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jeudi 2 novembre 2023

Que crève le capitalisme - Hervé Kempf (2020)

Une fois de plus, on est le 2 novembre, et on fête les TrépassésMais c'est pas encore cette année qu'on ira pisser sur la tombe du capitalisme. Alors que lui ne se gène pas pour  honorer la notre, même si on n'est pas encore tout à fait morts. 

note de lecture du Monde Diplo

à terme, ce sera sans doute les deux.
Mais ça serait meilleur pour l'humanité
qu'il crêve le premier.
Face à la catastrophe en marche, il semble plus facile de concevoir la fin du monde que la fin du capitalisme, qui, au long de la période des « quarante désastreuses », a connu une explosion sans précédent d’appropriation des biens communs et d’externalisation des coûts écologiques. À la suite de la crise financière de 2008, jugulée par l’endettement public, a émergé l’ère du technocapitalisme numérique, avec l’ascension en Bourse des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), proposant un monde où la technologie (géo-ingénierie, voitures autonomes, organismes génétiquement modifiés…) résoudrait tout, au profit de milliardaires visant l’immortalité. Un monde, souligne Hervé Kempf — rédacteur en chef du site Reporterre —, qui aboutirait à un gigantesque apartheid entre ceux qui « réussissent » et ceux qui « ne sont rien ».
Les résistances se heurtent aux pouvoirs en place, qui usent de toujours plus de moyens répressifs policiers et judiciaires appuyés eux aussi sur la technologie (traçage, biométrie, caméras, drones…) Un contrôle que renforce l’actuelle pandémie. 
L’auteur préconise d’assumer une conflictualité sans compromis, et, à défaut de « prendre l’État », de prolonger une stratégie d’« archipel des possibles ».
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Auteur de plusieurs essais décapants dont Comment les riches détruisent la planète (Points Terre, 2020) et Tout est prêt pour que tout empire (Seuil, 2017), Hervé Kempf est rédacteur en chef de Reporterre, le quotidien de l’écologie.

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- J'ai vu ce monsieur en conférence à Nantes la semaine dernière. 
Diagnostic imparable, solutions à inventer à plusieurs. 
Soirée très sympa quoiqu'un peu anxiogène, mais on n'est pas chez les effondrologues. 
Le livre est paru en poche, franchement, pour 7 €, j'en ai eu pour mon argent.

jeudi 20 octobre 2022

Philippe Charlier - Comment faire l’amour avec un fantôme ? (2022)

VOIR L’INVISIBLE — Fantômes, “yokai”, ancêtres, zombies… D’où vient le besoin de jeter des ponts avec le monde des esprits ? La question hante le médecin légiste, archéologue et anthropologue Philippe Charlier, auteur de “Comment faire l’amour avec un fantôme ?”.
Philippe Charlier dans son bureau du musée du Quai Branly,
où il dirige le département de la recherche et de l’enseignement, le 30 juin.
“Dans de nombreuses sociétés, l’invisible est cet espace
qui fait le lien entre les non-humains et les humains”


Quand on appelle le médecin légiste, il est toujours trop tard ; il n’est en revanche jamais trop tôt pour se con-fronter à l’invisible. Après s’être intéressé aux cadavres, Philippe Charlier, médecin, anthropologue et archéologue, né en 1977 — alias « Doc trop tard » sur Twitter —, se con-sacre désormais aux fantômes. Les fantômes, avez-vous lu ? Oui, ces êtres invisibles qui hantent le monde des vivants, d’où ils n’ont donc pas irrémédiablement disparu… « Je travaille autour de ceux qui refusent de voir la mort comme une fin inéluctable, mais qui la considèrent au contraire comme un passage, explique celui qui, en 2018, est aussi devenu directeur du département de la recherche et de l’enseignement au musée du Quai Branly. Dans de nombreuses sociétés extra-occidentales, l’invisible est cet espace qui fait le lien entre les non-humains et les humains, les deux mondes n’étant pas séparés. » Dans son bureau ouvert sur le mur végétal du musée, qui réunit plus de trois cents espèces de plantes, Philippe Charlier est décidément très bien entouré : des œuvres d’art et objets rituels en tous genres issus de -civilisations d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et des Amériques cohabitent. « Ici, nous ne sommes pas seuls, avec tous les fétiches qu’il y a »… Bienvenue dans l’invisible.

Est-ce votre activité de médecin légiste qui vous a conduit à vous tourner vers l’invisible ?

J’ai pratiqué quelque deux mille autopsies sur une période de dix ans, tout en travaillant en archéologie sur quantité de squelettes et momies. À force d’être confronté à ces corps issus d’époques et de civilisations différentes, je me suis interrogé sur l’éthique des pratiques humaines autour de la mort. Je ne suis pas fasciné par les cadavres en tant que tels… Je m’intéresse en revanche à l’ensemble des rituels mis en place pour accompagner l’agonie et faire -accepter le décès. Jusqu’aux croyances dans l’au-delà qui soutiennent le pari de l’existence d’un autre monde. La mort est alors considérée comme une porte ouverte sur un monde invisible, et notre existence terrestre comme entourée, en permanence, par les défunts, les revenants, les fantômes, les esprits, et aussi ceux qu’on appelle les supra-humains, les ancêtres mythiques, les créatures surnaturelles, comme les yokai au Japon ou les loas en Haïti. C’est ce lien incessant entre la mort biologique et sa dimension anthropologique qui m’intéresse.

Comment définir cette « anthropologie de l’invisible » ?

Je ne me suis jamais posé la question de savoir si les fantômes existaient, mais pourquoi les gens y croyaient. À qui profitent les revenants et leurs manifestations ? Aux vivants, car ces apparitions sont toujours là pour mettre en évidence ou résoudre un problème, réparer une injustice. L’anthropologie de l’invisible consiste à mieux comprendre comment et pourquoi certaines civilisations établissent de telles relations entre les humains et le surnaturel. À quoi correspond cet au-delà ? Quelles sont ces entités invisibles ? Comment communiquer avec elles ? Qu’apportent-elles aux humains, sachant qu’elles ne sont pas toutes bienveillantes ?

Pourquoi fascinent-elles autant ?

Aujourd’hui, l’invisible régresse partout, dans les sciences chimiques ou physiques, en géographie, etc. Grâce aux progrès exponentiels de l’imagerie, on commence à pouvoir tout voir. Le médecin légiste que je suis est bien placé pour le savoir : lors d’une autopsie « blanche », on peut ne trouver aucune cause du décès, mais la microscopie ou la toxicologie peuvent révéler une anomalie, l’invisible devenant ainsi visible. Alors que la science occupe tous les champs aujourd’hui, les domaines les moins explorés par elle, comme la mort et l’au-delà, deviennent le refuge de multiples croyances. Si les pratiques religieuses et spirituelles extra-occidentales ont autant le vent en poupe, c’est parce que l’on va y chercher l’invisible.

L’invisible, c’est l’irrationnel ?

Je préfère le terme de surnaturel. L’irrationnel, c’est ce qui n’obéit pas à l’entendement, à la raison humaine. Le surnaturel, c’est ce qui est au-delà de la nature classique, au-delà de sa classification biologique et encyclopédique. J’aime à dire que l’invisible, c’est ce qu’on voit mieux quand on ferme les yeux… Tous nos sens sont alors mis en valeur pour saisir l’insaisissable, et permettre aux initiés de sentir, d’entendre parfois, les signes de la présence de ces entités surnaturelles. Nombre de cérémonies en lien avec les revenants se déroulent d’ailleurs à la tombée du jour parce que l’on fait alors moins bien la différence entre ce qui est réel et ce qui est fantasmé, entre ce qui est palpable et ce qui reste indéfinissable. Les fantômes peuvent apparaître quand on les appelle via un médium ou des objets intercesseurs (masques, fétiches, statues, vêtements cérémoniels…). Vers 1900, par exemple, des seins d’Eva Carrière (1884-1943), la « papesse des matérialisations », coulaient des filets ectoplasmiques… C’est par le corps érotisé de la médium qu’une partie du fantôme se manifestait, devenait palpable.

Pourquoi est-ce à la fin du XIXe siècle, au moment où la science triomphe, que le spiritisme s’impose ?

En effet, Thomas Edison (1847-1931), le scientifique américain, a inventé le phonographe, ancêtre du téléphone, mais aussi le nécrophone, qui devait permettre d’entrer en communication avec les morts ! Pour « placer le spiritisme sur une base scientifique […] et écarter définitivement les charlatans et les médiums », écrivait-il dans Le Royaume de l’au-delà. De nombreux autres scientifiques ont adhéré à des croyances surnaturelles. L’astronome Camille Flammarion (1842-1925), qui fréquentait des médiums, croyait aux fantômes, et tout un fonds photographique le montre dans des séances de tables tournantes. En tant qu’homme de science, il voulait explorer le pouvoir de l’esprit, les forces physiques, mécaniques, ou encore inconnues, que celui-ci pouvait exercer.

Le christianisme, de son côté, a parfois pris en compte le surnaturel pour légitimer les prières en faveur des âmes errantes du purgatoire…

C’est encore le cas à Naples, où il y a énormément de petits autels qui leur sont dédiés. En fait, les fantômes ont servi le christianisme lorsque l’Église a été décontenancée par l’avancée du cartésianisme — pour Descartes, Dieu existe mais il n’a qu’un rôle secondaire. Mais devant l’importance prise par le spiritisme devenu une quasi-religion, l’Église a réagi en mettant à l’index les livres du fondateur de la philosophie spirite, le Français Allan Kardec (1804-1869). Les ouvrages de spiritisme étaient même brûlés sur le parvis de la cathédrale de Barcelone.

Certaines conditions historiques favorisent-elles l’attrait de l’invisible ?

Ce fut le cas lors de la guerre de Sécession, aux États-Unis (1861-1865), quand le deuil des victimes, dont les corps n’avaient pas été retrouvés, était impossible. Pour que la mort soit acceptée, le mort doit être à sa place, ni trop près ni trop loin des vivants. Dans un tout autre contexte, la pandémie de Covid-19 a également entraîné une résurgence de croyances occultes. Partout en France de nombreuses familles se sont tournées vers le spiritisme, quand elles n’ont pu accompagner le proche mort et procéder aux rituels funèbres : pas de toilette pour les musulmans, pas de prière au moment du dernier souffle pour les juifs et les chrétiens. Ces « mauvaises morts » font rôder des âmes errantes, des fantômes et revenants insatisfaits. Une des façons de les apaiser est d’entrer en contact avec eux. Certaines personnes, on le sait, sont mortes seules durant l’épidémie. Une image qu’on a appelée « la main de Dieu » m’a bouleversé : le personnel soignant avait mis un gant en latex rempli avec du sérum physiologique chaud sur la main d’un patient pour qu’il ait l’impression qu’on lui tenait la main.

Dans votre livre, Picasso sorcier, vous évoquez un autre gant : celui de la photographe Dora Maar, couvert de sang…

De double ascendance italienne et arabo-andalouse, Picasso était très superstitieux. Grand collectionneur d’arts extra-européens, il prêtait une âme aux objets et ne laissait jamais traîner ses cheveux, ses ongles, ses vêtements, les traces de son sang ou de son écriture, craignant la magie noire et les envoûtements. Il confiait ces parties de lui-même aux femmes de sa vie et recueillait les leurs… Parmi ces reliques, le sang de sa muse Dora Maar sur un gant, voire des morceaux de la peau des pieds de sa compagne Marie-Thérèse Walter, sur lesquels il écrivait ! Le peintre était en alerte permanente, par crainte que des forces invisibles le possèdent et se retournent contre lui. La matérialité de son œuvre était une façon de se protéger de ce risque, et d’exercer une emprise sur le monde. Mystérieux génie dont le corps fut embaumé, Picasso se pense démiurge, dieu créateur, et associe femmes et enfants à sa création, en incorporant à ses œuvres des petits bouts de lui-même et de ses proches.

Des rites qui ne sont pas sans évoquer le vaudou, sur lequel vous avez beaucoup écrit.

Dans le vaudou haïtien ou béninois — mais aussi au Cameroun ou en Thaïlande —, on ne laisse rien traîner de soi. Il n’y a vraiment qu’en Occident qu’on oublie ses cheveux chez le coiffeur… Les poupées vaudoues en Haïti, achetées à l’entrée des cimetières, et ouvertes au niveau du flanc gauche comme les momies égyptiennes, sont ainsi remplies des traces de la personne ciblée, la future victime : ses notes manuscrites, sa signature dans l’idéal, ses cheveux, ses ongles, ou encore de la terre de son habitation, un bouton de chemise, une boucle d’oreille, etc. La poupée est ensuite clouée, près d’une tombe, à un arbre dont la sève est supposée être le sang des morts. Les défunts vont alors devenir les postiers infernaux de la transmission du mauvais sort.

Les zombies sont-ils aussi associés au mauvais sort ?

Le fantôme est une âme sans corps ; le zombie, un corps sans âme. Il en existe environ cinquante mille en Haïti, qui n’ont rien à voir avec les morts-vivants putréfiés des films de George Romero ou des séries comme The Walking Dead, qui reposent sur la peur panique du retour des morts, sur le fantasme de la mort contagieuse. Ces zombies-là sont au contraire réels et bien vivants ! Après le séisme de 2010 en Haïti, et la misère et le chaos qui s’en sont suivis, a eu lieu une véritable épidémie de zombies. Voleurs, violeurs, assassins, néfastes à la société, furent alors « zombifiés », c’est-à-dire jugés, enfermés dans des cercueils et drogués par des sociétés secrètes vaudoues qui en firent ensuite des esclaves dans des champs de canne à sucre. D’autres sont des personnes qui ont tout perdu, famille et biens, et qui vont volontairement remplacer un disparu dans une autre famille, combler un manque. Ces zombies incarnent une mort sociale, qui rappelle celle que l’on connaît en Occident. J’ai été médecin de prison pendant trois ans, confronté à des patients en état d’invisibilité sociale, comme le sont les SDF, certains pensionnaires des Ehpad ou chômeurs de longue durée.

Dans Autopsie des fantômes, vous évoquez la photographie spirite qui, au XIXe siècle, a participé de « la fièvre de l’au-delà ».

Elle est effectivement apparue de façon concomitante avec le spiritisme et prétendait fixer sur plaques des entités surnaturelles que l’œil ne voyait pas. Le photographe américain William H. Mumler, en 1861, sur la photo de son autoportrait a vu celle de son cousin mort douze ans auparavant. En réalité, il ne s’agissait que d’un défaut de -nettoyage de la plaque mais le procédé pouvait se révéler lucrativement profitable. Dans le même genre, une photo célèbre représente la veuve d’Abraham Lincoln photographiée avec, en arrière-plan, la silhouette spectrale de son mari. Des milliers de personnes ont ainsi voulu se faire photographier avec un défunt, même quand, assez rapidement, des procès ont établi la supercherie du procédé. Mais ça ne mit pas fin à la frénésie technologique de nombreux chasseurs de fantômes se lançant dans l’expérimentation de nouvelles machines. Il reste que, dans d’autres contextes culturels, la question se pose différemment. En Haïti, par exemple, la photo s’incline.

Que voulez-vous dire ?

Les zombies sont visibles, mais on ne peut pas les photographier tant qu’ils sont sous l’emprise d’un sortilège. J’ai ainsi tenté d’en prendre un en photo alors qu’il travaillait dans un champ de canne à sucre, et j’ai vécu une expérience qui se situe entre ma culture scientifique et le surnaturel. Sur tous mes clichés, en effet, j’ai bien capturé le paysage mais pas le zombie, qui aurait dû être au milieu du cadrage…

Comment l’expliquez-vous ?

Je ne l’explique pas rationnellement et suis à la limite de ma zone de confort scientifique. Avant l’exposition sur les zombies, qui se tiendra au Quai Branly en 2025, j’aimerais bien tirer au clair cette question du zombie que j’avais photographié et qui n’apparaît pas. Car si c’est un fait qui est reproductible, le phénomène devient vraiment intéressant sur le plan scientifique.

 - Débats & Reportages -
article de Gilles Heuré, Juliette Cerf paru dans Télérama le 01/08/22


PHILIPPE CHARLIER EN QUELQUES DATES 

1977 Naissance à Meaux. 
2002 Thèse en médecine légale et anatomopathologie. 
2005 Thèse en archéo-anthropologie. 
2014 Thèse en éthique biomédicale. 
2015 Zombis. Enquête anthropologique sur les morts-vivants (éd. Tallandier). 
2018 Directeur du département de la recherche et l’enseignement du musée du Quai Branly-Jacques Chirac. 
2021 Autopsie des fantômes. Une histoire du surnaturel (éd. Tallandier) et Comment faire l’amour avec un fantôme ? Anthropologie de l’invisible (éd. du Cerf). 2
021 Dirige la collection « Terre humaine » (éd. Plon). 
2022 Picasso sorcier, avec Diana Widmaier-Ruiz-Picasso (éd. Gallimard).

À lire

Comment faire l’amour avec un fantôme ? Anthropologie de l’invisible, éd. du Cerf, 248 p., 20 €.

Autopsie des fantômes. Une histoire du surnaturel, éd. Tallandier, 320 p., 20,50 €.

jeudi 30 juin 2022

Charlie Kaufman - Antkind (2022)

l'édition originale
en v.o.s.t.v.o.
Depuis que j’ai assassiné virtuellement le père Goossens symbolique avec un torchon de cuisine, les spectres de Georges et Louis me hantent à jamais, surtout à travers « Antkind », le récent roman de Charlie Kaufman.
Jamais rien lu d’aussi drôle (au sens goossensien du terme, comportant donc une bonne dose de tragique) sur le genre, la race, et les névroses obsessionnelles "de compétition".
Livre hilarant et savamment tordu, certes, mais aussi bourratif, à partir de la moitié, et un peu interminable, surtout vers la fin (qui pour moi commence à la moitié, mais ce n'est qu'un avis). 
Le récit tout d'abord incisif, farfelu mais brillant, a insensiblement muté en quelque chose  d'asphyxié, cryptique et crépusculaire, quelque part entre Beckett et Lynch, avec des gros bouts de Laurel et Hardy dedans, mais du coup le burlesque y est plus anxiogène qu'autre chose. 
C’est fatigant les trucs sympas qui virent abscons, quand il fait chaud, alors qu’un bon rape and revenge, comme Saani Kaayidhamen sortant du travail ça détend.

On dirait que Charlie s’est fixé pour objectif de s’aventurer en rampant dans une cavité creusée à mains nues à l’intérieur de son propre cerveau, jusqu’à y découvrir la source d’où sourdent ses pensées, juste avant qu’elles fussent verbalisées, de rester tapi en amont de celles-ci, afin de les déconstruire (à la Derrida, tra déri déra tralala) dès leur apparition, ce qui devrait nous procurer une imprenable vue d'artiste de la nature ultime de l'esprit humain (dans sa version sexagénaire new-yorkaise) en même temps qu'une expérience de lecture innovante. Il y a plein de pages atrocement hilarantes sur des sujets vraiment très variés, et qui se chassent l'un l'autre en une farandole prise de démence juvénile. Mais à la fin, on a juste envie d’en finir.

"Je veux juste en finir",
la campagne promotionnelle.
Ca fait envie, hein ?
Comme dans son dernier film 
" I'm Thinking of Ending Things" (2020), qui commençait bien, avant de barrer sérieusement en couille, et à propos duquel j'avais noté, sur un forum bourré d'amis imaginaires restant toujours cachés à la périphérie de ma vision, avoir successivement songé à :
- Eraserhead
- la séquence finale de 2001 l'Odyssée de l'espace, avec plus de peyotl dedans
- Enemy, le dédale dépressif de Denis Villeneuve (toute la partie relevant des troubles de l'identité)
- Fargo (à cause du méchant de la saison 3 dont on retrouve ici l'acteur dans un rôle savoureux et flippant)
- Beetle Juice, pour l'ambiance dans la maison
- West Side Story adapté par Philip K. Dick.
Il a l'air de se croire malin. Et il a raison : il l'est.
Mais qu'il se méfie : à malin, Darmanin et demi.

- et peut-être même un zeste de Apichatpong Weerasethakul, tellement c'est bavard et peut-être un peu bouddhiste par moments, et tellement on se balade dans des niveaux de réalité plus proches de l'état intermédiaire des bardös que de la réalité réelle ratée que nous connaissons de nos jours et à laquelle même ce forum ne permet pas d'échapper durablement, malgré tous les efforts du staff. (1)
En résumé, j'ai passé un bon moment de télévision 4/3, à la fin j'ai cru que je faisais un AVC, mais non, c'est le générique qui était flou et le film qui était fini.

Et encore, on a de la chance, ce n'est pas un scénario original de Kaufman, mais l'adaptation d'un roman. Faudrait voir le bouquin, et surtout l'ouvrir pour voir ce qu'il a dans le ventre. Mais c'est très kaufmanisé, de torsion en torsion.
Torsion du réel, torsion du langage, torsion du cinéma, torsions et contorsions du cerveau du spectateur, qui demande grâce, mais elle lui est refusée, pour les raisons habituelles; et vous, vous l'accepteriez, la grâce, si elle vous tombait dessus ? c'est aussi un film sur la nature ultime de la réalité, c'est pour ça que je l'associe de façon un peu cavalière à Weerasethakul, qui me saoule souvent, mais je mise tous les ronds qu'il me reste avant impôts sur Oncle Boonmee, mon dernier espoir de capter quelque chose au Verhoeven thaïlandais. Je ne développe pas plus sur les interprétations possibles de "I'm Thinking of Ending Things", j'en ai tellement lu sur sens critique que je songe à en finir, moi aussi. Comme dans le film. 
Citation de "Antkind", le livre qui pour l'instant n'est pas un film :
« — Vous avez l’air juif, m’a-t-elle dit.
— Il paraît. Mais je veux que vous sachiez que je ne le suis pas.
— OK. Votre livre sur Greaves est incroyable.
C’est elle qui était incroyable. Elle était tous les personnages afro-américains positifs qu’on voit à la télé réunis en un seul, des personnages créés pour combattre les stéréotypes noirs négatifs qu’on voit tous les jours aux infos. Elle s’exprimait bien, elle était instruite, athlétique, belle, charmante, extrêmement sophistiquée. Et je me disais que j’avais une chance avec elle. Ça ferait un bien fou à mon amour-propre, ainsi qu’à ma position dans la communauté universitaire. Je lui ai proposé de prendre un café. Non que je la visse comme un accessoire ou une chose à posséder ou une ligne de plus dans mon CV. Bon, tout ça jouait bien sûr, mais je ne voulais pas l’admettre. Je me suis promis de travailler sur ces réflexions désagréables, de les chasser. Je savais qu’elles étaient honteuses. Et je savais qu’elles ne résumaient pas ma pensée. J’allais donc les garder secrètes et me concentrer plutôt sur l’attraction sincère que je ressentais pour cette femme. La nouveauté de son afro-américanité finirait par diminuer, et je savais qu’il n’y aurait plus qu’un pur amour pour elle, une femme de n’importe quelle couleur, d’aucune couleur : une femme claire. Même si je comprenais que mes sentiments à l’égard des femmes n’étaient pas purs en général. Le charme était un facteur déterminant, ce qui est mal. Et bien sûr les caractéristiques exotiques raciales, culturelles ou nationales m’attiraient. Je serais aussi excité d’exhiber une petite amie cambodgienne ou maorie ou française ou islandaise ou mexicaine ou inuit qu’une petite amie afro-américaine. Presque. C’était là quelque chose que je devais m’efforcer de mieux comprendre à mon sujet. Je devais combattre mes instincts à chaque instant. »

la couve de l'édition v.f.s.t.v.f.
Comme le dit Téléramadan, qui trouve un ton informatif assez juste en restant à la fois pudique et complaisant sur la monstruosité littéraire de l'entreprise, parce que Téléramadan, c'est quand même rien que des putains de professionnels de la profession de la critique littéraire :

Critique par Samuel Douhaire
Publié le 16/05/2022
Le scénariste et réalisateur américain publie un premier roman monumental, un livre-monde d’une démesure et d’une folie telles qu’il ne sera sans doute jamais porté à l’écran. Même s’il y est beaucoup question de cinéma…
Les spectateurs des films écrits et/ou réalisés par Charlie Kaufman connaissent sa propension aux histoires les plus surréalistes possible. Pour Dans la peau de John Malkovich, mis en scène par Spike Jonze en 1999, le scénariste imaginait qu’un marionnettiste, recruté dans une entreprise située au septième étage et demi (sic) d’un immeuble new-yorkais, découvrait une porte minuscule menant… à l’intérieur de l’acteur John Malkovich. Et dans Synecdoche, New York (2008), son premier long métrage derrière la caméra, un metteur en scène de théâtre faisait reconstruire les décors de son existence qu’un acteur rejouait dans les moindres détails, avant que ledit acteur construise à son tour un décor et fasse intervenir d’autres comédiens, qui à leur tour… Mais les fans de Charlie Kaufman n’avaient encore rien vu - ou, plutôt, rien lu. Car à 60 ans passés, l’auteur new-yorkais publie un premier roman monumental, un livre-monde, un livre-monstre d’une démesure, d’une complexité et d’une folie telles qu’il ne sera sans doute jamais porté à l’écran. Même s’il y est beaucoup question de cinéma…
une autre édition 
en v.o.s.t.v.o.
Le héros d’Antkind est un critique de film encore plus obsessionnel que ses semblables (lire ci-dessous), au point d’avoir baptisé son chien Au Hasard Balthazar, en hommage au classique de Bresson — dont le héros est, rappelons-le, un âne. B. Rosenberger Rosenberg, alias B., la cinquantaine bien tassée, est, surtout, un loser de compétition. Il porte une barbe « trop volumineuse pour [sa] tête chauve », destinée à dissimuler une tache de vin qui s’étend de la lèvre supérieure au sternum. Il a un avis, souvent négatif, sur tout — y compris les films de sa propre fille, auxquels il attribue systématiquement deux étoiles tout en les massacrant sur son blog — mais dans l’indifférence générale, car plus personne ne le lit. En Floride, où l’a conduit un projet d’essai sur « Genre et cinéma », B. fait la connaissance d’Ingo Curtbirth, un Afro-Américain qui prétend avoir 119 ans et a consacré quatre-vingt-dix années de sa vie à réaliser, seul et en secret, le plus long métrage jamais tourné : un film d’animation en stop motion (marionnettes animées image par image) d’une durée de trois mois… B. est époustouflé par ce chef-d’œuvre inédit en lequel il voit le dernier espoir de sauver l’humanité. Alors quand le vieux cinéaste autodidacte meurt au bout de dix-sept jours de projection, B. embarque les bobines du film et toutes les figurines conçues par Ingo afin de les révéler au monde — et, enfin, devenir célèbre. Mais sur le chemin du retour, la pellicule est détruite dans l’incendie de son camion. Un seul photogramme subsiste désormais, à partir duquel B., sorti de trois mois de coma, va tenter de reconstituer le film dont il a tout oublié, en tâchant de retrouver la mémoire avec l’aide d’un hypnotiseur peu fiable. (...)

une édition de poche
en v.o.s.t.v.o.
Un peu plus facile à lire et à décoder que L'Infinie Comédie, mais c'est la même racaille d'écrivains cérébraux, malsains et hypomaniaques, David Foster Wallace, Francis Masse, Thomas Pynchon, William Vollmann, avec des univers récursifs et inextricables en mode vache qui rit, et au final l'effet produit est toujours bien dépressif, ça sent un peu la corde, comme dit un copain qui se garde bien de déblogguer tout son saoul pour ne pas finir comme moi ou comme B. Rosenberger Rosenberg, je dis ça parce que du coup dans le doute je viens de regarder Synecdoche, un autre grand film malade de Charlie Kaufman tout entier empli de la Présence Absente de Philip Seymour Hoffman, qui se perd en route dans le film (et à la ville grand suicidé devant l'Eternel, comme Wallace) et pour l'instant c'est le pire film de Charlie K. que j'aie jamais vu. Je tombe immensément d'accord avec Léo Henry, dans sa vigoureuse mise en bière, qui relève le côté auto-suicidaire du forcené, et les capacités de Charlie à se saborder au milieu de l'océan de mots dans lequel il se baigne après nous en avoir inondés dans Antkind sont bien restées intactes depuis qu'il sabordait son propos dans Synecdoche, la boucle est bouclée, et la messe est dite.
C'est d'autant plus râlant que Antkind est bien énervé, pétillant et tranchant dans sa première moitié, avant de s'enfoncer dans les limbes d'une hideuse narcolepsie, ça démarre vraiment jouissif et jubilatoire, mais ensuite viennent les glissements progressifs du plaisir vers du Beckett mis en scène par Lynch, de moins en moins électrocuté de saillies burlesques… et ça se finit en un obscur boyau, qui voudrait sans doute se voir faire montrer comme la caverne de Platon revisitée pour l'homme post_moderne du XXIème siècle, car comme Warsen, Kaufman est un mec qui cède aux sirènes de l’auto-addiction en pensant que ça fait de lui un penseur contemporain. Mais bernique, ça tourne en queue de boudin.

y'a pas que l'aubergine qui soit bien farcie
à la fin du bouquin, sans parler de l'article.
Et Warsen n'écrit pas des livres de 880 pages pour prouver combien il est drôle. Ecrire des articles à la one again sur Kaufman lui suffit amplement à prouver qu'il ne l'est pas. 
C'est vrai, c'est saoulant, à force. Et je jure que ce n'est pas moi qui ai rédigé sous pseudo la critique "amateur" de Antkind sur sens critique
https://www.senscritique.com/livre/antkind/critique/268090822 
à qui je donne partiellement tort, parce que les pages écrites "dans la peau de Donald Trump" sont parmi les plus réussies du livre. Mais ensuite, le lent glissement de terrain littéraire vers la fourmitude et les méditations subatomiques et sous-exposées sur la nature de la mémoire et du réel, toujours à travers les péripéties de notre malheureux narrateur lui-même totalement transformé en quelque chose d'inscrutable, ça me dépasse un peu en termes de capacités de nuisance à soi-même. Soit c'est beaucoup plus profond que ça n'en a pas l'air, soit ça mériterait de revoir la lumière pour tirer toute cette affaire au clair.

A trop vouloir zoomer sur l'objet de son étude,
la même mésaventure était arrivée à Daniel Goossens.
("Sauver le régionalisme, et puis sauver la culture aussi", pl.1)

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(1) la suite de ma harangue sourde, en léger différé (octobre 2020) de mon forum hyper-secret farci d'aubergines et d'amis imaginaires :

les amis de Charlie essayant de le dissuader
d'écrire un nouveau livre film livre
Je me suis permis d'insérer Weerasethakul dans le corpus textuel parce que d'abord il fait toujours joli et instruit où qu'on le place, Apichatpong, et puis pour faire redémarrer le fofo, Weerasethakul.
Cela marcha jusqu'à un certain point. 
Mais aussi parce qu'il me souvenait de ce fragment de dialogue “There is no objective reality,” explains Jake late in I’m Thinking of Ending Things. “You know there’s no colour in the universe, right? Only in the brain.” ce qui est très bouddhiste, dans l'esprit, comme je suspecte Apichatpong de l'être, Weerasethakul; mais je ne souvenais plus où je l'avais trouvé, et si Moïse a erré quarante ans dans le désert, c'est bien parce que les hommes ont horreur de demander leur chemin, alors que moi il ne m'a fallu que quatre jours pour retrouver le mien après avoir lu cette chronique.
Et il y aussi des wagons de théories afférentes, y'a qu'à se baisser Apichatpong pour les ramasser Weerasethakul. C'est un peu comme la première fois qu'on voit Mulholland Drive, on éprouve le besoin de confronter son expérience à celle d'autres hardis navigateurs de l'océan de blogs ciné consacrés au Lynchage. 

je n'ai pas réussi à caser l'affiche dans l'article, 
sais-tu où je pourrais me la mettre ? 
https://www.indiewire.com/2020/09/charlie-kaufman-explains-im-thinking-of-ending-things-1234584492/









 
Mmmmh mille putois ! tant de liens à lire, et si peu de temps pour voir le film... remarque, une fois que t'as lu les liens, t'as plus trop envie de voir le film, et ça gagne du temps pour rentrer chez toi avant le couvre-feu. Merci qui ?
Meuh non. Merci Charlie !





jeudi 20 mai 2021

Sur une peinture de Manchu (2019)

Je me faisais tellement suer à la maison que j'ai commencé à écrire des articles sur Joost Swarte. Mais au bout d'un moment, je me faisais tellement suer à écrire des articles sur Joost Swarte que j'ai essayé de lire tout Christopher Priest. Mais il y en a vraiment beaucoup.


Et la mécanique est toujours un peu la même : dans une langue faussement limpide, un récit relaté par plusieurs potes à Goniste (lui-même tellement bête qu'on l'appelle le neunoeud de l'intrigue) diverge tellement de lui-même ainsi que les huns des z'autres, qu'ils finissent tous par se décaler vers le rouge, comme dans les nouvelles de Peter Watts, (en astronomie, le décalage vers le rouge (ou redshift) est une augmentation de la longueur d'onde de la lumière causée par le mouvement de la source lumineuse qui s'éloigne de l'observateur, par effet Doppler ou du fait de l'expansion de l'univers en cosmologie. Dans les romans de Christopher Priest, ça tient plus de la logique des rêves et veillées, où l'onirisme finit toujours par l'emporter) et alors qui croire, in fine, parmi les narrateurs successifs, alors on finit sans finir, les bras ballants mais un peu en croix, comme un Robbe-Grillet de bazar. On m'avait vanté Le Glamour et l'Adjacent, j'au aussi relu le Prestige, là c'est bon, j'ai ma dose. Je vais attendre un peu pour l'Eté de l'infini, le recueil de nouvelles testamentaire.
J'ai rallumé la cheminée dans mon nouveau bureau tellement le moche mars et le joli mai ont permuté. Ce faisant, j'ai oublié le chat, à l'étage. Mais comme il passe son temps à se suicider du balcon, surtout quand je l’enferme sur la terrasse et que c’est la seule issue pour lui pour me rejoindre, je vois une masse blanche passer verticalement par la fenètre, je sais tout de suite ce que c'est. 


Il déteste la solitude. 
Y'a que deux mêtres vingt de chute pour retomber dans le massif de peyotl acheté à la Redoute.
Il a vite pris le coup. 
Ca picote un peu à l'atterrissage, mais après on comprend tout quand on relit Henri Michaux. Et Christopher Priest, qu'il faut de toute façon lire deux fois pour comprendre où on s'est fait rouler. Et Peter Watts. Qui est exigeant, mais dans un autre style. Il part du principe que votre culture scientifique est énorme, et acquise, et tout l'environnement technologique de ses romans et nouvelles est suggéré par allusions et acronymes, contraignant le lecteur à refocaliser en permanence sur le contenu.
Donc après quelques Priests, je me suis dit c'est bon je peux retenter Watts.
La couverture de Eriophora me faisait de l'oeil.

Le bleu qu'il y a derrière le "RA" de "ERIOPHORA".
Je peux pas être plus clair.

Surtout l'effet de lumière sur le bleu - entre cobalt et céruléen - sur ce qu'on suppose être la représentation d'un "Portail" (bien sûr construit à l’aide de machines de Von Neuman) utilisant des trous de vers pour permettre aux humains qui les trouveront un jour de voyager beaucoup plus rapidement. Dès que les extra-terrestres auront reçu leurs deux injections et pourront présenter un passeport vaccinal en rêgle.

Connaissez-vous vos bleus ?

Ils ont parfois d'autres noms. Comme dans les romans de Christopher Priest.

Le savais-tu ?
En fonction du domaine d’activité, le décor, les beaux-arts, la mode, la physique-chimie etc., les différentes nuances de bleus peuvent changer de nom. Le terme “bleu pétrole” est par exemple issu du monde de la mode. 
Pour une même couleur, il existe aussi plusieurs appellations, qui proviennent de plusieurs horizons : du matériau d’origine, de son histoire, du nom de l’inventeur, du fabricant de couleurs, de l’usage qu’on en fait etc.
Une même couleur peut comporter plusieurs nuances possédant chacune une appellation spécifique… Cette nuance peut être appelée par le nom de la teinte ou celui de la nuance. 


Ce Portail peint en bleu m'impressionne. 
Emotionnellement.
D'autant plus que j'ai complètement raté la peinture du mien, l'autre jour, en gris taupe. 
Les oiseaux du jardin en sont encore bien malades, bien que quelques-uns commencent à revenir, surtout pour vomir sur ma voiture, garée devant.
Ou la conchier, tapis dans les chênes qui la surplombent.
Au point que je néglige de m'informer sur l'image globale (je lis une édition électronique du livre avec juste le devant de la couverture scotché sur l'écran tactile). 
Je me renseigne.


Bon, c'est mieux. Ce n'est pas un accident de la circulation entre un météore et un vaisseau spatial, avec les spationautes en train d'appeler la MACIF pour faire le constat.
Mais si je cherche un peu plus loin, je trouve le tableau original de Manchu sur son blog.
Avec la mention Acrylic, 120x80 cm.
Ca doit avoir une certaine gueule, en taille réelle, dans le genre Chris Foss contemporain.


Avec les spationautes de la MACIF qui ont disparu de la couverture du livre ! Hahaa ! Encore un complot facile démasqué. Il est vrai qu'ils ne sont pas tellement dans le livre non plus, à la limite sur la surface externe du météore ça passait, mais sinon ils relèvent plus d'une vue d'artiste.


Mais au moins, la couverture est attractive, pour amener l'innocent amateur de space opera (souvent réactionnaire et amateur de vieux disques de Henri Salvador) vers la lecture de ce mindfuck de l'espace.
Manchu est un français qui rend bien service et fait pour tout dire honneur à un auteur canadien de foutaises galactiques échevelées.

C'était grave.
Ca le reste.
C'est pas comme quand on avait imprudemment prêté Métal Hurlant (le classieux magazine de BD de SF) aux Américains, et qu'ils nous avaient pondu Métal Hurlant, LE FILM : c'est comme si on leur avait proposé une recette de cuisine gastronomique, et qu'ils nous avaient renvoyé un hamburger à la merde. J'ai eu un peu la même impression en voyant la première saison de Love, Death & Robots, en 2019 : la "American touch" de Métal Hurlant, LE FILM, remise au dégoût du jour, malgré des traitements graphiques spectaculaires, mais aussi parfois très réussis. De la saison 2, je n'ai vu pour l'instant que le dernier et huitième segment, "le Géant Noyé", d'après... J.G. Ballard !!! Belle mise en images. Si ils vont chercher des vieilles histoires de SF, peut-être que tout n'est pas foutu, n'en déplaise aux déclinistes !
En attendant, j'ai pris l'intégrale des nouvelles de Ballard, ça manque à ma culture.






vendredi 4 décembre 2020

Collectif - Univers: Anthologie de Science Fiction (1975-1990)

Univers est un magazine de science-fiction français initialement dirigé par Jacques Sadoul et Yves Frémion, dont la parution s'échelonne de 1975 à 1990 aux éditions J'ai lu, d'abord sous forme trimestrielle, puis annuelle.
Sous sa forme trimestrielle, Univers connaît 19 numéros, parus de juin 1975 à décembre 1979. Jacques Sadoul, qui est déjà, à l'époque, responsable de la collection de science-fiction au format de poche chez J'ai lu désirait présenter des textes des « tendances les plus contemporaines » de la science-fiction américaine. Il confie le rôle de rédacteur en chef à Yves Frémion.
Par la suite, une revue annuelle voit le jour. 
Son appellation est toujours en fonction de l'année de publication, ainsi le numéro sorti en 1980 est titré Univers 1980, celui sorti en 1981 devient Univers 1981, etc.



En principe, une femme à poil, 
ça fait vendre.
C'est peu dire que j'ai violemment halluciné en découvrant les « tendances les plus contemporaines » de la science-fiction, même si la plupart des textes me passaient largement au dessus de la tête. Yves Frémion était un cyber-subversif bien avant l'invention d'Internet.

Nombre de livres : 30
Format : ePub
Taille totale : 23,2Mo


la notice d'utilisation :
https://www.noosfere.org/livres/serie.asp?numserie=2649

le container plombé par les livres qui sont dedans :
http://www.mediafire.com/file/p9danlz86fshlee/Univers.zip/file








jeudi 3 décembre 2020

Collectif - Revue Fiction (1952-1990)

Fiction est une revue de science-fiction française publiée pour la première fois en octobre 1953. Éditée par les éditions OPTA, c'est la revue française qui a connu la plus grande longévité dans le domaine puisqu'elle a compté 412 numéros avant de s'éteindre en 1990. 

Elle a été relancée sous forme semestrielle en 2005 par la maison d'édition Les Moutons électriques, qui annonce l'arrêt de sa publication après le tome 20 d'avril 2015. 

Et la blague carambar règlementaire :
La compilation ici proposée ne comprend pas les versions Moutons Electriques : le stagiaire a branché par erreur un mouton électrique sur du 380v triphasé, et ça fait déjà trois semaines que ça sent le poil de cul de mouton grillé dans les bureaux.


Genre : science-fiction
Format: ePub
Langue : Français

Nombre de fichiers : 446
Nom de la Release :
446.Revues. Fiction.Fr.Ebook.Epub.Notag
Total du post : 204 Mo
immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés : en cours.

446 numéros de la Revues Fiction ? 
Tout doit disparaitre !




mercredi 2 décembre 2020

Collectif - Le livre d'or de la science-fiction (1978-1987)


Le Livre d'or de la science-fiction est une collection d'anthologies de nouvelles fantastiques ou de science-fiction publiée de 1978 à 1987 chez POCKET. Dirigée par Jacques Goimard, elle avait pour vocation de présenter un panorama complet de la science-fiction classique et moderne.
Cette collection a publié de nombreux recueils consacrés soit à un auteur soit à un thème (comme la série des quatre tomes sur l'épopée fantastique consacrée à l'heroic fantasy). On y retrouve les grands noms de la science-fiction et du fantastique jusqu'en 1980, ce qui en fait une série de référence dans ces domaines. La tranche ainsi que la quatrième de couverture des livres de la collection est dorée, d'où son nom. Même après avoir éteint la lumière, des décennies plus tard, une faible lueur jaunâtre en émane encore, dans les Siècles des Siècles.

Liste et nomenclature des volumes :


La même, mais en mieux (commentée et discutée par des lecteurs de Télérama habilement dissimulés sous les oripeaux hors d'âge des archivistes de chez Noosfère, rhabillés par Schuiten et Peeters) :

Et enfin, après tous ces salamalecs, la bibliothèque, servie sur son lit de bois d'arbre en chêne clair :


Format: ePub
Taille: 21.2 Mo, c'est pas très lourd, en fait. 
Je recommande particulièrement les volumes sur Silverberg, Lafferty, Dick, Sheckley, Ballard, Brunner, et est-ce Sturgeon ? oui.

lundi 30 novembre 2020

Collectif - La Grande anthologie de la science-fiction (1966-1985)


 Livre de Poche | Français | 1966-1985 | 36 Volumes | EPUB 14MB

La Grande anthologie de la science-fiction est une collection de recueils d'anthologies publiés par le Livre de poche dans les années 1970 sous la triple direction de Jacques Goimard, Demètre Ioakimidis et Gérard Klein. La collection compte deux séries, la première étant composée de douze volumes et la seconde de vingt-quatre volumes. La direction des anthologies est assurée collégialement par les trois signataires, ainsi que le choix des nouvelles composant chacune.
Chaque volume réunit plusieurs nouvelles autour d'un thème de science-fiction. Il comporte une introduction générale à la collection, une introduction particulière au thème traité par l'un des trois anthologistes, et il est suivi d'un dictionnaire des auteurs.

Première série (1966-1975)

Histoires d'extraterrestres, no 3763, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de robots, no 3764, préface de Gérard Klein
Histoires de cosmonautes, no 3765, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de mutants, no 3766, préface de Gérard Klein
Histoires de fins du monde, no 3767, préface de Jacques Goimard
Histoires de machines, no 3768, préface de Gérard Klein
Histoires de planètes, no 3769, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de pouvoirs, no 3770, préface de Jacques Goimard
Histoires de demain, no 3771, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de voyages dans le temps, no 3772, préface de Jacques Goimard
Histoires à rebours, no 3773, préface de Jacques Goimard
Histoires galactiques, no 3774, préface de Gérard Klein

Seconde série (1983-1985)

Histoires parapsychiques, no 3775, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de survivants, no 3776, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de la fin des temps, no 3777, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires écologiques, no 3778, préface de Gérard Klein
Histoires d'envahisseurs, no 3779, préface de Gérard Klein
Histoires de voyages dans l'espace, no 3780, préface de Gérard Klein
Histoires de médecins, no 3781, préface de Jacques Goimard
Histoires divines, no 3782, préface de Gérard Klein
Histoires de la quatrième dimension, no 3783, préface de Gérard Klein
Histoires d'immortels, no 3784, préface de Jacques Goimard
Histoires d'automates, no 3785, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de surhommes, no 3786, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de créatures, no 3787, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de sociétés futures, no 3811, préface de Jacques Goimard
Histoires de mondes étranges, no 3812, préface de Gérard Klein
Histoires de rebelles, no 3813, préface de Jacques Goimard
Histoires fausses, no 3814, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires paradoxales, no 3815, préface de Demètre Ioakimidis
Histoires de mirages, no 3816, préface de Gérard Klein
Histoires de l'an 2000, no 3817, préface de Gérard Klein
Histoires de catastrophes, no 3818, préface de Jacques Goimard
Histoires de guerres futures, no 3819, préface de Jacques Goimard
Histoires mécaniques, no 3820, préface de Jacques Goimard
Histoires de sexe-fiction, no 3821, préface de Jacques Goimard

et ça, c'est moi le lendemain,
pendant le devoir de biologie
portant sur la division cellulaire.
Ils m'ont allongé, et j'ai été
presque aussi malade
que le graphiste.

Qui n'a jamais lu ces recueils de nouvelles de SF au mitan des années 70, au lieu de réviser un devoir surveillé de biologie ? et c'est comme ça que j'ai été perdu pour la biologie. Mais pas pour la reproduction sexuée, Dieu me tripote. Simplement, j'ai fait de la biologie comme d'autres Jourdains font de la prose sans le savoir.
Pour ceux qui rêvent de relire certains de ces récits, comme je rêve de reconstituer une intégrale raisonnée des nouvelles de R.A.Lafferty avec le logiciel calibre, noosfere propose une base de données tellement propre qu'on pourrait manger par terre :

lundi 27 avril 2020

Bob Morane contre le Covid-19

« Si j’écrivais un Bob Morane aujourd’hui, je dirais que le coronavirus est une invention de l’Ombre jaune. Et c’est d’ailleurs une invention de l’Ombre jaune, puisque c’est né en Chine ! »
Monsieur Propre joue les seconds couteaux
dans le roman de gare français des années 60.
Ici contre "Ajax l'Ammoniaquoué" (sic).
C'est pas moi qui le dis, mais Henri Vernes, aujourd'hui âgé de 101 ans, dans le sympathique article que lui consacre un journal en ligne de Montréal sur lequel j'ai atterri en cherchant innocemment à télécharger des pancakes au sirop d'érable.


Henri Vernes a fait un travail extraordinaire pour amener vers la lecture des populations qui en étaient éloignées. Grâce à lui je me sens aujourd'hui résonner comme un temple de bienveillance, c'est donc double ration de gratitude pour tout l'monde, une stratégie gagnant-gagnant. Et les tableaux se raccrochent tout seuls aux murs de la sacristie, comme si on passait la saison 2 de Fleabag à l'envers.





Bob contre les drones d'Anne Hidalgo qui veulent prendre sa température pour voir
s'il ne fait pas d'infection de sa puce RFID qu'on lui a implantée en le vaccinant
à l'insu de son plein gré et qui est maintenant pilotée par l'antenne 5G de la Tour Eiffel
(Henri, si tu m'entends, il faudra trouver un titre moins long)