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jeudi 16 juin 2022

Daniel Goossens - La porte de l'univers (2022)

de mon temps,  Falaouide Glazioule
s'appelait encore Fouloude Glozyol.
Daniel Goossens est le dernier dinosaure encore en activité de Fluide Glacial Canal Historique. Nous y avons fait nos premiers pas ensemble, en 1977, lui en tant qu'auteur, moi en tant que lecteur. Dès le début nous éprouvâmes une affection mutuelle, qui ne se démentit pas à travers les z'ans, malgré nos coups de mou, de bambou et de grisou, dont nos vies pourtant bourrées à craquer furent néanmoins riches de calvaires existentiels en tous genres, même si on n'est pas aussi bipolaires que Benoit Poelvoorde, lui aussi grand fan des histoires de Daniel.



La porte de l'univers était fermée de l'intérieur
Il y a longtemps que je ne lis plus Fluide Glacial car je n'y connais plus personne, à part Daniel Goossens, qui ne me ferait même pas coucou à travers la vitre si je passais devant, car nous ne sommes rencontrés qu'une fois en 1986 à l'occasion d'un projet de dessin animé qui ne s'est jamais fait tellement j'étais intimidé, alors ça va plus vite d'acheter ses livres en découpant le bon de commande page 69.
"La porte de l'univers", son dernier album encensé par la critique unanime criant au chef-d'oeuvre comme si l'on se trouvait à l'intérieur d'un album de Goossens ? d'habitude, quand on lit Goossens on rit beaucoup, surtout moi, mais là, presque pas. Ou alors, j'ai un problème avec le rire, dont je ne veux pas parler, on a eu des mots, on s'est fâchés, et maintenant je dors à l'auberge du cul tourné. 


Sauf la blague sur Corto Maltese, parce qu'un jour, à un sondage "qu'est-ce qui vous a aidé à traverser les années 70 ?" quelqu'un avait répondu "Corto Maltese", et ce n'était pas drôle, mais ça m'avait ouvert la porte de l'univers de la perception et contraint à réévaluer l'oeuvre d'Hugo Pratt, et du coup parvenir à se moquer de ce que j'ai de plus sacré, en faisant basculer Corto dans le grotesque, c'est vraiment le dernier tabou qui tombe, et je trouve ça hilarant. Mais je peux me tromper, personne n'a la science infuse, sauf Albert Einstein quand il était dessiné par Goossens.


Quelle idée aussi de s'embarquer pour un récit de 65 planches, alors qu'on a toujours excellé dans les formats courts. Si c'est un testament, il est scabreux, et on se sent déshérité. Si c'est un chant du cygne, il a au moins la myxomatose. On ne voulait pas croire que Daniel Goossens puisse un jour radoter, s'assoupir sur ses prémisses comme d'autres vieillards s'endorment dans leur pisse. On pardonne difficilement aux génies de ne pas l'être tout le temps. C'est cruel de notre part. Ils ont bien le droit de s'enfermer dans leurs systèmes de pensées, et de s'y épuiser en vaines parodies de films de guerre américains des années 50 usés jusqu'à la trame, à répéter les mêmes contorsions & simagrées qui ne soulèvent plus qu'un amusement de complaisance, en souvenir de ce qu'ils ont été. Nous qui avons acheté l'album de trop, qui restons avec nos ricanements forcés sur les bras, à qui pourrions-nous nous en prendre, sinon à l'éditeur, qui n'a pas fait son boulot en disant à son poulain de revoir sa copie ?

jeudi 9 juin 2022

Touïs & Frydman - Sergent Laterreur (1973)

Pour ceux d'entre moi qui rêvent encore parfois la nuit de s'enrôler dans l'armée de Zelenski (après avoir appris l'ukrainien sous hypnose) pour aller buter Poutine jusque dans les chiottes du Kremlin, rappellons quand même que l'armée, même quand on est du "bon côté", ce n'est pas toujours rose.


Un ami caverneux de ce blog tombal m'a transmis une magnifique édition "Bibliotheca Virtualis" (La collection des albums qui n'existent pas) de la série Sergent Laterreur, concoctée sur la base des scans du journal Pilote dans lequel elle parut avant-guerre, entre 1971 et 1973.
"le Sergent Laterreur a marqué toute une génération, par son antimilitarisme décapant, son graphisme percutant et ses couleurs psychédéliques, qui en faisaient un symbole de la contre-culture post 68, et qui n’a rien perdu de sa modernité."
(un quidam démobilisé)
Qu'ajouter ? c'est ma foi vrai. Même si j'étais fusillé demain, je dirais que ça n'a pas perdu une ride. D'autant plus qu'on y découvre aussi quelques planches originales en noir et blanc, révélatrices du talent unique de Frydman, quand on s'abstrait des couleurs lysergiques de sa coloriste.


Il existe aussi une magnifique édition réelle de la série chez l'Association.


https://www.lassociation.fr/catalogue/sergent-laterreur/
Engagez-vous, rengagez-vous, qu'ils disaient, car la page wiki est riche en informations décapantes :
Bref, vivement la guerre qu'on se tue, comme disait mon grand-père juste avant qu'on l'abatte.






jeudi 19 mai 2022

Les cahiers de la bande dessinée n° 38 spécial Alexis (1978)

Suite à la remarque d'un jeune auditeur la semaine dernière, je me suis demandé si Alexis bâclait le travail ou pas, car quelle meilleure façon de conjuguer sa monstrueuse virtuosité et sa hideuse productivité, de façon à garder un peu de temps pour soi ? 
J'ai promptement mis la main sur Les cahiers de la bande dessinée n° 38 spécial Alexis, où la réponse à cette question apparait modulée : quand il était pressé, apparemment il allait vite, très vite.
Un exemple de quand Alexis allait vite :

la croisade de Superdupont, dans Fluide Glacial n° 17
(oeuvre achevée par Gotlib à la mort du dessinateur)

et un exemple de quand Alexis allait moins vite :


Le Transperceneige, dont Alexis avait dessiné 17 planches
quand la mort lui sourit, et qui fut reprise par Rochette.

Tout cela, et bien plus encore, dans Les cahiers de la bande dessinée spécial Alexis, dont j'avais oublié à quel point c'était une excellente revue consacrée au 9ème art, dans son incarnation des années 70.


jeudi 12 mai 2022

Alexis - Fantaisies solitaires, Avatars et Coquecigrues (1975/78)

Commençons par la fin :

le 7 septembre 1977, peu avant son trente et unième anniversaire, alors qu'il allait entamer la dix-septième planche du Transperceneige et qu'il s'attaquait aux dernières cases de La croisade de Superdupont, Alexis meurt d'une rupture d'anévrisme. L'histoire de Lob est reprise par Jean-Marc Rochette, tandis qu'un Gotlib ému achève l'histoire de Superdupont, publiée dans le dix-septième numéro de Fluide Glacial. En sa mémoire, et afin que son nom reste associé au journal, Gotlib et Jacques Diament créent pour lui la fonction de « Directeur de conscience », qui est mentionnée dans l’ours de la revue ; cette fonction est illimitée dans sa durée. (wiki)

Le talent d'Alexis était fulgurant, surtout vers la fin. S'il suffisait de mourir jeune pour qu'on cryogénie, les librairies seraient remplies de chefs d'oeuvres posthumes. Il n'en est rien. Dans les deux recueils d'histoires courtes proposés ici, et publiés de son vivant pour le premier et post mortem pour l'autre, il y a du bon et du moins bon, des vieilleries de jeunesse et des perles intemporelles. 

Comme par exemple ce petit film de teensploitation, d'une crudité indicible et rarement atteinte dans la figuration narrative de l'époque, même dans Cannibal Holocaust III, et d'une virtuosité sans nom, parce que indicible, je l'ai déjà casé dans la phrase.

Bien qu'il ait surtout travaillé avec des scénaristes (Fred, Gotlib, Lauzier), on voit qu'Alexis avait un univers personnel très riche. Comme pour Jimi Hendrix, on ignore vers quoi il serait allé s'il avait vécu, mais au vu de la générosité des fées qui s'étaient penchés sur leurs berceaux, s'ils avaient fait ensemble un livre-disque, ils auraient sans doute révolutionné le domaine des arts, et nul doute que je l'eusse acheté.
Que la terre leur soit douce.



Fantaisies Solitaires


 Avatars et Coquecigrues  :

Meilleures évaluations Amazon : 
Il est difficile de trouver un dessinateur plus talentueux qu'Alexis. La facilité. La grâce. Le mec sait toujours où mettre les noirs et les gris pour obtenir la plus grande force. La précision aussi, la respiration de la planche et la sensualité de ses femmes (on est assez loin des demi-guenons d'un Hermann par exemple).
Volodymyr Zelensky, Président de l'Ukraine

Tout est bon et ce type force l'admiration. Son dessin est littéralement éblouissant. Il se balade au ciel du dessin de BD avec Chaland, Franquin, Gir et quelques autres...
Il est d'autant plus dommage que son immense talent ait été mis au service de la seule dérision ou de l'absurde stéréotypé un peu con-con de la contestation bien-pensante. 
Vladimir Vladimirovitch Poutine, Président de la fédération de Russie

Voici le musée moderne (visité dans le Bibendum Céleste de Nicolas de Crécy)
dans lequel on ne peut pas voir les oeuvres d'Alexis,
pasque elles ne sont pas assez nouvelles.
C'est une honte.

jeudi 5 mai 2022

Fred et Alexis - Time is Money - Intégrale (2016)

« Le voyage dans le temps n’est pas moins riche d’avenir que de passé. »
Jacques Goimard, Histoires de Voyages dans le temps.

J'écrirai le rédactionnel de cet article plus tard, je suis un peu charrette cette semaine. Il s'agira de chanter la gloire de Fred et Alexis, qui créèrent dès 1969 une série de bandes dessinées de science-fiction ayant pour principal ressort comique une machine à explorer le temps, mise au point par un vieux fou grincheux en plein XIXème siècle et assisté par un représentant en machines à vapeur à rouler les cigarettes feignant comme pas deux et goulafre comme quatre. Du coup je me demande si Fred et Alexis n'ont pas inventé le steampunk, 30 ans avant tout le monde. 


A moins qu'ils soient allés le subtiliser dans les Couloirs du Temps, avec la complicité de la bande de nains fugueurs échappés à la vigilance de l'Etre Suprême dans le Time Bandits de Terry Gilliam. Le mieux c'est que j'enfourche ma propre mobylette quantique et que j'aille regarder par dessus l'épaule de mon moi du futur l'article qu'il ne manquera pas de rédiger, la semaine prochaine au plus tôt, puis que je vienne le recopier ici. Au passage, je soulignerai que la paternité de toutes ces foutaises de voyage temporel revient à H.G.Wells, que les variations possibles autour du thème sont plus nombreuses que les atomes dans l'univers connu, et que les futurs imaginés reflètent souvent l'état d'esprit des périodes qui les voient naitre; ainsi des historiens de l'an 50 000 qui décrivent à Blake (de chez Blake et Mortimer) la venue de Mélenchonator 2.0 trente siècles plus tôt, dans "le Piège Diabolique", une bande dessinée de 1962 qui m'avait terrifié quand j'étais petit.

Quand notre turfu devient leur passé, il est bien trop tard
pour que nos arrière-petits enfants nous reprochent quoi que ce soit.
Surtout quand on sera mourus depuis 30.000 ans.

Sans parler des mille et une façons de tuer Hitler avant qu'il accède au pouvoir, toujours très stimulantes pour les révisionnistes de tout poil, et même sans poil du tout.

https://www.tor.com/2011/08/31/wikihistory/

Je mettrai en relief l'aspect historiquement précieux de la saga, là où d'autres ont perçu une étude en morbidité, à l'aide d'observations pertinentes sur le caractère souterrainement lugubre de la série (la machine temporelle est installée à la cave, mais on est quand même loin des tunnels de l'usine Azovstal de Marioupol) 

https://www.labandedu9.fr/article-timoleon-de-fred-et-alexis-par-morel-1411.html

J'insisterai sur le dessin progressivement délié d'Alexis

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_(auteur)


Evolution de la machine à voyager dans le temps à travers les âges : 1969

Evolution de la machine à voyager dans le temps à travers les âges : 1973

Je conclurai en rappellant que l'esprit ne se gêne pas pour cavaler dans le passé ou s'évader dans le futur, ou dans n'importe quel continuum qui lui évite de réaliser qu'il ne vit jamais que dans l'ici et maintenant, que la peau est la membrane élastique qui enveloppe l'ensemble du corps, et qui nous permet de nous déplacer dans le temps sans transporter avec nous nos organes et fluides vitaux dans une bassine, à la vitesse sidérante de vingt-quatre heures par jour. Que la lecture de cet ouvrage est donc totalement superflue bien qu'il soit délicieusement suranné. Je n'ajouterai pas que ça la rend totalement indispensable, parce que y'a pas marqué télérama.

https://www.comixtrip.fr/bibliotheque/time-is-money/


Mais cette semaine, j'ai vraiment pas le temps. Même pour de l'argent.

https://turbobit.net/download/free/8q7ikynik3iv

jeudi 28 avril 2022

[Repost] Métal Hurlant #11 à 20 (1976/78)

mer. 26 sept.
Entre la mort de Métal Hurlant (je me désintéresse de la revue vers 1983, et à moyen terme, elle ne s'en remet pas) et la découverte d'un comic book qui ne parlait pas de superhéros (Blood par JM de Matteis et Kent Williams, dans le grenier de chez Ptiluc, vers 1998) il se passe 15 ans, 15 ans à apprendre à vivre sans drogue métallique ! 

jeu. 28 avr.
Il est pas mal, finalement, le Nouveau Métal Hurlant n°2 dont j'ai dit du mal sans l'avoir lu. Mais il est entièrement constitué de rediffusions du Vieux Métal Hurlant, agrémentées de notules biographiques et de souvenirs rédactionnels de ceux qui l'avaient conçu; ça fait bizarre d'assister à un tel revival, on a l'impression d'en avoir oublié de mourir à temps (pour pouvoir renaitre, en tout cas pour ceux qui y aspirent, parce qu'à force de tourner comme un hamster décérébré dans la roue du samsara, on peut légitimement aspirer à l'extinction sans rébellion). Voici donc les numéros suivant ceux qui les précèdèrent.


les précédents numéros rediffusés, en léger différé des années 70 :

attention à l'effet "machine à voyager dans le temps", dont les effets secondaires sont imprévisibles, mais qui peuvent laisser légèrement nauséeux.

Ce monsieur Soulcié n'est remonté que jusqu'aux présidentielles 2002
sur sa pétrolette temporelle, c'est pour ça qu'il est un peu pas bien.




jeudi 21 avril 2022

Fred - Le petit cirque (2012)

Une famille pas nombreuse de bohémiens arpente la lande (infinie, et désolée de l'être) en tractant leur roulotte à la force des bras depuis que les chevaux-clowns leur ont faussé compagnie. Carmen héberge toute la tristesse humaine dans ses yeux de romanichelle. Léopold accueille stoïquement les aléas de leur existence nomade, faite de rencontres incongrues et tournant souvent à leur désavantage. L'enfant n'est pas envoyé mendier dans les grands centres urbains, et c'est toujours ça de moins affreux que si c'était pire.
Comme les tziganes sédentarisés de Kusturica dans le Temps des Gitans, la petite famille semble maudite, pas pour une raison ethnique comme le peuple Rom vu par Kustu, mais néanmoins vouée par le karma à errer, de déconvenue en déconvenue. 

C'est du grand art, avec beaucoup moins de moyens que Kusturica, et aussi un zeste de cruauté, puisque la série d'histoires courtes est d'abord parue dans le Hara-Kiri des années 60 (revue dans laquelle il était impératif de se montrer cruel sinon on pouvait passer prendre son chèque à la réception et bonsoir messieurs les censeurs) avant d'être régulièrement reprise en album depuis 1973. Fred abandonnera ensuite sa cruauté, au profit d'une grande gentillesse dans le choix de ses univers ainsi que beaucoup de tendresse pour ses personnages, pourtant bien moins héroïques que ceux du Petit Cirque, au temps béni des pionniers de la bédé adulte (sans cul dedans, parce que la bédé adulte avec du cul dedans est souvent un peu infantile). 


Peut-être que la tendresse nous vient quand on accepte enfin la cruauté du monde, tout autant que celle qu'on lui oppose pour s'en protéger, et ça ne marche jamais très bien, bien qu'en principe ça s'équilibre, comme le bien et le mal dans une chanson de Guy Béart. Fred considérait Le petit cirque comme ce qu'il avait réalisé de meilleur. C'est poétique, surréaliste, mélancolique. C'est là qu'on voit que l'âge d'or est derrière nous. On respire doucement, dans un silence respectueux, en parcourant ces planches magiques, c'est le patrimoine, c'est notre collection Morozov de chez Dargaud. Et en plus, on n'est pas emmerdés pour les rendre à la Russie, vu que Fred était d'origine grecque, et que tout le monde sait ce qu'on dit aux Grecs quand on est fâchés avec eux au point de refuser d'honorer leurs créances, même sans être un menteur crétois bourré de paradoxes.



Voici l'extrait qui explique implicitement pourquoi les pauvres n'iront pas se faire sauter en hurlant "Mélenchon Akbar !" dans les bureaux de vote au matin du second tour, eux qui sont trahis par les candidats restant en lice : c'est parce que les ors de la République les intimident. Même quand celle-ci est prostituée aux Valets de la Banque et du Patronat et aux Fripouilles Fascisantes.


Allez, on se quitte, c'est bientôt l'heure d'aller voter, selon tous les pourriels Nespresso, Leclerk, Samsong, Carouf et cdiscont que les Russes balancent pour perturber l'élection présidentielle.
J'espère que je vais pas me gourrer de bulletin. Il y a un somptueux trucage à réaliser sur l'image ci-contre en faisant pointer l'index du monsieur environ 7 cm
plus haut, mais j'ai la glu.



jeudi 14 avril 2022

Gomez & Dubois - Hotel Commissariat (2003)

Gomez et Dubois était un groupe humoristique éphémère de hip-hop français. Formé en 2003 et parodiant l'univers policier, le groupe se compose des rappeurs Faf Larage et Eben. Ils publient l'album Flics et hors la loi en 2003, qui se classe à la 24e place des classements français.  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gomez_et_Dubois

Je n'ai pas encore remis la main sur l'album, sauf sur Youtube

mais Youtube, c'est le mal, et l'impact environnemental des vidéos en ligne nous sera reproché par nos arrière-petits enfants (des cancrelats télépathes, selon mes pronostics de l'entre-deux tours) dans Métal Hurlant n° 3465 qui sortira en décembre 5674. En attendant ce jour, j'ai retrouvé le single acheté avec mes sous dans la joie de découvrir un groupe de rap parodique, inventant au passage le rapodique, la France étant déjà le berceau du rock parodique. J'ai même réencodé le clip vidéo avec Handbrake.
Face A, "Hotel Commissariat", dérivée d'Hotel California,  ha ha. Mais surtout, la face B, "Le 3eme Doigt", énorme, hymne au nihilisme électoral rappé en duo par des avatars de Charles Pasqua et Joey Starr. Warsen en a aussi fait un youtube, j'ai beau lui dire que c'est le mal, il est terrible. Et pourtant, il a pris ses médocs, je le sais parce que Tyler Durden le sait.

dimanche 13 mars 2022

20 numéros de Hara-Kiri (1960/1972)

le désir du nirvana, c'est le samsara
"La violence, rétorque Hardin, est le dernier refuge de l'incompétence. Mais je n'ai certainement pas l'intention de déployer un tapis sous les pas des envahisseurs ni de leur cirer les bottes."

Isaac Asimov, Fondation (1966)
Vladimir P. n'a jamais lu son compatriote Isaac A., ou alors il a sauté des pages. Attendu que l'espèce humaine manifeste des velléités enthousiastes pour s'autosuicider comme ça lui arrive quand des autocrates affaiblis et surarmés se voient possédés par le démon de la misanthropie à un niveau galactique, voici vingt numéros du journal Hara-Kiri, collectés autour de l'âge d'or du journal.  
On pourra toujours les relire sous les gravats, en laissant parfois échapper un ricanement blessé, tandis que papigeek pédalera comme Edward G. Robinson dans Soleil vert pour assurer l'alimentation électrique de l'ordinateur à pédales.

Reiser, 1970

les jeux de con du Professeur Choron n'ont pas pris une ride.

Les BD de Reiser ou de Gébé ont mieux vieilli que les "réclames" à la sauce bête et méchante, censées dénoncer et combattre les abus et l'obscénité de la publicité à vocation commerçante qui commence alors à saturer le quotidien, vers la fin des trente glorieuses, à l'orée des trente merdeuses. Les romans-photos transgressifs en matière de sexualité et de socialité ont eux aussi beaucoup perdu de leur pouvoir blasphématoire pour rejoindre le royaume du kitsch, où ils resplendiront dans les siècles des siècles. 
Du rédactionnel à profusion, on était en plein chevauchement de la culture de l'écrit et de celle de l'image, des textes souvent assez poétiques de Cavanna, Gébé, Delfeil de Ton, et toute la bande de gôchistes post-situ et pré-punk qui constituait l'équipe d'Hara-Kiri / Charlie Hebdo dans les années 70.


la pochette promotionnelle du florilège, encore sous son blister translucide :
aussi belle qu'un supplément illustré de Warsenator-dimanche
(l'éditorialiste de légende qui fait la grève des mots pour protester contre la guerre)





le logo du journal, avec une couche alpha habilement glissée dans le .png


mardi 8 mars 2022

[Repost] Metal Hurlant #6 à 10 (1976)

Une erreur s'est glissée dans l'illustration :
c'est la couverture de Metal #15
mer. 26 août

http://www.megaupload.com/?d=IQDTGBEG
(attention, ne clique pas, ça fait longtemps que ce lien est obsolète, tu risques d'être redirigé vers Russia Today, toujours accessible par ordi alors qu'il ne l'est plus sur smartphone. C'est ça, la dictature numérique. Joe Staline reviendrait, il ne serait pas content.)



lun. 7 mars

Souvenez-vous. C'était hier. En 1976, Métal Hurlant est interdit aux mineurs, et en même temps devient mensuel. 
Dans un numéro de Métal hurlant, une drôle de signature est apparue. Celle d’un certain Joe Staline. Les lecteurs se sont interrogés. Qui est ce mystérieux Joe Staline ? Philippe Manœuvre ? Jean-Pierre Dionnet ? Un autre journaliste de Métal ? Un pseudonyme collectif que chacun peut emprunter à sa guise ? Nous n’avons jamais révélé son identité. Joe Staline est resté un inconnu célèbre, un mystère vivant, un éternel point d’interrogation. Je crois que l’heure est venue de lever le voile. Joe Staline, c’était moi. Enfin, la plupart du temps, à hauteur de 80 %. Dans 10 % des cas, c’était Manœuvre, et les 10 % restants se partageaient entre d’autres rédacteurs ou dessinateurs, comme Luc Cornillon. L’idée d’utiliser ce pseudo m’est venue en feuilletant un livre intitulé Joseph Staline, ma vie secrète, écrit par Alain Paucard, l’un des collaborateurs de Métal. Je l’avais déniché dans la librairie de celui-ci, un authentique repaire de gauchistes. Sur Internet, quelqu’un que je ne connais pas se fait passer pour ce bon vieux Joe en signant « Jo Staline », sans « e ». Méfiez-vous des imitations. C’est un faux, un fake, un imposteur, un usurpateur. Il n’y a qu’un seul et unique Joe Staline.
Joe Staline était un autre moi. C’était mon garde-fou, celui qui me ramenait dans le droit chemin quand je m’égarais. C’était mon ange gardien, ou plutôt mon petit diablotin. Comme dans les dessins animés de Tex Avery, où l’on voit le loup entouré de deux démons qui lui indiquent la marche à suivre, et le pauvre loup ne sait pas quoi faire, on le sent perdu, tiraillé entre deux injonctions contradictoires. Joe Staline écrivait des choses que je ne pouvais pas me permettre d’écrire. Il était sévère avec moi. Il critiquait mes choix éditoriaux et mes lubies du moment. À Métal, j’avais choisi de ne pas avoir d’idéologie précise. Chacun était libre de dire, d’écrire et de dessiner ce qu’il pensait afin d’exprimer sa vision du monde. Je ne censurais personne, par conviction et par intérêt, car je tenais à ce que le journal accueille toutes les expressions. Il n’y avait que deux sujets tabous : l’antisémitisme et la pédophilie. Pour le reste, je laissais faire, même si je n’étais pas toujours d’accord. Joe Staline pouvait être réactionnaire. Quand on lui en faisait le reproche, il répondait par l’une de ses maximes favorites, selon laquelle « les avions à réaction avancent plus vite que les avions à hélices ». Il était beaucoup plus intelligent que moi. Il me servait à défendre un disque ou un livre que je ne pouvais pas défendre sous mon nom, car je me serais trouvé en contradiction avec un autre de mes articles. Il pouvait dire n’importe quoi, professer les idées les plus subtiles comme les pires stupidités. Il était l’enfant naturel de Léon Bloy et de Jules Barbey d’Aurevilly. Son esprit volait bien plus haut que le mien.
Mes moires, un pont sur les étoiles by Jean-Pierre Dionnet




La Russie est redevenue l'URSS, c'est normal que Métal reparaisse.
Reviens, Joe, ils sont devenus fous. 

lundi 7 mars 2022

[Repost] Metal Hurlant #1 à 5 (1974/75)

Acier couinant, le vrai. Le seul.
dim. 23 août 2009

...parce que l'été est la période idéale pour lire la Machine à rêver,  le livre consacré à ce perturbé précepteur de mon adolescence... et parce que j'ai trouvé des scans des premiers numéros. 
http://www.megaupload.com/?d=XGVWK5YG
(attention, ne clique pas, ça fait longtemps que ce lien est obsolète)

dim. 6 mars 2022

- parce qu'on n'a rien fait de mieux depuis l'invention de Métal Hurlant,
- parce que les tentatives de réinvention successives se sont avérées aussi décevantes qu'une bonne décharge au défibrillateur sur une personne en état de mort cérébrale
- parce que l'équipe qui a repris le magazine l'an dernier s'est faite virer au bout du premier numéro du reboot
et que le numéro 2 de la nouvelle formule est un "digest" de la première mouture sous la houlette de Jerry Frissen.

L'ancien numéro 2. Le seul, le vrai.
Quand j'étais petit, le numéro 2 d'Acier couinant fut très vite épuisé, et introuvable, et je pensais devenir riche en entrant en possession de la reliure des numéros un à quatre, après plusieurs années passées à le rechercher, aujourd'hui les copies numériques ont ruiné le marché et je suis aussi pauvre qu'un oligarque russe, mais je peux quarante-cinq ans plus tard l'exhiber fièrement à tous les passants, bien qu les scans ne soient pas les miens.


N'achetez pas à un revendeur à la sauvette le "nouveau" Métal Hurlant, c'est une resucée du vieux.
Préférez l'original, au goût Métal !




Le nouveau numéro 2.
Pas vraiment une contrefaçon.
Plutôt un fac-similé.