dimanche 28 novembre 2021

Bertrand Belin - D'entre les morts (2021)

D'entre les morts : avec un titre comme ça, si je ne mets pas cette chanson sur mon blurg tombal, où donc me la mettrai-je ? 


Les compositions de Bertrand Belin accompagnent malicieusement "Tralala", le dernier film des frères Larrieu, plaisanterie acidulée un peu nonchalante dont je croyais naïvement qu'elle allait ressembler à la dernière blague de Wes Anderson, alors que le métrage évoque plutôt les  comédies musicales de Jacques Demy, et que c'est plutôt le French Dispatch qui ressemblerait comme une goutte d'eau à une blague un peu sophistiquée des auteurs de Vingt et une nuits avec Pattie (pas Smith, une autre)
Je ne sais pas si vous suivez, moi aussi j'ai été largué dans le dernier virage.
La présence physique du chanteur, qui incarne une sorte de faux-frère au personnage interprété par Mathieu Amalric, est impressionnante. Surtout qu'Amalric, lui, passe tout le métrage à  se désengager du monde, avec cette forme d'absence détimbrée qu'il incarne toujours idéalement à l'écran, aussi rayonnant de vulnérabilité que s'il se prenait pour Bill Pullman dans la saison 4 de The Sinner, qui est presque finie de diffuser, ce dont personne ne m'avait prévenu. 
L'ombre menaçante de Philippe Katherine et de son absolue liberté créative plane aussi sur le film, sans s'incarner autrement qu'à travers une de ses chansons, reprise par Duccio Bellugi, un curé de passage à Lourdes (car le film se passe dans la ville sainte) qu'on avait déjà apprécié dans Mon curé chez les Thaïlandaises.

Les frères Larrieu, en train de ressembler aux frères Coen comme à une goutte d'eau
pour faire croire qu'ils jouent dans une bande dessinée de Daniel Goossens.
Je crois que je me suis Lourdement (lol) trompé sur Bertrand Belin, ce n'est pas du tout un postulant au trône vacant du Roi Bashung, mais une créature protéiforme en transmutation, quelque part entre dandy et crooner, entre Rodolphe Burger et Eddy Michell. D'ailleurs il chante avec les Liminanas, si ça c'est pas une preuve, je sais pas ce que c'est. Je sens que je vais être condamné à réévaluer toute son oeuvre, et ça sera bien fait pour moi.
La bande-son de Tralala-le-film est là
et elle vaut aussi son pesant de cacahouètes, surtout quand on a vu Tralala-le-filmSinon, c'est comme quand on raconte une blague au lieu d'y avoir participé, c'est quand même moins bien.

vendredi 26 novembre 2021

Acier Couinant , c'était mieux avant

Dans le premier numéro de la nouvelle mouture du riboute d'Acier Couinant, Denis Villeneuve proclame fièrement dès la page 3 : "Je suis un enfant de Acier Couinant".
Allons bon. C'était bien la peine de faire tout ce tintouin pour produire une bouse mainstream comme Dune. En plus, quand on a Charlotte Rampling au casting, on lui met pas un filet à provisions sur la tête, ça manque un peu de classe.

Après le naufrage de Dune, Charlotte Rempile pour la couve du nouveau Métal, 
mais elle a habilement négocié des lunettes de punk à la place du filet à provisions.
Et puis d'abord, moi aussi je suis un enfant de Acier Couinant, moi aussi j'ai fait des films de SF boudés par la critique mais acclamés du public (250 millions d'entrées selon alluciné, 3 selon Google Keufs Ads), et je fais chier personne avec. 
Pourtant, ma trilogie de SF post-apo a marqué les esprits, en tout cas le mien, sans doute du fait qu'elle est composée de 4 films :
sans parler de mon auto-interview exclusivement accordée à moi-même à l'époque de la non-sortie des films en question, qui a fait grand bruit dans le Landerneau des blogs hyper-secrets

Sur son blog de ouf, le dessinateur Li-An lance ce cri déchirant auquel je m'associe :
Où es-tu Acier, Acier Couinant ?
Comme je l'ai dit chez lui sous une fausse identité aussi usurpée que la ressortie de Métal Hurlant sous son vrai nom alors qu'il est mort et bien mort, cette nouvelle version du magazine de notre adolescence enfouie était obsolète avant même la parution du numéro 1, puisque le pire de la SF des années 70 (Dick, Andrevon, Brunner, Zemmour, Véran) est déjà en train de se réaliser sous nos yeux. 

Le vrai Métal Hurlant, c'était autre chose
(ça sent la couverture de Beb Deum)
De plus, ce nouvel avatar autoproclamé de la machine à rêver manque cruellement de nanas à gros seins, d'astronefs scintillants et d'extra-terrestres aussi fourbes que les Chinois, les enfants illégitimes de Corben, Druillet et Moebius étant bien en dessous de leurs géniteurs, et la cohorte de délateurs #Metoo interdisant désormais à cette génération d'artistes émasculés de dessiner le moindre nichon  en dehors des revues spécialisées qui ne pensent qu'à ça.
Et puis, le moule est cassé ; l’époque est à autre chose. Rien que d’y penser, je deviendrais moi-même décliniste, alors que ma collection d'Acier Couinant se décompose silencieusement dans une armoire du garage.

C’est la partie BD qui ne fait pas le poids, mais qui ne demande qu'à s'étoffer. Mon astuce du jour : il faut rappeler Jean-Pierre Dionnet, Phil Manoeuvre et surtout Joe Staline au comité de rédaction ! 
Où es-tu Acier, Acier Couinant ?
Tu n'es certes pas très présent dans ta pâle réplique, ce fac-similé d'un fuck simulé, mais c'est pas grave, car aujourd'hui tu es partout : dans les statistiques de la pandémie, dans la série Black Mirror, dans les comics de chez Image, dans les photos introuvables de Richard Kadrey que je n'ai d'ailleurs pas retrouvées... et puis quand on n'est pas en acier, faut pas couiner sur le passé, sinon on rouille, car la nostalgie est une fuite et le seul plombier compétent s'appelait Harry Buttle Tuttle et il a été avalé tout cru par des vieux journaux dans le Brazil de Terry Gilliam, un film encore plus Acier Couinant® que le vrai.
Comme quoi le futur d'Acier Couinant, c'est déjà du passé.

[EDIT]

Le pire de Moebius revisité
aux petits oignons (including mushrooms)
Sauf pour quelques héritiers sauvages de la pensée métallique comme 
- Aleš Kot quand il est en forme
- les aliens enfumés ayant accouché du Midnight Gospel
ou encore l'ultime fascicule du Decorum de Jonathan Hickman et Mike Huddleston, sorti hier en v.o, et qui aurait eu sa place ici, en digne héritier d'Acier Couinant, malheureusement nous n'avons plus le temps d'en causer.

jeudi 25 novembre 2021

Les Fabulous Trobadors : Duels De Tchatche Et Autres Trucs Du Folklore Toulousain (2003)

La critique est unanime :

" Quand je me souviens de mes années de scolarité dans le centre de Toulouse, à deux pas du fameux quartier Arnaud-Bernard, Claude Sicre et Ange B. ont toujours fait partie du paysage : il n'était pas rare de les trouver en train de boire un verre au Breughel, ou de déjeuner au restaurant voisin le Don Camillo. Activiste culturel, Sicre a débuté dans le sillage du mouvement punk en 1977 avec Riga-Riga, un groupe folk occitan. Au tournant des années 1990, il rencontre Ange B. pour faire une musique qui n'est ni rock, ni ragga, ni rap, ni chanson française : elle est Fabulous pour l'amour du blues (Robert Johnson en tête), et Trobadors pour la "tenson", joute poétique à deux qui fonctionne sur le mode question-réponse, tradition des troubadours issue du patrimoine occitan. "Duels de tchatche" est un disque mieux produit que les précédents, rythmé et dansant : les Trobadors s'inspirent des "embaladores", chanteurs-improvisateurs du Nordeste brésilien qui s'accompagnent avec des tambourins. Loin d'un régionalisme replié sur lui-même, l'Occitanie des Fabulous Trobadors ne se limite pas de la Gascogne à la Provence : elle est ouverte aux quatre vents. Un vent un peu anar venu de la Catalogne toute proche ("Ca c'est oui") : dans les années trente, Arnaud-Bernard était un lieu de rencontre pour les anarchistes et les républicains espagnols. Entre la Bouse et la vie, les Trobadors ont choisi : ils présentent un beau programme dans lequel "jouer au foot sur l'esplanade" et "inventer son emploi" (bonjour le Medef) sera toujours préféré au "Caca 40" (sic) ; "demain décourage aujourd'hui" est une jolie formule pour dire l'urgence de jouir de la vie, ici et maintenant. "

"Ces duels sont organisés à la manière des joutes verbales telles qu’on les pratiquait en Occitanie, avant l’acculturation des populations françaises, et à la manière des traditions toujours très vives du Nordeste brésilien ou celles d’Afrique, du nord comme du sud. L’influence du blues et du rap des États-Unis est également présente : on n’en finirait plus de trouver des références, car nos duellistes sont de très grands connaisseurs des folklores du monde."

"Imaginez des Font et Val des Midi-Pyrénées qui auraient bien tourné. Non, laissez tomber. Les libertaires seventies ne disent plus rien à personne. Pour Olivier Horner, du quotidien suisse Le Temps, Duels de tchatche et autres trucs du folklore toulousain est « un typhon verbal sans mauvais jeux de mots, un manifeste en chantier du contre-pouvoir civique. » Véronique Mortaigne, du Monde, décrit l'album comme « un antidote indispensable à la monotonie de l'économie de marché ». Ludovic Basque, journaliste chez RFI Musique, déclare que « vous retrouvez tout ce que vous aimez chez les Fabulous Trobadors : l'humour et l'esprit libertaire rythmés au son du tambourin. »

dimanche 21 novembre 2021

Les Fabulous Trobadors : Era pas de faire (1992)

De leur premier album qu'on dirait quasiment enregistré à la maison et à la main avec des vrais doigts et trois bouts de ficelle sur un Tascam 4 pistes diesel (Era pas de Faire, 1992) à leur dernier envoi en date, beaucoup plus abouti musicalement, (Duels De Tchatche Et Autres Trucs Du Folklore Toulousain, 2003), nous avons tout écouté, et tout apprécié. Je ne suis pas spécialement régionaliste, ni toulousophile, et ma femme sorcière albigeoise m’a aidé à pénétrer les arcanes des occitanismes dont les textes sont truffés, mais ces deux-là ont manifesté un enthousiasme communicatif pour l'implication dans la vie locale, où qu'on vive, plutôt que de se terrer dans le virtuel en attendant que ça passe. (ça ne passe jamais). Pour tout dire, ils manquent diablement à l'esprit du temps d'aujourd’hui. Peut-être qu’il faut mettre l’enthousiasme sous verre et le coller dans un musée, dans l’aile B, celle qui abrite les Choses Qui Ont Été. Les Fabulous sont un remède souverain au fatras d’absurdités existentielles mortifères mondialisées qui submerge actuellement le monde et l'accule à l'effondrement cher à Jared Diamond.
On ne trouve rien d’eux sur internet, pas le moindre site de fan sinon celui que leur consacre le créateur de wikipédia à ses heures perdues, juste quelques clips youtube qu’il ne faut pas aller voir, car youtube c’est le Mal Absolu. Ce qui prouve bien qu’internet c’est de la merde. Même Warsen n’a pas osé uploader un de leurs disques, tellement c’est sacré. Il faut les emprunter à la médiathèque de ton quartier (comme ça tu jouiras des paroles dans les pochettes pour les passages difficiles à décrypter) et ne jamais les rendre.

jeudi 11 novembre 2021

John_Weak & Annie Hole Project (2021)

Hier matin je suis allé me faire vacciner contre la grippe. J'aurais mieux fait de demander au docteur s'il n'avait rien contre John_Weak & Annie Hole, un virus musical de pop infectieuse que je n'ai pas vu venir, et maintenant c'est trop tard. 
Je suis contaminé, et pas qu'un peu. 
Que les choses soient claires dès le début : 
John_Weak & Annie Hole ne sont pas les pseudonymes de deux de mes sous-personnalités, mais des personnes bien réelles (peut-être un peu imaginaires sur les bords, mais ce n'est pas incompatible) croisées sur internet, et qui font de la musique ensemble. Tant que je ne les ai pas rencontrées en vrai, je ne puis prouver qu'ils/elles existent, et c'est sans doute réciproque, mais j'apprécie leurs travaux soniques, seuls artefacts à me parvenir en provenance de la Réalité alternative dans laquelle ils prétendent se mouvoir, et c'est pourquoi j'ai décidé de leur offrir une petite tribune. 
Quel dommage que malgré tous mes efforts pour me hisser vers le mainstream des blogs busters, je sois resté underground et confidentiel. 
J'aimerais leur donner un petit coup de pouce. Mais après avoir procédé sans crainte à un inventaire personnel de mon potentiel de nuisance rédactionnelle, le meilleur service que je puisse leur rendre, c'est de fermer ma bouche, de débrancher mon clavier et les laisser jouer et chanter.
Voici donc, mesdames et messieurs, rien que pour vous ce soir, en avant-première mondiale, le duo de pop infectieuse John_Weak & Annie Hole.
On les applaudit bien fort, mais d'abord on écoute leur playlist.


Depuis qu'ils m'ont autorisé à présenter leurs maquettes ici, je les asticote pour qu'ils prennent contact avec un petit label musical indépendant comme la souterraine, à laquelle on accède par l'escalier de la cave. Ils y seront mieux mis en valeur que sur ma tombe, et leurs fleurs seront changées plus souvent qu'à la Toussaint.
Même si John et Annie sont très très timides, comme ce surinvestissement du virtuel pourrait le laisser penser, par rapport à la voie naturelle et royale qui consiste à aller faire le pied de grue dans le froid avec son book bourré de cassettes audio au ferrochrome enregistrées sur un Tascam 4 pistes et des engelures devant les portes obstinément closes de Barclay et EMI, comme ce pauvre Winslow_Leach au début de Phantom of the Paradise.

le MK_43 de fabrication hongroise 
qui a eu l'honneur de finaliser le premier EP 4 titres

J'espère au contraire les avoir encouragés à prendre confiance en eux et à promouvoir leur créativité, avant qu'ils/elles plongent dans le grand bain des albums studio enregistrés à la chaîne et à toute berzingue par des producteurs stakhanovistes et cocaïnés, albums souvent suivis de tournées de promotion tout aussi frénétiques, ces rafales de soirées de gala qui en ont laminé plus d'un, si j'en crois de mémoire ma collection de vieux Rock&Folk perdue à jamais. 

Ma collection de vieux Rock&Folk telle que je l'ai vue pour la dernière fois
avant que ma mère range ma chambre et fiche tout en l'air.

Vous pouvez vous aussi les encourager ce soir, en écoutant leur musique et en leur laissant des commentaires inspirés. Si l'inspiration ne vient pas, vous pouvez simuler, mais soyez sympas, faites que ça ne se voie pas trop.
Dans l'attente que s'effondrent leurs vains rêves de gloire, je les ai harcelés pour qu'ils me transmettent des éléments biographiques afin de nourrir le dossier de presse, comme si je me prenais pour leur mécène de la Renaissance, et j'ai fini par obtenir une interview exclusive.

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J.W : - Pourquoi faites-vous de la musique ?
John_Weak : Pour faire quelque chose qui nous dépasse, je veux dire : qui dépasse la simple sphère du quotidien. Ça paraît assez évident dit comme ça mais bizarrement, puisque c’est également notre matériau, on fait aussi de la musique pour parler et revenir au quotidien, d’une autre manière.
Annie Hole : C'est aussi à cause d'une certaine fascination pour le frisson de l'écoute et pour tenter d'en percer le mystère.

J.W : - Comment collaborez-vous ?
Annie Hole : On avait une envie partagée de créer quelque chose musicalement.
John_Weak : En fait, l’idée d’Annie H (qui est chanteuse et compositrice) était de mettre en valeur des textes que j’avais écrits. Elle me l’a proposé et, sans y participer, j’ai trouvé le résultat vraiment bien. Donc sur cette base, je me suis mis à écrire des textes et on a travaillé vraiment à deux : une mélodie simple, un battement, piano occasionnel pour voir ce qui émerge. De fil en aiguille, on a appris à utiliser les logiciels de son et cela a donné les morceaux disponibles à l’écoute.

J.W : - Quelles sont vos sources d’inspiration ? 
John_Weak : Il y a sans doute des airs de famille mais... je préfère ne pas y penser. Disons qu’il y a des choses qu’il vaut mieux laisser inconscientes quand on crée. Par contre il y a un album de Houellebecq qui s’appelle Présence Humaine et que je garde en tête. J’en recommande chaudement l’écoute, même si cela n’a pas grand chose à voir avec ce qu’on a fait en termes de résultat.
Annie Hole : Je dirais qu'on entend un peu dans ces morceaux des influences qui vont du côté de la dream pop mais ils sont aussi redevables de musiciens francophones, ça va de l'electropop (Mansfield TYA) à la chanson dans un sens plus traditionnel (Katerine)

J.W : - Tout a une fin. Dans ce cas, à quoi bon commencer ?
John_Weak : Je ne sais pas... les choses commencent de toute façon. Autant y être pour quelque chose dans ce cas, non ? D’ailleurs, commencer dans la musique, c'est commencer dans une chose qui a déjà commencé bien avant nous, continuera ensuite. La question serait donc : si tout a déjà commencé, dans ce cas, à quoi bon commencer ? Peut-être que nous nous sommes arrangés pour oublier qu’on commençait.
Annie Hole : On n'en finit jamais de commencer.

J.W : - Vous chantez en français ? En anglais ?
John_Weak et Annie Hole : Oui en fait, on a commencé à écrire les chansons en anglais, et on ne pensait pas du tout pouvoir écrire en français au début, car c'était une langue réservée (pour l'écriture poétique). Et puis d'une manière ou d'une autre, on s'y est mis. On a pris le français comme une contrainte supplémentaire, et on s'y est amusé. La pression extérieure n'y est sans doute pas étrangère : on attend de chanteu.rs.ses français qu'ils chantent en français. Mais pour nous, on continue à se dire qu'il y a des choses qu'on ne peut exprimer qu'en anglais, et on ne veut se priver d'aucun médium.

jeudi 4 novembre 2021

Une chanson de Jacques Higelin (1976) reprise par John Warsen (2021)

Bon, avec vos conneries, on est déjà jeudi, et je n'ai rien de prêt à me mettre sur le blog. En Aout, je voulais faire une reprise guillerette de la chanson d'Higelin "Le courage de vivre", avec des choeurs gospel et des tambourins, traduisant l'allégresse et la légèreté de la fin de chantier de mon infection pulmonaire... j'ai enregistré des voix, quelques guitares molles, mais entretemps, Mohamed Mbougar Sarr a eu le prix Goncourt, et plus question pour les livreurs UberEats de me déposer un choeur gospel à prix coutant devant ma porte, ils ont tous chopé le melon, et puis mon infection, elle est revenue à petits pas, mais maintenant c'est juste une inflammation, vu comment mon système immunitaire a été bidouillé par des codeurs fous pendant mon immunothérapie, elle semble devoir durer presque aussi longtemps que mon système immunitaire me regardera de travers, avec son biais cognitif, le pauvre, et je suis pas encore sorti d'affaire, et je rebouffe des corticoïdes, ce qui pimente un peu ma vie intérieure, qui en novembre aurait tendance à s'étioler comme une plante verte laissée dehors au retour des frimas. 

Certes, c'est pas une excuse pour massacrer Higelin, mais je n'ai pas non plus été très inspiré en découvrant Logic Pro X, le successeur de Garage Band. Depuis le début, cette reprise est allée là où je voulais pas qu'elle aille, comme beaucoup d'autres avant elle, mais elle y est allée quand même, et y'a pas eu moyen de la faire revenir vers sa destination rêvée (le chant d'allégresse, alors que l'original est plutôt ordalique-destroy. Voilà, quand on enregistre on ne triche pas, même si la pratique musicale peut constituer un remède efficace à la mélancolie, et quand on réécoute, on se retrouve dans la Réalité Réelle Ratée, donc je vais recommencer à écouter de la musique et à écrire des bétises, et ça suffira comme ça.

jeudi 28 octobre 2021

Hector Zazou - Strong Currents (2003)

La pochette d'origine, classieuse
(je dis ça pour dissiper toute équivoque)

Il existe deux pochettes pour cet album, l'une assez élégante, l'autre beaucoup moins. C'est un des mystères de l'existence des directeurs artistiques à travers les âges. 

La réédition 6 mois plus tard, augmentée d'un titre
(pochette qui dissipe aussi toute équivoque, mais pas pareil)

Quand j'ai envie de pleurer sans prendre prétexte de réécouter Gérard Manset, j'écoute cet album d'Hector Zazou. Ou si je n'en ai pas l'opportunité, il me suffit de penser à la pochette version "mon cul sur la commode, avec la photo d'Hector mort au mur, et qui ne peut même pas en profiter, vu qu'il est du mauvais côté".
En effet, quand on est mort, la rigidité cadavérique nous interdit de nous retourner pour apprécier une paire de fesses dont nous n'avons pourtant plus l'usage (dans rigidité cadavérique, le mot clé c'est cadavérique, et non rigidité).
Voici un de ses projets les plus mélancoliques, sorte de symphonie trip-hop très 90's, tantôt anémiée, tantôt symphonique, réalisé avec une dizaine de chanteuses souffrant toutes d'une carence en lithium, l'ensemble se révélant d'une mélancolie brouillardeuse à ronger les os. Enfin, c'est l'effet que ça me fait, je ne veux forcer personne à ressentir mes états intérieurs qui sont copyright© moi.
Fragments d'une discographie zazouesque
Un article raisonnablement élogieux
où l'on peut en écouter des extraits, un peu comme à la Fnac quand le vendeur était d'accord pour fendre le cellophane du 33 tours sur la tranche et nous placer dans une cabine d'écoute, ce qui ne nous rajeunit pas.
Un autre
En tout une douzaine de titres souvent vaporeux, langoureux, cafardeux, mais le cafard susurré par une jolie voix féminine c'est quand même mieux que le cafard tout seul, des fois on jurerait entendre Björk, la chanteuse islandaise tellement ravagée qu'elle porte le nom d'un petit déjeuner aux céréales, d'autres fois la pulpeuse chanteuse de Elysian Fields, hé bien non, dans les deux cas on aurait tort. C'est pas elles. Mais on n'a pas peur d'avoir tort, ce qu'il faut craindre c'est le besoin d'avoir raison. 
Il y a sur l'album des chansons plus mortifères que d'autres. Mais le souci constant de Zazou de s'entourer de jolies femmes qui chantent avec suavité les effondrements de l'âme plaide en la faveur de quelqu'un qu'on ne peut vraiment suspecter de détester la vie, même s'il l'a quittée depuis. 
Parti pêcher le maquereau, Hector revint avec de belles morues. 
On pense aux remèdes à la mélancolie énumérés par Ramon Pipin dans Chèque baby chèque : "Je ne chante la solitude qu'entouré de vingt personnes / mes histoires d'amour sont prudes mais à tous les vices je m'adonne / les mélodies du malheur restent ma spécialité / et je mets toute ma ferveur à ne jamais rigoler." Certes, la stratégie d'Hector est plus subtile et n'inclut pas de dimension parodique; encore que, en contemplant la version 2 de la pochette, on puisse avoir des doutes. Et les photos du livret sont signées John B.Root, un pornographe qui eut son heure de gloire dans les milieuxXX autorisés; et alors ? Zazou est mouru en 2008, nous privant de la possibilité de l'interroger à ce sujet; s'est-il moqué du monde ou pas, avec ce trip-hop languide ? Rêvait-il de se taper son aréopage de chanteuses dépressives et mystérieuses, et ne le pouvant, il leur a sublimé des textes et des écrins musicaux pour les y enchâsser ? 
A la longue, la puissance vénéneuse des pièces du disque s'estompe, au profit d'un vague à l'âme complice. Si vous absorbez un champignon moyennement toxique tous les jours, l'effet du poison s'atténue. 
Autre cas : quand vous vivez avec un cancer, que vous apprivoisez, à condition d'être dépisté à temps, et que vous finissez par tutoyer. Si lui commence à vous parler, par contre, n'hésitez pas à consulter votre oncologue. Ou à lui passer Strong Currents. Les textes du disque semblent d'une insondable intimité. L'élégance le dispute-t-elle à la préciosité ? ou lui-colle-t-elle un atémi à la carotide, comme Chuck Norris ratatine Gérard Manset ? La gravité féminine qui nimbe le projet dans son ensemble est un peu intimidante, pour qui n'a jamais su parler aux femmes quand elles étaient en train d'enregistrer, parce qu'elles étaient bien capables de répondre "mais Chut-euh, tu vois pas que j'enregistre, connard ?"
Si l'on s'interroge sans fin, il faut alors scruter d'un oeil rougi par l'anxiété et le manque de sommeil les explications sur la genèse du projet :
qui n'expliquent rien en tout petit, mais évoquent bien le destin de Zazou, passeur.
Il faudrait sans doute fumer quelque chose de plus costaud que du CBD en écoutant ça pour avoir une révélation divine. Mais je ne fume pas de CBD, pour la même raison que je ne mange pas de cassoulet light.

jeudi 21 octobre 2021

Les voix du monde - florilège d'un podcast sans frontières (2021)

Les blogs de chanteurs morts : plus jamais ça !
Contrairement aux blogs de chanteurs morts et de Vénérables Variétés Verdâtres dont d'enthousiastes et cacochymes thuriféraires tentent de répandre les spores et les moisissures au-delà du cercle des aficionados disparus sous la neige à bord de leurs pantoufles à l'heure de la soupe froide à l'Ehpad de Champigny-sur-Morne où ils résidaient en pension complète, blogs qui sont autant d'ouvertures béantes, lépreuses et nécrosées donnant sur le mur décrépit de la prison d'en face, les podcasts de musique du monde peuvent être une formidable fenêtre sur l'ailleurs, un ailleurs vivant et vibrant, et chantant à en perdre Hélène par-dessus le marché, fenêtre à travers laquelle a soudain lieu (ou pas) la rencontre du Tout Autre, au hasard d'un cocktail musical bien frappé. Par exemple, si je suis un vieux mâle européen et que je chante faux, mon Tout Autre musical est une jeune bergère lettone qui fait des trilles dans la prairie comme des perles de rosée, tout en jonglant de l'autre main avec ses moutons sortis du Génie des Alpages. Ou pas.
Un ancien collègue de bureau anime depuis 18 ans (mais en fait de toute éternité) une émission de dépaysement sonore sur une radio rennaise, et confectionne l'air de rien une somme toujours augmentée en forme de magnifique podcast bimensuel au cours duquel il ouvre, tel un Rémy Kolpa Kopoul en chemise hawaïenne, cent mille fenêtres sur cet Ailleurs musical plein de bergères lettones, de Brésiliens déjantés et d'Afghans désappointés mais qui peuvent quand même se ressourcer ailleurs que sur youtube. 


Jean diffuse en léger différé de sa yourte, au Kazakhstan.
L'émetteur radio est alimenté grâce à un groupe électrogène au charbon de bois.

C'est très rafraîchissant. Et on sort du cadre. Celui que nous nous étions tracés pour nous rassurer, ignorants que nous étions qu'il deviendrait notre prison. Mais le griot même pas albinos et pas tellement nègre non plus n'a de cesse d'élargir nos horizons, en nous donnant à entendre le gai tintamarre des voix du monde, bien plus harmonieuses que ce qu'on pourrait croire si on restait frileusement ancré dans la brit-pop des 60's.
Son émission, c'est le contraire des incantations/injonctions à la reviviscence (retour à la vie active de formes vivantes (rotifères, tardigrades, anguillules, ciliés, amibes, mousses, graines, spores) qui étaient entrées en anhydrobiose (vie latente) sous l'effet de la dessiccation) des cultures mortes, puisque les traditions s'y révèlent vigoureuses, métissées, modernes, incarnées, et transnationales. 
Souvent, quand je crois pouvoir apporter de l'inédit, du farfelu voire du savoureux à l'auteur du podcast en question, en lui soumettant mes Tout Autres, comme  Turfu ou encore des Sibériens qui reprennent les Beatles dans un monde post-vergogne, il me dit souvent qu'il connait déjà, m'en sort trois dans la même veine, en mieux, et me rabat mon caquet sans peine, me renvoyant au Pléistocène (la première époque géologique du Quaternaire et l'avant-dernière sur l'échelle des temps géologiques. Elle s'étend de 2,58 millions d'années à 11 700 ans avant le présent), repoussant au loin, entre l'horizon évènementiel de la Réalité Réelle Ratée et les innombrables aux-delàs du Multivers de Grant Morrison les bornes de mon incrédulité sonique, et m'évitant l'enflure d'Ego (qui guette tous les bloggueurs au coin du bois, ne l'oublions pas et restons vigilants). Quand je pense aux aventures de Gérard Manset en Thaïlande, que je n'ai toujours pas lues mais que j'appréhende gravement, je me dis que la curiosité musicale est tout aussi légitime mais beaucoup moins dangereuse pour la santé que la curiosité sexuelle, et bien plus facile à satisfaire !

dans les années 80, on n'avait pas besoin de pass sanitaire pour partir en Turquie en moto.
Mais y'avait pas internet, et on s'y faisait chier un max. (Collection privée de désert)

Le problème de tous ces podcasts musicaux, qui infestent désormais le Web et relèguent les blogs de chanteurs morts au rang de ringardises innommables, c'est le flow des animateurs, qui essayent d'expliquer des trucs entre les morceaux, 
qui imaginent des transitions, qui s'évertuent à fournir l'arrière-plan culturel qui permet de resituer la musique dans son contexte. Un peu comme les vieux geeks sur les blogs de vieux geeks. On s'en lasse. L'arrière-plan culturel, on s'en cogne, on perçoit la musique directement par les chakras. Faites péter les skeuds, et fermez vos gueules, putain. La vie est si courte. Mais si on part à tronçonner leurs podcasts dans un éditeur audio, pour se débarrasser du bla-bla en ne conservant que la partie musicale, on se retrouve comme par enchantement (mais plutôt maléfique, donc ça s'appelle plutôt un sortilège) dans la peau du vieux geek qu'on essayait justement de s'extraire en ouvrant une fenêtre sonore sur le monde. Et les inimitables incantations des auteurs des podcasts finissent par nous manquer, car les échos de leurs voix détimbrées d'érudits mélomanes résonnent encore sur les plages qu'ils nous ont ouvertes, mais leur babil entré dans l’invisible n'a plus rien d'intelligible. 
Ça m'est arrivé avec les podcasts de l'herbe tendreceux de radio vedette, mais pas en écoutant celui de Fabrice Drouel sur l'histoire de Carbone 14. Faut dire que si je tronçonne les podcasts de Fabrice Drouel en enlevant les moments où il parle, il ne  va pas rester grand-chose à écouter. Quelle chance ils ont, pourtant, sur Inter, d'avoir le Pierre Bellemare de sa génération.

Pendant ce temps, en Inde, les enfants sont traités à tour de bras à l'ivermectine
en prévention du Covid, et des milliers de faux villages de Schtroumpfs
hâtivement montés vont pouvoir ouvrir pour contenter les touristes,
qui affluent comme avant-guerre. Gérard Manset a déjà pris son billet.  

J'ai écouté les 8 derniers épisodes du podcast "les voix du monde", soit de juin à septembre, j'ai un peu triché parce qu'il m'avait indiqué une émission spéciale "reprises" qui m'a beaucoup plu, j'ai sélectionné selon ma sensibilité, j'ai agité mes doigts et mes cutters au-dessus des pistes, et je ramène des musiques du monde entier, comme en témoigne la playlist ci-dessous. Au passage, j'ai bien peur d'avoir réinventé fip, sans les fipettes. Mais l'idée, c'est de suivre ces artistes, dont certains habitent près de chez moi malgré l'exotisme supposé de leur musique, et d'aller les voir en concert avant qu'arrive la nouvelle mutation du virus mutant qui nous clouera définitivement dans nos souterrains, pire que dans 10 Cloverfield Lane.  Voilà, vous ne pourrez pas dire que vous n'aurez pas été prévenus.
"Jean, à la technique" comme il se présente sobrement sur sa page d'accueil, est un passeur. Il fait son miel de l'émerveillement muet qu'il suscite auprès des auditeurs qui auront su laisser de côté leur incuriosité pour le temps de l'émission.
Il y a 189 épisodes disponibles en téléchargement. 





article sous licence Loisirs créatifs® avec utilisation raisonnée du clavier bien tempéré.

jeudi 14 octobre 2021

Entendu au Café Death Porc (2021)

A ma grande surprise, c'est surtout des femmes que j'entends par la fenêtre ouverte du café death porc, auquel j'avais jadis innocemment donné rendez-vous sans y avoir jamais mis les pieds, en ignorant qu'il était définitivement fermé.
Les femmes seraient-elles à nouveau l'avenir de l'homme, malgré ce que leur ont fait subir Arago(r)n et Jean Ferrat ? 
Bien qu’elles soient pleines de bonne volonté pour réparer nos bêtises de bipèdes bourrés de testostérone, je ne vois pas comment elles pourraient absorber les Gigatonnes de CO2 émises depuis le début de l’ère industrielle, même en mettant leur bouche en cul de poule et en aspirant très fort avec un bruit d'évier qui se vide. 
Et où les stockeraient-elles ?
Cessons de les idéaliser. Les femmes, on les entend sur le jukeboxe du bistrot, mais c'est rare qu'on les voie au comptoir, si elles ont perdu la liberté de ne pas boire après être devenues alcoolodépendantes, c'est bien fait pour leur gueule elles ne peuvent traîner dans les débits de boisson, ça les rendrait vulnérables à la prédation sexuelle, elles ne sont pas connes, elles vont donc acheter leurs bouteilles au Super U, avec un fort sentiment de honte, et se mettent minables chez elles. 
C'est un peu triste. 
Mais celles qui chantent dans ma compile ont trouvé mieux à faire que d'être accablées par le sentiment de finitude des choses avant même qu'elles aient commencé, et c'est tant mieux pour elles, et pour nous aussi. 
Seul Romain Bouteille, dont le nom l'a protégé toute sa vie de l'alcoolisme, vient casser l'ambiance à la fin du disque en rappelant que toutes choses se défont, comme le plâtre des plafonds. 
Ah non, pardon, ça c'est Gérard Mansué.

"Ta vie s'ra courte et c'est tant mieux
vu comment qu'elle est dure

On perd son temps à finir vieux
pour que ça dure.
Une enfance dans ces climats
à se bouffer les ongles
On n'a pas le coeur à te la
souhaiter longue.
Quand c'est déjà pas folichon
au temps des pirouettes,
Un an de plus sur les nichons
c'est pas la fête.
Mais devant tes jeunes attraits
c'est nous qui sont minables
Supporter ça longtemps serait
pas supportable.
Encore deux trois anniversaires
et tu changeras vite
Tes printemps contre des hivers
on sera quittes
quand ta beauté n'aura plus cours
on verra pour la suite
s'il faut choisir entre l'amour
ou bien la cuite."

Ce qui nous ramène élégamment au café death porc qui jouxte sur babord la salle de réunion des AA et à tribord l'atelier du crabe
Si Gérard Manchot avait connu Romain Bouteille, gageons qu'il se serait fait plus discret. D'autant plus que la voix de Romain Bouteille, comment dire ? 
il faut l'entendre pour la croire.
Merci à l'épatant antiquaire chez qui j'ai trouvé cette perle.
Le reste, je l'ai trouvé dans ma discothèque, et c'est pas mal non plus. Je vais éviter de me remercier publiquement sur mon blog, tant qu'il me reste un peu de décence.



N'ai pas peur de cliquer ! Mon porc n'est pas sale !



jeudi 7 octobre 2021

Lou Reed - New sensations (1984)

La pochette est bien moche, mais en 1984, otages consentants de la presse spécialisée et chair à canon de l'industrie du disque, on ne se laissait pas arrêter par ça, et on écoutait New sensations re-li-gieu-se-ment, et un peu à fond, dans les soirées entre potes croyants et pratiquants, sous le vague prétexte que Lou Reed avait participé à un groupe mythique quinze ans plus tôt, qu'il était parti de rien et revenu de tout, mais qu'est-ce qu'on en savait, et qu'est-ce qu'on y captait ? 
Sa biographie sur wikipedia n'existait pas, et même en déchiffrant les paroles des chansons sur la pochette, ça n'avait pas grand rapport avec la légende vivante du rock qu'il était censé incarner. 
On ignorait alors que si l'attitude rock'n'roll pouvait nous inspirer dans nos démarches au quotidien, comme le premier évêque de France quand il affirme que" le secret de la confession est plus fort que les lois de la République", les promesses du rock ne se réalisaient que pour ses apôtres les plus méritants, et encore plus rarement pour ses consommateurs/usagers ( succès => gloire => obtention de femmes et de drogues en quantités industrielles, bien au-delà de nos capacités d'absorption, et généralement suivies de n-1 divorces et de n-1 cures de sevrage)
Dans les années 80 Lou Reed jouait dans des pubs télés et était bankable. Mais en fait, créativement, il était cuit, c'était la traversée du désert, il clamait sa sobriété et sa nouvelle vie sans faire usage de produits, mais est-ce que c'était si excitant que ça ?
 Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fait de mourir d'autre chose, après Berlin ou Rock'n'Roll Animal ? Je n'en sais rien, je n'y étais pas. La semaine dernière, je voulais juste retrouver le son de guitare, d'une saturation parfaite, crade mais propre, du morceau "Turn to me", sur New sensations. 


Manque de bol, je l'ai pas en CD, à la place j'ai acheté "The Blue Mask", (1982) encensé par les hyènes puantes de la critique, mais suffocant de suffisance et d'indigence musicale, je le sais parce que je viens de le réécouter, et que les oreilles m'en tombent. New sensations, je l'ai acheté plus tard, en vinyle, mais pourtant à l'époque je n'avais plus de platine, je ne sais pas ce que j'ai déconné. Je devais avoir la foi, ou être sacrément stoned. Ou les deux. Et pourquoi s'être collectivement entichés d'une icône aussi prétentieuse, sur la foi du fait qu'il avait survécu à des addictions réputées mortelles, dans le bouillon de culture de New York, ville dont les réalités semblaient si éloignées des nôtres ? Encore une histoire de séduction par la posture. Aujourd'hui, les témoignages concordent pour décrire Lou Reed comme un effroyable connard, dans tous les domaines de sa vie. Quelle idée d'avoir pris pour idole un type prédestiné à rejoindre le paradis des enculés alcooliques, plutôt que Schopenhauer, le Dalaï-Lama ou encore Hubert-Félix Thiéfaine ? Bêtise de jeunesse lourde de conséquences. Il n'est jamais trop tard pour refaire ses choix, mais des fois il est tard, quand même. Tant pis.

Concernant New sensations, j'ai trouvé toutes les raisons de me réjouir de mes préférences (rances) contre les rock critiques (tics), sur le site d'utilisateurs rateyourmusic, qui venge le public des enfumages des mélomanes assermentés par leur rédacteur en chef.
Les chansons sont simples, entrainantes et émouvantes, il y a un plaisir de jouer, c'est le Lou Reed sans rides, léger. Et le bassiste est absolument génial.