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dimanche 30 avril 2023

Maxime Le Forestier - Passer ma route (1995)


J'aimais bien cette chanson, sans m'être vraiment penché dessus, Maxime le fox-terrier, bof bof, ou plutôt wouaf wouaf, aussi has been que moi, même si le chanteur présente de meilleurs états de services, et l'individu, je sais pas, bien que je vienne de lire une interview plutôt sympa
Chanson dont j'ignorais qu'il existât deux versions, une longue, qui semblait l'originale, une courte pour les passages radio et télé, et à l'écoute à tâtons et à vue de nez je croyais qu'il chantait en intro "Laissez-les dans les cartons les plombs d'la planète" et je trouvais ça bien vu comme image. 

Vu qu'on est bien partis pour les faire sauter, les plombs de la planète, entre la guerre aux portes de l’Europe, un peu partout en Orient et en Afrique, le réchauffement, la famine à suivre, des virus inédits plus ou moins rigolos et mortels, l'andropause, la déclaration de revenus et la mycose d’orteils qui nous guettent dans l’ombre, de même que les marées de coëfficient 345 sur la plage de Trestrignel, merci, c’est vraiment pas la peine d’en rajouter, et dire qu’on a eu l’imprudence de faire des enfants, et qu’on va leur laisser un monde au bout du rouleau, et que le public de la finale de la coupe de France n'a même pas perturbé le match hier soir pour protester contre la réforme des retraites, les supporters ne méritent même plus mon mépris pourtant démocratique,  mais même si tout est foutu, n’allons pas trop vite en besogne, certes, l'inquiétude, on en a ras les baignoires, mais on a encore le temps d'écouter une petite chanson de Maxime Le Forestier, même en version longue. 
En fait, après avoir laborieusement recherché une version correcte des paroles, j'ai capté qu'il chantait les plans d’la planète, et pas les plombs, et que mon cerveau avait juste essayé de recréér du signifié là où il n' y avait que du signifiant, surtout avec la suite du couplet, Faites-les sans moi, oubliez pas les fleurs
Quand ces rétroviseurs-là m’passent par la tête
J’ai du feu sur l’gaz et j’m’attends ailleurs 
ça ne veut délicieusement rien dire, c'est une ode à la nonchalance, au désengagement et à la présence purement existentielle (quand l'Etre est délivré du Faire et du Prétendre, on entre dans la Grande Vacance), on dirait du Moustaki, ou du Bashung sous exstasy (ce n'était pas sa drogue préférée, je le vois plutôt carburer au tramadol car “Le tramadol est un analgésique, c’est très utile pour vivre sans espoir”
Ah non, zut, je m'ai trompiné, ça c'est ----------- 
(inscris ici le nom de ton chanteur dépressif favori, mais attention, car Gérard Manchié n'est pas un mot accepté au scrabble, bien qu'il ait écrit une chanson sur le même thème du désengagement que Passer ma route, mais elle s'appelait Rien à raconter, et était beaucoup moins agréable, et beaucoup plus donneuse de leçons) 
Ah là là Akbar, Passer ma route c'est vraiment une chouette chanson. D'autant plus quand je regarde l'affiche du printemps de Bourges 2023, qui donne envie de s'enfermer dans une pièce sans lumière et d'écouter du dark ambient jusqu'à ce qu'il nous arrive quelque chose. 
Il ne manquerait plus que les choristes, qui miment des vagues orgasmiques qu'on croirait échappées belles et passées entre les gouttes du Great Gig In The Sky à la fin de la face A du Dark Side of the Moon de Pink Floyd soient noires pour que mon bonheur soit total, car j'ai gardé des goûts simples.
du coup, je mets les paroles, que tout le monde voie bien le flanby.
-----------

Laissez-les dans les cartons les plans d’la planète
Faites-les sans moi, oubliez pas les fleurs
Quand ces rétroviseurs-là m’passent par la tête
J’ai du feu sur l’gaz et j’m’attends ailleurs

Je fais que passer ma route 
Pas vu celle tracée 
Passer entre les gouttes 
Évadé belle

Tellement bien soignée la pose, qu’on se prendrait pour elle
Faut que je pense à m’trouver un métier
Autant manger de ce qu’on aime, j’ferais bien le rebelle
Et l’école de la rue, comme les autres, j’ai séché

J’ai fait que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Elle tape dans l’œil la grosse caisse, on dirait du cash
Ce qui faut livrer de pizzas pour l'avoir
Autour de moi les dollars joue à cache-cache
Demain je commence à chercher, pas ce soir

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Parole après parole, note après note
Elle voulait tout savoir sur ma vie
J’ai tourné sept fois ma clé dans ses menottes
Sept fois ma langue dans sa bouche et j’ai dit

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Est-ce que c’est un marabout, un bout de ficelle
Un gri-gri que j’aurais eu sans le savoir
Chez les tambours des sorciers, sous les échelles
Dans les culs-de-sac infestés de chats noirs

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle


----------------
pour ceux qui préfèrent le tramadol, et je ne pourrai les en blâmer avant lundi, il est encore temps de regarder la série "Dead Ringers" qui vient de sortir, et qui n'évoque pas du tout la mort de la chanteuse des Rita Mitsouko Catherine Ringer, mais une adaptation sérielle et très féminisée du terrifiant film éponyme de David Cronenberg (son meilleur à mon sens), et qui déchire sa mère la pute et son père le tox.






plus ça va, plus je préfère la plage de Trestrignel.


jeudi 11 août 2022

[Repost] Imago - derrière le rideau (1978)

mer. 18 mars 2009
Je n'ai pas beaucoup écouté ce troisième album du groupe à l'époque de sa sortie, j'étais passé aux Sex Pistols et à Thiéfaine. Un lecteur du blog me l'a posté, alors je partage. De l'écouter aujourd'hui, on sent l'annonce du faire-part imminent (et poli) de la faillite des utopies 70. Idéal pour se tirer une balle en murmurant "Monde de merde", comme Georges Abitbol dans Le grand détournement. Tiens, faudra que je poste du Bénin (Môrice), j'avais rippé mes vyniles achetés dans l'Ariège par correspondance.
 (lien megaupload périmé de chez périmé)

[EDIT 06/07/2022]

Découvert sur un serveur russe une version à 320 kbps pas meilleure que celle à 160 dénichée jadis. La routine. Forte suspicion de repompage d'après source youtube tronçonnée par les bouchers de  Lyssytchansk. Apopo, 800 pieds. Réécoute quasi-reigieuse, qui ne changera rien au passé, qui n'a pas d'amis quand il vient lécher les statues. La routine. Remise en ligne, ajout des pochettes dans l'article, et retour à la base. Roger. Apopo, 800 pieds. 










Les autres albums d'Imago, disponibles derrière le rideau et sous le manteau :




françois béranger au milieu de sa campagne de promotion de ses petits camarades, 
qui devaient faire sa première partie à l'époque, 
je n'ai pas tout les détails et j'ai volé cette photo sur le fessebouque du groupe
qui reprend du service, mais chut, on en reparlera)

 

jeudi 31 mars 2022

Môrice Benin - Passage (1979)

Qui rippe des vieux disques affirme le primat de ce qui est disparu et de ce qui n'est plus sur ce qui est présent, ou en tout cas disponible dans l'instant. Un peu comme Alain Souchon quand il chante Je voudrais que tout revienne / Alors que tout est passé / Et je chante à perdre Hélène haleine / Que je n'ai que des regrets.
Mais c'est Souchon, ça fait partie de son charme de chien triste aux oreilles de cocker fou, qui ne craint pas de flirter en eaux troubles avec la frange la plus interlope de la variété française tout au long de sa carrière. 

une vignette de Môrice est cachée dans cette mosaïque.
Concernant Morice Bénin, c'est autre chose. A ma connaissance, il n'a jamais chanté la nostalgie pour la nostalgie, pour s'affliger du lustre de ce qui est resté derrière, et n'a cessé de changer de genre et d'inspiration tout au long de sa vie artistique.
 Et il y a un peu plus d'un an que Benin est finalement mort à Die. Mourir à Die. C'est pas bénin, ça. Lafesse était bien mort à Vannes. Et le seul autre bloggueur de France et de Belgique francophone qui nous proposait des albums de Momo suce les compiles par la racine depuis novembre dernier.

Le monde, a écrit Rushdie, est le lieu dont nous prouvons la réalité en y mourant. La belle affaire. La mort n'est qu'un passage (comme le titre du disque à Môrice rippé aujourd'hui !), la mort c'est pas le contraire de la vie, c'est le contraire de la naissance. La vie n'a pas de contraire. Jean-Michel Blanquer a décidé d'alerter les bébés dès son prochain séjour à Ibiza sur cette vérité vraie, car le sachoir est une arme contre les gens qui croivent, et de l'enseigner dans toutes les écoles à partir de la grande section d'école maternelle dès la rentrée prochaine.
Quelque part ailleurs, ici, en 1979, Maurice Benin s'appelle Môrice Bénin, et déballe ses questions sur le genre (Tout va mâle et femelle), apostrophe son public pour le faire sortir de son rôle de spectateur (Quand tu te cognes), public sur le dos duquel il poursuit sa psychanalyse (Jeux du Je), on ne ricane plus ni ne rigole, hormis à l'écoute des aventures bovines de Paralal et Marginelle.

et ça c'était le dos de l'album,
cheval dire à ma mère.
Et de qui Moïse Ben-Haïm était-il le nom ? hein ? bien malin qui le dira. Selon les époques, il se décline en Maurice Benin ou Bénin, Môrice Benin, Môrice Bénin. Bien sûr, dès qu'on l'entend, toute équivoque est dissipée. On sait très bien de qui il s'agit. Le type qui fut un énergumène gauchiste auto-produit sur les plateaux du Larzac ou de l'Ariège, le prophète auto-proclamé-dénigré des temps nouveau qui exhortait les spectateurs à quitter leurs fauteuils de spectateurs pour co-créer avec lui une nouvelle utopie, devenu au fil des ans poète assagi, mettant en musique René-Guy Cadou, mais restant toujours en marge des maisons de disques et du cirque médiatique... je méconnais cette période, je me suis arrêté quand Môrice a cessé de m'implorer à me transformer en papillon alors que je me complaisais dans ma chrysalide, un doigt dans le cocon.
Et l'autre jour, j'ai vu plein de vinyles de la grande période révoltée de Maurice dans les bacs du nouveau disquaire du marché de ma petite ville. Mais rien ne m'a tenté, je les ai tous, alors je suis reparti avec un Béranger, et des huitres.
Qu'est-ce qui se passe quand on rippe un disque de Morice ? et quand on l'écoute ?
Quand on met un disque de Mozart, est-ce que Mozart est là, ailleurs que sur la pizza ?
une des incarnations de Momo, circa 1980. 
il ne faudrait pas juger les gens sur leur apparence,
mais toujours les pénétrer par la porte de service.
Wouah la tronche, quand même !

http://moricebenin.fr/


samedi 5 mars 2022

Francis Lalanne - Le Champignon nucléaire (1981)

Il n’y a pas plus anxiogène, même pour des Princes de l’inquiétude, que de regarder ces pauvres Ukrainiens se faire massacrer. Même en leur envoyant des sous par le truchement des ONG pour financer l'achat (à prix discount dans les parapharmacies qui auraient pu rester ouvertes après le passage des bombardiers à basse altitude) de sparadrap et de mercurochrome, suite aux échardes récoltées dans le pouce gauche et autres petits bobos de la vie auxquels on s'expose après avoir pris sa maison sur la tête et un obus dans sa blanquette.
Enfin, si, ce qui se profile d'encore plus anxiogène, c’est le chantage au nucléaire - destruction des infrastructures civiles au risque calculé d’un Tchernobyl 2 encore mieux que le 1, « dissuasion » du nucléaire militaire par la menace de l’utiliser et la crainte de l’embrasement généralisé conséquent. Qui a parlé « d’équilibre de la terreur » ? Pour l'instant, elle est unilatérale.
En 2010, Poutine disait qu’il irait buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes, on découvre aujourd’hui que le terroriste, c’est celui qui le dit qui y est. 
Et ça ne date pas d'hier, comme le documntaire " Poutine - Le retour de l'ours dans la danse" le montre.


ça m’a rafraichi sur Vladimir, mais ça ne m’a pas remonté le moral.
Ils font une journée spéciale guerre en Ukraine aujourd’hui à partir de 13h15, à éviter si votre tension excède déjà 14/9. Une chance supplémentaire de mourir surinformé pour les autres. Je vais aller au marché acheter des huitres, tiens. Tant qu’il en reste.
Pour l'instant, pas beaucoup de volontaires pour aller nettoyer les cagoinces à Moscou.
Et si on parachutait Francis Lalanne et son champignon nucléaire sur le Kremlin, après l'avoir fait monter à bord d'un Alligator 427 sous un fallacieux prétexte ? 
Les conspirationnistes sont fragiles, crédules, et prompts à se laisser embobiner. Francis, pardon d'avance, dieu sait que je t'ai aimé quand on était jeunes toi et moi, mais là tu trouverais une utilité sociale kolossale, et la notion de chanteur engagé prendrait tout son sens. Et on ferait d'une pierre deux coups. 


Sinon, j'ai un nouveau copain croisé à vélo cette semaine qui serait d'accord pour y aller, l'ennui c'est qu'il est en 2D sur une cabane du bord de Sèvre.


Ce qui serait pire, bien sûr, c'est que 
Dame Fortune nous ait fait naitre Ukrainiens, auquel cas nous ne serions point ici à pérorer, mais à tenter de survivre sous les bombes, et expérimenter ce postulat qu'on m'a rapporté tantôt : celui qui n'a pas vécu la guerre ignore tout des vertus de la prière.
(vertus auxquelles on a bien sûr consacré des bibliothèques entières)

jeudi 23 septembre 2021

Brigitte Fontaine & Areski Belkacem - Vous et nous (1977)

Dans Schnock, somptueuse revue de vioques qui parle aux vioques de trucs de vioques, périmés, obsolètes, caduques et surannés, les rédacteurs évoquent souvent avec malice des oeuvres artistiques (cinéma, musique, littérature) très recommandables, mais disparu(e)s depuis belle lurette des rayons de la Fnac. Je les suspecte d'y prendre un malin plaisir, genre " nous on les a, nananère, et pas toi, nanana." Bref. L'article de Schnock (dans le n° 39) consacré à Areski et Fontaine m'a rappelé leur disque de 1977, que je n'avais pas vraiment écouté à l'époque :



A l'époque, on les traitait de doux dingues. Musicalement, l'amalgame était vite fait. Claude Villers et/ou Jean-Louis Foulquier les passaient un peu sur Inter, surtout le "Vous et nous" qui donne son titre à l'album. Mais j'en garde un faux souvenir avec sitar et tablas, alors méfions-nous. Et l'époque était plus tolérante avec les loufs qu'aujourd'hui, ou alors il faut afficher une certaine radicalité exacerbée. Quarante-cinq ans plus tard, leurs chansons resplendissent en divergence, encore et encore, pour reprendre une expression entendue dans un disque pirate tout mal enregistré de Robert Fripp à l'époque où il glissait des fragments de l'enseignement de Gurdjeff dedans. Mais l'époque était plus tolérante qu'aujourd'hui.(1)
Nonobstant mon incessant babil, je voulus derechef réentendre l'album de Fontaine & Areski. Ce ne fut pas facile, même sur les serveurs russes farcis d' Ebola. 
Le voici déniché en écoute gratuite et à l'achat payant :

https://store.kythibong.org/album/vous-et-nous

Merci Internet, de rendre tout cela possible. L'époque était plus tolérante, mais y'avait pas Internet. C'est fromage ou dessert. Maintenant que j'y pense, faut que je vous dise, c'est un disque difficile à écouter. Exigeant. Eprouvant. On ne peut pas faire grand chose d'autre en même temps, contrairement à Steve Roach. Les textes, leur interprétation, les orchestrations, tout réclame une attention extrême. Il y a du gauchisme vintage, du féminisme outré, du rap préhistorique, limite situationniste, de la radicalité travestie en sagesse, de la déconne intransigeante, des comptines avec guitares en bois faussement hippies, pleines de chausses-trappes, de ce faux folk qui sera toujours d'avant-garde, et du mysticisme en fiches pratiques, encore mieux que comme s'il en pleuvait au rayon spiritualité vivante & développement personnel de la Fnac : "Oublie d'avoir raison et tu comprendras tout / Perds un peu ta raison / Tu ne perdras que ta prison" (Patriarcat). J'aimerais bien revenir en 77 pour élargir ma conscience cosmique en direct, là c'est un peu tard.
_________________________
(1)Oooh punaise, je viens de le retrouver, et y'avait aussi David Byrne dans le coup. David, laisse-moi te dire que ton concert filmé l'an dernier par Spike Lee dans une petite salle de New York est magnifique, et suscite un enthousiasme qu'on croyait englouti avec le GIEC et la pandémie. Je retire tout ce que j'ai dit sur l'époque. Ton concert sera d'ailleurs chroniqué dans Schnock n° 3956, à paraitre en 2277.

samedi 26 juin 2021

Caza - Scènes de la vie de Banlieue - Tome 2 (1978)

J'ignore pourquoi Caza n'a pas connu la même reconnaissance publique que Druillet, Bilal ou Moebius, au bon vieux temps de Métal Hurlant. Peut-être parce qu'il était surtout publié dans Pilote. Ils en venaient tous, mais lui y est resté plus longtemps que les autres. Il fallait bien qu'il y en ait un qui se dévoue pour garder Goscinny. Pourtant, les histoires d'anticipation écolo-gauchisto rassemblées dans les 3 tomes de Scènes de la vie de Banlieue n'étaient sans doute pas vraiment du goût de Goscinny, qui n'y survivra que jusqu'en 77. 
Quelques décennies plus tard, ces mauvaises blagues sonnent très Métal, dans l'esprit de la littérature de SF dépressive de la fin des années 70 qui avait pour mamelles la pollution, les brutalités policières de l'Etat-fasciste, et la médiocrité de la plupart des aspirations humaines. On ne peut pas dire qu'on ait vraiment changé de braquet, sauf sur le sexisme ordinaire. J'y vois même des connexions avec les comix underground de Zap Comix qui ont commencé à mettre le feu à la BD américaine dès 1968, mais ça doit être tous les médicaments que je ne prends pas qui me montent à la tête.

L'édition originale (et à couverture molle) de la trilogie.

Elles furent d'abord rassemblées sous forme d'albums souples, moches et pas chers, puis "en dur" chez Dargaud Fantastique, et finalement rachetées pour une poignée de brouzoufs par les Humanoïdes associés, avec de nouvelles couvertures qui n'ont plus grand chose à voir avec le style Caza Canal Historique, pop-art flamboyant, Caza aussi à l'aise graphiquement dans la caricature que dans l'hyper-réalisme verdâtre des banlieues rêvées, et surtout cauchemardées, pas très loin des novellistes anglo-saxons de l'époque, professionnels du désenchantement humaniste comme J.G. Ballard. Avec une petite touche d'humour crétin issu de la tradition française. Et des couleurs d'une violence psychédélique rarement revue dans la BD francophone. Il y a même une histoire de pirates à bord d'un pavillon en meulière qui pourrait être un préquel de The Crimson Permanent Assurance, le court métrage réalisé par Terry Gilliam en 1983 et diffusé en tant que prologue du film Le Sens de la vie. Je suspecte fortement Gilliam de l'avoir vu avant de construire son scénario, mais je n'ai pas de preuves. Je vais lui écrire.

Les liftings successifs des couvertures, fluctuantes selon les éditeurs.
Je ne sais pas si on gagne en lisibilité. 

Comme le dit l'auteur dans son auto-bio
, "dans ces chroniques, basées sur une satire acerbe de la vie moderne et sur l'intrusion du fantastique dans le quotidien, je me mets moi-même en scène comme personnage principal de mes histoires (déjà égocentrique), en éternelle opposition à mon voisin du dessous (ou du dessus, ça dépend), Marcel Miquelon, archétype de français (très) moyen."

une blague postcoloniale comme même
le Major Grubert ne peut plus en faire.

Reproduit ici à un format trop petit pour pouvoir prétendre au rang de la contrefaçon, le Tome 2 des Scènes de la vie de Banlieue conserve une saveur vintage, en même temps qu'il est un témoignage sur l'imaginaire de la concentration urbaine vu par un gauchiste qui était déjà parti vivre dans les Cévennes avec des fromages de chèvre, contrairement à ce que prétend son avatar auto-fictif qui apparait souvent dans les couloirs de ces HLM de papier sous les traits d'un géant roux aux traits harmonieux et sculpturaux. Mon oeil : quand on est vraiment un géant roux aux traits harmonieux et sculpturaux, on n'a pas besoin de faire de la BD pour épater la galerie. A part Geoff Darrow, dont il est difficile de savoir s'il était roux avant d'être fou chauve.
Caza abandonnera ensuite totalement cette veine humour noir pour se tourner vers une SF mysticoïde un peu fumeuse, avec toujours autant de moyens graphiques mais c'est là que je le perds de vue, préférant alors m'abimer dans la contemplation des tranches des volumes traitant du bouddhisme au rayon spiritualité de la FNAC, afin de progresser dans l'intention de le pratiquer.  

la French Touch du psychédélisme, c'est là qu'elle était.



Il existe une intégrale raisonnée parue aux Humanos en 2017, qui vaut vraiment le coup.

dimanche 25 avril 2021

Morice Benin - C'était en... (1976)

dessin de Gébé dans l'An 01
(cité par Morice dans le disque
caché dans cet article)
Depuis 1976 et la sortie du disque à Morice, on attendait le Grand Soir, mais à force d'attendre, en 2021, on a eu le Couvre-Feu à la place. 
Où c'est, quand c'est qu'on s'est Gourrés ? A partir de quel petit renoncement s'est-on mis à dévaler la pente fatale de la Route Pour Nulle Part ? C'est un peu une posture victimaire, de dire ça, mais très franchement, entre mon blacklistage, mon immunothérapie, mes acouphènes, ma lithémie et ma vie sexuelle, si je veux me victimiser j'ai d'autres sujets un peu plus saignants. 
Télérama me suggère que c'est au moment du rapport Meadows, publié en 72, qu'on s'est plantés. Juste avant le premier disque artisanal et autoproduit de Morice, en 1974, qui se vendra à plus de cent mille exemplaires, en des lieux insolites et militants, comme  sur le plateau du Larzac. Morice et ses appels vibrants à l'insurrection intérieure - du moins jusqu'à la fin des années 70, avant qu'il sublime sa colère en prenant un virage poétique - le plus urticant des chanteurs marginaux n'a guère ménagé sa peine.
Et comment se fait-il que nous n'ayons pas encore réalisé les promesses du prophète libertaire auto-révélé, lui qui nous exhortait à une révolte permanente contre cette société de merde dès l'âge où nos oreilles furent assez poilues pour que ça rentre comme dans du beurre ? 
Bien sûr il nous reste encore ses vieux disques, à condition de ne pas les jouer trop fort après 19 heures, sinon les flics de la Dictature Sanitaire arrivent, renseignés par un voisin collabo, et ils savent sur qui taper : d'abord DJ Wars, l'ex-playboy fumeur de crack aujourd'hui narcotique anonyme et cacochyme, celui qui est courbé sur ses platines et qui convertit illégalement ses vieux vinyles en mp3. 
Ensuite, les rares spectateurs, qui dépassent quand même la jauge de 6 personnes autorisée par la Préfecture.


La plus grande confusion règne autour des différentes orthographes admises de son identité de Morice, ce qui ne facilite pas le travail des moteurs de recherche. Mais il n'aurait guère apprécié d'être pisté par Google. Je l'ai longtemps écrit Maurice Bénin, mais il semble que la tendance Canal Historique lui ait finalement préféré Morice Benin, lui qui était né Moïse Ben-Haïm et qui aurait donc pu jouer dans le chat du Rabbin de Joann Sfar au lieu de nous saouler avec ses harangues incendiaires et mystiques.
C'est la première fois à mon connaissance que ce vinyle est rippé sur internet, comme on disait dans le temps d'un film qu'il était inédit à la télé.


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et l'indispensable bibliographie en forme d'hommage posthume :


samedi 19 décembre 2020

Caza - Sanguine (1976)

La BD de SF, c'était mieux avant. C'est à ce type d'assertion qu'on peut mesurer le vieillissement du tissu cérébral du locuteur. Prenez Caza, par exemple, qui n'a pas eu le succès auquel je le croyais destiné. Pourtant, il dessinait les filles toutes nues mieux que Corben. Je veux dire que ses connaissances en anatomie humaine n'interdisaient pas une certaine sensualité, là où Corben préférait l'hypertrophie, confinant au grotesque. Et ses idées SF semblaient moins basées sur une alimentation carnée.
Vous irez lire le reste dans son wiki.


J'ai repensé à lui en retombant récemment sur les recueils "Scènes de la vie de banlieue" prépubliés dans Pilote et parus chez Dargaud un peu avant Jean-Christophe.
La petite histoire que nous vous proposons ce soir a mieux résisté au temps, d'une part parce qu'en 1976, le dessinateur, progressivement délivré des hachures à à la Moebius / Bilal qui était le must de l'époque, s'est dirigé vers une technique très spectaculaire, d'autre part parce que l'inspiration est du côté du conte et de la mythologie. Et de troisième part parce que l'érotisme est immortel, en tout cas beaucoup moins périssable que les dystopies libertaires imaginées par Caza dans Pilote. C'est en regardant trottiner la jeune Béatrice Dalle sur la plage de Palavas-les-Flots que Caza lui propose ce galop d'essai, qu'elle finit par accepter eu égard à ses sympathies pour ce qu'on n'appelle pas encore l'islamo-gauchisme, dont Caza est  à l'époque un des porte-drapeaux les plus flamboyants. Il la présentera ensuite à Jean-Jacques Beineix, et elle sera perdue à jamais pour la BD de SF vintage.  











jeudi 16 avril 2020

Gébé - Cracher dans l'eau, ça ne fait plus de ronds (1977)

Les soldes de ce produit de première nécessité qu'est le livre continuent pendant la fermeture des librairies, la preuve j'ai laissé l'étiquette.
La période qui nous est allouée pour ne plus nous planquer derrière nos identités professionnelles, sociales, familiales, possibles et fictionnelles est prolongée jusqu'au 11 mai. 
Sans présumer de la suite. 
Gébé aurait trouvé des trucs géniaux à dire sur l'ouvroir de vie potentielle que ça représente, lui qui fut un peu le seul à surfer sur la frange du poétique et du politique.
Je déterre "Cracher dans l'eau", je le rempote dans mon oeil (en suivant le tutoriel paru dans le dernier Rustica) et tout de suite il revit et s'épanouit dans mon cerveau.
Merci Professeur Choron.






mercredi 25 mars 2020

Gébé - L'an 01 (1973)

Une fois achevé, ce banc public sera prêt à accueillir
les fesses d'un (maximum autorisé) amoureux masqué 
Message à caractère distrayant envoyé par un ami menuisier qui vit en Allemagne, parmi cent autres messages assez gais envoyés par des Portugais et d'autres plutôt gnols envoyés par les Espagnols, vraiment, ma boite mail ne désemplit pas d'occasions de fous-rires discount, bien que certains soient quand même un peu navrants.

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Amis confinants ! Vous vous emmerdez à la maison, j'ai la solution: ça vient d'arriver dans mes mails : Une fois le banc terminé, vous pouvez confiner dehors, mais n'exagérez pas... Une heure seulement !! 

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Je ne sais pas chez vous, mais moi je m'emmerde pas du tout à la maison, même si certaines routines sont suspendues en un éther suspect au Royaume du non-dit et de l'Inconcevable, j'ai entrepris de relire tout Sandman pendant mon heure de chaise-longue règlementaire après le déjeuner, et je donne de mon temps et de mon savoir-faire pour réaliser des vidéos en toutes les langues étrangères possibles pour vulgariser et rendre accessible le message de santé public sur le Covid-19 auprès de publics éloignés de la langue française et des consignes sanitaires, ce qui m'a aidé à atteindre mon niveau 2 de dolorisme participatif, auprès de petites blacks qui me font faire de gros progrès en Peul et en Soninké. (au niveau 1 je ricanais avec les loups, et au niveau 3 je ferai la morale aux gens qui m’envoient des blagues de mauvais goût sur le fait que l'Espagne est en tête du classement et talonne  maintenant l'Italie, et qu'on est vraiment les branleurs de l'Europe)
Et le coup du banc à monter soi-même de mon ami d'outre-Rhin, il me semble qu'avant de faire marrer des ébénistes allemands qui toussotent nerveusement au bureau en attendant qu'on les renvoie dans leurs foyers(1) ça faisait marrer des gauchistes français qui toussaient aussi, mais à l'époque c'était parce qu'ils fumaient trop de tabac à rouler.
Jugez-en plutôt : dans l'An 01, Gébé prophétisait le coup du banc dès 1973... à l’époque ça s’appelait "le coup du radiateur".
______
(1) mon pote bosse encore, mais ça ne va sans doute pas durer autant que les impôts... attends... les impôts... ils sont pas prélevés sur mon salaire, maintenant ?... et mon salaire, en ce moment... mwah ha ha... bref, encore une expression qu'il va falloir repenser.



Hé oui y'avait pas Médiapart.

la science avance : en 2020 c'est plutôt :
"on est cloitrés, on s’ennuie, et c’est netflix... "
L’An 01 était une ode poétique à la décroissance, une utopie sans lendemain, un divertissement spéculatif sur ce qui se passerait si, soudain saisis d'un doute quand à la pertinence de notre mode de développement, une improbable prise de conscience collective provoquait la mise en pause du monde productiviste des trente glorieuses qui touchait déjà à sa fin pour laisser la place aux trente merdeuses
Un demi-siècle plus tard, tandis que nous glissons avec élégance vers une dystopie totalitaire soft, qu'une forme de vie très ancienne et rudimentaire nous rappelle avec une vigueur inédite qui c'est le patron ici, que la candeur spamoïde des réclames de chez Damart souligne crûment l'invraisemblance quasi-pornographique de  ces femmes souriantes de se voir si bien habillées,  on peut relire tranquillement L’An 01 à la lueur de ce nouvel éclairage, qui sera d'ailleurs bientôt coupé.




La bédé de Gébé :


Le wiki à son kiki, qui dit comme moi, mais en mieux :

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27An_01

Le film éponyme de Jacques Doillon :
(du coup, même si c'est le père de Lou, il lui sera beaucoup pardonné)
https://peertube.gegeweb.eu/videos/watch/755d0a1c-2fe8-4839-b802-912c9fd6fe83

dimanche 22 décembre 2019

Pierre Vassiliu ‎- Voyage (1975)

Acheté d'occasion dans les années 80, ce disque n'a pas été trop usé, l'ère hippie était déjà finie, même à Montpellier où je vivotais d'amours étudiantes, haschichines et dépressives (se reporter à mon blog de slips sales lavés dans le secret de l'écriture invisible pour plus de détails).  En rippant le vinyle je l'ai réécouté, pour voir. J'y entends surtout les échos de la tribu Vassiliu, zéro limite à l'époque, si je disais que ça a mal vieilli on me prendrait pour un jaloux frustré, et on n'aurait pas entièrement tort, j'observerai donc ces réjouissances passées d'une oreille compassionnelle, ça sent un peu le disque de bouteilles vides et de cendriers pleins, heureusement pleins de choeurs féminins aussi, et masculins, les choeurs c'est la vie.
J'ai lu dans Télérama qu'il y avait une controverse autour de la chanson "Pierre, Bats Ta Femme" qui ouvre l'album; franchement, si c'est pas des conneries de journaliste, c'est triste.
Et que dire, que penser du selfie cochonnou de "Déshabille-Toi" (je veux voir tes fesses) ?
Les Nouvelles Connasses vont-elles brûler Vassiliu ?

https://www.mediafire.com/file/wyb0y1idld1sel1/PV.oyage.zip/file


Tracklist
Pierre, Bats Ta Femme 7:07
Messieurs, J'Vous Sers Quoi ? 4:01
Deshabille-Toi 4:24
Seul 5:05
La Ronde 2:00
Souvenirs De Bal 3:59
Enfant Roi 3:54
Le Vent Souffle Ou Il Veut Et Quand Il Veut 8:49"

(les Inrocks)

vendredi 12 octobre 2018

Les Charlots ‎- Charlotissimo (1971)

Suite des billets antidatés en hommage aux Charlots de mon enfance.
C'est du mp3 à 320 d'après un rip vinyle très propre, mais il manque le morceau "les pommes de terre", pour des raisons mystérieuses; j'en ai trouvé une version d'après un 45 Tours très usé, on verra si je la joins à un prochain envoi.




jeudi 11 octobre 2018

Les Charlots ‎- Caf'Conc'Charlots (1968)

Mon blog est fermé, je sais, c'est pourquoi j'antidate cet article.
Quand je vois les affreuses compiles des tubes réorchestrés des Charlots qui sortent sur amazon, je ne peux pas rester de glace.