« Ma chère enfant, ce serait une grande faute
que d’épouser votre père. C’est très simple, il faut le décourager, sans le contredire.
- Mais je l’aime. »
Delphine Seyrig et Catherine Deneuve,
dans Peau d’âne.
dans Peau d’âne.
- extrait inclus dans le documentaire -
Elles ont dû bien s'amuser, Delphine et Carole, dans les années 70. Carole en a attrapé les rides de la rigolade, elle est fatiguée mais toujours enthousiaste pour évoquer les grandes heures du féminisme militant, qui marque les débuts glorieux et victorieux de l’émancipation des femmes hors des carcans patriarcaux. Elle est interviewée en 2009 pour fournir le fil conducteur de ce portrait croisé des deux copines, qui devait se focaliser sur Delphine Seyrig, disparue du cancer du poumon en 1990. Parce que les deux pasionarias ont beau combattre l'oppression masculine dans ces années-là, en s’emparant les premières des moyens de la vidéo légère et en réalisant une série de films assez acides sur la condition féminine, elles croisent les représentants officieux du discours du maitre sur les plateaux télé, les Drucker, Bellemare, Pivot le roi des valets, qui les accueillent brièvement dans leurs émissions avec une condescendance certaine et amusée, mais elles sont aussi prisonnières de la clope, qui les emportera toutes deux avant l’heure.
Carole n'a pas fini son film sur Delphine. Sa petite fille l'achèvera dix ans plus tard. |
Et comment peut-on s’appeler Callisto McNulty, à moins de jouer dans The Wire ? le film ne le dit pas. Le film ne dit pas grand-chose, d’ailleurs, s’interdisant la voix off, brodant interviews, extraits de films, d’auto-productions vidéo de l’époque, retraçant par petites touches ce combat pour s’affranchir du phallocentrisme. Quarante cinq ans après, que reste-t’il de ces luttes ? Si on lit la récente enquête du Monde « Féminicides : mécanique d’un crime annoncé » on se le demande un peu.
Mais si, surmontant cet abattement passager, moins définitif que celui des victimes, on lit les éditos de Maïa Mazaurette dans le même journal, on se dit qu’au moins, maintenant, elles peuvent dire leur désir, au risque de paraitre plus mec que le mec le plus macho. Certaines affirment aujourd'hui la primauté du fantasme de toute puissance phallique. Je veux choisir mes partenaires, imposer les formes de mon plaisir et rester maître du tempo. Je veux avoir le phallus et non pas me soumettre au désir de l'autre jusqu’à être pour lui le phallus, ce qui est le marqueur du pole féminin du désir et le secret de leur pouvoir bien plus redoutable.
Et pourquoi pas ? moi ça m’a toujours eu l’air un peu fumeux, ces histoires. Le phallus c’est pas ce truc pour offrir du plaisir ? J’en ai entendu parler par Lou Reed, en termes voilés mais élogieux dans sa chanson « My red joystick ». Mon rouge bâton de Joie. Mais pour donner du plaisir, voire de la Joie quand la météo s’y prête, il faut bien quelqu’un pour en recevoir, non ? alors je me dis qu'on peut pas tous avoir des phallus, quand même, ça marcherait moins bien. Même si on dit des phalli.
Après, sur le plan symbolique, et au nom de la parité ratée et encore plus mieux ratable que nos grand-pères ne la ratèrent avec nos grand-mères, et si nous sommes condamnés à nous fréquenter complémentairement tant qu’on ne trouve pas d’alternative à la reproduction sexuée, je veux bien qu’on laisse les filles se foutre la toute-puissance phallique dans l’oeil avec leurs désirs, ça peut avoir des conséquences bénéfiques pour nous, bien que j’approche à grands pas de la date de péremption, et toujours pas un chapeau de vendu. Mais entendons-nous bien, que dans l’oeil, hein ? qu’elles ne viennent pas s’aviser de nous le mettre ailleurs, je suis chatouilleux.
Après, sur le plan symbolique, et au nom de la parité ratée et encore plus mieux ratable que nos grand-pères ne la ratèrent avec nos grand-mères, et si nous sommes condamnés à nous fréquenter complémentairement tant qu’on ne trouve pas d’alternative à la reproduction sexuée, je veux bien qu’on laisse les filles se foutre la toute-puissance phallique dans l’oeil avec leurs désirs, ça peut avoir des conséquences bénéfiques pour nous, bien que j’approche à grands pas de la date de péremption, et toujours pas un chapeau de vendu. Mais entendons-nous bien, que dans l’oeil, hein ? qu’elles ne viennent pas s’aviser de nous le mettre ailleurs, je suis chatouilleux.
Le documentaire un peu trop respectueux de la petite-fille de Carole se laisse donc visiter comme un gentil musée bien propret du témoignage sur un monde disparu, celui d'un combat plus irrévérencieux qu’agressif, avec des slogans assez corrosifs comme on en voit dans les manifs de l’époque, et sans qui Weinstein et Polanski auraient encore pignon sur rue.
Je n’ai pas été trop ému, je ne suis pas dans le coeur de cible, étant une ménagère pas tellement opprimée par mon conjoint (sauf quand j’ai oublié de faire à bouffer comme hier soir quand elle est rentrée du travail), mais elles avaient l’air de bien dépoter, les deux pétroleuses, j'aurais bien aimé les croiser, mais je ne sais pas si elles auraient apprécié mon humour glacé et sophistiqué.
Surtout que je vois au générique la présence d’un Géronimo Roussopolos, je me demande ce qu'il a fait au Bon Dieu avant sa naissance pour s'appeler comme ça, et je connais une blague bien grasse avec Géronimo Lagadec, je vais la garder pour plus tard.
Ma légitimité pour parler du féminisme est cachée dans ce dessin. Trouve-là. |
Je ne laisserai personne dire que c’était le bon temps.