"En mêlant l'électronique et les musiques traditionnelles, ce citoyen New Age donne une âme à la techno"
Virtuose, wonderboy, petit génie: les qualificatifs pleuvent à l'évocation du nom de Talvin Singh. Ce DJ de 28 ans, coqueluche des stars (il a remixé Neneh Cherry, Björk et Madonna), joue dans les stades, en première partie de Garbage ou de Massive Attack. Cordes + jungle + world: il n'est pas le premier cuistot à touiller un tel mélange. Mais à l'exercice il s'avère un chef, aussi habile dans la maîtrise de l'électronique que dans l'art sacré des tablas.
La veille, ce jeune homme pressé a assuré la dernière de ses soirées à The End, une boîte techno de l'East End londonien, et, le jour même, bouclé un tournage dans lequel il campait son propre rôle. Il travaille à un nouvel album avec des musiciens indiens, des violonistes moscovites et des poètes de la spoken word génération. Il gère aussi une boutique de mode (qui expose ses prototypes de chaussures) et s'occupe d'une galerie de jeunes artistes asiatiques. Car, comme si cela ne suffisait pas, il se dit passionné par les couleurs et s'est mis à peindre.
Nourri à Police, à The Jam et à la techno-pop, ce gosse émerveillé se dit anglais avant tout. Rien ne le hérisse plus que d'être étiqueté Asian. Citoyen d'une ancienne capitale impériale qui, au bout d'un demi-siècle, a baissé la garde pour accepter les cultures de la planète, il se trouve d'ailleurs plus d'affinités avec les West Indies et le dub des Jamaïquains qu'avec la banghra, la techno-pop indo-pakistanaise.
Sur OK, son dernier album (Island), Talvin livre un émouvant hommage à son père, expulsé d'Ouganda par Idi Amin Dada (Moonbasstic), et plonge dans ses racines. «Chaque hiver, je retourne en Inde pour une période de trois mois, à Bombay essentiellement, ville plus folle que New York. J'étudie les tablas avec mon maître. Mais j'ai aussi mes planques en dehors de la ville. Ou bien je prends un de ces trains interminables et je rêve en regardant par la fenêtre.»
Océan de sons, où chaque vague apporte une ambiance unique, OK est une réminiscence de mondes imaginaires et de civilisations englouties. Sur un des titres, Eclipse, Singh restitue même les cris des singes paniqués par une éclipse solaire en Inde. Et donne une âme à la techno. «Quand on me demande si je suis spirituel, je réponds non. Car la spiritualité, c'est la connaissance. Or moi, je suis constamment en apprentissage. L'illumination, ça n'a pas à voir avec le fait d'avoir vu la Lumière. C'est un processus. Pas un but ni un résultat.»
Catalyseur sophistiqué, Talvin Singh met à contribution des chanteurs et percussionnistes indiens (le maître de sarangi Ustad Sultan Khan) et des musiciens occidentaux (l'Américain Bill Laswell, à la basse, ou le chanteur Cleveland Watkiss). Il mêle classique et techno sérielle, folk traditionnel et jazz cool. Epiques et fluides, ses compositions annoncent, dit-on, la musique du XXIe siècle. Du New Age dans le meilleur sens du terme.
source : l'Express
Moâ je dis que c'est parfois bruyant, confus, inspiré, et beau. Comme la vie, quoi.
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