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mercredi 19 août 2020

The Andromeda Strain AKA Le Mystère Andromède (1971) de Robert Wise

Au début de son émouvante chronique sur ilaosé, Félix raconte comment, quand il était adolescent, un certain numéro de Mad Movies lui vendait du rêve sur "les 100 meilleurs films fantastiques" qu'il n'avait pas encore vus. Quand j'étais ado, un peu plus tôt que lui dans l'histoire de l'humanité, le règne de Mad Movies n'était pas encore advenu, et c'est la contemplation de la liste des films de genre dans le Pariscope, le défunt petit format hebdomadaire des sorties parisiennes, ces pellicules mythiques (car le mot culte n'existait pas encore, ou du moins il ne désignait que les rites impies chez Lovecraft et les pratiques douteuses du curé de Pleumeur-Bodou) qui passaient par camions entiers dans les salles du 5ème arrondissement de Paris à des heures hindoues, qui me procurait un vertige inconnu quand je m'arrachais à la Bretagne pour m'en aller visiter mes grands-parents à Créteil.
Je montais alors des expéditions insensées à partir du métro Maisons-Alfort-les-Juillottes, distant d'à peine une heure de marche à condition d'avoir de bons porteurs, pour aller voir Zardoz, Soleil vert ou Little Big Man à l'Epée de Bois ou aux 3 Luxembourg, et me ravitailler au passage en vieux numéros de Métal Hurlant chez Boulinier, le bouquiniste broker du boulevard Saint-Michel. D'où l'importance des porteurs. Puis je ralliais Créteil en pirogue, retrouvant mes grands-parents, Télérama, l'avis de l'office catholique du film dans leurs critiques de cinéma, ce qui ne choquait ni René ni Lucienne, et pourtant c'était des bouffe-curés convaincus.

Si j'avais découvert Soldat Bleu à l'affiche du Pariscope,
j'aurais hallucimaginé un film un peu osé
dénonçant la promiscuité sexuelle chez les Schtroumpfs.
Mais je ne l'ai découvert que très récemment, grâce à Internénette,
et le spectacle est bien pire que ce que je pensais.
Je n'ai jamais vu un film aussi trash sur le génocide amérindien.


Le Mystère Andromède faisait partie de ces films invisibles ailleurs que dans le circuit alternatif des salles du Quartier latin, obscures à plus d'un titre, alors qu'aujourd'hui, si je donne 3 clics par ici je te sors une copie HD, et je te déniche des sous-titres par là, c'est normal après 10 000 heures de vol je sais un peu mieux où chercher, mais le vertige émerveillé de ma curiosité inassouvie, il est où ?
Je ne pouvais pas tout voir, bien que je m'en sois sans doute cru capable sur le moment, et les porteurs se lassèrent de la programmation erratique du Saint-André des Arts. Andromède conserva son Mystère Impercé jusqu'au Confinement 2020, dont on saura plus tard si ça valait un bon film de genre, en tout cas c'est au printemps de cette année que je fus pris d'une boulimie de films pandémiques, histoire de me changer les idées.
Excusez-moi par avance pour la blague conclusive avec le chat, déjà postée dans mon article sur The Last Picture Show.
Je ne me lassais pas de faire des niches à ce brave Pandémiaou pendant la période de réclusion préventive dont datent les deux articles, écrits sans rigueur en ricanant un peu nerveusement au milieu du Bug sociétal, sur un forum hyper-secret où j'avais mes aises et où je ne veux plus aller croupir dans mes replis communautaristes baignant dans cet entre-soi d'une familiarité suffocante, puisqu'ils acceptent des gens comme moi dans leur club underground.
Je préfère de beaucoup m'auto-confiner dans ma caverne de bloggueur, où je ne dépends pas des humeurs de mes coreligionnaires pour oser dire ce que je pense, ou simuler quand je n'en pense rien, ce qui est très souvent le cas. Et ça me prend de moins en moins souvent. J'arrive à un âge où le démon de la culture, mais aussi celui de la contre-culture, me délèchent, pour s'en aller envoûter des candidats plus enthousiastes.
Voici un film assez atypique et pour tout dire inattendu, dans le paysage du cinéma de la SF américaine et spéculative des années 70. Andromède, ça faisait donc des années que j’atermoyais autour du pot, je le regarde, je le regarde pas, et puis finalement c'est mon chat Pandémiaou qui m'a mis la puce à l'oreille en me mordant jusqu'au sang : j'ai compris qu'il fallait aller le faire vacciner, et qu'ensuite on allait mater ça tous les deux, confinés comme des cons sur le canapé du salon, un peu à la Greg Feely dans The Filth, car après que la femme et le cheval, ces ex-meilleurs amis de l'homme par ordre décroissant, aient été décimés par le Covid, le chat arrive en bonne place dans la gamme des espèces domestiques consolantes, en plus Pandémiaou se moque bien de ma HD-light, du moment qu’il y a des couleurs qui bougent et du son qui vibre dans ses moustaches, car je l’ai trouvé dans une poubelle de l’hôpital de jour et il est sourd comme un pot.
Donc on a regardé le Mystère Andromède et on a été bien attrapés, c’est un film assez lent et aride, peu spectaculaire, de plus assez vieillot et empesé dans sa forme, distillant pour tout dire un ennui plus mortel que le virus extra-terrestre imaginé par Michael Crichton dans le roman dont il est tiré. En littérature de SF ce courant scientiste s'appelle hard science, au cinéma on se contente de dire que c'est chiant. La plus grande partie du métrage se passe en laboratoire, au plus près des chercheurs, au milieu de ces décors pas possibles de ce Douglas Trumbull dont on nous a bassinés pendant toutes les seventies, qui assurent un cachet de chloroquine vintage au film, et ces scientifiques qui s’échinent à trouver une explication à ce mystère viral en pleine ébullition sous leurs microscopes, ah là là je voudrais vous y voir, avec leurs petits problèmes humains qui interfèrent avec l'avancée de la Science, et cette cause de l'Avenir de l'Homme bien plus grande qu’eux, qui les pousse à se dépasser et à faire plein d’heures sup pas payées pour restreindre l'Empire de l'Ignorance.
- Je vous dis que ce bébé est verdâtre.
- C'est vous qui êtes verdâtre, Gary.
Ce qui est donné à voir, et partant le véritable sujet du film, c’est la démarche scientifique pure. Comment les grandes avancées du savoir se font à travers la répétition de besognes infimes et fastidieuses, la rigueur que réclament les hypothèses de travail pour être validées ou infirmées... de ce point de vue, la bobine tient encore la route, même si la quincaillerie informatique et l'imagerie électronique générée sont hilarants de ringardise et complètement obsolètes, et la fin du film est bien anxiogène, on était assez contents de nous, avec Pandémiaou, on s’est regardés, on avait passé 2h10 d'une chaude complicité sans avoir besoin de se parler puisqu’il est sourd, il s’est allongé langoureusement sur son canapé de jardin, j’ai compris qu’il était prêt à manger, et voilà, coïncidence troublante, ça s'est presque fini comme dans la nouvelle "Un gars et son chien" d'Harlan Ellison, sobrement traduit lors de son adaptation cinéma par Apocalypse 2024, d'ailleurs plus que quatre ans à attendre, j'ai hâte.

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So long, Pandémiaou.
Burp.
Si vous entendez parler d'un chaton à adopter, faites-moi signe.

Pour une chronique un peu plus straight du film, vous pouvez consulter un collègue :
https://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2012/09/le-mystere-andromede-andromeda-strain.html
Mais alors, 50 ans plus tard, le film vaut-il d'être vu ?
Faut-il tenter de percer Le Mystère Andromède ?
La Science-fiction peut-elle nous sauver des futurs inhabitables ?
Et la science ?
Et la fiction ?
Et la culture ?
Vastes questions.
Le Fahrenheit 451 de Bradbury nous a-t-il épargné Donald Trump, par exemple ?
aah celle-là, déjà, c'est un peu plus fastoche, on peut répondre.

mardi 7 avril 2020

Guy Béart, Grand Prix de l'Imaginaire 2020

Tout le monde connait déjà archi-par coeur les chansons de science-fiction de l'ami Guy, sauf ceux qui ne les connaissent pas, comme par exemple "Les Collines D'acier", inquiétante dystopie que n'aurait pas renié Bernard "Je Suis Une Légende" Lavilliers du temps de "Pouvoirs", son brûlot libertaire, ou encore "Etoiles, Garde-A-Vous !" fable de space-opera spin-off de Robert Heinlein sur les dérives autoritaires de Christophe Castaner pendant la pandémie des Gilets Jaunes, dont Marcel Dadi refusa de publier la tablature sous prétexte qu'elle lui rappelait trop celle du Nécronomicon de Graeme Allwright, "le Voyageur De Rayons", balade déchirante inspirée par le difficile parcours de soins d'un patient prépubère injustement délogé de sa chambre au service d'oncologie de l'hôpital Henri Mondor de Créteil pour laisser la place à un vieux sous respirateur. "Le grand chambardement", "les Temps Etranges", je n'insiste pas. J'ose espérer que tout le monde a capté.

Encore une pochette de Moebius d'avant-guerre, délicieusement kitsch. 

Ce que l'on sait moins du Maitre de Garches, véritable méta-baron de la drogue auditive de synthèse, c'est que son incursion la plus échevelée dans l'anticipation, c'est "Le matin je m'éveille en chantant", ritournelle jubilée (Jubilation = Joie Sans Cause) devenue longtemps après sa disparition un hymne ô combien salvateur pour temps de confinement. Même quand je m'étais enfermé 6 semaines avec Hugues Aufray pour mettre en boite son concert au Casino de Paris, je n'avais pas été autant impacté par l'allégresse que prodigue cette oeuvre profondément visionnaire, que nous entonnerons encore en écho sur nos balcons l'année dernière à Marienbad, malgré les plaintes persistantes du syndic.
Pour les connaisseurs, je diffuse en première intention la version karaoké, ludique en diable (je travaille actuellement aux sous-titres en américain pour soutenir nos amis survivalistes d'outre-Atlantique qui ont déjà rejoint leurs abris de jardin pour s'y cloitrer avec John Goodman et y revoir en boucle 10 Cloverfield Lane puisque le lundi c'est ravioli se dit Monday c'est Doomsday en v.o.)



Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Entre temps, je fais la sieste
Voilà tout ce qui me reste
Ou je me fais du café
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je me lave en chantant
Et le soir, je me baigne en dansant {x2}
Entre temps, je me promène
Une activité moyenne
Me conduit à m' reposer
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, on s'embrasse en chantant
Et le soir, on s'enlace en dansant {x2}
Entre temps, on se caresse
Y'a vraiment rien qui nous presse
On va même se recoucher
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Jamais je ne m'intéresse
A la bombe vengeresse
Qui un jour f 'ra tout sauter
On ne nous soigne jamais assez
Le matin, je m'éveille en chantant


Vous conviendrez avec moi que ces paroles sont prophétiques. On ne s'en lasse pas. Je tiens à votre disposition le clip original de l'INA, mais j'ai dû me résoudre à le confiner dans une boite métallique, l'acétate ayant tendance à se consumer avec enthousiasme au contact de l'oxygène.
Envoyez-nous vos meilleures versions karaoké filmées au smartphone, je ferai une compile pour aider Boris Johnson à se rétablir plus vite en se rappelant pourquoi il a voulu brexiter.

A Garches, dans son vaisseau de pierre, Guy compose ce qui deviendra 
le plus grand succès de la chanson de SF française, en faisant semblant de rien.
Seules ses pantoufles en plastique fluo trahissent à la fois son génie visionnaire, et son origine extra-terrestre.
D'ailleurs, comme par hasard, à l'époque Guy a aussi été approché par Jean Carpenter, le demi-frère maudit de Maritie et Gilbert, pour jouer dans le remake du Village des Damnés, car dans les années 60 il était de bon ton pour un chanteur ayant le vent en poulpe de cachetonner dans quelques nanars de SF ou de fantastique, ça permettait d'écouler un maximum de produits dérivés comme des peluches urticantes et des figurines de plastique qu'on pouvait inclure dans des rituels vaudou, cf le succès de Marie Laforêt dans Marie-Chantal contre le Docteur Kha, mais Guy n'a pas dépassé le stade du casting, et a dû se consoler en avalant deux cachets intermittents à la fête de l'Huma.
Pas assez bleus, les yeux.


Pour réussir son casting, Guy essaye d'imiter le regard du Docteur Kaa dans Mowgli,
mais il se trompe d'une lettre, et ça ne prend pas.


Dans la même collection :
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/11/guy-beart-je-suis-vivant-et-vous-etes.html

J'ignore pourquoi, quand j'essaye d'écrire sur Guy Béart, ça part en tonneaux avant même le premier virage. Y m'a rien fait, ce type, à part illuminer mon enfance avec ses cercueils à roulettes et ses tombeaux à moteur, qui me faisaient déjà rêver.
Guy, si tu m'entends, je te demande pardon, et si tu reviens, j'annule tout.


Et comme en France tout finit par des chansons,
à la Fête de l'Huma, Marie Laforêt sut trouver 
les mots bleus les yeux verts merguez pour consoler Guy.

samedi 22 février 2020

Robert Sheckley - Les univers de Robert Sheckley (1972)

Un jour récent où je n'avais envie de rien, ça n'a pas duré longtemps, et je me suis vite retrouvé accablé du désir subtil mais impétueux de revoir le recueil de nouvelles de Robert Sheckley qui avait enluminé mon adolescence. En ce temps-là, le Club du Livre d'Anticipation de chez Opta était le sceau de la Valeur Absolue de la Science-Fiction. Ses membres étaient de fins lettrés qui nous prêtaient les grimoires fleurons de leur bibliothèque parce qu'ils voyaient bien qu'on bavait devant, grelottant sous l'effet d'une fièvre maligne. 
Mais ça, c'est passé, et ça ne reviendra pas. Je ne vois guère le Club du Livre d'Anticipation renaitre des cendres de ses éditeurs, de ses auteurs ou de ses adhérents. L'autre jour, donc, je n'avais pas envie de posséder l'objet, non, les objets, on m'a déjà fait le coup plusieurs fois, et j'en possède aujourd'hui tant que j'ai du mal à passer l'aspirateur dans la chambre devant l'amoncellement de livres non lus, et j'apprends avec les jeunes à à faire mon deuil des objets et à accueillir les flux, qui sont les vrais objets du futur d'hier qu'est aujourd'hui, à la fois ondes et particules, et d'ailleurs Les univers de Robert Sheckley, j'ai regardé, on peut très bien l'acquérir chez les vendeurs d'occasion du net, entre 40 et 60 €, mais ce dont j'avais envie c'était de relire les nouvelles, pas de m'encombrer de l'objet, même si je me rappelais de chouettes illustrations de Moebius dans les teintes verdâtres.
J'ai relu mon petit Kornfield de poche (Après l'extase la lessive) pour saluer mon deuil des objets :
Le véritable devoir de la vie spirituelle ne se trouve ni dans des lieux éloignés ni dans des états de conscience sortant de l'ordinaire. Il prend place ici, dans l'instant présent. Cela exige un esprit bienveillant, prêt à accueillir d'un cœur sage, respectueux et bon, tout ce que la vie nous présente. Nous pouvons saluer aussi bien la beauté que la souffrance, nos troubles, notre confusion, nos peurs et les injustices de ce monde. Honorer ainsi la vérité est le chemin de la libération. S'incliner devant ce qui est, plutôt qu'au pied d'un idéal, n'est pas nécessairement chose facile mais, quelles que soient les difficultés, c'est l'une des pratiques les plus utiles et louables.
C'était largement hors-sujet, mais ça avait de la gueule, et ça pourrait toujours servir.
Renonçant derechef à ma quête, je donnai deux-trois clicks quand même pour être sûr, et sur quoi tombai-je, sur un serveur russe ?
Je vous le donne Emile ?
(au format epuB)

Oooh la jolie couverture moche kitsch
Ils sont forts, ces Russes, quand même.
Le jour où ils voudront déstabiliser l'Occident, ils n'auront pas de gros efforts à fournir. Un candidat aux municipales un peu branlant, une vidéo rigolote, et hop, tout le château de cartes de la démocratie parlementaire par terre, et 20 points de plus au RN aux élections, fingerz in the noise.
Pour en revenir à Sheckley, c'est de la SF un peu vintage, et relativement bon enfant par rapport à celle de maintenant, beaucoup de ses nouvelles confrontent l'Homme (enfin, l'homo americanus des années 60) à des civilisations plus raffinées ou si différentes de la notre qu'elles nous apparaissent barbares, mais au final c'est nous qui en faisons les frais par notre compréhension étriquée, et il a un sens de l'absurde superbement développé, je m'amuse bien à relire ça.
Et il y a une justice : les illustrations de Moebius sont très mal reproduites, pour ça il faudrait revenir à l'objet, mais heureusement, j'ai mon mantra de Kornfield pour éviter ça, plaquette Vapona.

lundi 13 janvier 2020

Lovecraft Facts (5)

Et voici donc pas plus tard que tout de suite la célèbre recette du poulpe à la sétoise façon Lovecraft, pot aux roses autour duquel je tourne depuis une bonne quinzaine.
Tiens, non, ce n'est pas un extrait des Plus slurpeuses recettes de l'immonde, ce n'est qu'une des milliers de photos à la con qu'on trouve sur Internet,  photo à l'esthétique affirmée mais ambigüe, puisqu'elle joue sur plusieurs registres, dont celui d'un érotisme chic et malsain, photo à laquelle on peut faire dire ce qu'on veut, sauf ce qu'elle pense. 
Vous allez me dire, elle ne pense peut-être pas à grand chose, si ventre affamé n'a pas d'oreille, ventre plein encore moins, mais justement, on regarde peut-être la photo dans le mauvais sens. 
Peut-être que c'est la dame qui a voulu manger la bête après avoir regardé une émission culinaire un peu bourrative de David Cronenberg dans sa première période, et dont la position des mains sur sa poitrine indique à la fois la satiété, une volupté indicible, et peut-être un désir tardif de préserver ce qu'il lui reste de vertu en masquant sa nudité. Et elle a peut-être eu les yeux - qu'on devine gourmands et malicieux - plus grands que le ventre, parce qu'on dirait bien qu'elle cale un peu. Mais peut-être qu'il s'agit d'autre chose, et que c'est la bestiole qui a essayé de s'introduire dans la dame parce qu'elle a un mode de reproduction ovovivipare comme dans Alien, et qui se trouve obligée d'élargir certains orifices pour forcer son passage dans d'étroits boyaux avant d'aller y pondre quelque larve d'outre-espace.
En tout cas quelque chose d'innommable nous est suggéré, et réclame notre connivence, notre adhésion, ou provoque notre dégoût, notre indignation. Il y a 10 ans j'avais légendé la même photo "Alerté trop tard, le Comité de préservation de la faune sous-marine n'a pu intervenir" et si vous me laissez 10 ans de plus, j'en trouverai une encore plus rigolote, mais après on va encore dire que c'est le Warsen qui se mord la queue.
Qu'on ait lu Lovecraft ou pas, qu'on ait joué à des jeux vidéo plus ou moins bien inspirés de son univers quand on était petit, c'est un peu comme s'il jouissait d'une autorité spirituelle et d'un copyright de principe sur tous les trucs à base de tentacules. Littérairement, on se rappelle que c'est le champion très daté du préfixe privatif, même si c'était une super-bonne idée que les mots déclarent forfait pour décrire la source d'effroi, décrire c'est tuer la peur de l'inconnu.
Par exemple, cette nuit je rêve que je trouve devant mon garage une femme "déguisée" en agent de police, faisant semblant de monter la garde ; tout de suite ma conscience onirique me signale qu'il est impossible qu'elle soit un vrai flic, qu'elle n'a donc aucune légitimité à être en planque devant chez moi, en même temps que sur le plan vibratoire je ressens une horreur atroce, je la perçois comme un démon et un cauchemar énergétique digne du pire David Lynch, elle va me dévorer donc je lui saute dessus avant qu'elle m'explose à la figure, et je suis bien sûr réveillé par les cris de ma femme, qui est en train d'être molestée sans raison valable.   
Je me confonds en excuses.
Je n'ai pas tous les jours la chance d'être confronté au sentiment d'horreur cosmique.
Je reconnais qu'il est indicible.

En plus, c'est pas pour prétendre que ce début de peignée somnanbulique ait servi à quelque chose, mais quand même c'est troublant ces trous noirs : ce matin elle a retrouvé les clés de la boite aux lettres et son second jeu de clés de voiture, qu'elle nous accusait effrontément d'avoir égarés depuis deux semaines.
Qu'en conclure ? que comme rejeton illégitime de l'horreur cosmique, les photos de Richard Kadrey comme celle que nous avons vue au début de cet exposé, sont plus probantes que beaucoup d'autres hybridations. 
Avec des mitraillettes à chargeur camembert, je trouve que ça le fait moyen.
Il faut dire que Brubaker et Philips sont des stakhanovistes du climat "black et mortifère".
On les comprend : pour se consoler des horreurs du monde, et parfois du gâchis de sa propre vie, le tord-boyaux à base de criminels et d'existences foutues est ce qui se fait de plus efficace.

samedi 29 décembre 2018

The Endless - (2017)

J'ai enfin fini la traduction de The Endless, le nouveau film de Benson et Moorhead, les cinéastes indépendants qui nous avaient offert Resolution il y a 6 ans. Je suis parti des 1235 sous-titres américains, j'ai regardé le film une fois, et j'en ai démoulé plus de la moitié en une semaine, après j'ai eu un coup de mou d'un mois, je m'y suis remis difficultueusement, et j'ai fini ce matin. 
Je me suis senti obligé de le traduire parce que c'est vraiment la suite directe de Resolution, dont il étend et renouvelle les problématiques, que j'avais déjà traduit pour le profit d'une communauté de geeks hyper-secrète. C'est un peu trop riche à mon goût car qui trop embrase mal éteint, y'a pas que les pompiers pyromanes pour savoir ça, et le film part un peu dans tous les sens, même s'il reste très sympa. 
Vos chances de le voir un jour sont faibles, sauf si vous êtes déjà dans ma secte apocalyptique sur les OVNI (UFO death cult), auquel cas vous ne lisez pas ce blog, qui en est juste l'organe officiel à destination du grand public.







413
00:32:37,330 --> 00:32:40,880
Ça me semble une bonne chose
que tu ne le voies plus.

414
00:32:40,876 --> 00:32:42,549
Oh, on ne sortait pas ensemble

415
00:32:43,128 --> 00:32:45,426
C'était juste un mec qui m'obsédait

416
00:32:45,422 --> 00:32:49,052
quand j'étais sous lithium,
thorazine, et PCP.

https://en.wikipedia.org/wiki/The_Endless_(film)

[Edit] :

Les sous-titres sont là :
https://www.mediafire.com/file/579fg044g686jzg/the.endless.2017.1080p.bluray.x264-cinefile.srt.zip/file
et ils sont compatibles avec cette release :
The.Endless.2017.1080p.BluRay.x264-CiNEFiLE.
Pas de SAV (même sur présentation du ticket de caisse) (la meilleure seule appli que je connaisse pour resync des sous-titres sur mac, c'est Jubler)

jeudi 12 janvier 2017

Köhnen Pandi Duo - Darkness Comes In Two's (2017)

Jason Köhnen (The Thing With Five Eyes, ex-The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble) and Balazs Pandí (drummer for Merzbow, Keiji Haino, Jamie Saft, Mats Gustafsson a.o). 


Köhnen and Pandí release their first live improv album as the Köhnen Pandí Duo.
Recorded on November the 23rd in Aurora, Budapest, Hungary. 45 minutes of intense dark/ambient/jazz reminiscent of Köhnen's previous improv band The Mount Fuji Doomjazz Corporation.



mardi 13 janvier 2015

Je suis vivant et vous êtes morts

Le livre sur Dick qui n'a pas été écrit par Charb.
Où l'on s'aperçoit que sa vie fut peut-être son plus grand roman de SF.
Le lien est dans les commentaires, si j'me pends je vais en enfer.

***

Un admirateur de Philip K. Dick nous souhaite à tous une bonne année dernière.
C'est une bonne idée.

                                             ***

Une bonne introduction de Gérard Klein à Dick, sa vie, son oeuvre
http://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/Romans_1960-1963/ 

***

Un bouquin que je n'ai pas encore lu sur Dick, hé oui, il en reste encore, mais c'est pas l'envie qui m'en manque.

***

L'exégèse de Saint Dick vue par Saint Wiki.
Quelques fragments d'icelle, sauvés des ruines de son esprit.

***

De toutes façons, qu'il soit utopial ou paranoïde, l'avenir n'est plus ce qu'il était.
Commentaires de Gérard Klein sur le forum du cafard cosmique :
"J'ai le cafard, et il est cosmique".