jeudi 22 juin 2023

Charlélie Couture - 12 Chansons dans la Sciure (1978)

En partant me noyer il y a 15 jours dans les rouleaux des Landes, j'ai réécouté d'anciens albums de CharlElie Couture, pour voir. Mais pas celui-ci, pourtant pierre angulaire rugueuse et sans concessions de la geste créative du Nancéen, comme disent les journalistes pour désigner les natifs de Nancy (à vérifier dans le wiki pour ne pas raconter n'importe naouak, comme Charlélie le fera plus tard)

la pochette originale de ce disque
qui ne l'est pas moins

Les historiens mélomanes de l'an 3000 noteront que c'est sur ce premier album autoproduit à la main avec des vrais doigts que Charlélie Couture signe la première version des Anglais en vacances, qui évoque sans chichis quoiqu'à mots couverts le drame de Lurs, petite cité de caractère située sur une butte médiévale 
Les anglais partent en vacances par couple, comme les auto stoppeurs,Les anglais dorment sur le bas côté d'une chaussée tranquille au bord d'une foret,Les anglais se font zigouiller par deux, comme les amoureux
drame dont Jean Gabin donnera une interprétation moins enjouée dans L'affaire Dominici.
En sus des faits divers atroces, le charmant village provençal niché dans son écrin de verdure est exposé à des risques sismiques, de feux de forêt, de mouvements de terrain, ainsi qu'à deux risques d'origine technologique : 
1/ en cas de rupture du barrage de Serre-Ponçon, toute la vallée de la Durance serait menacée par l'onde de submersion;
2/ sans oublier le risque lié au transports de matières dangereuses, par rail, route et canalisations.

Les Lursiens (à gauche sur votre écran)
veillent jalousement sur leur frontière
A tel point que Lursiens et Lursiennes mettent 
tous les jours leur réveil à sonner à trois heures du matin, pour bondir de joie dans leur plumard et se féliciter et s'entre-congratuler d'être encore en vie aussi tôt dans la journée qu'apparemment Dieu a choisi de leur offrir une fois de plus, jusqu'au jour où ce crédit expirera, tradéri tralala.

A part ça, on trouve aussi sur le disque de ce monsieur Couture "dans la lavande et les couleuvres de Montpellier",  qui réhabilite cette bestiole impressionnante, car  bien qu'elle soit venimeuse, le fait qu'elle possède une dentition opisthoglyphe la rend généralement inoffensive pour l'Homme, bien que des cas d'envenimations aient été observés. Ceci arrive dans des circonstances exceptionnelles, notamment si un doigt est inséré profondément dans la gorge du serpent, mais alors là vous l'aurez un peu cherché, quand même. Dans un tel cas, la morsure s'accompagne d'une inflammation locale et de douleur, d'œdème et/ou de lymphangite, voire des symptômes neurologiques (paresthésie, dysphagie, ptôsis ou dyspnée) ou, exceptionnellement, d'une paralysie. Ces effets sont néanmoins passagers même si la guérison peut prendre plusieurs jours.



La couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus),
qu'il faut avaler tout cru sans mâcher,
si on veut vraiment en venir à bout.
Avaler des couleuvres signifie aussi : « accepter un affront
sans protester, subir une humiliation sans se plaindre. »
Comme de se retrouver sur mon blog
alors qu'on n'est même pas mort, dirait Charlélie.

Cette chanson est aussi côté jardin une stupéfiante berceuse électrique/hachoir blues rock électrifié du bas en haut quoiqu'un peu de traviole, et présente quand la météo le permet un portrait mâchouillé d'une voix grinçante d'un clodo du Grand Sud qu'on appelait à l'époque des zonards car ils vivaient des allocations et faisaient la manche avant l'invention de morel des punks à chiens qui vint mettre un terme à leur rêgne et jeter le discrédit sur tous ceux qui rejetaient la valeur travail.

Concernant le disque, je pensais produire une version illégale, mais il se trouve que j'ai découvert qu'il y a un bandcamp de l'auteur de l'opus remasterisé, qui a peut-être depuis le temps contracté la pauvreté, son heure de gloire datant du magistral "Poèmes Rock" album où convergent sa faconde, une production musicale énergique et l'air du temps étant passée depuis belle lurette, et je ne voudrais pas lui faire de l'ombre. 
Plus le futur s'avance, plus le passé recule.
Comment veux-tu qu'on déplace le véhicule ?

(adapté de Frédéric T., aka Fredo, vers 1989)

[EDIT]

finalement, après négociations entre mes partenaires moraux imaginaires, je propose une version non remasterisée de l'album, en mp3 à 160 kbps, si ça vous plait celle en vente sur le site de CharlElie est vachement mieux, c'est pas comme si je proposais du FLAC 16 bits, non plus.


jeudi 15 juin 2023

David Sylvian - Words with the shaman (1985)

Je suis bien revenu, et à pied encore, de mes émois passés envers le dolorisme arty de David Sylvian, bien que je trouve son suicide commercial assez courageux, vu d'où il était parti. Anyway, en 1985, il savait s'entourer de musiciens créatifs.


La crème de la crème, pour cet EP de 12" :


Evidemment, dès que j'entends la trompinette sacrée de Jon Hassell, de toute façon, je sais plus où j'habite. Le premier qui souffle "t'habites tout seul avec maman /dans un très vieil appartement", ça va pas bien se mettre.

Liens liés :

http://jesuisunetombe.blogspot.com/2020/03/jon-hassell-dream-theory-in-malaya.html


jeudi 8 juin 2023

Khan - Les Gros Nichons (2001)

extrait gratuit des paroles envoyées sous pli discret 
sans aucun engagement de votre part
après un premier acompte de $99.99 :
Tu voudrais que j'aie des nichons
Gros comme des ballons
Une bouche pulpeuse
De pipeuse, d'allumeuse
Des lèvres peintes en rose
Pleines de silicone
Que je me ballade nue
Du matin jusqu'au soir
Les cheveux jusqu'au cul
Blonds, ça va de soi
Tu voudrais que je t'appelle
Mon gros Daddy
Mon gros Daddy!

Je suis plate plate plate
Et tu m'ennuies
Je suis plate plate plate
Tu ne m'épates pas
Je suis plate plate plate
Et je te dis:
A bas les pattes
(...)

Que dire de plus ? c'est en écoutant à moitié intrigué un DJ Set de Morpheus 
pour tout dire un peu suspect à force d'être chelou (oui, le Morpheus anciennement connu sous le nom de Samy Birnbach de chez Minimal Compact, récemment chroniqué) que j'ouïs cette chose rose et molle qui me vit cesser d'installer mon petit tuyau poreux dans le potager afin d'hydrater mes tomates au goutte-à-goutte. 
Je rentras alors dans ma maison pour tapoter sur mon clavier bien tempéré afin de m'y enquérir de ce que j'acoustiquais en dansant avec les poules, car quand je ne ferme pas la barrière du potager, je les ai aux basques, elles adorent faire du jardin avec moi, malheureusement leur approche tractopelle manque de subtilité.
cette image est truquée
car le lettrage n'est pas incurvé
comme l'est la surface du cylindre
qui constitue le meug
Et je tapotis sans doute un peu vite sur mon clavier, car je tombis d'abord sur un site frauduleux qui attribuait la chanson à Stereototal, 
un groupe franco-allemand (il y a bien des restaurants gréco-turcs) de manière impropre vouare erronée, ce qui me permissit nonobstant de me rapprocher de la vérité véridique, car je comprendis en un instant que c'était bien Françoise Cactus, la chanteuse de Stereototal qui était dans le coup, et j'avançis promptement vers le vrai sachoir, qui est une arme contre ceux qui croivent, car en réalité factuelle non alternative le titre réside sur un album de Khan
https://www.discogs.com/fr/master/76769-Khan-No-Comprendo
qui, si je no comprendo muy bien n'a rien à voir avec le No Comprendo des Rita MitsoukoOn peut lire par ici ce qu'on s'autorise à penser de l'album dans le Landerneau de la rondelle passée sous les radars :
enfin, vous faites bien comme vous voulez, moi je vais aller acheter le disque.

liens liés qu'il me faudra un jour expliciter plus lyriquement :
- nichon-chaton
- les nichons juvéniles
- les gros nichons version Camping Orchestra, mais c'est pas des gens comme nous
les Musclés en ont certainement fait aussi quelque chose quand je bossais au Club Dorothée, mais pour l'instant je ne retrouve que "t'es trop moche", pas mal dans le genre et  pour l'époque
...c'est quand même mal barré pour faire un album entier sur ce thème roboratif, sauf à glisser du côté obscur de Youtube, et en tout cas tant que Jean-Louis Murat reste mort ça n'offre pas l'attrait du pittoresque de la bourrée auvergnate, avec ou sans érotomanes branchés grosses poitrines. 
Je pourrais m'engouffrer dans le trou béant laissé par son décès, mais je risquerais de sombrer dans un éloge des mamelles voluptueuses en tant qu'anxyolitiques de classe A, louange propre à troubler l'ordre public, et les drones de Darmanin auraient vite fait de me repérer.

que seraient les gros seins sans les grosses fesses ?
la semaine prochaine, nous tenterons sans succès
de disparaitre dans le triangle des Bermudas.
Etant entendu qu'un hommage aux gros seins, qui se fait passer pour transgressif alors qu'il vante l'opium du peuple, fait en vérité le jeu de la droite en confortant les rapports d'aliénation capitaliste entre petites et fortes poitrines. Sans parler du parfum de masculinité toxique qui s'en dégage.

- sans oublier le déroulé des prémisses Morpheus-iennes par lesquelles j'y suis parviendu, au détour d'un virage maniaque des andouilles que jamais je ne ratas aussi bien :


sur lesquels vous n'oserez pas cliquer, sauf peut-être sur cette archive flambant neuve de chez Crammed Discs


car on y ouït distinctement, entre autres pépites électronica rétro-futuristes des années 90 le bien connu de nos services et désormais célèbre jusque dans les territoires occupés DJ Morpheus (formerly known as Samy Birnbach avant qu'il refasse sa vie à Tel-Aviv) qui sample et resample sans vergogne Jon Hassell dans son duo mythique avec Brian Eno  Fourth World Vol 1 Possible Musics (1980) disque dont l'effet notoirement connu est qu'il donne envie de tout plaquer, y compris son blog, sa femme et son chat ( qui souffre pourtant de biais cognitifs préoccupants), et de partir vivre en Malaisie péninsulaire ou occidentale, pour ceux qui connaissent.
Si je dis "repompe éhontément" au lieu de resample, va-t-on me taxer d'antisémitisme, comme la femme de David Gilmour qui cause mal à Roger Waters alors qu'elle ne fait que critiquer la politique d'Israël ? j'aimerais bien qu'on m'intente un procès d'intention aussi nauséabond que cette polémique entre vieillards maniaques, mais j'aurais peine à en croire mes yeux, les bras m'en tomberaient et j'aurais alors bien du mal à répondre.
Souvenons-nous plutôt avec émotion, à chaque instant de la life qu'il nous reste à vivre, que ni les gros nichons ni les Bermudas XXL ne nous sauveront du nuage d'inconnaissance tel qu'il est décrit par Malka Spigel, la copine du rabbin anciennement connu sous le nom de DJ Morpheus (aka Samy Birnbach quand il était chanteur de Minimal Compact) dans la magnifique complainte "Not Knowing" (littéralement "Sans sachoir", mais je préfère le traduire par "Ne connaissant pas", plus élégant) qu'on peut aller psalmodier face au mur des lamentations en prenant un air offusqué et pro-palestinien tous les matins que Dieu fait, car rien d'aussi juste n'avait encore été écrit sur le sentiment d'épouvante métaphysique, suscitant le besoin de consolation par les Gros Nichons et l'espoir d'atteindre un jour cette Terre Promise, et c'est ainsi qu'Allah est grand.


Watching different roads and wonder where my own is rolling

Waiting all day long for a change and it's not showing

All those moments days and years

Left me standing here not knowing

All these people everywhere

Kept me waiting and not knowing

Holding to myself fear is all that kept me going

Waiting all day long for a change and it's not showing

All those moments days and years

Left me standing here not knowing

All these people everywhere


Traduction warsenienne sans trace de Chat-GPT_3 dedans :


Regardant différentes routes et m'interrogeant sur où me conduit la mienne

Attendant toute la journée un changement qui ne se montre pas

Tous ces moments, ces jours et ces années

M'ont laissé ici Inconnaissant

Tous ces gens partout

M'ont laissé ici dans l’attente et Inconnaissant

Ne serrant que mes bras la peur est tout ce qui m'a permis de continuer

Attendant toute la journée un changement qui ne se montre pas

Tous ces moments jours et années

M'ont laissé ici Inconnaissant

Tous ces gens partout


jeudi 1 juin 2023

Arg_bg !

Pitain, Barbara, ispice di counasse, ti m'as fait oubliii que c'est la guirre, pitain, alors ton cancer, guéri ou pas, tu peux te le foutre au Qi, parce qui pendant ci temps-là, li dard - devil aka Daar-malin il s'est okipé de ton cancer numérique virtuel, et y'a RARbg qu'il a firmi ses portes difinivitv'man ! 

hirisiement qui tu l'avais pris li dernier épizod' di la saison 5 di cette pimbiche di miss Maisel jist' la veille di la firmitir ! ti l'as bien joui sir ce coup-là mon frîr !


le décès est aussi une porte d'entrée dans l'immortalité du wiki

ji trouvi ça colli sir la pourte d'entrie
dans li sens di la sortie


I voilà li travail. 
Oussi qu'ty vas tilichargi toutes ti siryes maintenant, hein ? hein ?
Hirisiment qu'en France, tout fini par des chansons en mp3 et une bonne partie de bise, et que t'avi pas mi tous ti zyeux dans le même pavé, mis ci coup-ci y ti riste que le ygrectorrent pour plirer, ma parole !
Allez, que la paix d'Allah elle soit sur vous mes frir's !

clique sur l'image, mon frîr, passqui li d'jinn il est imprimé trop piti.
ji pas trouvi ça dans un nouveau métal hirlant qui ricycle les vieilles bédés de Tramber et Jano,
ça c'est sîr madame chaussîre !


dans la même collection funéraire :

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2016/11/hommage-tardif-whatcd.html

jeudi 25 mai 2023

Eivind Aarset & Jan Bang - Snow Catches on Her Eyelashes (2020)

Ecouter le disque Snow Catches on Her Eyelashes, ça donne envie de savoir ce que ça veut dire, Snow Catches on Her Eyelashes. ChatGPT-3 me ronronne que ça veut dire "La neige s'accroche à ses cils".
Laisse donc Cécile en dehors de ça, s'te plait, mon GéPéTéounet.
A part ça, j'espère que c'est clair : on est dans le floconneux, au bord du grand silence ouaté en haut de la piste verte, et on n'y voit pas à 50 cm.
On a failli planter par mégarde son bâton dans le moniteur.
Heureusement que ça descend très doucement vers le Grand Rien, noyé dans le brouillard.
Cet album me revient et me hante jusqu'à ce que je le mette sur ma tombe, après ça j'espère qu'il me laissera tranquille, parce qu'il distille une ambiance furieusement discrète et sourdement mélancolique. Mention spéciale à "Before the Wedding", d'une grâce élégiaque, qui semble figée dans l'ambre mélodique qui sied plus aux enterrements qu'aux mariages, même si l'un ne va pas sans l'autre.
L'atmosphère atonale et peu propice à l'expression de la chaleur humaine s'insinue par le conduit auditif, puis répand son narcotique granité à l'intérieur de mes cellules osseuses, prétextant intervenir en tant qu'anti-inflammatoire plutôt que comme anxyolitique
On est bien dans la mouvance bruitiste (mais souvent violemment silencieuse) électro-cold et absentéiste de David Sylvian, en tout cas depuis qu'il est retourné vers l'informe et un anonymat qu'on lui souhaite bienheureux, Arve Henriksen et les joyeux lurons de jazz ambient norvégien, Nils Petter Molvær, Anders Engen, Audun Erlien, Erik Honoré, Sidsel Endresen, Georges Warsen et Hilde Norbakken, dont l'égrénage laborieux des patronymes dans votre conversation fera s'écarter les gens de vous lors d'un cocktail de vernissage de votre blog où vous aviez pourtant fourni tous les petits fours, et ils ne vous rappelleront jamais. 
Mais pour ceux qui aiment, le disque est bien, et ça valait le coup. Bien que ça n'ait kouaziman rien à vouar avec la madeleine de Proust qu'était pour moi le kouign amann de la mère Ty Coz devant l'église de Perros-Guirec, beaucoup plus chargé en beurre et en sucre, mais mes artères de jeune enfançeau pouvaient le supporter à l'époque, avant que les ligues de vertu ne contraignent la pâtissière bretonne à élaborer un kouign amann plus léger, écologiquement responsable et digestivement soutenable. 
Si Eivind Aarset & Jan Bang étaient des pâtisseries, on serait à la limite de l'impalpable, et alors adieu bourrelets disgracieux.

https://eivindaarsetjanbang.bandcamp.com/album/snow-catches-on-her-eyelashes

Le frère de Jan, c'est Big. Mais sa soeur ne s'appelle pas Gang. Ou alors, je n'y suis pour rien.

ce qu'on en pense dans le Landerneau du jazz ambient atonal moldoslovaque :

https://www.allaboutjazz.com/snow-catches-on-her-eyelashes-eivind-aarset-and-jan-bang-jazzland-recordings

D'une durée d'environ quarante-trois minutes, l'élan vers l'avant de l'album sera suffisant pour entraîner la plupart des auditeurs et les laisser rayonner de contentement à la fin. Les passionnés de la scène musicale norvégienne contemporaine trouveront ici de quoi renforcer leur dévotion et les inciter à revenir pour plus. Ceux qui sont curieux, mais qui n'ont pas encore vu la lumière, sont invités à consacrer du temps à écouter sérieusement Snow Catches on her Eyelashes; convertis sont renvoyés à la liste mentionnée précédemment. Aarset, Bang et compagnie vont de mieux en mieux, tout comme la scène norvégienne. En avant et vers le haut.

https://jazzlandrec.com/snow-catches-on-her-eyelashes-eivind-aarset-jan-bang

il existe d'autres oeuvres de Eivind Aarset chroniquées sur ce blog, il faut juste chercher un peu à sortir de sa zone de confort.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/search?q=Eivind+Aarset+

il faut aussi que je prenne le temps d'écouter ce mystérieux Jan Bang, impliqué dans une jungle de projets irradiants de silences explosifs (pour que le Big Bang fasse du bruit, il eut fallu qu'il y ait de l'air pour le transmettre, et des oreilles pour l'ouïr)

https://punktstillefelt.bandcamp.com/album/modest-utopias

https://arjunamusic-records.bandcamp.com/album/walk-through-lightly

https://jpshilo.bandcamp.com/album/invisible-you

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2022/03/jan-bang-erik-honore-david-sylvian.html

jeudi 18 mai 2023

Lovecraft Facts (18) : Minimal Compact - Peel Session (1985)

Incantations dérobées dans un Necronomicon mal traduit en hébreu par un rabbin défroqué et lu de traviole, rageusement récitées sur un tapis musical plombé et malaisant, préfigurant ce qu'on n'appelait pas encore le rock industriel, imprécations blasphématoires éructées à la face de divinités malveillantes et infiniment pue-du-cul, émanations sonores méphitiques, endommageant durablement le corps astral : 

comme un air de bon chien-chien andalou
qui va donner la papatte
à son papa nihiliste stagiaire
(on est en 1984, ne l'oublions pas)
je hais bien content de retrouver les marécages mentaux hantés et radioactifs du Deadly Weapons de Minimal Compact, un groupe post-punk d'Israéliens échappés de Tel-Aviv et en goguette en Europe dans les années 80, comme Tuxedomoon avait fui San Francisco parce que, de l'aveu de Peter Principle recueilli de sa bouche aux lèvres purpurines quand j'étais branleur montpelliérain et qu'ils étaient venus jouer dans le coin, les gens y étaient trop feignants et trop défoncés.
Quelle joie de découvrir que Peter jouait de la basse et co-produisait l'album de Minimal Compact.



Je ne m'en suis jamais vraiment remis, comme de BlasphémaTorah, mais en pire. 
Si vous n'avez jamais incarné une joyeuse et intransigeante morbidité en vous ruinant le futur sur Deadly Weapons et en envisageant la dépression comme un des Beaux-Arts, je ne sais pas si vous avez raté quelque chose mais je suis impuissant à vous l'apporter, ne pouvant retourner en 1984, au sein de cet Eden pour Lugubres. 
Et pourtant c'est pas faute d'essayer. 
J'ai néanmoins déniché une Peel Session de 1985, qui voit nos sinistres lurons entonner leurs hideuses mélopées soutenues des échos orientalisants de bouzoukis nucléaires et de clameurs issues du chaudron des damnés, avec de subtiles variations dans les arrangements par rapport au disque, et franchement j'ai l'impression d'être de retour chez moi. Comme dans les cauchemars sous Tramadol, analgésique en vogue au Proche-Orient et très utile pour vivre sans espoir.



Malheureusement, le groupe ne s'est pas auto-suicidé après cette oeuvre maitresse, ils ont remixé et réarrangé à peu près toutes les décades leurs brûlots fétiches indépassables, se sont sporadiquement reformés et lentement propulsés dans un en-deça (l'envers de l'au-delà) de leur splendeur mortifère où ils n'apparaissent plus que comme une bande de petits vieux juifs et chauves, comme un pauvre couillon de goy qui tenta jadis de percer dans le milieu de la compilation cosmopolite, et dont l'insuccès fut à la hauteur de son manque d'ambition artistique, et après ça personne n'avait plus la force de lui jeter le moindre caillou pendant la 4ème intifada.

et des nouvelles de Minimal Compact qu'on aurait préféré ne pas avoir :

https://www.benzinemag.net/2019/11/23/minimal-compact-creation-is-perfect-ou-comment-depasser-le-piege-de-la-nostalgie/

jeudi 11 mai 2023

Inédits Goossens 91

Route vers l'enfer de Daniel Goossens (1986) vient d'être réédité chez Fluide Glacial, en rescannant les planches pour obtenir un maximum de piqué sans risquer d'abîmer les boosters, et avec une nouvelle couverture, la voici.


et une histoire inédite en album, la voilà.

Si tu cliques sur les vignettes, tu les verras mieux. En principe.





Et une couverture de Fluide du temps de la prépublication dans la revue, tiens, prends ça, rascal. 


Et si tu tapes le tag Goossens dans mon métamoteur de recherche à la torbotubure, tu verras du pays, et peut-être même ce que nul mortel n'a contemplé avant toi.
En tout cas il n'est jamais venu s'en vanter par ici.

dimanche 7 mai 2023

La Théorie Des Cordes - 4U-9525 (2023)

" ... puis il a dit :
" maintenant je vais détruire
le monde entier ! "
- Qu'entendait-il par là ?
- C'est ce que disent toujours
les bokononistes avant de se suicider."

Kurt Vonnegut, "Le berceau du chat"


4U-9525 est un album de musiques improvisées, sur le thème du carnet de bord du copilote suicidaire Andreas Lubitz du vol 4U-9525 de Germanwings, qui a entrainé dans la mort les 150 personnes à bord de l'avion. Evidemment, même si je fais semblant d'être con et que c'est vachement bien imité, je ne puis m'empêcher de craindre la morbidité de l'entreprise. Et puis d'abord, comment ont-ils eu accès à ce journal intime du copilote dépressif ? Andreas Lubitz avait-il lu Houellebecq sans porter un masque protecteur ? Etait-il bokononiste ? 
Le disque donne-t-il envie d'en finir plus décemment, sans écourter la précieuse existence de 149 personnes embarquées dans la chute finale à l'insu de leur plein gré, en réécoutant l'épatant Suicide Chump de Frank Zappa ?

« Trouve-toi un pont et fais le grand saut
Arrange-toi juste pour réussir du premier coup
Car il n'y a rien de pire qu'un suicide raté »
Frank Zappa, « Suicide Chump »

Ou l'amusant "Mourir au Japon" de Babx ?

Et si Andreas Lubitz avait testé le microdosage des psychédéliques, plutôt que de se défoncer à la mirtazapine, réputée donner des idées suicidaires aux dépressifs et induire un virage maniaque sur l'aile gauche, la face du vol 4U-9525 en aurait-elle été changée et les passagers sauvés, et peut-être même deux ou trois fois, comme dans le roman furieusement priestien " l'Anomalie " de Hervé le Tellier ? 
Et la musique enregistrée ici se porte-t'elle caution morale de l'entreprise black et mortifère ?  Se repentir, est-ce se rependre ? ... et toutes ces sortes de choses. 
Quel mauvais karma pour ceux qui sont montés dans cet avion, avec l'aval des psychiatres et psychologues du travail de l'aéronautique. si j'étais théologien, j'y verrais une nouvelle preuve de l'absence de justice divine.
Par ailleurs, j'étais en pourparlers avec moi-même pour écrire un article sur le thème d'une actualité sans cesse renouvelée « nous sommes tous des otages dans l’avion conduit par les super-prédateurs de l’espèce humaine, sans savoir que c’est comme dans l’A320 "4U-9525" de Germanwings, et qu’il n’y aura pas de survivants au crash civilisationnel qui se profile », et puis j’ai découvert le disque, qui en est une métaphore musicale, hypothèse confirmée par un des musiciens du groupe dans les commentaires de l'article de mazik.info : 
"Nous sommes tous dans le même avion et il est plus courageux de regarder avec lucidité notre trajectoire que de prier ou de converser sur le mauvais temps."
Ce qui serait encore plus courageux et sympa envers nos éventuels enfants, c'est de tenter de dévier le cours de cette putain de trajectoire que bon nombre de commentateurs prennent maintenant pour un fait acquis, en tout cas ça réduit mon projet éditorial à pas grand chose. 

- Un peu comme quand l'amie prof de géopolitique à Sciences Po a ratatiné le "Manières d'être vivant" de Baptiste Morizot chez moi la semaine dernière, il lui a suffi de parcourir la quatrième de couverture pour décréter, avec toute l'assurance que lui donnent une personnalité sans concession revigorée par l'essor des mouvements d'émancipation néoféministes, en tout cas sur les réseaux sociaux plus que dans ma cuisine, que c'était encore un gars qui ne faisait que redécouvrir des pratiques anciennes en s'arrogeant le droit d'émettre un savoir dessus, en plus elle pariait que c'était très bien écrit, et comme elle avait raison sur toute la ligne, elle m'a tout pété mon Morizot et je n'ai même pas pu lui en citer une ligne, ni pour la contredire ni pour abonder dans son sens.
- Un peu comme quand on regarde la minisérie Chernobyl et que après, on ne peut plus regarder de fictions d'horreur, que ce soit en films, en séries ou en suppositoires, parce que la catastrophe nucléaire russe et ses conséquences humaines et environnementales rendent ridicule et dérisoire l'épouvante issue de l'imaginaire des scénaristes des films de trouille.

Le copilote soupçonné d'avoir provoqué délibérément le crash de l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises avait dit qu'il ferait un jour « quelque chose qui allait changer tout le système » et que « tout le monde connaîtrait [son] nom », a déclaré son ex-petite amie au quotidien allemand Bild, en kiosque samedi 28 mars. 
(…) Si Andreas Lubitz « a fait ça »« c'est parce qu'il a compris qu'à cause de ses problèmes de santé, son grand rêve d'un emploi à la Lufthansa, comme capitaine et comme pilote de long courrier, était pratiquement impossible », affirme-t-elle.



- Epilogue version happy end
l'écoute du disque n'a rien pour endommager le conduit auditif ou infliger des dommages cérébraux qui lui préexistaient sans doute, et on survit aisément au carnet de voyage musical, l'argument du crash aérien ne serait-il là que pour faire le buzz et m'inciter à écrire un article élogieux ?
j'aime bien le morceau "la mort du bouddhiste", par exemple. 
Puissance de la rythmique, et solo de guitare inspiré, comme seul le jazz-rock en procure.

- pour la version tragic story de l'Epilogue
revoyez un vieux David Lynch genre Lost Highway, ça vous permettra de saigner par les oreilles en mangeant du popcorn, un plaisir fin et délicat de gourmet cinéphile.

- Epilogue version prix spécial du jury :
Le sketch d'ouverture du film "Les nouveaux sauvages" sorti quelques mois avant la catastrophe aérienne en reprenait la trame dramatique, avec des similitudes éprouvantes pour l'entendement puisqu'il s'agissait d'une fiction beaucoup plus réussie que la version en Réalité Réelle Ratée qui allait la suivre au tombeau.

Annexe hâtivement aménagée au fond du jardin

jeudi 4 mai 2023

Babx - Mourir au Japon (2009)

Je n'ai plus trop de nouvelles de Babx. 
Et vous ?
Je comprends très bien pourquoi ça n'a pas marché pour lui, trop morbide, trop désespéré le poète, le temps n'est plus aux auteurs compositeurs interprètes qui cisèlent leurs chansons comme ce fils illégitime de Léo Ferré, Tom Waits et d'autres artistes qui se croyaient volontiers maudits jusqu'à ce que ça démarre, alors que Babx qui avait tous les atouts a dû se contenter d'un anonymat dont j'ignore tout puisque rien n'a fuité.
https://www.discogs.com/fr/artist/1408930-Babx
 par contre, des fans ont sorti une version illustrée de gais selfies de son inoxydable tube "Mourir au Japon" qui m'a bien fait marrer. J'en avais fait de même avec Tuxedomoon, il y a longtemps. Sous leur youtube, j'ai gravé dans la purée des commentaires, avec une fourchette cassée : "D'une chanson puissante mais mortifère, vous tirez une ode à la vie. Merci !" On ne pourra pas dire que je suis avare d'éloges, quand c'est mérité.


Entouré de collégiens
Et d'employés Susuki
Dans des vapeurs de jasmins
Avec mes nouveaux amis
Au son d'un Sayonara
J'allumerai la bombonne
Et dans mon âme dansera
Le monoxyde de carbone

Je veux mourir au japon
Dans un suicide collectif
Parce que c'est cool le Japon
C'est tellement cool le Japon

Quand je pense que pendant ce temps, ma fille qui finit cette année un bac + 5 anglais-coréen est actuellement en stage au département export Japon/ Corée de chez Tefal, et savez-vous pourquoi le département export Japon/ Corée de chez Tefal marche du feu de dieu ? 
parce que les Japonais n'ont pas de poêles. 
Les Coréens non plus.
(on entend brièvement des rires enregistrés, assez consternés quand même)

dimanche 30 avril 2023

Maxime Le Forestier - Passer ma route (1995)


J'aimais bien cette chanson, sans m'être vraiment penché dessus, Maxime le fox-terrier, bof bof, ou plutôt wouaf wouaf, aussi has been que moi, même si le chanteur présente de meilleurs états de services, et l'individu, je sais pas, bien que je vienne de lire une interview plutôt sympa
Chanson dont j'ignorais qu'il existât deux versions, une longue, qui semblait l'originale, une courte pour les passages radio et télé, et à l'écoute à tâtons et à vue de nez je croyais qu'il chantait en intro "Laissez-les dans les cartons les plombs d'la planète" et je trouvais ça bien vu comme image. 

Vu qu'on est bien partis pour les faire sauter, les plombs de la planète, entre la guerre aux portes de l’Europe, un peu partout en Orient et en Afrique, le réchauffement, la famine à suivre, des virus inédits plus ou moins rigolos et mortels, l'andropause, la déclaration de revenus et la mycose d’orteils qui nous guettent dans l’ombre, de même que les marées de coëfficient 345 sur la plage de Trestrignel, merci, c’est vraiment pas la peine d’en rajouter, et dire qu’on a eu l’imprudence de faire des enfants, et qu’on va leur laisser un monde au bout du rouleau, et que le public de la finale de la coupe de France n'a même pas perturbé le match hier soir pour protester contre la réforme des retraites, les supporters ne méritent même plus mon mépris pourtant démocratique,  mais même si tout est foutu, n’allons pas trop vite en besogne, certes, l'inquiétude, on en a ras les baignoires, mais on a encore le temps d'écouter une petite chanson de Maxime Le Forestier, même en version longue. 
En fait, après avoir laborieusement recherché une version correcte des paroles, j'ai capté qu'il chantait les plans d’la planète, et pas les plombs, et que mon cerveau avait juste essayé de recréér du signifié là où il n' y avait que du signifiant, surtout avec la suite du couplet, Faites-les sans moi, oubliez pas les fleurs
Quand ces rétroviseurs-là m’passent par la tête
J’ai du feu sur l’gaz et j’m’attends ailleurs 
ça ne veut délicieusement rien dire, c'est une ode à la nonchalance, au désengagement et à la présence purement existentielle (quand l'Etre est délivré du Faire et du Prétendre, on entre dans la Grande Vacance), on dirait du Moustaki, ou du Bashung sous exstasy (ce n'était pas sa drogue préférée, je le vois plutôt carburer au tramadol car “Le tramadol est un analgésique, c’est très utile pour vivre sans espoir”
Ah non, zut, je m'ai trompiné, ça c'est ----------- 
(inscris ici le nom de ton chanteur dépressif favori, mais attention, car Gérard Manchié n'est pas un mot accepté au scrabble, bien qu'il ait écrit une chanson sur le même thème du désengagement que Passer ma route, mais elle s'appelait Rien à raconter, et était beaucoup moins agréable, et beaucoup plus donneuse de leçons) 
Ah là là Akbar, Passer ma route c'est vraiment une chouette chanson. D'autant plus quand je regarde l'affiche du printemps de Bourges 2023, qui donne envie de s'enfermer dans une pièce sans lumière et d'écouter du dark ambient jusqu'à ce qu'il nous arrive quelque chose. 
Il ne manquerait plus que les choristes, qui miment des vagues orgasmiques qu'on croirait échappées belles et passées entre les gouttes du Great Gig In The Sky à la fin de la face A du Dark Side of the Moon de Pink Floyd soient noires pour que mon bonheur soit total, car j'ai gardé des goûts simples.
du coup, je mets les paroles, que tout le monde voie bien le flanby.
-----------

Laissez-les dans les cartons les plans d’la planète
Faites-les sans moi, oubliez pas les fleurs
Quand ces rétroviseurs-là m’passent par la tête
J’ai du feu sur l’gaz et j’m’attends ailleurs

Je fais que passer ma route 
Pas vu celle tracée 
Passer entre les gouttes 
Évadé belle

Tellement bien soignée la pose, qu’on se prendrait pour elle
Faut que je pense à m’trouver un métier
Autant manger de ce qu’on aime, j’ferais bien le rebelle
Et l’école de la rue, comme les autres, j’ai séché

J’ai fait que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Elle tape dans l’œil la grosse caisse, on dirait du cash
Ce qui faut livrer de pizzas pour l'avoir
Autour de moi les dollars joue à cache-cache
Demain je commence à chercher, pas ce soir

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Parole après parole, note après note
Elle voulait tout savoir sur ma vie
J’ai tourné sept fois ma clé dans ses menottes
Sept fois ma langue dans sa bouche et j’ai dit

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle

Est-ce que c’est un marabout, un bout de ficelle
Un gri-gri que j’aurais eu sans le savoir
Chez les tambours des sorciers, sous les échelles
Dans les culs-de-sac infestés de chats noirs

Je fais que passer ma route
Pas vu celle tracée
Passer entre les gouttes
Évadé belle


----------------
pour ceux qui préfèrent le tramadol, et je ne pourrai les en blâmer avant lundi, il est encore temps de regarder la série "Dead Ringers" qui vient de sortir, et qui n'évoque pas du tout la mort de la chanteuse des Rita Mitsouko Catherine Ringer, mais une adaptation sérielle et très féminisée du terrifiant film éponyme de David Cronenberg (son meilleur à mon sens), et qui déchire sa mère la pute et son père le tox.






plus ça va, plus je préfère la plage de Trestrignel.