Moins angoissant que ses prédécesseurs. Richement texturé en drones stratosphériques. Méditations tonales pour de profondes immersions dans l’espace de vie, nouveaux prétextes aquatiques à explorer l’état hypnagogique entre veille et sommeil, dit le prospectus. Sans blague. Si vous n’avez jamais mis la tête dans un bidet rempli, c’est vrai que c'est peut-être le moment de tenter l’expérience. Ou pas.
Alors, lumineux ou lugubre ? un peu des deux, mais vous n’osez pas vous l’avouer, hein, au prix que ça coûte, un triple CD, même dédicacé par l’auteur comme il le fait bien volontiers sur simple demande quand on lui achète par correspondance. Des fois il joint à son envoi un petit caillou de l'Arizona, dédicacé lui aussi, là-bas ils ne savent plus où les mettre alors quand il arrive à en glisser un dans l'enveloppe, ça débarrasse un peu, pensez donc, je me rappelle que comme c'est un triple album il m'avait envoyé la moitié de Monument Valley (celle qui joue la réserve Cheyenne dans les films de John Ford alors que c'est la réserve navajo) stabilotée au marker gros grain, et le facteur avait gueulé parce que les frais de port (2 timbres à $5,50) avaient été un peu sous-dimensionnés.
Fever Dreams III (2007)
Attiré par l’idée d’ « Electro Erotic », à priori aussi incongrue pour Steve que de voir un jour Robert Fripp danser le lac des cygnes en tutu avec Toyah Wilcox dans son jardin, on se laisse prendre par la main par une basse un rien groovy (…) au bout de 2 heures, on aimerait commencer à aimer ça et mouiller ses draps avec autre chose que de la sueur de fils à pénible, mais ça flottouille, ça trainaille, ça piétine et ça glougloute, c’est fiévreux dans le sens grippé, mais ça reste curieusement aseptisé, et la température ne s'élève pas au dessus de 37°4 le soir. Tout commence pourtant par un riff de basse groovy, un chorus de guitare molle passé à l'envers devant huissier, comme si les notes venaient du futur, mais les rêves fiévreux promis se diluent maladivement dans une ambiance oppressante. Le genre de disque que les détracteurs de Steve Roach adorent détester : entre malaise et neurasthénie, on lâche le thermomètre pour les antibiotiques, en attendant que ça passe. On sait que la durée syndicale minimum dans ce type de voyage immobile à travers un paysage sonore non remboursé par la Sécu est de 74 minutes, alors on patiente. On se traine tout au long du cylindre dans des limbes terreuses du début à la fin. Melted Mantra, sur le second CD, voit débarquer un avatar de Byron Metcalf zombi, qui s'en vient à notre rencontre spectrale en tapotant quelque tambour funéraire d'une main alourdie par un deuil récent, pour un show tribal-ambient dépressif éprouvant, répétitif et lourdingue.
Arc of Passion (2007)
Le Secret du tir à l’Arc de la Passion ? je vous le révèle gratuitement si vous m'envoyez votre numéro de carte bleue : l'album passe pour un album studio, mais a été enregistré dans des conditions live devant 80 personnes réelles IRL (In Real Life) dans la RRR (Réalité Réelle Ratée), soit en petit comité, comme la majeure partie de ses prestations scéniques, bien qu’on n'entende jamais s’élever autre chose qu’un silence explosif, attentif et quasi-religieux de la part des premiers rangs, sans applaudissements ni toussotements gênés dans les passages chiants. L'album est magnifique : 3 pièces de sérénité envoûtée, cristalline, bienfaisante, loin des cavernes ectoplasmiques hantées naguère avec Vidna Obmana.
Steve devrait enregistrer tous ses disques en public. Y'en aurait presque que des bons.
"Moment of grace", c'est ambitieux comme titre, mais le contenu est à la hauteur.
Les séquenceurs s'invitent doucement dans la suite "Arc of Passion", mais sans envahir la Pologne comme ils le font parfois chez Steve, ça plane pour eux, et pour une fois ça n'est pas la grosse Bertha.
Un didgeridoo qui louche sur le multivers crache un vortex non-létal et illumine de l’intérieur "Views Beyond", le final spectaculaire et serein.
Interminable Immersion, en tout cas. Pas aussi pénible que le supplice de la baignoire, mais quand même, il me semble que même le fan le plus hardcore de Steve en ressort éprouvé, et plus qu'humide : imbibé. Sur le CD 2, Sleep Chamber, la dynamique du son est curieusement étouffée, comme un disque pirate de Steve Roach enregistré sous la pluie à travers un sac de couchage. Quant à Still, sur le CD 3, le son est raréfié, et l’air rationné, dans cette pièce achromatique, idéale pour garder la chambre funéraire.
Je mets une étoile pour la patience de l’auditeur qui s’aventurera dans cette flaque. N’oubliez pas d’acheter le flacon de crème à récurer pour ravoir le bidet après.
(1/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/immersion-three
Je mets une étoile pour la patience de l’auditeur qui s’aventurera dans cette flaque. N’oubliez pas d’acheter le flacon de crème à récurer pour ravoir le bidet après.
(1/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/immersion-three
Fever Dreams III (2007)
Attiré par l’idée d’ « Electro Erotic », à priori aussi incongrue pour Steve que de voir un jour Robert Fripp danser le lac des cygnes en tutu avec Toyah Wilcox dans son jardin, on se laisse prendre par la main par une basse un rien groovy (…) au bout de 2 heures, on aimerait commencer à aimer ça et mouiller ses draps avec autre chose que de la sueur de fils à pénible, mais ça flottouille, ça trainaille, ça piétine et ça glougloute, c’est fiévreux dans le sens grippé, mais ça reste curieusement aseptisé, et la température ne s'élève pas au dessus de 37°4 le soir. Tout commence pourtant par un riff de basse groovy, un chorus de guitare molle passé à l'envers devant huissier, comme si les notes venaient du futur, mais les rêves fiévreux promis se diluent maladivement dans une ambiance oppressante. Le genre de disque que les détracteurs de Steve Roach adorent détester : entre malaise et neurasthénie, on lâche le thermomètre pour les antibiotiques, en attendant que ça passe. On sait que la durée syndicale minimum dans ce type de voyage immobile à travers un paysage sonore non remboursé par la Sécu est de 74 minutes, alors on patiente. On se traine tout au long du cylindre dans des limbes terreuses du début à la fin. Melted Mantra, sur le second CD, voit débarquer un avatar de Byron Metcalf zombi, qui s'en vient à notre rencontre spectrale en tapotant quelque tambour funéraire d'une main alourdie par un deuil récent, pour un show tribal-ambient dépressif éprouvant, répétitif et lourdingue.
Cet épisode pince-sans-rire d'un lugubre achevé servira à merveille de fond sonore à votre déclamation de poèmes de Houellebecq au funérarium où vous accompagnez un de vos ancêtres parti trop vite bien qu'à la réflexion, il trainait dans le désert depuis trop longtemps, mais à côté de Fever Dreams III, l'Enfer ça n'est qu'un feu de camp.
(0/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/fever-dreams-iii
(0/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/fever-dreams-iii
Arc of Passion (2007)
Le Secret du tir à l’Arc de la Passion ? je vous le révèle gratuitement si vous m'envoyez votre numéro de carte bleue : l'album passe pour un album studio, mais a été enregistré dans des conditions live devant 80 personnes réelles IRL (In Real Life) dans la RRR (Réalité Réelle Ratée), soit en petit comité, comme la majeure partie de ses prestations scéniques, bien qu’on n'entende jamais s’élever autre chose qu’un silence explosif, attentif et quasi-religieux de la part des premiers rangs, sans applaudissements ni toussotements gênés dans les passages chiants. L'album est magnifique : 3 pièces de sérénité envoûtée, cristalline, bienfaisante, loin des cavernes ectoplasmiques hantées naguère avec Vidna Obmana.
Steve devrait enregistrer tous ses disques en public. Y'en aurait presque que des bons.
"Moment of grace", c'est ambitieux comme titre, mais le contenu est à la hauteur.
Les séquenceurs s'invitent doucement dans la suite "Arc of Passion", mais sans envahir la Pologne comme ils le font parfois chez Steve, ça plane pour eux, et pour une fois ça n'est pas la grosse Bertha.
Un didgeridoo qui louche sur le multivers crache un vortex non-létal et illumine de l’intérieur "Views Beyond", le final spectaculaire et serein.
Heureusement qu'aucun morceau n'est titré "Humility", car dès qu'on s'en vante, elle s'évanouit.
(4/5)
(4/5)
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