2009 :
La multinationale du recyclage des ordures qui a séquestré des publicitaires jusqu'à ce qu'ils accouchent du génial slogan "faire du déchet une ressource" franchit une nouvelle étape : je réalise sous leurs ordres un film institutionnel à la gloire d'une innovation qui agite le petit monde des camions-poubelles, et je découvre stupéfait d'indignation que les technocrates ont décidé de continuer d'asservir les humains à leur propre technologie, en robotisant la collecte des ordures ménagères. Tout progrès technique au coût exorbitant est désirable, s'il permet d'économiser un salaire. Les résultats sont pour l'instant tellement désastreux que je réalise un bêtisier, que je diffuse sous le manteau, en ricanant très fort.
Un ami dont j'ai oublié le nom mais dont je reconnais le style acerbe (aux Croates) commente sobrement : "5000 ans après la roue, l'homme invente donc la machine à renverser les poubelles. Une étape cruciale dans l'évolution du chat et du chien, surtout s'ils passent à proximité."
La phrase finale de l'interview ratée résume bien le biais communicationnel : "dis-moi ce que tu veux que je te dise, sinon je vais te dire la vérité."
2025 :
Je retrouve ce bêtisier du film, qui préfigure les âneries de l'Intelligence Artificielle, au fond d'une boite mail de 20 Gigas que j'essaye de nettoyer de ses bourrelets disgracieux. J'ose espérer, sans doute un peu naïvement, que le projet d'automate collecteur de poubelles a été complètement abandonné, mais en trois clics, je découvre qu'en fait, non.
Les robots de collecte pilotés par I.A. passeront un de ces jours devant chez vous pour égorger vos animaux familiers, vos fils et vos compagnes, qui étaient sorties précipitamment déposer le bac sur la chaussée en voyant le camion arriver du bout de la rue, réalisant d'un coup qu'on était déjà mardi matin et que leur vieux mari cancéreux ne s'était pas acquitté de cette tâche qu'il assume d'habitude lundi soir.
Comme l'a prédit Thierry Nutchey dans sa nouvelle "Je ne suis plus possible !" disponible dans le numéro 6 de VUPP disponible ici légalement et gratuitement, (et dépêchez-vous d'en profiter avant qu'Internet devienne payant et soit entièrement rédigé par des I.A.) l'extinction de l'espèce humaine ne sera pas la fin de toute civilisation sur terre :
"Le monde tournait en mode automatique, machinal, réglé partout au millième de seconde, sécurisé, dirigé par un réseau d’organes programmés ultra-vigilants qui se surveillaient les uns les autres. La technologie s’occupait finalement de tout et rien ne pouvait lui échapper (...) Les industries continuaient en l’absence des humains à innover et produire comme elles avaient appris à le faire, à flux tendu, qui recyclaient la nuit ce qu’elles avaient fabriqué le jour, déterminées, conscien- cieuses, ivres de leur efficacité, portées par des machines fidèles et joyeuses qui s’autoperfectionnaient et s’autocongratulaient inlassablement, qui s’offraient des «œuvres d’art continuelles», des pensum de «rétrophilosophie», des «musiques absurdiques», simples déglutitions mathématiques à prétention esthétique qui recréaient et déclinaient en contre poids une certaine envie pour l’invraisemblance et un aléatoire subjectif étroitement calculé. La machine profitait d’un système d’autant plus redoutable qu’il savait tout faire et ne comprenait rien. Les algorithmes aux commandes avaient aboli le risque, le danger, l’intempestif, avec une précision absolue. Pour ma propre fin, il fallait attendre désormais que les centrales de production d’énergie à fusion thermonucléaire s’éteignent d’elles-mêmes, que cessent leur combustion et leur miraculeuse production. Que s’arrêtent un jour les machines. Les hommes étaient partis en laissant la lumière allumée, leurs créations tourneraient encore sans eux pour des siècles et des siècles. Je n’étais plus possible et ne pouvais compter sur aucune panne."
Je pense comme lui que ça risque de finir comme ça, dans un triste clignotement de machines qui s’enculent. Bien sûr, ça me fait un peu rêver, moi qui n’ai plus de prostate, mais pas tant que ça. Les I.A. non plus, n’ont pas de prostate. Et elles simulent une empathie qu’elles sont bien incapables d’éprouver, ces grosses putes. Pour s'en convaincre, on peut suivre le blog le blog d'Olivier Ertzscheid, ou lire son dernier livre « Les IA à l’assaut du cyberespace »,
2970 :
La messe est dite, et les carottes sont cuites.
J’ai vu une vidéo sur le Web où une machine du genre s’attaquait à une pauvre dame assise sur un banc. Effrayant.
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