Il est dommage que les scanneurs et uploadeurs qui ont retrouvé des vieux Hara Kiri dans la cave de l'oncle Georges(1)(voir article précédent) n'aient pas mis la main sur un trésor de guerre d'avant-guerre plus conséquent portant sur la première décennie du journal, avant l'auto-radicalisation de l'équipe, suite aux nombreux procès intentés par les marques commerciales pour diffamation. Les fausses publicités naissantes de Gébé, les dessins de Fred ou de Topor faisaient de ce Hara Kiri première manière une revue de choix pour les esprits curieux.
On retrouvera de belles pièces de cette première période du journal dans La gloire de Hara Kiri, édité chez Glénat.
https://www.glenat.com/humour-glenat-bd/la-gloire-de-hara-kiri-9782723498432
les blagues d'Eros et Thanatos |
Les couvertures de Fred |
Campagne d'aversion du tabac, par Topor. What else ? |
Gébé, le surréaliste. |
L'oncle Georges n'est tellement pas raciste qu'il lisait Hara Kiri et Charlie Hebdo. |
(1) l'oncle Georges a rejoint les partisans ukrainiens après avoir enfourné dans sa 405
- l'extension TomTom « Pays de l’Est » en promo cette semaine à 141,99€(indispensable pour trouver Kiyv après avoir quitté la Pologne par la RD 208)
- le vieux fusil légué par Robert Enrico qu'il avait planqué au cellier pour pas que les gosses le trouvent
- la boite de cartouches cachée derrière le meuble à chaussures fait à la main
- un thermos de café
- la doudoune des sports d'hiver
- un plein de gasoil
et en avant, comme avant, avec AC/DC dans l'autoradio.
Respect, au moins pour l'idée de donner du sens à sa life en l'offrant à des nécessiteux, en attendant la prévisible désillusion, quand il constatera qu'il n'a pas l'endurance des Ukrainiens à vivre sans eau, sans électricité, sans vivres, avec juste une Kalash enrayée et les chars qui se rapprochent de l'immeuble éventré où il s'est abrité pour refaire son bandage, tandis qu'il entend le pouls monstrueux de la guerre battre dans le ciel écarlate, par vent favorable, comme dans une nouvelle d’Edgar Poe.
Pour ma part, j'essaye d'être à la hauteur, émotionnellement, et de ne pas glisser vers mes postures habituelles d’évitement. Si on ne va pas combattre à leur côté, on leur doit au moins ça, aux Ukrainien.n.e.s.
Comme le dit Serge Halimi dans le Monde diplomatique, « C'est très difficile de résister en ce moment au courant de la propagande quand, en Europe comme aux États-Unis, l'information semble n'avoir plus qu'un objectif : non pas informer, mais mobiliser le plus possible l’opinion publique. »
Et où sont Les Nouveaux Satiristes, les enfants naturels et légitimes de Hara Kiri, qui pourraient rire de la Guerre aux Portes de l'Europe comme ils riaient avant-hier de la famine au Biafra ou de la Guerre des Six Jours ?
Les Nouveaux Satiristes, ben ils ont commencé à imaginer une nouvelle série de canulars téléphoniques, dans la lignée de ceux de Francis Blanche ou de Jean-Yves Lafesse, mais pour l'instant ça ne les fait pas rire. Et ils en ont un peu plein le cul de vivre des moments historiques, comme disait l'autre. Ce qui les fait ricaner jaune, par contre, c'est la blague de Houellebecq, qui a réglé son compte à l’humour il y a bien des lustres :
"On dit souvent que les Anglais ont développé des qualités de sang froid et de réserve, une manière aussi d'envisager les évènements de la vie - y compris les plus tragiques- avec humour. C'est assez vrai; c'est complètement idiot de leur part. L'humour ne sauve pas; l'humour ne sert en définitive à peu près à rien. On peut envisager les évènements de la vie avec humour pendant des années, dans certains cas on peut adopter une attitude humoristique pratiquement jusqu'à la fin; mais en définitive la vie vous brise le cœur. Quelles que soient les qualités de courage, de sang froid et d'humour qu'on a pu développer tout au long de sa vie, on finit toujours par avoir le cœur brisé. Alors, on arrête de rire. Au bout du compte il n'y a plus que la solitude, le froid et le silence. Au bout du compte, il n'y a plus que la mort."
Sacré Michou. Dans le temps, aux Inrockuptibles y disaient qu'il fallait déstaliniser le Houellebecquistan. La formule était drôle, mais je n'avais rien compris à l'article. Tant qu'ils n'envisagent pas de dénazifier l'Ukraine, tout ne peut qu'aller mieux.
Les Nouveaux Satiristes font des gifs de boomers, mais ça ne les console ni des gifs, ni des boomers. |
Un nouveau satiriste essayant de faire croire qu'il a un compte twitter et qu'il sait s'en servir. |
Le gag de Maurice Henry aurait pu figurer dans un album de l’Association - et même l’Association, c’est de la nostalgie aujourd’hui. Belles couvertures.
RépondreSupprimerT’es sûr que la citation de Houellebecq, c’était pas de l’humour ?
Je ne pense pas. Mais de toute façon, il n'avouera jamais. C'est quand même l'auteur des Lovecraft Facts, dont je n'ai pas publié un seul billet depuis gai-luron et belle lurette.
RépondreSupprimerC’est quand même étonnant de ne pas penser que le rire et le désespoir puissent être associés.
SupprimerNe commence pas à faire ton Topor. J'adore.
RépondreSupprimerEt si Houellebecq commence à admettre l'existence de l'humour (autrement que comme placebo dérisoire appliqué sur Le Tragique), tout son programme est fichu.
RépondreSupprimerEt toujours personne pour s'interroger sur le bilan carbone de la guerre en Ukraine!
RépondreSupprimerJ'y ai pensé, mais je n'ai pas encore trouvé l'angle. La sidération devant la destruction réelle des ressources et des hommes (including femmes, enfants et vieillards) me retient encore. Voyons voir. Faut-il livrer à Zelensky des missiles antichar fonctionnant à l'éolien, ou au solaire, qui selon les conditions météo de vent et de luminosité laissent leurs chances au pauvre troufion russe apeuré dans sa tourelle, lui qui était parti pour une randonnée de 8 jours parce que la propagande lui avait seriné que c'était le temps nécessaire pour prendre Kiev ?
RépondreSupprimeret que dire des gilets pare-balles en chanvre recyclé, certes moins efficaces mais qui contribuent à la préservation de l'environnement ?
les seuls qui ont pensé à tout ça, c'est les Ukrainiens, que je redécouvre dans le cadre de l'effort de guerre, et de la semaine passée à essayée de ne pas prononcer le nom de pays commençant par "U" :
Atlantis (ukrainien : Атлантида) film ukrainien dystopique & post-apocalyptique sorti en 2019 et réalisé par Valentyn Vasyanovych.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/atlantis-un-film-ukrainien-sorti-en-2019-qui-resonne-etrangement-avec-lactualite_fr_62276341e4b004e4e386184a
Je ne voudrais pas faire du mauvais esprit mais je ne comprends pas les Ukrainiens, les Russes ne sont pas les nazis et Poutine n'est pas Hitler. Perso j'aurais capitulé depuis longtemps.
RépondreSupprimerC’est vrai que vivre sous le régime poutinesque ça a l’air bien cool. Ces Ukrainiens sont juste des enfants gâtés qui ignorent leur chance. Ça me fait un peu penser à Zemmour qui explique que si la France avait perdu à Verdun, ça aurait épargné bien des vies et évité tout ce qui a suivi.
SupprimerRefaire l'histoire n'est pas chose aisée et je trouve qu'à ce jeu, Zemmour est vraiment mauvais dans tous les sens de ce terme. Je ne me risquerais pas à refaire l'histoire surtout parce que c'est stérile.
SupprimerJe dis qu'entre les villes détruites, la pollution engendrée par la guerre et la perte de liberté sous un régime poutinesque mon cœur balance un peu comme entre la peste et le choléra.
Je ne dis pas que le régime poutinesque à l'air bien cool. Ce serait caricaturer un peu vite mon propos.
Mais je ne mettrais pas ma liberté au dessus de tout ou à n'importe quelle prix.... de là à dire que je m’accommoderais bien d'un Poutine ou d'un Zemmour. Je ne sais pas. Je sais juste que je ne prendrais pas les armes.
Nul ne sait comment il aurait agi pendant l'occupation. On verra bien comment nous agirons avec Poutine.
Pour l'instant je préférerais payer encore plus cher l'essence que je mets dans mon vélo plutôt que de l'acheter aux Russes.
"Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux" est une idée romantique pas toujours facile à pratiquer. Il arrive de mourir à genoux. Vivre à genoux est meilleur pour la planète que de mourir debout, c'est ça que tu veux dire ?
Supprimer"Je ne prendrai pas les armes". OK. On est contents pour toi. Si ma famille est soufflée par une bombe en revenant du Super U, ou passée à la kalash dans un vide grenier, j'ai moins de certitudes que toi.
Nous endossons des rôles, nous mimons des postures.
Nous spéculons.
Comment nous agirons avec Poutine ? quand ? quand l'Ukraine sera en cendres ? comment tu agirais, avec Poutine, toi ? devons-nous être tenus pour co-responsables des choix de nos gouvernants élus ?
Co-responsables? forcément un peu, à force de laisser le terrain politique à ceux qui ont l'ambition de s'en mettre plus plein les poches que nous. Je ne comprends pas comment tant de gens peuvent soutenir Marine Le pen et Zemmour? Le fossé de mon incompréhension face à tous ces gens est large et profond.
SupprimerJe ne comprends pas pourquoi on n'a pas un james bond dans nos tiroirs pour aller loger une petite balle dans la tête de Poutine.
Si une balle permet d'en économiser des milliards d'autres, moi je ne dis pas non.
Plus raisonnablement, boycotter la russie en commençant par tous ceux qui ne la boycottent pas encore comme Auchan, Leroy merlin etc...
Oui je place la planète au dessus de ma liberté et serais près à vivre à genoux même si c'est inconfortable.
Même si ce n'est pas politiquement correct je préférerais vivre en Bielorussie plutôt qu'en Ukraine. Il va en falloir du temps pour reconstruire ce qui a été détruit en seulement un mois (et ce n'est pas fini)... sans parler de tous les écosystèmes qui ne s'en remettront pas. Je ne fais aucun reproche aux Ukrainiens, mais je ne suis définitivement pas Ukrainien.
Quand tu seras lassé de te flageller avec les Biélorusses, tu iras voir la critique du film Requiem pour un massacre, film russe de 1985
Supprimerhttps://www.dvdclassik.com/critique/requiem-pour-un-massacre-klimov
je sais que je ne peux pas compter sur toi pour t'infliger le film, je l'ai donc regardé pour deux, et j'ai bien morflé. C'est l'extermination génocidaire des populations rurales de la Biélorussie occupée par les nazis en 43, fait historique observé à travers l'épopée d'un préado qui s'engage chez les partisans. Certains Biélorusses cèdent à l'occupant, d'autres résistent, la plupart meurent. Ce n'est pas le sujet du film. Le sujet du film, c'est le mal, même si je lui refuse la majuscule.
La première version du scénario avait pour titre Tuez Hitler. Ce titre, selon Elem Klimov, signifiait « Tuez le Hitler qui est en vous ».
Si les Russes sont bien partis pour faire subir aux Ukrainiens ce que les Allemands leur faisaient subir y'a 80 ans, ça veut dire que la distribution des rôles est contingente selon les époques. Seul le mal perdure, dirais-je si je voulais complaire à ses fans.
Le pire n'est jamais certain (sauf chez Houellebecq),mais il ne faut pas sous-estimer l'inéluctable
http://john.warsen.pagesperso-orange.fr/images/050915_gorce.gif
Certes, Poutine n'est pas Hitler. Seul Hitler était Hitler.
RépondreSupprimerhttps://johnwarsen.tumblr.com/post/615675802245267456/vladimir-et-adolf
Mais Poutine s'enhardit, depuis le Donbass et la Crimée. Les 67 millions d'experts géopolitiques que compte la France nous rappellent que ça fait 20 ans que Poutine affiche ses intentions, et qu'on n'avait qu'à réagir avant, comme quand on éduque un enfant aux premières bêtises commises, en le dissuadant d'en faire d'autres.
Je ne pense pas que j'aurais capitulé, je pense que je serais mort écrabouillé dans une cave.
Mais les Ukrainiens en ont vu d'autres, alors que nous on en a vu d'autres, mais que à la télé.
Je doute que l'on puisse dissuader Poutine, pas plus hier qu'aujourd'hui. Avec ses joujoux hypersoniques, il a un temps d'avance ce qui lui laisse le champ libre. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je l'aurais laissé faire quitte à faire discrètement de la résistance mais lui tenir tête frontalement comme le font les Ukrainiens, c'est courageux mais j'ai peur que ce soit contre-productif in fine. Il faut savoir s'avouer vaincu comme les Japonais face aux USA.
SupprimerMême si Les Ukrainiens devaient tenir tête indéfiniment aux Russes dans quel état va finir leur pays? C'est du perdant-perdant...
Ok c'est le problème de toute guerre.
Ce soir je suis allé chercher un pote de ma fille de 21 ans qui s'est pendu. Quel gâchis. ça donne envie de bosser pour sos amitiés. Mais j'ai peur d'avoir trop mauvais esprit... On n'a pas arrêté de se marrer avec mon collègue... Faut dire que la pendaison c'est encore ce qu'il y a de plus pratique pour nous.
J'ai fait un autre jeune ce matin qui avait peut-être trop pris de médicaments ou de drogue bref il était plein de vomi c'est moins pratique pour nous. C'est pire par arme à feu. Trains, immolation par le feu et noyade, j'ai pas encore fait mais mes collègues disent que c'est encore plus pénible.
c'est pas tout d'avoir mauvais esprit, c'est l'exploiter à bon escient qui est élégant. Il y a aussi les gens dont on apprécie de se faire détester pour ça. Quand la recherche d'un consensus est le cache-sexe du rapport de classe, par exemple.
SupprimerDans ta pratique professionnelle, l'humour est indispensable. Devant le gâchis de vies perdues, c'est une réaction saine (sauf pour les disciples de Houellebecq, qui considèrent que ça ne sert à rien)
je recommande le bulletin météo quotidien :
RépondreSupprimerhttps://lavoiedelepee.blogspot.com/
rien qu'à le lire, j'ai mal partout.
L'idée que Poutine aurait été mal informé sur l'Ukraine (pour ne pas lui déplaire) est quand même une idée sidérante.
SupprimerSi il avait annexé l'Ukraine en trois jours, un peu comme en Biélorussie, on n'en parlerait déjà plus aux infos.
Comme quoi la fin du monde, ça peut se jouer à peu de chose.
J'ai quand même bien du mal à croire que la résistance de l'Ukraine puisse à terme avoir des répercussions positives. Le renversement de Poutine par les Russes en serait une, avec un bilan carbone positif, par exemple. Mais ça me parait tellement improbable.
Le pire est toujours certain.
Après-coup, l'Histoire est plus chaleureuse envers les résistants que pour les collabos. Ceux qui ont essayé de faire ce qu'ils pouvaient pour leur pays, même (et surtout) s'ils en sont morts. N'oublie pas de retourner ta veste au dernier moment, si tu ne veux pas être tondu à la Libération.
RépondreSupprimerauf! d'ici là je serais déjà un moine avec une robe réversible et le crane déjà rasé de près.
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