samedi 26 février 2022

Vladimir P.'s House Music (2022)





« Concernant ses valeurs fondamentales, jusqu’à quel point un individu préfère-t-il mourir plutôt que de faire des compromis et vivre ? Des millions de gens, à l’époque contemporaine, ont été confrontés à la décision de savoir si, pour sauver leur vie, ils seraient ou non disposés à trahir leurs amis ou leurs proches, à complaire à un dictateur, à vivre en esclavage ou à préférer l’exil. Les nations et les sociétés ont parfois à prendre collectivement des décisions similaires. Toutes ces décisions impliquent des paris sur l’avenir, faute de la certitude que la perpétuation de certaines valeurs conduise à l’échec ni leur préservation au succès. (..) Parmi les cinq petits pays d’Europe de l’Est confrontés à la puissance irrésistible des armées russes, les Estoniens, les Lettons et les Lituaniens ont renoncé à leur indépendance en 1939 sans combattre, alors que les Finlandais se sont battus en 1939-1940 et ont sauvegardé leur indépendance ; les Hongrois, eux, se sont battus en 1956 et ils ont été défaits. Qui d’entre nous peut dire quel pays a été plus sage et qui aurait pu prévoir à l’avance que seuls les Finlandais gagneraient leur pari ? »


 Jared Diamond. « Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (2005)

jeudi 24 février 2022

[Repost] Mark Lanegan - Elégie Funèbre (2014)

ven. 8 juin 2018

Quelque part dans le Multivers, plus précisément sur Terre_42, il existe une version de la bande son de la saison 2 de Lésion exclusivement composée de fragments de La mort d'Orion de Gérard Manchié (je suis d'accord que son nom diverge un peu trivialement de celui qu'il porte sur notre bonne vieille Terre_13).
Gérard avait Orion,
nous on a l'Ukraine.
Rappelons à nos plus jeunes lecteurs tentaculaires et/ou pseudopodés que la mort d'Orion, dans la plupart des mondes connus, c'est un opéra rock concocté en studio par Gérard Manset au début des années 70, un invraisemblable salmigondis musical à base de space opéra, de nuages de violons gorgés de reverb, de bouts de scénario galacticoedipiens déclamés par des mercenaires de la Comédie Française qui à l'époque faisaient aussi des piges pour "les grands disques de l'aventure" car j'ai reconnu des voix issues de Blake et Mortimer contre la marque Jaune et de Bob Morane contre l'ombre jaune aussi, bref la mort d'Orion c'est un artefact alien à nul autre pareil dans l'histoire de l'onirisme musical français, un geste d'une originalité et d'une audace comme il n'y en a qu'un par décennie et par galaxie...
Voici donc la version du cantique de fin d'album qui a fait fureur sur Terre_42 dans la saison 2 de Lésion, reprise par le farouche Farouk (dont nul n'ignore que c'est le pseudo scénique le plus usité de Gérard Manchié, et vu qu'il n'a plus de corps depuis la saison 1 de Lésion ce n'est guère étonnant qu'il ait de tels problèmes intestinaux) et l'abrasif Mark Lanegan, qui est décidément partout sauf là où on l'attend pour le Ramadan.



Je l'ai trouvée là, assortie de commentaires de l'intéressé.

http://gonzai.com/rencontre-avec-une-armoire-a-grace/

et la version Lanegan tout seul, en provenance de Terre_43



qui est encore plus meilleure, je trouve; apparemment, Lanegan s'est impliqué dans tellement de collaborations diverses ces dernières années, qu'il y aurait de quoi faire plusieurs compilations pour les regrouper, je ne sais pas ce qui m'empêche de faire une crise maniaque et de m'y mettre.

jeu. 24 février 2022

Fin de partie pour Mark Lanegan. C'est bien triste. 


Finalement, il semble que survivre à des addictions aussi puissantes que l'alcool ou l'héroïne ne rende pas immortel. 
En plus d'être triste, je suis déçu.
En tapant "Lanegan" dans le moteur de recherche interne de mon blog, il se passe des trucs. 
Ou pas.

lundi 21 février 2022

The Sopranos - Peppers And Eggs - Music From The HBO Original Series (2001)

Deuxième salve de musiques entendues dans la série les Soprano, qui ne glorifie pas du tout la mafia, au contraire de certains films de genre, Coppola, Scorcese & associés. Les soldats de cette autre armée des ombres sont dépeints comme des petits patrons de PME bas du front, incultes, déclinistes, viscéralement réactionnaires, totalement ploucs et bien à la peine quand il s'agit de recruter de nouveaux candidats pour faire carrière dans le crime organisé (la mortalité est forte car le milieu professionnel est très accidentogène, et les ambitions plus grandes que les compétences, même si ça ne se met pas dans un CV, ça se devine)

Tony Soprano est de plus affligé d'une mère acariâtre, d'une épouse intraitable, d'associés bien teubés, de pulsions insatiables; il faut le voir embobiner sa ravissante psy, le Dr Melfi, et tisser autour d'elle sa toile mortifère. Il utilise tout ce qu'elle lui suggère pour "aller mieux" et étendre d'autant son Empire du Mal en devenant plus efficient, puisque c’est ce que les psys recherchent à obtenir chez leurs patients. Le Dr Melfi c'est la jolie, élégante et très maligne psychanalyste, qui se rend compte trop tard qu'on ne fait pas impunément la psychothérapie du Diable, parce que s'il va mieux, c'est d'autant plus d'humains qui vont s'engluer dans sa toile, puis mourir de façon scabreuse, et qui iront légitimement en Enfer, une annexe du New Jersey située quelque part dans l’arrière-pays. (peut-être le Delaware.)
Du coup, la psy, c’est un peu la Gourdasse Sublime, quoi. 
Il en faut, pour démythifier les psys, tout autant que la criminalité organisée.

Comme regarder la télé, par exemple
Ce qui est impressionnant dans Les Sopranos, c’est le mensonge. Chez les mafieux, encore, on peut le comprendre, ces gens c’est de la racaille, mais le problème, c’est que tout le monde se comporte comme eux. D’une certaine manière, ça les justifie. Tony Soprano gagne son argent d’une manière pour le moins craignos, mais quand sa psy accepte cet argent, quel message fait-elle passer ? Elle pourra toujours lui dire que ce qu’il fait n’est pas correct, en prenant son argent elle l’encourage de fait à continuer. J’ai particulièrement apprécié l’épisode où Carmela (la femme de Tony) va voir un vieux psy qui lui dit qu’elle doit divorcer sous peine de se sentir mal toute sa vie, et qui lui dit qu’il ne veut pas de son argent. En effet, il ne peut pas prendre cet argent et lui dire d’un autre côté qu’elle ne doit pas le prendre. C’est le seul type qui y voit clair de toute la série. Tous les autres sont complètement dans le coltar, dans des compromissions permanentes. (Flopinette de la Croisette, 2006)
t'as qu'à croire; Et puis t'as qu'à voir.

Je me demande si la série toute entière n’est pas une métaphore désenchantée  et crépusculaire sur le capitalisme et la libre entreprise évoqués sans ambages dans leurs dimensions autophages. Comme le dit un critique du Monde : "Pour savoir ce que raconte la vie des Soprano, il faudrait savoir ce que raconte la nôtre."

https://www.discogs.com/release/2919834-Various-The-Sopranos-Peppers-Eggs-Music-From-The-HBO-Original-Series

jeudi 17 février 2022

McDonald And Giles - McDonald And Giles (1970)

Un album prophétique à plus d'un titre
(Le disque en comptait cinq, et ils l'étaient tous)
Ian McDonald, musicien multi-instrumentiste de King Crimson version 1.0 a fusionné avec le Grand Tout la semaine dernière. 
Il fut un contributeur important de l'architecture sonore et de l'ambiance si particulière de l'album In the Court of the Crimson King, véritable acte de naissance du rock progressif que j'aurais tendance à confondre avec son faire-part de décès, tant son existence fut brêve mais intense. Si Dieu le veut, j'entendrai la flûte de Ian McDonald (sur "I talk to the wind") et son mellotron funèbre (sur "Epitaph") en entrant dans les bardös.



Prophétique, on vous dit.
Quel est le mot que vous comprenez pas
dans "prophétique" ?
Libération et Le Monde se sont fendus de nécrologies érudites et instructives, mais n'ont pas joint le disque souvenir pour 3,99€ prix maximum, parce qu'on n'est pas chez Pif Gadget, ni aux Editions Atlas.
McDonald et les frères Giles avaient quitté King Crimson juste après l'enregistrement du premier album du groupe (et juste avant de se faire virer par le stalinien Robert Fripp) pour râler ferrailleur ce "McDonald And Giles" qui sonne carrément comme un disque inédit de King Crimson 1.0 - hormis pour l'inspiration de Peter Sinfield, le parolier d'origine, responsable des « bûchers funéraires de politiciens » et autres « innocents violés au napalm » dans 21st Century Schizoïd Man, qui n'était pas de la partie. 

Seul Warsen semble s'être inquiété de savoir si l'on trouvait encore ce disque en ligne. N'ayant pas découvert de version mp3 accessible aisément sur des blogs musicaux, j'en remets une copie ici.


un fragment pas du tout passéiste de la pochette du disque
C'était ça ou finaliser ma compile en cours pour envahir l'Ukraine, qui n'est pas tout à fait prête. "Quand j'écoute King Crimsogne / J'envahirais bien la Pologne / Quand c'est du John_Warzen / J'éclaterais bien l'Ukraine" (Vladimir P., chanteur et lead-guitar du groupe de rockprog russe "The Moscow Butchers", bientôt de passage dans votre ville si vous habitez à l'Ouest de Kiev)

Elle est fraiche ma nécro :

https://www.liberation.fr/culture/musique/ian-mcdonald-le-sax-de-king-crimson-et-de-21st-century-schizoid-man-est-mort-20220211_TCCJ6DQHVVG6LKDCJY3W6LNCTI/

https://www.rythmes-croises.org/ian-mcdonald-un-birdman-sest-envole-dans-le-vent/

de bien chouettes chroniques sur le disque incriminé (disponibles partout sauf en Crimée)
- en français

https://classicrock80.wordpress.com/2022/02/13/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-1970/

 - english spoken

https://presentingmyrecordcollection.blogspot.com/2020/04/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles.html

http://jivetimerecords.com/2018/08/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-island-1970/

https://basilios.wordpress.com/2006/05/01/mcdonald-and-giles-mcdonald-and-giles-1970/

https://jazzrocksoul.com/artists/mcdonald-and-giles/

- l'album sur youtube pour goûter si ça sent bon et de quoi ça parle

https://www.youtube.com/watch?v=LMff9CM7yPU

hors collection et sur devis :
- Pourquoi y-a-t-il quelque chose au lieu de rien ?

https://www.youtube.com/watch?v=zORUUqJd81M

21 façons de rester en paix

https://thework.fr/21-manieres-de-rester-en-paix-selon-byron-katie/

non mais sans blague.

jeudi 10 février 2022

The Sopranos - Music from the HBO Original Series (1999)

Nouvelles têtes sur mon blog de vieux.
Quoique...
J'écoute des vieux disques. Je lis des vieux livres. Je fréquente des blogs de vieux, bien que ce terme soit désormais pléonastique. Pourquoi ne pas regarder des vieilles séries, en attendant la saison 4 de the Marvelous Mrs Maisel qui démarre le 18 février ? Car à vouloir me refaire une culture corporate, j'ai imprudemment ingurgité en l'espace de deux semaines (et sous la menace de la mère de mes enfants) l'intégralité des 4 saisons disponibles de 10 pour cent, la série humoristique française sur le métier d'agent artistique, bien écrite, interprétée et rythmée. A chaque épisode, une vedette de cinéma joue son propre rôle avec une certaine autodérision. Uh-uh. Ça marche du feu de dieu, à tel point qu'un remake anglais est en cours. Il est néanmoins temps de me ressourcer sur mes vraies valeurs hard-boiled badass humanistes nihilistes woke LGBTQAI+.

Au début des années 2000, deux séries télévisées ont bâti des figures du Mal Absolu très réalistes : - Tony Soprano dans Les Soprano, un mafieux italo-américain souffrant de crises de panique qui le poussent à fréquenter une psychiatre, mais qui reste un prédateur-né pendant sa thérapie; il est doté d'un sixième sens pour sentir les lignes de faille en tout être humain puis s'engouffrer dedans pour y jouer son petit air à base de fracturation hydraulique, muni d'une simple perceuse et d'une mêche Ø 12.
- Vic Mackey, flic corrompu des mauvais quartiers de Los Angeles dans The Shield, qui bascule du côté obscur de la Force pour de bonnes raisons au départ, mais après ça se met de moins en moins bien. Ni Glenn Close ni Forest Whitaker ne parviendront à le remettre dans le droit chemin.

Tony Soprano écoutant sa thérapeute (jouée dans le contrechamp par l'immense Lorraine Bracco)
lui raconter l'anecdote suivante : le dimanche 27 août 1909, en fin d'après-midi, Freud, Jung et Ferenczi, accoudés au bastingage, voient New-York se profiler derrière la statue de la liberté.
C'est alors que Freud aurait dit ce mot légendaire qui fait partie de la saga du mouvement psychanalytique : " Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste ! " La psychanalyse est alors considérée aux États-Unis comme un cocktail plutôt nauséabond, composé pour moitié de mysticisme et pour moitié de pornographie.

Nous parlerons de tout cela plus tard. Ou alors, j'en parlerai tout seul, seul devant Dieu et mon ordinateur, as usual. Pour l'instant, je ressors mes DVD de la saison 1 des Soprano (titre de la série en français, pour une fois assez bien traduit de l'anglais The Sopranos) qui servaient à caler l'armoire. 
Je regarde les épisodes 3 et 4 en croyant que c'est les 1 et 2, parce qu'aucun signe distinctif n'orne la rondelle du CD et que de ce fait je les ai mal rangés dans les boitiers il y a vingt ans, our sins cast long shadows, mais c'est pas grave, cette Amérique crépusculaire et dépressive, déjà confite dans la nostalgie du business florissant de la pègre du temps de Frank Sinatra et de Dean Martin,  je m'y sens comme chez moi, bien que j'aie grandi à Perros-Guirec, loin du New Jersey, et c'est dire l'influence maléfique de la télévision sur l'imaginaire provincial. 
Sauf que les épisodes sont encodés en 4/3. Je découvre dans un commentaire Amazon que j'ai été la proie des margoulins. L'édition 4 DVD en 16/9 est de loin préférable à l'ancienne édition 6 DVD qui était en 4/3 recadré (malgré les promesses de la jaquette) et qui a été maintenue pendant une durée inacceptable au catalogue français. 

Chouette ! D'avoir été blousé par la mafia des éditeurs de DVD ne va pas m'encourager à acheter les Blu-Ray; d'ailleurs je n'ai pas de lecteur. Hors de question de revisiter en 4/3 une série tournée en 16/9, et je suis contraint de me rabattre avec une joie dissimulée vers le marché noir, qui propose des copies 16/9 en 1080p auprès desquels mes DVD vont ressembler à des VHS. Et j'écoute le premier volume de la bande originale, redécouvrant de bonnes chansons d'Elvis Costello ou de Bob Dylan placées dans une nouvelle perspective. 

C'est des trucs qui n'arrivent que quand on écoute des bandes originales sans savoir pourquoi : en fait, c'était pour voir s'ouvrir des fenêtres auxquelles on n'aurait pas pensé. Mais on ne le sait qu'après.
Putain, c'est beau, ce que tu dis, Warsen. Tu devrais écrire.

https://www.discogs.com/fr/master/72684-Various-The-Sopranos-Music-From-The-HBO-Original-Series


Ne serait-ce que pour la découverte de "The Beast In Me" dans le générique de fin du pilote de la saison 1, chanson de Nick Lowe écrite pour son beau-père Johnny Cash. 
Magnifique.



jeudi 3 février 2022

Sylvain GirO & le chant de la griffe - La rue des lilas (2019)

L'avant-guerre, c'est maintenant : en prélude discret au conflit Russie/Ukraine, que je ne souhaite pas voir éclore mais qui s'annonce un peu incontournable dans les gazettes, John Warsen te propose ce soir deux expériences subjectives de la guerre conventionnelle, expériences antagonistes mais souvent complémentaires, à une époque où l'on pourrait se contenter de se combattre mollement via les drones Amazon de Jeff Bezos : 

- "Quand un soldat "le point de vue du soldat, donc, écrit par Francis Lemarque en 1951 ou 52, le wiki a la mémoire qui flanche concernant la date exacte, mais restitue finement le contexte, parce que des chansons antimilitaristes interprétées par Yves Montand en pleine guerre d'Indochine, ça le fait moyen. 

la photo du disque a été prise par un reporter de guerre,
juste avant qu'il se fasse sauter la rondelle.

Pas n'importe quel soldat : le militaire par défaut. Le conscrit, quoi. Celui qui ne considère pas que "l'ennemi est bête : il croit que l'ennemi, c'est nous" (Desproges) mais qui pense que la guerre est l'ennemie de la vie. Comme le Mattéo de Gibrat, quoi.
Quand un soldat est le précuseur du Déserteur de Boris Vian sorti en 1954, enfin quand je dis "sorti"' c'est une façon de parler puisque les deux chansons seront interdites de diffusion à la radio jusqu'en 1955.
Francis Lemarque recevra tardivement le grand prix de la Chanson française de l'Académie Charles-Cros des mains de Jack Lang en 1981, et sera encore plus tardivement nommé chevalier de la Légion d'honneur, ce qui a certainement réduit d'autant son espérance de vie. 



"La rue des lilas" évoque le point de vue du civil, qui sort lui aussi rarement grandi du conflit, écrit et interprété par Sylvain GirO (2019) qui chante les horreurs de la guerre comme s'il y était.


jeudi 27 janvier 2022

Midnight Oil - Species Deceases EP (1985)

Le gentil kangourou il était tout crabouillé sur la route,
il finira tout nempaillé dans le salon.
1985 : Midnight Oil est un groupe australien vigoureux et tonitruant, mené par un Géant Vert (et faux frère de Monsieur Propre) qui milite pour une gestion responsable de la planète et les droits des aborigènes tout en faisant un barouf du diable, longtemps avant que tout soit fichu, sauf pour Zemmour et Houellebecq, les hyènes déclinistes. 
Dans la foulée des deux albums qui les font connaitre en France,10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 et Red Sails in the SunsetMidnight Oil sort un EP 4 titres sur la sixième extinction ("Décès d'espèces", prédestiné à finir sur mon blog tombal), que j'ai complètement pas vu à l'époque, et qui s'avère trente-sept ans plus tard aussi bruyant et braillard que leurs productions de l'époque. 

Ce film est déconseillé
par l'Office du Tourisme australien
2018
l'Australie part en fumée, et des millions de koalas rejoignent soudain leur maman au paradis des mamans koalas grillés, qui jouxte celui des enculés alcooliques qui tiraient les kangourous à la carabine dans le bush juste pour rigoler dans le film Wake in Fright, ô combien halluciné et violent, comme beaucoup de films australiens. Quel impact auront eu les lanceurs d'alertes musicaux de Midnight Oil sur le réchauffement climatique, depuis quarante ans qu'ils bourrinent le sillon du rock protestataire, et malgré le  méga-tube Beds are Burning sur l'album Diesel and Dust, l'année d'après "Décès d'espèces" Rien. Nada. Que dalle. Et que peut aujourd'hui le rock pour retarder l'apocalypse ? au mieux fermer sa gueule, au pire jouer sur des guitares en bois pour réduire son bilan carbone, comme le démontrent Blain et Jancovici. 

2022 : Warsen va faire du ski grâce au Comité d'Entreprise de l'ORTF, et fait alors exploser son bilan carbone sans remords, car grâce à la pandémie et au fait qu'on soit hors vacances scolaires, il est quasiment seul sur les pistes bleues, et il y prend un pied pas possible, malgré la frugalité des contacts humains. La semaine prochaine il retournera au centre de cancérologie, mais pour l'instant il s'en fout, car il sait que c'est pas tous les jours demain. Heureusement que la station est déserte, car comme à chaque fois qu'il fait du ski il a 10 ans et 10 kgs de plus que la fois d'avant, il pourrait sans y prendre garde s'emplafonner de plein fouette un skieur issu de la diversité, et ça serait difficile de retrouver assez de fragments de l'infortuné pour pratiquer une inhumation décente. Mais le seul black qu'il croise sur les pistes, c'est l'employé municipal préposé à lui tendre la perche au démarrage du tire-fesses.

C'est si calme dans les Pyrénées qu'on pourrait y entendre
Steve Roach entonner une "ode au Silence" sur un Prophet 5 unplugged.
De la pauvre cabane en rondins jouxtant le départ du téléski dans laquelle le lointain neveu de l'oncle Tom se réchauffe à coups de rhum arrangé entre deux skieurs, s'échappent à gros bouillons les flonflons de Beds are Burning, qui déclenche alors l'anamnèse chez Warsen, dont les synapses sont hyper-aiguisées, à force de sniffer toute cette blanche sur les pistes noires. Il se dit qu'à son retour en plaine, il lui faudra écrire un article sur l'urgence climatique vue par Midnight Oil trente-sept ans plus tôt, parce que c'était quand même des visionnaires.

Warsen est un peu jaloux d'un copain qui vit à la montagne et qui pratique la photo animalière,
m'inondant régulièrement d'instantanés d'espèces en déclin sans nuire à personne.

 Le seul animal sauvage que j’aie réussi à photographier, c’est la balise de piste bleue
« lou lapadé » surgissant du brouillard juste avant de me la prendre dans le plexus.

Entre-temps, Peter Garrett avait lâché sa guitare pour mettre ses actes en accord avec ses pensées, en embrassant une carrière politique dans les rangs des écologistes. 
Toi qui ne prends jamais position, raconte combien c'est difficile de ne pas se compromettre. Le wikipédia français est trop mal écrit, mais on devine que son odyssée parlementaire ressemble plus à un film à sketches qu'à l'irrésistible ascension d'Emmanuel Omicron; d'ailleurs, le chanteur du groupe australien ressemble de plus en plus à un Michael Chiklis sous chimio. Michael Chiklis, tu l'as vu dans Don't look up, un film amusant sur la bêtise humaine qui nous emmène gaiement dans le mur, et tu ne l'as pas reconnu. Et encore, tu ne t'es pas vu sur tes selfies sur le télésiège. 
Question subsidiaire : démontre pourquoi les chansons ça sert à rien, sans utiliser le mot "francis_lalanne".

des Bonus en cascade :

- la chronique de Species Deceases EP (1985) ici :

http://clashdohertyrock.canalblog.com/archives/2018/06/18/36394826.html

- le disque, en préécoute sur Youtube

https://youtu.be/F0hcBddhn8k

- le même EP en mp3, miraculeusement repompé sur un serveur russe, comme si tu y étais :

https://www.mediafire.com/file/ogd0ntr22rdcd7u/1985_SD_(EP).zip/file

- après étude de votre dossier, il semble que la légende continue, et qu'un nouvel album sorte prochainement, si l'Australie ne finit pas de brûler d'ici là :

https://www.midnightoil.com/midnight-oil-releases-new-song-from-their-forthcoming-album-resist/

jeudi 13 janvier 2022

The The - Sweet Bird Of Truth (2021)

The The ? Vous voulez dire LE 
The The ? Le groupe de Matt Johnson, qui avait enregistré deux albums formidables dans les années 80 ? Ils se sont reformés ? Ils refont des trucs ?
Je ne me lasse pas de relire leur saga. 
Ni de réécouter Infected, une fois par décade. La sortie de ce double live de 2018 au Royal Albert Hall a été annoncée trois ans plus tard, pendant le meeting de Evid Gilzmmour à Villepinte, et on a frôlé l'émeute. Pire qu'aux Transmusicales de Rennes.
Et qui de mieux que  Matt Johnson pour reprendre les vieux succès de  Matt Johnson avec une voix caverneuse qu'on dirait enregistrée dans des conditions acoustiques douteuses ?

1/ Observe bien la vidéo de 2018 de la chanson de The The "Sweet Bird Of Truth" 



2/ 
Compare-là avec la vidéo issue de l'album en 1986



3/ Pleure un bon coup sur le temps qui passe et qui, aux plus belles choses, se plait à faire un affront, et saura faner vos roses comme il a ridé mon front.

3 bis/ Va t'acheter un cactus à mescaline chez zamnesia, tu l'as bien mérité, et passe plusieurs années à le regarder pousser en lui faisant écouter du Steve Roach, et pendant tout ce temps tu ne seras pas au cyber-bistrot. N'oublie pas de bien étudier le tuto pour pas te louper, et de pousser le thermostat de ta maison jusqu'à 35°, même si ta femme gueule parce qu'il fait trop chaud et qu'elle a lu le dernier bouquin de Jancovici avec Christophe Blain.

4/ Relis l'article pondu par Warsen, qui se prétend ton serviteur mais qui n'est que celui du démon de l'ordinateur, un jour où il se croyait en forme. Si ça se trouve, toutes les vidéos sont encore encapsulées dedans, et y'a plus qu'à se baisser pour les ramasser.

jeudi 6 janvier 2022

The White Lotus Unofficial Soundtrack (2021)

Après avoir déclaré publiquement que je cessais d'en regarder, j'ai prudemment attendu 2022 pour faire le malin avec toutes les chouettes séries récentes vues dans les douze derniers mois de 2021, des séries à durée et à prix mini comme The White Lotus, The North Water, Years and Years, The Good Lord Bird, mais pourquoi pas aussi celles que j'ai du mal à suivre tant elles sont barrées  (The Midnight Gospel) et celles que j'ai très rapidement laissées tomber (Succession, Foundation, Teheran) pour montrer que je reste quand même à fond en état de veille technologique, malgré mon air de ne dormir que d'un oeil, mais en fait si on regarde d'un peu plus près l'historique de mon lecteur multimédia de salon, on y trouve surtout (en plus de la trilogie John Wick et de la première saison de The Expanse pour me chauffer en attendant la prochaine et dernière) 
- les Brigades du Tigre (1974)
- les Nouvelles Aventures de Vidocq (1971) 
En effet, inconsolable de la mort de Marcel Bluwal, quand tout le monde dort, je me les repasse en boucle.
C'est très gênant. 
On n'a refait que l'affiche, parce que retoucher toute la série image par image,
merci bien,  on serait débarrassés du Covid qu'on y serait encore.
(en début d'année, bien mettre les choses au conditionnel)
Sans parler des derniers films qui m'ont plu : Le port de l'angoisse (1944) et Le grand sommeil (1946) car je ne dors plus beaucoup par moi-même depuis quelques semaines. Enfin, ça va un peu mieux quand je ne m'excite pas trop en cédant aux charmes surannés de l'auto-addiction devant ce bon vieil ordinateur à pédales. 
Ce n'est pas une insulte homophobe, c'est vraiment un ancien modèle. 
Et Dieu sait que pour pédaler, on est là.  
Mieux vaut encore me titiller le neurone devant tous ces programmes furieusement déjantés, sans compter The Sinner S04 et WandaVision que je viens de commencer et qui ressemble au fameux épisode S02E06 de Mister Robot (dans lequel Elliot se voit dans une sitcom du début des années 90, avec ses parents et Darlene, dans un road trip étrange. La situation devient de plus en plus absurde, et il comprend qu'il est dans un état dissociatif créé par Mr. Robot afin de l'empêcher de ressentir la douleur des coups portés par les hommes de main de Ray. Après deux jours dans le coma, Elliot reprend conscience et, quelque temps plus tard, il est emmené de force dans une cave alors qu'il se remet à peine de ses blessures. J'ai bien fait de ne pas regarder de sitcom au début des années 90)
Malheureusement, y’a un abruti de journaliste dans Télérama qui a tout divulgâché l’argument de WandaVision alors que je n’en avais vu que 3 épisodes.
Je me doutais que ça n’allait pas finir bien. Le problème, c'est qu'une fois lu, on ne peut dé-lire un spoil de Télérama.
Que Saint Igor et Saint Grichka le patafiolent.
M'enfin, ce sont quand même des problèmes de riche. 
Ce que j'ai vu de mieux en 2021, ça reste The White Lotus : 
Un hôtel de luxe à Hawaï, parfait condensé des hypocrisies sociales et des injustices qui régissent le monde (...) en six épisodes inconfortables et hilarants, une impitoyable critique d’une certaine Amérique, de ses privilèges et de la façon dont elle écrase les minorités qui l’entourent. Un jeu de massacre pourtant étrangement attachant, porté par une distribution impeccable, dont Connie Britton, parfaite en femme d’affaires workaholic. (...) Près de dix ans après l’inoubliable Enlightened, série créée avec Laura Dern, Mike White confirme tout le bien que l’on pensait de lui : il est l’un des auteurs les plus brillants du moment.

Comme sur ce blog, l'équipe du White Lotus vous accueille toute l'année dans la bonne humeur,
dût-elle en perdre le boire et le manger. Et les clés de votre chambre. Et son self-control.

L'interprétation est magnifique, c'est vraiAutant je n'ai pas été emballé par "Enlightened", la précédente série de l'auteur découverte à l'occasion de cet article de Télérama (garanti sans spoil) sur laquelle je me suis d'abord jeté, en plus elle est assez dure à trouver, sans parler du fait que j'ai bien galéré pour trouver des sous-titres décents et les resynchroniser, autant là, c'est la révélation sans fard et l'acclamation à gorge déployée dans le hall de mon salon devant le téléviseur Trinitron 37 cm. 
Chaque acteur porte son personnage au delà de l'incandescence menant à la combustion spontanée, et le directeur de la photo qui fait baigner ces péripéties hôtelières dans un crépuscule couleur test d'urine compromettant pour sportif en chambre, c'est magnifique.
Et en plus, ça semble assez probable, quand on regarde les locations saisonnières.

https://www.tripadvisor.fr/Hotels-g29217-zff12-Island_of_Hawaii_Hawaii-Hotels.html

Et pourquoi donc alors The White Lotus Unofficial Soundtrack

La musique composée pour la série, envahissant de ses renoncules fuligineux les péripéties hawaïennes jusqu'à quasiment en asphyxier ses récipients d'air, sauf un qui s'en sort mieux qu'il n'y était entré, mais on vous dira pas qui parce que y'a pas marqué Télérama, est l'oeuvre de Cristobal Tapia de Veer, connu dans le quartier pour avoir contresigné la musique de Utopia, la série anglaise inquiéto-pandémique de sinistre mémoire puisqu'il s'avère de plus en plus que finalement, tout était vrai.
Cristobal (j'ai un tonton qui m'appelait comme ça, à cause de la chanson de Pierre Perretdont je regarderais presque n'importe quoi s'il l'avait musicalement illustré, bien que je me sois déjà fait avoir une fois ou deux.



Le générique de début est vénéneux, voire neurotoxique. 
Ne le regardez ni ne l'écoutez, sinon vous allez vous retrouver dans une librairie à acheter le dernier Houellebecq, et il sera bien tard pour faire machine arrière.
En dehors de l'oeuvre de tonton Cristobal, on entend tout au long de la minisérie des musiquettes pseudo-hawaïennes, qu'on peut identifier sur le site tunefind que des malades mentaux ont créé pour que d'autres malades viennent s'y abreuver, collecter le fruit de leurs rapines, et le proposer à l'édification de la populace esbaubie, comme dans les contes fripons de Cabanes, tout en respectant l'ordre de leur diffusion dans l'arc narratif de la série.
 



Les morceaux empruntés à Nā Mele Hawaiʻi : A Rediscovery of Hawaiian Vocal Music par The Rose Ensemble, une chorale du Minnesota spécialisée dans la musique ancienne, m'a fait verser de chaudes larmes, de par la profonde beauté de leurs chants, je tenais à le signaler, parce que c'est pas tous les jours, et que ça m'a contraint à acquérir leur album à 9,99€ en urgence sur Qobuz, après 6 mois de réflexion financière (en 2021, j'ai obtenu un CDI, mais à mi-temps, alors c'est bien le mi-temps mais ça vaut un demi-salaire.)
D'autant plus quand je m'ai aperçu que leur version de Aloha 'Oe (un traditionnel du coin qu'ils reprennent en y ajoutant une pointe d'Ave Maria) ressemble phonétiquement trait pour trait à l'intro du Hawaiian War Chant de Spike Jones, qui l'inclut sans le dire.
Et je le prouve :

Ha'aheo ka ua ina pali
Ke nihi aela ka nahele
E hahai ana i ka liko
Pua ahihi lehua o uka

...le Hawaïen, cette langue singulièrement dépourvue de consonnes fricatives, sans lesquelles il semble malaisé de proférer une quelconque insulte, cette langue qu'on parle sans aucun accent après l'ablation des gencives. Et comment entonnerait-on un chant de guerre sans gencives ? Je vais finir ma purée avant de répondre.

vendredi 31 décembre 2021

Une anthologie des films de James Bond

Au départ, je me suis fait un film.
De James Bond.
Dans lequel je me suis noyé.
 Alors j'ai lâché prise, et j'ai fait un article expliquant pourquoi je ne faisais pas le film.
https://johnwarsen.blogspot.com/2021/12/balance-ton-zmm0ur.html
Dans lequel je me suis perdu.
Alors j'ai fini le film.
La mauvaise nouvelle, c’est que j’ai décidé de l'enterrer ici.



Il sera bien, au milieu de ses collègues.
La bonne nouvelle, c’est que j’arrête les vidéos pour le moment, ça me fatigue l’œil pas fermé de la nuit, tout ce télétravail bénévole quand ça prend ces proportions.
Et c’est aussi un peu la panne d’inspiration, après la surdose de trop comme on dit quand on a avalé une inflation pléonastique du vocabulaire.
Après une période « prévention de la rechute dépressive par le cancer » et une autre de « prévention du Covid par la rechute maniaque » je pense tenter autre chose, en 2022.
J’ai peur de lasser, aussi.