dimanche 2 février 2014

La gauche, sa vie, son œuvre, par Jean-Claude Michéa

Plutôt que de survoler mes saillies essentiellement consacrées à déstabiliser un peu plus tout ce qui, dans l’organisation familiale existante, fait encore obstacle au déchaînement des rapports marchands, vous feriez peut-être mieux de suivre d'un oeil lucide et conscient les articles qui s'enchainent avec une redoutable efficience sur ce blog crisal, dont ce dernier qui frappa mon oeil qui quitta son orbite à l'énoncé du fait que le ralliement de la «gauche officielle» au culte du marché concurrentiel et de la croissance illimitée n’est pas une parenthèse mais «l’aboutissement logique d’un long processus historique» dont le moteur n’est autre que cette métaphysique du Progrès et du «Sens de l’histoire» héritée des Lumières.

samedi 1 février 2014

Il était temps

« Il était temps que janvier fît place à février. Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l’année. Les plus sous-doués d’entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n’est pas moi qui ai commencé. Et qu’est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d’imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l’inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise… Dieu Merci, cet hiver, afin de m’épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j’ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de “Bonjour à tous”, j’ai mis “Bonne année mon cul”. C’est net, c’est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Plus encore que les quarante-cinq précédents mois de janvier que j’ai eu le malheur de traverser par la faute de ma mère, celui-ci est à marquer d’une pierre noire. Je n’en retiens pour ma part que les glauques et mornes soubresauts de l’actualité dont il fut parsemé. C’est un avocat très mûr qui tombe, sa veuve qui descend de son petit cheval pour monter sur ses grands chevaux. La gauche est dans un cul-de-sac. Mme Villemin est dans l’impasse, tandis que, de bitume en bitume, les graphologues de l’affaire qui ne dessoûlent plus continuent à jouer à Pince-mi et Grégory sont dans un bateau. Côté bouillon de culture, Francis Huster attrape le Cid avec Jean Marais. Au Progrès de Lyon, le spécialiste des chiens écrasés et le responsable des chats noyés, apprenant qu’Hersant rachète le journal, se dominent pour ne pas faire grève. Le 15, premier coup dur, Balavoine est mort. Le 16, deuxième coup dur, Chantal Goya est toujours vivante. L’Espagne — fallait-il qu’elle fût myope — reconnaît Israël. Le 19, on croit apercevoir mère Teresa chez Régine : c’était Bardot sous sa mantille en peau de phoque… Le 23, il fait 9 °C à Massy-Palaiseau. On n’avait pas vu ça, un23 janvier, depuis 1936. Et je pose la question : qu’est-ce que ça peut foutre ? Le 26, sur TF1, le roi des Enfoirés dégouline de charité chrétienne dans une entreprise de restauration cardiaque pour nouveaux pauvres : heureusement, j’ai mon Alka-Seltzer. Le 27, l’un des trois légionnaires assassins du Paris – Vintimille essaie timidement de se suicider dans sa cellule. Ses jours ne sont pas en danger. Je n’en dirais pas autant de ses nuits. Le 29, feu d’artifice tragique à Cap-Kennedy. Bilan : 380 tonnes d’hydrogène et d’oxygène liquides bêtement gâchées. Et le soir du 31, comme tous les soirs, Joëlle Kauffmann embrasse ses deux garçons. Et elle entre dans sa chambre. Elle est toute seule. Elle ne dort pas très bien. Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son Mardi gras qui nous court sur la crêpe. C’est le mois de saint Blaise, qui rit dans son ascèse, et de sainte Véronique, qui pleure dans les tuniques. C’est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d’Éthiopie peuvent enfin jeûner la tête haute pour la seule gloire de Dieu. Les statistiques sont irréfutables : c’est en février que les hommes s’entre-tuent le moins dans le monde ; moins de tueries guerrières, moins de rixes crapuleuses, moins d’agressions nocturnes dans les rues sombres du 18e, où l’insécurité est telle habituellement que les Arabes n’osent même plus sortir le soir. Jusqu’au nombre des cambriolages qui diminue de 6 % en février. Et tout ça, pourquoi ? Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c’est parce qu’ils n’ont que 28 jours. Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver. » 
Pierre Desproges, février 1986.

vendredi 31 janvier 2014

American Horror Story Season 2 (Asylum) Soundtrack [192~320kbps]







La promo est d'une laideur revigorante, mais la série est assez réjouissante, dans le genre cocktail fatal de tout ce qu'on ne trouve plus dans les films d'horreur d'aujourd'hui... avec de bons acteurs bien dirigés, des réalisateurs qui tiennent la marée, un chef décorateur pas manchot... on déguste ça avachi sur un pouf rempli de billes de polystyrène expansé en mangeant du chocolat blanc par petites doses, tous les jours entre 5 et 6 h du matin, et ça passe tout seul.
Comme le dit Pierre Sérisier, il sera difficile de rééditer le miracle d’Asylum.
Et la B.O. n'est pas piquée des hannetons non plus.
Pop, variété américaine des années 40, chants religieux à tous les étages de l'hôpital.

Ce qui m'a le plus épouvanté, c'est de ne pas trouver le forum maudit hyper-sécurisé sur lequel pirater la musique, il a presque fallu contracter un pacte avec le Démon, si ça vous arrive je vous rappelle d'apporter une grande vigilance aux lignes écrites en petits caractères. 


Link: DepositFiles
Password RAR: _prowler_

Votre attention : chez moi, les fichiers ne se sont pas ouverts correctement avec SimplyRAR, mais avec Stuffit Expander, sinon fini la garantie.



jeudi 30 janvier 2014

Name dropping : les origines du conflit





Je me disais bien que la version de "The Name Game" de Shirley Ellis qu'on entend dans une séquence très réussie de la très réussie saison 2 de American Horror Story était un peu trafiquée.
Ils sont forts, ces Américains, mais on ne me la fait pas, à moi.

mardi 28 janvier 2014

Into the Wild II



Merci à Christel B. pour cet envoi.

Une réaction parmi d'autres à cette Vidéo Véritablement Virale :

Objet: re: C’était vraiment des âges farouches !!!!!!
Salut John,
 Merci de penser à moi, tu sais que j'ai un frère qui fait la même chose mais en vrai dans les mont d'Arrée depuis environ 35 ans, je ne sais pas comment, mais il y arrive, il n'est pas aussi dodu que Gaetan en tous les cas.

A la réflexion, j'ai un autre pote dont la soeur fait la même chose en Corse depuis aussi longtemps, malheureusement les gens qui ont une empreinte carbone négative sont sous-représentés sur le Web, il faudrait mettre une portée de chercheurs du CNRS sur le coup pour découvrir les causes de ce manque de visibilité médiatique.


dimanche 26 janvier 2014

Saturday Morning Breakfast Comics

C'est en revisitant les liens de Anniceris, blog dont les Trolls vantent le côté snobinard, hydrocéphale et intellectualiste, que je retombe sur la bande de geeks de Saturday Morning Breakfast Comics, et bien qu'on soit dimanche, c'est tout à fait comestible.




samedi 25 janvier 2014

[Ecologie] “le superflu est sans limites alors qu’on n’assure pas l’indispensable”


Entretien avec Pierre Rabhi, fondateur de l’agro-écologie. 

Décroissance et simplicité volontaires sont à opposer à la problématique de l’insatiabilité de l’être humain.
Sans parler du fait que La Crise n'épargne personne !
Tout le monde souffre :
Les boulangers ont des problèmes croissants
Chez Renault la direction fait marche arrière, les salariés débrayent
A EDF les syndicats sont sous tension
Coup de sang à l'usine Tampax
Les bouchers veulent défendre leur bifteck
Les éleveurs de volaille sont les dindons de la farce : ils en ont assez de se faire plumer
Pour les couvreurs, c'est la tuile  
Les faïenciers en ont ras le bol
Les éleveurs de chiens sont aux abois
Les brasseurs sont sous pression
Les cheminots menacent d'occuper les loco : ils veulent conserver leur train de vie
Les veilleurs de nuit en ont assez de vivre au jour le jour
Les pédicures doivent travailler d'arrache-pied
Les ambulanciers ruent dans les brancards  
Les pêcheurs haussent le ton
Les prostituées sont dans une mauvaise passe
Les traducteurs et écrivains ont des maux de tête
Sans oublier les imprimeurs qui sont déprimés et les cafetiers qui trinquent,
Les carillonneurs qui ont le bourdon
Les électriciens en résistance
Et les dessinateurs qui font grise mine ...
Et vous, ça va ?

jeudi 23 janvier 2014

Fulgurance mémorielle du jeudi matin sans Seroplex® (devant huissier)


Cher journal,
depuis quelques semaines, le sommeil me fuit.
Moi qui fus un dormeur paisible, qui avait besoin de ses 8 heures de coma quotidiennes, je suis passé sans pouvoir repérer d'autre facteur déclenchant qu'une avalanche de boulot en retard, à quatre ou cinq heures par nuit, sans vraiment de coup de pompe dans la journée (j'ai pas l'temps).
Privilège de l'âge ?
Dernier baroud de la conscience lucide avant l'Accident Vasculaire Cérébral qui viendra régler le lourd tribut au café et aux cigarettes, dont les quantités ingérées restent élevées ?
Je ne sais.
Mais tant que ça tient, pas de problème.
"Les cigarettes avaient d'abord provoqué en lui une douleur psychique particulière, puis elles étaient devenues le remède particulier de cette douleur. 
S'il avait eu à sa disposition un médicament contre la douleur en général, une potion à large spectre éliminant l'agitation globale et le sentiment d'étrangeté dont il croyait souffrir à chaque moment de sa vie en dehors du sommeil, et si cette potion avait été programmée pour le tuer en un laps de temps encore plus court et plus précis que le tabac, Wade aurait sans nul doute eu recours à cette thérapeutique. Même si la mort en résulte, la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, et comme la mort est quand même au bout du chemin, qu'est-ce que ça peut faire ?
Il n'existait cependant pas de remède global dont il eût connaissance, et bien qu'il ne fût pas toujours de cet avis, c'était sans doute une chance pour lui. A présent, seules les cigarettes le tuaient - c'était peut-être suffisant."

Russell Banks," AFFLICTION", Babel

C'est moi qui souligne : c'est la plus pertinente définition de la dépendance que j'aie jamais lue, et je l'avais gravée dans le bronze de mon vieux blog tout pourri depuis des lustres.

Russell Banks, dont j'ai lu dans une interview dans le Télérama de cette semaine qu'il avait eu une enfance violente et un père alcoolique, et je te jure qu'il n'a pas fait exprès de devenir ensuite un grand écrivain contemporain dépeignant avec intelligence et subtilité les arcanes de la condition humaine. 
Comme quoi la prise de conscience est effective quand elle se traduit en actes, nom de d'là.
La résilience, c'est la bonne ambiance.

mardi 21 janvier 2014

Le retour de Daniel Goossens (2013)

Daniel Goossens est un génie (voir nos travaux précédents) même si le journal qui l'abrite a beaucoup perdu de sa superbe, ou alors c'est moi.
Dans le dernier numéro de Fluide Glacial, que j'ai acheté rien que pour lui, à part deux articles rigolos sur l'art moderne, il n'y a que lui de lisible, ça tombe bien, j'en ai quand même eu pour mon argent avec cette histoire de 10 pages.