On joue à un jeu con, avec un ami : c'est à celui qui envoie un mail ou un sms à l'autre le plus vite possible après la mort d'une célébrité dans le domaine artistique supposé référent commun (musique, cinéma, BD).
D'habitude c'est toujours lui qui gagne, parce qu'il reçoit des tas de flux d'info sur son smartphone, alors que mon paléofone n'est même pas relié à internet.
Mais là, en rentrant de la ballade hivernale, ma femme ouvre l'Ipad, et paf ! la mort de Gotlib, toute fraiche.
Un point pour moi, que du bonheur.
Et la photo toute pourrie, avec Goossens, toujours vivant, sur le site de Fluide Glacial.
Mon pote avait raté la mort du dernier frère Jacques la semaine dernière, aussi.
Il commence à m'inquiéter.
A part ça, ce billet est indigne.
Il ne rend pas hommage au génie de Marcel, qui a engendré à lui tout seul toutes les formes d’humour contemporaines sans jamais se résoudre à la méchanceté, et qui m’a accompagné un sacré bout de chemin, depuis Gai-Luron dans Pif Gadget jusqu’à Pervers Pépère dans Fluide Glacial, en passant par Rhaa Lovely dans l’Echo des Savanes.
Sans compter qu’il a introduit les Monty Python en France.
Rien à ajouter sinon : ciao Marcel… et Rhââ Lovely quand même !
RépondreSupprimerJe relisais la RAB dans mon bain la semaine dernière .
RépondreSupprimerA chacun ses références, pour moi Gotlib c'était le Ray Davies de la BD. Si ça peut vouloir dire quelque chose ...
Ou le Jimi Hendrix !!!
SupprimerN'empêche, ce genre de dessin devrait être interdit par la censure.
RépondreSupprimerPaix à son âme, et merci à lui pour ce qui à part ça m'a fait rire dans son oeuvre.
La perversité du Pervers Pépère de Gotlib est totalement au second degré : s'il poursuit une jeune femme dans une rue déserte, la nuit tombée, c'est pour mieux conclure… un essai digne du XV de France ; s'il engage la main innocente d'un enfant sous son manteau, c'est parce qu'il y a dissimulé un piège à souris. S'il propose à une prostituée de venir chez lui admirer ses estampes japonaises, il lui montre ses estampes pendant 3 plombes, puis rit secrètement de l'avoir décontenancée.
RépondreSupprimerGoossens prend le Pervers Pépère de Gotlib et lui fait commettre un crime atroce, en retournant au premier degré d'un "pervers pépère", là où il n'y a pas de quoi rire. Sauf qu'évidemment il le détourne, en le faisant se pisser de rire dessus dans la dernière case, comme dans "les aventures normales de Pervers Pépère".
C'est une mise en perspective.
Il semble que toi aussi, tu sois resté au premier degré.
Au début, j'ai cru que je n'avais pas compris quelque chose, que la fille devait être une poupée gonflable, ou quelque chose dans le genre, quelque chose qui allégeait j'ai même été regarder des histoires de pervers pépère pour voir si je retrouvais cet esprit de perversion dans la série.
RépondreSupprimerJe n'en ai pas vu, et tu m'apporte le pourquoi, c'est que celui qui l'a commis n'est effectivement Gotlib qui l'a commis, c'est évident maintenant que tu le dis, et tant mieux.
Maintenant: à part le style qui change un peu qui est une circonstance atténuante, et la référence à l'histoire habituelle, je pense que ça reste un déraillement.
Pouruquoi ? Un type qui commets ce genre de crime, et ne se fait pas attraper, il doit se croire très malin et il doit bien se marrer, il doit être fier et peut-être même qu'il en jouit, au point peut-être de se pisser dessus ?
C'est le genre de détail scabreux réaliste qui à mon avis rends l'ensemble réellement indigne, et qui rends l'explicaton intellectuelle que tu me donnes à mon avis un peu légère.
On vois un type en train de tuer et de violer un enfant, et qui se marre bien, et même si il y a l'allusion à la série, à mon humble avis ce dessin ne devrait pas avoir sa place dans l'espace public.
On peut attribuer ce débordement à la douleur qu'il a ressenti face à la mort d'un collègue estimé, on peut estimer que l'auteur s'est senti mis à nu dans sa propre fragilité existentielle parce qu'il a été touché, et que comme en temps de pestes, les barrières de son conscient, ont momentanément laissé certains monstres s'échapper, et on peut même trouver d'autres circonstances atténuantes pour Goossens, je n'ai rien contre lui personnellement.
Mais pour protéger les dessinateurs quand ils déraillent, et pour le bien de tous, on e devrait pas légitimer ce genre de chose, il y a là il me semble des valeurs qu'on ne devrait pas sacrifier et brader par goût de choquer.
Je m'arrête là car j'ai déjà pas mal écrit, et que le but n'est pas de te saturer sur ton espace de détente.
Oooh bon sang de bois ! Tu fais semblant de ne pas discerner à l’oeil nu une planche de Gotlib d’une planche de Goossens, et tu prétends apprécier le premier et censurer le second ? Des trolls comme ça, j’en veux tous les jours !
RépondreSupprimerEt tu sais quoi ? pour « l’hommage émouvant de Goossens à Gotlib », j’ai menti. La planche que j’ai ressortie du tiroir - en tronquant honteusement le sens général du récit de figuration narrative dont elle est extraite, date de 1979. Il aurait donc eu du mal à prophétiser la mort de son maitre avec 37 ans d’avance, bien que ce sort nous menace tous, à plus ou moins long terme.
L’histoire entière est ici :
http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2012/06/inedits-goossens-30.html
Que dire d’autre ?
L'humour absurde, cérébral et froid de Goossens ne fait pas consensus.
Célébré par la critique et par ses pairs, il a obtenu le Grand prix de la ville d'Angoulême en 1997.
Son succès public est plus limité.
Je te laisse, Juge.
"et tu prétends apprécier le premier"
RépondreSupprimerJ'ai lu des gai-lurons enfant, qui me faisaient bien rire, je ne dis pas que je suis un grand lecteur de bd.
"et censurer le second ?"
Ca serait faire oeuvre de salubrité publique pour ce genre de dessin en tout cas, mais je ne prétends pas avoir ce pouvoir :)
Je suis bien content de l'avoir critiqué en ne sachant pas que c'était lui, on ne peut donc pas m'accuser de partialité, je l'aurais su, je me serais laissé influencer par l'a priori défavorable que j'ai sur lui, là j'étais influencé par un a priori favorable sur Gotlib.
On ne peut censurer personne, on peut juste avertir les consciences de ceux qui ont envie d'écouter la leur (si tu as ressenti le besoin de mentir, c'est un indicateur intéressant à ce sujet)
(Suite au prochain épisode, j'ai un train à prendre, et tant qu'à faire, merci de m'avoir malgré cette ignominie perverse permis de repenser à Gotlib).
Pépère est pervers, c'est entendu. Le viol, puis le meurtre d'une fillette, sont des actes inqualifiables. Mais la chose dessinée n'est pas la chose. Et encore moins une incitation à la chose. Si tu blasphèmes sur Goossens, tu blasphèmes ce que j'ai de plus sacré. Lui et moi s'en remettront, toi c'est moins sûr.
RépondreSupprimerSi on peut plus critiquer un dessin parmi des centaines, ou va le monde ?
RépondreSupprimerLa chose dessinée n'est pas la chose, que ça n'a pas empêché aux dessins de l'écho des savanes de faire de l'effet à des centaines de lecteurs, milliers.
Je parles d'un effet sous la ceinture.
Diffuser ce genre de chose revient à nourrir les fantasmes inavouables et dangereux d'une partie des lecteurs statistiquement minoritaire, mais dangereuse.
Tu as été une « victime » de l’écho des Savanes ?
RépondreSupprimerSérieux ?
La version Gotlib-Brétécher-Mandryka de 1972, ou la version Filipacchi pour bidasses de 1981 ?
Et en ce qui concerne les fantasmes « inavouables et dangereux », ne penses-tu pas que dès lors que le ver est dans le fruit, et qu’une bande dessinée, si innocente qu’elle ne fut pas, n’est pas forcément la goutte d’eau qui met le feu aux poudres et transforme l’innocent pépère en redoutable pervers ? Le fantasme inavouable, je conseille à chacun de se l’avouer, pour commencer, et de se le pardonner. Mais pour ça, il faut déjà en prendre conscience… c’est le boulot qu’a fait Gotlib dans l’Echo première formule, avant que Mandryka coule le journal en y faisant sa psychanalyse.
Désolé de te decevoir, j'aurais aimé partager cela avec toi, mais je ne suis qu'une victime consentante de l'humour sémitique de Gotlib.
RépondreSupprimerQuand à savoir si le BD mettent le feu aux poudres, la réponse est oui.
Si on avait été plus strict avec Charlie Hebdo qui clairement dépassé la limite...
:(
Charlie ? Et voilà, tu blasphèmes encore sur ce que j'ai de plus sacré.
RépondreSupprimerEtre plus strict avec eux ?
Difficile d'inciter des gauchistes pyromanes professionnels à apprendre à se servir d'un extincteur. L'humour de Gotlib n'avait rien de spécifiquement sémitique, à part peut-être sa tendance à l'auto-dérision, mais je pense que c'était pour éviter de se prendre au sérieux (il était plus que reconnu par ses pairs). Tout ce qu'il a fait en BD adulte a terriblement mal vieilli parce que marqué du sceau du freudisme qui faisait führer dans les années 70. Et après ce qu'il avait vécu à Pilote, il était bien obligé d'accomplir le meurtre rituel de son père symbolique René Goscinny.
Je ne disais pas que c'était possible d'être strict, je dis juste qu'on accepte des choses qui ne devraient pas l'être, et qu'après les conséquences sont inévitables.
RépondreSupprimerA un moment, j'avais trollé le blog de l'intello qui les a poussé à cause de ça, là blasphème il y avait.
Pour Gott liebe, paix à son âme, mon analyse de son humour était peut-être un peu rapide en effet.
Mais vu qu'on est toujours très conditionné, à mon avis il doit y avoir du vrai tout de même.
"Mais vu qu'on est toujours très conditionné, à mon avis il doit y avoir du vrai tout de même."
RépondreSupprimerc'est une preuve par l'absurde gotlybien, ou juste du trollage ? Il n'a révélé que très tard que son père était mort en déportation. Tu penses que c'est de la dissimulation ? pour ne pas être accusé du fantasme de persécution ?
Par pudeur peut-être.
RépondreSupprimerHumour juif: http://img.aws.la-croix.com/2014/04/25/1141318/Jujube-Gai-Luron-dans-Le-Journal-Pif-1967-GOTLIB_1_350_250.jpg
On peut dire que la vie de Gotlib était bâtie sur ce modèle, même si on ne peux la réduire à ça.
Enfin.
Sinon, je me demande si on pourrait accuser le barbu rouge d'avoir trollé le petit Jésus, histoire de nous changer les idées.
Erratum, je mets le bon lien pour qu'on puisse apprécier mon analyse subtile de la vie et de l'oeuvre.
RépondreSupprimerhttp://images4.livreshebdo.fr/sites/default/files/styles/gallery_large/public/assets/images/5.jujube_et_gai_luron.jpg?itok=52zYVooR
Oui, c'est connu, les grands comiques sont de grands dépressifs, c'est le yin de leur yang.
RépondreSupprimerAh, j’aime toujours le "au fond, ils l’ont bien mérité à dessiner des cochoncetés". On devrait tuer plus souvent des dessinateurs pour leur apprendre le respect (des fanatiques religieux en l’occurrence).
RépondreSupprimerOui, moi aussi c'est ce que je préfère dans le catholicisme zombie, cette notion de Justice Immanente. Bon enfin, quand on égorge des moines à Tibhirine, les trolls se font plus discrets.
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