Hans Zimmer : la reprise de Pink Floyd qui pourrait ne pas vous surprendre |
Le Dune de Villeneuve, comme le Blade Runner de Ridley Scott, c'est d'abord de vrais monuments de la littérature SF Qui Séduisent des Auteurs du 7ème art mais Qui Les Contraignent à se couler dans le moule mainstream induit par les enjeux industriels de la production, enjeux colossaux puisqu'il s'agit de refaire venir les gens dans les salles de cinéma alors que certains vaccinés refusent le pass sanitaire pour embêter la dictature numérique.
après l'expo, j'ai enfilé discrétos le costume du Sardaukar designé par Moeb et j'ai fait un selfie avec deux ploucs du coin |
Et les monuments de la littérature SF deviennent alors de proprets blockbusters, anodins et inodores. Je dis pas ça comme excuse pour les massacrer ou pour pisser contre, car certains monuments attirent irrésistiblement les chiens incontinents, et ça peut être jouissif, surtout si on a jusqu’ici vécu un peu comme on trimballe une envie de pisser le long des pissotières et qu'on ne pisse pas, pour ne pas donner corps à ses bas instincts, mais enfin, ça donne des livres un peu compliqués à ne pas trahir, même sans pisser contre ni même un peu partout pour jouir sans entraves comme l’enseignaient les soixante-huitards.
Pompidou tombe en arrêt en découvrant les revendications abracadabrantes des enfants de 68 |
D’ailleurs, à la limite, la bouse mortifère de Villeneuve donne moins envie de relire le roman pour comprendre là où ça a merdé que de survoler à basse altitude les avertissements incisifs de Guy Debord (Guitou est clairement l’inspirateur Bene Gesserit de Charlotte « gender fluid » Rampling qui lui rend un discret mais vibrant hommage en jouant avec un filet à « provisions » sur la tête, comme une métaphore numineuse de la marchandise/spectacle).
Comme le relate Saint Wiki dans l’almanach des marées à Perros-Guirec tels qu’ils furent enseignés par la Vieille Peau Muad’Dib, « selon Debord, le spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de l'organisation de la marchandise. Le spectacle est une idéologie économique, en ce sens que la société contemporaine légitime l’universalité d’une vision unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et économiques, toutes solidaires les unes des autres. Ceci, afin de maintenir la reproduction du pouvoir et de l’aliénation : la perte du vivant de la vie. »C’est la torpeur maléfique engendrée par la contemplation morbide de cet interminable clip touristique un peu bruyant, creux et clinquant pour la Jordanie et ses naïades de piscines lyophilisées (il y a tellement peu d’eau en Jordanie qu’ils sont obligés de pisser dans les piscines avant de les reboire) qui nous fait suspecter cette perte du vivant et de la vie, la cabane sur le chien, le ratage du métrage, un peu trompeur aussi.
La bande-son qu'on entend dans l'avion pendant tout le voyage sur Air Jordanie. C'est juste un peu saoulant. |
Car le film est roublard comme seuls les vrais spots de réclame savent l’être : si j'en crois le Monde Diplomatique du mois dernier, il reste en Jordanie quelques poches de rebelles à dératiser avant de pouvoir bronzer à l’ombre (mélanome oblige) des minarets d’Amman en sirotant des long drinks au bar de l’hôtel avec des guérilleros Fremen avant de regagner sa chambre pour écrire son article tranquillou.Avant de se confronter à l’oeuvre de Herbert, Villeneuve pouvait passer à mes yeux pour un Auteur, son Blade Runner 2049 était mortifère mais intéressant, Hans Zimmer y recopiait Vangelis sans pisser dessus, mais pour les réals, Dune c’est vraiment le test ultime, et l’écueil sur lequel les plus glorieux s'éventrèrent, s'éventrent, et s'éventreront.Mais ne boudons pas notre déplaisir, ni notre ennui, car le film peut ramener de nouveaux lecteurs au Livre, comme le film de Christopher Nolan Le Prestige, inutilement complexe, m’avait mené à l’oeuvre littéraire de Christopher Priest, labyrinthique et narrativement défaillante, selon les dires de l'auteur, qui n'a jamais tort.