vendredi 15 février 2019

Zombies VS Robots - Chris Ryall, Ashley Wood (2006-2007)

Hier j'ai livré un article sans rédactionnel; j'en ai tellement honte que je me sens obligé de finir et de publier celui-ci ce soir, veille de bouclage, mais la rédaction de ces enquêtes de fond est devenue si chronophage qu'elle me coûte désormais plusieurs semaines de recherche et de documentation, il est temps que je me retire du bizness.
En plus, j'ai failli croire que Ashley Wood était le fils pas très bien caché de Wallace Wood.
Son trait était si sûr, tout en étant négligemment jeté tout au long des xxx fascicules de la fantaisie brinquebalante de Zombies versus Robots. De la plume électrique, de la bichromie spectaculaire, des trames grossières, des aplats rugueux et pourtant si élégants, tombés du camion en veux-tu en voilà, des couvertures à la peinture acrylique avec des jolies filles dans des situations scabreuses, des zombies et puis des robots, et pour raconter quoi ? des historiettes au-delà du débile, comme un Fluide Glacial de la Belle Epoque en mode mongoloïde, à base d'apocalypses zombies, robotiques, amazoniennes (mais je n'ai pas vu Jeff Bezos, sans doute occupé à uploader lui-même ses turgescents selfies)
Graphiquement, très relâché, mais d'une précision formidable quant à l'efficacité balistique.
Quelque chose comme un Michel-Ange de la BD au service de la série Z.
Plus jeune, il a réalisé des bandes dessinées plus ambitieuses, comme Lore ou Automatic Kafka, mais je n'ai pas encore trouvé le temps de les lire, et je suis même retourné acheter des bandes dessinées en français et en papier dans une librairie tenue par des femmes, c'est vous dire si ça m'a plu, le fils maudit de Wallace Wood.
Plus vieux, il s'est rapidement retiré (lui aussi) de la BD pour caresser des projets arty à base de peinture et d'illustrations qu'il réunit dans des artbooks cochons et des ventes instagram auxquelles je ne comprends que pouic, franchement, dans quel monde vivons-nous je vous jure, si les dessinateurs de talent quittent la BD, mais bon, chacun ses choix.


Là, sur la série des Zombies et des Robots, je ne vois guère que la Lucha Libre de Jerry Frissen pour rivaliser question fantaisie débridée avec Ryall et Wood, d'ailleurs à la même période.
Ca a duré ce que ça a duré :
une poignée de fascicules publiés chez IDW, maison d'édition dont j'ignorais tout, et au vu de leur production je préfère persister dans mon ignorance, mais bon en France on a bien Bamboo Editions, qui a racheté Fluide Glacial en 2016, et les Américains ne font pas la fine bouche pour autant sur l'école franco-belge, constituée surtout de Belges, de quelques chinetoques, et d'un paquet de nègres, mais ça dans le milieu interlope de l'édition c'est normal.
Tout a été mis en ligne ici par des salopards :
https://getcomics.info/other-comics/the-zombies-vs-robots-comic-book-collection/
mais c'est le voler là où l'acheter sur amazon, et enrichir Jeff Bezos. Faudrait savoir.
Mais si vous tenez vraiment à acheter quelque chose, partez plutôt sur l'intégrale de la Lucha Libre à un prix cadeau !



A la librairie des femmes,
j'ai acheté le Malaterre de Pierre-Henri Gomon,
qui me fait penser à Christophe Blain.


le Dieu vagabond de Fabrizio Dori
qui me fait penser à Klimt


et Walter Appleduck (Erre/Fabcaro)
qui me fait penser à Jacovitti.



mercredi 13 février 2019

Holden - Pedrolira (2002)

L'art de la chronique, par les techniciens de surface de chez Chronicart

suivi de "remets les photos dans l'ordre !", le grand quizz anti-Alzheimer 





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mardi 12 février 2019

Holden - L'Arrière Monde (1998)


"Holden a fait ses débuts sur la scène musicale française avec un premier album assez expérimental : L'arrière-monde. 
Si l'ensemble de l'album est inégal, on remarquait déjà un certain talent pour des paroles à la fois marrantes, cyniques et intelligentes mêlées à des sonorités pop rock très soignées. Au micro, Armelle Pioline, la voix douce et mélancolique. De l'album émerge le single La Machine, chanson drôle et dansante aux paroles plus ou moins engagées contre notre société de consommation et le dur monde du travail. Ca aurait pu être un succès, Holden aurait pu devenir un groupe populaire...mais il faut croire que les radios et le public avaient les oreilles bouchées à ce moment là. Le succès d'estime ne rime pas avec le succès public et L'arrière Monde passe relativement inaperçu. On retiendra des titres comme Une lueur tiède, Neo-Japanese Club ou Troubles, morceaux plus ou moins aériens laissant deviner les orientations des deux albums qui suivront."

Source

mp3 192

La sourate du tôlier :
Il est amusant que cet album ait été publié chez [Lithium Records] bien longtemps avant que je commence à savoir ce que c'était, puis à en absorber régulièrement pour éviter la Rechute Dépressive dont mon cerveau semblait avoir pris le fâcheux pli.
J'aurais peut-être mieux fait d'écouter Holden.
Je les avais vus en 98 en première partie de Morcheeba, mais le duo était un peu fantasque & foutraque, comme ce premier album.
Ca ne m'avait pas frappé.
Maintenant que ce duo pop français trace son sillon imperturbable (un album tous les quatre ou cinq ans) tandis que l’art musical chanté francophone retourne au borborygme, si.



Attention : il a déjà été fait mention de cette chanson sur ce blog.
Et il ne faudrait pas confondre "La colère des imbéciles" par Holden avec "The Idiots are winning" de James Holden.
Et encore moins avec La conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole.

lundi 11 février 2019

Ricet Barrier - La Mythologie (1978)





Voilà, c'est le dernier Ricet Barrier de la collection dénichée récemment sur un tracker francophone référencé dans un des articles précédents.
Renseignements pris, hors compilations, disques d'or, Saturnins et Barbapapas, et mis à part "Le cul de la patronne", album de 1987 inconnu au bataillon, c'était aussi la fin de sa période chanson française.
Allez en paix.
Dispersez-vous.

dimanche 10 février 2019

Ricet Barrier - La manigance (1977)




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Le disque par lequel j'ai découvert Ricet Barrier à 16 ans, le disque beaucoup écouté, le disque bêtement revendu chez un soldeur quand je me suis mis à écouter du punk, le disque que j'ai rêvé de retrouver quand j'ai ouvert ce blog il y a 10 ans, le disque qui restera quand je l'aurai fermé.

jeudi 7 février 2019

Ricet Barrier - Chatter Lady (1973)





Voici la dernière rafale d'albums de Ricet Barrier, qui couvre sa Période Évasion / M Records (1973-1980).

Ricet quitte Barclay fin 71, début 72. Il vole de ses propres ailes et sa carrière se forme au rythme de ses rencontres. Parmi les importantes, il y a celle de Léon Francioli en Suisse romande. Léon est un musicien Lausannois qui collabore régulièrement avec la maison d’édition musicale Évasion (Gaston Schaefer). Multi-instrumentiste talentueux, il a plusieurs cordes à son arc…het de contrebasse! Ainsi débute le projet du premier album Suisse de Ricet, Chatter Lady, seul album sur ce label. Il recrute Mike Starr (batterie, percussions) et John Woolloff (guitare électrique) et Léon assurera la direction musicale. Paru en mai 1973, l’album aura une distribution limitée mais sera réédité en 1979 par Festival. Ce disque isolé dans la production suisse de Ricet a été logiquement regroupé avec les suivants.

Ricet saura durant ses années s’entourer de musiciens hors pair. Probablement que Léon qui s’est déjà produit au Festival de Jazz de Montreux y est pour quelque chose… En 1975, un concert mémorable est endisqué sur M Records : Les spermatozoïdes. On y retrouvera un trio de guitaristes chanteurs de classe: Joseph Dejean, Allen Finney et Ricet lui-même; Francioli complète le bal à la contrebasse. Quel album fabuleux! On a droit à la spontanéité du direct avec des «passes» de guitares incroyables et des voix d’accompagnement surprenantes. On se souviendra des Tractions avant, des Poupées rétro, des Voluptés… Ricet dira de Joseph Dejean : il faisait dans ses accompagnements des notes surprenantes, imprévues et pile ce qu'il fallait !

Sentant qu’il a avec lui une «bande à part», Ricet en profite pour enregistrer rapidement deux autres albums. Isabelle [M Records 900.148] est une mise à jour de ses succès à la sauce folk avec un seul nouveau titre: La chanson de celui qui vieillit par Francis Mainville. Celui-ci avait aider Barrier à démarrer sa carrière en 1957 en l’introduisant aux Frères Jacques. Selon moi, les meilleures versions de ses classiques se retrouvent ici. Le deuxième album, Les zygomatiques, n’est pas couvert étant destiné aux enfants.

En 1977 paraît La manigance album de transition au niveau des musiciens, On retrouve certes Francioli, Starr et Woolloff, mais aussi ceux qui deviendront ses comparses de tournée pour quelques années: Valentin le Vielleux (Gérard Clastrier, guitare, vielle et voix) et Zane (Jacques Cézanne, guitares et voix). Un pied dans le folklore avec La manigance, Belle qui tient ma vie (traditionnel) et surtout Y’a plus d’sous (succès principal de l’album) et un autre dans le jazz rétro années 30 avec Le lit de Lili, Putain, le beau métier ! et Les knickerbockers. Sur ces trois derniers titres, le Old School Band de Genève accompagne Ricet. La chanson Les knickerbockers a été remixée sur la compilation Festival de 1980 pour mettre le Old School Band en avant plan.

La mythologie paru en 1978 représente un des rares spectacles concept de Ricet Barrier couché sur vinyle. Il a aussi monté La femme-femme ( avec Jean-Pierre Ferrière), Pachelbel & C° (avec François Lalande et Annie Colette), Le mystère de Renart, Bel oiseau bleu et Les ovules, mais La mythologie est seul dont il reste des enregistrements publiés. Il nous en offrira même un « live » sur CD en 2000. À cette époque, les concerts de Ricet présente La mythologie en première partie, suivi d’un pot pourri de ses chansons en deuxième.


(Source)


mercredi 6 février 2019

Aleš Kot, Danijel Žeželj : Days of Hate (2019)

Aleš Kot, déjà connu de nos services, est un agent tchèque émigré qui se dore la pilule sous le chaud soleil de Californie en vivant grassement de ses Agessa. Danijel Žeželj est un migrant croate, et vit lui aussi depuis assez longtemps aux crochets de l'Etat américain.

Complotant ensemble, adeptes secrets de l'effondrologie qui a gagné les intellectuels du Vieux Incontinent qu'ils ont fui, ils choisissent de mordre la main qui les nourrit, en imaginant une dystopie glaçante qui montre les Etats-Unis sous le jour d'une dictature fasciste sans pitié vis-à-vis de toutes les minorités politiques, ethniques, sexuelles. C'est du propre. Quels ingrats. Une poignée d'activistes de l'ultra-gauche tentent de résister au régime de plomb organisé par l'alt-right en vivant chichement dans la clandestinité entre deux attentats anti-establishment.

Pour une fois, Kot fait un effort pour que son scénario de politique-fiction soit accessible au commun des mortels. Certains personnages manquent encore de chair, parfois réduits à des théorèmes fictionnels et murés dans le silence quand ils n'ont rien à nous dire, mais c'est pas mal.
Mieux que quand il plaque son brouet théorique sur un squelette de récit.
Žeželj l'enlumine avec sa technique si particulière du vitrail au charbon de bois, qui ne brille jamais autant que lorsqu'il illustre de longues scènes d'attentes beckettiennes dans des paysages industriels désolés. Après le totalitarisme soft et hédoniste de The New World, voici sa version hard, moins fluide que glaciale. On attend avec impatience l'adaptation en série par HBO, Netflix ou Amazon. Y'aura au moins TTT dans Télérama.


il y a des effets de forêt automnale


des moments d'émotion intense hétéro


des répliques définitives


des villes sous la pluie



des moments d'émotion intense homo


et encore de la pluie, pire que dans Blade Runner.

Chaque fascicule se conclut par une liste de Recommended Media, souvent aussi prétentieuse que les bibliographies jadis placardées par Maurice G. Dantec dans ses livres les plus illisibles, alors que Days of Hate raconte une histoire très simple, même si elle le fait avec beaucoup de chichis tchéquo-croates.
"They can't kill us until they kill us" (chap. 8) par Hanif Abdurraqib me semble une bonne porte d'entrée à l'univers merveilleux des suggestions de lecture de Days of Hate, une fois que vous aurez déjà acquis le fusil à lunettes et les 5 tonnes de phosphate nécessaires à l'entrée pro-active dans la Résistance.
Le second et dernier tome de Days of Hate paraitra en v.o chez Image Comics fin février.
Pour la v.f., je crois qu'on peut se brosser. Le marché français n'est pas prêt.

https://getcomics.info/other-comics/days-of-hate-1-12-2018-2019/



Depuis qu'il a lu Days of Hate, Steve Roach 
se colorise la gueule tous les soirs dans l'Arizona.