samedi 4 avril 2020

Om : Pilgrimage (2007)

faudra dire au graphiste que c'est un peu de traviole.
Om était un banal groupe de doom metal, aussi ennuyeux et interchangeable que tous ces groupes de doom metal interchangeables, ennuyeux et peu nourrissants dont le plan de carrière consiste à endommager les canaux auditifs d'un maximum de lecteurs de Télérama, parmi ceux dont le facteur n'est pas parti en congé maladie avec l'exemplaire de la semaine dernière.
Mais ça, c'était avant. Avant qu'ils fassent main basse sur le matériel pédagogique massivement mis à la brocante sur le bon coin par les ex-membres déçus de l’église évangélique de la Porte ouverte, après que tout le monde se soit violemment enrhumé dans les courants d'air.
Dans une période où nos certitudes spirituelles branlent dans le manche, et où la science ne se hasarde pas encore à promettre des réponses, mais pas pour tout de suite, nos lutins métalleux refroqués à la friperie religieuse ne pouvaient que rafler la mise, sans oublier toute la petite monnaie tombée des poches des soutanes des prêtres en quittant furtivement les chambres des novices après cet étrange voyage au bout de la l'Anouilh qu'ils faisaient ensemble, chaque petit matin que Dieu fait, enfin, faisait, avant-guerre. Je ne ferai pas d'allusion graveleuse sur les microbes échangés au passage, ça serait déplacé. Il y a un temps pour le blasphème, et un temps pour le repentir.

Si le chauffeur du car Macron n'a pas bien rempli sa dérogation pour partir à la mer,
bonjour les embrouilles Porte d'Aubervilliers ce week-end.
Mais le binge-listening, cette marche forcée du productivisme audiophile qui étouffe l'objet de sa passion à force de l'étreindre dans des canapés trop mous, et qui nous a conduits au bord du gouffre acouphénique, se doit de faire un pas ultime vers l'abime, quoi qu'il lui en coûte. S'il n'est pas trop profond, qu'on s'est juste un peu déchirés la panoplie de trekking en se coinçant au passage d'anfractuosités mal négociées, au pire on s'achètera des genouillères en solde chez Decathlon, dès qu'ils auront rouvert. Elles s'annoncent bien, les soldes de printemps, cette année.  Si elles ont lieu. Il est peut-être plus prudent de miser sur celles de début juillet, au moment du grand non-départ en vacances.

Le binge-déblatéring, lui, prend ses marques, pour ne pas empiéter sur la chasse gardée des chroniqueurs de BFM TV chargés de commenter la courageuse décision de Canal + de ne pas payer la prochaine facture de la Ligue de football professionnel, suite à leurs résultats très médiocres de cette dernière quinzaine, mais chacun son domaine de compétences pour éviter de nuire par une impertinence à fleurets mouchetés aux gens qui sont VRAIMENT plus que gênés par la contagion géante de la particule élémentaire touti rikiki mais maousse costaud.
Il y a dix jours, j'avais contribué au plan de refinancement de la dette italienne en claquant mes allocs chômage en musique en ligne auprès d'un rital un peu bruyant installé en Angleterre, afin d'aider à sauver l'Italie de la banqueroute avant que les fours à pizza ne soient tous nationalisés et précipitamment transformés en ateliers d'imprimerie de papier monnaie à base de PQ recyclé, mais comme j'avais trouvé moins cher auprès de sa maison de disques que chez Bandcamp, il m'est resté assez de sous pour acquérir pour quelques piécettes cyber-sonnantes et trébuchantes de quoi me convertir en chansons à la foi chrétienne si l'idée m'en prenait. Si ma foi dans les anticorps n'est pas suivie d'actes par mon système immunitaire, au moment de l'inévitable confrontation.
J'ai donc acheté "Pilgrimage" de Om auprès du fournisseur officiel. 
https://omsl.bandcamp.com/releases
Dans le temps on appelait ça s'offrir des indulgences. J'aurais pu craquer pour une autre de leurs encycliques, parce que j'ai braqué par ailleurs toute leur discographie au Super U juste avant la rupture de stock, mais ils n'ont pas été chroniqués dans Pitchfork, et je ne voudrais pas me faire avoir par mon appétit spirituel un peu trop aiguisé ces derniers jours pour être honnête. Je crains déjà l'indigestion du jour d'après, s'il arrive, et d'avoir eu les oreilles plus grandes que l'âme.

Ma preuve d'achat.
Je vends du rêve, je sais.
Hypnotique, masturbatoire, et gravement repompé sans vergogne aucune sur le psychédéliquement fumeux "Set The Controls for the Heart of The Sun" de Pink Floyd, le Pilgrimage de Om est appelé à rester dans les annales de la musique de transe narcoleptique remboursée par la Sécu et prochainement diffusée en sourdine dans toutes les bonnes salles d'attentes de médecine générale.
Ca me permet de donner ici, très modestement et à mon petit niveau, un coup de pouce à l'industrie musicale américaine, qui en a bien besoin car elle entre dans une zone de perturbations exponentielles, tant que Mike Pompeo persiste à à qualifier la maladie échappée d'un laboratoire de Stephen King de « Wuhan virus », ce qui repousse d'autant une éventuelle collaboration entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont désormais transformé la pandémie en un champ de bataille dans leur combat pour conserver une influence mondiale. 
Une préoccupation somme toute légitime, mais qui passe sans doute largement au-dessus de la tête de la bestiole.
Et en termes de mélopée sépulcrale pour accompagner Trump dans son bunker de la dernière rafale, quand il imitera Bruno Ganz grimé en Hitler dans "La Chute", c'est la bande-son idéale, mon neveu.

Attention : certaines sectes évangéliques peu scrupuleuses répandent des publicités mensongères pour leur petite entreprise de contagion, sous forme de publicités-surprise qui s'ouvrent de manière tout à fait intempestive sur des sites genre Pornohub Premioume® et y présentent leur mouvement sous un jour Trumpeur.  Méfiez-vous, ils ne cherchent qu'à vous intuber.
Je reconnais que sur le plan de la musique sacrée, les production ultérieures de Om, "God is Good", ou "Advaitic Songs" s'illustreront à nouveau par de magnifiques pochettes et creuseront un peu plus profond le sillon du stoner oriental chrétien. Pour réchauffer son âme en allumant le feu qui couve dedans avec des Morceaux de la Vraie Croix, on pourra leur préférer notre pile de vieux Dead Can Dance. Dimanche prochain, le sermon portera sur la résurgence du psych nippon. N'oubliez pas vos moufles.

2 commentaires:

  1. Om est un second groupe de Emil Amos auquel je préfère largement Grails, groupe sous estimé étiqueté de post rock, qui à mon avis a enregistré un chef d'oeuvre " Take refuge in clean living" à déguster le soir avec un petit verre de rouge.

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  2. Je suis aux Alcooliques Anonymes depuis 1992, mais tu as raison, je crois qu'il est grand temps que je m'y remette. C'est même le moment ou jamais. On est en marche vers L'an 01, putain de moine ! je l'ai relu, finalement c'est mignon, mais y'a pas grand chose dedans. Ces gauchistes, quelle candeur ! merci pour ta suggestion d'écoute, j'irai l'écouter après un bon bain de siège avec Rika Zaraï.

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