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jeudi 23 décembre 2021

Sur la Platine de Schnock Vol. 1 (2014)

La réclame :

SCHNOCK, « la revue des vieux de 27 à 87 ans », présente son hit-parade des trésors incandescents et des pépites oubliées de la variété française des années 1970 et 1980.
Retrouvez dans un coffret 2-CDs de 42 titres les succès et les plages méconnues de Christophe, Jacques Dutronc, Eddy Mitchell, Véronique Sanson, Bernard Lavilliers, Françoise Hardy, Michel Sardou, Sheila, Hugues Aufray, Jacques Higelin et bien d'autres ! Egalement inclus, des titres cultes enregistrés par Il était une fois, Yves Simon, Michel Fugain et une sélection de quelques valeureux soldats inconnus de la chanson française psyché-pop (Faust 72, Nanette Workman, Le système Crapoutchik, Blue Vamp...).


tous les détails en pages extérieures :




... et le double CD dans son étui de velours lourd :

mardi 7 décembre 2021

Patrick Font - L'Algérien (1974)


J'étais peinard devant un feu de bois d'arbre, une bûche d'une espèce rare, en voie d'extinction, et bien décidé à reposer mes yeux et surtout mes doigts. J'ai mis un vieux disque, glané sur un blog de curiosités. J'ai découvert "L'Algérien" de Patrick Font. Une chanson de 1974. J'ai alors compris que le problème ne datait pas d'hier. 
Bien sûr, les chansons ça sert à rien, comme le fait finement remarquer quelques années plus tard Francis Lalanne dans "J'ai de la boue au fond du coeur", qui ne résoud rien, pas plus que celle de Patrick Font, pas plus que le film Dupont Lajoie d'Yves Boisset sorti à peu près à la même heure. Parce que ni les films d'Yves Boisset ni les vidéos de Jaune Warsen ne peuvent influer le cours implacable du monde. 
Néanmoins, à la première écoute de L'Algérien, mon sang n'a fait qu'un tour. 
Adieu la sieste devant la cheminée. 
Ca n'a pas trainé, en deux heures la vidéo était bouclée. Mon premier clip anti-Zemmour, putain de sa mère. A 58 ans, il était temps de commencer à m'impliquer. J'ai un collègue monteur qui s'interdit d'avoir un logiciel de montage à la maison, je comprends pourquoi. Je pensais sincèrement ne plus m’en servir, maintenant que les enfants sont trop vieux pour que je fasse des films de famille, je me suis pas méfié, mais j'ai récemment refait un peu d'art vidéo avec des potes, et là, j'ai un nouveau projet sur lequel m’investir la nuit, quand j’en ai marre de déblogguer des mots pleins de lettres. Je réalise pour les fêtes (mais je ne pense pas être prêt avant Noël 2028) un long métrage ludique et pédagogique incluant l’ensemble des génériques des films de James Bond depuis l’Antiquité jusqu'à Pourrir peut attendre, le dernier en date, agrémenté des séquences de fiction qui précèdent souvent ces génériques, y adjuvant des sous-titres de mon cru un peu farfelus; on peut envisager ultérieurement une version en breton quand je serai sorti de prison après avoir ainsi transgressé les lois sur le copyright, évidemment, tout cela fleure bon la kolossale perte de temps, l’auto-addiction à trois balles et la crispation identitaire « ah dis donc qu’est-ce que je suis drôle » qui me pend au nez depuis longtemps, après avoir frappé de plein fouet Wes Anderson et son French Dispatch. 
Et alors ? qu’y puis-je, si je me shoote à la vacuité égotiste de la dérision ? et ça ennuie qui ? au moins je laisse dormir mes colocataires.

 [EDIT] 
Excellent édito d'un philosophe dans l'Obs sur Zemmour. 
Tout n'est donc pas si foutu que ça.

dimanche 28 novembre 2021

Bertrand Belin - D'entre les morts (2021)

D'entre les morts : avec un titre comme ça, si je ne mets pas cette chanson sur mon blurg tombal, où donc me la mettrai-je ? 


Les compositions de Bertrand Belin accompagnent malicieusement "Tralala", le dernier film des frères Larrieu, plaisanterie acidulée un peu nonchalante dont je croyais naïvement qu'elle allait ressembler à la dernière blague de Wes Anderson, alors que le métrage évoque plutôt les  comédies musicales de Jacques Demy, et que c'est plutôt le French Dispatch qui ressemblerait comme une goutte d'eau à une blague un peu sophistiquée des auteurs de Vingt et une nuits avec Pattie (pas Smith, une autre)
Je ne sais pas si vous suivez, moi aussi j'ai été largué dans le dernier virage.
La présence physique du chanteur, qui incarne une sorte de faux-frère au personnage interprété par Mathieu Amalric, est impressionnante. Surtout qu'Amalric, lui, passe tout le métrage à  se désengager du monde, avec cette forme d'absence détimbrée qu'il incarne toujours idéalement à l'écran, aussi rayonnant de vulnérabilité que s'il se prenait pour Bill Pullman dans la saison 4 de The Sinner, qui est presque finie de diffuser, ce dont personne ne m'avait prévenu. 
L'ombre menaçante de Philippe Katherine et de son absolue liberté créative plane aussi sur le film, sans s'incarner autrement qu'à travers une de ses chansons, reprise par Duccio Bellugi, un curé de passage à Lourdes (car le film se passe dans la ville sainte) qu'on avait déjà apprécié dans Mon curé chez les Thaïlandaises.

Les frères Larrieu, en train de ressembler aux frères Coen comme à une goutte d'eau
pour faire croire qu'ils jouent dans une bande dessinée de Daniel Goossens.
Je crois que je me suis Lourdement (lol) trompé sur Bertrand Belin, ce n'est pas du tout un postulant au trône vacant du Roi Bashung, mais une créature protéiforme en transmutation, quelque part entre dandy et crooner, entre Rodolphe Burger et Eddy Michell. D'ailleurs il chante avec les Liminanas, si ça c'est pas une preuve, je sais pas ce que c'est. Je sens que je vais être condamné à réévaluer toute son oeuvre, et ça sera bien fait pour moi.
La bande-son de Tralala-le-film est là
et elle vaut aussi son pesant de cacahouètes, surtout quand on a vu Tralala-le-filmSinon, c'est comme quand on raconte une blague au lieu d'y avoir participé, c'est quand même moins bien.

dimanche 21 novembre 2021

Les Fabulous Trobadors : Era pas de faire (1992)

De leur premier album qu'on dirait quasiment enregistré à la maison et à la main avec des vrais doigts et trois bouts de ficelle sur un Tascam 4 pistes diesel (Era pas de Faire, 1992) à leur dernier envoi en date, beaucoup plus abouti musicalement, (Duels De Tchatche Et Autres Trucs Du Folklore Toulousain, 2003), nous avons tout écouté, et tout apprécié. Je ne suis pas spécialement régionaliste, ni toulousophile, et ma femme sorcière albigeoise m’a aidé à pénétrer les arcanes des occitanismes dont les textes sont truffés, mais ces deux-là ont manifesté un enthousiasme communicatif pour l'implication dans la vie locale, où qu'on vive, plutôt que de se terrer dans le virtuel en attendant que ça passe. (ça ne passe jamais). Pour tout dire, ils manquent diablement à l'esprit du temps d'aujourd’hui. Peut-être qu’il faut mettre l’enthousiasme sous verre et le coller dans un musée, dans l’aile B, celle qui abrite les Choses Qui Ont Été. Les Fabulous sont un remède souverain au fatras d’absurdités existentielles mortifères mondialisées qui submerge actuellement le monde et l'accule à l'effondrement cher à Jared Diamond.
On ne trouve rien d’eux sur internet, pas le moindre site de fan sinon celui que leur consacre le créateur de wikipédia à ses heures perdues, juste quelques clips youtube qu’il ne faut pas aller voir, car youtube c’est le Mal Absolu. Ce qui prouve bien qu’internet c’est de la merde. Même Warsen n’a pas osé uploader un de leurs disques, tellement c’est sacré. Il faut les emprunter à la médiathèque de ton quartier (comme ça tu jouiras des paroles dans les pochettes pour les passages difficiles à décrypter) et ne jamais les rendre.

jeudi 11 novembre 2021

John_Weak & Annie Hole Project (2021)

Hier matin je suis allé me faire vacciner contre la grippe. J'aurais mieux fait de demander au docteur s'il n'avait rien contre John_Weak & Annie Hole, un virus musical de pop infectieuse que je n'ai pas vu venir, et maintenant c'est trop tard. 
Je suis contaminé, et pas qu'un peu. 
Que les choses soient claires dès le début : 
John_Weak & Annie Hole ne sont pas les pseudonymes de deux de mes sous-personnalités, mais des personnes bien réelles (peut-être un peu imaginaires sur les bords, mais ce n'est pas incompatible) croisées sur internet, et qui font de la musique ensemble. Tant que je ne les ai pas rencontrées en vrai, je ne puis prouver qu'ils/elles existent, et c'est sans doute réciproque, mais j'apprécie leurs travaux soniques, seuls artefacts à me parvenir en provenance de la Réalité alternative dans laquelle ils prétendent se mouvoir, et c'est pourquoi j'ai décidé de leur offrir une petite tribune. 
Quel dommage que malgré tous mes efforts pour me hisser vers le mainstream des blogs busters, je sois resté underground et confidentiel. 
J'aimerais leur donner un petit coup de pouce. Mais après avoir procédé sans crainte à un inventaire personnel de mon potentiel de nuisance rédactionnelle, le meilleur service que je puisse leur rendre, c'est de fermer ma bouche, de débrancher mon clavier et les laisser jouer et chanter.
Voici donc, mesdames et messieurs, rien que pour vous ce soir, en avant-première mondiale, le duo de pop infectieuse John_Weak & Annie Hole.
On les applaudit bien fort, mais d'abord on écoute leur playlist.


Depuis qu'ils m'ont autorisé à présenter leurs maquettes ici, je les asticote pour qu'ils prennent contact avec un petit label musical indépendant comme la souterraine, à laquelle on accède par l'escalier de la cave. Ils y seront mieux mis en valeur que sur ma tombe, et leurs fleurs seront changées plus souvent qu'à la Toussaint.
Même si John et Annie sont très très timides, comme ce surinvestissement du virtuel pourrait le laisser penser, par rapport à la voie naturelle et royale qui consiste à aller faire le pied de grue dans le froid avec son book bourré de cassettes audio au ferrochrome enregistrées sur un Tascam 4 pistes et des engelures devant les portes obstinément closes de Barclay et EMI, comme ce pauvre Winslow_Leach au début de Phantom of the Paradise.

le MK_43 de fabrication hongroise 
qui a eu l'honneur de finaliser le premier EP 4 titres

J'espère au contraire les avoir encouragés à prendre confiance en eux et à promouvoir leur créativité, avant qu'ils/elles plongent dans le grand bain des albums studio enregistrés à la chaîne et à toute berzingue par des producteurs stakhanovistes et cocaïnés, albums souvent suivis de tournées de promotion tout aussi frénétiques, ces rafales de soirées de gala qui en ont laminé plus d'un, si j'en crois de mémoire ma collection de vieux Rock&Folk perdue à jamais. 

Ma collection de vieux Rock&Folk telle que je l'ai vue pour la dernière fois
avant que ma mère range ma chambre et fiche tout en l'air.

Vous pouvez vous aussi les encourager ce soir, en écoutant leur musique et en leur laissant des commentaires inspirés. Si l'inspiration ne vient pas, vous pouvez simuler, mais soyez sympas, faites que ça ne se voie pas trop.
Dans l'attente que s'effondrent leurs vains rêves de gloire, je les ai harcelés pour qu'ils me transmettent des éléments biographiques afin de nourrir le dossier de presse, comme si je me prenais pour leur mécène de la Renaissance, et j'ai fini par obtenir une interview exclusive.

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J.W : - Pourquoi faites-vous de la musique ?
John_Weak : Pour faire quelque chose qui nous dépasse, je veux dire : qui dépasse la simple sphère du quotidien. Ça paraît assez évident dit comme ça mais bizarrement, puisque c’est également notre matériau, on fait aussi de la musique pour parler et revenir au quotidien, d’une autre manière.
Annie Hole : C'est aussi à cause d'une certaine fascination pour le frisson de l'écoute et pour tenter d'en percer le mystère.

J.W : - Comment collaborez-vous ?
Annie Hole : On avait une envie partagée de créer quelque chose musicalement.
John_Weak : En fait, l’idée d’Annie H (qui est chanteuse et compositrice) était de mettre en valeur des textes que j’avais écrits. Elle me l’a proposé et, sans y participer, j’ai trouvé le résultat vraiment bien. Donc sur cette base, je me suis mis à écrire des textes et on a travaillé vraiment à deux : une mélodie simple, un battement, piano occasionnel pour voir ce qui émerge. De fil en aiguille, on a appris à utiliser les logiciels de son et cela a donné les morceaux disponibles à l’écoute.

J.W : - Quelles sont vos sources d’inspiration ? 
John_Weak : Il y a sans doute des airs de famille mais... je préfère ne pas y penser. Disons qu’il y a des choses qu’il vaut mieux laisser inconscientes quand on crée. Par contre il y a un album de Houellebecq qui s’appelle Présence Humaine et que je garde en tête. J’en recommande chaudement l’écoute, même si cela n’a pas grand chose à voir avec ce qu’on a fait en termes de résultat.
Annie Hole : Je dirais qu'on entend un peu dans ces morceaux des influences qui vont du côté de la dream pop mais ils sont aussi redevables de musiciens francophones, ça va de l'electropop (Mansfield TYA) à la chanson dans un sens plus traditionnel (Katerine)

J.W : - Tout a une fin. Dans ce cas, à quoi bon commencer ?
John_Weak : Je ne sais pas... les choses commencent de toute façon. Autant y être pour quelque chose dans ce cas, non ? D’ailleurs, commencer dans la musique, c'est commencer dans une chose qui a déjà commencé bien avant nous, continuera ensuite. La question serait donc : si tout a déjà commencé, dans ce cas, à quoi bon commencer ? Peut-être que nous nous sommes arrangés pour oublier qu’on commençait.
Annie Hole : On n'en finit jamais de commencer.

J.W : - Vous chantez en français ? En anglais ?
John_Weak et Annie Hole : Oui en fait, on a commencé à écrire les chansons en anglais, et on ne pensait pas du tout pouvoir écrire en français au début, car c'était une langue réservée (pour l'écriture poétique). Et puis d'une manière ou d'une autre, on s'y est mis. On a pris le français comme une contrainte supplémentaire, et on s'y est amusé. La pression extérieure n'y est sans doute pas étrangère : on attend de chanteu.rs.ses français qu'ils chantent en français. Mais pour nous, on continue à se dire qu'il y a des choses qu'on ne peut exprimer qu'en anglais, et on ne veut se priver d'aucun médium.

samedi 25 septembre 2021

Gérard Manset - Royaume de Siam (1979)

Je n'aime pas du tout ce disque, hormis le titre qui ouvre l'album. Complaisance, prétention, facilités d'écriture et médiocrité des arrangements s'y donnent gaiement la main. Mais il y a quarante ans, je ne disais pas ça. Et sans celui-ci, il n'y aurait peut-être pas eu celui d'après, "l'atelier du crabe". Et j'ai mis quelques semaines à trouver des versions correctes des fichiers (il circule partout une version 160 kbps trop aiguë.) Et Gérard l'a mis au pilon, toutes les versions postérieures à 1983 sont tronquées, avec des titres empruntés à d'autres albums. Donc il doit quand même y avoir quelque chose de bon dedans.


https://www.mediafire.com/file/26tfphereqn43np/GM_1979_RdS.zip/file

samedi 26 juin 2021

Caza - Scènes de la vie de Banlieue - Tome 2 (1978)

J'ignore pourquoi Caza n'a pas connu la même reconnaissance publique que Druillet, Bilal ou Moebius, au bon vieux temps de Métal Hurlant. Peut-être parce qu'il était surtout publié dans Pilote. Ils en venaient tous, mais lui y est resté plus longtemps que les autres. Il fallait bien qu'il y en ait un qui se dévoue pour garder Goscinny. Pourtant, les histoires d'anticipation écolo-gauchisto-grinçantes rassemblées dans les 3 tomes de Scènes de la vie de Banlieue n'étaient sans doute pas vraiment du goût de Goscinny; qui n'y survivra que jusqu'en 77. Quelques décennies plus tard, ces mauvaises blagues sonnent très Métal, dans l'esprit de la littérature de SF dépressive de la fin des années 70 qui avait pour mamelles la pollution, les brutalités policières de l'Etat-fasciste, et la médiocrité de la plupart des aspirations humaines. On ne peut pas dire qu'on ait vraiment changé de braquet, sauf sur le sexisme ordinaire. J'y vois même des connexions avec les comix underground de Zap Comix qui ont commencé à mettre le feu à la BD américaine dès 1968, mais ça doit être tous les médicaments que je ne prends pas qui me montent à la tête.

L'édition originale (et à couverture molle) de la trilogie.

Elles furent d'abord rassemblées sous forme d'albums souples, moches et pas chers, puis "en dur" chez Dargaud Fantastique, et finalement rachetées pour une poignée de brouzoufs par les Humanoïdes associés, avec de nouvelles couvertures qui n'ont plus grand chose à voir avec le style Caza Canal Historique, pop-art flamboyant, Caza aussi à l'aise graphiquement dans la caricature que dans l'hyper-réalisme verdâtre des banlieues rêvées, et surtout cauchemardées, pas très loin des novellistes anglo-saxons de l'époque, professionnels du désenchantement humaniste comme J.G. Ballard. Avec une petite touche d'humour crétin issu de la tradition française. Et des couleurs d'une violence psychédélique rarement revue dans la BD francophone. Il y a même une histoire de pirates à bord d'un pavillon en meulière qui pourrait être un préquel de The Crimson Permanent Assurance, le court métrage réalisé par Terry Gilliam en 1983 et diffusé en tant que prologue du film Le Sens de la vie. Je suspecte fortement Gilliam de l'avoir vu avant de construire son scénario, mais je n'ai pas de preuves. Je vais lui écrire.

Les liftings successifs des couvertures, fluctuantes selon les éditeurs.
Je ne sais pas si on gagne en lisibilité. 

Comme le dit l'auteur dans son auto-bio
, "dans ces chroniques, basées sur une satire acerbe de la vie moderne et sur l'intrusion du fantastique dans le quotidien, je me mets moi-même en scène comme personnage principal de mes histoires (déjà égocentrique), en éternelle opposition à mon voisin du dessous (ou du dessus, ça dépend), Marcel Miquelon, archétype de français (très) moyen."

une blague postcoloniale comme même
le Major Grubert ne peut plus en faire.

Reproduit ici à un format trop petit pour pouvoir prétendre au rang de la contrefaçon, le Tome 2 des Scènes de la vie de Banlieue conserve une saveur vintage, en même temps qu'il est un témoignage sur l'imaginaire de la concentration urbaine vu par un gauchiste qui était déjà parti vivre dans les Cévennes avec des fromages de chèvre, contrairement à ce que prétend son avatar auto-fictif qui apparait souvent dans les couloirs de ces HLM de papier sous les traits d'un géant roux aux traits harmonieux et sculpturaux. Mon oeil : quand on est vraiment un géant roux aux traits harmonieux et sculpturaux, on n'a pas besoin de faire de la BD pour épater la galerie. A part Geoff Darrow, dont il est difficile de savoir s'il était roux avant d'être fou chauve.
Caza abandonnera ensuite totalement cette veine humour noir pour se tourner vers une SF mysticoïde un peu fumeuse, avec toujours autant de moyens graphiques mais c'est là que je le perds de vue, préférant alors m'abimer dans la contemplation des tranches des volumes traitant du bouddhisme au rayon spiritualité de la FNAC, afin de progresser dans l'intention de le pratiquer.  

la French Touch du psychédélisme, c'est là qu'elle était.



Il existe une intégrale raisonnée parue aux Humanos en 2017, qui vaut vraiment le coup.

mardi 8 juin 2021

Lovecraft Facts (17) : Les Quatre Barbus - Le grand Lustucru (1957)

Je découvre les CDs 3 et 4 de la compilation des Quatre Barbus présentée tantôt. 
C'est du lourd. 
A côté de versions édulcorées de chansons paillardes - on ne pouvait pas enregistrer sur disques de tels brûlots cochons avant que Jean-Marie Bigard ne s'arroge vers la fin du XXeme siècle le monopole de la vulgarité et confonde un peu exprès la licence poétique, la licence IV et le complotisme de sous-bois - à côté aussi de chants de marins qui rappellent l'éternité de toute souffrance humaine, mais comme le dit Jean-Pierre Dionnet « Ma vision du monde est positive, je pense que l’être humain est foncièrement mauvais, mais je pense aussi que nous avons le choix de ne pas l’être », je reste interdit devant la puissance d'évocation de chansons comme "Le grand Lustucru" qu'on dirait écrite par Stephen King pour faire se conchier nos chères têtes blondes avant de regarder Candyman, alors que ce génial blog déniché dans la foulée l'attribue à Kurt Weill et m'en apprend tout ce que je brûlais d'en savoir tout en ignorant que j'avais tant soif de connaissance.


La version des Barbus n'est ni pire ni meilleure que celle de Laura Betti ou des 128 autres versions recensées par « Je pleure sans raison que je pourrais vous dire » depuis que Théodore Botrel s'est inspiré d'une chanson traditionnelle qui remonterait au XVIIe siècle pour en publier un prototype de chanson à endormir les enfants par stupeur d'épouvante.


Attention à ne pas confondre ce grand Lustucru, cousin familier et néanmoins terrifiant du grand Cthulhu par le biais de quelques permutations de lettres dont les mélenchonistes désappointés ont le secret, avec le Père Lustucru tel qu'il apparait dans cette comptine pour enfants pubères de Colette Renard, sinon finie la garantie.


jeudi 3 juin 2021

Les Quatre Barbus - Honneur aux barbus (2019)

Les Quatre Barbus est un groupe vocal français de quatre chanteurs portant la barbe (éventuellement fausse), fondé en 1938, qui connut son plus grand succès dans les cabarets parisiens des années 1950 puis, par le disque, dans les années 1960. 
Le groupe a fait ses adieux en 1969. (wiki) Bref, je vous parle d'un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaitre, et pourtant je ne les ai pas, même si ça commence à me tirer sur la couenne. 
En France, pays de la diversité et du rayonnement culturel fossile, on trouve antoutépourtou au choix dans le commerce soit L'Anthologie 1938-1962 triple album de Frémeaux sorti en 2016, soit le quatuor de cédés Honneur aux barbus de 2019 chez EPM. Qu'on peut aussi pré-entendre chez qobuz :
La liste des titres est là :
Leur très véridique histoire est ici :
Je diffuse les 2 premiers cédés downgradés de la compilation EPM qui en compte quatre, et déjà c'est beaucoup trop. Leur écoute en continu provoque de sévères troubles conscientiels contre lesquels même Jean-Baptiste Morizot n'a pas de solution.
Une fois que ma proposition musicale vous aura envoutés, pour tout achat de l'album, le ministère du Blasphème et du Download vous offre un livre : "Comment vivre avec une victime des Quatre Barbus : Le traumatisme des proches," dédicacé par Manuel Valls, une lecture saine et utile utile pour les conjoints devant surmonter au quotidien le fléau sonore.  

vendredi 21 mai 2021

Henri Salvador - Homme Studio -1970​/​1975 (2021)

/////////////// Chronique de Francois Branchon sur l'excellent blog musical Sefronia :
Henri Salvador n'est connu du très grand public que pour deux périodes bien identifiées : celle rigolarde des années 60, quand il fait le con avec des chansons rigolotes ("Zorro est arrivé", "Le travail c'est la santé"...), profitant à fond des débuts de la télé, de la vague yéyé et de l'invention du Scopitone (juke-boxe à vidéos qui trônait dans les bars) qui lui permet des festivals de grimaces, et puis celle en 2000 de sa renaissance en crooner impeccable sous l'égide de la chanteuse Keren Ann ("Chambre avec vue"), une dernière vie en guide de révérence-référence.
Mais Salvador était beaucoup plus que cela, avec une vie musicale avant et pendant. Auteur-compositeur et bon guitariste dès les années cinquante (standards de la classe de "Syracuse", "Count Basie"...) et aussi - ce que révèle avec bonheur cette réédition-compilation du label Born Bad - tout au long des 70's, quand, en complet autodidacte (il était déjà son propre producteur dès les 60's, avec son label Rigolo), il s'installe un studio à domicile, empli de guitares, synthétiseurs, boîtes à rythmes, chambres d'écho, qu'il va utiliser seul. Une sorte de précurseur, qui produira là pendant une douzaine d'années en marge des morceaux destinés à Disney avec qui il est sous contrat, des chansons personnelles, bidouillées, expérimentales, publiées sur des singles-bides commerciaux dans un total anonymat. Des chansons qui sonnent aujourd'hui étonnamment modernes(...)

Pour une pochette faite à la main,
c'est une pochette faite à la main.
////////////////////// extrait du rédactionnel comme toujours incroyablement précis, intelligent et érudit sans être chiant, c'est pas comme moi, de chez Born bad Records, accompagnant la sortie de l'album //////////////////////
«Ma femme m'a tellement bien compris qu'à présent elle peut penser pour moi. Quand elle a une idée, pour ainsi dire, c'est une idée de moi!» 
(Télé Magazine, 1972)
Jacqueline va le façonner et l'émanciper. Quand il l'épouse en 1950, c'est une jeune femme discrète et érudite qui prendra peu à peu en main sa carrière. Elle imposera ses vues et son tempo frénétique. Témoin du showbiz, Jacqueline constate que les artistes, écartés des discussions professionnelles, sont souvent spoliés. Henri brise tour à tour les chaînes qui l'unissent à Philips, Vogue, Barclay, son éditeur, son manager, son impresario, et devient autonome. Les Salvador se familiarisent avec les ficelles de la production, de l'édition, du pressage, de la distribution et de la promotion. Il y aura toujours chez eux de quoi enregistrer une maquette. L'appartement est truffé de magnétos. Un au pied de son lit pour la guitare. Un autre dans son bureau pour le Steinway. Sur tous les fronts il collectionne les hits, invente, parodie, adapte, produit."
(..) Avec sa console et ses bobines, Henri multiplie sa voix et harmonise à l'infini. Tout est fait à l'arrache mais non sans application. Il s'amuse avec les sons décalés des synthés, s'éclate avec les boîtes à rythmes. Il utilise tous les beats préenregistrés, teste les 'fill' en boucle pour générer des beats alternatifs, joue avec les vitesses, programme ses propres rythmiques parfois loufoques. Musicalement, ce virage artistique change le groove. Salvador s'est inventé un jazz mécanique qui prend son swing dans les guitares et son tonus dans les vocals. Peu doué à la basse, il se débrouille avec ses cordes et son clavier Moog. Pour habituer les auditeurs à ce nouveau style, la PAM produit d'abord quelques face B de 45tours – On n'est plus chez nous, ou l'histoire de deux scat-men interrompus par un passant qui cherche la place de l'Opéra. Puis une face A: Ah ce qu'on est bien quand on est dans son bain enregistrée dans la salle de bain, le hit de Noël 1970. Et enfin le premier album autoproduit : Les Aristochats, distingué par l'Académie Charles Cros en 1971. Jacqueline tient les rênes, la calculette et… les clés du studio où elle enferme parfois Henri pour qu'il compose. Il ne sort que pour travailler ses shows télé.



/////////// Pensées ultimes de John Warsen, tome XVI, p.396 et suivantes : 

On n'est plus ici dans la veine du crooner jazzy, ni dans les délires franchouillards du label Rigolo, mais on n'en est jamais très loin non plus; il y a une prise de risque, un fourbi, des trouvailles, des trucs ratés, aussi, parce que ça s'entend qu'il est tout seul, un mec qui n'a peur de rien expérimenter, à plus de cinquante ans; bien sûr, il y a la disneyification rampante sur quelques titres, et les blagues populo, pas toujours très recherchées... Fallait bien bouffer... "La vie, c'est comme jouer du piano, c'est dégueulasse si tu joues faux" (in "Le bilan")
...du coup je trouve un bon article sur cet aspect peu reluisant de sa carrière
bien que ça soit sans doute moins pire que son soutien à Sarkozy en 2007... mais bon, qui me fera encore politiquement bander quand j'aurai 90 ans ? difficile de le savoir à l'avance. Surtout si d'ici là, les élections sont abrogées par décret.

jeudi 10 décembre 2020

Philippe Perreaudin : Objets Noirs Et Choses Carrées - Nino Ferrer Revisité (2012)

"Mon père est un homme de bien

Il possède des magasins

D'objets noirs et de choses carrées

Il est sujet aux rhumes en été"
Nino Ferrer, Madame Robert, 1967

Par les producteurs qui vous ont apporté pas plus tard qu'hier "A collection of Tuxedomoon covers", revoici la vengeance du fils du retour des notes de pochettes :
Après avoir rendu hommage à Ptôse (Ignoble vermine, Muséa, 2004) et à Tuxedomoon (Next to Nothing, Optical Sound, 2006), Philippe Perreaudin (membre du groupe PALO ALTO) récidive cette fois avec Nino Ferrer.

Des premiers tubes 60’s aux albums concept des 70’s, le répertoire de N. Ferrer contient quelques chefs-d’œuvre devenus des standards. Influence majeure de nombreux musiciens de tous horizons, aussi bien pour son œuvre que pour son parcours, Ferrer demeure, à l’instar d’un Bashung ou d’un Christophe, une figure atypique et décalée de la chanson française.
Les 19 versions proposées ici ne sont pas toutes à proprement parler des « reprises ». Il ne s’agissait d’ailleurs pas de « reprendre » Nino Ferrer, mais de le revisiter. Chaque groupe ou artiste se réapproprie donc le titre de son choix tout en restant fidèle à son propre univers musical, souvent aux antipodes de ceux (et ils sont nombreux) abordés par Nino.
A l’exception de J. G. Thirlwell, compositeur australien issu de la mouvance « Industrial Music » des 80’s (Fœtus), les musiciens présents sur cet hommage font majoritairement partie de la scène underground française, elle-même déjà très active à la même époque. Enthousiasmé par le projet, Arthur Ferrari, un des deux fils de Nino, participe également à l’aventure en accompagnant les frères Lefdup, figures emblématiques de l’âge d’or de Canal+ (l’excellente émission L’oeil du cyclone, entre autres). Quant à Etienne Charry (co-fondateur du groupe Oui-Oui avec Michel Gondry et pilier de l’écurie Tricatel), sa version des fameux Cornichons retrouve la saveur de l’instrumental original (Big Nick, de James Booker, arrangé et transformé en chanson à succès par Nino Ferrer en 1969).
Objets noirs et choses carrées (référence directe à la chanson Madame Robert) apporte donc un éclairage inédit et particulier sur la riche discographie de cet artiste majeur disparu en 1998.

mardi 25 août 2020

Raoul Petite ‎- Georges Cloné (2005)

Pour faire plaisir au jeune homme que je fus, qui commence à me saouler et qui me lâche quand il veut, et qui fut néanmoins bouleversé il y a 34 37 ans par leur prestation scénique, j'ai réécouté toute la discographie de Raoul Petite, mais ça m'a fait pareil que la fois d'avant. Un disque studio des Raoul, c'est comme écouter un CD de Jango Edwards
Et leurs disques en public, c'est pire : on sent bien qu'il se passe quelque chose, dont on est tesclu. Et puis aussi, dans les paroles des chansons, je trouve que le traitement n'est pas toujours à la hauteur des thèmes abordés. Sauf  pour Georges Cloné.
A tout cela, incluant des méditations mélancoliques sur leur relatif insuccès, je ne vois rien à quoi je puisse remédier.




A part en achetant leur dernier disque.

[EDIT]
Poster toute la discographie de Raoul Petite ne me restituerait pas l'émerveillement ressenti pendant leur concert de 1983.
Il existe une archive d'époque qui musicalement envoie du bois, mais la vidéo au format 4/3 a été écrasée en 16/9, c'est moche.
Et puis méfions-nous du sentiment élégiaque : la dernière fois que j'ai eu envie de réécouter un truc qui m'avait beaucoup plu pendant les années 80, j'ai rappelé Dédé et Mireille, ils se sont incrustés chez moi pendant 8 jours, on a enregistré trois clips, je leur ai créé un blog et quelques années plus tard j'ai filmé leur concert.
Là, si je fais ça avec Raoul, ils ont l'air beaucoup plus nombreux, ça va me ruiner en frais de bouche.  

dimanche 23 août 2020

Guy Béart - Best of 3 CD (2010)

Guy mimant Ronald Reagan dans un  vieux film de coboyes.
Juste avant de tester son vaccin anti-Covid sur son principal opposant, (rires) prolongeant ainsi une tradition de farces et attrapes qui ne date pas d'hier, (rires) Vladimir Poutine m'a transmis le best-of de Guy Béart en 3 CD pour que je le teste sur vous.
Je dis ça parce que je l'ai trouvé sur rutracker, alors qu'en France, pour boutiquer une compilation de cet acabit, faut se lever tôt et se coucher tard.
Putain de ta race, Poutine. (rires étranglés)
Mais ne disons pas trop du mal de la patrie de Nicolas Googol et de Dostoïevsky, qu'on peut lire maintenant en un quart d'heure sur wikipedia même si on sait pas bien comment ça s'écrit.
Merci, Vlad. (il me permet de le tutoyer depuis que j'ai lu le Limonov d'Emmanuel Carrère dans lequel il apparait affable et familier). Tu as sans doute fait ça en souvenir des passages de Guy à la fête de l'Huma, avant que l'URSS n'envahisse l'Afghanistan et que les intellectuels du Parti dénoncent l'inféodation du PC français à Moscou, provoquant un exil de masse, ce qui fait qu'au bout d'un moment, il y eut plus de communistes à l'extérieur du Parti que dedans, ce qui le fit brièvement ressembler à la planète Shadok, parce qu'on ne peut pas faire de blagues avec Israël. Exil qui avait fait dire à mon grand-père, juste avant qu'on l'abatte : "Peut-être que le Parti se trompe, mais moi je me suis pas trompé de parti." Du coup, je découvre des tas de chansons de Guy que j'ignorais, souvent bien écrites, et avec des mélodies rusées. Je veux dire, en plus de retrouver ses chansons de fin du monde, avec des arrangements dignes de la Messe pour le Temps Présent de Pierre Henry, dont jamais je ne me lasse. C'est quand même autre chose que l'album de reprises récemment proposé par Emmanuelle Béart, en attendant l'intégrale de son papounet et la deuxième vague pandémique en septembre.
A part la version chéper de "Vous" par feu Christophe, qui m'esbaudit.
Dans laquelle d'ailleurs Guy chante "Tout le bien et tout le mal / s'additionnent, c'est normal", ce qui est quand même quand on y songe un instant théologiquement énorme, car des fois ça le travaillait aussi de ce côté. 
C'est rare, les chanteurs qui rendent enthousiaste. 
Profitons-en, ça ne durera peut-être pas.






CD 1
CD 2
CD 3

lundi 25 mai 2020

Piaf, Fréhel, Various ‎- Ma grand-mère est une rockeuse (1992)


Des groupes issus de la diversité de la scène rock indépendante du début des années 90 revisitent le patrimoine (Piaf, Fréhel) avec une jubilation contagieuse.
Certains titres sont purement hilarants (Bernadette Soubirou Et Ses Apparitions, les Woodentrucks, dignes du meilleur Zappa), d'autres, moins irrévérencieux, apportent la preuve en musique de l'intemporalité de certains aspects de la dramédie humaine.
Pour adultes accompagnés de leurs parents, la crudité des thèmes traités laissant présager des épisodes maniaques.




c'est encodé à 128 kbits parce que l'électrophone de ma grand-mère était bridé à 78 tours.
et tout ça c'est à force d'écouter les podcasts de l'herbe tendre, ça me porte au ciboulot.



jeudi 16 avril 2020

Gébé - Cracher dans l'eau, ça ne fait plus de ronds (1977)

Les soldes de ce produit de première nécessité qu'est le livre continuent pendant la fermeture des librairies, la preuve j'ai laissé l'étiquette.
La période qui nous est allouée pour ne plus nous planquer derrière nos identités professionnelles, sociales, familiales, possibles et fictionnelles est prolongée jusqu'au 11 mai. 
Sans présumer de la suite. 
Gébé aurait trouvé des trucs géniaux à dire sur l'ouvroir de vie potentielle que ça représente, lui qui fut un peu le seul à surfer sur la frange du poétique et du politique.
Je déterre "Cracher dans l'eau", je le rempote dans mon oeil (en suivant le tutoriel paru dans le dernier Rustica) et tout de suite il revit et s'épanouit dans mon cerveau.
Merci Professeur Choron.






mardi 14 avril 2020

Thomas et son groupe électrogène - Le Cancer (2014)

Au lieu d'essayer d'écrire des parodies à la con de Jean-Dick Capdegarn "Quand t'es dans ton apparte (depuis trop longtemps)", je ferais mieux d'écouter la radio, en particulier l'herbe tendre spécial "tant qu'on a la santé"
https://www.canalsud.net/spip.php?page=article&id_article=1460
(didascalie : sur l'air de la chanson ci-dessous)
Si j'avais maté la radio,
j'aurais découvert bien plus tôt
cette chanson d'un gars du coin
qui balaie bien dans les recoins :
https://thomasetsongroupeelectrogene.bandcamp.com/track/le-cancer
au lieu de ça, je suis resté devant mon écran
à faire mon intéressant
je préfèrerais les voir en concert
ou bien encore partir à la mer
plutôt que d'être confiné tout le temps
mais fallait y penser avant
je reconnais que c'est navrant
Les gens disent que les poètes finissent tous trafiquants d’masques
On est cinquante millions d'poètes, c'est ça qui m'fait m'sentir flasque !

mardi 7 avril 2020

Guy Béart, Grand Prix de l'Imaginaire 2020

Tout le monde connait déjà archi-par coeur les chansons de science-fiction de l'ami Guy, sauf ceux qui ne les connaissent pas, comme par exemple "Les Collines D'acier", inquiétante dystopie que n'aurait pas renié Bernard "Je Suis Une Légende" Lavilliers du temps de "Pouvoirs", son brûlot libertaire, ou encore "Etoiles, Garde-A-Vous !" fable de space-opera spin-off de Robert Heinlein sur les dérives autoritaires de Christophe Castaner pendant la pandémie des Gilets Jaunes, dont Marcel Dadi refusa de publier la tablature sous prétexte qu'elle lui rappelait trop celle du Nécronomicon de Graeme Allwright, "le Voyageur De Rayons", balade déchirante inspirée par le difficile parcours de soins d'un patient prépubère injustement délogé de sa chambre au service d'oncologie de l'hôpital Henri Mondor de Créteil pour laisser la place à un vieux sous respirateur. "Le grand chambardement", "les Temps Etranges", je n'insiste pas. J'ose espérer que tout le monde a capté.

Encore une pochette de Moebius d'avant-guerre, délicieusement kitsch. 

Ce que l'on sait moins du Maitre de Garches, véritable méta-baron de la drogue auditive de synthèse, c'est que son incursion la plus échevelée dans l'anticipation, c'est "Le matin je m'éveille en chantant", ritournelle jubilée (Jubilation = Joie Sans Cause) devenue longtemps après sa disparition un hymne ô combien salvateur pour temps de confinement. Même quand je m'étais enfermé 6 semaines avec Hugues Aufray pour mettre en boite son concert au Casino de Paris, je n'avais pas été autant impacté par l'allégresse que prodigue cette oeuvre profondément visionnaire, que nous entonnerons encore en écho sur nos balcons l'année dernière à Marienbad, malgré les plaintes persistantes du syndic.
Pour les connaisseurs, je diffuse en première intention la version karaoké, ludique en diable (je travaille actuellement aux sous-titres en américain pour soutenir nos amis survivalistes d'outre-Atlantique qui ont déjà rejoint leurs abris de jardin pour s'y cloitrer avec John Goodman et y revoir en boucle 10 Cloverfield Lane puisque le lundi c'est ravioli se dit Monday c'est Doomsday en v.o.)



Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Entre temps, je fais la sieste
Voilà tout ce qui me reste
Ou je me fais du café
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je me lave en chantant
Et le soir, je me baigne en dansant {x2}
Entre temps, je me promène
Une activité moyenne
Me conduit à m' reposer
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, on s'embrasse en chantant
Et le soir, on s'enlace en dansant {x2}
Entre temps, on se caresse
Y'a vraiment rien qui nous presse
On va même se recoucher
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Jamais je ne m'intéresse
A la bombe vengeresse
Qui un jour f 'ra tout sauter
On ne nous soigne jamais assez
Le matin, je m'éveille en chantant


Vous conviendrez avec moi que ces paroles sont prophétiques. On ne s'en lasse pas. Je tiens à votre disposition le clip original de l'INA, mais j'ai dû me résoudre à le confiner dans une boite métallique, l'acétate ayant tendance à se consumer avec enthousiasme au contact de l'oxygène.
Envoyez-nous vos meilleures versions karaoké filmées au smartphone, je ferai une compile pour aider Boris Johnson à se rétablir plus vite en se rappelant pourquoi il a voulu brexiter.

A Garches, dans son vaisseau de pierre, Guy compose ce qui deviendra 
le plus grand succès de la chanson de SF française, en faisant semblant de rien.
Seules ses pantoufles en plastique fluo trahissent à la fois son génie visionnaire, et son origine extra-terrestre.
D'ailleurs, comme par hasard, à l'époque Guy a aussi été approché par Jean Carpenter, le demi-frère maudit de Maritie et Gilbert, pour jouer dans le remake du Village des Damnés, car dans les années 60 il était de bon ton pour un chanteur ayant le vent en poulpe de cachetonner dans quelques nanars de SF ou de fantastique, ça permettait d'écouler un maximum de produits dérivés comme des peluches urticantes et des figurines de plastique qu'on pouvait inclure dans des rituels vaudou, cf le succès de Marie Laforêt dans Marie-Chantal contre le Docteur Kha, mais Guy n'a pas dépassé le stade du casting, et a dû se consoler en avalant deux cachets intermittents à la fête de l'Huma.
Pas assez bleus, les yeux.


Pour réussir son casting, Guy essaye d'imiter le regard du Docteur Kaa dans Mowgli,
mais il se trompe d'une lettre, et ça ne prend pas.


Dans la même collection :
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/11/guy-beart-je-suis-vivant-et-vous-etes.html

J'ignore pourquoi, quand j'essaye d'écrire sur Guy Béart, ça part en tonneaux avant même le premier virage. Y m'a rien fait, ce type, à part illuminer mon enfance avec ses cercueils à roulettes et ses tombeaux à moteur, qui me faisaient déjà rêver.
Guy, si tu m'entends, je te demande pardon, et si tu reviens, j'annule tout.


Et comme en France tout finit par des chansons,
à la Fête de l'Huma, Marie Laforêt sut trouver 
les mots bleus les yeux verts merguez pour consoler Guy.

lundi 23 mars 2020

Yves Montand - Chansons Populaires De France (1955)

La parodie est un genre difficile.
N'est pas Ramon Pipin qui veut.
Ramon Pipin qui avouait d'ailleurs volontiers, dans Rock et Folk n°458 de juillet 1974, qu'il s'appelait en fait Ramène Dupain, un nom qui fait rêver en ces temps incertains où le vigile de Super U m'a repéré, malgré mon masque de Zorro, et me refuse l'accès au rayon boulangerie du supermarché plus d'une fois par jour, alors que ça me fait quand même une sortie qui brise un peu le train-train de ces journées de plomb passées à clavarder avec des pixels qui simulent avec moi une amitié de circonstance pour ne pas que je me livre à un acte de désespoir.
La parodie n'est souvent drôle que si l'on connait l'original. Alors que l'oeuvre drôle est drôle en soi, ex nihilo, sans nul besoin de verser tribut aux gardiens du temple de La Culture.
Jusqu'ici, la traçabilité du "Confinés, confinés" du billet précédent n'était probablement accessible qu'aux personnes âgées cyberdépendantes, qui seules avaient pu avoir vent du collectif zebdoïte à l'origine du "Motivés" d'origine, nous confirmait hier un jeune lecteur des Deux Sèvres.
C'est pas faux, mais c'est pas le pire : le "Motivés" d'origine renvoyait en fait au Chant des Partisans, une chanson populaire que même les moins de 99 ans ont eu du mal à reconnaitre lors du blind-test musical effectué en double aveugle (le blackout est à 21 heures pour économiser le fioul du groupe électrogène) à l'EHPAD où je réside depuis peu, mes enfants en ayant eu marre de mes jérémiades autoapitoyantes sur l'état des soignants, qui finit fatalement par rejaillir sur celui des soignés, et vice-versa.

Concernant ce fameux Chant des Partisans, quoi de mieux que la version interprétée par Yves Montand dans le magnifique recueil de Chansons Populaires De France qui a bercé mon enfance derrière la gendarmerie de Perros-Guirec, tout en instillant dans mes veines et par les oreilles une terreur qui confine (lol) au sacré  ? Chants de soldats mourant au combat, complaintes de prolétaires d'époques reculées, brâmes d'amours déconfites, certaines de ces chansons m'emplissent encore d'une tristesse indicible, plus de cinquante ans après. Allons, camarades. Quand le futur devient illisible,  et que même le passé devient de la science fiction, il faut resserrer les rangs (et les fesses) autour du patrimoine, c'est pourquoi Je suis une tombe contribue à sa façon à l'effort de guerre. Repos.


L'acquisition possible d'une maxidose :
non mais ça c'est la pochette de la réédition de 76
alors que l'album de 56 porte un bandeau latéral noir,
c'est vraiment n'importe quoi ce blog
Je pensais y entendre "Le galérien", atroce rengaine sur un drame du déterminisme social en forme de prophétie auto-réalisatrice que n'aurait pas reniée Bourdieu, mais la nostalgie m'égare et je mélange tout, elle a été publiée sur un autre album, "Je Soussigné Yves Montand", introuvable chez les Russkoffs, et pourtant à l'époque mon père militait au PC, et mes parents, peu au courant des risques induits de psychose maniaco-dépressive, avaient aussi laissé trainer cet album près de l'électrophone, et évidemment, va trouver du lithium dans le Perros-Guirec des années 60, en termes d'anti-dépresseurs on avait droit au cidre brut et c'était tout. 
Il faudra que je lance un appel à contributions auprès des bloguistes spécialisés en Arkhameries sonores. 
J'en connais un paquet qui sont encore ouverts.