Pure Flow (2001)
Florilège de morceaux déjà parus sur divers albums, agrémentée de deux inédits.
Ici, on privilégie les flux, et leur pureté; d’où le titre. En fait de flux, les ambiances y sont ténues. C’est un camaïeu d’éclosions lentes, indistinctes et ouatées, nimbées de réverbérations délicates et lointaines, dans la gamme de fréquences élevées du spectre audible. Paysages atmosphériques de haute altitude, pauvres en oxygène. C’est à l’auditeur d’amener le sien, sans doute.
Minimal et tranquille.
Mais un peu répétitif.
Mais tranquille.
(1/5)
Streams and Currents (2001)
Encore des flux. Steve creuse souvent le même micro-sillon sur plusieurs disques d’affilée, jusqu’à voir le fond de son inspiration. Le disque a été « créé pour une lecture continue à faible volume. C'est merveilleux dans ce mode », dit la réclame.
Aah, c’est pas pour écouter, alors. C’est un CD à entendre à l’insu de son plein gré.
Le propre de cette musique ambiante n'est-il pas de pouvoir se faire oublier, de se faire entendre quand on ne l’écoute plus, juste comme si elle n'était pas là, comme si elle n'avait jamais existé ? De se donner quand on n’en attend plus rien ?
De plus, beaucoup de disques de Steve Roach de la décennie 2000 ressemblent à des phénomènes météo, à évolution lente.
Dès lors, la critique est inappropriée : à partir de quel point de vue pourrais-je jauger et apprécier tel nuage plutôt qu'un autre ? De quel droit préfèrerais-je l’orage au beau temps ? Ou au brouillard maussade ? Il est par ailleurs peu commun dans la Nature que les cumulo-nimbus se rassemblent spontanément pour dessiner au ciel une vue d’artiste de la bataille de Little Big Horn, ou y esquisser au fusain la lignée des lamas du Bouddhisme tibétain. On reste le plus souvent dans l’abstrait et l’informel. De même, quand un morceau de Steve Roach prend des formes reconnaissables, ou qu’il m’évoque des images, c’est comme un test de Rorschach auditif, même si ici un peu trop d’écho et de guitare trafiquée ne peut masquer le vide et dévoile même le problème de tous ces disques qui n’hésitent pas à se vendre comme autant de médicaments de l’âme : à force de les écouter, on ne devient pas plus lucide et conscient, mais plutôt hébété et saoulé de réverbération numérique. On baigne alors jusqu'aux genoux de la tête dans une sorte de purée sonore peu ragoûtante et vaguement lumineuse, un brouillard pas franchement menaçant, mais inhabitable à des humanoïdes, qu'ils fussent associés ou sociopathes.
(1/5)
Core (2001)
A l’époque, Steve se trouve au carrefour des genres déjà abordés, dont un bon paquet qu’il a inventés lui-même : futurisme primitif, tribal ambient, ethno-dépressif, transe de séquenceur classique et électronica fluette.
Il décide alors de tous les embrasser simultanément, en mixant les éléments organiques, électroniques, rythmiques et atmosphériques de ses mondes sonores dans le même poëlon. Il se détourne des concerts, des filles faciles, de la mauvaise coke et des blagues à trois balles, pour retrouver l’essentiel de son art. Ce sera hard. Core en naitra. Des copeaux d’autres disques sont ici fondus, raffinés, transmutés, restructurés, et ce parcours santé à travers les différents plans astraux de Steve est plaisant et varié, sans pour autant se résumer à une bande démo de sa palette d’artiste, toutes ses facettes sont exprimées et coulissent habilement les unes dans les autres, sans s’attarder plus que de raison.
Une très bonne surprise.
(4/5)
Blood Machine (2001)
(en collaboration avec Vir Unis)
Malgré la pochette qui laisse craindre et espérer la bande-son d’un documentaire un peu ollé-ollé sur la vie sexuelle des plantes carnivores, on est vite saturé/submergé de beats cliniques/géométriques… album séquencé/saccadé ad lib/itum, plus synthétique qu’organique, même si ça grésille dans les sous-couches. C’est pas que ça manque de lumière, mais c’est un peu trop propre par terre, ça tient plus de la culture de brins d’ADN au labo que de la grouillante jungle poussant sur l’humus fécond des disques antérieurs en décomposition. Car comme Véolia Propreté, Steve s'est engagé à faire du déchet une ressource.
« Impulse » ou « Mindheart Infusion » sont pas mal dans le genre tribal ramolli, mais l’alchimie sent le plastique neuf. C’est fâcheux. Ennuyeux. Peu inspiré.
(1/5)
Early man (2001) : Réédition augmentée (2 CD)
A peine paru l’an passé, et déjà réédité en version augmentée d’un second cédé « L’homme Préhistorique décomposé » auquel les mêmes qualités s’appliquent : spectral, organique, liquide, voire boueux par endroits (pensez à prendre vos bottes avant de vous aventurer dans ses obscurs conduits), et surtout caverneux avec peintures rupestres. Tel un Rahan des âges cyber-farouches, Steve voulait créer un son d’apparence ancienne, et usé par le temps. « C’est vraiment devenu comme une fouille archéologique alors que je passais au tamis différents mondes sonores pour découvrir le noyau de l'homme primitif. »
Dans « Late Dawn », deux espaces sonores (la jungle et la grotte) se superposent pour en créer un nouveau, inédit et accueillant, à condition de ne pas abuser des sandwichs au pangolin que d’affables aborigènes vendent à la boutique-souvenir à côté de l’entrée du parc.
On peut somnoler et oniriser tout son saoul sur cet album atmosphérique, sans craindre de se réveiller en sursaut et l’échine couverte d’une mauvaise sueur parce qu’on s’est brusquement retrouvé confronté au porc de l’angoisse dans un souterrain maudit, comme ça arrive fréquemment avec d’autres disques roacheux, et aussi dans le final du Don’t Look now de Nicolas Roeg.
(3/5)
Time of the Earth (2001)
c’est la bande son du DVD éponyme qui sortira ensuite sous forme d’album audio
=> voir Day Out of Time (2002)
Structures From Silence (2001)
réédition de l’album éponyme de 1984, sans bonus ni adjuvant de synthèse.
Se référer à l’article de référence, dit "l'article 1" :
Impossible de faire une blague là-dessus.
RépondreSupprimerLe troisième confinement me parait l'occasion rêvée pour renoncer aux blagues.
RépondreSupprimerElle est bien bonne celle-là!
RépondreSupprimer