samedi 6 janvier 2018

[Repost] Font et Val : Baader (1978)


Février 2009 :

Les deux gauchos flamboyants des 70's, ambiance Charlie Hebdo de la bonne époque.
Longtemps avant que leur karma se déploie dans sa radicale altérité :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Font
http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Val
Enjoy, comme on dit dans le Bas-Rein.
J'ai longtemps cherché ce disque en vain, alors que hier j'ai mis le pied sur l'intégrale, par hasard.
http://auteursreunis.free.fr/

Le lien est dans les commentaires, si je mens je vais en enfer.

[Repost janvier 2017]

Depuis l'enfer (où entre parenthèses on met à profit le concept de ce réchauffement durable dont Nicolas Hulot ferait bien de s'inspirer au lieu de nous bassiner avec ses arguties), enfer où j'ai établi un campement provisoire et bientôt une colonie de peuplement avec mon pote Paul au Cambodge vieux poto Robert Fripp, je boude, durablement, et je vais continuer à exhumer de vieilles merdes fossiles jusqu'à ce que mes satiriques statistiques remontent sur mon autre blog.
Esprit de Charlie, es-tu là ?
Y peut pas répondre, il est aux cabinets.

http://www.mediafire.com/file/ss39n330yxzx3xo/F%26V_Badr.zip

Merci à Didier de m'avoir renvoyé les fichiers !
Je me rappelais très bien (mais confusément) les lui avoir envoyés, à l’époque où j’étais le Roi du grog…
Et je ne les avais pas archivés sur support physique, considérant un peu tôt que c’en était fini des supports physiques…
… non, je ne dévelpperai pas cet aspec, sinon jeu vé ancor écrir tou gogol… 

mercredi 3 janvier 2018

Le dernier San Pellegrino (2)

Début janvier 2018.
La France se réveille avec la jambe de bois, et se rend clopin-clopante, qui à son bureau, qui à son chômage, qui à son garage pour bricoler des vieux feux d'artifices périmés qui n'ont pas explosé le 31 décembre, la clope au bec et la fleur au fusil, bien décidé à en découdre avec les installeurs de compteur Linky en rut intelligent s'ils osent se pointer malgré nos refus polis au téléphone face à leurs relances de tafioles.
Souhaitons-leur à tous bon courage, nous qui surfons sur la vague du télétravail à distance de l'ordinateur (50 mètres minimum, et les pains dans les moches).
Par contre, j'ai pas que d'autres bonnes nouvelles à vous transmettre.
Malgré mes pressants et déchirants, que dis-je, pressés et déchirés appels à fréquenter mes autres succursales, lors de ma harangue du 29 décembre, déjà une paille puisque c'était en attendant l'année dernière, j'ai eu vos résultats, les enfants, et franchement, les chiffres viennent de tomber, et ils ne sont pas très encourageants.

Premier de la classe, sans doute du fait de l'abondance de vélos rouillés et grinçants sur les bas-côtés des autoroutes de l'information, dérobés et recyclés par un personnel peu regardant dans des filières à Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan)



Là où je sue sang et eau, quelques rares aventuriers de la conscience se risquent à lire parfois un demi-article, puis lâchent l'affaire en route pour aller aux commissions, petites et grosses, parce qu'on a tout mangé au Jour de l'An alors qu'on pensait bien qu'il resterait des restes.



Et là, franchement, y'a pas de mots. Les bras m'en tombent.
Tout un plan media à refaire.
Ma vocation tardive d’écriveur quantique est mise en échec, jour après nuit.
On voudrait m'inciter à écrire des choses que je pourrais regretter par la suite, ou à m’abimer dans une correspondance absurde avec des gens que je n'ai pas pas vus depuis 25 ans, qu'on ne s'y prendrait pas autrement. C'est pourquoi je déclare une grève sans préavis et reconductible ad vitam de la graphomanie, et le blocage en raffinerie des camions de mots qui étaient prêts à ravitailler l'article en panne et en cale sèches sur le dernier San Pellegrino.

C'est décidé, je reprends ma guitare sèche, et j'attaque une reprise de "mon père était tellement de gauche" des Fatals Picards avec un fort accent nazi, ça c'est du facile, ça marche toujours, ils comprendront ce qu'ils perdent en boudant mes saillies de Roi du Gag.
Et puis ça me reposera les doigts, parce que franchement, y'a des fois, c'est comme après un concert de feu mon voisin Totorhead, ça fait du bien quand ça s'arrête.
Si Abou Hamza Al Mouhajer veut me remplacer, qu'il se manifeste. Si ça me gratte, je me produirai dorénavant sur mon blog hyper-secret, genre de peinture à l'huile bien plus beau quoique plus difficile que la peinture à l'eau.



Je reviendrai quand vous serez calmés,
et que les stats de mes blurgs ressembleront à ça :


et mon firewall à ça :


Tempêtes en janvier, t'en chies en février, dit l'almanach du marin breton.
M'en fous, c'est pas tous les jours février.
Cyber-kenavo !


[Edit]


Mwah ha ha ! 
Je vois que France Télévision fait bien pire que moi, 
mais qu'ils s'en font une fierté !
S'affranchir de ses défauts en s'en réclamant, 
ça fait au moins 6 mois qu'on me l'avait pas faite !
J'ai hâte de voir la tête de leur projet pour concurrencer Netflix !
Des heures de rire en perspective !
Bonne année à touffes et à toutes !
Houhouhou, je m'en étouffe, 
par prayzelorde et fuczefoc !

dimanche 31 décembre 2017

Compile Elation (stances à Soeur Emmanuelle IV)

La météo du jour en direct live.
Vous conviendrez zézément
 que y'a pas d'quoi, en signe de joie
se passer les paupières à la crème de Chester
avec une tringle à rideau de fer.
Raison de plus pour rester au chaud
et écouter des disques.
 Brouillon de mail non envoyé (et ça vaut mieux)  ... je ne tiens pas à reprendre contact avec toi...ça démarre fort, hein ?
en effet, nous avons pu constater lors des précédents épisodes que notre interaction m’était néfaste, pour des raisons claires-obscures que je suis le premier et sans doute le seul à déplorer, mais "C’est comme ça. La la la la la..."
Néanmoins, comme je traverse une crise d’élation assez sympa (tu dois savoir ce que c’est, toi qui es versée dans les langues anciennes, mais je te le dis quand même, élation = allégresse + élévation de l’âme, je suis quand même le fils de la revanche d'un professeur d'explications et ça serait dommage de pas en abuser) plus attrayante en soi que mes anciennes rechutes « vers le bas » pour complaire à la gravité, je passe donc en courant pour te signaler que je suis en train de recycler du matosse issu de nos échanges d’il y a 2 ans et demi (déjà !) et que ça serait un peu comme te donner de bonnes nouvelles sans vouloir en recevoir en échange, vu que je suis quand même meilleur quand je cherche à donner qu’à prendre un truc que je peux pas avoir.
Bises
K.



Brouillon de compile Elation 
non envoyé.e avec (et ça vaut mieux)
A Soeur Emmanuelle quatre 
Vers le fini, et au-delà du tralala

http://www.Emmanuelle_IV.zip

Allez, courage, c'est la dernière de l'année.
Ca va passer.
Tout passe, sauf les baffes.



Souvenons-nous dans cette épreuve
des meilleurs moments de 2017.
Haut les coeurs !
Bas les masques !
Libérons la parole sur Internet, 
cet espace de courage et de vérité
pour les dégonflés, les pleutres,
les mous du ventricule gauche,
les foies jaunes et les mutilés de la vie sociale !
-----------
 Louis Julien Poignard, Président du GRRR (Groupe de Réalité Réelle Ratée)




vendredi 29 décembre 2017

Un petit geste envers les déshérités du Net qui ont attrapé la fracture numérique en couchant sous les ponts

Le métro, ça mène à tout.
A condition d'en sortir.
Entendu dans le métropolitain :
"Bonsoir messieurs-dames.
Je ne fais pas la mendicité. 
Mon camarade et moi-même, nous sortons de prison, vous savez, celle qui n'a qu'un seul barreau autour duquel nous tournons, et si vous pouvez nous dépanner d'une pièce ou deux, d'un ticket resto ou même d'une offre d'emploi, n'hésitez pas. Ca nous permettra de rester propres et de nous loger. Et accessoirement, de conserver notre dignité."

J'achève un déplacement sur Paris, qui m'a permis d'éviter un regroupement familial toxico-maléfique, ainsi que de participer à  un regroupement familial bénéfique.
Ne boudons pas notre plaisir.
Ils sont si rares, et si chers, les plaisirs gratuits.
Je veux bien que Paris soit une ville-lumière, mais elle ne l'a pas à tous les étages.


Le canal Saint-Martin
(vue d'artiste)
(ma fille)
Les pauvres pullulent sous les ponts du canal Saint-Martin, et en plus ils n'ont sûrement pas le wi-fi gratuit.
Je revois aussi en un douloureux flashback ce père de famille ukrainien flanqué de ses deux enfants en bas âge, se blottissant tous trois sous des cartons humides et des sacs de couchage qui avaient connu des jours meilleurs, au pied de la vitrine d'une librairie polonaise,  simplement parce qu'il ne savait pas lire, sinon il serait allé étaler sa crasse sous la devanture d'une librairie russe, par repli communautariste.
Affreux affreux.




Le canal Saint-Martin
(vue réelle)
(moi)
Du coup, je pense à tous ces déshérités du Net : mes autres blogs, qui dorment sous les ponts par manque de traffic, démédiatisation rampante, et statistiques maigrichonnes.
En particulier https://johnwarsen.blogspot.fr
sur lequel je déploie des efforts méritoires, et dont certains articles pourraient en remontrer en matière d'illisibilité au gérant de celui que vous êtes en train de lire.
Mais je songe aussi à un autre miséreux, https://dedemireille.blogspot.fr
blog furieusement responsive,
qui évoque le destin tragique d'artistes de music-hall injustement oubliés après avoir été tragiquement méconnus, et qui sont pourtant toujours vivants et en bonne santé.
Si vous pouvez leur faire l'aumône d'une visite, d'un petit mot gentil, en cette période de fêtes si cruelle envers les dépressifs et les personnes âgées, merci d'avance, le Bon Dieu vous le rendra au centuple.

Et tant qu'on y est, n'oublions pas non plus d'avoir un peu de compassion pour les riches.

vendredi 22 décembre 2017

"Esprit de Nous-Elles" - compilation Warsen (2017)

Pour Noël, plutôt que d'offrir un calendrier coquin d'agricultrices, pensez à la compile Warsen ! 
0,005 % des gains seront reversés à la recherche contre le compteur Linky, celui qui donne le cancer intelligent.
A propos, ils m'ont appelé pour prendre rendez-vous, s'ils étaient partisans, ils sont revenus réglisse.
Ca a été vite réglé.
Plus vite que certains dossiers client au bureau, ou que tous mes brouillons de posts en cours, San Pellegrino le retour, tout ça...
N'allons pas nous mettre Charles Martel en tête.
Ma femme, trouvant que la vie à la campagne était un peu stressante du fait de tous ces bipolaires qui rôdent dans les taillis de la salle de bains quand elle veut prendre sa douche, a décidé que nous irions passer les fêtes de fin damnée à la capitale, une bonne cure de gazole et de files d’attente devant des expositions bourgeoises d’art décadent, y’a que ça de vrai pour vous requinquer le moral.
Pour la suite, il faudra donc patienter quelques jours.
D'où l'idée d'une compilation festive, à base des meilleures musiques d'attente de mon répondeur téléphonique. 









(Recommandé par le ministère du Blasphème et du Download, 
sauf si votre taux de cholestérol excède 6,35.)


+ en super bonus :
le tutoriel de la cover alternative pour les malades du "Fais ta pochette d'album toi-même"
(et Dieu sait qu'il y en a)




Allez, soyez sages.
Don't do anything I wouldn't, comme disait l'ami américain qui se reconnaitra si il lit Céline.

dimanche 17 décembre 2017

Vincent Delerm - Deauville Sans Trintignant, et sans Vincent Delerm (2014)

Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas fan des Delerm, père et fils.
Mais il arrive que le Saint Esprit passe par là, à l'affût d'un bon ou d'un mauvais coup, (et qui serais-je pour le juger), et donne au père l'idée d'engendrer le fils, au fils l'idée d'engendrer "Deauville Sans Trintignant", qui est une putain de bonne chanson wesh wesh, même sans paroles comme ici, mais aussi à Trintignant père l'idée d'engendrer sa fille, à sa fille l'idée d'enregistrer une chanson avec Thomas Fersen (penser à insérer le lien à venir quand l'article sera écrit sur l'autre blog) et d'autres idées moins lumineuses, mais à ce moment là c'était plus vraiment le Saint Esprit mais sans doute un avatar travesti du grand Cthulhu, et ça nous amènerait trop loin d'épiloguer ainsi un dimanche soir alors qu'il y a école demain. 





Je sens que moi aussi, je vais faire une petite cover pour détendre l'atmosphère un peu tendue pour les graphomanes nocturnes, en cette fin d'année plutôt chargée.
Et comme un malicieux lecteur me fait remarquer que j'ai une tête à faire de la radio, au contraire d'Eva Bester ou de Philippe Halliday quand il affirme que la seule fois où il a vu Emmanuel Manoeuvre c'était dans la loge de Johnny Macron, je vois pas pourquoi je me gênerais pour m'amuser un peu avec le langage, à condition de ne blesser ni moi-même, ni personne, bien entendu.
En effet, le langage, structuré comme l'inconscient quand il est structuré comme un langage, chauffé à la bonne température dans des circonstances tragicomiques genre surmenage sans burn-out, en tout cas à l'heure où nous mettons sous presse, acquiert une certaine plasticité. 
Il ramollit. On peut alors le travailler comme de la play-doh, faire des trous de vers quantiques dans la feuille et voyager d'un coin à l'autre de l'univers sémantique sans bourse délier, comme dans Interstellar, et créer du sens là où il n'y avait que chaos et entropie, mais il est déconseillé d'en faire manger à ses enfants, sous peine de les voir faire la tronche comme si on leur passait en boucle et à donf jusqu'à ce qu'ils aient fini leur purée de céleri la version chantée de "Deauville Sans Trintignant" que je vais peut-être enregistrer pour échapper à Noël, ses parents décrépits et sa dinde farcie au whisky et au lithium par des infirmiers psy farceurs, et c'est pour ça qu'on les appelle comme ça, comme dirait mon ami imaginaire le capitaine Louis Julien Poignard, Président du GRRR (Groupe de Réalité Réelle Ratée) qui n'a pas de faux frère mais une belle paire de jumelles suédoises en parfait état de marche quand il s'agit de jeter l'encre par les fenêtres du navire quand il fait eau de toutes parts, et c'est pour ça qu'il faut toujours conserver son pyjama sous ses vêtements des fois qu'on trouverait un abri côtier avant le naufrage en mer des Sarcasmes, ou pire, dans le Triangle des Bermudas, où l'espoir d'être retrouvé vivant et en bonne santé mentale s'amenuise de jour en jour.

Emporté par mon élan, j'ai oublié de vous signaler qu'il faut éviter de trop faire chauffer le langage en exagérant le temps de cuisson ou la température du four au moment de filmer la fiche-cuisine juste avant de la mettre sur Youtube, sinon il caramélise et on n’y comprend plus que dalle, et une odeur de brûlé se répand outre-tombe et emplit la cambuse au grand désarroi des matelots affamés, qui à la proue qui à la houppe, mais je crois que ça tombe sous le sens.

mercredi 13 décembre 2017

Dans l'enfer d'une terrifiante addiction à la connerie (2017)

Tout se passait si bien, comme dans un de ces rêves éveillés où l'on s'entraine consciemment à se retenir de faire pipi parce qu'on n'est pas certain d'être endormi dans son lit, au bureau dans le pyjama d'FCP Xxx, ou alors aux toilettes  en combinaison de plongée, en train de feuilleter l’exégèse de Philip K. Dick tome 2, le cadeau de Noël idéal pour provoquer une rupture d'anévrisme chez une belle-soeur déjà bien abimée par la vie. Mais restons lucides cinq minutes, le désir de paradis suscite l'enfer, et ça ne pouvait pas durer éternellement. Ma levée de fonds pour écrire la 2ème partie de l'article sur San Pellegrino, qui réclame des moyens intellectuels et financiers bien au-delà de mes capacités actuelles, déjà bien parti pour faire tache (1) date dans les anales et exploser les stats de fréquentation de ce blog  ( humainement inquantifiables par les robots de Google Analytics), avait suscité l’intérêt de nouveaux investisseurs, attirés par l'odeur de croissance à trois chiffres qui émanait de ma start-up tombale, et séduits par l'incohérence de ma ligne éditoriale.


mais l'art du pléonasme
en sort grandi.
Mais j'ai eu une mauvaise surprise en n'ouvrant pas le journal ce matin : parmi mes cinq lecteurs déclarés, de ceux qui flattent mon ego boursouflé au point de prendre soin de ma tombe en mon absence et d'y déposer, qui une fleur, qui un mot gentil, qui un tas d'ordures en prêt-à-déspammer, et qui étaient prêts à mettre la main à la poche pour que perdure mon entreprise indépendante de cyber-presse à scandales sans collusion avec les pouvoirs en place, j'ai appris que deux d'entre eux avaient pris mes récents articles un peu trop au premier degré du pied de la lettre, et s'étaient mis dans une situation délicate vis-à-vis des autorités.


l'espoir renait
"Il dénonce un faux djihadiste"
ce titre de la presse locale effrontément placardé devant la modeste échoppe du buraliste où je venais me ravitailler en fumigènes a attiré mon attention, je me suis retenu d'acheter la gazette qui déclenchait en moi l'irruption du sentiment océanique, (à la place j'ai acheté "America", un somptueux bimestriel propulsé par François Busnel, incluant une interview incandescente de James Ellroy, grand ravagé du polar et de l'ultra-droite), mais je me suis dépêché de rentrer chez moi pour dévorer gratuitement l'article on-line, comme disent les jeunes, le plus souvent sans savoir de quoi ils parlent; nonobstant, une fois atteint le site web du journal local, je me suis heurté à un mur de protection érigé par les terrifiants cyber-cerbères que sont les webmestres de Presse Océan, désireux de me faire débourser 0.19 euros pour accéder à l'article convoité; c'était la Big Looze, comme disent les vieux quand ils rentrent de l'ANPE sans avoir trouvé de travail, et on ne me verra pas mettre trois sous dans la Presse Quotidienne Régionale, ça me ferait mal de prolonger son agonie. 
Je préfère de beaucoup acheter des clopes pour attraper le cancer et pouvoir ensuite regretter amèrement d'apprendre quelques vérités sur le mensonge de l'addiction genre "la cigarette provoque le manque qu'elle prétend combler", phrase bien plus utile à ma santé quand il est bien trop tard et que le pronostic vital est engagé, merci bien et bonsoir messieurs les censeurs de Presse Océan, et chez Ouest-France la situation n'est guère plus brillante.


Les contrats en alternance,
c'est la plaie des rédactions.
Ils sont futés, quand même, les éditorialistes de la PQR, ils rédigent le titre de l'article en une phrase sibylline pour te donner envie d'en savoir plus, et puis toi t'es là, tout émoustillé, t'achètes ton quotidien régional la bave aux lèvres et les doigts tremblants, à tel point que tu fous toute ta monnaie par terre quand l'autre tocard d'emploi aidé te la rend en vrac sur ton billet de 500, ça commence à toussoter discrètement dans la queue file d'attente qui s'est formée derrière toi, maintenant tu sues à grosses gouttes, vite, sortir du tabac et trouver un endroit discret pour assouvir ton insatiable et illégitime curiosité envers le malheur d'autrui, et puis au final, c'était rien que de la réclame, l'article ne contient qu'une histoire navrante de plus, des gens ont laissé la misère intellectuelle et la bêtise dicter leurs lois dans leur chair malchanceuse, comme Tony Meilhon qui jaunit halliday d'avoir tronçonné sa Laetitia, ou Xavier de Ligonnes, ses envolées mystiques chrétiennes, sa famille terrassée et sa fuite au désert de l'Atacama, premier gisement mondial de lithium mais quand on le traverse en 4x4 avec tous les flics de Google Maps et d'Interpol au derche, on a peine à entrevoir les richesses du sous-sol, et puis finalement on n'a jamais su qui avait fait le coup, et tu te retrouves aussi con devant un tel fatras d'absurdités et ta collection de Ouest France que Louis Calaferte devant sa boite à papillons.


"Quelle n’est pas notre déception lorsque nous croyons avoir capturé un spécimen unique de l’espèce et qu’ensuite, avec la connaissance approfondie que nous avons de lui, nous nous apercevons qu’en réalité nous avons bel et bien affaire à ce qu’il y a de plus commun dans le genre.
Pouvons-nous nous expliquer ce qui a provoqué pareille erreur ? Serait-ce par exemple, le charme envoûtant d’un sourire, des lèvres doucement sensuelles écartées sur deux belles rangées de dents joliment plantées, ou l’innocence du regard, sa transparence liquide qui nous portait sans autre question au ravissement chaque fois qu’il se posait sur nous ou, peut-être, l’expression enfantine émanant de cette présence désirable que depuis nombre d’années on se languissait de s’approprier, promesse d’une félicité dont nous espérions les plus délicats émois, les épanchements les plus raffinés, quelque chose d’une indéfinissable séduction qui eût avec bonheur agrémenté nos derniers jours.
Enfin, la pièce a pris place dans nos boites de collectionneur, celles réservées aux trouvailles secondaires, de la catégorie vulgaire dans l’ordre qui est le sien. Pour mille raisons, nous préférons bien souvent même n’en pas faire état auprès des amis que nous avions naguère entretenus de nos recherches ou auxquels, dans notre enthousiasme passionné, nous avions eu la légèreté d’annoncer que nous avions réussi à mettre la main sur un exemplaire de choix.
Sans doute notre aspiration à un ultime bouleversement que nous eût causé une rencontre exceptionnelle est-elle à incriminer ; nous avons cru de bonne foi que l’émotion qu’il nous a été donné d’éprouver à une ou deux occasions dans le passé pouvait miraculeusement se reproduire au terme d’une existence d’une certaine manière vouée aux éblouissements de la rareté.
Contentons-nous des richesses que le hasard nous a allouées et, pour le reste, faisons en sorte d’oublier."
Louis Calaferte, Memento Morilles, et puis ramène du pain aussi, pendant que tu y es.

Bref. 
Tout ça pour dire que deux de mes plus fidèles thuriféraires, membres d'honneur de ma garde rapprochée et correcteurs attitrés de mes fautes de frappe chirurgicales, gardant les yeux ouverts et le doigt sur le smartphone, toujours partants pour me dénoncer à la Kommandantur des Grammar Nazis dans mes pires moments de harcèlements textuels sur mineur.e.es, comme si j'étais le Weinstein de l'écriture inclusive, deux lecteurs géolocalisés sur la commune de Blain (Loire-Atlantique) par Google Keufs et Ouest France, se sont récemment singularisés aux yeux de leurs voisins qui ne se doutaient de rien et des forces de police qui étaient occupées ailleurs, par des comportements inappropriés et pour tout dire déviants et de nature à semer le trouble dans l'ordre public d'une bourgade où il ne se passe en général pas grand chose après 20 h 30, et avant c'est pas très animé non plus, à tel point qu'ils ont fini dans le journal, et tout ça pour quoi ? pour un instant fugace de gloire médiatique qui redore temporairement le blason de la connerie IRL, au prix d'un retour à la case prison pour l'un et hôpital psy pour l'autre, et que je crois les avoir perdus pour un moment;  franchement, ça jette une ombre funeste sur mes opportunités de  refinancement, et ça risque d'hypothéquer mes rapports jusque-là cordiaux avec mes investisseurs potentiels.

En effet, je vous rappelle que la santé économique de mes organes de presse est encore très fragile, et que je ne vis que d'offrandes rituelles psalmodiées sous la lune quand elle est pleine comme une barrique de muscadet, mes annonceurs Google Ads s'étant tous défilés les uns après les autres, même Roc-Eclerc, l'entreprise de pompes funèbres discount qui refacture la mort à prix coutant.

Mais trêve de clavardages, place aux faits, dans leur implacable crudité non cuite :

Comment peut-on en arriver à faire ça ?
hé bien, à une seule condition :
c'est de le faire.

Et d'un.
J'avoue que moi-même, quand je parcours d'un pas pressé mais élégant les couloirs souterrains de la gare SNCF qui me mène à deux pas de mon lieu de travail d'un simple clic sur mon appli mobile, et que j'y croise de jeunes et jolis militaires dans leurs affriolants treillis kaki garants de ma sécurité passagère dans l'enceinte de la station, fusils Famas frétillants d'inaction en bandoulière, bientôt supplantés par leur rival mortel le HK 416 de fabrication allemande, je suis parfois tenté de m'exclamer "Houellebecq Akbar" à la cantonade, histoire d'amuser la galerie marchande et de pimenter mon quotidien morose en me prenant une bonne rafale dans le bide, mais ça risquerait de me mettre en retard au bureau, et j'ai pas mal de dossiers urgents à traiter pour hier au plus tard, alors je me contiens douloureusement, comme dans un de ces rêves éveillés où l'on s’entraîne consciemment, avec le peu de lucidité onirique qui nous reste, à écrire un article encore plus long que les interminables pensums de l'odieux connard sur d'ineptes blackbusters, et je passe mon chemin.

"La différence entre un fou et moi,
c'est que je ne finis pas dans le journal"
(Salvador Dali)



Et de deux. 

Dans le quotidien concurrent, en plus, comme si l'équilibre économique de la PQR n'était pas déjà menacé par le vieillissement du lectorat et la raréfaction des ressources publicitaires au profit des nouveaux supports (tablettes, iPhones, tickets de caisse Super U)
A mon avis, il doit y avoir un manque chronique de lithium dans la nappe d'eau potable de Blain (Loire-Atlantique), que les édiles locaux devraient inscrire urgemment à l'ordre du jour du prochain conseil municipal, au lieu de s'y auto-congratuler sur la splendeur éphémère des Illuminations de Noël qu'ils ont voté à l'unanimité pour en mettre plein la vue dans le noir de leurs concitoyens qui ainsi aveuglés ne risquent pas de remarquer le déficit abyssal des comptes publics de la Communauté de Communes.
Ou alors ça frise au contraire l'accident de surdosage, comme dans cette autre ténébreuse affaire, toujours à Blain (Loire-Atlantique).
Ou alors, la ville entière est construite sur un ancien cimetière indien.
Se faire mettre enceinte
pendant la lecture de cet article
peut nuire grave à votre enfant.

En tout cas, le carbonate de lithium, présent en quantités infinitésimales dans l'eau potable, est prescrit tantôt contre les dépressions, tantôt contre les crises maniaques
Les psys responsables de cette prescription aléatoire en décident toutes les années bissextiles par vote secret à main levée, au cours d'un congrès sur Snapchat dont ils évitent d'ébruiter la date, bien que le port de l'angoisse y soit obligatoire. J'vais vous dire, moi j'en prends du lithium, et ça m'a bien flingué mon versant dépressif, merci les gars, par contre c'est assez peu efficace, as far as I am concerned, contre les petits agacements qui taraudent parfois le bipolaire en culottes longues, sans compter que la notice d'emploi du médicament était truffée de sous-entendus croustillants sur de soi-disant troubles hyper-sexuels, actes de délinquance malveillante et autres accès de dépenses inconsidérées... moi je me contente d'y perdre mes lecteurs, les uns après les autres ils tombent comme des mouches, c'est consternant et pour tout dire un peu décevant, comme Deauville sans Trintignant...

Bref. 
Tout ça pour dire que je ne pourrais pas être journaliste, il faut coller au cul ventre à terre d'une
actualité débilitante dont un pion chasse l'autre, encensé aujourd'hui honni demain, et en plus on est sans cesse soumis à la pression constante des collègues qui furent autrefois de bons camarades mais qui veulent maintenant monter en grade dans la hiérarchie de l'autoroute de l'information le long du panier de crabes de la rédaction mise en surchauffe par les restrictions budgétaires et les coupes sombres dans la rubrique culturelle au profit d'un débat politique à fleurets mouchetés qui ne trompe plus grand monde.


De plus, soyons honnêtes avec nous-mêmes, je serais constamment tenté par la production de billets d'humeur hérités de mon vieux maître Jacques Boudinot, et mon rédacteur en chef, vendu à ses actionnaires et soumis comme un valet du patronat aux annonceurs des régies publicitaires, ces chacals des temps modernes, me tancerait vertement, tant mes articles violeraient allègrement et par tous les orifices les règles de l'objectivité et de la déontologie journalistiques les plus alimentaires, et ma carrière naissante serait alors compromise. Je n'aurais alors guère d'autre choix que de devenir alcoolique, comme tant d'autres de mes confrères en déshérence, camarades d'infortune auprès desquels on a trop souvent tendance à chercher un illusoire réconfort autour d'un fernet-branca de trop après le bouclage de l'édition du soir, et c'en serait fini de mon rêve de devenir Philippe Manoeuvre dans le Métal Hurlant de la grande époque (1975/1981).

Je trouve un peu de réconfort dans la méthode d'Eva Bester, la Madone du Spleen qui n'a pas une tête à faire de la radio, et qui suggère comme remède à la mélancolie de s'engager dans l’action ou l’absurde. 
C'est sans doute ce double conseil que mes malheureux fans ont suivi sans songer aux conséquences, mais ne comptez pas pour moi pour payer les pots cassés.


En panne d'inspiration,
la PQR n'hésite pas à repomper Internet
dans ses pires travers.

P.S. : François-Régis Hutin, fondateur de Ouest-France aux légendaires éditoriaux démocrates-chrétiens auprès desquels Bernard Guetta n'est un pâle ectoplasme, est mort il y a trois jours, pendant la laborieuse rédaction de cet article.
Je veux bien croire qu'il n'a pas fait exprès.
Moi non plus.


Ouest France reprend la main
sur son concurrent en spoilant grave :
l'espoir remeurt,
et en plus il n'était pas un steak !

(1) pour faire tache, contactez Matt Brilland, et sa célèbre peinture qui respire dans le mur.

vendredi 8 décembre 2017

Le dernier San Pellegrino (1)


...mais la musique est bonne, bordel.
Si Serge Prisset ne suçait pas que de la crème fouettée, on peut dire à sa décharge qu'il lui arrivait d'abuser de ses prérogatives parentales.
Il rouait alors son fils de coups, en hurlant "Luc, je suis ton père, descends donc m'acheter de la bière, je meurs de soif". 
Mais une fois rassasié d'alcool, qu'il avait mauvais, il retrouvait l'art de trousser une mélodie, et de greffer dessus les mots bleus qui font mouche, et qui étaient comme du baume du Tigre appliqué délicatement sur les maux bleus du petit, cerclés de mouches tout aussi bleues, mots bleus qui une fois lâchés dans le public pouvaient tout aussi bien lui ouvrir les portes du hit-parade, lui baisser sa culotte et lui faire plier les genoux avant d'y cracher sa purée variété-pop aux grumeaux onctueux et mélodiques.
C'était le bon temps où les chanteurs, y faisaient pas semblant de tout donner, sur scène comme au percepteur.
Y'avait pas d'auto-tune.
Serge appliquait spontanément les préceptes retrouvés dans une interview de Tom Waits mystérieusement disparue du web, ou alors j'ai pas mis les bons mots-clés, où celui-ci disait qu'une fois qu'il avait trouvé une chanson qu'il estimait valable, il lui cassait la gueule, lui brisait les reins, il la noyait dans la baignoire et lui faisait frire les roubignolles à la gégène, pour voir si elle en avait dans le bide, et que si la chanson survivait à ces mauvais traitements, il l'enregistrait telle quelle, toute tuméfiée et sanguinolente, et après ils buvaient un bon coup et se réconciliaient, lui à poil en train de manger du saucisson devant son ordi, elle toute frissonnante dans son tricot de peau de nouveau-né, et un peu intimidée quand même par cette promiscuité plus subie que choisie avec le Grand Tom.
Et le public, après avoir un peu renâclé comme une chochotte, parce que le grand Tom le sortait sans prendre de pincettes à épiler de leur zone de confort, suivait comme des marcassins de Panurge qui font meuh au refrain.
Bref.
Où es-tu maintenant, Serge ?
Je t'ai cherché chez Moon, chez Glücksman, chez Darty, chez les Témoins de Gévéor, chez Apple-Guéri... (j'ai en effet de sacrés problèmes de synchro sous FCP X 10.3.4 qui est parti en sucette depuis la mise à jour 10.13.1 de MacOS High Sierra), chez mon copain Bismarck qui traduisait Pétrarque en turc à Dunkerque pour le compte de Christopher Nolan, mais nulle part ne trouve-je trace de ton passage terrestre, à part sur le site bide et musique.

As-tu rejoint clandestinement le paradis des enculés alcooliques qui oublient qu’il y a un stop sur la RN 82 à la sortie de Jarretière sur Mesu ?

moi je ne mets plus de vin dans mon eau
mais je fais chier personne avec.
Je n'ai toujours pas trouvé non plus le temps d'écouter aucun de tes foutus disques à la con, mais j'ai bien flashé sur les pochettes, et crois-moi, ça suffit à mon bonheur.
Tu sais, des fois on se fait du mal bien inutilement (1) en réécoutant de vieux disques qu'on a aimés, et qui nous déçoivent, après une aussi longue absence, parce qu'on porte encore en soi des attentes émotionnelles sans doute illégitimes, parce qu'on a changé, qu'on a grandi, et que rien n'est plus irrémédiable que la maturité.
On avait pourtant ressorti le vieux rituel hypnotique, on avait tamisé la lumière, enfilé sa nuisette comme pour un rendez-vous intime avec soi-même, posé l'aiguille sur le microsillon, mais dès les premiers flonflons, on sent un grand froid, et qu'on s'était tout à fait trompé, les endorphines restent aux abonnés absents, la fête est finie avant d'avoir commencé.

Quelque part, cette émotion s'était coagulée et semblait nous revenir intacte.
D'un autre côté, c'est une charogne pourrie, comme le note Stephen Jourdain, et sa puanteur nous suffoque.
"Car abuser d' la nostalgie / C'est comme l'opium... ça intoxique." chantait Ferré, qu'on préfère lui aussi lire qu'écouter.
On en sortirait presque brouillé avec soi-même, avant de s'enfiler le grand verre de porto qu'on s'était versé à titre préventif, et qu'on est obligé d'engloutir cul sec parce qu'on a pénétré soudain sur le territoire de l'urgence du soin.

Alors que là, à regretter tes disques à priori navrants que je n'ai jamais entendus, je pense être peinard. A moins de décréter le kitsch comme l'ultime refuge du Beau et du Vrai, et de danser avec les poules comme Kundera et Lipovetski, je suis peinard, la déception, elle ne passera pas par moi.

Si je pouvais en dire autant du dernier San Pellegrino...
Diantre.
Ne serait-il pas regazéifié avec son propre gaz, celui-ci ?

le dernier S. Pellegrino
ressemble beaucoup au précédent.
Je n'en veux pour preuve que cette marque d'eau gazeuze qui lui ressemble comme à une goutte de Canada Dry, qu'il a sorti sous un faux nom d'emprunt usurpé, en trafiquant un minimum de lettres parce que c'était trop cher de tout changer à la Chambre de Commerce.
"S.Pellegrino", faut vraiment nous prendre pour des quiches pour croire qu'on va chuter dans le subterfuge et renoncer à la rupture d'anonymat.
J'habite à la campagne, et je ne reçois donc pas fessebouc, sinon j'irais lui péter la honte sur son wall.

Donc, le dernier San Pellegrino ... qui s'appelle sobrement "San Pellegrino"  comme les 8 précédents opus de San Pellegrino (2), je l'écoute par acquit de conscience.
Comme celui d'avant.
Et celui d'avant.
Et puis je suis un peu naïf, je lui accorde un minimum de confiance.
Il aura peut-être retrouvé l'inspiration, cette fois-ci.
Ouais, et peut-être que Macron va résorber le chômage.



(1) message de notre sponsor officieux, le dalaï-lama :
"Il est des souffrances inévitables, et d’autres que nous nous créons. Trop souvent, nous perpétuons notre douleur, nous l’alimentons mentalement en rouvrant inlassablement nos blessures, ce qui ne fait qu’accentuer notre sentiment d’injustice. Nous revenons sur nos souvenirs douloureux avec le désir inconscient que cela sera de nature à modifier la situation - en vain. Ressasser nos maux peut servir un objectif limité, en pimentant l’existence d’une note dramatique ou exaltée, en nous attirant l’attention et la sympathie d’autrui. Maigre compensation, en regard du malheur que nous continuons d’endurer."

(2) Stéphane Sansévérino, alias Sanseverino, a.k.a San Pellegrino... ce jeu de chaises musicales entre les pochettes d'album et les étiquettes de bouteilles d'eau gazeuse, vous trouvez pas que ça sent la schizoïdie rampante et le trouble identitaire, ou bien ?

(à suivre)
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Je choisis de découper cet article en deux parties, parce que c'est aussi fatigant à lire qu'à écrire, et aussi parce que j'ai besoin d'effectuer une nouvelle levée de fonds de ma start-up pour refinancer l'écriture de la seconde partie, j'ai épuisé mon crédit à la Banque du Sens en écrivant l'article sur Johnny, celui d'avant. et celui d'encore avant. et comme Serge, je suis un peu dans le Rouge.

jeudi 7 décembre 2017

Ah que coucouic !

Johnny, c'était un monument.
Ca ne veut pas dire qu'il était habité. 
Surtout vers la fin.
La plupart du temps, la décentralisation rampante fait que l'Office National des Feux de Forêt en Vrai Bois d'Arbre délègue la maintenance des immeubles les plus vétustes de son patrimoine immobilier et autres chefs d'oeuvre en péril à des sociétés de gardiennage, peu regardantes sur la qualité de la vie socio-culturelle que des intérimaires en voie d'uberisation insufflent aux heures de visite de l'édifice public en y tenant une permanence, sauf les week-ends, les veilles de week-ends, et parfois même les jours qui précèdent les veilles de week-ends.
Ainsi Johnny avait-il été relégué à vivoter frileusement à l'Ombre du Monument Erigé à Lui-même. 
Un peu comme Warsen et sa e-tombe : je fais acte de présence aux heures d'ouverture du cimetière, je ratisse les allées, je donne de petits coups de binette dans les plate-bandes, je redresse quelques stèles branlantes, je lâche une petite giclée de Round-Up à la one again quand personne me regarde, mais au fond, je pourrais aussi bien mettre un polochon dans le lit, personne ne verrait la différence, comme me le disait une amie pas plus tard qu’il y a 10 ans sur un blog tellement hyper-secret que j’en ai oublié l’adresseet j'en viens même à douter de son existence, qui s’est si souvent confondue avec la mienne.
Johnny était devenu le gardien chenu et décati du monument à la gloire de lui-même.
Programme minimum sur toutes les chaines d’info people et drapeaux en berne, après une vie marquée du seau de la débauche, qu’il faut bien rincer entre les orgies sinon ça cocotte un peu et les invités froncent le nez sans oser aborder le sujet de front, mais quand même ça démarre pas sous les meilleures auspices.
Idole des jeunes qui le sont restés trop longtemps, dans un jeu malicieux de renvoi d'ascenseur pour l'échafaud à Jean d'Ormesson (dont j'ai dit tout ce que je m'autorisais à en penser ici, sans jamais avoir lu un traitre mot de sa prose, je ne voudrais pas tomber sous le charme de ce vieux séducteur invétéré désormais vieux séducteur mort invétéré), d'Ormesson devenu depuis trop longtemps l'idole des vieux qui le sont restés trop longtemps, qui nous cassent les burnes à hanter les plateau télé tellement ils ne meurent pas après avoir fumé la chandelle par les deux trous, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps, et l'horloge au salon qui dit oui qui dit non, et puis qui nous attend.
Les voici réunis dans la mort, affection extrêmement démocratique mais en voie d'uberisation, Johnny et d'Ormesson, le premier abandonné par son père âgé de huit mois, le saltimbanque braillard qui se fera chantre mou du rêve américain bien avant qu'il vire aux cauchemars trumpiens sur l'abrogation de l'Obamacare, Johnny légitime héritier d'une de ces familles plus que modestes qui n'ont acquis leur légitimité qu'à force d'abnégation et de renoncements à la précarité rampante, sur fond d'airb'n'béisation de leurs conditions de vie d'enfants de la balle, et d'Ormesson, représentant lubrique et facétieux d'une aristocratie aux abois, suppot congénital de la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales et François Fillon, comme le pointera hardiment Jean Ferrat dans l'Huma-dimanche... d'Ormesson et Johnny, ennemis de classe héréditaires mais secrètement copains comme cochons dans l'intimité, celui qui croyait au Ciel et celui qui palpait de la Sacem, dans les rangs de laquelle beaucoup de punaises de bénitier prétendant bosser en sous-main pour le ministère du Blasphème et du Download à la mise en oeuvre de la loi Hadopi réputée inapplicable en l'état, passent le plus clair de leur temps au bureau à surfer sur des sites de fake news  farcies d'hypothèses grotesques taillées sur mesure pour appâter le chaland conspirationniste pour meubler le vide de leurs existences tragiques.

Dans son élégie funèbre à Johnny, Gérard Manchié ne mâche pas ses mots :
"Que reste ici de mon passé
Dans ce caveau frais repassé
L'habit de noce et le carton
De ma langue et de mon menton
L'os.
(...)
Prenez soin de moi si pouvez,
Faites de vos bouches un Avé,
Que Dieu le dépose ou l'apporte
S'il fut seul au pied de ma porte
Close. "

Et Ramon Pipin, leader charismatique injustement oublié d'un groupe phare du rock parodique qui doute lui aussi beaucoup de son existence ces temps-ci, à tel point qu'il croit s'appeler Ramène Dupain, en un terrible trouble identitaire dû à une existence entièrement dédiée au stade spéculaire du miroir médiatique qui déforme tout ce qu'il touche sans même le réfléchir avant de parler, a pressenti en un prodigieux insight dû à ses capacités de channeling hors gabarit, qui feraient passer les mutants du professeur Xavier pour de besogneux hébéphrènes enfilant des perles de Noël dans un ESAT, le devenir de Johnny dans les bardos qui s'étendent au-delà de sa brève incarnation :
"Un beau soir un éclair égaré par l'orage
Frappa de plein fouet son vélo sauvage
il était dans le désert depuis trop longtemps
mais pour Johnny, l'enfer ce n'est qu'un feu de camp."
La rédaction de France Dimanche, qui l'avait enterré un peu prestement la semaine dernière, mais c'était quand même assez bien vu par rapport à leur ligne éditoriale habituelle, peut faire profil bas. L'autopsie simultanée de nos deux monuments (qui sera retransmise en direct sur France 3 jours après) permettra sans doute de révéler pourquoi les jeunes (comme Johnny avait su le rester à grandes lampées d'infusion de placenta de bébés morts transfusés en Suisse) meurent plus jeunes que les vieux (comme Jean, dont il n'est nul besoin que j'exXXXplicite ici les secrets de sa longévité).

Post Mortem Scriptum : 
Hier matin sur France Inter, Nicolas Demeuré célébrait le chanteur mort le moins connu des programmateurs de la station. Il a passé le fameux "poème sur la 7eme rue", qui date de 1970 et qui sera ensuite exhibé en boucle toute la journée à donf jusqu'à c'que la nausée abonde,  comme preuve irréfutable qu’il y avait des traces de vie intérieure dans Johnny. 
Je ne connaissais pas cette chanson, on l'aura compris je ne suis familier ni du bonhomme ni de l'oeuvre, et ne tiens pas à rejoindre la horde des thuriféraires larmoyants, j'ai d'autres chattes à fouetter et une pile de dossiers en retard qui s'accumulent sur mon bureau Empire, s'agirait pas de se laisser envoûter par les sirènes de la connerie cybernétique, qui ont du poil aux pattes sous leurs bas résille, mais en entendant pour la première fois ce fameux "poème sur la 7eme", je me dis "Wow, il emprunte la musique de Zardoz et rappe sur la thématique de Soleil Vert, ah que trop fort le monsieur", mais une fois dessaoulé, je m'aperçois que ces deux films de SF datent de 1974. 
Il y aurait matière à un autre article sur les facultés visionnaires de ces artistes écorchés vifs qui pressentent les tourments d'une époque à venir grâce à leur sensibilité d'éponge imbibée, bla bla bla, mais je n'ai plus le temps.
(l'autre bonne réponse était Johnny Hallyday - Jésus Christ (1970)mais c'est pas grave, vous repartez avec les fiches de monsieur cinéma, et le bêtisier des blagues de Johnny)


Post Mortem Scriptum 2 :

Il y aurait eu un article moins décalé à écrire sur les poncifs journalistiques du "combat" livré par Johnny contre le cancer du poumon. Le cancer du poumon, dû à un abus de cigarettes plus ou moins bien roulées sur une longue période de temps, ne se "combat" pas une fois qu'il est déclaré, mais en amont, dans la reconnaissance du fait que si la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, il faut savoir s'incliner pour vaincre, comme le disait le Grand Schtroumpf.
Mais j'étais mal placé pour en parler.
C'eut été la clinique psychiatrique qui se fout de l'Institut Médico-Légal, si tu vois c'que j'oeuf dur.
D'autres reprendront peut-être ce flambeau.
Je l'ai pas déballé, il est flambant neuf.
Le papier kraft commence à noircir.
Faire offre au journal, qui transmettra.
Evidemment, la vrai actu du jour c'est Trump qui reconnait le "Jerusalem" d'Alan Moore comme nouvelle capitale de la littérature mondiale, au mépris du droit international et de Philippe Manoeuvre qui n'a pas fini de le lire, si tant est qu'il l'ait commencé, mais que voulez-vous, l'actualité nécrologique dicte sa loi d'airain, je ne fais pas ce que je veux à la rédaction, encore heureux qu'on ne m'impose pas un symposium sur le statu-quo sur l'aéroport de Notre-Dame des Glandes, toujours en stand-by.