jeudi 23 juin 2022

Contribution à l'étude de Goossens pour les nuls

Observons un instant cette illustration tirée de "Voyage au bout de la lune", bon sang. 

Goossens a souvent une approche assez abrasive de la sexualité.

Les outrances passées de Goossens, qui a vu les minorités LGBTAIbitcouill+ brûler ses albums en place de grève, lui assurent-t'elles une place au paradis des Blasphémateurs ? 
Pas si sûr : le Grotesque Goossensien (le GéGé) étant impuissant à pimenter son nouvel album, aux charmes aguicheurs mais flétris, le GéGé se voit contraint de contaminer le réel, autrement plus fécond que le cerveau de son créateur, frappé de sénescence, pour y planter de nouvelles graines, comme dans un roman de Philip K. Dick dont David Cronenberg aurait raté l'adaptation (on peut toujours rêver, tant que Mélenchon n'est pas nommé premier ministre). 
Je n'en veux pour preuve que cet article du Monde consacré à la mise en examen d'un petit entrepreneur issu d'une PME du porno français (artisanat familièrement désigné sous le sobriquet malicieux de la French Touch, par opposition aux multinationales du pain de fesse et du boudin noir, aux produits farcis d'OGM) dans lequel certains éléments de langage habilement dissimulés révèlent l'emprise souterraine de Goossens sur le journalisme contemporain :

La légende a fait le tour d’Internet : celle d’un couple d’instituteurs libertins, qui aurait monté à la fin des années 1990 un petit site sans prétention afin d’y échanger des clichés dénudés avec d’autres adeptes de l’exhibitionnisme en ligne. (..) Le couple est d’une discrétion farouche. Il n’existe aucune image d’eux nulle part. Michel Piron, aujourd’hui âgé de 64 ans, qui dirigeait toute la structure avant de passer en partie la main à son fils Thibaut à la fin des années 2010, est décrit par plusieurs protagonistes rencontrés par Le Monde comme un homme en surpoids et chauve, avec un accent du Sud-Ouest prononcé. 
Hardi petit, Goossens n'y allait pas de main morte
quand il était jeune 
(..) Il y a dix ans, seule avec son fils, Jessica (son prénom a été modifié) vit de boulots saisonniers et a besoin d’argent. Elle est « rabattue » par l’intermédiaire des réseaux sociaux et accepte une courte vidéo, pour « donner à manger à son enfant ». D’après son récit, avant les tournages, les réalisateurs de Michel Piron lui font consommer de la drogue. Elle est séquestrée, forcée à des pratiques non comprises dans le contrat, décrit une scène qui, selon elle, s’apparente à de la « torture ». La petite dizaine de vidéos qu’elle tourne à cette époque se propagent sur Internet et ressortent sans cesse. Elle enchaîne les dépressions et les tentatives de suicide. Jessica remonte la pente, retrouve son travail d’origine : serveuse dans un restaurant gastronomique en Suisse. Mais des clients la reconnaissent et elle est licenciée : « J’étais sale, pour l’image des gastros. » Pour elle, Michel Piron est tout sauf un simple diffuseur : « Il nous traite de folles pour décrédibiliser notre parole. » Elle l’a vu à l’œuvre : c’est lui qui donne le cahier des charges, lui qui veut qu’il y ait une sodomie, un plan sur les pieds et un autre sur les seins dans chaque séquence… C’est lui aussi qui « passe son temps à nous dénigrer, à nous traiter de vieille cougar ou de sale rebeu aux seins mal refaits », raconte encore Jessica.
On voit bien ce que Goossens, s'il avait été plus en forme, aurait pu faire de cet accablant témoignage. Aucun sujet ne l'effraie ni ne le rebute. La sexualité est décrite au mieux comme une névrose embarrassante, et on espère que c'est pas pour de vrai. 
On se souvient de sa blague de Pervers Pépère dans "Le romantisme est absolu". 
On se souvient de Casimir, le tueur d'enfants.
Et tant d'autres atrocités frontales, passées à la moulinette d'un fin observateur de la nature de l'esprit, avec toujours l'excuse que c'était pour rire, et puis 'gad où que ch'uis, apopo 800 pieds.
Daniel Goossens fut un fin observateur de la nature humaine.

Aujourd'hui, ça ne passerait plus. 
Et Goossens semble être au bout de son singulier filon. 
Dans l’absolu, notre libre-arbitre nous permet de sortir à tout moment de la prison que notre génie a érigé en système, prison qui n'a bien souvent qu'un seul barreau autour duquel nous tournons, et que nous pourrions lâcher pour aller pisser contre le mur qui arrête le torrent de la connerie, mais le peut-il vraiment ?
Dans un vieux numéro de Métal Hurlant égaré dans les couloirs du Temps, un critique inspiré traita un jour Manara de Moebius de Prisunic
C'était cruel, surtout pour Moebius, mais justifié. 
Goossens, lui, n'a jamais été un Moebius de Prisunic. Dans "du plomb pour les pigeons", par exemple, il démontre que son talent peut parfois rivaliser avec celui de Jean Giraud, l'immortel auteur du western porté à l'écran par Jan Kounen "McClure et les sacs à gnôle contre les mangeurs de peyotl." Jean Giraud qui écrivait des petits mickeys de science fiction sous un pseudo qui ne trompait personne dans son garage hermétique de Jerry Cornélius dont la porte de l'univers coinçait un peu pour oublier qu'il était condamné à dessiner McClure jusqu'à la fin de ses jours pour faire chauffer la tambouille, mille putois.

Du plomb pour les pigeons

 Mais Goossens, lui, est en passe de devenir un Goossens de Prisunic.

Non seulement c'est du Goossens de Prisunic, mais en plus on reconnait Michael Lonsdale
qui vient cachetonner post-mortem dans le rôle de Dieu. C'est du propre.

En résumé
Goossens a eu une vie artistique avant la mort, tout le monde ne peut pas en dire autant, et nous c'est quand la dernière fois qu'on a été génial ? Il a réalisé une oeuvre très originale, à base d'absurde tirant vers le grotesque, il a au moins un disciple en bonne santé (Fabcaro), et il peut donc couler une retraite paisible dans son pavillon en meulière en attendant la mort; ah non, ça c'est Margerin. Bon, c'est pas grave, on s'en fout, et on peut toujours relire ses vieilles bédés jusqu'à plus soif, ça tombe bien, il fait chaud.

Ah ça, pour râler on est là. N'empêche que si Goossens s'en va,
on sera tous dans de beaux draps avec le commandant Morton.

mardi 21 juin 2022

Sanseverino - Live Session (2007)

Pour la fête de la musique, quelques raisons assez sérieuses de rester chez vous, en plus du gain écologique évident pour la planète :

- une édifiante biographie de Stéphane Sanseverino

http://www.acoustic-guitars.com/artistes/Sanseverino.php

- un bon clip de confinement (on a vite oublié, mais c'était comme ça avant-guerre) (2020-2021)

https://www.youtube.com/watch?v=xXoQ7qXsxi4

- un site de fan pour se repérer dans la discographie du chanteur, qui change plus souvent de style musical que de chemise, mais c'est jamais du tergal, et d'ailleurs le site du fan est sympa mais la page d'accueil est complètement périmée

http://autourdesanseverino.free.fr/autourdesanseverino_Discographie.html

- une vidéo testimoniale trouvée sur le précédent, avec Béranger : leur rencontre sur la scène de La Cigale le 30 Octobre 2002 pour un duo sur "Le Tango de l'Ennui")


- un article où je faisais exprès de faire semblant de confondre Sanseverino et San Pellegrino, parce que j'avais oublié de prendre mes médocs, c'est bien fait pour moi

- Le morceau dont la ligne de basse est aussi incroyablement mélodique que les paroles sont misanthropiquement antisystème, du coup je me repens sincèrement et amèrement de ne pas être allé le voir en concert récemment dans ma région, ô combien je m'en mords le chinois (Dutronc)

- le Live session EP mythique de 2007, car je ne puis vivre que de regrets
j'ai bien l'impression que c'est un disque dématérialisé, parce que c'était une session live iTunes, je ne trouve sa playlist que sur spotify

tu peux cliquer sur l'image, mais y se passera que dalle


dimanche 19 juin 2022

Les Quatre Barbus - Chansons anarchistes (2004)

l'édition originale, introuvable depuis
longtemps avant le programme commun
de l'Union de la Gauche (1974)
Hier j'ai offert l'épatante compilation "Honneur aux barbus" à un pote âgé pour son anniversaire.
franchement, à 16 euros plus 2.15 de frais de port, et alors que c'est le disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée, selon Téléramadan, on aurait tort de s'en priver.
Et ce matin, avant d'aller au bureau je suis allé voter au second tour des législatives pour le connard autocrate et chelou (et pour tout dire un peu déséquilibré) à la tête de la Nupes, en priant pour qu'il ait des collaborateurs moins navrants, dans un climat social délétère d'affaiblissement de la culture civique, ainsi qu’une défiance généralisée envers la capacité du vote à changer les choses, tout cela en écoutant les Chansons Anarchistes des Quatre Barbus, qui manquent sur la compilation de 99 titres de chez epm musique, mais que j'ai miraculeusement retrouvées sur bandcamp, au prix qu'on veut bien les payer. 
A la bonne votre.

Karl Malden dans "Sergent Laterreur
contre les Mélenchonistes en chaleur"



l'édition actuelle, compilée à l'occasion 
d'un colloque international libertaire, 
si je n'ai pas perdu
tous mes moyens en italien.



samedi 18 juin 2022

Alain Chamfort - Trouble (1990)

En 1980, Souchon pleurniche "Tu vois pas qu'on s'aime pas ?" sans même écouter la réponse. Et il en vend des caisses, et les filles se jettent sur lui et déchirent ses pochettes, révélant son LP de 30 cm.
Salami de figue à la pistache
(encore en vente sur ordonnance sur Zamnesia.fr)
Dix ans plus tard, Chamfort pousse le bouchon un peu plus loin en susurrant "Personne n'aime personne"
On dirait du Cioran adapté par Roland Jaccard, l'immortel auteur de la chanson de saillie «J’ai beaucoup aimé les Japonaises, jusqu’à ce que j’en rencontre une.» Mais à part ça, amateur de cavités juvéniles et ami de Matzneff comme j'ai pu le découvrir dans "Ma vie et autres trahisons", mais aussi laudateur de Zemmour au crépuscule de sa life, comme beaucoup de prétendus nihilistes avant lui. Pas de quoi se vanter post mortem.
Normal, c'est les années 90 : l'argent roi, les filles faciles, la cocaïne à pleines narines, le saphisme chic, le dandysme désabusé, le salami à la pistache. 

Et que nous reste-t'il de cette époque ? une assignation à comparaitre retrouvée dans la poche d'un vieux complet sous blister, un peu de lactose dans une toute petite pochette plastique, une aversion pour le cynisme sophistiqué, et les disques d'Alain Chamfort. 
Enfin, pour tout dire, je ne connais que celui-là, et encore, depuis tantôt, mais il tourne en boucle, parce que "Ce ne sera pas moi" semble avoir emprunté ses harmonies et ses orchestrations au générique de Twin Peaks (la série) et que "Personne n'aime personne" est une chanson élégante avec happy end (je suis pas une fille compliquée au niveau des rimes riches). Le reste est assez sympa, même si je ne suis pas du tout ici comme chez moi. Et pourquoi pas Alain Chamfort, à moins de rester tristement hétéronormé, genré et racisé ?

« Reconnais tes erreurs cachées.
Approche-toi de ce que tu trouves repoussant.
Aide ceux que tu crois ne pas pouvoir aider.
Tout ce à quoi tu es attaché, abandonne-le.
Va dans les lieux qui t’effraient. »
(conseils donnés à une yogini tibétaine par son maître, rapportés par Pema Chödrön.)

D'ailleurs, on n'entre pas ici comme chez Jean Moulin, bien que très tôt ce matin j'aie manié la pelle du 18 juin, dont c'est l'anniversaire, pour éviter les chaleurs potagères. Avec Chamfort à donf pour faire pousser les betteraves.

jeudi 16 juin 2022

Daniel Goossens - La porte de l'univers (2022)

de mon temps,  Falaouide Glazioule
s'appelait encore Fouloude Glozyol.
Daniel Goossens est le dernier dinosaure encore en activité de Fluide Glacial Canal Historique. Nous y avons fait nos premiers pas ensemble, en 1977, lui en tant qu'auteur, moi en tant que lecteur. Dès le début nous éprouvâmes une affection mutuelle, qui ne se démentit pas à travers les z'ans, malgré nos coups de mou, de bambou et de grisou, dont nos vies pourtant bourrées à craquer furent néanmoins riches de calvaires existentiels en tous genres, même si on n'est pas aussi bipolaires que Benoit Poelvoorde, lui aussi grand fan des histoires de Daniel.



La porte de l'univers était fermée de l'intérieur
Il y a longtemps que je ne lis plus Fluide Glacial car je n'y connais plus personne, à part Daniel Goossens, qui ne me ferait même pas coucou à travers la vitre si je passais devant, car nous ne sommes rencontrés qu'une fois en 1986 à l'occasion d'un projet de dessin animé qui ne s'est jamais fait tellement j'étais intimidé, alors ça va plus vite d'acheter ses livres en découpant le bon de commande page 69.
"La porte de l'univers", son dernier album encensé par la critique unanime criant au chef-d'oeuvre comme si l'on se trouvait à l'intérieur d'un album de Goossens ? d'habitude, quand on lit Goossens on rit beaucoup, surtout moi, mais là, presque pas. Ou alors, j'ai un problème avec le rire, dont je ne veux pas parler, on a eu des mots, on s'est fâchés, et maintenant je dors à l'auberge du cul tourné. 


Sauf la blague sur Corto Maltese, parce qu'un jour, à un sondage "qu'est-ce qui vous a aidé à traverser les années 70 ?" quelqu'un avait répondu "Corto Maltese", et ce n'était pas drôle, mais ça m'avait ouvert la porte de l'univers de la perception et contraint à réévaluer l'oeuvre d'Hugo Pratt, et du coup parvenir à se moquer de ce que j'ai de plus sacré, en faisant basculer Corto dans le grotesque, c'est vraiment le dernier tabou qui tombe, et je trouve ça hilarant. Mais je peux me tromper, personne n'a la science infuse, sauf Albert Einstein quand il était dessiné par Goossens.


Quelle idée aussi de s'embarquer pour un récit de 65 planches, alors qu'on a toujours excellé dans les formats courts. Si c'est un testament, il est scabreux, et on se sent déshérité. Si c'est un chant du cygne, il a au moins la myxomatose. On ne voulait pas croire que Daniel Goossens puisse un jour radoter, s'assoupir sur ses prémisses comme d'autres vieillards s'endorment dans leur pisse. On pardonne difficilement aux génies de ne pas l'être tout le temps. C'est cruel de notre part. Ils ont bien le droit de s'enfermer dans leurs systèmes de pensées, et de s'y épuiser en vaines parodies de films de guerre américains des années 50 usés jusqu'à la trame, à répéter les mêmes contorsions & simagrées qui ne soulèvent plus qu'un amusement de complaisance, en souvenir de ce qu'ils ont été. Nous qui avons acheté l'album de trop, qui restons avec nos ricanements forcés sur les bras, à qui pourrions-nous nous en prendre, sinon à l'éditeur, qui n'a pas fait son boulot en disant à son poulain de revoir sa copie ?

dimanche 12 juin 2022

Alain Souchon Anthologie [Disc 15] Titres Hors Albums Et Duos (2019)

Comptez bien 63,18 €
dans l'espace culturel Lclerc le plus proche
descriptif du fournisseur :
Ce coffret limité regroupe pour la première fois la quasi-totalité de ses albums studio, dans leurs pochettes originales cartonnées reproduites de façon incroyablement cheap.
Inclus aussi 2 CD bonus proposant des titres hors albums, de rares versions live ou étrangères, et des inédits (Les versions anglaises Jim's Story et Just as You Please, lecture de poèmes de Musset, Apollinaire, Verlaine, Baudelaire...)

Robert Cognard nous donne son avis d'usagé : 
Comment une maison de disques peut-elle oser vendre un tel ramassis ? Qui a osé donner son aval ? Les disques ne sont pas remasterisés, les pochettes sont de pâles copies des originaux, le livret n'est même pas digne de servir de papier wc. Et l'artiste dans tout cela ? 
Il ose en faire la promotion ? 
Non décidément cette intégrale est une honte. 
Une moquerie sans nom.

Nomenclature du contenu du disque 15 ci-inclus:



jeudi 9 juin 2022

Touïs & Frydman - Sergent Laterreur (1973)

Pour ceux d'entre moi qui rêvent encore parfois la nuit de s'enrôler dans l'armée de Zelenski (après avoir appris l'ukrainien sous hypnose) pour aller buter Poutine jusque dans les chiottes du Kremlin, rappellons quand même que l'armée, même quand on est du "bon côté", ce n'est pas toujours rose.


Un ami caverneux de ce blog tombal m'a transmis une magnifique édition "Bibliotheca Virtualis" (La collection des albums qui n'existent pas) de la série Sergent Laterreur, concoctée sur la base des scans du journal Pilote dans lequel elle parut avant-guerre, entre 1971 et 1973.
"le Sergent Laterreur a marqué toute une génération, par son antimilitarisme décapant, son graphisme percutant et ses couleurs psychédéliques, qui en faisaient un symbole de la contre-culture post 68, et qui n’a rien perdu de sa modernité."
(un quidam démobilisé)
Qu'ajouter ? c'est ma foi vrai. Même si j'étais fusillé demain, je dirais que ça n'a pas perdu une ride. D'autant plus qu'on y découvre aussi quelques planches originales en noir et blanc, révélatrices du talent unique de Frydman, quand on s'abstrait des couleurs lysergiques de sa coloriste.


Il existe aussi une magnifique édition réelle de la série chez l'Association.


https://www.lassociation.fr/catalogue/sergent-laterreur/
Engagez-vous, rengagez-vous, qu'ils disaient, car la page wiki est riche en informations décapantes :
Bref, vivement la guerre qu'on se tue, comme disait mon grand-père juste avant qu'on l'abatte.






dimanche 22 mai 2022

Les Quatre Barbus - Honneur aux barbus 2 (2019)

Il fait tiède. La pelouse est grillée depuis une semaine. Du jamais vu. S'il y avait un peu d'humidité dans l'air, on serait moite. Ca serait un temps à réécouter les chansons paillardes des Quatre Barbus (enregistrées avant qu'ils se convertissent au djihad, mais de toutes façons ces chansons cochonnes étaient très édulcorées dans leurs versions studio, et je n'ai guère les moyens d'envoyer un reporter temporel dans les années 50 pour voir si les versions de scène étaient plus coquines) en écossant les petits pois sous le prunier, et plus précisément les cédés 3 et 4 de cet article de blog ci-dessous posté il y a presque un an, c'est dingue.
J'adore ces chansons « rive gauche » à la mode dans les cabarets des années 1950, qui évoquent Tataouine, la fanfare de Bagnolet, les roploplos de la mère Tapedur et autres calembredaines exotiques issues d'un passé à jamais disparu. Attention : selon le cyber-ayatollah Amazon, certaines de ces complaintes contiennent des explicites lyrics, it sucks bloody sausage ("ça craint du boudin" converti par Google trad)

Attention, n'essaie pas de refaire chez toi ce que tu vois sur la pochette,
car tu risquerais d'être inculpé de trouble à l'ordre public.
De toute façon, gaudriole et ribouldingue
ont pris un bon coup dans les miches depuis la récente pandémie.
On n'a plus le coeur à ripailler, en attendant Godot et le Grand Réchauffement.

Il y avait aussi des bouts de trucs par là, que Vangelis me patafiole.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2021/06/les-quatre-barbus-le-grand-lustucru-1957.html

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2014/05/repost-les-quatre-barbus-la-pince-linge.html

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2009/09/lucienne-vernay-et-les-quatre-barbus.html


photo non contractuelle

https://www.mediafire.com/file/am14638e8idgqm0/H.ax-bar-CD3+4.zip/file

photo encore moins contractuelle que la précédente,
car les contractuelles gardent toujours leur uniforme.
En plus elle ne convient pas aux enfants de moins de 36 ans,
de petites pièces de lingerie pouvant être inhalées.

Dernière minute : En Afghanistan,  des présentatrices télé refusent de se couvrir le visage comme l’exigent les talibans et écoutent les chansons paillardes des Quatre Barbus à donf, malgré l'interdiction permanente édictée par le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice.

source : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/21/en-afghanistan-des-presentatrices-tele-refusent-de-se-couvrir-le-visage-comme-l-exigent-les-talibans_6127142_3210.html

Question : s'il est besoin d'un secrétariat d'Etat pour promouvoir la vertu et prévenir le vice, qui m'évoque furieusement la société d'encouragement au Bien du père Yvon, peut-on envisager la création du même ministère en France dans le gouvernement provisoire d'Elisabeth Borne ? ça en occuperait certains en les empêchant de faire des conneries avant les législatives, où Mélenchon sera très certainement élu Ministre de l'Autocratie islamo-gauchiste.

jeudi 19 mai 2022

Les cahiers de la bande dessinée n° 38 spécial Alexis (1978)

Suite à la remarque d'un jeune auditeur la semaine dernière, je me suis demandé si Alexis bâclait le travail ou pas, car quelle meilleure façon de conjuguer sa monstrueuse virtuosité et sa hideuse productivité, de façon à garder un peu de temps pour soi ? 
J'ai promptement mis la main sur Les cahiers de la bande dessinée n° 38 spécial Alexis, où la réponse à cette question apparait modulée : quand il était pressé, apparemment il allait vite, très vite.
Un exemple de quand Alexis allait vite :

la croisade de Superdupont, dans Fluide Glacial n° 17
(oeuvre achevée par Gotlib à la mort du dessinateur)

et un exemple de quand Alexis allait moins vite :


Le Transperceneige, dont Alexis avait dessiné 17 planches
quand la mort lui sourit, et qui fut reprise par Rochette.

Tout cela, et bien plus encore, dans Les cahiers de la bande dessinée spécial Alexis, dont j'avais oublié à quel point c'était une excellente revue consacrée au 9ème art, dans son incarnation des années 70.


dimanche 15 mai 2022

Various Artists - The Expanse - The Collector’s Edition (2019)

une saison en forme de la n'épluchure
de la pomme de terre,
mais qui manque de frite.
- billet d'humeur garanti sans divulgâchage - 

La saison 6 de The Expanse est un naufrage, une tragédie sérielle, et c'est un soulagement de te confier le fardeau de ce calvaire, cher journal psychonautique. Cette ultime saison révèle ainsi son vrai visage de Janus artificiel (Janus, le dieu romain des commencements et des fins,  barbu doté de deux têtes : Holden et son air de thon mazouté, et Big Jim, pardon, Amos, l'autiste stéroïdé asexuel sauf quand il est chaud, et bien sympa quand même, allez), tiraillée qu'était The Expanse entre des trouvailles sympas dans le sous-genre difficile de l'opéra spatial à factions, sous-genre plutôt démocrate que républicain, et les contraintes d'un produit industriel au service de vos soirées télé, tourné surtout dans des boites à fond vert, et engendrant de ce fait une certaine nausée claustrophobique, comme en témoigne le célèbre making-off The Expanse S04E00 avec Kevin Smith qui fait l'andouille sur les plateaux sans dérider les électros chargés de le surveiller pendant que d'autres repeignent le cyclo.




Car comme il est dit en vérité sur le site d'écran large :

Il n'y a plus ici qu'une énumération de péripéties - inhabituellement fades, qui plus est. L'histoire a déserté, et les personnages ont été vidés de leur substance. L'âme de la série est écrasée sous le poids d'un cahier des charges narratif devenu tyrannique. Pas le temps pour les émotions, l'exploration de l'univers, ou de tisser la toile de fond. Non, il faut conclure, et vite, trop vite. (...) Comment expliquer autrement ce choix absolument suicidaire de conclure en six épisodes seulement et donc d'assumer, par là même, de laisser complètement en jachère de nombreux arcs narratifs ? C'est plus de moitié moins de temps que les légendaires saisons 2 et 3 - que nous consacrons d'ailleurs officiellement et donc définitivement comme les meilleures de la série - et les dommages sont aussi inévitables que colossaux. La protomolécule, l'avancée du rêve de Mars, les aliens... tout ce qui n'est pas de l'ordre de la politique de l'espace sera laissé à la discrétion du spectateur et de son imaginaire. La série n'en fait tout simplement pas son affaire, se débarrasse de tout ce qui ne l'aide pas à se débarrasser du cadavre et se tirer au Mexique.

https://www.ecranlarge.com/saisons/critique/1413103-the-expanse-saison-6-critique-achevee-par-amazon

C'est sans doute écrit vite, car il y a deux fois "débarrasse" dans la dernière phrase; mais c'est vrai que le spectateur lucide et conscient ne peut que constater le -Ach ! Zabotache ! des brodugteurs d'Amazon; et quand l'Expansion se contracte, menaçant de toucher les abysses de la fiction spatiale de guerre, les vrais fans souffrent dans leur chair; le space opera est-il un genre maudit, condamné à la médiocrité par les gougnafiers qui tiennent les cordons de la bourse, sauf quand on s'appelle Adrian Tchaikovsky et qu'on sort « Sur la route d’Aldébaran » dans l’excellente collection "Une heure-lumière" ? ou Grant Morrison et qu'on sort "Nameless? mais on n'est évidemment pas soumis aux mêmes contraintes gravitationnelles , hein ?

Comme un grand bruit de casse-noisettes,
mais version horreur cosmique
(lunettes 3D non incluses)
The Expanse n'étant pas protégée des catastrophes industrielles par des amulettes magiques, sombre donc dans le moins-disant narratif, l'émotion cucul-la-praloche et le vidéogame bas de gamme, tendance jeu de tir à la première personne (FPS) plutôt que massivement multijoueurs (MMORPG, ce qui dans la bouche d'un Ceinturien est une insulte argotique assez grave), alors qu'elle s'était tenue à peu près en équilibre sur le fil du rasoir pendant les 5 saisons précédentes, avec des choses bonnes, et d'autres moins bonnes, mais là, c'est la Bérézina, pardon le Dniepr. 
La subtilité a été bannie, au profit de la grosse artillerie. C'était bien la peine d'exétruquer en fin de saison 5 un personnage clé du clergé séculier de la série de façon aussi minable, sous prétexte que l'acteur qui l'incarnait était accusé de harcèlement par je ne sais quelle greluche extraterrestre, pour ouvrir ensuite une telle boucherie-charcuterie des espoirs déçus d'une sortie de crise sérielle par le haut. Les vrais enjeux sont piétinés, au profit des à-côtés, du petit folklore antiterroriste et émotionnel sur lequel on s'est déjà appesantis plus que nécessaire, c'est bon, on le sait, que Marco Inaros se prend pour le Fabrice Drouel des opprimés, on va pas faire Nantes-Bételgeuse là-dessus. Le seul avantage de cette saison 6, c'est qu'elle ne compte que 6 épisodes, comme ça on est plus vite couchés. 
édition Gros conlector's en vynile expansé, avec des photos suggestives de Roberta Draper 
dans le livret tiré à part et à compte d'auteur sur du vélin de protomolécule (330 g/m2)

D'ailleurs, quand on voit la pochette du disque des musiques entendues dans la série (version Collectionneur, s'il vous plait) qui est tout ce qu'il nous reste pour nous consoler, on se dit "ah oui tiens, Julie Mao et la protomolécule, ça c'é'tait l'bon temps, crévindiou de Belta fuckin' lowda." C'est maigre : il y a la belter version (je suppute le jeu de mots enchâssé dans l'expression) de Highway Star de Deep Purple, qui accompagnait la meilleure scène de la saison 3, la chanson de Hank Williams "I'm So Lonesome I Could Cry" que Alex écoute en boucle quand il est de garde pendant ses quarts de nuit sur le Rocinante, et quelques curiosités orientalisantes, en plus du tout-venant des hymnes testostéronés issus de la bande originale composée par Clinton Shorter pas trop mal réussis. 
C'est très écoutable, en fait. Par contre, pour trouver qui a enregistré quoi sur ce florilège de musiques d'astronefs, faut carrément aller sur discogs pour assouvir notre curiosité légitime mais maladive de geek enfermé au 33_ème niveau des sous-sols d'une Tour de La défense, c'est une honte. D'après les crédits, ce sont surtout des ingénieurs du çon travaillant sur la série qui se sont amusés à réaliser les versions de chansons plus ou moins connues pour répondre aux besoins spécifiques de la fiction. L'humour étant aussi raréfié dans The Ex que les molécules d'oxygène dans le vide spatial, profitons-en.

Achevons de noyer le bébé avec l'eau du bain : le meilleur de The Expanse, finalement, c'est le générique, parce qu'il reste mystérieux. En matière de séries SF, faites-moi goûter Infiniti, Outer Range ou Station Eleven, mais ne me parlez plus de The EX. On est fâchés.

https://download-soundtracks.com/television-soundtracks/the-expanse-the-collectors-sounndtrack/