mercredi 19 février 2020

Lovecraft Facts (9) : Steve Roach - Journey of one (2012)

5 février 2014

Logiquement, 2014 nous débarassera enfin de la vermine sonique du dark ambient, en même temps que du reste.
Dans cette attente, voici une sélection, qui va durer une bonne semaine, de nos meilleures nappes molles et sombres, dont la curiosité principale réside dans le fait que certains y sont physiquement allergiques, d'autres accros, mais qu'elles ne laissent personne indifférent, comme on dit.
Sauf ceux qui font de l'indifférence une profession de foi.

(lien turbobit obsolète de chez périmé)

 [Repost] 16 février 2020

Je réécoute avec anxiété cet album acheté par correspondance près de chez Steve, dans l'Arizona;  l'Arizona ressemblant très fort à une usine de cailloux en surproduction, des fois il joint à son envoi un petit caillou dédicacé, ils ne savent plus où les mettre alors quand il arrive à en glisser un dans l'enveloppe ça les débarrasse un peu, là je me rappelle que comme c'est un double album il m'avait envoyé la moitié de Monument Valley stabilotée au marker gros grain, le facteur avait un peu gueulé parce que les frais de port (2 timbres à $5, 50) avaient été un peu sous-dimensionnés. 
Concernant le contenu lui-même, les années 90 furent sans doute les meilleures de ce monsieur Roach sur le plan créatif. Nous avons droit à un concert de 1996, sur deux ambiances assez différentes. Le premier CD s'inscrit très clairement dans la mouvance Lovecraft Facts qui a récemment contaminé les infortunés passagers de ce blog à la suite du capitaine, et quand je l'écoute je pense assez rapidement à des choses très positives genre l'espèce humaine est condamnée à brève échéance, on voit des individus qui ont des parcours extraordinaires en termes d'achèvement et de destinée, mais globalement, collectivement, nous sommes quand même les Gros Boulets de l'Evolution, nous allons de guerre en famine, de famine en épidémie, les massacres du siècle dernier ne nous ont rien appris, nous nous apprêtons à bien pire, sans compter que l'épuisement des ressources non-renouvelables nous emmène droit dans le mur et nous condamne à une longue agonie, nous le savons mais ne pouvons nous empêcher d'y aller, victimes d'illusions égotistes qui seront notre tombeau. 
Ou alors je pense à quand j'avais quatre ans et que j'avais coincé une pomme dans mon pupitre, en classe de maternelle, je n'ai pas osé en parler à la maitresse, et un jour elle a découvert la pomme toute pourrite que je n'avais pu déloger, et j'ai eu très honte.
Et c'était indicible. 
Et le jour où elle m'a ramené chez moi en disant à ma mère sur le pas de la porte "je sais pas ce qu'il a mais ça va pas", et ma mère elle m'a dit plus tard que elle, à l'odeur, elle avait tout de suite compris ce qui n'allait pas.
Et c'était à nouveau indicible, ce qui allait me prédisposer à lire Lovecraft, dont les anti-héros découvrent souvent qu'ils avaient un morceau de kryptonite dans la culotte sans le savoir, et c'est pour ça qu'ils se sentaient pas bien. 
Steve Roach attendant mon chèque pour faire un nouveau disque
Ou alors j'ai l'impression d'être en transit dans les bardos avec Piotr Pavlenski, un pistolet à clous et deux caisses de neuroleptiques.
Ou dans un des romans d'Antoine Volodine qui explorent ces royaumes inconfortables de l'au-delà.  Je veux dire, si Steve Roach prétend explorer les mondes au-delà du delà du monde à bord de ses synthés et de son didgeridoo nucléaire, celui du premier CD de Journey of One est clairement inhabitable pour l'homme. Rien de strident ou de violent, mais on y cultive un incertain malaise, parce que l'oreille occidentale est ainsi faite que sans harmonies discernables, sans mélodie et sans instruments identifiables, avec des voix qui marmonnent d'indistinctes malédictions ancestrales dans des langues oubliées et maudites, c'est un voyage incertain, entre Chernobyl et la Vallée de la Mort, on y entend tant de dissonances qu'on y est plongé dans l'angoisse de l'incertitude de qu'est-ce que je vais leur faire à manger ce soir (je suis plus sensible à la dimension anxiogène du disque parce qu'en ce moment je fais pas mal de sophrologie pour mes acouphènes, du coup mes impressions sont vachement moins indicibles que quand j'étais petit)
C'est une ballade dans les Limbes. Ou tout du moins dans l'idée de l'espace sonore que s'en fait Steve, parce que j'ai entendu dire que quand on s'y trouve en vrai, pour revenir des Limbes c'est aussi galère que pour le jeune clandestin de 15 ans qui a quitté le Cameroun à bord de ses pieds et qui a parcouru 9000 km en 17 mois pour atteindre finalement Saint-Brieuc et tomber sur un ange gardien qui fait qu'ils sont passés ce soir sur le 28 minutes d'Arte.
Si le gamin il avait écouté Steve Roach sur son walkman, il serait pas aujourd'hui miraculé du désastre migratoire, il serait allé se noyer direct dans l'Atlantique, et on aurait tous économisé du carbone, parce que maintenant il est en terminale à Saint-Brieuc et il va devenir citoyen à part entière de la République.
Je n'ai pas dit que l'écoute du disque, c'était désagréable. Mais il n'y a ni repères, ni mode d'emploi. Disons que ça ne va pas réconcilier les gens avec le dark ambient si ils étaient déjà fâchés.
Le second CD est plus orchestral, tribal, rythmé, new age, et les chamans y font moins entendre leur gastro que sur le premier disque.

l'écouter avant :

https://projektrecords.bandcamp.com/album/journey-of-one-the-tribal-ambient-era-live-1996

l'emprunter après :

https://www.mediafire.com/file/4hb5ce2ewtzlvru/SR-JOO-96.zip/file

3 commentaires:

  1. It's possible to repost it, please?
    Thanks in advance

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  2. Sorry, but French Ministry of Blasphemy and illegal download won't allow this to happen.
    Come back same time last year !

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