtralisons un peu notre propos ;

BERNARD :

La Peste soit d'Internet. 
Il précipite notre fin.
Jean Rostand le sentait déjà, en achevant ainsi un de ses livres :

« Alors l’espèce humaine passera comme ont passé les Dinosauriens et les Stygocéphales. Toute vie cessera sur la Terre qui, astre périmé, continuera à tourner sans fin dans les espaces sans bornes. Alors, de toute civilisation humaine ou surhumaine, découvertes, philosophies, idéaux, religions, rien ne subsistera. En ce minuscule coin de l’univers sera annihilée pour jamais l’aventure falote du protoplasme, aventure qui déjà peut-être s’est achevée sur d’autres mondes, aventure qui en d’autres mondes peut-être se renouvellera. Et partout soutenue par les mêmes illusions créatrices des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l’échec final et à la ténèbre infinie. »

Quel merveilleux échantillon de langue artiste ! Jean Rostand est voluptueusement pessimiste et il se projette si bien sur l’univers que, peinte par lui, son image devient un portrait de Jean Rostand. Les « illusions » dont il parle sont créatrices « partout des mêmes tourments », mais, à l’écouter, elles ne créeraient et n’auraient jamais créé de joies ! J’aime à croire que les tourments de Jean Rostand lui sont des joies, mais quel viol de la théorie des ensembles ! Admirez au passage « Les Dinosauriens et les Stygocéphales », qui sont cousins germains de « La fille d’Agénor et de Léocadie », cette soeur jumelle de « La Fille de Minos et de Pasiphaé » : ce sont des trucs de métier qui ne manquent jamais de « faire bien ». Mais admirez surtout « promise dès le principe à la ténèbre infinie » : quelle splendeur ! C’est à la fois du Bossuet et du Baudelaire, saupoudrés d’un rien de Rembrandt ! Non, il n’y a pas d’écrivains plus doués que Jean Rostand. Mais la pensée qui s’exprime dans ces phrases si belles, comment, Philippe, la résumeriez-vous en un minimum de mots ?

PHILIPPE :

Merde !

BERNARD :

Pour faire part de son chagrin au peuple, je préfère la langue de Jean Rostand. J’admets que Philippe est plus
expéditif, mais vraiment trop sommaire !

PHILIPPE :

Vous m’avez demandé un minimum de mots. Si vous m’en accordez deux, il est facile d’exprimer toute la pensée contenue dans cette prose somptueuse : Memento mori.
2/ poursuivre notre autodestruction sans nul besoin de Dieu fâché, un usage pervers de la religion y suffisant amplement.

WARSEN :

HÉ LES MECS ! BARREZ-VOUS DE MON ARTICLE ! ALLEZ RÉPANDRE VOS BILLEVESÉES ORTHOLOGIQUES AILLEURS !
LAISSEZ-MOI CHANTER ASTRID AVEC MES VIEUX POTOS !

ASTRID


Allongé sur le lit
Astrid à mes côtés
Je rêve de fins de nuits,
De passions insensées.
Quand une pulsion me pousse
Aux conjugales audaces
Non point qu'elle me repousse
Elle devient tout de glace
Une seule fois l'année
La veille de la Toussaints
Elle commet le péché
Avec gants et dédain
Astrid est à l'amour
Ce que la chambre froide
Est à l'institut médico-légal
Et si elle préfère Charcot
Au Marquis de Sade
C'est dû à sa nature sentimentale
Pour conserver l'amour
Le froid est souverain
Ainsi s'explique
L'éternel féminin
Ardente comme une chapelle
Est l'image consacrée
Quant à l'aspect sexuel
De sa féminité
Demain premier novembre
Enfin nuit de sabbat
Je sens raidir le membre
Des plaisirs d'incubat
Acceptez-vous Astrid ?
Mon épouse reste coîte
Toujours aussi rigide
Sous mon étreinte moite
Astrid est à l'amour
Ce que la chambre froide
Est à l'institut médico-légal
Et si elle préfère Charcot
Au Marquis de Sade
C'est dû à sa nature sentimentale
Pour conserver l'amour
Le froid est souverain
Ainsi s'explique
L'éternel féminin
Les yeux fixés au plafond
Les mouches noires elle inspecte
Rien n'a changé sinon
De plus nombreux insectes
J'exprime ma déception
De cette passivité
Malgré nos conventions
De périodicité
Pourtant elle demeure muette
Qui ne dit mot consent
A ce propos m'inquiète
L'odeur qu'Astrid répand
Néanmoins défoulé
Je perçois de la sorte
L'évidente vérité
C'est qu'Astrid est bien morte
Astrid est à l'amour
Ce que la chambre froide
Est à l'institut médico-légal
Et si elle préfère Charcot
Au Marquis de Sade
C'est dû à sa nature sentimentale !

mercredi 11 novembre 2015

Cristal automatique - BabX (2015)

Le disque s'ouvre par une petite mélodie au piano, en majeur, d'abord un peu hésitante, murmurée en écho bouche fermée par Babx, puis elle prend de l'assurance et un peu d'ampleur, tandis que des fantômes de poètes disparus viennent y toaster dessus des fragments de phrases, qu'on entend comme une radio reléguée en arrière-plan sonore, à la limite du hors-champ perceptuel, radio qui serait écoutée distraitement par l'ouvrier taciturne qui enduit généreusement de chaux les murs massifs de la propriété toscane inondée de flaques d’un soleil incandescent à travers les trouées de la vigne vierge, tandis qu'on caresse de deux doigts hésitants le clavier du grand piano à queue de bois laqué blanc disposé face à la mer, en cherchant à se rappeler et à reproduire cette mélodie naïve entendue jadis.
...si ça ne tenait qu'à lui, l'ouvrier il aurait bien mis les Grosses Têtes sur RTL, quoique le sémillant Ruquier lui fasse regretter les grandes heures de Philippe Bouvard, mais le maitre de maison lui a interdit d’écouter autre chose que France-Culture.

Et puis soudain, roulement de tambour, et BabX, le possédé du Verbe, comme d'autres sont possédés du Démon, du Blog, ou du Démon du Blog, commence à éructer avec des intonations de muezzin qui aurait maté l'Exorciste la veille, sur un fond de tango funèbre entrechoqué à la Tom Waits :



Au gibet noir, manchot aimable, 
Dansent, dansent les paladins, 
Les maigres paladins du diable, 
Les squelettes de Saladins.

Messire Belzébuth tire par la cravate 
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, 
Et, leur claquant au front un revers de savate, 
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles 
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles
Se heurtent longuement dans un hideux amour.

Hurrah ! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse ! 
Belzébuth enragé racle ses violons ! 


Après Thanatos, et c'est pas trop tôt, Eros entre en scène.
Mais c'est pour "La mort des amants".
Un guitariste qu'on jurerait fraichement sorti du tombeau du Jeff Buckley de son unique album anthume tisse des guitares hypnotiques. 
BabX se perche sur un demi-ton et ne le quitte plus.


Moins bien qu'en studio, mais gratuit.



Un extrait de l'album.

"On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien."
V. Jankélévitch

Rimbaud, Verlaine, Baudelaire et autres vieux macchabbées à la Artaud sont donc conviés à cet étrange festin de poésie vivante.
Même les inrocks trouvent ça bien, ce qui ne veut pas dire qu'il en vendra beaucoup.
Vous en mangez souvent, vous, de la poésie ? 
En 2015 ?

L'occasion de rappeler notre engagement constant à voler des disques à l'étalage, la transgression des lâches que nous n'aurions guère osé faire dans notre prime jeunesse, rapines sans lesquelles nous pensions naïvement à l'époque que les artistes maudits auraient pu vivre décemment de leur art, et du coup leurs chansons auraient été sans doute moins bonnes.



Babx : le genre de mec, 
que quand tu lui dis "A table !", 
il arrive au moins un quart d'heure plus tard.
Ca se sent sur la photo.
Encore un fils à Pénible, bien chiant, tu vois.
Il commet néanmoins un disque épatant
 pour commémorer ce 11 Novembre, 
grande fête des Poilus..

Le disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée, comme dirait Télérama.