samedi 10 octobre 2020

Dédé et Mireille : Tanpis Tenmieux version 1 (1987/2012)

J'étais en train de rédiger très lentement un article sur la défunte revue de bande dessinée AAARG !, et puis soudain, une moitié du duo des nhoms Dédé et Mireille, je vous dis pas laquelle parce qu'elles étaient consubstantielles, a fusionné avec le grand Tout, après avoir expérimenté les yeux ouverts une longue maladie quand même assez courte, en plus elle ne m'avait pas prévenu qu'elle se mourait, elle est restée très discrète jusqu'au bout, et je la comprends car qu'aurais-je pu faire avec mes bras ballants, discrète elle est ossi restée parce que le trépas l'intéressait très peu, alors que la vie la faisait reluire, ça, oui, c'est rien de le dire. D'ailleurs la mort n'est pas le contraire de la vie, mais le contraire de la naissance, la vie n'a pas de contraire, même parmi les no-life. 
C'est pas le rabbin qui va me contredire, et je crois ben que la disparue aurait tété d'accord avec moi là-dessus, je n'ai pas souvenance d'en avoir parlé avec elle, mais je peux l'affirmer de façon d'autant plus péremptoire qu'elle n'est plus en état d'en débattre, la pauvrette. 


N'empêche même que, après ce coup-là, Dédé et Mireille, en plus de s'accorder en genre et en nombre un peu comme elle veut quand elle veut, elle est vraiment immortelle.
Pour saluer son départ, j'ai débité en fines lamelles de mp3 le concert de Gindou 2018, cette rétrospective acoustique qui fut leur premier, leur meilleur, et restera dans les mémoires comme leur dernier concert, aussi vivement salué par la critique qu'acclamé par le public. 


http://dedemireille.blogspot.com/


J'aimerais écrire des choses inspirées sur le disparu, mais je n'étais pas intime, juste complice. Alors assez de verbiage, place à l'image. Souvenez-vous de la première reformation de Dédé et Mireille, dès 2012. Elles étaient venues finir d'enregistrer trois inédits chez moi, et on avait fait un peu de vidéo aux alentours de mon bureau. Trois versions successives de "Tanpis Tenmieux" avaient vu le jour, dont les deux dernières sont encore en ligne.


http://jesuisunetombe.blogspot.com/2012/11/dede-et-mireille-tanpis-tenmieux.html

http://jesuisunetombe.blogspot.com/2012/11/dede-et-mireille-tanpis-tenmieux_7.html


J'ai ressorti du tiroir la version 1, retournée aux limbes depuis l'avènement triomphal des versions 2 et 3, la voici là voilà.



le texte de la chanson :


J'y joins un courrier hyper-secret du regretté, reçu pendant le montage du clip.

Quand je le relis, il revit, presque encore mieux que s’il n’était pas mort.

Presque.

PRIÈRE À RATS QUI RIENT

 

J’aurais voulu dire quelques mots qui me sont revenus au sujet de « tanpis tenmieux », quelques mots, je pense à toi John, mais à toi aussi Jak, qui nous rapprocheront sans doute de Bergson, là où qu’il crèche désormais.

Au premier rat bord, « Tenpis tenmieux » nous dit « Bin on s’en fout ! », c’est clair. « Qu’les curés soient loin derrière, ça nous fait tenpis, ça nous fait tenmieu, ça nous fait autant rire que pleurer, ça nous fait rien, nous on avance, toujours avance ».

Si j’me le rappelle bien, quand Dédé et Mireille a écrit les paroles de cette chanson, y a eu un premier moment où c’est qu’Jak a adhéré, qui l’faisait trop marrer, c’est quand j’ai dit « on meurt pas de la rage ». C’était trop fort qu’un bête et rhinaire dise ça. Et pourtant c’était.

Donc, au deuxième rat bord – En fait, ça existe pas, le deuxième rat bord, car comme dit Lao Tseu (ou Paul Préboist) : « Si tu dépasses le premier rat bord, eh bien tu débordes, con ! » -- Au deuxième rat mort, donc, « Tenpis tanmieux » est une leçon sur la Vie qui dit : « Quoiqu’il arrive, la Vie Elle est plus forte, putain con ! ».

Et alors que verra-t-on dans ce clop ?

On verrait les deux pôles – intimement reliés, qui s’opposent et se complètent – le pôle inquiet qui observe et scrute tandis que l’oppôleextatique admire et s’esbaubit. 

Skill est rigolo c’est que, là-bas dans les vignes et la forêt, c’est Jakqui pleure et Oim qui rit. Alors que dans l’écriture de la canzone de Dédé et Mireille, y a eu un deuxième moment, décisif çui-là, c’est quand j’ai dit « et qui claquent des dents » et que t’as dit « À poi-le ! ». Donc on est interchangeable à l’intérieur même du concept, et c’est ça que je voyais dans les images de nous chantant en studio.

Quand Jaktadi, John, « Délire… ! », je n’peux que l’acclamer, et ptêtque j’rajoute, vas-y rajoute, « A pas peur de monter des choses ensemble qui d’habitude se montent pas ensemble, pasque c’qu’on dit et qu’on voudrait montrer, c’est que tout ça c’est juste de la Vie. Et que tous ceux qui  nous gonflent, à la considérer comme une bougie, à avoir peur de tout et à nous enfiler leur peur par tous les viscères et les abats, comme Mélanie ses cierges, on leur dit juste À poil, pasqu’on est malpoli mais pas si temps, pute borgne, con ! »

À c’propos, un truc qu’est rigolo, c’est que, moi, j’ai toujours cru que tant pis et tant mieux s’écrivaient çacom, c’qui veut donc dire si on les accole (on revient au premier rat mort, eh ouais, faut suivre), c’est aussi pire quc’est aussi mieux, c’est donc sans importance, on peut s’en taper, on s’en tape. 

Mais j’les ai vus aussi écrits sitcom, temps pis, temps mieux et alors là les accoler ça dirait, on a connu pire, on a aussi connu mieux, ça nous dit donc tout est relatif, c’est beaucoup plus large. 

Voilà, relativité, c’est juste elle qu’on doigt sentir bien profond dans ce clop. C’est Dédé et Mireille.

Aujourd’hui, 11 octobre 2012, c’est un beau jour qui commence (avec en guest stars Proudhon, Bergson et Einstein, putains de Moines, putain con !) et je n’ai pas de caillou dans ma chaussure pour vous taper la bise.

Vite chié, très peu r’lu, aussitôt envoyé, paf !

Degré Chien.

4 commentaires:

  1. Qu’elle volette en paix dans les prairies célestes et chante à tue-tête. De toute manière, elle ne va pas louper grand chose, j’en ai peur.

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  2. J'ai vu ses cendres saupoudrées sur la rivière glougloutante : on l'a répandue dans l'eau d'ici parce qu'on ne pouvait l'accompagner dans l'au-delà. Comme d'hab', je me demande bien comment l'âme se débrouille une fois privée de support physique. Quel Mystère !
    Concernant ce qu'elle a loupé ou pas en nous quittant sans préavis, j'étais partisan de la théorie de "c'est si qu'on veut qu'on peut" (y changer quelque chose).
    Mais comme elle le chantait elle-même dans "le camp du schmock", si j'étais partisan, je suis revenu réglisse.

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  3. Et si le contraire de la vie, c'était le silence ?

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  4. Ca se saurait. Enfin, ça s'est su, quand Nietzsche a dit "Dieu est mort", c'est parce qu'il n'entendait rien. Quand Nietzsche est mort, on a oublié.

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