dimanche 25 octobre 2020

Lovecraft Facts (14) : Le cas Lovecraft (1998)

10 mai 2009 
[article original recopié chaipluou]

Lors de sa diffusion sur France 3 puis sur Arte, et lors de sa projection en mai 1999 à la faculté Charles V de Paris, ce documentaire de 45 mn réalisé en 1998 par Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic a été sévèrement critiqué par certains spécialistes du genre fantastique et de Lovecraft en particulier, qui y ont vu un portrait partiel, voire orienté de l'écrivain américain. Dans le Visage Vert, Michel Meurger écrit: «Le naturalisme appuyé du film, les charcutages crépusculaires, illustrent une stratégie tendant à dresser une véritable biographie patogène d'H.P.L. [...] Le vieux cliché du 'solitaire de Providence' est ici réactivé sous une forme radicale.» Gilles Ménégaldo ajoute: «Ce portrait de Lovecraft laisse une fâcheuse impression de confusion, d'à peu près et de répétition. Il irrite le connaisseur de l'oeuvre et il n'est pas sûr qu'il incite le profane à la lecture tant l'accent est mis sur le biographique, avec un amalgame constant entre la vie et la fiction, ce qui dénote une approche quelque peu contestable de la littérature.» (Le Visage Vert n°7, Losfeld 1999, p.156-158). Aujourd'hui encore, ce documentaire est assez régulièrement critiqué sur les forums consacrés à l'Imaginaire où on reproche notamment aux auteurs de dissimuler leur ignorance du sujet sous un esthétisme toc et une psychologie de bazar, pour reprendre les termes souvent employés.

Dans le but de réaliser ce qu'ils appellent une biographie psychique de Lovecraft, les auteurs ont indéniablement privilégié certains aspects de sa vie (notamment la période new-yorkaise, révélatrice de ses phobies racistes) au détriment de certains autres, sans doute moins favorables à leur propos. On s'étonne effectivement que les dernières années de la vie de Lovecraft soient ainsi passées sous silence quand on sait, notamment grâce aux travaux de S.T. Joshi, le biographe de Lovecraft, à quel point cette période a été fertile en rencontres, voyages et remises en question de ses dogmes de jeunesse (voir à ce propos: A Dreamer and a Visionary: Lovecraft in his time, S.T. Joshi, Liverpool University Press, 2001).

Le Cas Lovecraft apporte néanmoins un éclairage inédit et passionnant sur les relations de Lovecraft au temps, à la durée et au changement. D'un point de vue technique, ce documentaire constitue enfin une intéressante réussite esthétique, même si on peut sans doute y trouver certaines concessions à des modes graphiques -- voire infographiques -- passagères, notamment une iconographie médicale omniprésente, comme le souligne encore Michel Meurger.

[ liens d'upload périmés et éradiqués par le Ministry of caricatural Downloads & Republican Blasphémy ]

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25 octobre 2020 

[Repost] 

Alan Moore essayant son costume de barbue
pour le cosplay des Utopiales 2020

Par la barbe indessinable du Prophète ! j'ai oublié que j'avais remis le film de Trividic en ligne il y a presque un an.

Que Cthulhu me patafiole !

https://www.mediafire.com/file/4iu31njnglzevag/LCLove.mkv/file

Houellebecq Akbar ! comme aurait dit Lovecraft, postulant qualifié plus que tout autre pour rédiger la biographie de Michou dès qu'il sera mouru.

2 commentaires:

  1. C'est un doc assez prenant, le choix esthétique est comment dire... en relation fine avec l'univers de Lovecraft. Mais bon sang, il n'ont pas parlé des chats, alors ma chatte est très déçue. L'utilisation du "Vous" dans la narration participe aussi à un étrange sentiment. Le partie pris du dévellopement des phobies de Lovecraft rappelle un peu le premier livre de Houelebecq "H. P. Lovecraft, contre le monde, contre la vie" dont il suit le cheminement. Et j'en aurais bien pris une petite heure de plus, en creusant un peu plus.

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  2. de mémoire, la personne qu'était Lovecraft (effacée, à jamais innaccessible derrière le personnage qu'il est aujourd'hui) devient ici une sorte de Céline de l'horreur au service de la malice des auteurs...
    je n'ai pas revu le docu depuis sa sortie, même si j'ai eu un mal fou à le trouver... et je ne sais pas si ça aurait "tenu" une heure de plus.
    Je me ballade dans les "oeuvres" (cf l'article sur mon autre blog) à me demander pourquoi j'ai achté ça...

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