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jeudi 16 avril 2020

Gébé - Cracher dans l'eau, ça ne fait plus de ronds (1977)

Les soldes de ce produit de première nécessité qu'est le livre continuent pendant la fermeture des librairies, la preuve j'ai laissé l'étiquette.
La période qui nous est allouée pour ne plus nous planquer derrière nos identités professionnelles, sociales, familiales, possibles et fictionnelles est prolongée jusqu'au 11 mai. 
Sans présumer de la suite. 
Gébé aurait trouvé des trucs géniaux à dire sur l'ouvroir de vie potentielle que ça représente, lui qui fut un peu le seul à surfer sur la frange du poétique et du politique.
Je déterre "Cracher dans l'eau", je le rempote dans mon oeil (en suivant le tutoriel paru dans le dernier Rustica) et tout de suite il revit et s'épanouit dans mon cerveau.
Merci Professeur Choron.






samedi 22 février 2020

Robert Sheckley - Les univers de Robert Sheckley (1972)

Un jour récent où je n'avais envie de rien, ça n'a pas duré longtemps, et je me suis vite retrouvé accablé du désir subtil mais impétueux de revoir le recueil de nouvelles de Robert Sheckley qui avait enluminé mon adolescence. En ce temps-là, le Club du Livre d'Anticipation de chez Opta était le sceau de la Valeur Absolue de la Science-Fiction. Ses membres étaient de fins lettrés qui nous prêtaient les grimoires fleurons de leur bibliothèque parce qu'ils voyaient bien qu'on bavait devant, grelottant sous l'effet d'une fièvre maligne. 
Mais ça, c'est passé, et ça ne reviendra pas. Je ne vois guère le Club du Livre d'Anticipation renaitre des cendres de ses éditeurs, de ses auteurs ou de ses adhérents. L'autre jour, donc, je n'avais pas envie de posséder l'objet, non, les objets, on m'a déjà fait le coup plusieurs fois, et j'en possède aujourd'hui tant que j'ai du mal à passer l'aspirateur dans la chambre devant l'amoncellement de livres non lus, et j'apprends avec les jeunes à à faire mon deuil des objets et à accueillir les flux, qui sont les vrais objets du futur d'hier qu'est aujourd'hui, à la fois ondes et particules, et d'ailleurs Les univers de Robert Sheckley, j'ai regardé, on peut très bien l'acquérir chez les vendeurs d'occasion du net, entre 40 et 60 €, mais ce dont j'avais envie c'était de relire les nouvelles, pas de m'encombrer de l'objet, même si je me rappelais de chouettes illustrations de Moebius dans les teintes verdâtres.
J'ai relu mon petit Kornfield de poche (Après l'extase la lessive) pour saluer mon deuil des objets :
Le véritable devoir de la vie spirituelle ne se trouve ni dans des lieux éloignés ni dans des états de conscience sortant de l'ordinaire. Il prend place ici, dans l'instant présent. Cela exige un esprit bienveillant, prêt à accueillir d'un cœur sage, respectueux et bon, tout ce que la vie nous présente. Nous pouvons saluer aussi bien la beauté que la souffrance, nos troubles, notre confusion, nos peurs et les injustices de ce monde. Honorer ainsi la vérité est le chemin de la libération. S'incliner devant ce qui est, plutôt qu'au pied d'un idéal, n'est pas nécessairement chose facile mais, quelles que soient les difficultés, c'est l'une des pratiques les plus utiles et louables.
C'était largement hors-sujet, mais ça avait de la gueule, et ça pourrait toujours servir.
Renonçant derechef à ma quête, je donnai deux-trois clicks quand même pour être sûr, et sur quoi tombai-je, sur un serveur russe ?
Je vous le donne Emile ?
(au format epuB)

Oooh la jolie couverture moche kitsch
Ils sont forts, ces Russes, quand même.
Le jour où ils voudront déstabiliser l'Occident, ils n'auront pas de gros efforts à fournir. Un candidat aux municipales un peu branlant, une vidéo rigolote, et hop, tout le château de cartes de la démocratie parlementaire par terre, et 20 points de plus au RN aux élections, fingerz in the noise.
Pour en revenir à Sheckley, c'est de la SF un peu vintage, et relativement bon enfant par rapport à celle de maintenant, beaucoup de ses nouvelles confrontent l'Homme (enfin, l'homo americanus des années 60) à des civilisations plus raffinées ou si différentes de la notre qu'elles nous apparaissent barbares, mais au final c'est nous qui en faisons les frais par notre compréhension étriquée, et il a un sens de l'absurde superbement développé, je m'amuse bien à relire ça.
Et il y a une justice : les illustrations de Moebius sont très mal reproduites, pour ça il faudrait revenir à l'objet, mais heureusement, j'ai mon mantra de Kornfield pour éviter ça, plaquette Vapona.

samedi 28 décembre 2019

Le retour d'Al Crane (2)

C'est pas pour faire mon conservateur réactionnaire plus que ne l'était le reclus de Providence, mais pour reprendre le Blueberry de Charlier et Giraud sans sombrer dans le non-figuratif et l'art occidental décadent, et même si c'est un coup de hype des producteurs pour Noël, y'avait quand même d'autres profils envisageables pour un casting réussi.
La filiation la plus évidente, c'est Dorison et Meyer.
Mais ils ont leur propre bizness à mener, et l'héritage Blueberry , s'il n'est pas choisi, tient plus de la malédiction pléonastiquement subie.
Boucq et Jodorowsky auraient servi un hommage psychédélique tout en nuances, à la Jan Kounen.
Lauzier et Alexis auraient déconstruit le mythe pièce par pièce et assurément tout foutu par terre, avec leur agaçante manie de la dérision systématique.
Heureusement, ils sont morts depuis longtemps.
Voici pour vos étrennes, et si vous avez été sages, leur première aventure d'Al Crane, parue dans Pilote mensuel n° 25 bis, en juin 1976.








Pour mieux comprendre la déliquescence qui vient :
https://www.polemia.com/decadence-occidentale-declin-culture-ivan-blot/


jeudi 7 décembre 2017

Ah que coucouic !

Johnny, c'était un monument.
Ca ne veut pas dire qu'il était habité. 
Surtout vers la fin.
La plupart du temps, la décentralisation rampante fait que l'Office National des Feux de Forêt en Vrai Bois d'Arbre délègue la maintenance des immeubles les plus vétustes de son patrimoine immobilier et autres chefs d'oeuvre en péril à des sociétés de gardiennage, peu regardantes sur la qualité de la vie socio-culturelle que des intérimaires en voie d'uberisation insufflent aux heures de visite de l'édifice public en y tenant une permanence, sauf les week-ends, les veilles de week-ends, et parfois même les jours qui précèdent les veilles de week-ends.
Ainsi Johnny avait-il été relégué à vivoter frileusement à l'Ombre du Monument Erigé à Lui-même. 
Un peu comme Warsen et sa e-tombe : je fais acte de présence aux heures d'ouverture du cimetière, je ratisse les allées, je donne de petits coups de binette dans les plate-bandes, je redresse quelques stèles branlantes, je lâche une petite giclée de Round-Up à la one again quand personne me regarde, mais au fond, je pourrais aussi bien mettre un polochon dans le lit, personne ne verrait la différence, comme me le disait une amie pas plus tard qu’il y a 10 ans sur un blog tellement hyper-secret que j’en ai oublié l’adresseet j'en viens même à douter de son existence, qui s’est si souvent confondue avec la mienne.
Johnny était devenu le gardien chenu et décati du monument à la gloire de lui-même.
Programme minimum sur toutes les chaines d’info people et drapeaux en berne, après une vie marquée du seau de la débauche, qu’il faut bien rincer entre les orgies sinon ça cocotte un peu et les invités froncent le nez sans oser aborder le sujet de front, mais quand même ça démarre pas sous les meilleures auspices.
Idole des jeunes qui le sont restés trop longtemps, dans un jeu malicieux de renvoi d'ascenseur pour l'échafaud à Jean d'Ormesson (dont j'ai dit tout ce que je m'autorisais à en penser ici, sans jamais avoir lu un traitre mot de sa prose, je ne voudrais pas tomber sous le charme de ce vieux séducteur invétéré désormais vieux séducteur mort invétéré), d'Ormesson devenu depuis trop longtemps l'idole des vieux qui le sont restés trop longtemps, qui nous cassent les burnes à hanter les plateau télé tellement ils ne meurent pas après avoir fumé la chandelle par les deux trous, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps, et l'horloge au salon qui dit oui qui dit non, et puis qui nous attend.
Les voici réunis dans la mort, affection extrêmement démocratique mais en voie d'uberisation, Johnny et d'Ormesson, le premier abandonné par son père âgé de huit mois, le saltimbanque braillard qui se fera chantre mou du rêve américain bien avant qu'il vire aux cauchemars trumpiens sur l'abrogation de l'Obamacare, Johnny légitime héritier d'une de ces familles plus que modestes qui n'ont acquis leur légitimité qu'à force d'abnégation et de renoncements à la précarité rampante, sur fond d'airb'n'béisation de leurs conditions de vie d'enfants de la balle, et d'Ormesson, représentant lubrique et facétieux d'une aristocratie aux abois, suppot congénital de la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales et François Fillon, comme le pointera hardiment Jean Ferrat dans l'Huma-dimanche... d'Ormesson et Johnny, ennemis de classe héréditaires mais secrètement copains comme cochons dans l'intimité, celui qui croyait au Ciel et celui qui palpait de la Sacem, dans les rangs de laquelle beaucoup de punaises de bénitier prétendant bosser en sous-main pour le ministère du Blasphème et du Download à la mise en oeuvre de la loi Hadopi réputée inapplicable en l'état, passent le plus clair de leur temps au bureau à surfer sur des sites de fake news  farcies d'hypothèses grotesques taillées sur mesure pour appâter le chaland conspirationniste pour meubler le vide de leurs existences tragiques.

Dans son élégie funèbre à Johnny, Gérard Manchié ne mâche pas ses mots :
"Que reste ici de mon passé
Dans ce caveau frais repassé
L'habit de noce et le carton
De ma langue et de mon menton
L'os.
(...)
Prenez soin de moi si pouvez,
Faites de vos bouches un Avé,
Que Dieu le dépose ou l'apporte
S'il fut seul au pied de ma porte
Close. "

Et Ramon Pipin, leader charismatique injustement oublié d'un groupe phare du rock parodique qui doute lui aussi beaucoup de son existence ces temps-ci, à tel point qu'il croit s'appeler Ramène Dupain, en un terrible trouble identitaire dû à une existence entièrement dédiée au stade spéculaire du miroir médiatique qui déforme tout ce qu'il touche sans même le réfléchir avant de parler, a pressenti en un prodigieux insight dû à ses capacités de channeling hors gabarit, qui feraient passer les mutants du professeur Xavier pour de besogneux hébéphrènes enfilant des perles de Noël dans un ESAT, le devenir de Johnny dans les bardos qui s'étendent au-delà de sa brève incarnation :
"Un beau soir un éclair égaré par l'orage
Frappa de plein fouet son vélo sauvage
il était dans le désert depuis trop longtemps
mais pour Johnny, l'enfer ce n'est qu'un feu de camp."
La rédaction de France Dimanche, qui l'avait enterré un peu prestement la semaine dernière, mais c'était quand même assez bien vu par rapport à leur ligne éditoriale habituelle, peut faire profil bas. L'autopsie simultanée de nos deux monuments (qui sera retransmise en direct sur France 3 jours après) permettra sans doute de révéler pourquoi les jeunes (comme Johnny avait su le rester à grandes lampées d'infusion de placenta de bébés morts transfusés en Suisse) meurent plus jeunes que les vieux (comme Jean, dont il n'est nul besoin que j'exXXXplicite ici les secrets de sa longévité).

Post Mortem Scriptum : 
Hier matin sur France Inter, Nicolas Demeuré célébrait le chanteur mort le moins connu des programmateurs de la station. Il a passé le fameux "poème sur la 7eme rue", qui date de 1970 et qui sera ensuite exhibé en boucle toute la journée à donf jusqu'à c'que la nausée abonde,  comme preuve irréfutable qu’il y avait des traces de vie intérieure dans Johnny. 
Je ne connaissais pas cette chanson, on l'aura compris je ne suis familier ni du bonhomme ni de l'oeuvre, et ne tiens pas à rejoindre la horde des thuriféraires larmoyants, j'ai d'autres chattes à fouetter et une pile de dossiers en retard qui s'accumulent sur mon bureau Empire, s'agirait pas de se laisser envoûter par les sirènes de la connerie cybernétique, qui ont du poil aux pattes sous leurs bas résille, mais en entendant pour la première fois ce fameux "poème sur la 7eme", je me dis "Wow, il emprunte la musique de Zardoz et rappe sur la thématique de Soleil Vert, ah que trop fort le monsieur", mais une fois dessaoulé, je m'aperçois que ces deux films de SF datent de 1974. 
Il y aurait matière à un autre article sur les facultés visionnaires de ces artistes écorchés vifs qui pressentent les tourments d'une époque à venir grâce à leur sensibilité d'éponge imbibée, bla bla bla, mais je n'ai plus le temps.
(l'autre bonne réponse était Johnny Hallyday - Jésus Christ (1970)mais c'est pas grave, vous repartez avec les fiches de monsieur cinéma, et le bêtisier des blagues de Johnny)


Post Mortem Scriptum 2 :

Il y aurait eu un article moins décalé à écrire sur les poncifs journalistiques du "combat" livré par Johnny contre le cancer du poumon. Le cancer du poumon, dû à un abus de cigarettes plus ou moins bien roulées sur une longue période de temps, ne se "combat" pas une fois qu'il est déclaré, mais en amont, dans la reconnaissance du fait que si la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, il faut savoir s'incliner pour vaincre, comme le disait le Grand Schtroumpf.
Mais j'étais mal placé pour en parler.
C'eut été la clinique psychiatrique qui se fout de l'Institut Médico-Légal, si tu vois c'que j'oeuf dur.
D'autres reprendront peut-être ce flambeau.
Je l'ai pas déballé, il est flambant neuf.
Le papier kraft commence à noircir.
Faire offre au journal, qui transmettra.
Evidemment, la vrai actu du jour c'est Trump qui reconnait le "Jerusalem" d'Alan Moore comme nouvelle capitale de la littérature mondiale, au mépris du droit international et de Philippe Manoeuvre qui n'a pas fini de le lire, si tant est qu'il l'ait commencé, mais que voulez-vous, l'actualité nécrologique dicte sa loi d'airain, je ne fais pas ce que je veux à la rédaction, encore heureux qu'on ne m'impose pas un symposium sur le statu-quo sur l'aéroport de Notre-Dame des Glandes, toujours en stand-by.



jeudi 9 novembre 2017

Alan Moore et l'éternalisme

A part ça, je suis en train de lire le Jérusalem d’Alan Moore.
J'en vois pas le bout, mais j’ai trouvé un extrait sympa :
c’est un démon qui explique la vie à un jeune bambin récemment décédé, vers la page 450.
« Seule la vie existe, en fait. La mort est une illusion de perspective qui afflige la troisième dimension. Ce n’est que dans le monde mortel à trois côtés qu’on considère le temps comme quelque chose qui passe et disparaît derrière toi dans le néant. Tu penses au temps comme à quelque chose qui sera un jour dépassé, fini. Mais vu depuis un plan supérieur, le temps n’est rien de plus qu’une autre distance, de même que la hauteur, la largeur ou la profondeur. Tout dans l’univers de l’espace et du temps se produit en même temps, tout arrive en un glorieux super-instant avec l’aube des temps d’un côté et la fin des temps de l’autre. Toutes les minutes dans l’intervalle, y compris celles qui marquent les décennies de ta durée de vie, sont suspendues dans la grande bulle immuable de l’existence pour l’éternité.
«  Imagine ta vie comme un livre, une chose solide dont la dernière ligne est déjà écrite depuis que tu l’as ouvert à la première page. Ta conscience progresse tout au long du récit depuis le début jusqu’à la fin, et tu es de plus en plus absorbé dans l’illusion des événements qui se déroulent et du temps qui passe à mesure que ces choses sont vécues par les personnages du drame. En réalité, toutefois, tous les mots qui composent le texte sont fixés sur la page, et les pages reliées dans leur ordre immuable. Rien dans le livre ne change ni ne se développe. Rien dans le livre ne bouge à part l’esprit du lecteur qui se déplace de chapitre en chapitre. Quand l’histoire est finie et que le livre est refermé, il ne prend pas feu aussitôt. Les personnages de l’histoire et leurs revers de fortune ne disparaissent pas sans laisser de trace comme s’ils n’avaient pas été écrits. Toutes les phrases qui les décrivent sont encore là dans le volume solide et inchangé, et tu as tout loisir de relire l’ouvrage aussi souvent que ça te plaît.
« Il en va de même pour la vie. Ma foi, chaque seconde de vie est un paragraphe que tu reliras un nombre incalculable de fois et dans lequel tu trouveras de nouvelles significations, même si la formulation reste la même. Chaque épisode demeure inchangé à sa place fixe dans le texte, et chaque moment dure donc éternellement. Des moments de béatitude extrême et des moments de profond désarroi, suspendus dans l’ambre infini du temps, tout le paradis ou l’enfer dont le premier prédicateur venu peut rêver. Chaque jour et chaque acte est éternel, petit. Vis-les de façon à pouvoir vivre avec eux éternellement. »

Moore, on s'en doute, est adepte de l’éternalisme.
" Depuis que j’ai eu 50 ans, je me suis beaucoup questionné sur ce que pourrait être la vie après la mort. Évidemment, s’il y a juste la mort, c’est la même chose pour tout le monde, et il n’y a pas grand-chose à en dire. Mais s’il y a une possibilité d’une vie après la mort… quel genre de vie cela pourrait-il être ? Comme tout ce qui ressemble à du marbre ou à de l’or me fait penser à une salle de bains des années 1980, j’ai d’emblée exclu toutes les notions traditionnelles de paradis. Quant à la possibilité de réincarnation avec un autre moi-même qui renaîtrait de l’autre côté du monde, sans avoir gardé mes souvenirs, qui ne me ressemblerait ni physiquement, ni intellectuellement, ni même émotionnellement… cela ne m’intéresse pas davantage.
J’ai donc commencé à imaginer une solution qui pourrait me satisfaire. J’ai décidé que ce que j’aimerais vraiment serait tout simplement de retrouver ma belle petite maison, ma femme, mes amis, mes enfants, mes petits-enfants… fondamentalement, ma vie, avec tous mes livres, toutes les expériences, bonnes et mauvaises, que j’ai traversées. J’ai ensuite étudié la nature du temps telle que la définissent Einstein ou Stephen Hawking. Ils l’envisagent tous les deux comme une sorte de solide, ce que l’on appelle un univers-bloc. Or, si nous vivons dans un bloc solide, éternel, inamovible, au moment de notre disparition physique, notre conscience ne peut sans doute aller nulle part ailleurs, sauf à retourner à son commencement pour tout recommencer.
- Vous voulez dire que tout ce qui existe, existera toujours ?
- Exactement. Et je ne suis même pas sûr que les notions du passé et du futur aient le moindre sens. Nous sommes dans un continuum où tout est simultané, et chaque fois que l’expérience de nos vies se répétera, il se produira exactement la même chose. Pourtant, nous avons toujours la sensation que c’est la première fois.
Cette théorie n’est-elle pas une manière de vous réconforter, de ménager votre pression artérielle ou quelque chose de ce genre ?
- Peut-être. Mais je voulais surtout proposer un autre choix que le néant, un autre scénario que ceux proposés par les courants religieux. L’éternalisme me semble être un très bon système de croyance parce qu’il ne se concentre pas sur un au-delà probablement imaginaire, mais sur la vie que l’on mène, le « ici et maintenant ». Penser que la vie que tu vas mener sera la même pour toujours t’oblige à la rendre la plus heureuse et la plus accomplie possible. Cela évite les pièges dans lesquels sont tombées les générations précédentes. Je pense à ma grand-mère qui a toléré une pauvreté insupportable toute sa vie parce qu’elle croyait qu’après sa mort, elle irait au paradis. Je comprends que ça ait pu la réconforter, et je crois que c’est pour cela que beaucoup de pauvres ont cru en la pensée chrétienne. C’était une sorte de palliatif qui rendait leur existence plus supportable. Mais cela les a aussi empêchés de faire quoi que ce soit pour changer leur situation.
Si ces religions ont des aspects libérateurs, elles sont aussi « des menottes forgées par l’esprit », comme le disait William Blake. Je voulais créer une autre alternative, plus rationnelle. Cette théorie est effectivement assez proche de ce qu’Einstein a fini par croire, et qui résultait de ses recherches. Le Troisième Livre de Jérusalem s’ouvre sur une citation de lui qui dit que la mort n’est qu’une « illusion persistante de l’éphémère ». Trois mots qui résument parfaitement ce que j’essaie de dire. Si l’on n’a qu’une seule vie, la passer à avoir peur de la fin serait juste un énorme gâchis. Alors que la version que je propose, qui n’exige pas un Dieu, mais n’empêche pas un Dieu non plus, me semble être l’idée la plus saine que j’ai entendue. Nietzsche avait d’ailleurs proposé une idée tout à fait similaire…
Est-ce vrai ou non ? Cela n’a aucune importance. Mais si vous vivez en croyant que c’est vrai, vous aurez sans doute une vie meilleure."

http://www.ladn.eu/tech-a-suivre/homme-augmente/alan-moore-publie-son-roman-jerusalem-interview/

Sur le plan psychologique, c’est une bonne affaire.
Sur le plan financier, son Jérusalem est à 28,80 €.
Un million de mots (j’ai compté).
C’est donné.

mercredi 30 août 2017

Le pavé de la rentrée

Ma parole se fait rare, mais celle d'Alan Moore l'est encore plus.
Aujourd'hui parait son énorme roman "Jérusalem", traduit par l'ineffable Claro.
A cette occasion, Arte a produit une série d'interviews.

samedi 28 mai 2016

Enfant chéri de la destinée

« Un court instant, Elaine reste silencieuse. Puis, d’une voix calme, elle dit :
— On a une bonne vie, mon chéri. C’est vrai.
Bob se regarde les pieds.
— Mon père, quand j’étais gosse, il passait toujours le même disque, j’sais pas où il avait foutre pu trouver ça, il avait juste acheté l’électrophone pour que m’man, moi et Eddie on s’en serve, mais il en avait un à lui, de disque, un quarante-cinq tours de Frank Sinatra, un truc qui s’appelait Enfant chéri de la destinée, une chanson complètement idiote. Mais il adorait ça ; il se tapait deux, trois bières et il se passait ce disque sans arrêt, jusqu’à ce que lui vienne cette espèce de regard rêveur, assis là dans son fauteuil à écouter cette chanson et à faire semblant d’être autre chose que ce qu’il était. Moi et Eddie, on le voyait faire ça et on s’marrait, tu vois ? On se fichait de lui, parce qu’on savait qu’on n’était pas pareils, qu’on ferait jamais rien d’aussi idiot que notre vieux, à travailler toute la journée dans une connerie d’usine pour rentrer le soir, boire une ou deux bières et se passer un disque à la con de Frank Sinatra, qu’on était les enfants chéris de la destinée. C’est vrai, quoi, bon dieu ! Je me disais : “Non, mais quel trou du cul !” J’étais qu’un gosse, j’allais à l’école à l’époque, moi et Eddie, mais vu qu’on était des joueurs de hockey tellement super qu’on causait de nous dans les journaux, on croyait que c’étaient nous les chéris de la destinée.  
 Seulement voilà, maintenant il y a quinze ans qu’ont passé, et moi me v’là. Exactement comme mon vieux. Seulement au lieu de rentrer à la maison, de m’asseoir dans mon fauteuil et de me passer Enfant chéri de la destinée, je regarde Hart and Hart ou un truc comme ça à la télé. Et si mes gosses avaient quelques années de plus, elles se foutraient de moi. “Regardez-moi ce trou du cul”, qu’elles diraient, Ruthie et Emma ; elles seraient supercheerleaders au lycée, et tout : “Regardez-moi c’trou du cul, il se prend pour Robert Wagner ou je ne sais qui, qu’elles diraient, il s’aperçoit même pas qu’il est à moitié cuit, qu’il est plein de suie qu’il a ramassée dans les chaudières des autres, qu’il a même pas des chiottes à lui et qu’il en aura jamais. »

Russell Banks, « Continents à la dérive. »

Je n'ai pas écouté de musique pendant 3 mois. 
Je ne suis pas pressé de me reprendre l'effet "Enfant chéri de la destinée" dans la gueule.

dimanche 11 octobre 2015

"La Théorie de l'information", d'Aurélien Bellanger (2012)

Signalé par un ami, et lu dans le Monde :

A la fin de La Théorie de l'information, on trouve cette définition fort peu lyrique du roman et de la poésie : "Des tentatives savantes pour parvenir à encoder le maximum d'informations dans le minimum de mots." Cette description aux accents informatiques a évidemment valeur d'"art poétique", tant le premier livre d'Aurélien Bellanger semble s'y conformer, malgré son épaisseur. 500 pages serrées, c'est finalement peu, quand on ambitionne d'embrasser l'histoire des trente dernières années et les bouleversements qui s'y sont opérés - au point de nous faire entrer dans une nouvelle ère non seulement technologique mais aussi, selon l'auteur, religieuse.
Pour cela, Aurélien Bellanger, 32 ans, retrace le parcours de Pascal Ertanger, qui emprunte de nombreux traits et éléments biographiques au fondateur du groupe Iliad, la maison mère de Free, Xavier Niel (actionnaire à titre privé du Monde), sans que cette donnée dépasse le stade de l'anecdotique - l'auteur ne fait pas grand-chose de cet effet "calque".
L'histoire de Pascal Ertanger, aussi étranger à l'univers qui l'entoure que l'interversion des lettres dans son nom l'annonce, est celle d'un homme "indifférent" à la vie depuis qu'il a failli la perdre à 12 ans. Constatant alors que "le monde du dehors se déplaçait mieux sans lui", il va créer le sien, propre, à partir du langage de programmation Basic.
Tombé dans l'informatique, cet enfant des banlieues cossues abandonne ses études scientifiques pour se lancer dans le Minitel balbutiant, adossant l'empire rose qu'il se construit sur des sex-shops bien réels - ce qui lui vaudra, des années plus tard, d'être mis en examen pour proxénétisme aggravé et de faire de la prison. Millionnaire à 20 ans, il met sur pied Démon, le premier fournisseur d'accès Internet, à une époque où nul encore ne croit à ce marché. Ensuite, il y aura la création d'un boîtier unique proposant de réunir "toutes les techniques de communication du siècle passé : téléphone, radio, télévision et réseaux numériques", et l'ascension permanente de ce "baron du Web", que son génie de l'innovation isole à chaque étape un peu plus, au point de le transformer en pendant contemporain du milliardaire américain dément Howard Hugues (1905-1976). Les hommes ne retiennent pas la leçon d'Icare : ses prétentions démiurgiques finiront par tuer Pascal Ertanger.
Plus que le portrait d'un homme, plus qu'une mise en garde contre l'hubris humaine version Web 3.0, La Théorie de l'information est une épopée à l'ambition totalisante. Le propos de Bellanger se veut à la fois technologique, économique, philosophique, métaphysique, sociologique... Pour "encoder le maximum d'informations" à l'intérieur de son roman, l'ancien thésard en philosophie (sujet : "La métaphysique des mondes possibles") jalonne son récit principal, à l'écriture clinique, de documents réels ou inventés qui viennent éclairer (ou pas) les enjeux scientifiques de chaque époque, développer "la théorie de l'information" qui sert de nouvelle "théorie religieuse" à Ertanger, sans oublier des intermèdes de réflexion sur la philosophie de Leibniz ou sur la posthumanité.
Avouons-le, le lecteur non spécialiste ne saurait tout comprendre à La Théorie de l'information. S'il peut s'y égarer, l'utilisation d'un langage technique finit par produire de surprenants effets poétiques, dans sa collision avec la froideur de la trame principale, qui s'embarrasse (trop ?) peu de considérations esthétiques ("le minimum de mots"). Aurélien Bellanger, tout à ses ambitions et à son trop-plein de choses à dire, ne craint pas d'étouffer le lecteur sous le poids des informations et réflexions, ce qui affaiblit un peu le roman en l'alourdissant.
Mais il faut reconnaître à ce disciple littéraire de Michel Houellebecq (auquel il a consacré l'essai Houellebecq, écrivain romantique, Léo Scheer, 2010) d'avoir retenu plusieurs leçons de son maître. Il partage avec lui, outre une vision de la solitude humaine, un humour à froid, un don pour transformer des individus réels en personnages (on croise ainsi Nicolas Sarkozy ou Thierry Breton dans des passages savoureux). Surtout, il lui emprunte sa volonté de se saisir de pratiques considérées comme peu dignes d'intéresser la littérature. Ainsi, il aura fallu attendre 2012 pour voir paraître le premier roman hexagonal authentiquement geek. Mais Pascal Ertanger s'est toujours battu contre les retards français.

La Théorie de l'information, d'Aurélien Bellanger, Gallimard, 496 p., 22,50 €.

Un disciple doué de Houellebecq, à priori je ne suis pas enthousiaste, mais faut voir.
Je vais le lire, je vous dirai. 

samedi 10 octobre 2015

Pukhtu - DOA (2014)

Lu dans le Monde :

Une hallucinante galerie de « mecs perdus » en Afghanistan 

C’est écrit dans la courte ­notice biographique au bas de la quatrième de couverture de Pukhtu « A l’ère du Big Brother planétaire, il aime qu’on n’en sache pas trop sur lui. » Pas de photos donc, et le minimum syndical sur ses vies passées – DOA fut pourtant parachutiste dans l’infanterie de marine puis créateur à succès de jeux vidéo, avant de devenir écrivain et scénariste. Rien d’autre, en somme, que les initiales qui lui tiennent lieu de pseudonyme depuis son premier polar, Les Fous d’avril (Fleuve noir, 2004) : DOA pour « Dead on Arrival », titre original d’un film américain de 1950.
Proprement monstrueux
A 46 ans, ce natif de Lyon, qui tient ­secret son patronyme, se plaît à évoluer dans une semi-pénombre. Ce qui ne l’empêche pas de parcourir les festivals à la rencontre de ses lecteurs : « Je n’ai rien à cacher, mais rien à montrer d’autre que mes livres », résume-t-il.
Quatre ans après L’Honorable Société (Gallimard, « Série noire », 2011, Grand Prix de la littérature policière), polar terrible et jubilatoire sur les mœurs politiques coécrit avec Dominique Manotti, DOA signe son grand retour avec une fresque fascinante sur la guerre en Afghanistan sous Obama. Un roman proprement monstrueux, dépeignant le chaos d’un monde en proie à de multiples conflits, de l’Asie centrale à l’Afrique en passant par l’Amérique et l’Europe. Depuis Citoyens clandestins (Gallimard, « Série noire », 2007, également Grand Prix de la littérature policière), on connaît les obsessions de DOA pour les magouilles d’Etat, les combines des officines privées et les barbouzeries en tout genre. Pukhtu, terme renvoyant au code d’honneur des Pachtouns, s’inscrit dans cette veine et amplifie le bouillonnement du récit. « Au départ, un seul livre était prévu. J’en avais écrit les deux tiers quand j’ai tout jeté pour refaire le plan. Je ne voulais pas me louper. »
Deux ans de retard et deux tomes de 700 pages (le second est prévu en 2016) auront donc été nécessaires pour ­dérouler les multiples trames d’une œuvre qui emprunte à James Ellroy sa démesure littéraire et à Apocalypse Now sa vision hallucinée de la guerre. On y croise une galerie de « mecs perdus » : un chef de clan pachtoune enrôlé, malgré lui, dans la bataille contre la Coalition, un journaliste indépendant bien décidé à prouver l’implication des services secrets dans le trafic d’héroïne, deux agents du contre-espionnage français envoyés en Afrique et toute une bande de paramilitaires qui ont transformé les zones de combat en ­terrains de jeu et d’enrichissement personnel… Quelques figures de Citoyens clandestins, récit qui a fait de DOA l’une des valeurs sûres de la « Série noire », avec Caryl Férey et Antoine Chainas, réapparaissent également dans ce maelström de poussière, de sang et d’explosions. Sans pour autant faire de Pukhtu une suite au sens strict.
« Un amateur éclairé »
Avec DOA, il faut parfois accepter de se perdre dans un luxe étourdissant de détails et de descriptions techniques. Le fruit d’une documentation quasi encyclopédique et de plusieurs voyages en Afghanistan sur lesquels, mi-intriguant, mi-rigolard, il reste mystérieux. L’écrivain confesse : « Je n’aime pas ­l’à-peu-près, mais cela ne fait pas de moi en expert. Juste un amateur éclairé. » Sa manière à lui de mettre à nu la ­complexité du monde, « cette vaste zone grise » restituée avec exactitude, et de donner à ses personnages la densité psychologique qui fait la ­richesse de ses romans. « Ce foisonnement d’informations correspond à ce que nous vivons chaque jour. J’essaie de ne pas faire de ­leçon de choses tout en fournissant de la matière à ceux qui veulent aller plus loin. » En cela, Pukhtu suit les traces des Cavaliers, de Joseph Kessel (1967), l’un de ces livres marquants que DOA a ­découverts « tardivement » après avoir exploré toutes les facettes de la science-fiction.
A la sortie de Citoyens clandestins, certains ont vu en DOA le tenant d’une nouvelle vague droitière dans le polar français. Il y évoquait un groupe islamiste radical, une mosquée du 20e arrondissement de Paris et un tueur sans pitié. « La polémique n’a pas été bien loin. Tout le monde a vu ce qu’il voulait voir dans ce livre, explique DOA : la ­dénonciation des complots forcément fascistes de l’Etat ou le chemin à suivre pour régler les problèmes. »
La position de Jean-Patrick Manchette, père du néopolar français, était celle du tireur couché. La sienne serait plutôt celle d’un pilote de drone survolant le champ de bataille. Là où ses aînés de la « Série noire » s’affichaient très politisés, DOA préfère qualifier ses livres de « politiques ». « Ils le sont parce que j’y expose des faits sous un angle que le public ne voit pas forcément. Mais je ne lui dis jamais ce qu’il doit penser. J’utilise le réel en toile de fond et, souvent, quand on procède de cette manière, ­certains pensent que vous le dénoncez. Ce n’est pas mon cas. »
La lecture de Pukhtu, peinture dantesque d’une guerre privatisée et menée par d’invisibles avions, n’en est pas moins glaçante.

Je l'ai tâté et reniflé dans une librairie hier : on sent le gars qui a réussi ce que Dantec a foiré. Mais il fait un bon kilo, et est écrit trop gros. 
Je vais attendre qu'il sorte en poche.

jeudi 26 mars 2015

Comment traumatiser votre enfant

Je ne sais pas ce que vaut l'ouvrage, et il est un peu tard pour tout recommencer (il faudrait d'abord les remettre dans le ventre de ma femme...) mais l'accroche du livre est intéressante :

Parce qu'il est inévitable de traumatiser son enfant, autant le faire délibérément et en finesse. Et comme à chaque génération doit correspondre un saut qualitatif, pour éviter de reproduire bêtement le traumatisme hérité de ses propres parents, ce petit livre pratique et illustré propose un large éventail de techniques. Chaque parent pourra définir son style, qu'il soit narcissique (moi d'abord), humiliateur (qui anéantira toute assurance chez son enfant), tyrannique (avec harnais de sécurité et caméra baby-sitteuse), copain (qui initiera son enfant à l'alcool et aux drogues) ou négligent (qui, en cas de mauvaises notes, saura consoler son enfant avec des vêtements ou du matériel high-tech). L'enfant traumatisé fera un adulte complexe et attachant, il aura assez de matière pour écrire un jour ses mémoires. Même s'il risque au début de se révolter contre ces méthodes éducatives, le moment viendra où il comprendra toute l'énergie que vous avez investie dans cette tâche et vous saura gré de l'avoir traumatisé avec un tel dévouement.

Biographie de l'auteur


Jen Bilik et Jamie Thompson Stern vivent en Californie, elles sont éditrices, écrivains et, faut-il le préciser, à la tête de familles dysfonctionnelles.

vendredi 9 janvier 2015

Charb : Maurice et Patapon (1999)

On dit qu'on meurt deux fois. 
Une fois quand notre cœur cesse de battre et la seconde, un peu plus tard, 
lorsque notre nom est prononcé pour la dernière fois.










jeudi 8 janvier 2015

La tarte et le suppositoire - Michel Ouellebeurre (2011)

Pour ceux qui n'auraient pas encore lu "Expansion du domaine de la pute" ou "les renoncules excédentaires", voire l'incontournable "la possibilité d'une huile" datant de sa période Fleury-Michon, il est temps de se précipiter sur le dernier opus de Michel Ouellebeurre.  Dans cet ouvrage majeur, l'ami de BHL auteur de "Botul et mouche cousue", nous décrit l'importance de la mouche et de l'art contemporain. Rien n'échappe à son oeil aguerri grâce à sa nouvelle passion pour la photo. Notre connaissance du dernier Sony fabriqué en Chine et vendu 182€ au premier étage de la Fnac Ternes pour prendre de la Daube sera à son sommet. Plus rien du quotidien du plus grand écrivain de la rive Gauche réfugié en Irlande ne vous sera caché. Ni ses ennemis ou ses thuriféraires.
Ce pastiche sévère et très court est à pleurer de rire. Ne passez pas à coté d'un bon moment avec ce prix concours 2010 en vente dans toutes les bonnes charcuteries.

source : le bibliophare




"Longtemps il s'était couché tard en lisant du Léautaud, mais maintenant il se couchait tôt en lisant du Léotard."
C'est beau comme du Desproges, non ?
Je l'ai lu, je me suis bien marru.
Alors qu'avec l'original, moins, quand même.
La preuve :
« On dit souvent que les Anglais ont développé des qualités de sang froid et de réserve, une manière aussi d'envisager les évènements de la vie - y compris les plus tragiques- avec humour. C'est assez vrai; c'est complètement idiot de leur part. L'humour ne sauve pas; l'humour ne sert en définitive à peu près à rien. On peut envisager les évènements de la vie avec humour pendant des années, dans certains cas on peut adopter une attitude humoristique pratiquement jusqu'à la fin; mais en définitive la vie vous brise le cœur. Quelles que soient les qualités de courage, de sang froid et d'humour qu'on a pu développer tout au long de sa vie, on finit toujours par avoir le cœur brisé. Alors, on arrête de rire. Au bout du compte il n'y a plus que la solitude, le froid et le silence. Au bout du compte, il n'y a plus que la mort. »
Michel Houellebecq

comme quoi il manquait encore à ma collection tombale, çui-là...
Il est dans l'air du temps.



les hasards de l'actu...
Y'a-t-il une vie après la mort de Charlie ?
Variante : Qu'est-ce qu'il faudrait pour réunir l'équipe de Charlie Hebdo ?
R : 3 balles de plus (Luz, Riss, Val, Willem)

mercredi 29 août 2012

Heilman 3/6

En décembre 1977, j'ai eu quinze ans.
Et le numéro de Métal hurlant qui est paru à Noël, maman !
et l'épisode de Heilman qui était dedans !
Les pages ont bien failli rester collées, comme le disait un jeune lecteur sur le blog de Jerry Frissen aujourd'hui disparu.