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jeudi 16 décembre 2021

Chris Rea - The Road to Hell (1989)

En 1989 Chris Rea sort l'album "The Road to Hell".
Pourquoi ce titre ? 
Hé bien, il se trouve que l'autoroute to Hell avait été privatisée par AC/DC, et la Route Départementale tou Hell, ça faisait pas très sérieux. 
Et c'était déjà pris aussi. ("Lara Croft en sous-tif, sur la D66", de sinistre mémoire.)
Entre ces deux extrêmes, La Route vers L'enfer ça faisait pas trop adaptation cheap et frenchy d'un road movie impérialiste yankee avec Yves Montand et Louis Lefuneste (le voisin d'Achille Talon) s'esclaffant sur la banquette arrière.
Ce disque reste son plus grand succès public.

Dans les romans de Cormac Mac Carthy, le suffixe "vers l'enfer" est implicite.
L'ajouter serait un plénoasme. 
Si le livre s'appelle "The Road",
tout le monde 
rajoute spontanément "to Hell" dans sa tête.
Comme ça c'est pas la peine de charger la couverture.
Attention, le film n'est pas l'adaptation du disque de Chris Rea.


Plusieurs adaptations voient le jour, dont une en BD, avec la complicité de Daniel Goossens et du Père Noël, qui  nous étonnera toujours par sa faculté à rebondir dans le Réel dans les périodes où il est passé de mode, comme par exemple dans les moments où le gouvernement suggère à tous les Français.e.s. de passer Noël chez soi tout seul avec une bonne bouteille de pif et une boite de cassoulet pour pas attraper le cluster géant, parce que même si on est à jour de sa triple vaccination, quand le virus vient frapper à la porte et qu'on le menace de son pass sanitaire en brandissant son smartphone, même en criant "Raoult Akbar !", ça le fait bien rigoler, presque aussi fort que les antivax. C'est dans ces instants difficiles qu'on a bien besoin de se raccrocher à quelque chose, et pourquoi pas le Petit Jésus ou le le Père Noël, alors on l'aide à se remettre en selle, bien qu'il ait été brûlé à Dijon en 1951 et qu'il sente encore un peu le cramé.


Une autre adaptation du disque de Chris Rea émerge sur les réseaux asociaux, en direct-to-video, dans une proposition de cinéma un peu minimaliste : "Maman j'ai cassé l'auto", un film institutionnel pas très avenant de promotion de l'assurance tous risques à l'usage des clients de la MACIF. 

Le disque original aura néanmoins mis 32 ans à m'atteindre, grâce à un concours de circonstances tout à fait croquignolet et abracadabrant, dont nous nous tamponnerons ici le coquillard, parce que j'ai pas que ça à faire.

https://en.wikipedia.org/wiki/The_Road_to_Hell


Ce qui saute tout de même à la figure sans même avoir besoin d'écouter le disque, si on parcourt le wiki en angliche parce que le français est pitoyable, c'est qu'il y a des références répétées à l'augmentation de la dissolution de la société et à la montée de la violence, y compris les émeutes, les meurtres et leur description irresponsable aux informations télévisées (You Must Be Evil) et « la peur perverse de la violence » dans les rues de la ville (The Road to Hell), où "tout est devenu fou" au milieu des craintes que "quelqu'un ne se fasse tuer là-bas" (Texas). On note aussi la présence troublante de la "Terre carrée" flottant dans l'espace de la pochette, pour montrer en images que la planète ne tourne plus très rond.

Ce symbole de la "Terre carrée" issu des plus beaux pdf filmés du mouvement QAnon, qu'on trouvait déjà en germe dans la BD inquiétationniste de Grunt Morrison "les Invisibles" qu'aucun éditeur français n'a pu publier jusqu'à son terme sans être acculé à la faillite par ses créanciers et des piles d'invendus monstrueuses, c'est pourquoi il vaut mieux l'acheter en v.o. sur amazon.
Il s'agit donc d'un disque essentiellement pré-apocalyptique, au moins dans l'intention, qui tente de nous convaincre d'infléchir la course des évènements qui nous mène à la banqueroute cosmique (on est en 1989, et on a encore le temps). 
Les observateurs de l'ONU constatent une cohésion thématique auparavant absente du travail de Rea, avec la majorité des morceaux contenant de forts éléments de commentaire social, en particulier concernant l'aliénation et la violence, et des paroles qui font référence à une recherche continue d'évasion/rédemption.
Ils passent sous silence la métaphore lumineuse et néanmoins occulte concernant le pseudonyme du chanteur : Chris Rea = Crise (en) Réa, c'est évidemment avec 30 ans d'avance un avertissement prophétique et incantatoire sur le sous-équipement chronique en lits de réanimation dans les structures hospitalières face à la pandémie mondiale. 
C'est pourquoi l'album a été remasterisé et réédité en 2019 avec un deuxième CD de faces B, de remixes et de morceaux live, comme une piqûre de rappel juste avant qu'il soit dangereux d'aller l'acheter la Fnac et d'en ramener le cluster géant à prix vert.
C'est cette version que nous vous proposons ce soir.

2019 remaster bonus disc
No.TitleLength
1."He Should Know Better" (B-Side of Road To Hell single)4:38
2."That's What They Always Say" (Rainbow Mix)6:41
3."1975" (B-Side of That's What They Always Say single)4:47
4."The Road To Hell Parts 1 & 2" (Live At Wembley Arena March 1990)6:59
5."Working On It" (Live At Wembley Arena March 1990)6:26
6."Let's Dance" (Live At Wembley Arena March 1990)7:34
7."Daytona" (Live At Birmingham NEC November 1991)6:36
8."Working On It" (Extended Mix)5:56
9."Josephine" (US Version from New Light Through Old Windows)4:16
10."Let's Dance" (from New Light Through Old Windows)4:15
11."You Must Be Evil" (Live In Stuttgart 1991)4:36
12."I Can Hear Your Heartbeat" (from New Light Through Old Windows)3:25
13."Working On It" (from New Light Through Old Windows)4:26
Total length:70:38

https://www.mediafire.com/file/nbbeznpfnyogeuqC+R+-+T++R++to+H+2019+Remaster.zip/file

Ce qu'on peut observer tout aussi finement, surtout si on est une femme, c'est qu'avec une voix comme ça, il est dommage que Crise (en) Réa gâche son talent dans un brouet de rock/blues un peu mainstream, alors qu'il ferait un Leonard Cohen (période The Future) tout à fait présentable s'il bossait un peu ses lyrics et ses orchestrations.

mardi 14 décembre 2021

Chris Isaak - Blue Hotel (1991)




Je redécouvre Chris Isaak.
Enfin, surtout ses tubes Blue Hotel et Wicked Game.
Le reste, j'en ai rien à taper.
Enfin, je dis ça pour provoquer, mais ça ne va choquer personne. 
On baigne ici dans un entre-soi chaleureux et communautariste.
Et comme je suis quand même un gros curieux, je regarde par le trou de serrure du wiki, et qu'est-ce que j'apprends ? que 
Wicked Game, issu de l'album Heart Shaped World sorti en 1989, est un succès planétaire en 1991 et relance la carrière de Chris Isaak. En 1989, Heart Shaped World est un échec (comme les deux premiers albums), mais une version instrumentale de Wicked Game est créée pour le film Sailor et Lula de David Lynch, qui est un fan du chanteur. Après avoir vu le film plusieurs fois en ayant apprécié ce morceau instrumental, l'animateur d'une station radio d'Atlanta est le premier à diffuser la version complète ; quatre mois plus tard, le titre est diffusé sur les principales radios et se place parmi les dix meilleures ventes américaines. Le clip de cette chanson a été réalisé par Herb Ritts et a connu un grand succès sur MTV et VH1. Réalisé entièrement en noir et blanc, il fait intervenir Chris Isaak et le top model Helena Christensen s'enlaçant sur une plage et se murmurant mutuellement à l'oreille.
La prochaine fois que je fais une cover d'Higelin ou de Patrick Font, je tourne le clip en m'enlaçant sur une plage et en me murmurant mutuellement à l'oreille, ça devrait relancer ma carrière.


 https://www.mediafire.com/file/k7jidmf96fgvdut/CI_BH.zip/file

dimanche 5 décembre 2021

David Bowie - Toy (2001)

Sur discogs il existe tout plein de pochettes différentes de l'album "Toy" de Bowie
une sorte d'album imaginaire qui ne fut pas publié après son enregistrement en 2001, qui fuita clandestinement lors des BowieLeaks en 2011 et qui vient d'avoir une "vraie" sortie en 2021, lors de la parution du coffret de 11 CD "Brilliant Adventure (1992-2001)", une rétrospective des sous-produits de la créativité débridée dont l'alien angliche fit preuve pendant cette décennie. Si la pandémie ne vous a pas déjà fait attraper la pauvreté, une occasion de s'endetter pour les fêtes, dont je puis vous prêter une copie pirate avant l'achat sans trop de re-morts car l'auteur est définitivement à l'abri du besoin et des soucis créatifs et financiers depuis fin 2016. Je ne suis pas un thuriféraire de Bowie, je suis sensible à certains aspects de sa personnalité et de son oeuvre, mais là c'est quand même l'occasion d'un petit cadeau virtuel et inédit (en principe) à destination des inconditionnels argentins désargentés.


"Brilliant Adventure (1992-2001)" : pour les fans, une tuerie. Pour leurs amis, juste une idée de cadeau.

Un rappel inopiné de l'affaire, inspiré par un journaliste du Monde passé boire un coup hier à l'improviste sur ma tombe :

Après lui, j'avais rencart avec un gars de Rolling Stone, encore plus pointu car après tout ce sont des musiciens frustrés professionnels :

celui d'un fan aigri par les privations, et moins soumis aux pressions des annonceurs :

Enfin, mes confrères de télérama, sans qui j'aurais du mal à savoir quoi télécharger pendant mes loisirs :

Petit événement de l’année, la présence dans ce coffret (avant une sortie indépendante au début de l’année prochaine) de Toy, disque enregistré en 2000 et aussitôt mis au rebut. Le projet est singulier, une relecture des chansons de jeunesse, certaines connues (London Boys), d’autres non. L’enthousiasme est palpable, un désir ardent de faire voyager les souvenirs et de leur donner une actualité. C’est parfois réussi – sur une version ralentie et lyrique de Conversation Piece, ou sur un Silly Boy Blue baroque –, parfois anecdotique et lourd. Une curiosité qui n’aurait sans doute bouleversé personne au début du millénaire. Et qui s’apprécie aujourd’hui comme une étrange pièce du puzzle.



" Religion is for people who fear hell,
spirituality is for people who have been there."
R.I.P. David Bowie
Ce que j'aime chez Bowie :

- sa prestation d'extraterrestre paumé dans "L'homme qui venait d'ailleurs", le film malade de Nicholas Roeg, dont tous les films sont malades mais ils sont bien quand même.

- l'album "Scary Monsters", avec Robert Fripp à la guitare nucléaire.

- l'album "Earthling", avec Reeves Gabrels à la guitare nucléaire.

-  l'album "Blackstar" de jazz funéraire, paru deux jours avant sa mort.

- le fait qu'il n'ait jamais cessé de se réinventer, alors qu'il semble que je tourne un peu en rond.

mercredi 1 décembre 2021

568 disques de Pink Floyd à ne pas offrir pour Noël (2021)

Hans Zimmer : la reprise de Pink Floyd
qui pourrait ne pas vous surprendre
Et voilà. A force de s'échauffer les gonades sur Dune, entre les versions du film déjà sorties dans la Réalité Réelle Ratée et celle qui a failli, sans doute vachement mieux mais vouée à séjourner dans les Limbes jusqu'au prochain Big Crunch, à moins que Jodorowsky lui trouve un financement in extremis auprès d'un producteur bipolaire, comme Terry Gilliam pour son Don Quichotte, je finis par rêvasser de la musique que Pink Floyd aurait composée pour le film, puisqu'ils avaient été pressentis pour la version de 1976 (article précédent). 
Au lieu de quoi, mon ami Google (le dernier qu'il me reste) me propose une douloureuse resucée de "Eclipse" réalisée par Hans Zimmer pour le trailer du Dune de Villeneuve. 
Kolossale Rigolade.

Heureusement que mes vieux Métal Hurlant en train de moisir au garage hermétique, c'est vraiment la Machine à Rêver, et que je peux noyer mon chagrin déceptif dans ma nouvelle collection de vieux Rock & Folk en .pdf dans laquelle je vais sans doute découvrir une interview anthume des Pink Floyd évoquant la musique du film de Jodo dont ils allaient enregistrer les premières maquettes dès qu'ils auraient fini leur clope. 
N'oublions pas qu'on est alors en 1976, que le tabac n'est pas encore un marqueur social négatif, et que tout le monde fume, sauf Georges Pompidou, qui a dû arrêter en urgence du fait des complications infectieuses provoquées par les corticoïdes, et qui était déjà mort depuis deux ans d'une septicémie sans avoir e le temps de rêvasser sur ce disque imaginaire de la musique du Dune de Jodorowsky par Pink Floyd.

La première fois que j'ai vu un personnage de Dune dessiné par Moebius, c'était à Rennes, en 1979, lors d'une exposition à la gloire des Humanoïdes Associés. Le film était déjà mort-né, et sa légende de foetus cosmique avorté démarrait à peine, avec des storyboards, des roughs, des costumes, des peintures de Giger, en veux-tu en voilà.

ma preuve d'achat : la pochette de l’événement, un inédit de Denis Sire
Je l'ai dit ailleurs, je le redis ici parce que mon avis est resté scandaleusement inaperçu depuis avant-hier qu'il a été publié sur un blog cinéphile, alors je me chite :
Le Dune de Villeneuve, comme le Blade Runner de Ridley Scott, c'est d'abord de vrais monuments de la littérature SF Qui Séduisent des Auteurs du 7ème art mais Qui Les Contraignent à se couler dans le moule mainstream induit par les enjeux industriels de la production, enjeux colossaux puisqu'il s'agit de refaire venir les gens dans les salles de cinéma alors que certains vaccinés refusent le pass sanitaire pour embêter la dictature numérique. 
après l'expo, j'ai enfilé discrétos le costume du Sardaukar designé par Moeb
et j'ai fait un selfie avec deux ploucs du coin
Et les monuments de la littérature SF deviennent alors de proprets blockbusters, anodins et inodores. Je dis pas ça comme excuse pour les massacrer ou pour pisser contre, car certains monuments attirent irrésistiblement les chiens incontinents, et ça peut être jouissif, surtout si on a jusqu’ici vécu un peu comme on trimballe une envie de pisser le long des pissotières et qu'on ne pisse pas, pour ne pas donner corps à ses bas instincts, mais enfin, ça donne des livres un peu compliqués à ne pas trahir, même sans pisser contre ni même un peu partout pour jouir sans entraves comme l’enseignaient les soixante-huitards.

Pompidou tombe en arrêt en découvrant les revendications abracadabrantes des enfants de 68
D’ailleurs, à la limite, la bouse mortifère de Villeneuve donne moins envie de relire le roman pour comprendre là où ça a merdé que de survoler à basse altitude les avertissements incisifs de Guy Debord (Guitou est clairement l’inspirateur Bene Gesserit de Charlotte « gender fluid » Rampling qui lui rend un discret mais vibrant hommage en jouant avec un filet à « provisions » sur la tête, comme une métaphore numineuse de la marchandise/spectacle).

Projet d'affiche pour la sortie de la version de Jodo.
D'une grande sobriété, comme le reste de son oeuvre.

Comme le relate Saint Wiki dans l’almanach des marées à Perros-Guirec tels qu’ils furent enseignés par la Vieille Peau Muad’Dib, « selon Debord, le spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de l'organisation de la marchandise. Le spectacle est une idéologie économique, en ce sens que la société contemporaine légitime l’universalité d’une vision unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et économiques, toutes solidaires les unes des autres. Ceci, afin de maintenir la reproduction du pouvoir et de l’aliénation : la perte du vivant de la vie. »
C’est la torpeur maléfique engendrée par la contemplation morbide de cet interminable clip touristique un peu bruyant, creux et clinquant pour la Jordanie et ses naïades de piscines lyophilisées (il y a tellement peu d’eau en Jordanie qu’ils sont obligés de pisser dans les piscines avant de les reboire) qui nous fait suspecter cette perte du vivant et de la vie, la cabane sur le chien, le ratage du métrage, un peu trompeur aussi. 

La bande-son qu'on entend dans l'avion 
pendant tout le voyage sur Air Jordanie.
C'est juste un peu saoulant.
Car le film est roublard comme seuls les vrais spots de réclame savent l’être : si j'en crois le Monde Diplomatique du mois dernier, il reste en Jordanie quelques poches de rebelles à dératiser avant de pouvoir bronzer à l’ombre (mélanome oblige) des minarets d’Amman en sirotant des long drinks au bar de l’hôtel avec des guérilleros Fremen avant de regagner sa chambre pour écrire son article tranquillou. 
Avant de se confronter à l’oeuvre de Herbert, Villeneuve pouvait passer à mes yeux pour un Auteur, son Blade Runner 2049 était mortifère mais intéressant, Hans Zimmer y recopiait Vangelis sans pisser dessus, mais pour les réals, Dune c’est vraiment le test ultime, et l’écueil sur lequel les plus glorieux s'éventrèrent, s'éventrent, et s'éventreront. 
Mais ne boudons pas notre déplaisir, ni notre ennui, car le film peut ramener de nouveaux lecteurs au Livre, comme le film de Christopher Nolan Le Prestige, inutilement complexe, m’avait mené à l’oeuvre littéraire de Christopher Priest, labyrinthique et narrativement défaillante, selon les dires de l'auteur, qui n'a jamais tort.

J'avoue qu'on se retrouve assez loin de la musique des Pink Floyd, malgré le malicieux clin d'oeil que leur jette Hans Zimmer en reprenant "Eclipse" dans le trailer du Dune de Villeneuve. Pour sustenter mon besoin de rêve et me consoler de la perte irréparable de la musique du Dune de Jodorowsky par Pink Floyd avant même qu'elle ait eu sa chance d'exister, je me suis alors tourné vers l'ami internet, sur qui l'on peut toujours compter en cas de coup dur pour qu'il vous remonte le moral à grands coups de n'importe naouak. Et c'est ainsi que je dénichai quelques remixes improbables de Pink Floyd :


Résumé de ces 2 galettes : 
des malfaisants parviennent à faire croire qu'en s'emparant du nom du groupe et de quelques samples remixés avec des moufles, la Trance sera au rendez-vous. 
Ils lancent aussi la rumeur que The Orb aurait participé au Remix, ce qui donnerait tout son sens à l'édition "limitée" : y'en aura pas pour tout le monde. Pas de bol, la réinterprétation de la face cachée de la lune est d'une telle médiocrité que le fan le plus limité en QI se trouve acculé au suicide plutôt que d'écouter ça plus longtemps. Le Blasphème urinaire contre le monument trouve ici son ultime frontière.


- Il existe depuis longtemps sur le marché des versions instrumentales "country", "folk" voire "bluegrass" de ces albums, qu'on croirait réarrangées par les producteurs qui mutilent Radiohead dans les avions, les ascenseurs, chez les dentistes et au crématorium. Je n'ai pas pu remettre la main dessus, et c'est tant mieux.

- Les sorteurs d'inédits chelous et de remasters suspects, à fuir plus qu'à craindre :

- Je viens aussi de dénicher 568 disques pirates du Floyd
dont certains étaient sans doute déjà en takeaway depuis belle lurette sur ma tombe


- Les amateurs éclairés qui essayent de sonner encore plus pompier que l'original
ou qui pompiérisent des tracks qui ne leur avaient rien demandé au lieu de leur foutre le feu

- Dub Side Of The Moon, un peu rigolo mais pas trop, et on n'entend pas bien la kora, parce qu'ils ont oublié d'en mettre

- Les simulateurs de floyderies les plus redoutés sont The Australian Pink Floyd Show
Heureusement ils n'enregistrent pas de disques; et j'apprends avec joie que leur prochaine tournée vient d'être annulée, remplacée au pied levé par le Omicron Tour 2022. C'est pas pire.

Qu'on ait étouffé pendant tout le XIXeme siècle les Amérindiens sous des covers de Pink Floyd fourrées à la variole, passe encore, mais qu'on extermine des bons Chrétiens, par des contrefaçons issues des coins les plus pourris du Multivers, alors que le XXIeme est déjà bien entamé, c'est quand même des pratiques peu glorieuses.
Qui n'a plutôt rêvé de la reformation du groupe mythique de rock progressif devenu monstre de pop mainstream ?

Davic Gilzmmour l'a pourtant dit et Reditt à Roger Waters bouchés :
" pour la reformation du Floyd, c'est dead.
Si tu veux encore agrandir ta piscine, t'as qu'à sortir des Remixes pour Noël.
De toute façon, tant que Richard Wright et Syd Barrett restent morts,
tu l'auras dans la Dark Side of the Moule. "

Finalement la meilleure reprise de Pink Floyd je l'ai cherchée partout mais c'est chez moi qu'elle était cachée depuis le début :

dimanche 28 novembre 2021

Bertrand Belin - D'entre les morts (2021)

D'entre les morts : avec un titre comme ça, si je ne mets pas cette chanson sur mon blurg tombal, où donc me la mettrai-je ? 


Les compositions de Bertrand Belin accompagnent malicieusement "Tralala", le dernier film des frères Larrieu, plaisanterie acidulée un peu nonchalante dont je croyais naïvement qu'elle allait ressembler à la dernière blague de Wes Anderson, alors que le métrage évoque plutôt les  comédies musicales de Jacques Demy, et que c'est plutôt le French Dispatch qui ressemblerait comme une goutte d'eau à une blague un peu sophistiquée des auteurs de Vingt et une nuits avec Pattie (pas Smith, une autre)
Je ne sais pas si vous suivez, moi aussi j'ai été largué dans le dernier virage.
La présence physique du chanteur, qui incarne une sorte de faux-frère au personnage interprété par Mathieu Amalric, est impressionnante. Surtout qu'Amalric, lui, passe tout le métrage à  se désengager du monde, avec cette forme d'absence détimbrée qu'il incarne toujours idéalement à l'écran, aussi rayonnant de vulnérabilité que s'il se prenait pour Bill Pullman dans la saison 4 de The Sinner, qui est presque finie de diffuser, ce dont personne ne m'avait prévenu. 
L'ombre menaçante de Philippe Katherine et de son absolue liberté créative plane aussi sur le film, sans s'incarner autrement qu'à travers une de ses chansons, reprise par Duccio Bellugi, un curé de passage à Lourdes (car le film se passe dans la ville sainte) qu'on avait déjà apprécié dans Mon curé chez les Thaïlandaises.

Les frères Larrieu, en train de ressembler aux frères Coen comme à une goutte d'eau
pour faire croire qu'ils jouent dans une bande dessinée de Daniel Goossens.
Je crois que je me suis Lourdement (lol) trompé sur Bertrand Belin, ce n'est pas du tout un postulant au trône vacant du Roi Bashung, mais une créature protéiforme en transmutation, quelque part entre dandy et crooner, entre Rodolphe Burger et Eddy Michell. D'ailleurs il chante avec les Liminanas, si ça c'est pas une preuve, je sais pas ce que c'est. Je sens que je vais être condamné à réévaluer toute son oeuvre, et ça sera bien fait pour moi.
La bande-son de Tralala-le-film est là
et elle vaut aussi son pesant de cacahouètes, surtout quand on a vu Tralala-le-filmSinon, c'est comme quand on raconte une blague au lieu d'y avoir participé, c'est quand même moins bien.

jeudi 14 octobre 2021

Entendu au Café Death Porc (2021)

A ma grande surprise, c'est surtout des femmes que j'entends par la fenêtre ouverte du café death porc, auquel j'avais jadis innocemment donné rendez-vous sans y avoir jamais mis les pieds, en ignorant qu'il était définitivement fermé.
Les femmes seraient-elles à nouveau l'avenir de l'homme, malgré ce que leur ont fait subir Arago(r)n et Jean Ferrat ? 
Bien qu’elles soient pleines de bonne volonté pour réparer nos bêtises de bipèdes bourrés de testostérone, je ne vois pas comment elles pourraient absorber les Gigatonnes de CO2 émises depuis le début de l’ère industrielle, même en mettant leur bouche en cul de poule et en aspirant très fort avec un bruit d'évier qui se vide. 
Et où les stockeraient-elles ?
Cessons de les idéaliser. Les femmes, on les entend sur le jukeboxe du bistrot, mais c'est rare qu'on les voie au comptoir, si elles ont perdu la liberté de ne pas boire après être devenues alcoolodépendantes, c'est bien fait pour leur gueule elles ne peuvent traîner dans les débits de boisson, ça les rendrait vulnérables à la prédation sexuelle, elles ne sont pas connes, elles vont donc acheter leurs bouteilles au Super U, avec un fort sentiment de honte, et se mettent minables chez elles. 
C'est un peu triste. 
Mais celles qui chantent dans ma compile ont trouvé mieux à faire que d'être accablées par le sentiment de finitude des choses avant même qu'elles aient commencé, et c'est tant mieux pour elles, et pour nous aussi. 
Seul Romain Bouteille, dont le nom l'a protégé toute sa vie de l'alcoolisme, vient casser l'ambiance à la fin du disque en rappelant que toutes choses se défont, comme le plâtre des plafonds. 
Ah non, pardon, ça c'est Gérard Mansué.

"Ta vie s'ra courte et c'est tant mieux
vu comment qu'elle est dure

On perd son temps à finir vieux
pour que ça dure.
Une enfance dans ces climats
à se bouffer les ongles
On n'a pas le coeur à te la
souhaiter longue.
Quand c'est déjà pas folichon
au temps des pirouettes,
Un an de plus sur les nichons
c'est pas la fête.
Mais devant tes jeunes attraits
c'est nous qui sont minables
Supporter ça longtemps serait
pas supportable.
Encore deux trois anniversaires
et tu changeras vite
Tes printemps contre des hivers
on sera quittes
quand ta beauté n'aura plus cours
on verra pour la suite
s'il faut choisir entre l'amour
ou bien la cuite."

Ce qui nous ramène élégamment au café death porc qui jouxte sur babord la salle de réunion des AA et à tribord l'atelier du crabe
Si Gérard Manchot avait connu Romain Bouteille, gageons qu'il se serait fait plus discret. D'autant plus que la voix de Romain Bouteille, comment dire ? 
il faut l'entendre pour la croire.
Merci à l'épatant antiquaire chez qui j'ai trouvé cette perle.
Le reste, je l'ai trouvé dans ma discothèque, et c'est pas mal non plus. Je vais éviter de me remercier publiquement sur mon blog, tant qu'il me reste un peu de décence.



N'ai pas peur de cliquer ! Mon porc n'est pas sale !



jeudi 7 octobre 2021

Lou Reed - New sensations (1984)

La pochette est bien moche, mais en 1984, otages consentants de la presse spécialisée et chair à canon de l'industrie du disque, on ne se laissait pas arrêter par ça, et on écoutait New sensations re-li-gieu-se-ment, et un peu à fond, dans les soirées entre potes croyants et pratiquants, sous le vague prétexte que Lou Reed avait participé à un groupe mythique quinze ans plus tôt, qu'il était parti de rien et revenu de tout, mais qu'est-ce qu'on en savait, et qu'est-ce qu'on y captait ? 
Sa biographie sur wikipedia n'existait pas, et même en déchiffrant les paroles des chansons sur la pochette, ça n'avait pas grand rapport avec la légende vivante du rock qu'il était censé incarner. 
On ignorait alors que si l'attitude rock'n'roll pouvait nous inspirer dans nos démarches au quotidien, comme le premier évêque de France quand il affirme que" le secret de la confession est plus fort que les lois de la République", les promesses du rock ne se réalisaient que pour ses apôtres les plus méritants, et encore plus rarement pour ses consommateurs/usagers ( succès => gloire => obtention de femmes et de drogues en quantités industrielles, bien au-delà de nos capacités d'absorption, et généralement suivies de n-1 divorces et de n-1 cures de sevrage)
Dans les années 80 Lou Reed jouait dans des pubs télés et était bankable. Mais en fait, créativement, il était cuit, c'était la traversée du désert, il clamait sa sobriété et sa nouvelle vie sans faire usage de produits, mais est-ce que c'était si excitant que ça ?
 Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fait de mourir d'autre chose, après Berlin ou Rock'n'Roll Animal ? Je n'en sais rien, je n'y étais pas. La semaine dernière, je voulais juste retrouver le son de guitare, d'une saturation parfaite, crade mais propre, du morceau "Turn to me", sur New sensations. 


Manque de bol, je l'ai pas en CD, à la place j'ai acheté "The Blue Mask", (1982) encensé par les hyènes puantes de la critique, mais suffocant de suffisance et d'indigence musicale, je le sais parce que je viens de le réécouter, et que les oreilles m'en tombent. New sensations, je l'ai acheté plus tard, en vinyle, mais pourtant à l'époque je n'avais plus de platine, je ne sais pas ce que j'ai déconné. Je devais avoir la foi, ou être sacrément stoned. Ou les deux. Et pourquoi s'être collectivement entichés d'une icône aussi prétentieuse, sur la foi du fait qu'il avait survécu à des addictions réputées mortelles, dans le bouillon de culture de New York, ville dont les réalités semblaient si éloignées des nôtres ? Encore une histoire de séduction par la posture. Aujourd'hui, les témoignages concordent pour décrire Lou Reed comme un effroyable connard, dans tous les domaines de sa vie. Quelle idée d'avoir pris pour idole un type prédestiné à rejoindre le paradis des enculés alcooliques, plutôt que Schopenhauer, le Dalaï-Lama ou encore Hubert-Félix Thiéfaine ? Bêtise de jeunesse lourde de conséquences. Il n'est jamais trop tard pour refaire ses choix, mais des fois il est tard, quand même. Tant pis.

Concernant New sensations, j'ai trouvé toutes les raisons de me réjouir de mes préférences (rances) contre les rock critiques (tics), sur le site d'utilisateurs rateyourmusic, qui venge le public des enfumages des mélomanes assermentés par leur rédacteur en chef.
Les chansons sont simples, entrainantes et émouvantes, il y a un plaisir de jouer, c'est le Lou Reed sans rides, léger. Et le bassiste est absolument génial.



jeudi 30 septembre 2021

The Police - Flexible Strategies (2018)

Que penser de cet album tardif, dans le Landerneau de la bavure Policière ?
Il y a ceux qui aiment le Police première manière, des punks à peine dégrossis, qui rentrent chez vous sans mandat, avec une brillance et une énergie contagieuses, même avec le masque. Ils retrouveront avec avidité trois faces B de quarante-cinq tours de leurs débuts, les trois premiers titres de cette compilation de raretés. 

Rien que l'expression "face B de 45 Tours", on peut s'en gargariser encore un moment, comme d'une langue morte, mais le mieux c'est encore de les écouter nous délivrer leur message en provenance d'un glorieux passé, elles résidaient sur les faces cachées des singles suivants : 'Can't Stand Losing You'  - 'Message In A Bottle' - 'Walking On The Moon' - entre Septembre 1978 et Novembre 1979.
Le reste des pièces à conviction est plus embarrassant, exhumé des dossiers officiels de l'Histoire de la Police, beaucoup plus convenue, le troisième album m'avait fâché, avec son odeur de soupe froide et de pétard mouillé, et ça fait des grand SLLûûûûrrrp, et Doo doo doo et da da daa, je n'ai pas craché dedans, j'éprouvais encore de la gratitude sous le dépit, après être allé acheter le vinyle de Regatta de Blanc au Mammouth de Palavas-les-Flots en vélo, tellement j’en pouvais plus d’attendre sa sortie, chauffé à blanc par un article dans Rock & Folk, 22 km aller-retour, et qui irait faire ça aujourd'hui ? On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. A la première écoute, le disque me sembla chouette, bien que beaucoup plus élaboré que Outlandos d’Amour, mais je me rappelle surtout du plaisir de rentrer du Mammouth en vélo avec la précieuse promesse de bonheur musical sous le blouson, en essayant de ne pas l’abîmer. Un vinyle de 30 cm de côté, c’est pas facile à ne pas écorner, sous un blouson. Anyway, la Police a suivi son cours, les suspects ont coulé sous les ponts, je ne suis pas resté à attendre une hypothétique amélioration, la tolérance, y'a des maisons pour ça, mais je réécoute leurs deux premiers disques avec plaisir quand ça se présente. 
On n'a que la joie qu'on se donne.

samedi 25 septembre 2021

Gérard Manset - Royaume de Siam (1979)

Je n'aime pas du tout ce disque, hormis le titre qui ouvre l'album. Complaisance, prétention, facilités d'écriture et médiocrité des arrangements s'y donnent gaiement la main. Mais il y a quarante ans, je ne disais pas ça. Et sans celui-ci, il n'y aurait peut-être pas eu celui d'après, "l'atelier du crabe". Et j'ai mis quelques semaines à trouver des versions correctes des fichiers (il circule partout une version 160 kbps trop aiguë.) Et Gérard l'a mis au pilon, toutes les versions postérieures à 1983 sont tronquées, avec des titres empruntés à d'autres albums. Donc il doit quand même y avoir quelque chose de bon dedans.


https://www.mediafire.com/file/26tfphereqn43np/GM_1979_RdS.zip/file

jeudi 16 septembre 2021

[Repost] Gérard Manset - l'atelier du crabe (1980)

24/09/2009

Tous les matins, le boss arrive le premier au bureau.
Sinon, c'est pas un bon boss.
J'ai ressorti ma platine vinyle, et à l'aide d'un simple câble minijack / cinch, du logiciel audacity et d'un peu de bon sens, j'ai rippé un vieux Manset de derrière les fagots. Peut-être son moins pire, empreint d'une certaine sobriété malgré le fil du rasoir de la complaisance... enfin bref, Manset selon la formule consacrée on aime ou on déteste, et que dire de ceux qui s'en moquent, en tout cas celui-ci me semble plus réussi (parce que plus léger) que beaucoup d'autres, on le devine même sourire sur le titre "l'atelier du crabe", ce qui est assez improbable... 
Des chansons comme Manteau rouge ou Les rendez-vous d'automne représentent peut-être la quintessence de son art fait d'angoisse existentielle ritualisée et traduite en lancinantes ritournelles. Et Marin'bar aurait pu être chantée par Julien Clerc, autre chèvre célèbre, bien que broutant dans une autre cour. Images mentales bien construites, arrangements dignes et implacables... Réjouissez-vous !

[Edit] 17/05/2014
Ils ont l'air contents. On dirait presque
qu'ils y ont pris du plaisir !

J'ai écouté son dernier ralbome d'auto-reprises, je n'en attendais rien, ben j'ai pas été déçu. Mais bon, il a bien le droit à la redite, ou à mutiler son oeuvre, il est Seigneur en son château comme chacun d'entre nouille. Ah, tiens, trente ans plus tard, il rajoute deux petits vers inédits et bien inutiles à "Manteau Rouge", poussant ma verson vers le collector.
M'enfin, il n'y a plus guère que cette ispice di counasse de Pascale Clarke qui se pâme d'aise quand elle l'invite en studio et qu'il condescend à répondre à ses questions de midinette.
Et pourtant, Manset on y revient, car on peut tout à fait l'aimer et le détester en même temps, et parler de lui c'est parler de nous. Je vous épargnerai pourtant ma conférence "Connaissance immonde" pour aujourd'hui parce que je sens bien que tout ce que je pourrais dire de pas sympa me reviendra dans la figure par la loi du karma, et qu'au fond cet album plutôt léger et guilleret se bonifie avec le temps. Mais si on ne s'est pas fait des nœuds dans la tête avec les chansons de Gérard quand on était petit, il est sans doute un peu tard pour commencer.
http://www72.zippyshare.com/v/90716229/file.html

[Edit] 08/06/2014

Jeepeedee a rippé tous les vinyls originaux ici :
http://jeepeedee.blogspot.fr/2014/06/gerard-mansetvu-ca.html
Ca durera ce que ça durera.
Moins longtemps que les impôts sans doute.

[Edit & Repost] 16/09/2021
Pulls jacquart et guitares demi-caisse...la classe à Dallas !
C'était l'bon temps. Et dans le studio d'enregistrement, 
le masque restait sur le mur !

Quand on reposte un article déjà reposté, on devrait pouvoir inscrire "Repost2" dans le titre, mais ça fait tout péter l'interface. Tant pis. La semaine dernière, j'ai tenté de faire écouter du Manset à quelqu'un qui en ignorait tout, et que je ne connais que par internet, c'est à dire pas très bien du tout. Dans ce cas, il vaut mieux y aller mollo, sauf quand on est en crise hypomaniaque et qu'on passe à l'ouest du sens des nuances, et alors là, priez pour que votre femme ne vous chope pas derrière votre ordi en train d'écrire des conneries impliquées à des inconnus. Je disais simplement à cette personne comme ça me venait que Gérard Manset, c’est l’équivalent d’un test PCR anti-dépression : si tu n’es pas mise à bas en l’écoutant, tu ne seras jamais dépressive. Et du coup, tu n’as pas besoin de vaccin. Tu génères assez d'anticorps. C'était un peu fallacieux, comme argument. J'avoue. Limite antivax. Personnellement, je l’appelle Gérard Manchié, mais c’est parce que je l’ai beaucoup écouté, à un âge où ça rentrait comme dans du beurre, et le beurre dans le kouign amann. Soyons sérieux : le kouign amann n'a jamais rendu quiconque dépressif. Mais du coup m'est reviendu l'Atelier du Crabe, cet album atypique, pas du tout déprimant, à part peut-être "les Rendez-vous d'Automne" qui enfile des images vertigineusement angoissées et qui file des métaphores relatives à une apocalypse que le protagoniste sent venir sans pouvoir ni lui donner corps ni s'en défaire, comme dans le film "Take Shelter", disque léger, alors que tant d'autres du Maître semblent enregistrés sur Jupiter, ou au coeur d'un trou noir dont même la lumière ne peut s'échapper tant la gravité y est forte, disque postérieurement renié, mutilé, par Gégé-la-Saumure, l'alter ego décati-vieillissant de Gérard, son Gainsbarre, disque démembré comme beaucoup d'autres, dont il ne subsiste dans l'Histoire Réécrite par Gégé qu'une " version reconstituée tirée du coffret MansetLandia 2016. Version remixée, des paroles gommées (Automne), Manset relit au lance-flamme sa période 1970 - 1983 dont seul Orion sort indemne. À l' instar d' Yves Simon qui rejette sa période 1967 - 1971, Manset ne s' intéresse et ne respecte ses parutions qu' à partir de Matrice. La technique remplace la création originale. Regrets et gâchis."
C'est un commentaire utilisateur par celui qui l'a mis en ligne sur un fofo bittorent, du coup je n'ose même pas la télécharger, ça sert au moins à ça.
Concernant cette ressortie du frigo des originaux de l'atelier du crabe, que dire ? d'habitude, quand on met un crabe au frigo, ça pue, hier j'ai mangé une araignée de mer qui y séjournait depuis dimanche, franchement j'ai failli ravaler mon pass sanitaire et ma femme était grave incommodée par l'odeur, alors que là, non, tout l'album reste d'une insoupçonnable fraicheur, dense mais toujours élégant
Marin'Bar dresse le portrait flatteur d'une splendide gamine, dans un pays exotique non précisé, portrait à la fois équivoque et sans aucune arrière-pensée. Et en plus, c'est une chanson enjouée. Thème et traitement à cent mille lieux des obsessions coutumières du monsieur. On est ici deux ans avant un an après Royaume de Siam, chanson pleine de déférence envers le caractère opiniâtre et résilient des habitants de la Thaïlande, sans doute la meilleure période de ce monsieur Manset qui se ballade alors beaucoup à l'extrême-étranger, avec nos sous, à l'époque où nous achetions ses disques étonnants, avant que de devenir un odieux connard et de saloper son oeuvre passée avec des remix de merde.
De toute façon, qu'est-ce qu'on en a à braire, que Warsen écoute un vieux Manset et le trouve moins pénible que les autres ? Il mourra moins bête, mais il mourra quand même


Et pendant ce temps, que devient Gérard Manset ?
Des fois, y vaut mieux pas savoir.
Faudrait pas que ça grandisse.