La seule véritable vraie pochette de l'album authentique dévoilant la Vérité de Guy Béart (attestée sur discogs devant huissier) |
Une nouvelle compilation de chansons de Guy Béart ? Nan mais vous rigolez, ou bien ? après toutes celles que j'ai déjà chroniquées, en les truffant de blagues que je suis bien le seul à pouvoir décrypter ? Chroniques auxquelles on accède en sélectionnant #sauce béarnaise# dans les hachetagues de ce blog ? Vous rigolez moins fort, hein ? bon enfin, il faut bien que quelqu'un s'y colle, et ça sera mieux fait par moi que par vous. Au fil des z'ans devenus réglisse, le grand manteau de l'oubli a rabattu ses pans sur les laudateurs de Guitou, et je reste le meilleur seul dernier spécialiste mondial de son oeuvre anthume, quoique ultra-spécialisé dans la période 1966-68, parce que c'est les seuls disques de Guy qui passaient sur l'électrophone du salon.
Première remarque : après toutes les anthologies consacrées au barde immortel déjà publiées, cette "nouvelle" compilation a un goût étrange au parfum de resucée. Seconde remarque : cette compilation, que je n'ai pas réussi à trouver ailleurs que sur internet, ce qui pose la question de sa réalité en tant qu'objet d'un éventuel discours discographique, ressemble comme le frère de lait d'un marchand de beurre à sa grande soeur "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987)" mais n'est pas tout à fait pareille, tout en n'étant guère dissemblable à bien des égards. Il y a de subtiles variations sur lesquelles le Temps n'aura plus Prise, l'auteur ayant rejoint les rangs des Non-vivants, alors y'a cabane.
ceci est soi-disant la pochette de Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987) |
Et cette nouvelle compilation a le culot de s'appeler "La Vérité", mais moi j'étais là, j'ai tout vu, Guy était encore vivant quand j'ai commencé à écrire sur lui, et il n'est guère venu me démentir sur mon blog, et je puis vous dire que c'est pas toute la vérité. Dans l'intégrale "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968", y'avait une version éhontément tronquée de "La Vérité" (sa chanson phare de 1968) qui avait été amputée du dernier couplet. Nous avions mis à jour l'imposture avec un jeune collaborateur stagiaire de l'époque, et nous nous attendions à subir le sort des lanceurs d'alerte tel que prophétisé par Guy dans la chanson elle-même, ce qui aurait occasionné une mise en abîme du type boucles d'oreilles de La Vache Qui Rit du plus bel effet, mais l'omerta d'indifférence qui entourait la carrière déclinante de Guy avait pesé comme une chape de plomb sur notre révélation du scandale. Tous les détails en pages intérieures :
Ou alors tout le monde s'en foutait déjà au moins autant que maintenant, à l'heure où Joe Staline (le vrai) revient, et pas que dans Métal Hurlant, à l'heure où tout le monde s'enrhume dans les courants d'air parce que quelqu'un a laissé la porte ouverte à la guerre froide, et au retour des années 60. Et donc à Guy Béart. A l'heure où nous sommes entrés dans un monde de post-vérité et de post-vergogne, où l'on peut enfin apprécier "La Vérité" comme l'album reflétant la meilleure période créative de Guy, si tu permets que je t'appelle Guy, Guy. Cette vérité dont Vladimir Jankélévitch disait qu'elle ne triomphe jamais, mais que ses ennemis finissent toujours par mourir. Et Guy Béart ajoutait, 50 ans avant les lanceurs d'alerte, qu'elle était inaudible :" Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / d'abord on le tue. Puis on s'habitue. On lui coupe la langue. On le dit fou à lier. Après sans problèmes / parle le deuxième. Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté. "
Dans cette nouvelle compilation de vieilles chansons du troubadour imbu, je découvre "Tant de sueur humaine", une chanson qui n'était pas sur "La Vérité" d'origine :
Tant de sueur humainetant de sang gâtétant de mains uséestant de chaînestant de dents briséestant de hainestant d'yeux éberluéstant de faridondainestant de turlutaines
(quand tu décris des atrocités immémoriales, c'est important de finir tes couplets par "turlutaines" ou "faridondaines", d'abord ça fait folk, et puis ça fait passer le merlan de l'indicible souffrance humaine.)
tant de curéstant de guerres et tant de paix
François de Closets ne se prenait pas pour Guy Béart,
et n'avait de cesse d'alerter contre les inflations de l'egotant de diplomates et tant de capitainestant de rois et tant de reinestant d'as et tant de valetstant de pleurs tant de regretstant de malheurs et tant de peinestant de vies à perdre haleinetant de roues et tant de gibetstant de supplices délectéstant de roues et tant de gibets
Cette mélopée chantée à cappella m'émeut, et si Guy était encore parmi nous il pourrait la chanter à tue-tête à Boutcha ou dans ce qu'il reste de Marioupol sans que les Russes puissent prétendre par la suite que les Ukrainiens se sont auto-suicidés d'une balle dans la nuque sous les gravats pour ne pas entendre ça. Car ce qui rend les gens circonspects par rapport à Guy Béart, c'est le fait qu'il se prenait pour Guy Béart, alors qu'il aurait pu se contenter de l'incarner, vu qu'il l'était, mais ça ne lui suffisait pas car l'égo est assoiffé de toujours plus, comme l'a fait remarquer François de Closets.
En plus de ce toujours plus, je découvre après-coup que si Guy la ramène moins que d'habitude dans "Tant de sueur humaine" c'est qu'il n'en est que l'interprète, au départ c'est un texte de Raymond Queneau. Avec une énumération en guise de narration, comme si on était dans les aventures de Vincent Delerm au Royaume du name dropping.
Sans vouloir remonter jusqu'à la complainte du Progrès de Boris Vian, la ruse n'est pas nouvelle :
Guy Béart se lamentant de n'avoir pas osé bâtir de chanson sur des énumérations sauf dans "A Amsterdam" |
Pas mal de journées sont passées
Depuis que l’on s’est quittés
Pas mal de journaux sont parus
Depuis que l’on s’est pas vus
Pas mal de chambres d’hôtel ont vu le jour
Pas mal de bombes et pas mal de discours
(Manset)
Et les hommes chantaient :(Jonasz)
"On a mangé des tonnes de viande,
Picolé des tonnes de tonneaux.
Combien d'orgasmes, on se l'demande, a-t-on atteint ?
Liz Taylor is rich on veut l'être aussi.
On f'ra tout c'qui faut pour ça ici.
Combien de guerres brûlantes en tout a-t-on éteint ?"
L'énumération,
ça marche toujours, et ça pourrait servir de modèle pour le devoir d'inventaire de l'existence de chacun, y compris l'espèce humaine, à J moins pas grand chose du Doomsday.
les chansons de SF délicieusement vintage (et financées en sous-main par les Russes et le PCF) de Guy Béart, entendues dans la saison 5 de The Expanse |
- Espèce humaine, vous dites que c'est pas de votre faute, mais celle de votre striatum, mais quand même, combien d'espèces se sont éteintes sous votre règne ? combien d'hectolitres de ressources fossiles dissipées dans l'azur, et de gigatonnes de CO_2 dans l'atmosphère ? - Guy Béart, combien de chansons dont on se souvient ? - Warsen, combien d'articles qui ne valaient pas l'arbre en silicium pour les imprimer sur écran ? etc...
L'énumération, sèche comme un bilan d'entreprise, sobre comme un poème de Raymond Queneau.
les chansons de SF outrageusement kitsch (et sous influence du lobby de la NASA) de Guy Béart, entendues dans les space-operas post-apo d'Adrian Tchaikovski |
Car je semble me moquer de Guy Béart depuis des éons, mais je continue d'écouter ses disques, alors qu'il est extrêmement moins béarnais (quoique plus musical) que Jean Lassalle. Guy Béart dont les chansons de science-fiction me fascineront, dix ans avant la naissance de Métal Hurlant, le vrai, quand il chante la mort de la Terre par le feu nucléaire et la continuation de la vie dans les colonies spatiales, (les enfants sur la lune) la surveillance généralisée (les collines d'acier) les guerres galactiques (Étoiles, garde-à-vous ! dont le titre servira à la publication du roman militariste Starship Troopers de Robert Heinlein, longtemps avant que Paul Verhoeven repasse dessus avec le tracteur). Alors pourquoi cette malédiction ancestrale ? Aucun ouvrage de référence sur sa vie, son oeuvre. Seuls de tristes vieillards composent des articles obscurs dans des fanzines miteux.
Peut-être parce que chez Guy Béart, comme chez Polanski il faut apprendre à distinguer l'homme de l'oeuvre : si l'homme avait l'air assez pénible, l'oeuvre est remarquable.
La compilation qui a mis le feu aux poutres :
https://www.mediafire.com/file/k0134ce8f6okjze/1966+-+1968.zip/file
Sa nomenclature en écoute gratuite :
La discographie complète :
https://www.discogs.com/fr/artist/648082-Guy-B%C3%A9art
L'absence totale de références scientifiques dans les précédents épisodes :
Onsanfou un peu, mais pour renforcer son côté post-vérité, j'antidate cet article, qui était censé sortir le jeudi de hier, mais que j'ai eu un peu de mal à écrire. (onsanfou totalgrave)
Hélas oui de nos jours tout le monde en rit, comme Henri Guybet (arf !), quelle misère !
RépondreSupprimerAlors que la nostalgie m'étreint tant quand je me remémore Laura ou Le quidam, gravés sur un 45 tours quatre titres qui tient encore le coup 50 piges après…
"C'était d'la balle, ces temps pour Rueil", chantonnait Queneau taquinant Hardellet.
N'empêche que la seule véritable vraie pochette authentique de "La vérité" fait vachte penser à Malcolm MacDowell : Kubrick, fan de Béart ?
RépondreSupprimerN'importe quel portrait tiré de 3/4 face à qui tu colles un faux cil procure l'effet "orange macronique"
RépondreSupprimerhttps://johnwarsen.tumblr.com/post/672188412007153665/face-au-covid-19-emmanuel-macron-veut-garder
je me retiens donc de produire la pochette "Guy Béarn - La Post-vérité" car c'est à la portée du premier velu.
Kubrick était surtout fan de Kubrick. Autant que Béart était auto-addict. C'est ce qui les a perdus.