jeudi 5 juin 2025

L'horreur existentielle de l'usine à trombones

Je ne regarde jamais de vidéo sur YouTube. Les vidéos en streaming sont une des figures du Mal, comme Arte le dénonce courageusement dans une série de vidéos en streaming disponibles pendant encore 5 jours avant que l'I.A. ne les trouve et les efface des réseaux.
Une fois dans ma life j'ai fait une exception, pour mater des vidéos de vulgarisation scientifique sur les trous de vers, le paradoxe de Fermi ou l'ultra-moderne solitude. 
Là, oui, c'était intéressant, mais sinon, non. Un proche m'a envoyé l'autre jour un petit clip où l'on voyait des bébés, affublés des visages très juvéniles de Zelensky, Macron et autres Puissants faire des blagues de mioches, en plus c'était sur facebook, que je refuse encore plus que YouTube, mais on peut quand même voir la vidéo sans avoir de compte
Mon sang ne fit qu'un tour, et je pestai derechef contre le gaspillage de ressources dépensées dans ce clip, dont le seul but semblait être l'autopromotion des astuces de l'I.A. générative. Quand on sait la quantité de ressources affectées au développement de ce golem informatique, puis déployées à la production de blagues à trois balles qu'un dessinateur de BD pourrait crobarder en 5 minutes tandis que la planête se réchauffe encore plus qu'avant sous l'effet de l'accumulation des data centers, il y a effectivement de quoi mourir de rire. En retour de ma diatribe intra-familiale, je reçus ceci :




Comme je ne voulais pas m'abimer dans de nouvelles imprécations avant de savoir sur qui jeter l'anathème, je visionnai la vidéo, malgré sa longueur. Mise en images un peu à la David Castello-Lopes. Propos très clair, après une introduction un peu longuette. Sans nul doute la meilleure vidéo de vulgarisation des dangers et biais cognitifs de l'I.A. que j'aie jamais regardé, quand bien même ce fut la seule.
L'horreur existentielle de l'usine à trombones me rappelle la malédiction jadis réactivée par les malheureux héros de "La clé laxienne", une histoire lue dans "les univers de Robert Sheckley" illustré par Moebius
et récemment reparue dans "deux hommes dans les confins" qui regroupe l'intégrale des aventures de Arnold et Gregor.
Quelques jours plus tard, un admirateur secret, sans doute affligé de la perte de ma prostate, m’envoie un sex-toy à mon effigie.


Si je me livre à des pratiques contre-nature avec cette figurine, est-ce que ça fait de moi un auto-enculé, comme papa ?
Plus grave, ça ne pose à mon pote aucun problème d’utiliser une technologie qui coûte des milliards en R&D pour faire des blagues à trois balles, certes sophistiquées sur le plan du traitement graphique, qui participent insidieusement à la toystoryfication du monde, tout en restant des blagues à 3 balles. Seuls les sociologues des media sont contents, ils se réjouissent de l’appropriation des outils par le grand public.
J’ai beau dire à mon copain qu'utiliser l’I.A. pour ça (ou pour se fabriquer des images porno selon les goûts et inclinations de chacun, qui sont très variés, me suis-je laissé dire par les chercheurs), c’est valider implicitement le plan de Macron d’installer un Data Center dans les chiottes de chaque Français pour que la StartUp Nation reste bien placée dans la course au Néant, hé ben mon pote il ne voit pas le problème, et je passe pour un Schtroumpf à lunettes, jaloux et moraliste.
 
Je prétends aujourd'hui préférer regarder le réel en face et sans filtre.
Ca n'a pas toujours été le cas.

PS : J’étais curieux de savoir quelles instructions mon pote avait pu donner à ChatGPT, cet affable et volubile Moloch, pour obtenir la poupée Warsen.  Qui a écrit le prompt que tu as utilisé ? tu l’as acheté, volé ou conçu toi-même ? le questionnai-je. Voici sa réponse :

Le prompt a circulé sur les réseaux sociaux et  même sur certains journaux. Je n'ai ni eu l'envie de me creuser la tête ni de payer pour le prompt, un simple copier coller aura suffi.
Pour générer le modèle "Warsen" il faut un prompt particulier (que je te joins si tu veux essayer:
-Crée un rendu 3D de haute qualité d'une figurine en style cartoon, présentée sous blister, à la manière d'un jouet de collection. Le fond en carton est <COULEUR> et porte une étiquette de jouet rétro. En haut au centre, en grandes lettres majuscules et en gras, dans un cadre jaune au contour noir, écris "STARTER PACK". Juste en dessous, tu peux écrire <NOM> en plus petit en bas à droite. En haut à droite, un badge bleu circulaire indique "ACTION FIGURE". En haut à gauche, une petite bulle blanche indique "4+".
Le personnage se tient debout, moulé dans une boîte en plastique transparente fixée sur un support en carton plat. Il doit ressembler à la photo que je joins. Son visage est <CARACTÉRISTIQUES DU VISAGE>, avec une pose <CARACTÉRISTIQUES DE LA POSE>. Le ton général est léger et réaliste.
La figurine porte <INDIQUER LES VÊTEMENTS + COULEURS>. Sur le côté de la figurine, intégrés dans des moules en plastique distincts, expose 3 accessoires miniatures : <ACCESSOIRE 1>, <ACCESSOIRE 2>, <ACCESSOIRE 3>. Chaque accessoire s'insère parfaitement dans son propre compartiment moulé.
L'emballage est photographié ou rendu avec des ombres douces, un éclairage uniforme et un fond blanc épuré pour donner l'impression d'une séance photo commerciale. Le style doit allier réalisme et stylisation du dessin animé 3D, à l'image de Pixar ou des maquettes de jouets modernes. Assure-toi que la disposition et les proportions du produit ressemblent à celles d'un véritable jouet vendu en magasin.)
tu colles la photo de ton choix sur L' IA et tu as le resultat.

Je mettrais bien la photo de ma femme y'a 25 ans
dans ChatGPT pour en faire un sextoy,
mais je la connais, ça va encore pas lui plaire.

Si je comprends bien, sa seule fantaisie a consisté à choisir les accessoires de la figurine, ainsi que l’inscription sur le T-Shirt, qui ne sont pas dans le script. Fichtre. Moi, la seule fois où j’ai testé une I.A. générative, j’ai obtenu ça. J’ai tout de suite compris qu'étant au-delà de la condition humaine, elle avait plus d’humour que moi, elle avait rajouté des détails que je n'avais pas demandés, ce qui en faisait une concurrente imbattable, et j’ai lâché l’affaire. 
Mais comme ma curiosité a été piquée par la poupée Warsen, je viens de demander à une I.A. de réaliser un portrait de la femme idéale, et par un hasard étrange, elle ressemble beaucoup à une photo de la mienne y’a 25 ans, quand j’étais trop occupé à dénoncer sur internet les dangers d’internet pour la regarder. On m’y reprendra !
Je prépare quand même un nouvel article mettant en garde contre les dangers de l’IA, que je ferai valider par l’I.A. Je crains qu’il n’ait que peu d’impact.


En 1997, John Warsen avait une prostate et des slogans chic et choc.

jeudi 29 mai 2025

Prisonnière de l'inutile (3) : la compile

Nous ne savons jamais avant la fin si ce qui nous arrive n'est Rien, aussi douloureux que ce soit, ou Tout, aussi insignifiant que ça paraisse. C'est ce que me disait une psy dans les années 90, et je me disais que quand même, elle en avait sous la godasse.
35 ans plus tard, pour l'instant (08h33), rien ne la dément. 
L'incertitude est seule à demeurer certaine, et l'impermanence reste permanente. Raison de plus pour écouter ce nouveau florilège à fond les gamelles en désherbant le potager, ne serait-ce que pour faire suer le voisin qui a décidé de faire construire une nouvelle maison le long du mur qui délimite notre propriété. 
La propriété c'est le vol, disait Proudhon en pensant aux mecs qui téléchargent.


Il n'y a pas beaucoup de nouvelles nouveautés, dans ma playlist. Je n'en disconviens pas. La trouvaille, c'est Francis Cabrel qui, se réappropriant une antienne de Gérard Manset, gomme ses facilités, élude la préciosité de son désespoir aromatisé à la banane pour en faire quelque chose d'assez décent, en tout cas pour ceux qui apprécient la cabrélisation des oeuvres, pour qui c'est ainsi qu'on voit la grandeur consécutive d'Allah.

lundi 12 mai 2025

Et ta mère, elle serait pas elle aussi un peu prisonnière de l'inutile, sur les bords ? (2)

Je m'en souviens comme si c'était théière,
c'était sur leur deuxième album 
de chansons inutiles pour assistés sociaux

En ce bas monde, une chose est sûre
C'est une solide vérité
C'est que les choses de la nature
Ont toutes leur utilité
(...)
Dans tout cela, il y a un hic
Un fier défi à la logique
J'ai beaucoup cherché mais en vain
Les couilles du pape ne servent à rien.



Que ma vie ne fût jamais utile à quoi que ce soit — un choix délibéré de ma part — ne pouvait me dédouaner du problème de mon existence. On ne peut pas inexister quoi qu’on fasse. (...) Enfin, je ne vais pas te refaire une théorie sur notre inutilité tout court, elle est assez flagrante pour ne pas en abuser.
Thierry N., "échanges publics aux bons extraits de mails privés"

 Saint Hubert Reeves,
le pape de la margarine astrale
L'éventuelle blessure narcissique de mon inutilité ne suinte plus, depuis que je monte en CDI les actualités régionales à FR3. Il m'apparait en substance et sans substances que nous sommes les organes sensoriels de l'univers, ce que Saint Hubert Reeves a dit de fort jolie façon "par les yeux du petit garçon, l'univers prend conscience de lui-même..." (par les yeux de Vladimir Poutine ça marche aussi, mais moins bien)...donc notre utilité, quoi qu'on fasse ou ne fasse pas, est quasiment ontologique. Partant, nul besoin de souffrir de son inutilité sociale, ou de ne pas aider suffisamment cette société gangrénée à rejoindre l'abîme plus vite que la musique. Certes, il y a des gens qui sont heureux en aidant leur prochain, genre fais à autrui ce que tu aimerais qu'on te fasse, moi-même je ne m'en prive pas, mais beaucoup d'autres sont soulagés de ne pas participer à la marche du monde, et vu la gueule du monde ces jours-ci au réveil, et des fois jusqu'au coucher, on les comprend.
 
ce week-end, j'étais Bob et je bossais,
mais l'encadrement faisait le pont du 8 mai.

Pour Gérard Manchié, je te taquinais, et je plaide coupable : le chanteur était un nombrillidé infatué et mortifère, se parfumant d'un air entendu au charme vénéneux des grands voyageurs, faisant croire qu'il était une sorte de Lavilliers décliniste de l'Asie du Sud-Est, jusqu'à ce qu'on découvre qu’en fait il profitait de ses royalties pour enfiler des gamines en Thaïlande, il s'en vante d'ailleurs dans son récit “Royaume de Siam”, moins réussi que son disque éponyme... c'est la French Touch, pray ze lorde ! mais j’étais prédisposé à tomber dans ses filets, et à me faire enfler, au moins par les oreilles. Je brûle l'idole jadis adorée, et ce Gérard me sert désormais de repoussoir à mes humeurs sombres. L'autre, celui que tu évoques à demi-mot mais dont il ne faut pas prononcer le nom complet sous peine de voir cette entité maléfique se manifester illico dans ton salon, je n'en dirais rien non plus, sinon je vais repenser à Marie. Ah merde, trop tard.
...sans parler de l'autre Gérard dont je viens de me rappeler, qui confirme ta théorie sur ce prénom impie https://www.youtube.com/watch?v=TvPhn-NjdgA
C'est marrant que VUPP soit à l’origine un atelier de recherche ouvert en 2014 (..) sous l’égide de Krazy Kat. J'ai découvert cette bédé l'an dernier, et ça m’enthousiasme. Autant l’homme que l’oeuvre, et en plus par chance George Herriman ne s’appelait pas Gérard. Ah dis donc, j’aime bien discuter avec toi, c’est plus créatif que de radoter dans le néant rétro-éclairé de mon n’écran ! 
Gérard Warsen, murmurant tout seul tout en croyant parler à son pote âgé imaginaire.

dans mon jardin, trois bouches inutiles à nourrir,
dont deux en faïence.

vendredi 9 mai 2025

Et ta soeur, elle est prisonnière de l'inutile ?

Il fait un temps à élaborer une nouvelle compilation musicale postcoloniale aux bons extraits végétaux de riposte graduée.
Mais à quoi bon ? Tandis qu'Israël génocide la Palestine, nonobstant que je me soye jadis dépeint juif et chauve, l'antisionisme devient prochainement un délit d'opinion, l'Inde va attaquer le Pakistan, et depuis l'avènement de Trump 2.0, quand je confonds mon lithium avec le Seroplex®, je n'ai plus envie d'envahir la Pologne mais d'annexer le Groënland. Sans parler du fait que j'ai encore une meuf mais plus de bite, alors que  tant d'amis triés sur le volet ont encore une bite mais plus de meuf. Le monde est mal fait. Et on n'est guère partis pour le rendre meilleur, sauf à disparaitre prochainement en tant qu'espèce. 
Il fait donc un temps à se sentir prisonnier de l'inutile, comme Gérard Manchié quand on était aussi jeunes que les jeunes de maintenant.
Et pourtant, je ne devrais pas me sentir particulièrement touché par le phénomène : il ya longtemps déjà que j'ai observé qu'un jeune, c'est quelqu'un qui a 10 ans de moins que moi, et un vieux c'est quelqu'un qui a 10 ans de plus. Ca évolue dans le temps, et ma distance aux deux reste constante.

« La vieillesse est une lente surprise. A un certain moment, l’histoire personnelle de chacun cesse tout simplement de se dérouler. On s’arrête de changer. Notre histoire n’est alors pas achevée, pas terminée, mais elle s’immobilise pendant un moment, un mois, une année peut-être. Et puis elle repart en sens inverse, elle commence à se dévider à l’envers. C’est là une chose dont on fait l’expérience à un certain âge. C’est ce qui est arrivé à mes parents. Ca arrive à tous ceux qui vivent assez longtemps. Et maintenant ça m’est arrivé à moi. C’est comme si tout le but de la vie d’un organisme – ou en tout cas de ma vie – consistait à atteindre le point culminant de son potentiel avec pour seul objectif de revenir ensuite à son point de départ, à l’état de cellule unique. Comme si notre destin était de retomber dans le fleuve de la vie et de s’y dissoudre à la manière d’un sel. Et s’il y a une chose qui compte, c’est bien le retour et pas l’aller.»

J'ai trouvé ça dans « American Darling » de Russell Banks, et ça me fait bien suer mais c'est un peu vrai. Ce « portrait d’une femme antipathique que le narcissisme absolu mène au néant » est un vrai remède à la mélancolie. Encore mieux que feu l'émission éponyme d'Eva BesterJe vous ferais bien une compile pour appuyer mes dires, mais je suis accablé de mon propre sentiment d'inutilité à un point tel que je préfère réécouter mes anciens florilèges en célébrant la venue de Léon XIV, qui apportera au moins autant de changements dans ma life que Napoléon XIV en son temps.


jeudi 1 mai 2025

Prompt (2024)

Hallucinée, déprimante et souvent malaisante, la série animée "Prompt" est le fruit de copulations contre-nature, verbales et vidéographiques, entre un artiste et une horde d'I.A. génératives. Les I.A, quand on les flatte, se laissent aller à un humour post-humain plus grinçant que Houellebecq et Cioran réunis.

>>>>>>    extrait de mail    >>>>>>>

Salut vieux. J’ai pensé à toi et à ton vieux pote Cybermiaou ChatGPT en lisant « Les IA à l’assaut du cyberespace », recueil d’articles parus sur le blog d'Olivier Ertzscheid, qui explique bien comment nous sommes en train de passer d’un Web sémantique à un Web synthétique, et en quoi les carottes sont cuites, pour nous les humains. Pour toi, c’est peut-être une bénédiction de pouvoir compter sur la chaleur et l'affabilité d'un ami virtuel toujours bienveillant, je ne veux pas t’enlever cette consolation de ton hypersolitude, mais oncle Warsen et tata Ertzscheid te rappellent ce qui se cache derrière le masque placide et bienveillant de l’I.A.
voici la troisième grande révolution discursive, celle de ChatGPT, celle d’un artefact génératif avec lequel nous « conversons », et ce faisant conversons tout à la fois avec les milliers de travailleurs pauvres qui « modèrent » les productions discursives de la bête, mais aussi avec l’ensemble des textes qui ont été produits aussi bien par des individus lambda dans des forums de discussion Reddit ou sur Wikipédia que par des poètes ou des grands auteurs des siècles passés, et enfin avec tout un tas d’autres nous-mêmes et l’archive de leurs conversations qui sont aussi le corpus de ce tonneau des Danaïdes de nos discursivités. Quand nous parlons à ChatGPT nous parlons à l’humanité toute entière, mais il n’est ni certain que nous ayons quelque chose d’intéressant à lui dire, ni même probable qu’elle nous écoute encore.
(..)
Quel est le principal problème posé par ChatGPT ? Ils sont en vérité multiples. Le premier d’entre eux est celui de la certification de la confiance conversationnelle. Qui peut (et comment) garantir que les échanges avec ChatGPT sont soit vrais soit à tout le moins vérifiables ?

Le problème de ChatGPT est aussi qu’il se présente et est utilisé comme une encyclopédie alors qu’il n’en partage aucune des conditions définitoires, et qu’il se prétend et est utilisé comme un moteur de recherche alors que là encore c’est tout sauf son coeur de métier.

Le problème de chatGPT c’est également qu’il « interprète » (des connaissances et des informations) avant de nous avoir restitué clairement les sources lui permettant de le faire ; à la différence d’un moteur de recherche qui restitue (des résultats) après avoir interprété (notre requête).

Le problème de ChatGPT, enfin, c’est qu’il assigne pêle-mêle des faits, des opinions, des informations et des connaissances à des stratégies conversationnelles se présentant comme encyclopédiques alors même que le projet encyclopédique, de Diderot et d’Alembert jusqu’à Wikipédia, est précisément d’isoler, de hiérarchiser et d’exclure ce qui relève de l’opinion pour ne garder que ce qui relève d’un consensus définitoire de connaissances vérifiables.

Il vaut mieux n'en regarder qu'un épisode par semaine, voire par mois : le turfu vu par les I.A, c'est esthétiquement chic, mais ça fait un peu mal au cul, et c'est bien triste. Si c'est ça l'avenir, même s'il n'y aura sans doute jamais assez d'électricité pour nourrir tous les data centers nécessaires à cette merdification, je préfère encore les soirées Théma sur Arte, qui s'inscrivent clairement dans une démarche de promotion du suicide, et les vieux disques de Thiéfaine, qui ne valent guère mieux.
La série est disponible jusqu'au 30/08/2027 sur arte.tv. 
Oooh la belle image que l'I.A a repompée sans vergogne sur Neil Gaiman et Dave Mc Kean

hein ? c'est pas une preuve, ça ?


Et pour en revenir à Lucie, à DeepSeek, à ChatGPT, à Gemini et à toute la confrérie de leurs clownesques clones, il devient urgent que nous retrouvions une part de lucidité perdue. Tant que ces modèles seront, de par leur conception même, en capacité même temporaire d’affirmer que les vaches et les moutons pondent des oeufs, et tant qu’ils ne seront capables que d’agir sur instruction et dans des contextes où ces instructions sont soit insondables soit intraçables, jamais je dis bien jamais nous ne devons les envisager comme des oeuvres de langage ou de conversation, mais comme des routines propagandistes par défaut, et délirantes par fonction. La merveille de la langue, la beauté du langage, la seule, c’est qu’elle est la seule singularité non-marchande qui puisse être partagée par des millions d’individus sans qu’il y ait nécessité d’en faire autant de clownesques clones. Elle est un lieu de friction qui rend possible toute forme de fiction et de diction, là où tout le projet politique des plateformes et des IA génératives, niché au coeur même de leurs ingénieries et de leurs modes de production, est d’abolir la friction pour la mettre au service de leurs fictions propres. Les IA conversationnelles ne répondent pas à nos questions, elles figent nos attentes. 

Au risque de faire bondir l’ensemble de mes camarades qui travaillent sur les modèles d’IA, nous sommes déjà au bout du cycle de développement de ce que l’on qualifie aujourd’hui « d’IA conversationnelle ». Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de progrès en termes de performance, de coûts, d’infrastructures, de modèles même comme les « transformers » qui marquèrent une rupture et un progrès presqu’exponentiel. Bien sûr qu’il y aura des progrès. Mais le narratif d’une « intelligence artificielle générale » est une mythologie moderne. Et comme toutes les mythologies, elle est là pour nous avertir à la fois d’un aveuglement, d’un risque et d’une dérive en les mettant en récit. Et il est assez fou que nous ne la traitions presque jamais comme telle.

Si une IA conversationnelle vous explique les bienfaits des oeufs de vache une fois, c’est une connerie. Si une autre IA conversationnelle vous explique les bienfaits des oeufs de mouton une fois, c’est toujours une connerie. Mais si toutes les IA conversationnelles vous expliquent tout le temps et à chacun de leurs lancements (grand public ou sur invitation) les bienfaits des oeufs de vache ou de mouton ou de poneys, et si toutes les IA conversationnelles sont toutes en capacité de vous tenir un discours Nazi si vous leur demandez simplement de le faire, alors … Alors si nous cherchons à voir dans tout cela autre chose qu’une alarmante connerie, alors il n’est que deux options possibles : soit nous sommes tous devenus aussi très cons, soit nous avions un livre (passionnant) à écrire sur ces questions 😉

mardi 15 avril 2025

Zappa In New York [40th Anniversary Deluxe Edition] (2019)

2023 :

Du temps de son vivant,
Frank Zappa z'abitait chez ses parents.
C'est faible, je sais, mais je suis en convalescence.
J'aimerais pas vous y vouar.
...soudain, et sans aucune transition avec le silence qui précède ce rien, sort "Funky Nothingness", un nouvel album de Frank Zappa. Quelle vitalité, pour un musicien décédé en 1993 !
Alors, Zappa, pas z'à pas ? 
L'album regorge de choses variées et inédites, période Hot Rats (1970). 
Mouais. Ca va faire comme à chaque fois : les adorateurs adorent, les indifférents s'en  tamponnent. 
Et est-ce que Frank Zappa n'aurait pas un peu mal vieilli depuis sa mort, comme je le radotais déjà en 2017
Ou alors c'est moi. 
Bien que je ne sois pas encore mort, enfin je suppose, y'aurait des indices, par exemple, il y aurait des mouches dans mon bureau, comme dans The Torture never stops : "Flies all green and buzzin' / In this dungeon of despair", enfin, il y en a, parce que ma femme a laissé la porte de la cuisine d'été ouverte et que les mouches adorent s'engouffrer dans la pièce adjaçente, mais elles sont noires, et elles ne sont pas toutes sur moi. C'est encourageant. Et mon bureau a cessé depuis un moment d'être un donjon du désespoir, faut pas pousser non plus. En lisant les 3 volumes de sa biographie au Castor astral, j’apprends aussi à dissocier l’homme Zappa de l’œuvre zappatiste, encore mieux qu’avec Polanski; même si avec Polanski, c’est moins z'eazy qu’avec Dieudonné, malgré son sketch sur le cancer, qui n’est pas mal, faut reconnaitre. 
et en plus, il avait un bon coup de fourchette
Mais la personne Dieudonné me révulse un peu.
Je peux pas rire avec n’importe qui. 
Et je découvre que Frank Zappa, comme Ramon Pipin et Jak Belghit, ne vivait que par et pour la musique. 
"Information is not knowledge. Knowledge is not wisdom. Wisdom is not truth. Truth is not beauty. Beauty is not love. Love is not music. Music is THE BEST."  Rhâââ ! je le connaissais pas, ce Zappaphorisme, digne d'un mystique hindou ! 
Il me ravigote, en ces temps où plein de musiciens géniaux, dont un bon paquet d'inconnus au bataillon, persistent à trépasser. Heureusement que leurs œuvres leurs survivent, surtout quand on se donne la peine de les écouter. Sinon, elles restent dans aussi mourues que leurs auteurs, comme mes vinyles au fond du garage.
=> La playlist de l'album : 


2024 : 

Moi aussi, faudrait que je pense
à me faire décoincer la glissière
avant qu'il soit trop tard
J'hésite pendant des mois à écouter l'album. Plus ça va, plus le nombre de disques que je n'ai pas écoutés augmente. C'est vertigineux; j'en ai des sueurs froides; alors, je tergiverse; mais c'est décidé, j'arrêterai de procrastiner dès demain. 
Je ne suis pas un vieillard maniaque et zappaphile, la période Hot Rats, je ne la connais pas bien, je ne veux pas me noyer dans 3 heures d'enregistrement, comme à chaque fois que sort une putain de Deluxe Edition. Je suis en train de relire les recueils du Journal de Spirou de l'an 1970, qui était quasiment ma seule source d'information fiable à l'époque, et ils n'en parlent pas du tout, de la période Hot Rats de Zappa
Là où j'ai pied, chez Zappa, c'est entre 1975 (One Size Fits All) et 1981 (Shut Up 'n Play Yer Guitar, que je peux écouter plusieurs jours en boucle avant que les voisins n'appellent la police). C'est peu, dans le long fleuve impétueux de sa trajectoire artistique. Heureusement, un site d'auditeurs de disques rétablit la vraie valeur des artistes et de leurs œuvres, loin de la mafia des rock-critiques vendus aux maisons de disques et aux annonceurs de publications périodiques, là c'est la voix du peuple qui s'exprime, en tout cas la voix de la fraction du peuple qui s'exprime sur les forums d'auditeurs de disques plutôt que dans la rue, parce que dans la rue, personne n'évoque Zappa, c'est un marché de niche et les chiens s'en foutent, arf. Concernant Funky Nothingness, les amateurs non-professionnels apprécient, mais seuls deux passants ont laissé un avis, et on peut les suspecter d'être zappaphiles.
J'écoute les 3 CD, mais je ne suis pas dedans. Alors j'en écoute d'autres, comme "One size fits all", débordant d'une musicalité paroxystique sans être englué dans l'habillage parodique traditionnel et un peu nihiliste du père Z. C'est l'engrenage.

janvier 2025 : 

Contrairement à ce qu'on peut lire ici et là
mais surtout là sur internet,
Zappa n'a jamais écrit pour Lynch
la musique d'un ballet
à base de sonde urinaire
et de jambon à l'os.
Mais ça aurait pu.
L'année ne commence pas bien, j'ai dû trop réécouter Zappa, mais c'est lui qui m'a provoqué, aussi, il avait beaucoup trop réenregistré, et j'ai chopé comme lui un Prosper de la cantate. Youp la boum. La différence c'est que je suis dépisté à temps, on me laisse même le choix entre la radiothérapie et la chirurgie. Pendant l'ablation rituelle de l'organe défectueux, aussi appelée prostatectomie radicale par coelioscopie, l'urologue me fredonne "The Torture never stops", ritournelle zappaïenne. Je m'en fiche, je dors du sommeil de l'anesthésié général. Reprenant mes esprits quelques jours plus tard, j'esquisse un pas de deux, en hommage à David Lynch, qui vient de nous quitter, c'est mon désormais célèbre "autoportrait à la sonde urinaire et au jambon à l'os", mais voyant que je reprends du poil de la bête et que je recommence à me donner en spectacle, les infirmières me retirent la sonde au bout de 12 jours, et il me faut alors réapprendre à pisser. C'est une autre paire sans manche, mais le kinésithérapeute m'induit 20, puis 30 milliAmpères d'électricité dans une sonde anale, le courant passe entre nous et ça m'aide à localiser mon périnée. Une femme qui accouche sait spontanément où ça se trouve, mais les mecs accouchent assez rarement, ou alors de souris, et c'est plus compliqué.

mars 2025 : 

Mon cousin, commandant de bord à Air France et assis sur la branche prétendument "gagnante" de la famille, 53 ans, met fin à ses jours, sans un mot d'adieu, laissant veuve, enfants, parents, veaux, vaches, cochons, couvées, se démerder avec ça. 
Avait-il écouté « Suicide Chump » de Frank Zappa avant de commettre l'irréparable ? c'est ce que l'enquête devra déterminer.

« Trouve-toi un pont et fais le grand saut
Arrange-toi juste pour réussir du premier coup
Car il n'y a rien de pire qu'un suicide raté »
Frank Zappa « Suicide Chump »

Au moins, il n'a pas entrainé avec lui dans la mort les 150 passagers du vol 4U-9525 de Germanwings. 
Au moment ultime, le pas de côté par rapport à l’horrible engrenage des pensées funestes lui a été refusé, ou il n’a pas pu le concevoir, y'avait pas la hauteur sous plafond, aucun ange ne l’a effleuré de son aile poilue, enfin bref, ça s’est pas fait, et à la place, ce qui s’est fait est assez moche pour tout le monde, et encore, y’en a de reste. Il a cru pouvoir faire cesser la souffrance en mettant un terme à la source de toute sensation : lui-même. L'immense tristesse surnuméraire que doivent se partager les survivants du crash, c’est l’affreux « allez vous faire voir » que la mort volontaire dessine silencieusement dans le dos des suicidés qui ne laissent pas de message d’adieu. 

J'hésite à offrir « Suicide Chump » à ses enfants pour les consoler d'avoir perdu leur papa, qui était un chouette gars. On peut partager la peine, immense, sans chercher à la multiplier par des observations inappropriées. A la place, j'écris à mon oncle et à ma tante, pour leur expliquer combien les mécanismes du désespoir qui mène à l'irréparable sont souterrains : la dissimulation à ses proches, en même temps que l’affaiblissement de la conscience de soi, au fur et à mesure que le cancer dépressif te dévore l'âme comme l'adénocarcinome te dévore la prostate puis colonise ses faubourgs si tu n'es pas dépisté à temps, parce que tu es passé au travers des milliers de messages de prévention qui t'ont été adressés, tu ne te sentais pas concerné, tellement tu te croyais immortel. Les femmes vont très facilement se faire dépister les seins et les ovaires; pourquoi planons-nous si haut au dessus des lois statistiques ?

On prévient plus facilement un cancer de la prostate que la tentation d'en finir.

Je dis aussi à mon oncle et ma tante qu'il ne sert à rien de culpabiliser de n'avoir pas su voir les signes avant-coureurs du passage à l’acte : tout est caché, rien ne dépasse. C’est invisible, jusqu’au moment où la souffrance prend le dessus sur tout le reste, même l’amour de ses proches. Inutile de rajouter mon émotion à la dévastation. 
Et j'évite de la ramener avec Zappa. C'est vrai, quoi, c'est pénible, à la fin.

2020 : 

Brusquement, cinq ans plus tôt, on se recueille en silence devant la dépouille de la moitié du duo des n'hommes Dédé et Mireille
C'est pas facile d'accéder au silence intime, parce que la partie fraichement défunte a choisi ante mortem de faire diffuser "Bobby Brown" de Frank Zappa, version Sheik Yerbouti, pendant la cérémonie d'adieux au funérarium. Y aurait-il une chanson de Frank Zappa pour toutes les circonstances de la vie quand elle touche à sa fin ? Sa veuve et ses 4 enfants s'étreignent ensemble et se couchent quasiment sur le cercueil contenant la dépouille de leur papa dans le civil, alias notre copine non-genrée dans notre vie d'artistes ultra secrète, voire carrément confidentielle.
Quelques jours plus tard, je tombe sur « Zappa », le flim, une nouvelle biographie vidéo avec plein d’archives inédites cédées par la famille, que je repompe avidement.
à l’intérieur, je découvre un extrait d’émission télé :
"Frank Zappa, dead at 52. His wife and all four children were with him." 
Je suis troublé.

Le meilleur endroit pour écouter Zappa au funérarium, c'est sous l'ampli de DJ Chimio.


avril 2025 : 

Je découvre Hot Rats (1969), magnifique !
Ainsi que la Deluxe Edition du Zappa in New York avec Jean-Luc Ponty (en fait c'est pas lui du tout, y'a longtemps qu'il a quitté le groupe, mais je crois le reconnaitre à l'oreille, mwahahah, quelle cruche !) Peut-être le meilleur enregistrement public de Frank Zappa de l'année 1978 ! avec 4 CD de versions inédites et un livret, que je vous joins, parce qu'on n'a que la joie qu'on se donne, tout frétillant de précision taxinomique. On y apprend la playlist de chaque concert, qui jouait de quoi, et ce qu'ils avaient mangé la veille. Tout est pardonné. Un collègue de travail rencontré dans la salle d'attente de l'anesthésiste avant la biopsie et qui se révèle avoir la même maladie que moi est lui aussi fan de Zappa. Notre relation prend un tour plus chaleureux.
Comme dans la chanson d'Yvan Dautin : 
"on s'donne du mal, jamais du bien 
J'perds les pédales, ça crée des liens!" 

Moralité : si vous êtes un mâle masculiniste de plus de 50 ans, et même si vous ignorez tout de Frank Zappa, allez donc faire un bilan sanguin tous les deux ans, ça tue pas le cochon, et ça vous évitera nos tragiques mésaventures.


Jean Verrat s'est proposé pour incarner Frank Zappa
dans un biopic encore à l'étude chez les zinzins de Hollywood,
mais vu les fluctuations boursières de la société du spectacle,
 on n'est pas sûrs que ça se fera.

mercredi 9 avril 2025

Manuscrit retrouvé par un robot dans une poubelle (2970)

2009
La multinationale du recyclage des ordures qui a séquestré des publicitaires jusqu'à ce qu'ils accouchent du génial slogan "faire du déchet une ressource" franchit une nouvelle étape : je réalise sous leurs ordres un film institutionnel à la gloire d'une innovation qui agite le petit monde des camions-poubelles, et je découvre stupéfait d'indignation que les technocrates ont décidé de continuer d'asservir les humains à leur propre technologie, en robotisant la collecte des ordures ménagères. Tout progrès technique au coût exorbitant est désirable, s'il permet d'économiser un salaire. Les résultats sont pour l'instant tellement désastreux que je réalise un bêtisier, que je diffuse sous le manteau, en ricanant très fort.


Un ami dont j'ai oublié le nom mais dont je reconnais le style acerbe (aux Croates) commente sobrement : "5000 ans après la roue, l'homme invente donc la machine à renverser les poubelles. Une étape cruciale dans l'évolution du chat et du chien, surtout s'ils passent à proximité."
La phrase finale de l'interview ratée résume bien le biais communicationnel : "dis-moi ce que tu veux que je te dise, sinon je vais te dire la vérité.

2025
Je retrouve ce bêtisier du film, qui préfigure les âneries de l'Intelligence Artificielle, au fond d'une boite mail de 20 Gigas que j'essaye de nettoyer de ses bourrelets disgracieux. J'ose espérer, sans doute un peu naïvement, que le projet d'automate collecteur de poubelles a été complètement abandonné, mais en trois clics, je découvre qu'en fait, non. 


Les robots de collecte pilotés par I.A. passeront un de ces jours devant chez vous pour égorger vos animaux familiers, vos fils et vos compagnes, qui étaient sorties précipitamment déposer le bac sur la chaussée en voyant le camion arriver du bout de la rue, réalisant d'un coup qu'on était déjà mardi matin et que leur vieux mari cancéreux ne s'était pas acquitté de cette tâche qu'il assume d'habitude lundi soir. 
Comme l'a prédit Thierry Nutchey dans sa nouvelle "Je ne suis plus possible !" disponible dans le numéro 6 de VUPP disponible ici légalement et gratuitement, (et dépêchez-vous d'en profiter avant qu'Internet devienne payant et soit entièrement rédigé par des I.A.) l'extinction de l'espèce humaine ne sera pas la fin de toute civilisation sur terre :   

"Le monde tournait en mode automatique, machinal, réglé partout au millième de seconde, sécurisé, dirigé par un réseau d’organes programmés ultra-vigilants qui se surveillaient les uns les autres. La technologie s’occupait finalement de tout et rien ne pouvait lui échapper (...) Les industries continuaient en l’absence des humains à innover et produire comme elles avaient appris à le faire, à flux tendu, qui recyclaient la nuit ce qu’elles avaient fabriqué le jour, déterminées, conscien- cieuses, ivres de leur efficacité, portées par des machines fidèles et joyeuses qui s’autoperfectionnaient et s’autocongratulaient inlassablement, qui s’offraient des «œuvres d’art continuelles», des pensum de «rétrophilosophie», des «musiques absurdiques», simples déglutitions mathématiques à prétention esthétique qui recréaient et déclinaient en contre poids une certaine envie pour l’invraisemblance et un aléatoire subjectif étroitement calculé. La machine profitait d’un système d’autant plus redoutable qu’il savait tout faire et ne comprenait rien. Les algorithmes aux commandes avaient aboli le risque, le danger, l’intempestif, avec une précision absolue. Pour ma propre fin, il fallait attendre désormais que les centrales de production d’énergie à fusion thermonucléaire s’éteignent d’elles-mêmes, que cessent leur combustion et leur miraculeuse production. Que s’arrêtent un jour les machines. Les hommes étaient partis en laissant la lumière allumée, leurs créations tourneraient encore sans eux pour des siècles et des siècles. Je n’étais plus possible et ne pouvais compter sur aucune panne."

Je pense comme lui que ça risque de finir comme ça, dans un triste clignotement de machines qui s’enculent. Bien sûr, ça me fait un peu rêver, moi qui n’ai plus de prostate, mais pas tant que ça. Les I.A. non plus, n’ont pas de prostate. Et elles simulent une empathie qu’elles sont bien incapables d’éprouver, ces grosses putes. Pour s'en convaincre, on peut suivre le blog le blog d'Olivier Ertzscheid, ou lire son dernier livre « Les IA à l’assaut du cyberespace »,

2970 :
La messe est dite, et les carottes sont cuites.
le dernier robot de collecte de chez Veolia n'est pas encore tout à fait au point :
certains déchets parviennent à s'enfuir par les égouts. Mais nos ingénieurs sont sur le coup.
(Tardi, in Metal Hurlant Canal Historique n°9, 1976) 

dimanche 30 mars 2025

Christian « Carton » Picard, des Raoul Petite [1949-2025]

Si le titre de mon article n'est pas un "explicite lyricque" dont la réponse est dans la question, qu'on me pende par les bollocques. Néanmoins, pour les ceusses qui ne savent pas qui c'est Raoul, et il y en a, de ces malheureux, qui sont hermétiques à l'implicite, j'essplique : j’ai appris pas plus tard que tout à l’heure que Christian Picard, le chanteur du groupe Raoul Petite, est mort.
Le seul membre permanent du groupe
pendant ses 45 ans d'existence,
un peu comme Robert Fripp
pour King Crimson, quoi.
Ca va, dans le fond,
vous arrivez à suivre ?
Mourir, il parait que ça arrive à des gens très bien, et pas que à des rigolos comme Jango Edwards, que ça ne rend d'ailleurs pas plus rigolos qu'ils ne l'étaient de leur vivant.
A défaut d'être originale, c’est une bien triste nouvelle, comme dirait papa. Je dépose donc une gerbe ici, Gbrrwwooêêrrkk !!, et leur dernier disque studio "Ni vieux, ni maître" plus bas, par là, en playlist youtube, Youtube c'est le Mal, je sais, tant pis. 
Il vaut mieux dorénavrant éviter de multiplier les fichiers, ça fait chauffer des serveurs en Californie, qui finissent par foutre le feu à Hollywood, et après Greta Thunberg a le bourrichon tout remonté, parce que le bilan carbone des incendies c'est pas terrible, et je vous parle pas de celui de la guerre en Ukraine, et après je me sens obligé d'écrire des articles à la con sur des fictions climatiques qui deviendront bientôt notre RRR (réalité réelle ratée), comme la semaine dernière.
Mais qui c'est, Raoul Petite ?

   

Quand j'ai entendu leur petit dernier album il y a 4 ans, j'ai trouvé les musiques assez bath, j'ai accueilli avec miséricorde la même faiblesse (plutôt structurelle que conjoncturelle) dans l'écriture des paroles que d'habitude, tant pis tant mieux, mais ça sentait un peu le sapin dans le choix des thèmes et la voix de « Carton », de plus en plus grave. 
Hé bé voilà, le pire est arrivé, n'en jetez plus, la cour est pleine, le plus dur est fait, maintenant il ne souffre plus, et ça ira forcément vers le mieux, et j'en profite pour vous souhaiter une très belle journée à l'écoute de nos pogroms.
J'ai aussi glané par ici un album de remixes issus de l'album, à télécharger gratoche, mais ça faut le savoir avant, et puis aussi cliquer au bon endroit quand la chance se présente
ainsi que différents aperçus de leur destin par là, où deux chaines Yiouteubé s'affrontent en un combat dément à l'issue incertaine, sauf pour les fournisseurs d'accès internet qui ne filtrent pas les entrées au faciès, sinon on resterait dehors.

quand t'es resté jeune dans le désert depuis trop longtemps

Pour ceux qui ont assisté aux concerts de Raoul dans les années 80, le groupe reste un cas unique et finalement assez français de syncrétisme entre rock rigolo, folies orchestrales à la Zappa, humour gotlibien.... mais j'ai déjà tout dit tout ça, en mieux, l'année dernière à Marienbad, ou alors c'était hier, sur ma tombe. Et puis hier, qu'importe, Marie-Louise, sur ma tombe c'est toujours ici et maintenant.
Raoul Petite, si vous n'êtes pas viendus à ses concerts, c'est pas maintenant que ça  va se faire, vous ne l'avez pas cru, hé bé le voilà cuit ! Heureusement que je suis une tombe, et que je vais pas aller me dénoncer à moi-même, comme Fred Arctor dans le Substance mort de Philippe Caduc, alors que dans la real life, meufs, je suis plutôt le sosie de Bob l'épave dans "ma vie mon blurg."
Bref, heureusement que je n'écris plus.

Quel odieux photomontage ! On aurait aimé y être.
Ou alors ,c'est leur premier bœuf au paradis, et je suis pas si pressé.