Chacun réagit à l'agression de l'Ukraine à la hauteur de ses moyens. Puisque L’OTAN va parachuter 200 000 promesses de soutien, pour ma part j'ajoute 3 titres à mon florilège Vladimir P.'s House Music.
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2022/02/vladimir-ps-house-music-2022.htmlAprès avoir envoyé hier une poignée de roubles à la Croix Rouge, malgré la modestie de mes revenus, ces titres se sont imposés à moi, et quasi-bousculés dans l'antichambre de ma conscience pour intégrer la compilation de soutien sortie samedi dernier.
- "Kalashnikov" par Goran Bregović, issu de la bande-son de Underground, le film de Kusturica qui relate le parcours de résistants clandestins enfermés dans une cave, depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1990. A partir du destin croisé de deux amis, Marko et Blacky, depuis la résistance contre les nazis jusqu’aux milices serbes de Mladic en passant par les sommets de l’appareil d’Etat titiste, Underground trace une parabole sur l’histoire de la Yougoslavie de 1941 à 1991, un tourbillon allégorique qui sécrète de multiples questions, quelques réponses et beaucoup de confusion.
Qu’est-ce que cela fait d’avoir grandi dans un pays qui n’existe plus ? Que faire de son encombrant fardeau de nostalgie ? Qu’est-ce que l’Histoire, comment s’écrit-elle, quels sont ses rapports avec l’idéologie ? Dans le couple Histoire/Idéologie, comment le cinéma et les images tiennent-ils la chandelle ? Comment les résistants d’hier se transforment-ils en salauds d’aujourd’hui et vice versa ?
https://www.lesinrocks.com/cinema/underground-2-99341-25-10-1995/La polémique "Underground" avec l'indispensable BHL qui n'avait même pas vu le film avant de hurler "à l'assassin! "
http://www.kustu.com/w2/fr:polemique#le ... henri_levyToutes les musiques écrites par Goran Bregović pour les films de Kusturica sont magnifiques. On a surtout entendu celles de Arizona Dream, mais il faudra revenir sur les autres, ainsi que sur sa carrière post-cinéma.
- "Chérie c'est la guerre" par Sanseverino : on dirait qu'il vient de voir le Underground de Kusturica et qu'il en fait un palimpseste chanté :
c'était sur cet album, oui madame. |
Des punks à chiens en limousine traversent la campagne de Serbie
De vieux dirigeants yougoslaves leur jettent des hosties
Ils ont le visage de Tito et le corps de Françoise Sagan
Mais ils ressemblent à s'y méprendre à Michel Blanc
Un vieil empereur en porte-jarretelles, la fiole de poppers à la main
Parle à sa cour des privilèges et leur dit "C'est pour demain !"
Et puis là, c'est la déferlante. Des vagues de haine xénophobe
Commencent à dévaster l'Europe et puis après, c'est tout le globe
Chérie, c'est la guerre !
C'est rare de voir Sanseverino partir sur une inspiration surréaliste, souvent ça tourne à vide, et je suis le premier à le déplorer. Là, il y a un petit côté Garcia Marquez, il faut en profiter, ça durera pas aussi longtemps que la guerre les impôts.
- "Alligators 427" par Hubert-Félix Thiéfaine : les joyeux débuts du prophète auto-proclamé de l'Apocalypse Permanente et Inoxydable, qui ne fut jamais meilleur que dans cette funèbre et effroyable ritournelle propre à enterrer tous les effondrologues sous les gravats passés, présents et futurs.
Quelqu'un a prétendu sur Internet que Alligator 427 était le nom de code de l’armée américaine pour désigner les bombes nucléaires utilisées au Japon en 1945, mais je ne retrouve rien sur ce fait pseudo-historique, surtout depuis que Russia Today n'est plus accessible en ligne. Je pense qu'il a confondu avec "Arigato 427", qui était l'indicatif qu'il fallait composer sur les vieux téléphone à cadran dans la sous-préfecture de Kyoto pour joindre l'opératrice afin qu'elle vous passe le 22 à Asnières, et ce n'est pas très grave. En faisant des recherches sur cette chanson, j'apprends que c'est la terreur du cancer qui l'a inspirée à Hubert-Félix, cancer qui s'est révélé ensuite n'être qu'une carence en vitamines liée à la malnutrition, parce que le début de sa carrière fut peu nourrissant.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alligators_427Heureusement que « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots », comme nous le disait Alfred de Musset en sortant du Palace, et Hubert Félix ne tarda pas à accéder au rang de Prince de l'Inquiétude et à succomber aux charmes d'une alimentation riche en protéines grâce au relatif succès de ses requiems pour flippés.
Tu as oublié Finkielkraut – l’Homme qui parle de Lui. BHL devrait se contenter de faire du cinéma (ricane ricane). Je ne sais même plus si j’ai vu le film. En même temps, un pays où on se dispute sur des films au nom des idéaux démocratiques, c’est pas si mal que ça. C’est mieux que les disputes actuelles pour savoir si l’acteur censé incarner un super héros est bien choisi.
RépondreSupprimerBon choix que ces 3 titres, "l'épilogue" de l'opéra du pauvre de Ferré n'aurait pas fait tache non plus :
RépondreSupprimer"Je voudrais que tout s'arrêtât là du temps compté des hommes
Je voudrais que cette vie s'en aille comme la mer s'en va là-bas
Sur les épaules dénudées de ces rochers en robe de soirée...
Je voudrais être l'évangile de la nuit et de l'ennui
En ces temps des pershings dans la province de Moscou" (même si aujourd'hui, la part des missiles a changé de clan...)
Thierry