Deuxième salve de musiques entendues dans la série les Soprano, qui ne glorifie pas du tout la mafia, au contraire de certains films de genre, Coppola, Scorcese & associés. Les soldats de cette autre armée des ombres sont dépeints comme des petits patrons de PME bas du front, incultes, déclinistes, viscéralement réactionnaires, totalement ploucs et bien à la peine quand il s'agit de recruter de nouveaux candidats pour faire carrière dans le crime organisé (la mortalité est forte car le milieu professionnel est très accidentogène, et les ambitions plus grandes que les compétences, même si ça ne se met pas dans un CV, ça se devine)
Tony Soprano est de plus affligé d'une mère acariâtre, d'une épouse intraitable, d'associés bien teubés, de pulsions insatiables; il faut le voir embobiner sa ravissante psy, le Dr Melfi, et tisser autour d'elle sa toile mortifère. Il utilise tout ce qu'elle lui suggère pour "aller mieux" et étendre d'autant son Empire du Mal en devenant plus efficient, puisque c’est ce que les psys recherchent à obtenir chez leurs patients. Le Dr Melfi c'est la jolie, élégante et très maligne psychanalyste, qui se rend compte trop tard qu'on ne fait pas impunément la psychothérapie du Diable, parce que s'il va mieux, c'est d'autant plus d'humains qui vont s'engluer dans sa toile, puis mourir de façon scabreuse, et qui iront légitimement en Enfer, une annexe du New Jersey située quelque part dans l’arrière-pays. (peut-être le Delaware.)
Du coup, la psy, c’est un peu la Gourdasse Sublime, quoi.
Il en faut, pour démythifier les psys, tout autant que la criminalité organisée.
Comme regarder la télé, par exemple |
Ce qui est impressionnant dans Les Sopranos, c’est le mensonge. Chez les mafieux, encore, on peut le comprendre, ces gens c’est de la racaille, mais le problème, c’est que tout le monde se comporte comme eux. D’une certaine manière, ça les justifie. Tony Soprano gagne son argent d’une manière pour le moins craignos, mais quand sa psy accepte cet argent, quel message fait-elle passer ? Elle pourra toujours lui dire que ce qu’il fait n’est pas correct, en prenant son argent elle l’encourage de fait à continuer. J’ai particulièrement apprécié l’épisode où Carmela (la femme de Tony) va voir un vieux psy qui lui dit qu’elle doit divorcer sous peine de se sentir mal toute sa vie, et qui lui dit qu’il ne veut pas de son argent. En effet, il ne peut pas prendre cet argent et lui dire d’un autre côté qu’elle ne doit pas le prendre. C’est le seul type qui y voit clair de toute la série. Tous les autres sont complètement dans le coltar, dans des compromissions permanentes. (Flopinette de la Croisette, 2006)
t'as qu'à croire; Et puis t'as qu'à voir. |
Je me demande si la série toute entière n’est pas une métaphore désenchantée et crépusculaire sur le capitalisme et la libre entreprise évoqués sans ambages dans leurs dimensions autophages. Comme le dit un critique du Monde : "Pour savoir ce que raconte la vie des Soprano, il faudrait savoir ce que raconte la nôtre."
https://www.discogs.com/release/2919834-Various-The-Sopranos-Peppers-Eggs-Music-From-The-HBO-Original-Series
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