mercredi 30 août 2017

Le pavé de la rentrée

Ma parole se fait rare, mais celle d'Alan Moore l'est encore plus.
Aujourd'hui parait son énorme roman "Jérusalem", traduit par l'ineffable Claro.
A cette occasion, Arte a produit une série d'interviews.

7 commentaires:

  1. Et c’est bien ? (Télémérou a aimé ainsi que de Caunes, ce qui n’est pas pour me rassurer).

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  2. C'est une bonne question, mais j'ai les pavés de l'été à finir d'abord.

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    1. D’où l’expression "sous les pavés, la plage".

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  3. Non, la page.
    Je suis curieux de savoir ce qu'écrit Moore en tant qu'écrivain "sérieux", en dehors des petits mickeys plus ou moins terrifiants qu'il a scénarisés ces 10 dernières années. Et puis, comme je l'ai appris sur le blog de Claro, "Outside of a dog, a book is a man's best friend. Inside of a dog it's too dark to read."
    Tiens, des raisons d'espérer :
    http://towardgrace.blogspot.fr/2017/08/35-1-curieuses-raisons-de-se-ruer-sur.html

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    1. Je vais le mettre dans les "possibles à lire". Je me méfie un peu de Moore malgré quelques bonnes lectures.

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    2. Watchmen, V pour Vendetta, From Hell, énormes. Mais c'était y'a longtemps. Top 10, très amusant. Promethea, déchirant sa race mystique. Le reste, un peu anecdotique et suranné. Je m'étais perdu dans sa "biographie illustrée" monumentale et étourdissante. Le bonhomme est parfois plus intéressant que l'oeuvre (c'est rare, mais ça arrive)

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  4. « Freddy se retrouva une fois de plus à côté de la grille, à contempler la pelouse et l’avenue centrale déserte au bout de laquelle le chien errant qu’il avait vu plus tôt traînait encore. Il avait l’air agité, allait et venait en trottant nerveusement, comme s’il n’avait pas fait sa crotte depuis des lustres.
    Fred le comprenait. C’était, bizarrement, une des choses qui lui manquaient le plus, ce sentiment béni de soulagement quand on parvient à expulser de soi tous les poisons puants qui vous pourrissent la vie. Ce dont Fred souffrait, c’était, selon lui, d’une constipation de l’esprit. C’est ce qui le retenait ici-bas et l’empêchait d’aller de l’avant, le fait de ne rien pouvoir lâcher, de ne pas pouvoir s’affranchir de tout ce merdier. Le fait que Freddy le trimballait au fond de lui, ce merdier, et qu’à chaque décennie qui s’écoulait ça le rendait encore plus irritable et léthargique. Dans un autre siècle, il était clair qu’il ne se serait pas reconnu. » (p.124)
    Je suis assez surpris en démarrant Jérusalem de l’ampleur du truc, du poids intellectuel du pavé.
    Déjà, la traduction est plus que chatoyante : on ne me fera jamais croire qu’il existe autant de mots en anglais que ceux que Claro glisse à chaque ligne avec une précision cristalline.
    Et puis c’est intimidant : un mec qui écrivait des comics « de genre » (à part Watchmen et V pour Vendetta, que je te conseille vivement mais qui datent d’il y a 30 ans) qui nous chie un monument littéraire, dont chaque pièce se visite et se revisite dans un silence respectueux… il évoque beaucoup l’architecture et l’urbanisme, je me demande comment il a bâti un machin pareil. Les mots me manquent et les bras m’en tombent. Les paupières aussi, des fois.
    d’accord, il a mis 10 ans, mais quand même, sans présumer du fait qu’il va parvenir à égaler Joyce (que je n’ai pas lu), quel souffle !

    Je n’y trouve rien de plus que ce que Claro prétend que Moore a mis dedans sur la page du podcast de France Culture que je n’ai pas encore écouté,
    https://www.franceculture.fr/emissions/mauvais-genres/conclave-de-mages-et-choeur-de-bardes-alan-moore-claro-pacome-thiellement
    mais je vais peut-être y passer parce que je sens que mon intérêt va décliner, comme devant « L’infinie Comédie » de David Foster Wallace, même taille et même débit de fleuve que Jérusalem, mais en beaucoup plus barré. La Comédie était tellement infinie que j’ai calé à la moitié, mais je le reprendrai un de ces jours. C’est des ascèses, ces livres, faut se dépouiller de tout en entrant dedans, la lecture en est ingrate et astreignante, et on sait même pas si on sera payé de son effort.
    Mais quand je vois ce que je projette sur la vie et que je me reprends en boomerang, au moins quand je lis Moore, je n’ai pas l’impression qu’il soit le fruit de mon imagination. Je suis transporté loin de chez moi, c’est rien de le dire. Même si lui n’a jamais quitté Northampton.

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