Pour changer de la SF j'ai lu de la physique quantique. Les physiciens sont vraiment les moralistes de l’espace-temps. Ils nous disent où est-ce qu’on a le droit, et quand, et où est-ce qu'on ne l’a pas. (tout le temps) A part insister sur le fait que les deux piliers sur lesquels repose notre physique contemporaine – relativiste et quantique - impliquent des visions du monde incompatibles, il ne s’avance pas trop, le mec. Je vais relire de la SF.
Il y a dix ans, dévalant la pente fatale du déclinisme à bord d'une planche de surf en acier zingué, je prédisais la mort de la SF.
En fait je ne faisais que paraphraser un article de Télérama que j'avais lu la veille aux cabinets. La SF de quand j'étais p'tit, celle des années 70 avait prédit un avenir plombé qui commençait à éclore, par petits bouts, rendant la littérature d'anticipation et les cauchemars de l'imaginaire obsolètes; et tous les lecteurs avaient fui vers la fantasy, la bit-lit et les blogs de rendement monétaire. Aujourd'hui que George RR Martin a avoué avoir pompé Game of Thrones sur Les Rois maudits de Maurice Druon, la SF va mieux, et de jeunes auteurs m'ont redonné foi en le genre, comme Rich Larson, Adrian Tchaikovsky ou Ray Nayler. Mais c'est le futur qui semble désormais foutu dans la RRR (Réalité Réelle Ratée). Du coup, comme il n'aura jamais lieu, qu'à la place on aura sans doute droit à survivre misérablement dans une version carabinée du Goût de l'Immortalité de Catherine Dufour, la SF, ça redevient de la science-fiction !
La littérature des trucs qui n'adviendront jamais ! On ne peut pas tout avoir. Alors je suis allé aux Utopiales, avec la place gagnée sur l'extranet de mon entreprise. J'y suis allé pour brûler en place de grève tous les nouveaux best-sellers de catastrophe climatique (Le ministère du futur, Le déluge) ou pandémique dont nous n'avons vraiment pas besoin vu que nous vivons déjà dedans, mais mes allumettes étaient mouillées par le crachin nantais, alors j'aurais juste bien aimé me faire dédicacer le nouveau livre de Ray Nayler mais sa table ronde au Lieu Unique était blindée de chez blindée, et on est plusieurs dizaines de fans à s'être faits refouler. J'ai acheté le livre et je suis rentré chez moi en bus. Les idées de l'auteur sont contenues dans l'ouvrage sont plus importantes que d'avoir son autographe dessus.
Sur ce stand on pouvait vivre en immersion 3D dans une projection virtuelle de la Réalité Réelle Ratée, mais ça faisait trop peur, je ne me suis pas arrêté.
C'est dommage, j'ai aussi manqué Olivier Ertzscheid, le maitre de conférences en sciences de l'information qui décape et picote.
Le problème, aussi, pour les vieux geeks comme moi, c'est que le programme des Utopiales fait 124 pages écrites tout piti, et le temps de s'être correctement informé sur l'ensemble des conférences, des auteurs et des expos, le festival est déjà fini.
Heureusement, certaines tables rondes fleurissent déjà en streaming (le streaming c'est le mal) comme celle qui portait sur le fait avéré que l'IA va nous anéantir sur tous les plans, y compris celui de la connerie, où nous sommes quand mêmes réputés costauds.
Qu'il soit utopial ou paranoïde, l'avenir n'est plus ce qu'il était. Comme le disait Gérard Klein sur le forum du cafard cosmique : "J'ai le cafard, et il est cosmique".
J’ai aussi retrouvé quelques conférences des éditions précédentes des Utopiales, en attendant de voir émerger celle avec Ray Nayler (ou pas).
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